Si Lan pouvait me voir en ce moment, il serait on ne peut plus surpris: non seulement ai-je dormi une nuit entière (pour une fois), mais lorsque l’un des orphelins de la ville se râcle la gorge pour annoncer sa présence à l’entrée de ma tente, c’est pour m’apporter une assiette pleine de victuailles destinées à me remplir l’estomac ce matin. Trop souvent, c’est mon Champion qui doit mettre le pied au sol et me rappeler de manger. Vingt ans passés à errer et chercher l’enfant chez qui l’âme du Dragon s’est réincarnée, vingt ans de quête que je ne dois pas vraiment continuer pour l’instant, coincée comme je le suis ici. Je porte un morceau de fruit à mes lèvres en lisant les dernières nouvelles glanées par mes rares espions avant de grimacer de dégoût, prenant une note mentale de rappeler à Sofia de faire un peu plus attention: je n’aime pas ce qu’ils appellent papaye dans ce monde, j’aime penser avoir un palet un peu plus raffiné que ça. Posant mon assiette de côté avant de noyer mon maigre repas par un peu d’eau, je me lève dans le but de me préparer pour la journée à venir. La tente n’a pas tous les conforts que j’aurais pu profiter sur les Terres de l’Ouest en compagnie de mes Soeurs mais l’abri est spacieux assez pour me permettre d’avoir une commode, un vrai lit et une petite table me servant de bureau de correspondance ou de table à manger. C’est bien plus que ce à quoi j’ai parfois eu droit durant mes 20 ans d’errance, mais sans Lan à mes côtés ou alors le Dragon Réincarné à guider… ça n’est pas vraiment “chez moi”.
J’ouvre ce qui me sert de commode et prends en main la tenue que m’avait préparée le valet de ma sœur lorsque je suis retournée à Cairhien. La tenue dans laquelle j’étais toujours vêtue lorsque Siuan m’a contrainte, lorsque j’ai retrouvé la Source. Lorsque j’ai fini ici. J’ai pendant longtemps pensé qu’Ishamael était responsable de ma présence ici, avant de bien rapidement réaliser la futilité d’une telle théorie: il a, à l’Oeil du Monde, prouvé qu’il n’avait pas besoin de m’exiler pour être débarrassé de moi. Lanfear? Non plus. Après tout, n’est-ce pas cette Réprouvée qui nous avait congédiés Lan et moi aux frontières de Falme? Entre l’eau salée des plages de Falme et les déchirures causées par la forêt enchantée (ou hantée? la question se pose toujours) lorsque j’ai rencontré Corto, cette tenue est en piteux état. Déplorable, pour dire vrai.
Je ne peux me résoudre à garder éternellement le même accoutrement, surtout si je suis condamnée à rester ici pour l’instant. Lorsque je me vêt, même la blouse blanche semble soudainement trop petite, ma capacité à respirer paraissant plus restreinte. Moins libre. Résignée, je remet le vêtement dans l’armoire, porte le textile à mon visage et hume un instant le tissu comme si je pouvais y retrouver le parfum des Terres de l’Ouest, avant de le replacer dans le meuble et fermer la porte, laissant une part de moi-même derrière. Il me faut quelque chose de neuf. La communauté que j’ai rejoint en arrivant ici, ce groupe de nomades et autres personnes moins confortable par l'afflux technologique des bourgs environnants m’ont aidée à me vêtir, mais au plus le temps passe au moins leurs efforts s’avèrent suffisants. Si je suis destinée à rester ici, j’aimerais au moins m’y sentir confortable. Je m’habille rapidement d’une tenue simple, mais clairement empruntée, avant de revenir vers la table et lever à nouveau le morceau de parchemin (de papier?) qu’on m’a adressée. Au moins, ma jeune protégée semble avoir trouvé ce que je recherche, à défaut d’avoir eu des échos de la présence de Lan. Mon expression se renfrogne lorsque je pose les yeux où l’objet de ma recherche se trouve.
Oh well, je ne peux pas éviter ces lieux indéfiniment. Et puis sortir prendre l’air me fera du bien, même si cet air est noyé de gaz s’échappant de leurs véhicules infernaux. Je m’approche de Raccoon Square à cheval, même si je refuse de risquer la sûreté de l’animal une fois dans le quartier en question; heureusement pour moi, je ne dois pas être la seule dans ce cas, puisque je découvre une petite écurie en bordure du quartier. Apparemment, je ne suis pas unique à parcourir les campagnes sur le dos de l’animal avant de laisser derrière ma monture pour continuer à pied dans cet enfer de bruit et de technologie. Et il y en a de toutes sortes, en ville, c’en est presque accablant. De nombreux passants manifestent, alors que d’autres encore font la publicité pour tel et tel produit, une jeune demoiselle forçant même un feuillet dans ma main m'encourage à joindre les efforts de sa communauté afin de “sauver les elfes de leur addiction aux séries télés”. Je ne suis pas sûre de comprendre ce qu’elle entend par elfe, ou encore ce qu’est une série télé, mais si j’en juge par son apparence, je ne suis pas certaine de vouloir le découvrir. La pauvre semble possédée.
C’est presque rassurant lorsque l’esquisse du bâtiment que je recherche se dessine au loin, hâtant mon pas alors que je fais tout pour éviter d’être abordée par qui que ce soit d’autre. Je m’infiltre dans le magasin au son du carillon résonant lorsque j’ouvre la porte, soulagée d'échapper à la folie urbaine et découvrir un domaine plus acceptable: le silence, entrecoupé uniquement par le cliquetis de ciseaux résonnant dans l’arrière boutique, est le bienvenue après le brouhaha d’un monde que je ne parviens toujours pas à apprivoiser.
Hello?, dis-je après avoir tapé avec douceur la cloche destinée -de toute évidence- à manifester la présence d’un client au gérant du magasin.
Je pose les yeux sur la pochette que je garde à l’intérieur de ma ceinture, comptant rapidement les quelques pièces d’or que j’ai pu économiser par de menus services au sein du campement, avant de poser les yeux sur le décor en attendant d’être servie..
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Mer 18 Sep 2024 - 15:23
Le calme n'est en réalité pas du tout le mot adapté pour décrire Ayame c'était même tout le contraire, il était plus une tornade débordant d'enthousiasme que personne ne savait suivre, et inarrêtable, encore plus depuis qu'il était arrivé dans ce monde puisqu'il n'avait plus de garde-fou, ni Hatori ni Tohru ni même Mine, il était en roue libre et n'avait donc rien trouvé de mieux qu'ouvrir une nouvelle boutique pour donner libre cours à la créativité, car s'il y avait bien quelque chose dans lequel il était doué, c'était bien là-dedans. Il y avait plein de métier qu'il aurait pu faire, du moment que ça ne nécessitait pas de rester derrière un bureau, car il était incapable de rester en place, sans oublier le fait qu'il n'en faisait toujours qu'à sa tête, difficile dans ces conditions d'avoir un patron et de se contraindre à un règlement.
Ayame était déjà difficilement gérable par les membres de son clan, rien d'étonnant du coup qu'il n'ait même pas envisagé un instant de travailler pour quelqu'un, il avait donc ouvert sa propre boutique où il faisait exactement ce qu'il voulait, quand il voulait, et le meilleur dans tout ça c'est qu'on le payait pour ça. Il avait l'impression de donner l'opportunité aux gens de montrer qui ils sont vraiment, c'était d'ailleurs pour cela qu'il restait comme il est en toutes circonstances, n'ayant pas la moindre envie de changer ou de paraitre autrement, l'authenticité était importante surtout quand son travail était de lire dans le cœur des gens, il valait mieux se connaitre avant tout pour cela et que la confiance soit de mise.
Il se leva d'un seul bond en entendant la clochette de sa boutique, une cliente l'appelait à la rescousse et il se précipita pour l'accueillir, ses cheveux longs argentés mis en chignon et quelque peu en bataille, un mètre entre les dents, une aiguille encore dans la main et il s'arrêta net alors que son regard tombait sur l'œuvre d'art présent en ces lieux. Une boutique bien piètre pour accueillir une véritable dame comme on en voit peu de nos jours, si bien qu'il crut à une hallucination. Est-ce que tout cela était vraiment réel ? S'était-elle perdue ? Il perdit le mètre entre ses dents.
- Ma reine, voilà une visite fort inattendue, votre grâce a empli la pièce comme si c'était un véritable ange qui s'était posé ici, il ne manque qu'une paire d'aile et nous pourrions vous confondre. Que me vaut l'honneur de votre visite en ces lieues ? Ma vulgaire boutique vous a-t-elle gênée sur votre chemin ?
Lui ? En faire trop ? Toujours. C'était la marque de fabrique d'Ayame qui ne savait rien faire d'autre que mettre toujours le paquet, comme le scientifique dans les super-nanas.
Moiraine Damodred
▿ Ton univers : La Roue du Temps (livres & série)
▿ Date de naissance : 17/09/1979
▿ Age : 45
▿ Métier : tête de mule - Aes Sedai - conseillère
▿ Quartier : elle fréquente principalement les Campagnes pour l'instant, mais elle va et vient de quartier en quartier
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Lien du Champion
▿ Tissage (Feu)
▿ Pseudo : dustywings
▿ Avatar : Rosamund Pike
▿ Copyright : Aslaug (avatar); sauf si crédité autrement, les modèles de RP sont des presets de airpéger.fr
Il y a une énergie étrange qui résonne dans le magasin, mais pas forcément désagréable. Juste…. Différente. Bien sûr, avant autant de monde débarquant d’un peu partout, il n’est pas surprenant de retrouver des artisans qu’on n’aurait jamais imaginé découvrir, mais parfois un peu de familiarité ne fait pas de tort.
Enfin, c’est ce que je m’étais dit en entrant dans la boutique. L’extérieur avait l’air assez classique, totalement banal, mais maintenant que je suis plantée devant l’entrée, levant les yeux pour observer la cloche qui a claironné lorsque la porte s’est ouverte, je me permets d'attirer mon attention sur les lieux, un instant. En soi, l’intérieur ne paraît pas extravagant, ou du moins pas assez pour justifier l’impression que j’ai en attendant là quelques instants. Non, je retrouve plusieurs mannequins, divers accoutrements, certains plus somptueux que d’autres, mais rien qui ne sorte réellement de l’ordinaire chez un couturier. Non…
Lorsque le propriétaire apparent du magasin arrive, en revanche, tout devient bien plus clair. Il débarque, l’air complètement ébouriffé avant de poser les yeux sur moi et vraisemblablement perdre tous ses moyens. Il perds prise sur un mètre ruban qui s'écroule rapidement au sol tel un serpent désossé, une aiguille chutant au sol presque aussitôt lorsqu’il a l’air totalement estomaqué qu’il puisse y avoir quelqu’un d’intéressé par l’idée d’acheter l’une de ses tenues. Ou de s'en faire confectionner une commander personnalisée..
Ma reine…. Votre grâce… un ange…
Je tourne les talons lorsqu’il semble se perdre dans son monologue, profitant que son attention soit détournée de moi, spécifiquement, à parler de moi et me déclarer de la poésie pour aller remettre un pied dehors et vérifier la pancarte suspendue annonçant le type d’établissement auquel j’avais à faire. Il y avait un panneau, un nom de magasin, une vitrine vantant les mérites de ses tenues et une invitation à entrer… pourquoi donc agit-il comme s’il n’a jamais eu de clientèle de sa vie?!
J’ignore ce qu’est un ange et, à vous entendre, je ne doute pas que ça soit pour le mieux, dis-je avec une diction claire et concise, typique de Cairhien, même si je ne peux m'empêcher d'être un peu estomaquée par le côté théâtral de son accueil. Je laisse mon regard caresser ses traits d’un air approbateur, découvrant une silhouette qui n’est pas caractéristique de la moindre nation des Terres de l’Ouest, à ma connaissance. Un autre étranger à mon monde, donc. Autant mettre les choses au point tout de suite, donc... Et je n’ai rien d’une reine.
Ça aurait pu, dans un autre monde. Dans un univers où ma famille n’a pas été déposée de son règne pour avoir provoqué une guerre inutile, ou dans un monde où le Siège de l’Amyrlin, leader absolue des Aes Sedai, n’ait pas tenté de m’installer sur le trône du Palais du Soleil. J’ai tout fait pour échapper à cette vie, et si je suis reconnaissante d’un peu de respect, je ne suis plus une noble, je ne suis qu’une Aes Sedai… même si parfois (souvent, même) l’un ne va rarement sans l’autre. Mais il n’a pas besoin de le savoir.
Quelques échos m’ont laissé entendre que cet établissement n’avait pas son égal si je désire une nouvelle sélection vestimentaire, il n’y a pas besoin de tant de formalités. À moins que je ne soie pas dans la bonne boutique?, terminais-je en tournant les talons à nouveau comme si je m’apprête à sortir, curieuse de voir si l’enthousiasme flatteur s’étale jusqu’à un désir féroce de ne pas se passer de clientèle.
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