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feat. Evelyn

Villanelle avait trouvé, pour commencer, un certain intérêt aux castings qu’elle passait quand elle entamait à peine sa carrière inattendue d’actrice. Elle aimait l’esprit de malsaine compétition qui régnait entre les comédiennes, elle aimait cette nécessité qu’il y avait de faire ses preuves en un temps trop record pour avoir vraiment le temps de s’ennuyer. Mais comme pour tout le reste, elle avait fini par se lasser de cette mécanique dont tous les attraits s’étaient dissipés dès lors qu’elle en avait saisi les rouages. Maintenant qu’elle a suffisamment roulé sa bosse dans le milieu, et même si quelque deux ans et demi de carrière ne suffisent certainement pas à faire de vous une actrice accomplie, elle a le sentiment d’avoir déjà tout vu, et de ne pouvoir se laisser surprendre de nouveau.

Accepter les services d’Andréa Martel et faire d’elle son agente avait quelque peu changé la donne, offrant à la jeune femme l’opportunité de nouveaux rôles qu’elle n’avait pas été en mesure d’obtenir par elle-même, la mettant en contact avec des personnalités du milieu qui, même quand elles étaient hautes en couleur avaient tôt fait de l’ennuyer, mais avaient du moins le mérite de lui offrir une nouvelle vision, de nouvelles propositions de jeu. Malheureusement, avoir une  agente hors pair ne vous dispense pas de courir les castings, et ce qui avait été autrefois une sorte de petit jeu plaisant s’était mué en véritable désagrément.

Une parmi la masse d’actrices attendant leur tour, elle s’ennuie déjà ferme et voudrait être ailleurs. Si le rôle ne l’intéressait pas un tant soit peu, elle n’aurait clairement pas pris la peine de se pointer là. Sans réel stress ou appréhension à l’idée de voir son jeu jaugé incessamment sous peu, elle pianote distraitement sur son téléphone, se distrait en faisant ce qu’elle fait de mieux : distraire Eve, qui à l’heure actuelle doit être en plein travail, en lui envoyant de ces messages qui ne doivent surtout pas être lus sur son lieu de travail.

Elle relève à peine la tête quand Evelyn Hugo se présente et s’installe non loin d’elle. Elle savait qu’elle serait présente, on l’avait prévenue, et de manière générale, l’actrice émérite est bien souvent là quand un rôle qui lui plaît est à pourvoir. Entre Villanelle et Evelyn c’est, on peut le dire, une à la fois courte et longue histoire d’inimitié et de rivalité. Leurs profils très similaires les placent bien souvent en tête de liste pour des rôles similaires, et Villanelle n’a pas tardé à trouver un certain attrait à cette rivalité qui apporte un enjeu supplémentaire et autrement plus divertissant à leurs obligations professionnelles respectives.

« Pour la faire courte, j’en ai vraiment rien à foutre », fait Villanelle en relevant les yeux vers Evelyn. « Mais vas-y, tente toujours », reprend-elle en la regardant dans le blanc des yeux.

C’est presque un défi : jusqu’où es-tu prête à aller pour obtenir ce rôle-ci, dis-moi ?

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Villanelle fronce les sourcils, de prime abord peu convaincue quand Evelyn lui demande de croire que le rôle pour lequel elles postulent toutes deux ne serait rien en comparaison de celui qu’elles seraient en mesure d’obtenir ensemble, toutes les deux. L’idée de conjuguer le moindre de ses projets, si ce n’est pas un projet qui concerne Eve, au pluriel, ressemblerait déjà à une certaine forme d’aberration pour Villanelle, mais c’est plus encore le cas quand une telle suggestion lui vient d’une rivale affichée, qui n’a jamais rien dissimulé de ses desseins pour le moins négatifs à son égard. Elle est circonspecte, mais il faut le dire aussi, elle est également curieuse, et pour cette raison, l’actrice a bien l’intention de la laisser parler jusqu’au bout. Ce sera, dans tous les cas, bien plus satisfaisant de l’envoyer promener une fois qu’elle aura achevé de développer l’intégralité de son argumentaire, que la tueuse fait mine de n’écouter que d’une oreille distraite, même si c’est très loin, au fond, d’être complètement le cas.

Il y aurait donc un film en préparation, et dont elles pourraient partager l’affiche. Sur le papier, il n’est pas difficile de voir en quoi un tel projet aurait de quoi satisfaire et plaire à n’importe quel producteur. Elles sont toutes les deux des actrices très rentables, et c’est bien parce qu’elles savent l’autre douée et appréciée dans son domaine qu’elles ont pris l’habitude de se tirer dans les pattes comme elles le font : pour cette raison et parce que le climat de compétition qui s’est instauré entre elles a quelque chose de passablement divertissant, et Villanelle ne saurait renoncer aux quelques sources de divertissement qu’elle est capable de trouver dans un travail qui l’ennuie d’ores et déjà profondément.

« Si nous jouions dans le même film, Evelyn, tu souffrirais de la comparaison, ton nom serait totalement éclipsé par le mien », réplique-t-elle tout de même avec un léger sourire en coin alors qu’el réalité, cette perspective est loin de lui déplaire, bien au contraire. Être ensemble dans le même film ne signifie pas qu’elles ne se voleront pas mutuellement la vedette en cherchant à briller plus que l’autre, mais c’est une perspective qui, en fait, plaît à la Russe plus qu’elle ne l’incommode. « C’est quoi ce film exactement ? Tu jouerais quoi comme rôle ? » Elle la dévisage un instant avant de reprendre, sans vraiment de sérieux mais avec un malin plaisir tout de même. « … ma mère ? »

Six ans d’écart, c’est assez pour certains producteurs qui sont incapables de concevoir que des femmes d’un certain âge puissent avoir leur place sur grand écran, alors après tout…

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« Ce n’est pas une risque, ma jolie, c’est une certitude », répond Villanelle avec une assurance tranchée quand Evelyn suggère être prête à prendre le risque de se faire voler la vedette par elle.

Villanelle est convaincue que son interlocutrice pense être suffisamment douée, charismatique et lumineuse pour éclipser toutes les présences autour, et peut-être bien que ce n’est pas totalement faux… mais jusqu’alors, Evelyn Hugo n’avait jamais partagé la vedette avec Oksana Astankova, et cette dernière, si elle accepte le petit marché de son interlocutrice, a la ferme intention de lui voler la vedette autant que faire se peut. Elle a la force de caractère, l’ambition et surtout la prétention de penser chacun de ses dires en ne se sentant que partiellement menacée par la présence de l’autre actrice… mais partiellement tout de même. Elle reste sur ses gardes. Elle se dit qu’il y a forcément anguille sous roche. Evelyn est du genre vicieuse, c’est du moins une chose dont Villanelle a pris plaisir de se convaincre. Etre vicieux n’est pas un mal en soi cela dit, mais il ne faut pas que ça se retourne contre vous, et c’est ce qu’elle redoute en l’occurrence.

Le pitch que lui vend son interlocutrice ne manque pas de faire sourire plus largement Villanelle. Deux femmes ciblées par le même tueur en série pour leur ressemblance. En vérité, elle adore le scénario que cela promet, et l’idée lui plaît vraiment beaucoup. Et ça l’intéresse, mais elle n’a pas envie de se faire rouler.

« Avoue qu’il y a un piège. Mon perso meurt au bout de deux minutes de film, c’est ça ? » suggère-t-elle, qui n’a pas l’intention de se laisser trop facilement avoir non plus. Oui, la proposition de son interlocutrice est des plus tentantes, mais comme pour toutes les propositions les plus tentantes, il faut s’attendre à ce que cela dissimule quelque chose de plus insidieux, et Villanelle tient à comprendre de quoi il retourne.

Seulement, ce n’est pas exactement le moment. Accepter le rendez-vous fixé par Evelyn exige de Villanelle d’abandonner une partie de sa fierté, ce qui n’est pas une mince affaire, mais elle sait reconnaître que c’est probablement préférable, alors, non sans avoir préalablement poussé un long soupir afin d’afficher ostensiblement son agacement.

« Bon, d’accord, je t’attends tout à l’heure, mais ça a intérêt à vraiment en valoir la peine », lui concède-t-elle de mauvaise foi, faute d’arguments supplémentaires afin de lui refuser tout net une offre qui, en réalité, est véritablement susceptible de l’intéresser.

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Villanelle n’a pas envie de se faire avoir. Elle ne peut pas s’empêcher de songer qu’il doit y avoir anguille sous roche. Mais peut-être que non, et peut-être que, même si c’est le cas, elle parviendra tout de même à tirer son épingle du jeu et à retourner la situation en sa faveur ? Une part d’elle songe que jouer dans le même film qu’elle, c’est éventuellement se donner l’occasion de l’éclipser. Enfin, elles verront bien.

En tous les cas, si son intention avait été de la déstabiliser et de la déconcentrer avant son essai, la jeune femme veut croire que ça n’a pas fonctionné le moins du monde – même si c’est son orgueil exacerbé qui parle. Elle a du moins l’impression que son casting s’est déroulé à la perfection, ce qui lui convient tout à fait. Alors quand elle quitte finalement les lieux, elle est plutôt satisfaite. A voir si cette satisfaction durera, puisque les deux femmes se retrouvent de nouveau en présence l’une de l’autre, se faisant face et se toisant au moment de reprendre le cours de leur conversation presque comme si elles n’avaient jamais été interrompues.

Alors, Evelyn lui apprend que son personnage n’a pas toujours le beau rôle dans le film. C’est vraiment ça le piège ? Si c’est ça, Villanelle s’en fiche royalement, elle ne trouve définitivement pas que ce soit un mauvais point que de jouer un personnage détestable. Au contraire, même, c’est dans ce genre de rôle que l’on peut vraiment déployer son talent d’acteur, alors si c’est vraiment supposé être ça, le caillou dans sa chaussure, elle l’en électera sans difficulté.

Villanelle se laisse conduire jusqu’au café où elles peuvent toutes les deux parler plus longuement de ces rôles qu’elles pourront l’une et l’autre incarner. Où est-ce que ça les mènera. Elle n’en sait rien, elle n’en a pas la moindre idée, mais la curiosité l’emporte, et elle accepte d’écouter plus longuement son interlocutrice. Jusqu’ici, Evelyn aurait tendance à lui vendre un rôle bien trop intéressant pour qu’elle n’ait pas l’impression qu’il y a définitivement un piège pour l’attendre au tournant. Même si Villanelle a tendance à considérer sa carrière davantage comme un jeu divertissant plutôt qu’autre chose, ce n’est pas pour autant qu’elle veut se la laisser bousiller, surtout que quand on en vient à son interlocutrice, elle sait entretenir un sérieux esprit de compétition.

« Présenté comme ça, j’ai le meilleur rôle du film… », constate-t-elle en plissant légèrement les yeux. « Bon, et toi, tu joues qui. » Elle affiche un fin sourire. « Est-ce que je te tue à la fin ? » Un serveur vient prendre leur commande. Villanelle commande un café, et ne tarde pas à reporter toute son attention sur Evelyn. « Tu as eu le scénario entre les mains ? »

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Un sourire sardonique se dépose sur le visage de Villanelle quand Evelyn suggère – à juste titre – qu’elle prendrait probablement un malin plaisir à la tuer à l’écran. En réalité, peut-être pas tant que ça, ou juste le temps de quelques prises avant de s’en lasser. En dépit de leur évidente rivalité, l’actrice n’appartient pas vraiment à cette catégorie de personnes qui réveillent en elle cette envie primitive, celle de prendre une vie brutalement… Non, elle a besoin de cette compétition pas si saine pour donner un sens à ce qui a déjà commencé à en perdre beaucoup trop depuis qu’elle a fait ses premiers pas devant la caméra.

« Quelle tragédie », ironise Villanelle non sans afficher un rictus un rien malsain quand son interlocutrice finit par lui confirmer que oui, elle finirait semble-t-il par la tuer, d’un ton un rien léger.

Ce n’est que du cinéma, en même temps, ce n’est pas si important en soi, mais Villanelle prend plaisir à se mettre dans la peau d’un personnage qui laissera éclater à l’écran la force d’une rivalité qui au fond l’ennuierait probablement si elle ne connaissait pas ce genre de rebondissements, et si elles ne s’arrangeaient pas l’une et l’autre pour l’entretenir de cette manière ou d’une autre.

Après, Villanelle ne doit pas s’emballer non plus, et ne pas oublier qu’il peut y avoir anguille sous roche, pour ne pas dire baleine sous gravier… Après tout, elle-même est passée experte dans ce genre de coups fourrés, ce n’est pas comme si elle ignorait que ce serait plus que possible, en réalité. Alors oui, quand Evelyn lui parle de partir à l’aveugle et de s’engager sans avoir de script sous la main, son sourire se mue presque immédiatement en grimace, et pour des raisons qu’elle estime plus que légitime.

« Je suis pas aussi désespérée que toi, j’ai pas besoin de ce fric autant que toi », affirme Villanelle d’un ton suffisant, comme si vraiment elle ne tenait pas à ce que les fortunes qu’on lui verse lui permettent de mener son train de vie débridé et de payer ses robes haute-couture hors de prix. « Je signe rien si j’ai pas de scénario », affirme-t-elle d’un ton suffisant, la tête haute, avec cette espèce d’assurance insupportable qu’elle sait si bien afficher en certaines circonstances.

Bien sûr que Villanelle est intéressée, et elle l’a trop prouvé un peu plus tôt pour réellement faire illusion à ce sujet, mais ça ne l’empêche pas malgré tout. Alors oui, elle se permet de faire la difficile. Le fait que cela puisse incommoder son interlocutrice, par ailleurs, participe nettement du fait qu’elle face à ce point la fine bouche, sans l’ombre d’un doute.

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« T’as même pas le moindre début d’idée d’à quel point j’en ai rien à foutre », rétorque Villanelle quand, d’une voix doucereuse, Evelyn lui affirme que son compte en banque se porte à merveille.

Bien sûr, ce n’est qu’une réplique bien naturelle à la réflexion que sa rivale à la vie et à l’écran lui avait faite un peu plus tôt, cela n’empêche pas l’actrice russe de lui adresser la réflexion la plus désagréable possible. Villanelle ne doute pas, en réalité, du fait qu’Evelyn n’ait pas à se plaindre de son compte en banque. Elle tourne bien assez pour se faire un fric conséquent, mais Villanelle par simple accès d’orgueil, prétendra toujours gagner plus, et surtout valoir plus à rôle équivalent, mais passons.

« Mais t’as cru quoi sérieusement ? Que j’allais marcher dans tes petites combines sans rien de plus concret ? C’est toi qui vient gratter à ma porte, pas moi ! Commence pas à te plaindre ensuite », réplique directement Villanelle qui, c’était prévisible, a fini par user de la patience de son interlocutrice.

Et pour cause, on ne peut définitivement pas dire qu’elle ait fait beaucoup d’effort. Ce n’est même pas une histoire de rivalité artistique de bas étage, c’est ça le pire (même si Villanelle estime bel et bien être meilleure), Villanelle a seulement une affection particulière pour le fait d’user les nerfs de son interlocutrice… Visiblement, c’est gagné, et pour tout dire, Villanelle n’a pas vraiment envie de commencer à courir après elle ne sait quel scénario… Bon, elle se note quand même dans un coin de sa tête de discuter de tout ça avec Andréa, des fois que cette dernière puisse gérer tout ça à sa place.

« Génial, merci pour rien du coup », ajoute Villanelle en haussant les épaules. « Avoue, Evelyn. » Elle appuie plus que nécessaire sur son prénom, uniquement pour pousser encore l’agacement un peu plus loin. Ce n’est ni malin ni franchement mature (en même temps, si l’on devait dénombrer le nombre d’occasions au cours desquelles Villanelle choisit la voie de la puérilité, on en aurait pas fini), mais ça a le mérite de l’amuser un peu. « T’as pas envie que ce soit une autre que moi. »

Pas parce qu’elle l’aime – même si Villanelle a envie de penser qu’Evelyn admire son jeu d’actrice (et dans le fond, c’est réciproque, mais y a des choses qui ne se disent pas malgré tout – question de principe) – mais parce que leur rivalité transpercerait l’écran d’une manière telle que le succès critique concernant leur jeu respectif était presque assuré d’avance.

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« Moi dans n’importe quel film, c’est déjà transcendant », rétorque Villanelle d’un ton des plus hautains.

Bien sûr qu’elle se permet de faire des caprices, bien sûr que tout ça n’est qu’un jeu pour elle. Parce que Villanelle est ce qu’elle est, elle entend briller dans sa carrière tant qu’elle décidera de la mener, mais elle n’est pas de ces actrices qui rêvaient silencieusement, depuis leur toute petite enfance, de crever le grand écran, elle n’était pas de ces femmes braves et admirables qui avaient sué sang et eau au nom de leur carrière et avait bien failli y laisser leur âme. Pour laisser son âme où que ce soit, il faut déjà en posséder une, et celle de Villanelle, si elle existe quand on sait où la chercher, n’est clairement pas mise en profit dans des moments comme celui-ci, où susciter l’agacement profond de son interlocutrice ne la dérange en rien, en réalité, et l’amuserait même plutôt.

Pourtant, si elle veut bien s’asseoir quelques secondes sur son orgueil (mais c’est délicat), Villanelle peut effectivement admettre que si elles devaient partager l’affiche, elles seraient remarquables, et leur rivalité transpercerait certes l’écran et frapperait les spectateurs, oui, mais ce serait pour le bien du film et uniquement dans ce but.

« C’est une évidence pour un scénario que je n’ai pas lu, je te rappelle. Alors désolé si tu es si peu professionnelle que tu signes tout ce qui te passe sous la main sans regarder les détails, mais c’est pas mon cas », ajoute-t-elle avec arrogance. « Et ma chérie, ne parle pas trop vite. Si je décide de te faire pleurer, crois-moi que je te ferai remplir de bassines de larmes », ajoute-t-elle d’un ton suffisant.

Sa décision est prise. Et elle ne se laissera certainement pas amoindrir par les leçons de morale de son interlocutrice. Au contraire, ces dernières lui passent totalement au-dessus de la tête. Villanelle ne considère pas être plus exigeante que d’ordinaire, elle pense demander quelque chose de juste, mais pour être honnête, elle aurait peut-être dit oui plus facilement et sans sourciller si elle avait eu affaire à une autre interlocutrice. Là, la satisfaction de contrarier ou en tout cas de donner tort à son interlocutrice vaut mille fois la perspective d’un film d’exception, qui lui vaudrait d’être mise sur un piédestal – quoique.

Quelque part, la vraie raison pour laquelle Villanelle devrait se garder d’accepter le moindre projet dans les temps prochains, c’est plutôt le fait qu’il est préférable qu’elle se fasse toute petite plutôt que de se pavaner à des cérémonies de remise de prix. Mais bon… on ne se refait pas.