31 OCTOBRE 2022 - STUDIOS, RACCOON SQUARE.

Celia St. James avait toujours adoré ce genre de célébrations. Les flashs, les flûtes de champagne qui passent de main en main, les belles robes haute couture ou déguisements sophistiqués, les petits fours au foie gras et au poisson caviar, les éclats de rire joyeux, parfois un peu guillerets. Halloween ou Samain est d’ailleurs l’une des meilleures festivités de l’année. Celia a accueilli favorablement la soirée organisée par les studios. Elle s’y est préparée des semaines auparavant, en se cherchant un déguisement à la fois de goût et séduisant. Elle veut ensorceler les autres convives, mais plus encore, elle veut… capturer le regard intense de l’amour de sa vie. Ce même amour qu’elle a retrouvé, dernièrement, dans les loges au cours d’un tournage. Cet amour qui lui a brisé le cœur, par le passé. Maintes fois. Dans leur monde. Ce même amour qui lui a dernièrement assuré avoir gardé des souvenirs d’une vie entière à s’aimer, en toute quiétude. Une vie que Celia, pour sa part, ne possède aucun souvenir. L’ironie du sort, dirons-nous. Celia aime penser que c’est un retour de bâton bien mérité. Oui, elle aime toujours cet amour. Cet amour n’a jamais quitté son esprit un seul instant, même après leur douloureuse rupture, mais l’égoïsme d’Evelyn et sa soif de paillettes et d’attentions l’ont épuisée. Celia se sent véritablement… épuisée de devoir sans cesse se battre pour que leur histoire ne demeure pas un simple feu de paille. Une distraction de plus dans la vie palpitante de la merveilleuse Evelyn Hugo. Un amusement pour une bisexuelle. Celia ne croit pas en la possibilité de vivre à deux pour de vrai, comme Evie lui a affirmé dans les coulisses du nouveau projet artistique qu’elles ont en commun. Se marier… Evelyn a disjoncté, c’est impossible autrement. Elles n’ont pu avoir une telle vie. Elles ne peuvent toujours pas avoir une telle vie. Non pas, parce que les mœurs ont suffisamment évolué dans ce nouveau monde, mais parce qu’Evelyn Hugo finira toujours inévitablement par retomber dans ses mêmes travers, et c’est ce qui peine tant Celia St. James. Malgré sa dureté et ses bonnes résolutions, elle est capable d’un instant à l’autre de tout envoyer valser pour les beaux yeux de la pétillante blonde. Elle se sent comme au bord d’un immense précipice. A deux doigts de se noyer dans Evelyn Hugo. Avec plaisir, avec passion, avec amour. Celia a beau se montrer cruelle et dure en imposant une distance raisonnable entre les deux femmes, les battements frénétiques de son palpitant en présence d’Evelyn ne font que la détruire lentement.

Pour cette soirée, la sulfureuse rousse a opté pour une robe faite de dentelle et de stress de couleur beige, avec des reflets crème. Longue et moulante. Elle longe à merveille les courbes de ses hanches fines, soulignant un décolleté plongeant. Celia a laissé ses cheveux roux en élégantes boucles soyeuses descendre en cascade le long de ses épaules d’albâtre. Très années vingt. Un look sophistiqué, qu’elle a agrémenté de bijoux avec une somptueuse parure en diamants. Afin d’être parfaitement dans son rôle, Celia a opté pour quelques touches de rouge à lèvres couleur rubis sur sa poitrine pour imiter l’apparence du sang. Elle est parfaite. Une vraie vampire sulfureuse. Une Reine. Une reine vampire. Elle est fière de son déguisement, d’autant qu’au vu des regards de pure convoitise, en provenance des hommes et des femmes de la soirée, Celia comprend que son choix est un choix audacieux et adapté à la situation. Elle ignore encore que quelque chose de « magique » circule dans l’air de la ville, depuis quelques heures maintenant. Les personnes déguisées prennent temporairement l’apparence et les capacités de leur personnage. Celia est une vampire. Elle en devient progressivement une, au point que sa peau déjà bien blanche, se confond désormais avec le marbre du grand escalier des studios. Elle est aussi pâle, mais surtout très solide. Presque invulnérable. Celia se sent toute puissante ce soir, envahie d’une sensation étrange qui s’apparente presque au caractère grisant de l’alcool ou de drogues hallucinogènes. Elle séduit sans aucune difficulté d’un simple regard. On l’admire, on recherche sa présence, on se montre docile et compréhensif à chacune de ses demandes. Ah, le pouvoir hypnotique des vampires.

« Celia. » Une voix familière s’élève près d’elle. L’interpellée se tourne immédiatement, incapable de la rejeter plus longtemps. Cette voix l’appelle. Evelyn Hugo… « Oh Evie... » répond-elle doucement, avec une pointe de nostalgie dans la voix. Elle se rattrape presque automatiquement. « Evelyn. » précise Celia avec plus de froideur et de distance. « Charmante soirée, ne trouves-tu pas ? » Parler de tout et de rien, oui. C’est probablement mieux que de tomber à ses genoux et lui céder tout. Son âme, son cœur, mais surtout son corps. Et comme ce dernier brûle, à cet instant, pour la plantureuse blonde. Leurs retrouvailles se sont avérées catastrophiques, proche d’explosives. Celia doit se tenir à sa résolution. Coûte que coûte. Elle ne peut prendre le risque de lui redonner aussi facilement la pleine possession sur son cœur, déjà Ô combien fragilisé par leur relation. « Une sorcière, c’est bien ça ? » commente-t-elle en dévisageant la tenue somptueuse de son amie et ex-amante. « C’est un… excellent choix de déguisement. » Celia la trouve… magnifique. Magnifique au point de vouloir lui prendre la main et lui glisser à l’oreille de la rejoindre à l’abri des regards, dans l’une des salles à l’étage. Elle se retient, et au lieu de lui faire des propositions indécentes, l’actrice rousse déguste une gorgée de son champagne en silence. Elle ignore comment meubler la conversation. Toutes les pensées que lui inspirent Evelyn sont partagées entre tendresse, amour et désir pur.

Celia ignore pourquoi, mais l’envie d’accorder un « break » à ses résolutions s’installe progressivement dans son esprit. Elle la boudera demain. Pour l’instant, c’est la fête. C’est le soir d’Halloween. Pourquoi demeurer froide, dans une soirée aussi pétillante de malice ? Une soirée qui lui évoque leur première rencontre, douloureusement et insidieusement. Celia se sent fortement fragilisée par le contexte mélancolique de leurs secondes retrouvailles, au point de lâcher un peu de lest. « Penses-tu qu’une sorcière et une vampire peuvent s’entendre pour ce soir ? » chuchote la vampire en laissant son regard se promener sur les petites bulles gravitant à la surface de sa flûte de cristal et le regard plein d’intensité de son amie.

31 OCTOBRE 2022 - STUDIOS, RACCOON SQUARE.


Evelyn Hugo est magnifique, drapée dans cette robe sulfureuse, maquillée comme il faut, avec les cheveux coiffés comme ils le sont actuellement. Evelyn Hugo est parfaite, déguisée en sorcière. Elle est élégante et torride à la fois, délicate et sauvage, reine et catin dans le même temps. Comment ne pas succomber à ses appels de sirène délicieuse ? Celia St. James a beau affirmer ne pas vouloir retomber dans ses bras de sitôt, elle ne peut camoufler le léger rose qui se propage sur ses joues anormalement livides. Plus blanches que d’ordinaire. Une couleur de peau cadavérique. Son maquillage est sophistiqué, choisi avec soin pour faire d’elle une reine des vampires en ce soir du 31 octobre. Ce maquillage semble si réel, au point qu’elle songe distraitement à féliciter ses stylistes et maquilleuses à la fin de cette petite sauterie mondaine. Celia ne l’a pas encore réalisé, mais il a l’air réel parce qu’il l’est devenu. « Je les paient grassement, mais elles ont réalisé un travail hors du commun sur mon déguisement. » confesse Celia dans un rire cristallin. Elle retrouve en un rien de temps une complicité perdue avec Evelyn, tant chérie. L’amertume et la colère sont toujours là, mais pour ce soir, c’est une trêve en bonne et due forme que l’actrice aux cheveux de feu propose à l’idole sulfureuse à la chevelure blond platine.

« Tu es parfaite. » la complimente-t-elle, le plus sincèrement du monde. « Tu es probablement la plus belle sorcière de cette soirée. » Peut-être pas la seule déguisée, mais la seule dans son cœur meurtri. Elle ne doit pas l’aimer, elle doit cesser de l’aimer sur-le-champ, elle en a conscience. Elle doit arrêter d’éprouver ce qu’elle éprouve actuellement. Elle doit s’empêcher de l’aimer, cela fait trop mal, mais c’est si dur… Celia a longuement réfléchi à leur situation. Elle a décidé d’être amie avec Evelyn, quoiqu’elle puisse lui reprocher. Amie… Cela va être si dur de s’en tenir à une relation strictement amicale, sans vouloir dévier d’un instant à l’autre à quelque chose de plus intime, de plus profond, de plus fort. Leur histoire est à l’abri des balles, elle a survécu aux décennies, aux épreuves, au poids du temps et de la maladie. Celia n’en garde aucun souvenir, mais elle peut lire la maturité fraîchement acquise de son ancienne amante dans le fond de ses orbes pétillants de malice. « J’ai beau être la star de la soirée, comme tu le dis si bien, ma chère Evelyn… » chuchote-t-elle sur un ton plus chaud qu’elle ne le veut réellement. La première flûte de champagne fait déjà des effets dévastateurs en jetant les bonnes résolutions de la trentenaire au feu. Celia brûle, d’un feu ardent qui ne s’est jamais réellement éteint après leur rupture, et qui la consume… « Tu es certainement le soleil de leurs nuits. » reprend Celia, avec un sous-entendu bien placé. La jalousie d’Evelyn, à peine masquée, fait plaisir à Celia. Elle en frissonne de bonheur, de convoitise. « Comment ne pas tomber en émoi devant toi, Evelyn. C’est de l’ordre de l’impossible… » admet-elle, d’une voix douloureuse, presque brisée. Cela lui fait mal d’éprouver autant de nostalgie pour leur relation passée, tous ces moments de bonheur et de passion. Celia lui confesse indirectement être elle-même incapable de résister plus longtemps à sa beauté surnaturelle. Ce n’est pas qu’Halloween, ce n’est pas que sa tenue ou son maquillage recherché, c’est parce que c’est Evelyn Hugo.

« Ah ah, tu aimerais savoir, bien sûr ? » chuchote Celia, d’humeur joueuse. Lorsque son ancienne amante s’interroge sur l’identité de sa victime en désignant les taches de sang parant son décolleté ravageur, la sulfureuse rousse décide de saisir cette opportunité pour la rendre plus jalouse encore et plus désireuse de regagner son cœur. Celia est prête à céder, secrètement, mais pas à n’importe quel prix. Evelyn doit se battre, la conforter dans ses choix, en se disant que cette fois-ci, elles n’échoueront pas.  « C’est un secret. » Un frisson parcoure sa colonne vertébrale, lorsque les doigts parfaitement manucurés d’Evelyn se déposent sur son décolleté. Une caresse aussi légère qu’une plume. Celia frémit, et sent son corps se tendre mystérieusement devant ce premier contact. Son corps, mais surtout ses courbes généreusement emprisonnées dans sa robe de cérémonie. Ces mêmes courbes laiteuses, parfaitement dessinées, qui se durcissent en leur sommet sous ce simple effleurement. Evelyn ne fait que la frôler, mais c’est déjà trop pour elle. Elle, qui l’a tant attendu, tant désiré… Son corps a appelé le sien de trop longues années pour qu’il n’en soit pas autrement. Celia peut mentir, tant qu’elle le voudra, mais son corps ne lui obéit plus. Son corps appelle ardemment le sien. « Il faudra me faire parler, très chère. » la provoque la vampire, en dévoilant un sourire éclatant de blancheur, mais surtout composé de canines acérées qui se grossissent mystérieusement à mesure que les plis de sa bouche s’allongent. « Je ne peux te laisser maudire qui que ce soit aussi facilement… » s’amuse la rousse, qui retrouve la nostalgie de leurs premiers jeux sensuels, de leurs flirts insouciants. Elle lui adresse un regard brillant d’une lueur nouvelle, de jeu et de séduction.

31 OCTOBRE 2022 - STUDIOS, RACCOON SQUARE.


Les sentiments n’étaient pas morts, — hors de question. Ils ne le seraient jamais. Celia avait beau clamer à corps et à cri qu’elle n’appartenait plus à Evelyn Hugo et qu’Evelyn Hugo ne lui appartenait plus, les élans d’un cœur désespérément amoureux remportaient toujours cette bataille intérieure. Et bataille intérieure il y avait entre ses émotions les plus violentes et les plus belles à la fois. Toutes les passions violentes connaissent des fins violentes, — telle est l’histoire tragédienne entre Evelyn et Celia, un amour passionné entièrement voué à les consumer l’une et l’autre dans les ténèbres et la disgrâce. Dans leur monde, les actrices s’étaient battues pour préserver leur réputation, au détriment de leur histoire d’amour. Celia aurait voulu que les choses en soient autrement. Elle aurait espéré qu’Evelyn soit capable de sacrifices pour leur histoire d’amour. Des sacrifices qui en valaient la peine, car elle-même, se serait sentie capable de les faire. Elle aurait renoncé à la gloire, au plaisir intense qu’elle éprouvait sur scène pour les beaux yeux noisette d’Evelyn Hugo. Pour lui prendre la main en public, enrouler ses doigts fins et délicats entre les siens et les embrasser. Phalange après phalange. Du bout de ses lèvres pulpeuses maquillées dans ce rouge prune qu’elle affectionnait tant et qui faisait ressortir l’éclat sauvage de sa chevelure de feu. Elle aurait tout donné pour cette femme. Pour leur romance. Cette femme aussi indomptable que le vent, aussi violente que l’océan, aussi changeante que le ciel. Pour Evelyn Hugo. Mais Evelyn Hugo l’avait meurtrie. Son égoïsme l’avait blessée au plus profond de sa chair, sans retour en arrière. Celia s’était décidée après de longues nuits passées à pleurer toutes les larmes de son corps à réparer les morceaux brisés de son cœur, tourner la page, loin d’Evelyn. Celia est une femme forte. Indépendante et charismatique. Celia n’a finalement besoin de personne pour se hisser dans le monde. Elle a longtemps été considérée par les journalistes comme la rivale d’Evelyn Hugo dans le métier. Elle aurait pu la surpasser, elle aurait pu faire tellement de choses contre Evelyn Hugo. Elle ne l’a pas fait. Elle l’a simplement laissée partir après une énième crise de nerfs, où toute son âme et la noirceur qui s’y dissimulait s’est exprimée dans un spectacle des plus déchirants. Evelyn était une égoïste. Celia s’évertuait à considérer ce trait de caractère comme responsable du déclin de leur histoire. Elle ne reviendrait pas, quoique dise ou quoique fasse Evelyn Hugo. Elle tourne les talons. Celia se respecte bien trop pour continuer à être manipulée. Parce qu’à ses yeux, c’est de la manipulation, de l’orgueil. Evelyn ne l’a peut-être même jamais aimée. Pas à cent-pour-cent. Une partie d’elle, oui, mais pas complètement. Et c’est ce pourcentage restant que ne digère toujours pas Celia. Car elle, elle l’a aimé de toute son âme, complètement. Il n’y a jamais eu de dualité dans l’expression de son amour pour Evelyn. Evelyn est différente, certes, et c’est cette même différence qui lui a tant plu. Sans doute que si Evelyn n’était pas Evelyn avec ses bons et ses mauvais côtés, il n’y aurait jamais eu de grande histoire d’amour. Celia ne veut pas l’entendre ou l’admettre. Elle veut être libérée de ses chaînes. Ce soir, pourtant, des choses se passent en elle. Tout est permis durant le soir d’Halloween.

Habillée en véritable reine des vampires, créature démoniaque au charme saphique, Evelyn ne peut que la complimenter, sans doute en espérant obtenir d’elle quelque chose que Celia persiste à lui refuser. Celia devrait dire non à toutes ces tentatives de charme. Elle ne le fait pas. Sa résolution de rester loin d’Evelyn Hugo se fond comme neige au soleil. Le charme d’Evelyn perce son âme, foudroie son corps, appelle la chaleur en son bas-ventre. Evelyn est tout bonnement… Evelyn. Evelyn ne fait pas que de la complimenter, et c’est bien le cœur du problème. Elle lui rappelle des souvenirs intimes, brûlants et passionnés. Tous ces souvenirs encore férocement implantés en elle. Evelyn effleure son esprit par ses douces et mielleuses paroles, par ses souvenirs évoqués avec tant de grâce, mais plus physiquement, par l’effleurement de ses doigts sur le décolleté plongeant de la rousse incendiaire. Ce toucher ne la laisse pas insensible. Celia ferme les yeux pour savourer les caresses aériennes de son âme sœur, déposées telle une plume sur sa peau translucide en émoi. Ce contact la fait frémir. De la tête aux pieds. Ça fait si longtemps, si longtemps qu’elles n’avaient rien… rien fait ensemble. Celia songe à elle toutes les nuits. Ça la dévore. Elle refuse de le lui avouer. Ce serait perdre la raison en si bon chemin. « Et que devrais-je dire sur le choix de ton personnage, Evelyn ? » rétorque la jolie rousse en voulant à son tour participer au jeu de séduction, le coin de ses lèvres maquillées plus sombrement se dessinant en un rictus fier. « Tu comptes m’ensorceler ce soir par tes belles paroles et l’évocation de nous souvenirs passionnés ? » Celia ignore encore jusqu’à quel point Evelyn compte le faire, — sans même se rendre compte de ses pouvoirs magiques. « Si tu pouvais me jeter un sort, dis-moi, lequel serait-ce ? » Sans prévenir et avec une rapidité proche de surnaturelle, la voilà qui se glisse dans le dos de son ancienne amante. Ses mains délicates à la pâleur hivernale se positionnent de chaque côté des épaules de la belle Evelyn. Elle les prend pour appui, tout en lui chuchotant ces quelques mots dans le creux de l’oreille. Celia aussi est d’humeur séductrice. Tant mieux. Elles se séduiront à deux. « Je ne suis pas aveugle, ma douce Evie. Je vois clair dans ton jeu. Je sais comment tu aimes fonctionner. Tu espères me séduire ce soir. » complète Celia, non sans adopter un ton faussement réprobateur. Elle devrait réellement être en colère, mais quelque chose dans cette soirée lunaire lui fait prendre conscience de l’appétit dévorant qui est le sien, de ce qu’Evelyn déclenche en elle. La soif, la convoitise, le désir, la passion. Pourquoi résister aux souvenirs évoqués par Evelyn ? Evelyn a bien raison lorsqu’elle lui dit que les passions ne meurent pas et que cette nuit est l’occasion de toutes les raviver. Lui résister serait folie. Celia trouve bizarrement cette idée grotesque. Hier encore elle comptait rester froide et polie en sa compagnie, pour ne pas compromettre sa décision. Ce soir, toutes les folies semblent être permises. Evelyn est une tentation à laquelle il est difficile de ne pas céder. « Alors ? Par quel sortilège commencerais-tu ? » la provoque Celia, ses lèvres venant caresser le lobe d’oreille de la somptueuse Evelyn. « Tu as gagné. Comme au bon vieux temps. » admet-elle en acceptant cette main tendue, et la proposition qui en découle. Evelyn Hugo l’invite à danser. Comme au bon vieux temps. « Dansons et… nous verrons à quel rythme nos cœurs battront ensemble. » Ce n’est rien qu’une danse innocente, une danse ne peut faire de mal. Alors que Celia dépose une main sur la hanche fine d’Evelyn et l’autre dans sa paume, elle lui confesse dans un souffle : « Sais-tu ce que ton absence me coûte depuis des mois ? Tu m’imagines en train de penser à toi, — à nous — toutes les nuits ? Tu crois sûrement que je ne peux m’empêcher de repenser… à toutes nos étreintes ? Tu sais que je refuse de laisser la nostalgie me détourner de mes choix, Evie. » Celia marque une pause dans son discours, tout en emportant Evelyn dans un slow parfaitement maîtrisé. « Eh bien… Sauf avec toi, Evie. Je ne peux retenir cette bouffée de nostalgie. »