A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry le sait, cette situation trop précaire et instable ne pourra durer éternellement – à plus forte raison qu’elle n’a déjà que duré beaucoup trop longtemps. Il ne se sent pas à sa place ici – et s’il devait avoir le moindre doute à ce sujet, les réflexions constantes du colocataire de Peter ne tarderaient pas à lui mettre la puce à l’oreille. Pour Peter, il a le sentiment de n’être qu’un fardeau. La sensation aussi agréable que fugace qu’il avait autrefois pu ressentir, celle de savoir, à son échelle, apporter quelque chose à son petit ami, s’est évanouie dans des torrents d’incertitudes. Il ne pense pas que Peter prenne encore aucun plaisir à l’avoir à ses côtés. Et c’est compréhensible. C’était bien au début, quand ils ne se posaient pas de questions – pas assez de questions, quand ils s’autorisaient à être aveugles quant à ce qui les attendrait, quand Harry pouvait faire mine d’être capable d’avoir une relation avec lui au-delà de quiconque d’autre. Il veut insister, il veut sauver les meubles de toutes les manières, parce qu’il aime toujours Peter, il l’aime même plus que jamais, mais ça semble désespéré. Parce que lui-même est un cas désespéré, en fin de compte.

Le temps qu’il fait perdre à Peter est du temps qu’il pourrait certainement employer à meilleur escient, auprès de personnes qui le mériteraient davantage… Pire encore, la seule personne peut-être capable de lui demander de renoncer est lui… et il en est incapable, positivement incapable. Alors la vie suit ce cours à présent étrange, et lui rappelle à tout instant que l’insouciance agréable des débuts est définitivement derrière eux et ne leur reviendra probablement plus jamais, ce peu importe les efforts qu’il voudra fournir à ce titre. Assis dans le canapé à côté de Peter, tous les deux ne se parlent pas vraiment. Lui est plongé dans un bouquin dont il ne lit pas vraiment le contenu. Régulièrement, il jette des regards à la dérobée à son petit ami, mais il n’ose pas rompre le silence, et cela dure jusqu’à ce que la sonnette de l’appartement vienne rompre l’épais silence ambiant, qui les enveloppait jusqu’alors dans une atmosphère des plus inconfortables.

« Je vais voir qui c’est », décide Harry, même s’il n’est pas vraiment chez lui, et que ce n’est pas à lui de faire ce genre de choses. C’est comme une manière pour lui de se rendre utile – et peut-être, par la même, d’échouer lamentablement.

De l’autre côté de la porte, il découvre la silhouette d’un homme qu’il ne connaît pas… et n’est pas sûr de vouloir connaître. La cinquantaine, parfait dans son costume probablement taillé sur-mesure. Le genre dont son père raffolerait très probablement. Il ne sait pas de qui il peut bien s’agir mais il est certain en revanche de déjà regretter d’avoir ouvert la porte. Il n’aurait définitivement pas dû. Trop tard.

« Hum… bonsoir ? » fait-il, hésitant, en tournant un regard intrigué vers Peter, ne sachant trop s’il est de bon ton ou non de laisser cet homme rentrer.

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

Difficile pour Peter d'entretenir la flamme de l'espoir. La flamme tout court. Sa relation avec Harry n'était plus la même depuis les événements à Baker Street Avenue. Et pourtant, il avait fait tant d'effort pour sauver les meubles, chercher des solutions. Il s'était voilé la face très longtemps, refusant de l'abandonné coûte que coûte. Mais les paroles de son alter ego, son histoire dramatique avec un Harry alternatif ne cesse de lui revenir à l'esprit.

Il avait eu la chance incroyable de rencontrer d'autres lui venant d'autres dimensions. Des garçons incroyable. Héroïque tout comme lui. Ils sont rapidement devenu comme des frères, se fût si évident pour eux ! Les Peter Parker, peut importe la dimension se ressemble énormément. Et d'après ses frères, il en est de même pour la famille Osborn. Trahison, démence, meurtre. Les Osborn ne sont pas connu pour être les plus gentil et équilibré du monde.

Peter ne savait plus comment gérer toute cette situation. Elle l’étouffait, et ça devait sans doute être de même pour Harry. Mais aucun des deux ne souhaite renoncer à l'autre, même au bord de la rupture. Du côté de la police, les choses se sont mystérieusement « arrangé ». Pour être clair, quelqu'un semble avoir sorti les gros moyens pour faire étouffer l'affaire. Peter ne trouvait plus aucune donnée sur les événements au poste de police. On en parlait plus, comme-ci s'était tabou. Il était facile de relier les points et de comprendre qui était derrière tout ça.

Norman Osborn avait réussi a faire se qu'il avait été incapable de faire. En usant de son influence et de pots de vin il avait réussi a noyé l'affaire. Pour combien de temps ?

Peter ne se sentait pas capable de partager cette information. Son égo en avait pris un sacré coup mais il avait surtout cette crainte qu'Harry retourne dans les bonnes grâces de son père d'une manière où d'une autre. Il ne comprenait pas leur relation. Comment un être aussi machiavélique pouvait être... aussi magnétique avec son fils qu'il continu de torturer depuis son plus jeune âge. Peter était dans l'incompréhension totale. Le plus logique et le moins évident serait de couper le cordon. Mais comment ?

Peter avait énormément lu sur l'ancrage hypnotique, comment s'en défaire. Tout ça ne servait à rien il en avait bien conscience. Il n'avait aucune compétence dans ce domaine il ne pouvait pas s'improviser psychiatre, neurologue avec juste toute les conneries qu'on peut trouver sur le net. Mais c'était l'unique manière pour lui de nourrir cet espoir de ses faibles moyens. Il avait besoin de l'aide d'expert, et c'est tout naturellement qu'il se tourna vers Hannibal. C'était une évidence pour lui. Ils avaient tissé un lien fort au fil des mois, bien au delà du patient et du thérapeute. Hannibal était l'une des personnes vers qui il pouvait se tourner. Il était cette figure paternelle qu'il ne cessait de rechercher.

Oui, la relation Peter-Harry n'était plus au beau fixe. Même ci les sentiments demeuraient, la connexion disposait de quelques souci. Ils ne parlaient plus autant, il n'y avait plus cette aisance, l'alchimie des débuts. C'était timide et parfois même trop pesant pour que ça soit agréable. Ils s'étaient convenu avec Hannibal de l'heure de sa visite. Mais disons que prévenir Harry avait fini par lui sortir complétement de la tête. Et se qu'il ne voulait pas de cette situation au départ fini par se réaliser : Harry se retrouvait face à Hannibal, comme pris dans un guet-apens. Il ne relia les informations qu'à l'instant où la sonnette de l'appartement retentit. Il se redressa pour ouvrir le premier mais c'était trop tard. « Je t'avais déjà parlé d'Hannibal.. » il s'avança au niveau de son petit ami, gêné par la situation dans laquelle il se mettait mais il ne se démontait pas. C'était nécessaire. « C'est gentil d'être venu. Alors je te présente Harry. Harry, Hannibal.  » voilà que les présentations sont faites même ci, pas réellement nécessaire. Mais faudrait pas le confondre avec Regulus ! ((et je ne veux pas de réflexion bizarre de pourquoi Peter s'entiche de deux garçons aux visages similaire. C'est le ha-sard bien sûr :') )) « Je t'en prie entre. C'est la première fois en plus. » Il se décala pour laisser entrer Hannibal dans son chez lui qu'il partage avec Regulus et Harry tout récemment. En fait, il ne s'attendait pas a ressentir une certaine pression en ayant Hannibal chez lui. Ça ne semble rien dit comme ça mais ce n'est qu'une étape de plus dans leur relation.

Il appréhendait énormément cette rencontre mais il était malgré tout heureux qu'elle est lieu. Il mettait peut-être trop d'espoir sur cette entrevu alors que ça ne dépend ni de lui ni d'Hannibal essentiellement. « Peut-être que tu verras Regulus, je ne sais pas à quel heure il compte rentrer » fit-il pour faire la conversation et ainsi avoir une certaine main mise sur la situation. « Un café ça vous dit ? Oui, toujours ! » enfin juste avant de s’éclipser en cuisine en bon hôte. Quoique, peut-être maladroit d'abandonné Harry d'entrée de jeu.

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

C'est non sans une certaine curiosité qu'Hannibal s'est rendu chez Peter. C'est la première fois qu'il frappe à la porte de son appartement qui, de l'extérieur du moins, ne paie pas de mine (en même temps, tout le monde n'a pas les moyens de ses demeures luxueuses), et il est curieux par bien des aspects. Curieux de découvrir Peter dans son élément, dans un décor qui lui est familier. Curieux aussi, bien sûr, de rencontrer le fameux Harry Osborn. Pour l'heure, l'image mentale qu'il s'en fait est tout naturellement biaisée. Biaisée par la détresse qu'il a ressentie chez Peter au cours de ses dernières interactions avec lui, biaisée également par la réserve manifeste de Will au sujet de ce jeune homme - dans un cas comme dans l'autre, l'objectivité n'est pas au rendez-vous. L'histoire d'Harry Osborn, ou du moins ce qu'il en sait, est des plus fascinantes, et il est curieux de découvrir l'ampleur de ses traumas, ainsi que la manière dont les traumas en question pourraient bien être exploités, d'une façon ou d'une autre.

Quand la porte s'ouvre, Hannibal devine immédiatement la circonspection du jeune Osborn, et il ne lui en tient pas rigueur, en vérité, l'effet de surprise peut leur être favorable. Certes, cela prend le jeune homme de court, ce qui peut éventuellement l'inviter à se braquer, mais dans le même temps, ne pas avoir eu l'occasion de se préparer psychologiquement à la présence du psychiatre est une bonne chose. Il n'a pas pu préalablement se préparer à sa visite, préparer des réponses toutes faites à des questions qu'il anticipera peut-être. Cela ajoute également au caractère présumément "informel" de cette rencontre et de cette discussion. Il est là en sa qualité de... père, quelque chose qui y ressemble du moins, pas en sa qualité de psychiatre. Sur le papier, en tout cas.

"C'est un plaisir de te rencontrer, Harry, j'ai beaucoup entendu parler de toi", fait Hannibal d'un ton aimable, en toisant Harry d'un regard qui le passe au crible sans aucune pudeur. Il ne ment pas. Oui, il a beaucoup entendu parler de lui. En bien ou en mal, il ne le dit pas, de même qu'il n'arrête pas son opinion sur lui en un seul regard : il attend d'en apprendre plus avant cela.

Hannibal entre, prend le temps de détailler les lieux du regard, il s'attarde sur chaque détail, et sur ce qu'ils disent de la personnalité des personnes qui se trouvent dans ce monde.

"Avec plaisir", reprend-il à l'adresse de Peter quand ce dernier propose de leur servir un café, avant de s'installer dans le salon, en compagnie de Harry. "C'est un bel appartement, je l'imaginais plus petit de l'extérieur", reprend-il, choisissant avec soin ses sujets tout en prétendant seulement faire la conversation. "Mais vous devez tout de même vous y sentir à l'étroit, à trois, n'est-ce pas ?"

A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry est partagé entre la curiosité de rencontrer enfin le fameux Hannibal Lecter qui, il le sait, a fini par faire office de figure paternelle aux yeux de Peter, et l’appréhension la plus totale. Il ne suffit pas de quelques secondes au jeune homme pour avoi le sentiment d’être passé au crible par le regard observateur de cet homme, et si cela doit se passer comme avec son compagnon, monsieur Graham, il ne mettra sans doute pas plus de quelques secondes à ne pas l’apprécier, ou à estimer en tout cas qu’il n’était pas digne de fréquenter Peter. Le fait qu’il ne soit clairement pas au meilleur de sa forme et que la joie et la bonne humeur ne soient pas exactement les mots d’ordre sous leur toit ces derniers temps n’arrange absolument rien. D’ailleurs, ce n’est pas exactement son toit, et Harry n’arrive pas à se sentir à l’aise ou chez lui, ici… Le colocataire de Peter, qui fort heureusement est absent pour le moment, n’aide absolument pas, au passage.

« Oui, bien sûr, Hannibal, ravi de vous rencontrer », fait-il en retrouvant l’usage de la parole, du moins un minimum, et son sens de la politesse.

Harry tente de dissimuler une grimace quand Peter suggère qu’Hannibal croisera peut-être Regulus. Harry, lui, ne l’espère franchement pas. Il n’a aucune envie de se retrouver en sa compagnie dans de telles circonstances, et encore moins que le psychiatre s’amuse à jouer au jeu des sept différences entre les deux sosies.

« Merci », c’est ce qu’il dit à Peter avec un sourire empreint d’une sincère tendresse, oui, mais d’embarras également, comme à chaque fois qu’il lui sourit ou lui dit quoi que ce soit, forcé par ce sentiment de devoir se justifier ne serait-ce que de sa présence auprès de lui. Ceci dit, il est d’accord, un café, ça ne fera pas de mal, même s’il n’est pas sûr qu’il soit de bon ton qu’il boive quoi que ce soit susceptible d’exciter une nervosité déjà très grande. Trop tard.

« Ah… », reprend-il quand Hannibal lui assure qu’il est ravi de le rencontrer, et qu’il a beaucoup entendu parler de lui. « En bien j’espère ? »

Ce qui devrait passer pour une simple plaisanterie a le don de redoubler son anxiété, parce qu’il songe que rien, vraiment rien, ne lui garantit qu’Hannibal n’aura pas eu que de très mauvais échos le concernant.

« Je ne vais pas rester », fait Harry peut-être un peu trop rapidement quand Hannibal remarque qu’ils sont probablement à l’étroit dans un si petit espace. Il a peut-être réagi un peu trop rapidement, il le sait, ce n’est pas comme s’il avait envie de partir… mais il ne sait pas s’il veut rester non plus. Cette situation est beaucoup trop compliquée pour lui… « Enfin, je veux dire… c’est temporaire, tout ça. Jusqu’à ce que… » Jusqu’à ce qu’il aille mieux ? Mais est-ce qu’il ira seulement mieux un jour… Puisqu’il est impossible de le réparer comme voudrait tant le faire Peter. « … enfin, je ne sais pas ce que Peter vous a dit… », reprend-il, mal à l’aise.

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

C'était aimable de la part d'Hannibal de céder au caprice de Peter. Ils avaient longuement discuté du sujet qui l'amène jusqu'ici. Tout ça lui revenait d'un coup alors qu'il s'est empressé égoïstement de quitter la pièce pour la cuisine. Il y avait eu aussi cette longue discussion avec Regulus un soir. Hannibal comme son colocataire était unanime : cette relation le détruisait. Et pour se préserver, bien malgré tout l'affection qu'il porte à Harry il n'y avait qu'un moyen pour y mettre un terme. Peter continuait de croire qu'il pouvait inverser la tangente alors que leur relation n'a plus rien de leur début. Cette complicité n'est qu'un souvenir. Tout deux continu de souffler sur les braises sans succès. Ils sont de plus en plus rare ces moment de complicité qui autrefois était si léger, si évident. Il voulait être la preuve que Parker et Osborn peuvent être autre chose que des ennemis. Malgré ce que le reste du multivers peut en dire. Mais a forcer de constater.. qu'il était dans une impasse. Qu'il était devenu incapable de donner tord à ses personnes. Surtout son frère de cœur Peter#3 qui ne lui avait jamais caché sa désapprobation. En vu de le fin tragique et violente de sa petite amie Gwen Stacy de la main de son ancien ami Harry Osborn.

Est-ce que c'est ça l'ordre des choses ? Ni a-t-il aucun moyen de briser ce cercle vicieux. Ces espoirs étaient de plus en plus maigre. Il n'était même plus capable dans le fond d'admettre avec franchise qu'il le faisait par amour. Le faisait-il vraiment pour Harry, pour l'homme qui partage son lit ? Pas complétement en effet. Cette démarche aussi louable soit-elle perdit de son éclat en chemin. Mutant en obsession, le genre que vous poursuivait sans relâche, obstinément en se moquant des conséquences. Des conséquences sur soi.

Cette entrevue était peut-être joué d'avance. Peut-être quelle changera tout pour de bonnes choses. Peter n'avait plus vraiment de certitude. Il sentait une certaine anxiété monté en lui alors qu'il observait le café couler. Il devait souffler un bon coup. Ne jamais perdre espoir. Et dans un même temps, ne pas se faire trop d'illusion. Mélange compliqué.

Il fait son retour dans le salon quelques minutes après en déposant à chacun une tasse de café fumante. C'est vrai c'était la première fois qu'Hannibal venait chez lui. L'idée de l'invité plus tôt ne lui avait pour être honnête jamais traversé l'esprit. Il faut dire qu'Hannibal est un hôte exceptionnel. Difficile de rivaliser dans son appartement revisité par la magie de son colocataire. « Tu devrais venir avec Will la prochaine fois. Je peux pas te promettre la grande cuisine mais personne ne s'est jamais plain de mes pâtes bolo » dit-il d'un ton léger comme il sait si naturellement le faire pour égayer l'ambiance. Après un clin d’œil complice à l'intention d'Harry il vint s'installer à ses côtés. Il avait bien conscience que la suite de cette conversation, ne sera pas des plus gai. Il était temps d'y aller. « J'ai essayé au mieux.. d'expliquer ce que tu vis à Hannibal. Mais, la meilleure personne pour en parler ce n'est pas moi. » Et ce n'est pas qu'à la porte d'Hannibal que Peter a frappé. Et c'est toujours assez laborieux parce que ce n'est pas son histoire. Ce qui fait qu'il ne voit pas certaine nuances, les détails qui ont toute leur importance. « J'ai vu beaucoup de choses dans ma vie. Je ne veux pas croire qu'il n'y a pas de solution. » De tout son cœur, il désire garder ces certitudes là. « Je peux pas croire qu'on soit arrivé ici par hasard. » Peut-être trop utopiste. C'est ce qu'il avait dit à Dumbledore. Il n'y avait peut-être pas de raison réelle. Mais il devenait évident et nécessaire de profiter de cette chance, de tout le savoir que leur apporte le multivers pour créer un monde meilleur.

Le monde meilleur ce n'est peut-être pas pour aujourd'hui. Mais sauver Harry serait l'un des premiers pas. Aussi petit soit-il, vers cet idéal.

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

Harry Osborn n’a pas vraiment gagné l’estime d’Hannibal à l’heure actuelle, mais au moins ce dernier peut-il lui reconnaître un certain respect des normes de politesse qui sont à ses yeux primordiales, et cela lui octroie quelques points de sympathie qui seront probablement insuffisants mais sont, dirons-nous, déjà mieux que rien. Alors ils en sont là, et Hannibal prend soin d’analyser chaque détail du comportement de son interlocuteur afin de déterminer s’il sera en mesure d’en retirer quoi que ce soit. La politesse est une vertu, elle reste insuffisante à obtenir l’aval ou l’estime du psychiatre qui certes aura entendu parler de Harry en bien, mais pas seulement. Il a entendu parler de lui en des termes alarmants, qui lui ont laissé présumer que son influence sur Peter pourrait se révéler soit complètement bénéfique, soit entièrement l’inverse en fonction de ce qu’il sera susceptible de faire de lui ou non.  Harry se justifie, lui apprend qu’il n’a pas l’intention de rester, au sens où il n’entend pas investir l’espace privé de Peter trop longtemps. Aux yeux d’Hannibal, c’est une excellente chose. La meilleure possible, même, probablement. Ce n’est certainement pas en accaparant sa géographie mentale qu’il permettra à Peter de faire un tri raisonnable dans ses choix et dans ses émotions. Hannibal parle peut mais observe beaucoup. Son regard peut décontenancer, décontenance probablement sans qu’il envisage d’en adresser au jeune homme qui subit pour l’heure une grande défiance de sa part, naturellement passé au crible par notre intéressé.

"Je suis certain que Will en sera ravi", se contente de commenter Hannibal quand Peter suggère qu’il serait ravi de les inviter tous les deux dans son appartement étonnamment plus vaste que ce que son aspect extérieur peut laisser présumer, afin de goûter à… ses pâtes bolognaises.

Oh, il ne s’agirait pas de mépriser les grands classiques culinaires privilégiés par la masse des moins fins gourmets. Des pâtes à la bolognaise, si on les prépare avec soin – et surtout avec les bons ingrédients, peuvent être délicieuses. Mais rien n’inspire davantage l’horreur à Hannibal que la perspective de goûter des pâtes toutes prêtes et pas mêmes fraîches, agrémentée de sauce tomate en conserve et de viande hachée à la composition douteuse. S’ils doivent un jour manger dans cet appartement, Hannibal s’arrangera très clairement pour apporter le dîner. Mais ce n’est évidemment pas la question.

Ils en reviennent au sujet principal de leur conversation, c’est-à-dire Harry. Oui, il lui a expliqué au mieux sa situation, mais Hannibal tient à l’entendre de la part du principal intéressé, cela va sans dire.

"Le hasard est le cauchemar des déterministes, ou même des personnes rationnelles", commente-t-il avec patience. Tous les problèmes n’ont pas toujours de solution, mais il en cherchera tout de même une si celle-ci peut lui être profitable. « Peter m’a dit que vous consultiez le docteur Bloom, c’est bien cela ? » demande-t-il en dévisageant le jeune homme. "Ses méthodes vous ont-elles semblé efficaces ou profitables ?"

A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry ne sait faire autrement que de se sentir de trop… Il voudrait jouer le gendre idéal auprès de celui qu’il sait être une sorte de père de substitution aux yeux de son petit ami, mais il n’arrive à rien. Parce qu’il sait pourquoi le psychiatre est là, et ce n’est pas parce que Peter avait été impatient de lui présenter son petit ami, uniquement parce qu’il est arrivé à court de solutions pour le changer… et autant le dire tout net – il ne changera probablement jamais.

Parce que ce qu’il y a en lui, ce quelque chose qu’il ne contrôle pas, il ne peut pas lutter contre, c’est impossible, c’est comme ça… alors cet entretien n’aura probablement vocation qu’à donner un prétexte de plus à Peter pour le laisser tomber, rien d’autre… Non, vraiment, cette rencontre ne l’enthousiasme pas le moins du monde, et c’est d’une oreille distraite qu’il entend Peter suggérer qu’il pourra les inviter, lui et le compagnon du docteur Lecter, à venir manger des pâtes bolo chez lui… Il a comme l’intuition qu’il n’est pas réellement invité à ce dîner. Il laisse couler, il se sent un peu extérieur à cette discussion et n’y revient qu’au moment où Peter s’adresse directement à lui.

Harry, malgré lui, ne peut s’empêcher de songer à ce à quoi aura ressemblé leur discussion à son sujet, et celle pensée le braque encore un peu plus. Oui, il est probablement le mieux placé pour parler de lui-même à son interlocuteur, mais est-ce qu’il en a seulement envie ? Il n’en est pas complètement certain pour être tout à fait honnête.

Plus Peter s’efforce de l’aider, plus Harry cède à la tentation de se renfermer sur lui-même et de ne plus s’intéresser à quoi que ce soit, pas même à cette discussion qui le concerne pourtant très directement. Peter répète qu’il ne veut pas croire qu’il n'y a pas de solution, Harry, lui, voudrait tout simplement ne plus être considéré comme un problème à résoudre, comme quelque chose de brisé qu’il faudrait réparer. Plus Peter se focalise là-dessus, plus Peter a le sentiment de ne plus rien représenter d’autre à ses yeux, même s’il sait bien que c’est l’affection et l’inquiétude qui le font agir ainsi.

« Elle est très bien », réplique très abruptement Harry, presque comme un mécanisme de défense, quand le docteur Lecter l’interroge au sujet de sa psychiatre. « Elle m’a déjà beaucoup aidé, je n’ai pas vraiment besoin d’un psychiatre de secours », ajoute-t-il en adressant un regard en biais à Peter. Bien sûr, ce dernier fait de son mieux, bien sûr, il ne veut que son bien… mais c’est de plus en plus difficile à appréhender et à accepter, parce que lui-même a l’impression de perdre pied. Chacun des échecs de Peter a le don de lui rappeler qu’il n’est rien d’autre qu’un cas désespéré. « Vous ne pourriez rien faire de plus pour moi que ce qu’elle a déjà fait », ajoute-t-il, catégorique.

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

Si Peter gardait de maigres espoirs. Ils se firent aussitôt balayé par chacune des phrases prononçaient par Harry. Ce n'est pas la première fois qu'il entend ce discours défaitiste. Il peut comprendre la difficulté a vouloir se battre dans une pareille situation mais là, c'était peut-être de trop pour lui. Il ne devrait pas le prendre tant à cœur car il ne s'agit pas lui. Mais son monde, depuis plusieurs mois ne tourne qu'autour de son petit ami. Il le voit comme un problème a résoudre, une bombe a retardement, un objet brisé. Ce n'est pas la vision qu'on devrait avoir de son compagnon. L'amour est là mais.. il en presque devenu secondaire après tout les autres points énuméré.

Le sujet de la psychiatrie n'est pas dans son domaine de compétence. C'est une des raisons pour laquelle il pensait cette idée de rencontre est idéale. A croire qu'il était encore une fois complétement a côté de la plaque. Peter reste muré dans le silence alors que son esprit part dans toute les directions. Et pas les meilleurs il faut avouer. Harry est défaitiste. Il n'a jamais été d'un grand optimiste sur sa situation. On ne peut que le comprendre. Ils sont dans une impasse. Peter refuse de voir les choses sous cet angle là. Tout ce qu'il voit c'est son petit ami qui piétine tout ses espoirs. Ce qu'il voit.. c'est qu'il ne désire pas autant que lui changer cette situation.

« Je pensais vraiment que c'était une bonne idée... » dit-il le cœur soudainement lourd. Il réfléchit, il réfléchit et finalement les mots s'échappent : « Mais tu veux pas changer » lâche t'il finalement sans détour.

Peter était ce genre de personnes trop empathique pour son propre bien. A force de penser aux autres, a constamment vouloir les ménager il en oublie l'impact que certain comportement peu avoir sur lui. Et la corde s'effrite, s'effrite jusqu'à ce qu'elle ne tienne plus qu'à un fil. Mais là il ne peut plus. Ce nouveau train de vie est insupportable pour lui autant que pour Harry. Peter s'enfonce dans le fauteuil, contenant encore au mieux la colère qu'il pouvait ressentir vis-a-vis de cette situation. Vis-a-vis d'Harry. Lui aussi en devenait défaitiste. « Si c'était ça, tu aurais pu le dire tout de suite » ajouta-t-il, presque aussi résigné.

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry serre les dents et les poings à la réaction de Peter. Est-ce qu’il a tort pour autant ? Non, et c’est bien le problème. Ce n’est pas qu’il ne veut pas changer… il n’a pas la moindre envie de devenir un monstre méconnaissable, il n’a aucune envie de faire souffrir tout le monde autour de lui, mais le propos de Peter ne résume que trop bien la pensée, douloureuse, de l’héritier Osborn. Peter ne sera jamais capable de l’accepter tel qu’il est. Pour être à la hauteur de Peter, pour mériter ses sentiments, il doit changer. Mais Harry ne se sent pas capable de changer. Surtout… Il est de plus en plus convaincu du fait que personne ne pourra rien pour lui. Les compétences du docteur Bloom ne sont pas à remettre en question pour cela. Elle n’est pas responsable de ce que le jeune homme ressent tout naturellement comme un échec. C’est bien plus compliqué que cela. A ses yeux, du moins.

« Tu ne comprends rien », s’agace Harry en baissant le regard, incapable de soutenir celui de son petit ami si cela doit signifier supporter l’ampleur de sa déception… De sa colère, aussi, peut-être.

C’est sur le docteur Lecter que son attention se reporte finalement. Il ne veut pas se donner en spectacle en présence de cet inconnu qui doit être en train de passer son comportement au crible. Il n’a pas envie d’être considéré comme une bête de foire… c’est même la dernière de ses intentions. Le psychiatre semble vouloir tempérer la situation, en analysant ses réactions et son comportement. C’est quelque chose que Harry apprécie à moitié, mais il doit reconnaître cela à Hannibal Lecter ; il tape juste, de façon assez troublante, en réalité. Oui, ce serait plus simple pour lui de se dévoiler s’il connaissait vraiment cet homme. Il a toute la confiance de Peter, et ça devrait probablement lui suffire, mais c’est compliqué, plus compliqué que ça. C’est son esprit que l’on cherche à analyser, c’est dans ses pensées que l’on veut s’introduire. Naturellement, ça ne peut faire qu’une très grande différence.

Il joue les tampons entre eux, faisant mine de savoir se mettre à la place de l’un et de l’autre. Ce n’est pas grand-chose, mais le voir décidé à ne pas prendre parti en dépit de son affection pour Peter, le rassure quand même sur son professionnalisme. Les mots qu’il ajoute le touchent presque aussitôt parleur justesse. Se retrouver dans une situation où l’on ne semble ne plus valoir que pour ce qu’on pourrait être une fois soigné, sans plus se sentir apprécié pour ce qu’on est… Oui, c’est exactement ce qu’il ressent. Il hoche doucement la tête, un peu honteux.

« C’est pas que je veux pas changer », confesse-t-il finalement. « Mais y a plus que ça qui compte pour toi… de me voir changer… »

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

Tu ne comprends rien. Ce ne sont que trois mots et pourtant, ils ont la force de le remuer. D'attiser ces braises qui prennent à peine. Il aimerait comprendre, et sans doute de toute ses forces mais il a le sentiment que le mur est trop haut. Qu'il ne peut rien faire pour arrangé la situation, pour le bien être d'Harry. Il est impuissant pour protéger l'homme qu'il aime et c'est quelque chose qui le rend malade. Peter croise instinctivement les bras. Allant à l'encontre du dessein qu'il avait imaginé en organisant cette rencontre. Il se renferme, instaurant une ambiance bien moins légère que cet appartement est accoutumé. Quoique depuis quelques temps... l'ambiance n'y est plus au rendez-vous. Quelque chose s'est brisé ce jour-là à Baker Street Avenue. Quelque chose que Peter désirait a tout prix réparé mais avant ça. Avant de penser à leur couple oui, Peter ne pensait qu'a cette immense créature orangé. L'hobgoblin avait pris le dessus sur Harry dans l'esprit de Peter. Harry avait tout juste a ce sujet. C'était une vérité difficile à entendre.

« Je vois pas ce qui pourrait compter plus aujourd'hui » répondit-il spontanément avec sincérité, sans calculé l'ampleur de ses mots. Sans regarder ni l'un, ni l'autre. Il n'avait pas imaginé que cette entrevue puisse tourner en thérapie de couple. « Si je n'étais pas intervenu ce jour-là ... » Il n'osait imaginé quel aurait été la suite des événements. Enfin si, il se l'est très bien imaginé. Trop de fois pour son propre bien d'ailleurs. « Excuse-moi. Je sais que tu veux tout comme moi que ça n'arrive pas de nouveau. Je voulais pas sous-entendre le contraire. J'aimerais pouvoir t'aider, j'aimerais pouvoir comprendre. » Il aimerait tellement de choses. Mais l'espace entre l'un et l'autre semble infranchissable, même pour un spider-héros. Les bras de Peter se détende, son dos s'éloigne du dossier, il se penche en avant, cherchant a capter le regard de son petit ami. « Hannibal est comme un père pour moi. -il m'a sauvé la vie. Tu peux lui faire confiance comme tu peux avoir confiance en moi. » En posant une main sur sa cuisse, il mettait un poids d'honneur sur chacun de ses mots. Il désirait montré qu'il était là, qu'il serait toujours là. Même ci s'était difficile, même ci il ne comprenait pas tout. Il voulait lui faire comprendre qu'il ne l'abandonnerait pas. (menteur) « Cette chose que j'ai vu ce jour-là, ce n'est pas toi. Ce n'est pas le garçon qui a frappé à ma porte un après midi de décembre. Je te connais Harry, je sais que sans ce parasite tu n'aurais jamais fais de mal intentionnellement. On est là pour t'aider. Je suis là et je bougerai jamais. »

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

La rupture entre eux est évidente. Pas formelle, certes, mais manifeste. Elle se découvre dans l'attitude respective de ces deux jeunes hommes qui s'entendent mais ne se comprennent plus. "Réparer" Harry Osborn est peut-être une chose envisageable, va savoir, avec beaucoup de temps et de patience, mais cela résoudrait pas ce qui, réellement, altère en cet instant ce qui avait peut-être été harmonieux autrefois. C'est une relation entière qu'il s'agirait de réparer, entre deux être brisés qui ne savent déjà pas panser leurs plaies eux-mêmes. Hannibal reconnaitrait-il avoir affaire à des cas désespérés ? Quelque peu, en effet. Sans le formuler, il envisage l'inévitable échec, et la curiosité le pousse à s'interroger sur ce qui le précipitera. Une chose est certaine à ses yeux, et c'est que Peter en ressortira changé. Et il appréciera d'assister à ce changement, qu'importe le résultat d'une telle métamorphose. L'on peut influencer l'opinion et le comportement de chacun, on ne peut décider de la conséquence précise de leurs actions et de la décision... Là réside toute sa fascination à l'égard du genre humain.

Peter est obnubilé par ce qu'il sait sourdre sous la surface... Le nier serait vain... L'annihiler serait peut-être salvateur. Pour Peter du moins, peut-être pas pour Harry. Recueillir les confidences de ce jeune homme ô combien perturbé devient de plus en plus tentant, il est vrai. Que dissimulent ses paroles, que cache plus exactement son attitude renfermée et cryptique... Il est certain qu'il aurait fait un bien meilleur usage de ses traumas que cette chère Alana... Mais il ne lui volera pas son patient de cette manière. La voir se mêler de ses affaires déjà bien imbriquées entre elles n'est pas dans son intérêt - fort heureusement, il n'aura plus à s'en soucier quand elle ne sera plus de ce monde.

"Peter soulève une question intéressante, Harry. Vous n'êtes à l'évidence pas cette créature destructrice, il n'est absolument pas question de remettre cet évident constat en question", commence-t-il - en douceur, mais avec une idée bien précise à l'esprit. Un fin sourire s'est esquissé sur ses lèvres au moment d'entendre Peter affirmer le considérer comme un père... Il saura donc appliquer ses conseils en conséquence. "Mais elle laisse naturellement un impact sur vous, et à force de dissocier celui que vous étiez et ce... Hobgoblin, vous avez probablement négligé de vous interroger sur qui vous êtes à présent. Qui est le Harry Osborn forgé par ces nouvelles expériences."

Et si son regard, pour l'heure, est entièrement focalisé sur Harry, qu'il jauge, à la fois inquisiteur et scrutateur, ce n'est pourtant pas à lui seul qu'il s'adresse, mais bel et bien, également, à Peter, qui devra prendre en considération cette nouvelle facette du jeune homme, facette peut-être plus inconfortable que toutes celles qu'il avait côtoyées jusqu'ici.

A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry se braque, comme à chaque fois qu’il est question de revenir sur les événements qui ont marqué cette violente fracture au sein de leur relation. Il sait au fond de lui que Peter a raison, qu’il devrait faire preuve de gratitude à son égard pour être intervenu et l’avoir défendu. Il sait aussi qu’il a raison de vouloir le protéger de lui-même… Mais Harry n’est plus capable de l’entendre. Il est las, terriblement las de lutter contre lui-même, et que tout, absolument tout, ne se résume à présent plus qu’à cela. Il n’a pas envie de jouer à ce jeu, il n’a pas envie de devoir se justifier auprès de cet homme, si important soit-il aux yeux de Peter. Cet ersatz de thérapie de couple ne lui plaît définitivement pas. Il voudrait fuir la situation, et en même temps, il sait qu’il devrait faire des efforts. Harry est renfrogné, et beaucoup trop fier, plus on pointe du doigt ses défauts, plus il a envie de les afficher, en pur orgueil, en pure provocation. Plus on veut l’aider, plus il veut refuser cette aide, et plus il refuse cette aide, plus il se fragilise. Harry perd complètement pied.

Harry voudrait que le docteur Lecter suggère seulement à Peter de lâcher l’affaire une bonne fois pour toutes, mais ce n’est pas ce qui se passe, à la place, il l’oblige à faire face à une question qui peut sembler toute bête en premier lieu, mais qui a pourtant une importance considérable. La question semble vraiment bateau, et presque le b.a.-ba de la psycho, le genre qu’on apprend en première année dans sa filière. Une question toute bête, mais qui a son importance : qui est-il ?

Au fond, il a raison bien sûr, depuis le retour du Hobgoblin dans sa vie, Harry n’est plus le même, pas seulement parce que cette expérience l’a affecté, mais parce qu’elle l’a tout naturellement invité à se remettre en question par bien des aspects. Cet Harry Osborn forgé par ces nouvelles expériences est un Harry différent. Un Harry plus résigné, peut-être. Un Harry plus désabusé. Un Harry qui n’est plus vraiment digne de la douceur et de l’optimisme de Peter, un Harry qui n’est pas digne de lui et qui est épuisé de prétendre l’être.

« J’ai pas la réponse à cette question… »

C’est tout ce qu’il se contente de répondre, avec une certaine froideur, certes, mais avec sincérité néanmoins. Il ne peut pas répondre de but en blanc, pas s’il veut se montrer tout à fait honnête et transparent… Et quelque part, il a envie de l’être. Il le veut parce qu’il le doit à Peter, et parce que cet homme, Hannibal, sait quelque part trouver les mots pour lui donner le sentiment d’être un peu moins incompris.

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

Nous nous dirigeons tout les trois dans une impasse. Le groupe en est conscient en adoptant chacun une posture différente. Harry suit le mouvement avec une résistance évidente. Hannibal suit la marche en bon observateur. Et il y a moi, l'obstiné. Qui tire tout ce beau monde dans un cul-de-sac. Qui refuse de voir l'évidence même.

Être le porteur d'espoir, ça a toujours été mon job en temps que Spider-Man. Un rôle qui m'a toujours tenu à coeur. Mais dans cette situation qui tire sur des mois... Je sens ma volonté d'aider mon prochain s'effriter. Quand je prend le temps d'observer la scène devant moi, ça me saute aux yeux : Harry ne veut plus se battre. J'ignore si il l'a vraiment voulu un jour. Peut-être que oui, mais pas avec autant d'obstination que moi.

Harry ne sait plus qui il est depuis ce jour. Et il est vrai que je partage ce même ressenti. Mon regard se perd dans le fond de ma tasse à café. Ne plus se sentir l'âme d'un super héros est une chose. Celle de ne plus se sentir à l'aise dans ses propres basket en est une autre. Si je ne suis plus Spider-Man, ni Peter Parker... quel était ma place ?

« Tu devrais accepter que c'est pas ta responsabilité. Laisser tomber. » Ces mots de Regulus me viennent soudainement à l'esprit. C'était le mois dernier, dans ce même salon. Le temps n'a rien su arranger, mes efforts non plus. « Tu peux rien pour lui. Et plus tu t'acharnes, plus tu te fais du mal. » Ces mots me reviennent comme une évidence en portant mon regard sur Harry. Ça me crispe. Je me déteste de penser ça. Je me déteste d'avoir l'envie d'abandonné. « Est-ce qu'on peut faire une pause ? » Fini-je par suggérer. après avoir longuement hésité. Plus dans l'idée de fuir cette atmosphère que pour le bien du garçon à ma droite. J'avais besoin de bouger, de m'aérer l'esprit en quittant cette pièce. Pensant qu'en quittant celle ci, l'échange avec Regulus dans cette même pièce allait quitté mon esprit. Et c'est en lançant une nouvelle tournée de café que ça ne devient que pire. Il fallait se rendre à l'évidence : nous étions deux causes perdu.

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

Hannibal le voit, cela ne fait aucun doute, Peter est très affecté par cet échange, et on le serait à moins dans de telles circonstances. Si le psychiatre trouve dans la psyché torturée du jeune Harry Osborn matière à exploiter, et loin de lui déplaire, il ne s’attardera pas sur ce seul point, pas en présence de Peter, du moins. C’est pour lui en priorité que le psychiatre a voulu accepter ce rendez-vous, et parce que la curiosité, bien sûr, facteur essentiel chez lui, avait été poussée à son paroxysme. S’il pousse le jeune Osborn dans ses retranchements, ce n’est pas dans l’intention, bien sûr, de mettre Peter mal à l’aise, mais peut-être pour lui faire prendre conscience une bonne fois pour toutes d’une réalité qu’il n’avait pas voulu accepter jusqu’alors…

Quant à Harry… Sa réponse parle bien assez d’elle-même… Faire le constat d’une impasse n’est jamais une chose simple, bien sûr, mais c’est très souvent une chose nécessaire, en revanche, pour se sentir véritablement en accord avec ses convictions les plus profondes et ses aspirations les plus vraies. Hannibal entend poser de nouvelles questions. Ce n’est pas assez que d’avoir poussé Harry dans ses retranchements, il reste convaincu qu’il doit y avoir encore quelque chose d’autre à en retirer… mais chaque chose en son temps. C’est sur Peter que son attention entière se concentre quand ce dernier demande, visiblement à bout, s’il ne serait pas possible de faire une pause. Hannibal serait tenté de répondre non, afin de pousser ces deux jeunes esprits à bout à l’extrême limite de leurs possibilités… Mais Peter peut s’estimer privilégié. C’est une faveur qu’il veut bien consentir à lui faire… Puisqu’il s’agit de lui.

« Je pense à vrai dire avoir dépassé très largement le seuil de ce que je peux faire autant pour l’un que pour l’autre, en dehors du cadre très strict et contrôlé d’un cabinet psychiatrique, j’entends », répond Hannibal à l’adresse de Peter, après que ce dernier ait trouvé ce prétexte afin de s’éclipser et leur payer une nouvelle tournée de café.

Pendant quelques instants, Hannibal est donc laissé seul avec Harry… Un mur sans doute bien peu épais les sépare de Peter, mais le psychiatre en profite tout de même pour parler à voix très basse à Harry, d’un ton plus péremptoire que celui qu’il avait adopté jusqu’alors.

« Vous ne voulez pas sauver cette relation. Pas autant qu’il le souhaite lui-même. »

Il n’y a pas véritablement de jugement dans le ton de sa voix. En revanche, ces propos sont formulés sur le ton de la fatalité la plus absolue. Une fatalité de laquelle il serait bien impossible de réchapper. Il veut le pousser dans des retranchements bien spécifiques, et ces derniers sont déjà décidés d’avance.

« Je vous conseillerai de vous en aller. De préférence tout de suite. Et de n’annuler sous aucun prétexte vos consultations avec le docteur Bloom. Vous en avez de toute évidence le plus grand besoin », complète-t-il d’un ton très sérieux.

A Lost Cause

feat. Peter & Hannibal

Harry le voit bien, son comportement, ses propos, ses réactions ne sont pas ce que Peter attend de lui. Mais se conformer aux attentes de son petit ami reviendrait à lui mentir frontalement, dans l’unique but de lui faire plaisir. Cela pourrait bien marcher un temps, bien sûr… Mais au bout du compte… Le résultat serait le même : Harry ne pense pas que ses mauvaises pensées finiront par s’effacer. Harry ne changera pas. Il ne le peut pas. Il est épuisé d’essayer. Fatigué de ne pas suffire en tant que tel. Harry ne changera pas. Une pause est probablement la bienvenue pour tout le monde, mais une pause n’est sans doute pas nécessaire… Quand ils seront revenus aux temps forts de leur discussion, le résultat sera le même : sans issue. Ce n’est pas d’une pause, dont Harry et Peter ont besoin. Harry et Peter ont besoin… que tout s’arrête. Même si ça leur fait du mal. Même s’ils s’aiment. L’amour n’est pas une fin en soi, un argument suffisant à tout. L’amour ne suffira pas, dans leur cas, peu importe l’énergie qu’ils déploieront à se convaincre du contraire.

Peter s’éclipse le temps de préparer un nouveau café que Harry sera probablement bien incapable d’avaler dans tous les cas, et Harry est laissé seul dans la pièce en même temps qu’Hannibal, qui a affirmé avoir déjà dépassé le seuil de ses possibilités, et surtout de ce qu’il est en mesure d’accomplir hors du cadre spécifique d’un cabinet psychiatrique. Sauf que la thérapie de couple, très peu pour lui. Ses séances de psy avec le docteur Bloom prendront déjà très prochainement du plomb dans l’aile… Et Harry se complaît dans ce rôle de cause perdue.

Le psychiatre se montre d’une franchise des plus désarmante à compter du moment où ils se retrouvent seuls tous les deux. Il affirme qu’il ne veut pas sauver cette relation, pas autant que Peter. Harry a envie de protester… qu’est-ce qu’il en sait ? Il ne le connaît même pas ! Et ce n’est pas sa relation que Peter veut sauver, c’est l’illusion de quelque chose qui s’est estompé, pour de bon effacé dès lors que le Hobgoblin a refait surface et repris un rôle d’importance, magistral, dans sa vie.

« Vous ne me connaissez pas », se contente de répliquer Harry, heurté dans son orgueil.

Mais le docteur Lecter a néanmoins raison. Il n’a plus rien à faire ici. Poursuivre plus loin cette conversation n’aura pour effet que de le plonger dans l’embarras le plus total, de les détruire, de les briser plus qu’ils ne le sont déjà. Non, c’est évident… Il est plus que temps de s’en aller. Harry doit rendre les armes. Pour aujourd’hui, du moins. Il n’a tout simplement pas la force de se battre. Il ne sait plus pour quoi se battre.

« Vous veillerez sur lui ? » il demande d’un ton hésitant.

Mais il n’attend pas de réponse. Il se contente de hausser les épaules et de se relever, à la recherche de sa veste, qu’il enfile rapidement. Et c’est sans dire un mot de plus qu’il quitte l’appartement.

A Lost Cause

feat. Harry & Hannibal

« Je comprends. » Ce constat n'est pas évident à admettre. Peter se sent abattu par ce manque cruel de résultat. Il n'y a rien qui à su ne lui donner ne serait-ce qu'un soupçon d'espoir. C'est même tout l'inverse qu'il s'est déroulé. Mais il se connait. Il est peut-être découragé aujourd'hui, mais demain est un nouveau jour. Il veut continuer de croire qu'il y a solution à tout par pur naïveté. Peter Parker est l'archétype du super héros et de la force positive. Si il faisait face au dilemme du tramway, c'est sans hésité qu'il mettra tout en œuvre pour sauver tout le monde. Sauf que la réalité ne peut pas être ainsi : On ne peut pas sauver tout le monde. Encore moins ceux qui refusent d'être sauvé. « C'est déjà très gentil à toi d'être venu. » C'est mal à l'aise que Peter se lève pour s’éclipser dans la cuisine. Avec le sentiment d'avoir dérangé Hannibal pour rien au vu de la tournure de cette conversation.

Il ne comprenait rien. C'est peut-être pour ça qu'il ne trouvait pas d'issu. « Tu ne comprends rien. » Ces mots-là le remue plus qu'aucun autre. Il s'active à la tâche de faire une autre tourné de café avec cette machine qui fait un bruit de l'enfer. Il n'entend que trop tard le bruit significatif de la porte d'entrée qui se ferme. Il en vient à lâcher ce qu'il entreprenait pour revenir au salon. Hannibal ne serait pas parti sans lui dire au revoir, se dit-il dans un premier temps avant d'entrer dans la pièce et constatait de l'absence de son petit ami. Il était parti. « Qu'est-ce qu'il s'est passé ? » Pourquoi, pour combien de temps ? Sa veste n'était plus sur le porte manteau. Il était parti, soudainement. Sans un mot à son égard. Cette scène était brutale, choquante pour le jeune garçon enamouré qui sentait son cœur être pris d'un vent de panique à l'idée d'avoir perdu celui qu'il aime. « Il va revenir.. » ne put-il s'empêcher de se convaincre en ayant le regard tourné vers la porte qui malheureusement, ne s'ouvrira pas. Il ne savait désormais plus quoi faire de ses doigts. Il avança d'un pas las jusqu'à retrouver place sur le canapé où ils se trouvaient initialement, les yeux rivés au sol. La gorge nouée et silencieux. « J'en ai trop fait, c'est ça ? »

A Lost Cause

feat. Harry & Peter

Hannibal ne prend pas la peine de répondre quoi que ce soit à Harry quand ce dernier se défend du mieux qu’il le peut dans des circonstances qui ne lui sont guère favorables. En effet, le psychiatre n’a fait qu’effleurer la surface. Il ne peut prétendre que cela soit suffisant à affirmer qu’il le connaît en effet… mais il pense en savoir assez à son sujet, malgré tout, pour ne pas se tromper le concernant. Il ne reviendra sur aucun de ses propos, et il serait entièrement capable de justifier le moindre d’entre eux s’il devait être exigé de lui qu’il le fasse. Mais Harry est encore bien jeune, bien jeune et impressionnable, il n’a pas besoin de longtemps ni de grand-chose pour décider de l’écouter et de quitter les lieux comme il le lui avait recommandé.

« Mieux que tu ne sauras le faire », affirme Hannibal dans un hochement de tête quand Harry, avant de quitter la pièce et l’appartement pour de bon, veut s’assurer que le psychiatre veillera sur lui.

C’est ce qu’Hannibal fera en effet. A sa manière toute contestable, certes, mais il le fera bel et bien, il veillera sur Peter, chose qu’il n’a eu de cesse de faire depuis que ce dernier s’est retrouvé dans son sillage. On pourra très certainement contester sa méthode, bien sûr, de même que les desseins qui l’animent, mais il serait bien indélicat et bien complexe d’estimer qui des deux serait le plus susceptible de faire du mal à Peter Parker. Les deux, sans doute. Mais quand l’un déserte la partie, l’autre entend bien la poursuivre jusqu’au bout.

Quand Peter revient dans le salon, c’est pour constater que Harry ne s’y trouve plus. Hannibal contemple de ses prunelles instigatrices la moindre expression du visage de son jeune protégé. Cela ne lui suffit pas à cerner convenablement le fond réel de sa pensée, mais les émotions les plus manifestes, les plus prégnantes, se font jour de manière ostensible. C’est la déception qui prime en premier lieu. Puis la crainte. Puis la désillusion… puis une sorte de culpabilité néfaste dont il faudra bien vite qu’il se débarrasse, car cette dernière ne peut mener à rien de propice, certainement à rien de favorable aux plans plus concrets du psychiatre.

« Il ne reviendra pas », répond Hannibal d’un ton sans appel. « Ni maintenant, ni plus tard. Il a admis que c’était préférable. »

Il exagère probablement. Les deux auront probablement l’une de ces conversations éprouvantes qui précèdent les ruptures et à laquelle Hannibal se gardera bien d’assister, mais dans tous les cas, le message reste le même. C’est fini. Et il est préférable de ne pas insister.

« Tu as fait du mieux que tu pouvais… Aussi brillant sois-tu, Peter, tu ne peux pas plus que les autres faire abstraction de l’inévitable. »

Et c’est ce qu’était cette situation aux yeux du psychiatre, qui en fut le spectateur attentif mais surtout actif : un moment inévitable. Et comme le sont tous les moments inévitables : un moment nécessaire.