Let's get the party started

feat. Camilo

Harry a longuement hésité à annuler… Il ne se sent pas forcément d’humeur à sortir faire la fête, là, tout de suite, et sent l’appel de son canapé l’emporter sur tout le reste. Après tout, rien ne l’oblige à sortir impérativement, et si jamais il ne veut pas heurter Camilo, il pourra toujours inventer une excuse, comme le fait qu’il a pris du retard dans ses révisions, par exemple ? Ce ne serait pas complètement faux, en plus. Ces derniers temps, Harry a un mal fou à avancer dans quoi que ce soit. Il traîne la patte… Mais en même temps, il se connaît, et il sait comment il est. S’il commence comme ça, il va se laisser entraîner dans une spirale de laquelle il ne parviendra pas à s’extirper ensuite. Non, il se connaît et il sait par conséquent que ce n’est pas l’attitude à adopter. Il doit prendre sur lui et accepter de bouger ses augustes fesses. En plus, il sait pertinemment que dès l’instant où ils y seront, à cette soirée, il passera un bon moment, alors.

Des soirées, Harry en a fait très peu avant son arrivée ici, il faut dire qu’il avait, pour ainsi dire, d’autres chats à fouetter, et subissait une influence oppressante au point de lui interdire toute perspective de divertissement. C’était presque malgré lui qu’il s’était laissé entraîner, une première fois, à une soirée étudiante qu’il s’était surpris à apprécier… mais sans doute aussi parce qu’il était tombé sur la bonne personne à ce moment-là. Camilo Madrigal : un véritable phénomène, c’est rien de le dire. Mais justement, c’est ce qui lui a plu, chez lui, il l’a poussé à baisser sa garde, et ça lui a fait du bien, l’air de rien. Au final, il avait passé un très bon moment, et s’était fait un très bon ami… même plus que ça, d’ailleurs, même si leur flirt n’avait duré que quelques semaines et abouti à la conclusion que même s’ils s’entendaient très bien, ils n’étaient pas faits pour être ensemble (en réalité, Harry n’est pas vraiment certain d’être fait pour être avec qui que ce soit, pour tout dire).

Il n’y avait pas eu de gêne particulière, après ça. Au contraire, ils avaient continué à se voir – en tout bien tout honneur – et il n’est pas rare que Camilo entraîne Harry  à l’une ou l’autre soirée, et l’air de rien, ça lui fait toujours du bien au moral. Sauf que bon, là il a quand même la flemme… Mais finalement, il envoie bel et bien un message à Camilo répondant par la positive à son message avant de chercher dans ses affaires de quoi se changer afin d’avoir l’air un tant soit peu convenable, même s’il ne sait pas du tout où aura lieu la soirée, ni combien de personnes seront présentes, encore moins si la soirée doit être thématique ou non. Camilo est sensé venir le chercher chez lui, et en effet, à l’heure dite, il entend frapper à la porte de son appartement.

« Hey », fait Harry dans l’encadrement de la porte en adressant un large sourire à son ami. « Comment tu vas ? Tu veux rentrer boire un verre avant qu’on y aille ? »

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feat. Camilo

Camilo lui assure aller super bien. De sa part, c’est une réponse des plus classiques. Harry n’a pas souvenir d’avoir une seule fois vu son ami de mauvaise humeur. Il était toujours enjoué, toujours jovial, et ça fait du bien d’être entouré de personnes comme lui : qui avaient tout le temps le sourire et qui savaient vous le communiquer. Certes, c’est peut-être un mensonge déguisé sous une avalanche de sourire : comment être sûr que son ami est toujours aussi heureux qu’il n’y paraît ? Mais peut-être par égoïsme, Harry ne veut pas voir au-delà des apparences, parce que ça lui fait du bien, cette amitié toute simple sans prise de tête.

« Tu sais que je vais exclusivement en soirée avec toi parce que tes pas de danse éclipsent les miens ? Comme ça, personne ne voit quel désastre ambulant je peux être », fit Harry avec un sourire.

Il n’en rajoutait pas, il n’estimait pas être un très bon danseur, mais en même temps, ce n’était pas très important. Il s’amusait bien assez des singeries de son interlocuteur, qui lui faisaient largement oublier toute inquiétude quant à l’image qu’il pouvait donner de lui-même. Ça aussi, c’était une chose réconfortante, quand on fréquentait un phénomène comme Camilo. On apprenait tout naturellement le laisser-aller.

Camilo accepte son invitation à entrer, et Harry lui propose de s’installer sur son canapé le temps que lui-même leur déniche deux bières dans le frigo, qu’il décapsule avant d’en tendre une à son ami. Autant se mettre en jambes direct, pas vrai ? Harry n’est pas forcément un grand buveur, surtout il essaie de faire attention, parce qu’il redoute quelle facette de lui pourrait resurgir si jamais il se laissait aller à boire un peu trop. Il n’aime pas l’idée de perdre le contrôle de lui-même. Il ne sait pas ce qu’il serait capable de dire. Ou faire. Dans ces cas-là. Mais bien sûr, une bière ne va pas les tuer.

« Pas grand-chose de glorieux, j’en ai peur… J’ai des céréales. Des nouilles chinoises… Ah si, je crois que j’ai un paquet de chips qui traîne quelque part… », dit-il quand Camilo lui demande s’il a de quoi manger. Il fouille ses placards et en extirpe finalement le sacrosaint paquet de chips. « Et voilà le précieux Graal. »

Il prend la peine de verser les chips dans un saladier avant de poser ce dernier sur la table basse et de s’asseoir à côté de son ami. Il n’est clairement pas le meilleur des hôtes qui puisse être, mais du moins fait-il de son mieux, et il sait que, heureusement, Camilo n’est pas forcément quelqu’un de difficile.

« Bon alors, quoi de neuf depuis la dernière fois, sinon ? » demande-t-il entre deux gorgées de bière.

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Harry accueille la réflexion de Camilo sans spécialement la prendre au sérieux. Il est convaincu de ne pas avoir de « truc » particulier quand il se lâche, mais dans le fond, ça lui va déjà bien assez de ne pas se couvrir complètement de ridicule sur la piste de danse, c’est déjà un bon début, même. Même si en vérité, personne ne se couvre jamais vraiment de ridicule dans ces circonstances, tout le monde est concentré sur son petit carré d’espace, personne ne prête vraiment attention à vous… à moins de provoquer un esclandre, normalement, ce n’est pas vraiment un problème.

Les chips semblent remporter l’adhésion. Bon, ce n’est jamais qu’un vieux paquet de chips récupéré dans un placard où il attendait sans doute son heure depuis plusieurs semaines, déjà, mais c’était bien là l’une des choses que Harry appréciait beaucoup chez son ami : son enthousiasme à toute épreuve. C’était rafraîchissant, clairement, et ça changeait des humeurs de Harry, qui pouvaient facilement être moroses, même s’il s’efforçait toujours de faire bonne figure. L’enthousiasme et la bonne humeur de Camilo sont si communicatifs qu’il est impossible de ne pas y succomber. Et pour cette raison, ça lui fait du bien de passer du temps avec lui. Harry a besoin d’énergies positives, de la compagnie de ces personnes que son père aurait sans doute viscéralement détestées.

« Oh c’est vrai ? » répond Harry avec un sourire en découvrant que Camilo avait retrouvé son oncle. Harry était loin de connaître toute l’histoire de son ami, mais il savait en revanche que son ami était très attaché à sa famille. Les Madrigal, ça avait l’air d’être une institution. Qu’il ait pu retrouvé son oncle, c’était une chance. « Ton oncle, c’est celui qui adore les rats, c’est ça ? » dit-il en essayant de raccorder les wagons. « En tout cas, je suis super content pour toi. » Il dépose une main amicale sur l’épaule de son ami. « Tu vois, tu vas peut-être finir par tous les retrouver, au final. »

Et c’est tout ce qu’il lui souhaite. Alors que Harry se saisit d’une poignée de chips, Camilo lui retourne la question. Lui ne serait peut-être pas si enthousiaste de retrouver le seul membre de sa famille qu’il connaisse vraiment, mais en dehors de ça.

« Il m’est arrivé un truc super bizarre, l’autre jour… Tu vois qui c’est, Abigail Hobbs ? Bref, elle m’a parlé d’un ami à elle, je te le donne en mille, Peter Parker. Forcément, j’étais obligé de vérifier, tu vois », dit-il, qui avait souvent parlé de son meilleur ami à Camilo. « Bref, j’arrive chez lui, mais le garçon de l’autre côté de la porte, c’était pas Peter du tout. Et en même temps… ils avaient plein de points communs, pratiquement la même histoire. C’était… assez troublant… Mais lui, il est vraiment… » Harry se réfugie derrière une gorgée de bière faute de savoir finir sa phrase. « Très sympa. »

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« Honnêtement, j’ai du mal à me rendre compte », observe Harry avec un léger sourire quand Camilo lui parle de son oncle et du talent de ce dernier pour faire faire des télénovelas à des rats.

Même avec beaucoup d’imagination – et par la force des choses, au vu du monde duquel il vient lui-même, il n’en manque pas non plus –, il a tout de même du mal à se figurer la situation, il faut bien qu’il le reconnaisse. De son côté, en tout cas, il se verrait mal participer à ce genre de spectacle, pas plus que d’y participer. Les rats auront plus tendance à le révulser qu’autre chose, alors télénovelas ou pas, il ne se voit pas franchement faire des exceptions parce que l’oncle farfelu de Camilo aurait ce genre de talents avec eux.

Cela ne l’empêche pas, quoi qu’il en soit, d’être plus que sincèrement heureux pour son ami. Il sait ce que ça fait de rechercher désespérément ses proches et de ne trouver personne, il a même envie de dire que c’est devenu l’histoire de sa vie, avec en prime le véritable « plaisir » de réaliser que ses proches ou ceux de son univers n’accepteraient jamais de lui venir que sous une version parallèle, à la fois similaire et différente de la sienne. Mais oui, si Camilo a trouvé son oncle, peut-être bien que le reste de sa famille ne tarderait pas à pointer le bout de son nez. C’est aussi un phénomène que Harry a observé chez d’autres de ses proches. Ils suffisaient qu’ils retrouvent une personne de leur univers pour que les autres pointent aussitôt le bout de leur nez…

Quant à lui…. Eh bien, faute d’avoir trouvé Peter, il a au moins trouvé un autre Peter, et il ne peut pas dire que cette rencontre ait été déplaisante. Non, c’est même tout l’inverse, en réalité. Et Harry ne peut pas vraiment reprocher à son ami son sourire en coin et sa petite question pas du tout innocente. Ses petites questions pas du tout innocentes. Parce que oui, même si c’est curieux, même si c’est assez compliqué à admettre ce constat étrange, il est très probable, vraiment très probable, que Peter, ce Peter lui plaise. Et où il n’aurait jamais envisagé de voir en son Peter Parker autre chose qu’un ami proche, presque un frère, il ne peut pas prétendre que ce sont les mêmes sentiments qui l’animent quand il est question de ce jeune homme.

« Attends », répond Harry qui rend à Camilo son sourire en coin avant de fouiller son portable afin de trouver le compte Instagram de Peter (ça n’aura pas mis longtemps – il faut croire qu’il n’a pas manqué beaucoup d’occasions d’y jeter un œil régulier). Après quoi il laisse à Camilo le soin de regarder par lui-même. « Je te vois venir, d’accord, et… » Il marque une pause. A Camilo, il peut bien le dire, après tout. « Peut-être que t’as pas complètement tort. Mais c’est tellement bizarre…. Parce que par plein d’aspects, il ressemble au Peter que j’ai connu, et en même temps, ben… il me plaît. » Il affiche un nouveau sourire. « Je suis sûre que ma psy aurait tout un tas de réflexions tordues à faire sur le sujet. »

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« Eh oh, tu parles peut-être à un futur psy, je te signale », réplique Harry avec une esquisse de sourire amusé au coin des lèvres quand Camilo lui fait remarquer que les psys n’y connaissent rien en drague de toute façon. CQFD, est-ce que Harry lui-même s’y connaît davantage ? C’est pas forcément dit, effectivement. Quoique, il estime ne pas se défendre trop mal non plus.

Ceci dit, futur psy, futur psy, c’est vite dit, car en réalité, Harry n’a pas vraiment de certitudes quant à ce qu’il souhaite vraiment faire de sa vie : plus exactement, il n’en sait fichtrement rien, il a choisit la psychologie pour des raisons certes personnelles, mais qui n’avaient pas forcément grand rapport avec un quelconque choix de carrière, alors il ne peut que prétendre avoir un avis vraiment éclairé sur la question : dans le fond, ce n’est pas spécialement le cas… Il balaie cette réflexion d’un revers de la main dans tous les cas, ce qu’il veut, ici et maintenant, c’est parler de son coup de cœur inattendu avec ce garçon qu’il s’impatiente déjà de revoir, sans s’être attendu un seul instant à pouvoir envisager les choses ainsi, très loin de là.

« Il avait l’air… super serein avec le fait que je puisse être le meilleur ami d’un de ses lui alternatifs, tu vois ? En fait, ça a aidé à rendre la situation moins étrange. Au final, on a parlé de tout et de rien, il m’a parlé de sa vie et c’était fluide… tu vois. En même temps, c’était facile de mon côté parce que c’était un peu comme si on se connaissait déjà, tu vois. On a parlé, on a mangé de la pizza… »

Un sourire s’esquisse au coin de ses lèvres à la pensée de la si précieuse théorie de la pizza que lui avait exposée Peter. Harry est convaincue de ne plus jamais pouvoir manger de quatre fromages sans avoir cette image bien précise à l’esprit. Mais c’est pas déplaisant, même pas déplaisant du tout, en fait.

« Et t’emballe pas comme ça, hein, on a rien fait du tout », reprend-il, amusé. « Honnêtement, je saurais même pas dire s’il pourrait être intéressé ou non. Je veux dire, il était intéressé, forcément, comme n’importe qui qui rencontre son meilleur ami d’une autre réalité, mais c’est probablement tout. »

Et dans le fond, est-ce que ce n’est pas plus mal ? Les flirts sans conséquence comme celui que Harry et Camilo avaient pu partager n’étaient pas grand-chose, mais sans être en paix avec lui-même, Harry ne se voit pas s’engager dans une relation sérieuse avec qui que ce soit. D’accord, d’accord, personne ne parle forcément de relation sérieuse non plus. Mais en même temps…

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On peut présenter la chose comme ça, en effet : Peter l’avait tout de suite mis à l’aise. La familiarité avec laquelle il s’adressait à lui, les confidences qu’il lui avait adressées, son aisance à discuter de tout et de rien. Il ne sait pas ce qu’il a fait pour mériter une telle confiance de sa part, il sait en revache que ça ne l’a pas laissé insensible. En ce qui le concerne, il ne saurait trop déterminer la part qu’il doit dans l’aisance qu’il a eu à son contact au fait d’avoir eu le sentiment de déjà le connaître ou à ce quelque chose qui fait qu’il semble incapable d’évoquer Peter sans un sourire au coin des lèvres… c’est sûrement ça qu’on appelle l’alchimie. Mais il ne se permettrait pas d’employer un terme pareil. Ça lui semblerait… prétentieux ? Ou quelque chose de cet acabit.

Oui, il est intéressé, et il ne cherche même pas vraiment à s’en cacher auprès de Camilo. Il ne veut pas en faire un secret d’Etat non plus, en même temps. Et l’avantage avec Camilo, c’est qu’ils en ont clairement suffisamment partagé tous les deux pour qu’ils puissent se parler librement d’à peu près tout, ce qui est plaisant. Ce n’est peut-être pas avec Camilo que Harry se verrait partager ses tourments au sujet de son père, c’est vrai – ce privilège est réservé à Abigail –, mais avec Camilo, discuter de ses coups de cœur ou de ces sujets normalement légers semble d’une simplicité enfantine, et l’air de rien, ouais, c’est pas mal.

Oui, Harry Osborn est intéressé, quand il en parle, il ne peut pas prétendre autre chose. Et il ne cherche pas à prétendre autre chose, au moins, il sait qu’il pourra compter sur Camilo pour le pousser hors de ses retranchements si nécessaire, et se connaissant, ça pourrait bien finir par l’être en effet. Même si se laisser bousculer hors de ses retranchements, c’est accepter que Camilo l’assaille d’une salve de questionnements.

« Une question à la fois, je vais finir par croire que c’est toi qui est intéressé », fait-il sur le ton de la plaisanterie. « J’ai son numéro donc… on verra ? Et oui, il est à la fac, en sciences et biotechnologie, et à côté de ça, il est en stage à la police scientifique. » Et à côté de ça, c’est aussi Spider-Man. Il y a quand même des choses qu’il a le bon ton de garder pour lui. « Honnêtement, c’est à se demander quand il a le temps de se reposer. Et encore plus de séduire les futurs psys », réplique Harry. « Il a de la chance que je sois facilement impressionnable. » Harry boit une gorgée de sa bière. « Bon et toi alors, t’as quelqu’un en ce moment ? »

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« Ça me changera de ta compagnie », plaisante Harry quand Camilo lui fait remarquer qu’ils vont avoir plein de choses à se dire, Peter et lui « entre intellos ».

Ce n’est bien sûr pas pensé du tout, et bien au contraire, Harry a plus d’une fois envié l’intelligence émotionnelle de Camilo, dont lui-même a le sentiment de manquer cruellement de son côté, mais intelligence émotionnelle ou pas, il n’empêche que si on le chambre, il répond… sans compter que s’il ne veut pas faire de cachoteries à son ami, cette conversation le mettrait presque mal à l’aise… preuve qu’avec Peter, il y a anguille sous roche, si ce n’est baleine sous gravillon. Clairement, il lui plaît, mais ça va encore au-delà de ça. Il lui plaît. Mais il lui plaît vraiment beaucoup, en fait.

Et ce n’est pas faux que d’affirmer qu’ils ont effectivement plein de choses à se dire : pas forcément du fait de leurs intelligences respectives (même si Harry estime effectivement ne pas être le dernier des idiots), mais pour une raison qui s’explique moins rationnellement : avec Peter, la conversation était simple, fluide, tout était évident, tout coulait de source, quelque part… s’il n’est pas vraiment en mesure d’expliquer pourquoi, il n’empêche que c’est bel et bien le cas. Et il pourrait se repasser le fil de leur conversation encore et encore et toujours y trouver quelque chose de nouveau, qui lui plairait plus encore que ce qu’il avait retenu précédemment.

Harry manque recracher sa bière quand Camilo lui fait remarquer que s’il y a quelque chose d’impressionnable chez lui, c’est définitivement ses hormones (sans doute qu’il n’a pas tout à fait tort), ce qui lui vaut au demeurant un « t’es con » qu’il aura en partie mérité… Avant d’aller se planquer verbalement en orientant la conversation dans un autre direction. Ils ont assez parlé de lui, pas vrai ? Vrai ! Alors parlons des amours de Camilo, maintenant !

Mais Camilo n’avait personne dans le viseur dernièrement, rien d’autres que des coups d’un soir ou des flirts, rien de sérieux… en même temps, Harry n’était pas sûr d’avoir un jour vu Camilo dans une relation sérieuse. Quand eux-mêmes avaient été ensemble, Harry n’irait pas forcément prétendre qu’ils avaient été en couples. En même temps, Camilo est jeune, et il a envie de s’amuser : il n’y a pas de mal à ça, pas vrai ? Non, il n’y a absolument aucun mal à ça.

« Donc y a personne qui t’intéresse ? » insiste quand même Harry, juste pour la forme… en même temps, vu comme il vient d’être cuisiné au sujet de Peter, il se dit qu’il peut bien rendre la pareille à son ami, pas vrai ?

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L’attitude de Camilo change doucement, et Harry comprend rapidement qu’il a visé juste. C’était une supposition en l’air, en réalité. Son ami est du genre frivole, à papillonner, et à leurs âges, ça se comprend, Harry n’aurait vraiment pas trouvé surprenant que son ami n’ait pas de nouvelles croustillantes à lui apprendre quant à ses sentiments pour qui que ce soit.

Mais ce regard fuyant, ce « Comment dire » plus éloquent qu’un long discours, achève de convaincre Harry qu’il y a anguille sous roche, et maintenant qu’il a compris ça, il n’a certainement pas l’intention de lâcher l’affaire – et ce sera bien la moindre des choses, pas vrai ? Après tout, Camilo le premier l’a cuisiné au sujet de Peter, alors chacun son tour, pas vrai ? Ce « peut-être que si » a beau être hésitant, Harry, de son côté, l’entend comme un « oui » franc et massif, et cela a le mérite de le faire sourire… de ce sourire qui laisse largement suggérer à Camilo que son ami ne va pas se priver de le chambrer gentiment au cours des minutes à venir.

La façon dont il parle de cette fille (puisqu’il a lâché un « elle » sans équivoque) est touchante, quelque part, parce que Harry découvre ses doutes et ses inquiétudes, et il ne l’a jamais vu parler comme ça de qui que ce soit : c’est vraiment qu’il doit y tenir, à cette fille – qui donc, visiblement, est une amie avant tout, chose qu’il n’a pas envie de gâcher. Ce que Harry comprend sans difficulté. Avec Peter, il a la même crainte : ils s’entendent bien, vraiment bien… Si bien que si, en fin de compte, Peter ne devait rien éprouver pour lui, il aurait le sentiment d’avoir gâché quelque chose de précieux.

« Ou bien… peut-être qu’elle pense exactement la même chose et que vous restez chacun dans votre coin, à attendre que l’autre fasse le premier pas ? » suggère Harry avec un sourire.

Bon, il dit ça, mais il n’en sait rien, après tout. Peut-être, en effet, que Camilo a de très bonnes raisons de penser ce qu’il pense, peut-être, oui, que cette fille ne veut pas plus que de l’amitié avec lui, et si ça doit être le cas, eh bien… Oui, il ne voudrait pas non plus que ses conseils aient gâché une belle amitié. Alors il se rabat sur ce qui, en revanche, ne fera pas de mal.

« Bon, allez, parle-moi d’elle ! Elle s’appelle comment ? Elle a quelle âge ? T’as des photos ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? Je sais qui c’est ? Je l’an déjà rencontrée ? »

Oui, on peut le dire, Harry se venge.

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feat. Camilo

C’est au tour de Harry de hausser les épaules, mais avec malice pour sa part, quand Camilo lui fait remarquer qu’il profite sans doute un peu trop de cette situation. S’il est bien un contexte dans lequel il veut bien être qualifié de fourbe et de déloyal (malheureusement, il peut aussi y en avoir d’autres), c’est définitivement celui-ci, et il considère toujours que c’est de bonne guerre au vu de l’insistance avec laquelle Camilo l’a poussé à lui parler plus longuement de Peter. Certes, ça n’a pas été une épreuve pour lui non plus que d’en discuter, et même, ça lui a fait du bien, pour être franc, mais ce n’est pas pour autant qu’il n’a pas l’intention de se « venger » sur Camilo. Dans tous les cas, il est convaincu que si ce dernier était tant dérangé que cela, il le lui ferait comprendre. Si ce n’est pas le cas, c’est que, au fond, il n’est pas tant dérangé que cela à l’idée de lui en dire davantage au sujet de cette jeune fille qui semble vraiment avoir de l’importance à ses yeux.

Est-ce qu’il la connaît ? Il lui semble que non. Ils ont le même âge, mais elle fait des études de véto, et si son nom pourrait lui dire quelque chose (parce que ce ne sont pas les Lucy qui manquent, en même temps), cette Lucy-ci n’a pas l’air de faire partie de ses connaissances. Harry ne peut s’empêcher de remarquer la manière dont son ami sourit quand il est question de cette fille. Il y a des signes qui, à l’évidence, ne trompent pas. Il est assez évident que Camilo est piqué par cette fille… Comme quoi, ils ont bien fait de se confier, parce que pour ce qui est d’échanger des banalités, ils sont rarement les derniers, mais quand il s’agit d’en dire plus long sur leurs sentiments, là, bizarrement, y a plus personne. Il était temps que ça change.

« Elle est mignonne », remarque Harry en se permettant de zoomer sur la photo pour regarder la miss sous tous les angles (quoi, ça se fait pas ?). Oui, elle est mignonne. Pas spécialement son genre, mais mignonne. « Je vous vois très bien ensemble », il reprend, surtout pour chambrer Camilo, en l’occurrence, même si, très objectivement, il considère qu’ils formeraient un très joli couple tous les deux. « Bon, tu lui parles quand, alors ? » reprend-il en abandonnant visiblement définitivement l’idée de se montrer subtile et délicat pour la peine.

Bien sûr, ce n’est en rien une injonction à agir coûte que coûte. En vérité, Camilo peut bien faire ce qu’il veut, mais s’il peut prétendre que sa relation avec Lucy lui convient comme elle est, il y a tout de même des signes qui ne trompent pas, et en l’occurrence, ces signes ne hurlent pas à l’amitié purement platonique.

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Harry affiche un sourire amusé, attendri par le comportement de Camilo quand il parle de cette fille qui, clairement, lui plaît beaucoup. Il a l’air totalement mordu. Harry ne pourrait pas prétendre se faire une moindre idée de ce qu’est ce « sourire si… » à partir de seules photos, mais il aime à constater quel pouvoir ce sourire a sur son ami. Camilo semble absorbé par la contemplation de la photo en question, si bien que Harry se demande un instant s’il n’a pas oublié sa présence. Pas de honte à avoir, Harry a tendance à trouver ça plus attendrissant qu’autre chose. Encore faut-il bien sûr que cette Lucy partage ses sentiments, et c’est toujours le problème, bien sûr. Si les choses étaient véritablement aussi simples que cela, eh bien ça se saurait.

Mignonne, brillante. Certes, Harry ne voit pas en quoi son ami ne pourrait pas correspondre à une fille qui soit les deux à la fois. Parce que pour connaître les différentes facettes de sa personnalités, que ce soit toutes ces occasions au cours desquelles il ne se prend pas au sérieux ou celles où il fait preuve de davantage d’honnêteté concernant sa situation, alors il sait bien qu’il peut certainement complètement rivaliser avec une fille pareille. Sauf qu’évidemment, Harry ne la connaît pas, et présumer de tout cela, ça reste tout de même ignorer que la miss serait totalement en droit de ne pas lui rendre ses sentiments. Forcément, quand il voit Camilo ainsi, à ce point mordu, il a envie d’y croire, ne serait-ce que pour lui. Mais il n’a jamais rencontré cette fille, il ne peut absolument avoir aucune idée de ce qu’elle pense. Ceci dit, pour en avoir le cœur net une bonne fois pour toutes, il n’y a définitivement qu’une seule manière de faire.

Et c’est de lui parler, donc, même si Camilo a raison, il n’y a pas de formule toute faite. N’empêche qu’au moment d’entendre Camilo dire si directement et sans détour qu’il est amoureux – non, « fou amoureux » - de cette fille, et depuis des mois, il est convaincu que ce ne sont pas là des sentiments qu’il faut laisser mourir, mais bien au contraire, savoir entretenir. Surtout si, comme il le dit lui-même, cela fait « des mois » que ça dure.

« Je sais pas si ça la ferait fuir. Ça aurait le mérite d’être honnête, au moins », fait-il avec un léger sourire. « Peut-être même qu’elle attend que ça. »

Ou pas. Peut-être qu’il vaut mieux attendre que les choses se fassent naturellement, si elles doivent seulement se faire, ce qui n’a rien d’absolument certain, mais Harry est comme ça, doué pour donner aux autres des conseils qu’il n’appliquera certainement jamais pour lui-même. La preuve, c’est que quand Camilo rebondit comme il se doit sur le sujet Peter, Harry baisse le regard et se la raconte soudainement beaucoup moins, il faut quand même l’admettre.

« C’est pas la même chose », se défend-il un peu mollement. « Moi je viens à peine de le rencontrer. » Il marque une pause. « On se connaît à peine… »

C’est vrai, et d’ailleurs, ils ne réaliseront que trop vite qu’ils auraient sans doute dû attendre de se connaître davantage avant de se précipiter dans cette relation, philtre d’amour ou pas. C’est étrange d’expérimenter ce qui s’apparente d’un peu trop près à un coup de foudre. Ça met à mal toutes vos considérations les plus rationnelles.

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Camilo n’argumente pas davantage au sujet de Lucy, et si Harry pourrait en déduire que ses arguments n’ont pas fait mouche, il aurait plutôt tendance à penser, bien au contraire, qu’il est bel et bien parvenu à lui faire réfléchir à la question. Maintenant, il n’a pas l’intention d’insister. Ce n’est pas à lui de faire cet effort mais bel et bien à Camilo de prendre son courage à deux mains et de se déclarer auprès de cette fille qui a l’air de tant compter pour lui s’il se fie au sourire que le jeune homme ne sait s’empêcher d’afficher quand il ne fait que parler d’elle. Il espère, en tout cas, que si Camilo doit bel et bien passer aux aveux, il ne manquera pas de lui en parler. Harry n’est pas du genre à se tenir à jour sur les potins ni à forcément s’y intéresser plus que nécessaire, mais tout de même suffisamment quand il était question de ses proches et de leur vie sentimentale.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Camilo le lui rend bien de son côté, puisqu’il ne manque pas lui non plus d’y aller se ses propres interrogations et de ses propres observations au sujet de Peter et de ses sentiments pas franchement avoués pour lui. Harry peut dire qu’il l’a bien cherché. En même temps, il a tendu le bâton pour se faire battre. S’il n’avait vraiment pas voulu discuter de tout ça avec son ami, il l’aurait mis en veilleuse, mais le fait est que, l’air de rien, ça lui fait du bien de parler avec lui, ça rend plus réelle cette émotion inexplicable qu’il a ressentie au moment de rencontrer Peter.

Car oui, c’est exactement ça… Il vient à peine de rencontrer Peter, et pourtant, il a l’impression de le connaître depuis toujours. La part la plus rationnelle de sa personne se raisonne en songeant que c’est sûrement parce que, même s’ils sont différents, il y a beaucoup de choses en lui qui lui font immanquablement penser à son meilleur ami, qu’il n’a pas retrouvé ici, et qu’il connaît depuis beaucoup moins longtemps, mais ça ne suffit pas vraiment à expliquer ce qu’il a éprouvé au moment de le voir ouvrir cette porte, ou la fluidité de leur conversation, ou la manière dont il était incapable de détacher son regard de lui, o la façon dont ses pensées convergent constamment dans sa direction même quand elles devraient se focaliser sur quelque chose de totalement différent.

« Peut-être que c’est juste parce qu’il me fait penser au Peter de mon monde… peut-être que c’est super bizarre de faire ça, j’en sais rien… », observe Harry non sans une évidente hésitation. Il pousse un soupir. « Bon, d’accord… Je l’invite si toi de ton côté tu te jettes à l’eau avec Lucy. Et oui, c’est totalement du chantage. »

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feat. Camilo

Au final, ça fait vraiment du bien à Harry que de parler de Peter à Camilo. Ce dernier sait exactement trouver les mots qu’il faut pour répondre à ses interrogations les plus anxieuses et pour y mettre de l’ordre, et même leur donner du sens, de même que lui donner l’impression que tout ceci, au final, ne mérite peut-être pas de se mettre la rate au court-bouillon non plus. C’est un vrai souci, récurrent, chez Harry. Il a toujours tendance à se prendre la tête pour des détails, il a du mal à se laisser vivre, que ce soit parce qu’il n’y était pas particulièrement enjoint ou parce que ça avait mal tourné pour lui les quelques fois où il se l’était permis.

Dans le fond, oui, Camilo a raison, le fait que ce Peter lui fasse penser à son meilleur ami n’est pas une mauvaise chose, à bien y regarder. Ça veut dire aussi qu’il a peut-être le meilleur prétexte au monde pour se rapprocher de lui en dépit des circonstances. Et oui, encore heureux que le Peter qu’il a récemment rencontré soit un individu à part entière, comme il espère l’être aussi en dépit de la peut-être multitude de Harry Osborn qui peuvent exister dans ce monde ou dans d’autres. Harry se permet tout de même de lever les yeux au ciel quand Camilo ajoute que c’est peut-être l’occasion pour lui de l’aider à réaliser certains fantasmes. Voilà exactement le genre de réflexion qu’il n’avait pas voulu entendre. Mais parce qu’elles lui viennent de Camilo, il reste clément, il sait bien qu’il n’y a aucune forme de malveillance dans son propos quoi qu’il en soit.

Petite vengeance personnelle cela dit, Camilo manque de s’étouffer avec ses chips au moment de l’entendre lui faire une proposition qui ressemble autant à un défi qu’à une certaine forme de chantage, mais en même temps, s’il faut ça pour que l’un et l’autre se jettent et l’autre, on pourra sûrement affirmer que c’est un mal pour un bien.

« Pour qui tu me prends ? Bien sûr que je vais tenir parole ! » réplique Harry dont le sourire en coin trahit les faux airs offusqués. Pour sceller leur accord – et conscient qu’il n’aurait peut-être pas dû s’embarquer là-dedans –, Harry consent à serrer la main de Camilo. « Bon allez, c’est pas tout ça, mais on ferait bien d’y aller, non ? » suggère-t-il en envisageant dans le même temps de faire oublier cette conversation à son interlocuteur, ce qui à ses yeux ne serait certainement pas du luxe.