Are you kidding me ?

feat. Sirius

Il était grand temps qu’il se trouve un nouvel appartement. Cette conclusion a sauté au nez de Harry le jour où son chauffe-eau a décidé de le lâcher pour ce qui devait être la troisième fois en un mois. Un appartement étudiant mal situé, insalubre, et qui lui coûtait un bras, qui plus est. Son père rirait bien, sans doute, s’il le voyait vivre dans un tel désœuvrement, lui qui avait longtemps vécu dans la richesse et dans l’opulence. S’il manquait cruellement d’attention, d’affection et de considération, on ne pouvait pas dire en revanche que les soucis matériels aient jamais eu à l’effleurer. Mais ça, c’était avant. Exit la fortune des Osborn, Harry doit s’arranger autrement pour subvenir à ses propres moyens. Fort heureusement pour lui, il a obtenu une bourse d’études qui lui permet de mener son cursus sans s’embarrasser d’un petit boulot ingrat et chronophage en parallèle, mais ce n’est certainement pas ce qui lui permet de vivre autrement que chichement.

Bref, au revoir l’appartement insalubre, Harry s’est décidé pour une colocation. Il n’est pas complètement à l’aise avec l’idée, il a besoin de sa solitude et de son indépendance… mais en même temps, c’est aussi une bonne manière de faire des économies en habitant un espace plus grand. Bref, décision est prise, et après avoir épluché minutieusement les annonces de colocation, car lui-même est très exigeant en la matière, il s’est décidé à retrouver Sirius Black…

Il ne sait pas trop à quoi s’attendre au moment de sonner à la porte de l’appartement… ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’attendait pas le moins du monde à ça… Le type lui claque littéralement la porte ou non… Charmant, pas vrai ? Bon ben… Harry hésite à resonner. Vu l’accueil, il n’est pas sûr de vouloir habiter avec ce type. Ou bien il s’est trompé d’adresse ? Harry s’apprête à vérifier les informations sur son téléphone quand la porte s’ouvre de nouveau, et le type s’excuse, apparemment, il l’a pris pour quelqu’un d’autre… Décidément.

« C’est rien, je commence à avoir l’habitude », répond Harry qui décide de laisser sa chance à Sirius malgré tout.

Il voudrait prétendre qu’il exagère, mais ce serait mentir : entre Peter qui lui avait appris qu’il ressemblait comme deux gouttes d’eau à son colocataire, cette fille, Jo, qui s’était littéralement jetée à son coup, cette autre fille qui était venu le trouver chez lui pour lui envoyer son poing dans la figure et enfin cet autre Peter qui le prenait pour son Harry… C’est franchement pas heureux, mais être pris pour qui il n’est pas commence à devenir une sale habitude.

« Ouais, je préfère qu’on se tutoie, si ça te va », approuve Harry, mal à l’aise à l’idée de devoir vouvoyer ce type trop longtemps. « Je te laisse me faire visiter. J’espère que mon sosie ne vient pas de me faire perdre des points, ton appart a l’air d’avoir tout ce que je recherche », dit-il dans l’intention de détendre l’atmosphère.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

« Je sais pas si les autres fois on m’a confondu avec le même gars, mais on m’a confondu avec mon sosie une paire de fois. Une fille m’a littéralement sauté au cou et une autre semblait prête à me tuer… c’est bien la première fois que je leur fais autant d’effet », se permet de plaisanter Harry quand Sirius lu demande en quoi il a eu l’habitude d’être ainsi confondu avec quelqu’un d’autre et de récolter des réactions hors du commun.

Bon, dans le second cas, c’est surtout que Gwen avait pensé qu’il était un autre Harry Osborn, mais ça c’est encore une autre affaire. Jamais le bon Harry, jamais le bon Peter… Harry préfère, tant qu’à faire, ne pas détailler ces histoires de multivers, parce que lui-même n’y comprend pas grand-chose, si ce n’est que ça aurait tendance à lui donner mal au crâne (même s’il doit, en parallèle, à ce même multivers sa rencontre qui aurait autrement impossible avec ce garçon qui n’est jamais loin de ses pensées).

Sirius se montre plus précis et lui apprend donc que le type auquel il ressemble comme deux gouttes d’eau n’est nul autre que son frère cadet. Ah bah tu m’étonnes qu’ils sont en froid ! Il faut clairement qu’ils le soient pour que l’aîné claque la porte au nez du cadet sans même vraiment lui donner l’occasion d’en placer une au bout du compte.

« Hum… ouais, c’est vos histoires de famille, je vais pas me mêler mais… dis-toi que t’as au moins de la chance que ta famille t’ait suivi jusqu’ici. »

Mais qu’est-ce qu’il en sait, si c’est de la chance ou non ? Peut-être que, de son côté, Sirius y voit une malédiction. Ce ne serait pas si surprenant, après tout… et Harry est assez bien placé pour savoir à quel point les histoires de famille sont compliquées… lui-même espère autant revoir son père qu’il redoute de voir ce moment arriver.

Harry suit Sirius dans le salon, et le regarde leur servir une bièraubeurre, boisson à laquelle il a déjà goûtée, dans ce bar, les Trois-Balais. Il a un peu de mal à comprendre l’attrait général pour cette boisson mais ne fait aucun commentaire et cherche seulement à mesurer la température… qui sait si Sirius n’aura pas tendance à le confondre avec son frère, et si cela n’aura pas un impact déplaisant sur leur colocation.

« J’espère que c’est quand même pas trop bizarre pour toi… Non parce que dans le cas contraire, je le prendrai pas mal, je peux le comprendre. »

Même s’il préfère quand même être prévenu tout de suite.

« Bon, du coup, au moins, tu peux te mettre à ma place, c’est déjà ça », remarque Harry avant de boire une gorgée de sa bière, alors que Sirius lui apprend que lui aussi a ouïe dire qu’il avait des sosies en ville.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

« Ouais, je vous ce que tu veux dire », répond Harry avec un léger sourire quand son interlocuteur parle de sa famille en des termes tels que le jeune homme comprend bien vite qu’il a touché là à un sujet des plus complexes et épineux, sur lequel il sera préférable qu’il ne revienne plus en d’autres occasions. « La famille, c’est souvent compliqué… »

Il retient précieusement l’information : éviter d’évoquer la famille Black en présence de Sirius, ce sera sûrement au mieux pour leur colocation à venir, du moins si les deux deviennent bel et bien colocataires, ce qui n’est pas encore complètement décidé, en l’occurrence. Quelque part, ce n’est pas plus mal : en retour, on n’évoquera pas les Osborn non plus. Ceci dit, quand Harry affirme qu’il comprend où Sirius veut en venir, ce ne sont pas des paroles en l’air, non : c’est la vérité, il est effectivement capable de comprendre ce qu’il entend parler, parce qu’en matière de rapports familiaux compliqués, on peut dire que Harry a de la bouteille. Lui n’a pas de frère, il aurait bien aimé, mais ses relations avec son père sont telles qu’il peut bien entendre ce qu’il en est.

Et c’est vrai qu’une famille de cœur vaut souvent bien davantage qu’une famille de sang. Là aussi, il peut se reconnaître : lui-même n’avait pas de frère, donc, mais il avait eu Peter, et Peter était comme un frère pour lui… Même si dans leur cas, les conflits fraternels atteignaient des seuils assez violents à certains moments… Bref, famille de sang ou famille de cœur, Harry n’a, quoi qu’il en soit, retrouvé ni l’une ni l’autre, alors sa famille, dans cet endroit étrange, c’est celle qu’il réussit à se construire progressivement, à force d’efforts et de rencontres.

« Je vais prendre ça pour un compliment », reprend Harry avec un fin sourire quand Sirius le rassure quant au fait qu’il ne ressemble pas spécialement à son frère autrement que physiquement. En ce qui concerne Harry, ça l’arrange, parce que vu l’accueil réservé au frangin au question, il n’a pas l’air d’être de ceux qu’on veut avoir dans son entourage (quoi qu’il serait sans doute compréhensible aussi que l’on puisse ne pas vouloir avoir Harry dans son entourage). Après quoi Sirius lui pose déjà une question plus usuelle, l’interrogeant sur les raisons qui le poussent à vouloir trouver un coloc. « Pour l’instant, j’habite dans un appart étudiant qui tombe littéralement en ruine, je trouve de nouveaux problème tous les jours, le cadre est vraiment pas pratique, alors je me suis dit, quitte à déménager, autant prendre un coloc, pas vrai ? » C’est plus économique, ça peut aussi être plus sympathique, c’est plutôt un bon compromis. « Je suis ton premier coloc ou y en avait un avant moi ? »

Are you kidding me ?

feat. Sirius

« Faut en profiter, même, parce que passer un certain âge, ça devient soit triste, soit glauque », répond Harry avec humour quand Sirius observe qu’il est plus sympa de partager un appartement avec quelqu’un quand on est jeune.

On commence à regarder de travers ceux qui persévèrent dans la colocation passée les trente ans. Pour des raisons sans doute stupides, dans le fond, mais Harry aurait tendance à goûter à de tels préjugés. Il faut dire qu’il aura beau vouloir se détacher de l’influence de son paternel, il est des choses qui, invariablement, ne changent pas, des préceptes trop bien ancrés pour se faire la malle de sitôt. Comme le fait, très clairement, qu’il a été élevée dans l’optique de répondre à certains standards de réussite. Ne pas être en mesure de vivre seul à un certain âge de la vie, c’était un signe de défaite sociale, et Norman Osborn a suffisamment fait comprendre à son fils durant leurs douloureuses retrouvailles, combien ces signes extérieurs de réussite étaient essentiels, et combien il avait trahi le moindre d’entre eux…

Il tente de rejeter cette pensée, qui naturellement le fait frissonner, comme il niera catégoriquement que l’incitation de son père à déménager au plus vite a clairement précipité sa recherche de colocation (ce qui serait encore indigne selon son père, il s’en doute, mais peu importe… il n’ira pas vivre chez lui, comme ce dernier le lui a suggéré, c’est tout bonnement hors de question). A la place, il se concentre à la fois sur l’appartement et sur son interlocuteur, qui à vrai dire lui est de plus en plus sympathique au fil de leur conversation. Il n’aurait clairement pas parié dessus vu comment les choses avaient commencé, mais il en fait le constat, et même s’il faut généralement éviter de se fier à une impression trop rapide, il se dit qu’il se verrait bien vivre en colocation avec lui. Il a l’air sympa, et pas spécialement prise de tête, ce qui lui convient très bien.

« Première potentielle colocation, oui, ce qui fait que je suis pas très informé sur ce qui se fait ou pas dans ce genre de cas. On fait les courses ensemble ? Chacun fait à manger dans son coin ? Et pour les visites ? T’accepterais que je fasse venir des gens ? »

C’est des questions pratiques mais il les pose tant qu’elles lui viennent, convaincu qu’il est préférable qu’ils soient direct sur la même longueur d’onde tous les deux, pour ne pas être pris au dépourvu pour des détails à la con qui ne leur seraient pas venus à l’esprit pour commencer. Certes, Harry allait peut-être un peu vite en besogne, et après tout, il ne savait pas combien de colocataires potentiels Sirius avait déjà rencontré ou rencontrerait, mais il tenait quand même à montrer qu’il ne prenait pas ça par-dessus la jambe, il se disait que ça pourrait éventuellement lui permettre de gratter quelques points auprès de son interlocuteur, on ne sait jamais.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

Harry est quelque part rassuré de ressentir que Sirius est aussi novice de la colocation que lui. En soi, il ne sait pas si c’est forcément une bonne chose, car ça veut dire qu’aucun d’eux n’aura d’emblée conscience des écueils à éviter d’entrée de jeu, mais en même temps, Harry se dit que, pour la peine, Sirius sera peut-être moins exigeant envers lui… Quoi qu’en réalité, ce n’est pas comme si Harry était difficile à vivre. Il passerait sans doute le plus clair de son temps dans sa chambre, n’inviterait probablement qu’un nombre restreint de personne et n’était pas spécialement du genre bordélique, mais bon… En dépit de leurs débuts catastrophiques, Harry cultive une certaine sympathie pour son interlocuteur, alors si cette colocation doit bel et bien se concrétiser, il veut que ça se passe vraiment bien.

Quand Sirius lui dit qu’il n’est pas du genre à se prendre la tête pour ce genre de choses, Harry le croit aisément. Il ne peut avoir aucune certitude à ce sujet, c’est sûr, ils ne se connaissent définitivement pas encore assez bien tous les deux, mais il a vraiment l’intuition qu’en effet, il n’est pas du genre à faire des drames de pas grand-chose. Chacun fait ce qu’il veut et ensuite on avise, ça lui va à la perfection.

« Ça me convient, et franchement, j’ai la tête à vendre de la drogue ou à traîner avec des dealers ? » plaisante-t-il alors.

Ceci dit, il n’a pas spécialement la tête non plus à se transformer en gigantesque créature orange qui pourrait bien être capable de ravager à elle seule la moitié de la ville. Ici, il faut se méfier des apparences, mais en même temps, le Hobgoblin est en veilleuse depuis trois ans, et s’il commence à mettre ça sur le tapis, il ne pourra clairement pas se plaindre s’il doit effectivement ne jamais trouver de colocation. On pourra clairement dire qu’il l’aura cherché.

« Moldue ? » répète Harry en fronçant les sourcils quand il lui parle de bière. « Jamais entendue parler de cette marque mais pourquoi pas », fait-il qui après tout n’est pas spécialement pressé de partir et apprécie de faire plus ample connaissance. « Tu fais ce que tu veux, c’est pas mon problème », fait-il avec un sourire amusé quand Sirius lui apprend être un tombeur, le genre à ramener régulièrement des filles chez lui, et jamais la même fille deux soirs d’affilée. « Juste, j’espère que ta chambre est bien insonorisée », ajoute-t-il avec amusement tout en se saisissant de sa propre bière « moldue » - qui lui donne tout l’air de ressembler à une bière tout ce qu’il y a de plus normale. « T’es tranquille de ce côté-là, j’ai personne en ce moment et je pense pas que ça va changer de sitôt », dit-il en espérant bien évidemment tout le contraire.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

Bizarrement, Harry avait presque eu le temps d’oublier leurs débuts désastreux et le fait que Sirius lui avait fermé la porte au nez. La personne en présence de qui il se trouve lui est considérablement plus sympathique que celle qui lui avait jeté un regard avant de décider qu’il ne voulait pas avoir affaire à lui… Oui, ça lui paraîtrait presque lointain, et presque aussi lointain que le fait qu’il soit le sosie exact de son frère, ce frère qui serait du genre à fréquenter les mauvaises personnes… bon, c’était sûrement unes des raisons pour lesquelles les deux frères ne s’entendaient pas… A entendre ça, Harry se pose des dizaines de questions, mais il décide de ne rien faire lui dire, il considère que c’est préférable. Il y a des sujets délicats qu’il est préférable de ne surtout pas aborder. Et ça, clairement, si quelqu’un est bien placé pour le savoir, c’est définitivement lui.

« Toujours avoir un livre sous la main pour te le balancer dessus, d’accord, je retiens l’info », fait Harry avec un sourire amusé quand Sirius lui affirme que s’il doit franchir la ligne, il pourra riposter en lui balançant un bouquin.

L’information est dûment notée, oui. Même s’il ne s’imagine pas une telle situations. Certes, il a bien constaté que Sirius, clairement, n’avait pas la langue dans sa poche, mais il était convaincu d’apprécier cette sincérité. Il préférait, d’ailleurs, les personnes franches et complètement transparentes, même si lui-même était loin, bien loin de l’être pour sa part. Ceci dit, il retient bien de ne pas hésiter à lui rentrer dedans s’il doit considérer que Sirius a tendance à abuser… C’est le genre d’informations qu’il est clairement préférable de garder à l’esprit, très clairement.

Il ne cherche pas à comprendre ce qu’il entend pour « Je t’expliquerai plus tard » concernant sa bière… Bon, peut-être qu’il devrait se méfier dans ce qu’il y a dans la sienne, pour le coup, mais il n’envisage pas de le faire un seul instant. Même s’ils se connaissent à peine et qu’il devrait peut-être faire preuve d’une raisonnable défiance à son adresse, il décide de lui faire totalement confiance, tout simplement.

« Je te préviendrai », assure-t-il quand Sirius lui dit de penser à le prévenir s’il organise une fête, surtout concernant la bouffe et l’alcool. « Même si j’ai plutôt tendance à squatter les fêtes des autres que d’en organiser moi-même. »

Il devine que Sirius est un fêtard, donc, mais ça ne le dérange pas particulièrement. Au contraire, il se dit que cette ambiance, qui trancherait clairement avec celle de son appartement à l’heure actuelle, lui ferait définitivement beaucoup de bien, très clairement.

« Y a d’autres choses que je dois savoir à ton sujet ? Le genre qu’il vaut mieux que je découvre direct plutôt que d’avoir la surprise au moment d’emménager ? »

Ironique quand on sait que Harry ne serait pas capable de tout dire à son propre sujet, et dissimulerait clairement certaines informations à son propre sujet, qu’il ne se verrait absolument pas partager.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

« Ah », fait Harry d’un air mi-amusé, mi-circonspect quand Sirius lui assure qu’il a l’habitude d’être frappé avec des livres. On va dire que tout le monde n’a pas la même vie, hein.

Harry ne sait pas trop dire encore si Sirius a juste un humour particulier qu’il ne comprend pas complètement ou s’il doit prendre ses propos au premier degré. Il se dit qu’il verra au fil du temps – enfin, ça c’est dans la mesure où le sorcier l’accepte vraiment en tant que colocataire, mais la vérité, c’est qu’il a déjà l’impression que l’affaire est pliée, si bien que si Sirius devait se rétracter et décider de se choisir un autre colocataire, il serait forcément déçu. Ils ne se connaissent pas vraiment, tous les deux, ou pas encore assez pour savoir s’ils sauront vivre sous le même toit en bonne entente, mais quoi qu’il en soit, il a envie de tenter le coup, et l’appartement autant que sa compagnie lui promettent bien mieux que le trou à rat sordide où il vit pour l’heure, et qui tranche clairement avec ce qu’avait été son mode de vie à l’époque où papa lui payait absolument tout.

« J’avais pas peur avant que tu me dises de pas avoir peur », il ajoute quand, après avoir demandé à Sirius s’il devait y avoir quelque chose de particulier qu’il devrait savoir à son sujet, il lui demande de ne pas s’inquiéter. Il a envie de dire qu’il n’est plus à ça près, mais il commence à se demander s’il ne se trouve pas dans un terrible traquenard.

Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre, ceci dit, en voyant Sirius sortir une sorte de bout de bois de sa poche. Ça aurait pu lui sembler incongru s’il n’avait pas déjà assisté à un spectacle équivalent, ce qui lui permet de comprendre assez rapidement de quoi il retourne : ça ne rend ceci dit pas le spectacle moins impressionnant quand son futur colocataire (on va déjà parler comme ça de lui et dire que c’est acté) faire léviter de nouvelles bières depuis le frigo jusqu’à eux.

« C’est pas très équitable de suggérer que je t’envoie des livres en pleine figure alors que tu peux me balancer des sorts en pleine figure », fait-il avec un grand sourire aux lèvres, plus impressionné qu’inquiet, en réalité. « J’ai pas de livre sous la main, sinon je me ferais un plaisir de te l’envoyer juste pour le principe. » Il marque une pause. « C’est pratique d’avoir un sorcier pour coloc, il paraît. Tu vas pouvoir agrandir l’appart et ce genre de choses, pas vrai ? C’est cool. »

Un secret finalement pas si dangereux. Pas aussi dangereux que celui de Harry, en tout cas, qui de son côté est bien décidé à ne rien révéler de ce dernier à son interlocuteur.

Are you kidding me ?

feat. Sirius

« Mince… », fait mine d’être vexé Harry qui, en réalité, se contentera parfaitement de l’appartement tel qu’il est, quand Sirius lui apprend que ses pouvoirs et leur étendue ne lui permettra pas de changer son modeste appartement (leur modeste appartement, prochainement, sans doute), en palace. Ce n’est pas bien grave, en réalité, même s’il se demande quand même si ça fait une grande différence de vivre dans le même appartement qu’un sorcier ou non. « Bon, ceci dit, je suis pas contre le fait qu’on agrandisse mes pizzas », reprend-t-il, toujours ravi, après tout, d’en manger davantage.

Ceci dit, puisque parler avec Sirius lui fait aisément oublier le fait que ce dernier possède des pouvoirs magiques, il songe que ce dernier serait bien capable de lui faire oublier au quotidien sa nature. Peut-être d’ailleurs qu’à force de voir de la magie à l’œuvre, il en oubliera même le caractère totalement exceptionnel – c’est même particulièrement possible, en réalité.

« Je préfère manger mes sandwiches que de te les envoyer à la tronche », reprend Harry avec un sourire au coin des lèvres, tout en réalisant qu’à force de parler de bouffe, de sandwiches et de pizzas, il finirait même par avoir faim au bout d’un moment.

Quoi qu’il en soit, il songe que si leurs conversations ressemblent déjà à ça alors qu’ils se connaissent à peine, tous les deux, Harry devrait vraiment bien s’entendre avec Sirius, au bout du compte. Harry n’avait pas trop su s’il serait capable de vivre en bonne entente avec quelqu’un, il n’en est toujours pas sûr, d’ailleurs, mais s’il doit se choisir un colocataire, clairement, il est convaincu du fait que Sirius est un excellent choix, vraiment. Même si les choses n’ont pas franchement bien commencé entre eux, même s’il ressemble comme deux gouttes d’eau au frère de son interlocuteur.

« Ton filleul a un nom merveilleux », s’amuse Harry quand Sirius lui fait remarquer qu’il porte le même nom que son filleul. « Tu es le premier Sirius que je rencontre en ce qui me concerne. C’est clairement pas courant, comme nom. » Et c’est un lieu commun, ce qu’il raconte. « J’espère au moins que ton filleul n’est pas le fils de ton fameux frère, là ça deviendrait vraiment bizarre. » Comme si ça ne l’était pas, au moins un peu.

Harry repose sa bouteille de bièraubeurre sur la table basse près du canapé, ce qui est surtout une manière de réfléchir à comment répondre quand Sirius lui demande si, lui, de son côté, aurait quelque chose à lui avouer. Ce serait certainement le moment de lui parler du Hobgoblin, pas vrai ? Oui, sans doute. Mais comme vous pouvez vous en douter, Harry n’en a pas la moindre intention.

« Moi, je suis tristement banal », décide-t-il alors de mentir le plus effrontément du monde. « Désolé de te décevoir. »

D’un autre côté, et avec un peu de chance, il ne ment pas vraiment au final. Il espère juste que la réalité de sa condition ne le rattrapera pas.