We are all someone's monster

feat. Peter

Étrange comme Peter sait à la fois prononcer exactement les mots qu’il veut lui entendre dire et en même temps tous ceux qu’il ne veut pas qu’il prononce, sans doute parce que Harry lui-même ne sait pas vraiment ce qu’il veut… Ou du moins si, il veut qu’on le protège, qu’on lui donne une seconde chance, que Peter continue de l’aimer quoi qu’il puisse advenir, et qu’il ne l’abandonne pas peu importe les circonstances, mais en même temps, Harry ne veut pas que Peter perde en chemin tout ce qui fait qu’il est lui, il ne veut pas le voir s’égarer quelque part d’où il ne pourra pas revenir. Harry se sent perdu, et tout en étant convaincu de ne jamais pouvoir réussir à retrouver son chemin sans le soutien de l’homme qu’il aime, il redoute qu’ils se perdent à deux, sans retour en arrière possible.

Il devrait lui faire promettre une fois encore, jusqu’à ce que Peter consente à accepter ses conditions, mais il n’y arrive pas… Entendre Peter lui assurer qu’il ne laissera jamais rien les séparer, c’est définitivement, et de très loin la chose la plus réconfortante qu’il puisse entendre… Il ne veut pas devenir le fardeau ou la mission personnelle de son petit ami, mais en même temps, il n’a jamais eu autant besoin de lui qu’en cet instant. Dans le chaos qui anime sa vie et qui trouble son cœur, pouvoir compter sur Peter comme sur un repère fiable et solide, et qui ne le laissera jamais tomber, c’est plus que ce qu’il pouvait espérer… Alors, au lieu de protester, il se contente d’esquisser un fin sourire, espère que Peter ne regrettera jamais d’avoir prononcé ces mots-là, parce que lui aussi refuse que quoi que ce soit puisse les séparer un jour.

Quand son téléphone vibre et qu’il découvre le nom de son père, ce qu’il trouvait de réconfortant à la situation s’estompe presque automatiquement, et il se sent envahi d’une nouvelle angoisse qui le paralyse aussitôt. Harry ne parvient même pas à hocher la tête quand Peter demande confirmation qu’il s’agit bien de lui… mais aucune confirmation n’est vraiment nécessaire, en réalité. Il suffit de voir la terreur qui hante son regard pour comprendre. Harry veut esquisser un mouvement pour retenir le geste de Peter quand ce dernier raccroche, mais il n’y parvient pas. Harry non plus ne veut plus qu’il l’approche, ou du moins… au fond, ce n’est pas si simple. Il ne suffit pas que son père soit loin de lui pour qu’Harry se sente mieux, le simple fait de savoir qu’il est là suffit à son angoisse.

« Il va trouver un moyen de t’atteindre toi aussi. T’as pas idée d’à quel point il est dangereux », fait Harry d’une voix tremblante d’anxiété. Certes, Harry ignore, au fond, si tout comme lui, Norman Osborn a retrouvé ses compétences d’autrefois. Mais si ça doit être le cas… « Mais… D’accord… » Il n’arrive pas à lui refuser ce que Peter ne voudra pas qu’il lui refuse dans tous les cas. Harry a trop peur d’être seul. Certes, il a son propre colocataire, mais il n’a pas spécialement envie de mêler Sirius à tout ça. « Je sais que ça peut sembler dingue avec tout ce qu’il a fait mais… » il récupère sa tasse de café et prend soin de laisser la porcelaine lui brûler doucement les doigts. « … ça reste mon père… »

Il ne sera jamais capable de lui faire payer à la hauteur de ce que lui-même lui a fait endurer.

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feat. Peter & Harry

Harry ne répond rien quand Peter remarque, son regard ancré dans le sien, que son père l’atteint déjà en s’’en prenant à lui. De même, il va rapidement comprendre que pour s’en prendre à son fils, s’en prendre à Peter serait une bonne option… encore qu’il n’en aurait sans doute rien à faire, en fin de compte… Peter l’intéressera bien plus qu’il ne s’intéresse à son propre fils. Oui, il n’y a pas de solution, ou pas de solution, du moins, qui ne soit pas radicale. Pour que tout ceci s’arrête, il faut que Norman Osborn paie, d’une façon ou d’une autre mais… Harry est terrifié… Autant de l’influence de sn père sur lui que de ce que serait sa réaction s’il devait le perdre, comme il avait cru le perdre par le passé.

Peter a raison de lui demander ce qui veut… le problème, c’est qu’il ne sait pas l’expliquer lui-même. Il ne sait résumer en quelques mots les effets néfastes de ce conditionnement que le père a exercé sur son fils depuis presque toujours. C’est une dynamique violente, malsaine, et dont Harry lui-même ne maîtrise pas les codes. Il en est la victime, traumatisée parfois, mais quelques fois consentantes aussi, parce que même comme ça, même maintenant, une part de lui est horrifiée de ne pas savoir être à la hauteur de ce que Norman Osborn attend de lui.

Bien sûr que tout ceci est de sa faute – encore que Harry a conscience de se déresponsabiliser, ainsi, mais il ne peut nier cette influence que son géniteur a sur lui quoi qu’il en soit, qu’il ne serait pas devenu qui il est devenu sans lui, que sa transformation n’aurait certainement jamais eu lieu s’il n’était pas allé à la rencontre de son père ce jour-là…

Depuis combien de temps est-ce que ça dure ? Depuis toujours, peut-être. Depuis toujours, certainement. Harry n’en veut pas à Peter d’avoir crié, même s’il n’aime pas le voir ainsi, il sait bien qu’il a raison, il sait bien que son comportement n’est pas rationnel mais… il a l’impression que tout lui échappe, en cet instant. Non, un père, un vrai, ne ferait jamais tout ça, mais c’est si difficile à accepter…

« Je sais que c’est pas normal, c’est juste… j’ai passé ma vie ou presque à vouloir qu’il tienne à moi. Même un petit peu… » Qu’il l’aime. Mais il n’ose pas prononcer ces mots-là. Ça paraît tellement ridicule, dit comme ça. Ça l’est.

Il veut ajouter quelque chose, c’est ce moment que Will choisit pour revenir dans la pièce. Il les observe tous deux à tour de rôle avant de reprendre la parole.

« Je vais devoir retourner au commissariat très rapidement, mais vous pouvez rester ici autant que vous le voulez. Vous avez décidé de ce que vous allez faire ? »

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feat. Peter & Harry

Arrêter les frais, oui, mais comment, de quelle manière ? En cet instant, Harry est si angoissé à l’idée de perdre Peter qu’il songe que c’est peut-être ce qu’il suggère, que eux-mêmes devraient arrêter les frais, et cette pensée le place comme au-dessus du vide. Oui, il doit couper le cordon, mettre fin à cette dynamique malsaine au possible, briser les liens entre lui et son père. Peut-être que ce sera difficile, au début, mais peut-être aussi qu’il en ressortira plus fort, libéré d’un poids, une bonne fois pour toutes, et il n’en a que trop besoin. Mais il ne sait pas comment faire, c’est comme si une barrière invisible se dressait entre lui et sa volonté… Pourtant, tous les arguments de Peter, même les plus sombres, ont du sens, ont même quelque chose de raisonnable. Il a eu droit à une seconde vie, cette île lui a offert de trouver un nouveau souffle, mais aussi de rencontrer l’amour. Peut-être trop vite, peut-être de la mauvaise manière mais…

Il ne peut pas être dans les deux camps, c’est vrai, mais il a du mal à considérer tout ceci en termes de camps, parce qu’il s’efforce de dissocier le monstre de son père, comme il veut croire qu’il est complètement dissociable du Hobgoblin. Sauf que ce n’est pas le bouffon vert qui a mis ces mots d’ordre dans son inconscient, qui l’a manipulé depuis si longtemps, qui s’est montré autoritaire, distant, strict, insensible… c’est Norman Osborn.

« C’est toi le camp que je… »

Le camp qu’il choisit, mais Will fait alors irruption, l’empêchant de finir sa phrase. Dans l’agitation ambiante, Harry espérait qu’ils aient plus de temps… il n’a pas vraiment envie de partir, même s’il n’a pas très envie de rester non plus. Il ne connaît pas cet endroit, il ne connaît pas les propriétaires du lieu, en qui ils sont supposés avoir confiance.

« Tu ne t’imposes pas du tout », fait immédiatement Will. Et Harry remarque bien qu’il ne s’adresse qu’à Peter et pas vraiment à lui. « Vous pouvez vraiment rester autant que vous le souhaitez, ce n’est pas un souci. » Il marque une pause, s’il précise qu’il n’y a pas de souci, le souci, en revanche, s’entend dans le ton de sa voix. « Tu es certain que tu ne crains rien ? » Il n’attend pas la réponse de Peter, sans doute parce qu’il sait d’avance que sa réponse ne réussira pas à le convaincre. D’autant qu’ils ne peuvent pas être dupe… Peter tente de garder la tête hors de l’eau, mais il est évident que lui aussi perd pied. « Je veux que tu m’appelles. Et que tu me tiennes au courant, d’accord ? Je te tiens au courant de l’avancée de l’enquête, dans tous les cas. Je pense que faire profil bas reste la meilleure solution pour le moment. » Il semble hésiter, pousse un soupir, et reprend. « Je vous ramène chez toi. »

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feat. Peter & Harry

Ni une ni deux, les voilà de retour dans la voiture de Will… Au fond, Harry ne peut s’empêcher de songer que si cet homme pouvait le laisser sur le bas-côté et l’éloigner de Peter, il ne le ferait pas, mais il semble vouloir respecter la volonté de Peter malgré tout, et donc accepter de les ramener chez lui. Sur le trajet, il voit Peter tirer son téléphone de sa poche, mais il n’est pas sûr d’en avoir la force, là, tout de suite… en fait, il n’est même pas sûr que son téléphone ait survécu, dans le bordel ambiant. Un sursaut d’anxiété le prend au moment de poser les mains à ses poches, songeant à ce qui se passerait s’il l’avait laissé sur les lieux, mais il se sent soulagé de constater qu’il est miraculeusement toujours là.

En revanche, il ne l’allume pas, pas même pour vérifier qu’il fonctionne encore. Il ne veut pas être confronté aux images du chaos qu’il a lui-même engendré… même s’il ne peut pas se permettre de faire l’autruche, c’est une perspective qui lui est, à l’heure actuelle, insoutenable. Finalement, il demeure silencieux tout le trajet, tout en ayant tout à fait conscience du fait que son silence n’arrange rien. Bien au contraire, cela ne peut tout naturellement qu’avoir pour effet d’empirer encore les choses. Il doit réussir à communiquer sur ce qu’il ressent, mais c’est si compliqué… il se sent comme un funambule, suspendu au-dessus d’un vide gigantesque. Prendre l’ampleur de ce vide, ce n’est pas uniquement succomber au vertige, c’est peut-être, aussi, entraîner Peter dans sa chute…

Harry et Peter arrivent finalement chez ce dernier. L’estomac de Harry se serre légèrement. Il n’est venu qu’une fois chez Peter, le reste du temps, ils se voyaient généralement chez lui, ce qui était plus pratique concernant le colocataire de Peter… Le souvenir de la première et unique fois où il s’est trouvé ici lui fait du bien et du mal en même temps. La conviction qu’il a eu, en quelques minutes seulement, de l’importance que Peter aurait dans sa vie ne l’a jamais déserté par la suite. Mais c’était évidemment plus simple quand ils se contentaient de parler de tout, de rien, de pizzas, et que son père n’était pas là. Le silence qui les enveloppe est oppressant au possible. Harry donnerait tout, en cet instant, pour retrouver la chaleur de leurs conversations qui semblaient se dérouler indépendamment d’eux.

« C’est parfait », confirme Harry avec un fin sourire, sans doute un peu trop forcé, tout en serrant la main de Peter dans la sienne. « Si je peux t’aider à quelque chose… » Il pense s’arrêter là et laisser un nouveau silence pesant les environner, mais au final, une impulsion différente le guide dans une autre direction. « Peter… » Harry attrape son autre main pour l’inviter à le regarder dans les yeux. « Je sais que je peux pas revenir en arrière, je sais que tu m’en veux et que t’as de bonnes raisons pour ça… mais je te promets, je ferai tout ce que je peux pour que tu aies de nouveau confiance en moi. » Pour ne pas le perdre. « Je voudrais juste… que tu me prennes dans tes bras… » Qu’il l’embrasse, qu’il lui promette qu’il ne le déteste pas, mais il ne sait pas le formuler ainsi.

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feat. Peter

Il veut lui pardonner. Ces mots lui brisent le cœur quand bien même Harry tout à fait conscience du fait que c’est le mieux que son petit ami puisse lui offrir dans ces circonstances. C’est une chance, déjà, que Peter ne le déteste pas tout à fait, ou en tout cas suffisamment pour décider de lui donner une chance de se racheter quand il aurait tout à fait pu décider de lui tourner le dos – et Harry n’aurait pas été en droit de le lui reprocher. Il veut lui pardonner. Mais il ne le peut pas. C’est ce que le jeune homme lit entre les lignes. Pour obtenir le pardon de Peter, il devra batailler, et même ainsi, rien ne garantit pour autant que ce soit gagné. Cette pensée lui fait du mal, mais elle est malheureusement des plus manifestes, et lui ne peut rien faire sinon l’accepter, quand bien même cela lui ferait mal.

En son for intérieur, Harry se promet de faire tout son possible pour bel et bien obtenir ce pardon. Il est convaincu qu’il sera incapable de vivre avec lui-même s’il doit perdre pour de bon la confiance et l’estime de Peter. Sera-t-il pour autant capable de les reconquérir ? Rien n’est malheureusement moins sûr. Au fond, Harry sait qu’il a besoin de cette défiance. Il faut que les choses ne soient pas si simples, il faut qu’il obtienne le pardon de Peter de haute lutte. Il doit se battre pour ce qu’il aime, ce n'est pas une affaire de caprice, c’est affaire de pure nécessité, et Harry le sait pertinemment.

Harry ferme les yeux et s’abandonne à leur étreinte. Il voudrait pouvoir garder Peter contre lui éternellement. Seule sa présence sait à ce point le réconforter, seule son soutien, la conviction qu’il pourra toujours compter sur lui, lui donnent le sentiment qu’il sera capable de s’en sortir, de se débarrasser du Hobgoblin et de l’emprise de son père une bonne fois pour toutes. Ainsi, il n’y aurait plus qu’eux, et ses angoisses dispersées aux quatre vents. Harry a toute confiance en Peter pour chasser ses démons, malheureusement, ces derniers sont coriaces, et imposer un tel poids, une telle responsabilité à son petit ami n’est, évidemment, pas quelque chose de juste, et il le sait pertinemment… sans savoir s’empêcher de vouloir se reposer sur lui malgré tout.

« Je t’aime aussi », souffle Harry avec la plus grande sincérité sans vouloir se libérer de leur étreinte, sous aucun prétexte.

Les paroles de Peter lui font du bien. Et pour cause, il en avait le plus grand besoin, de s’assurer que les sentiments de Peter ne s’étaient pas éteints. Même si ce n’est pas très juste. Harry sait pertinemment à quoi l’amour peut nous faire consentir. C’est parce que, en dépit de tout ce que cet homme horrible lui a fait, Harry réussit malgré tout à aimer Norman Osborn qu’il en est là… Harry n’a aucune envie de mettre Peter dans cette situation, mais c’est déjà trop tard, bien sûr. La raison et le sens moral de Harry ont volé en éclats au profit des ces sentiments qui ne se contrôlent pas, et qui toujours perturbent et compliquent tout. Il a encore envie de demander pardon, il s’abstient, il sait pertinemment que ça ne sert à rien, Peter sait déjà à quel point il est désolé, mais ça ne change rien.

« Je sais que tu dois te dire que tu me connais pas, finalement, que tu m’as laissé prendre de la place dans ta vie, sans savoir qui j’étais vraiment… », hésite-t-il. « Pose-moi toutes les questions que tu veux. Je te promets que je te répondrais vraiment honnêtement. »

A ses risques et périls. Mais il ne veut plus jamais rien cacher à Peter.

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feat. Peter

Les paroles de Peter lui font mal, vraiment mal, mais Harry ne peut certainement pas les lui reprocher, parce que c’est la vérité : ils sont allés trop vite. Ils avaient bien eu conscience de ne pas être maîtres d’eux-mêmes durant cette soirée de la Saint-Valentin (sur laquelle Harry est incapable de vouloir revenir tant elle a été merveilleuse à ses yeux), et pourtant, plutôt que de faire un pas de côté et d’admettre qu’ils devraient faire quelques pas en arrière afin de mieux s’apprivoiser, ils avaient foncé tête baissée. Tout est allé vite en partie parce que les sentiments qu’ils ont éprouvés l’un pour l’autre ont directement été trop forts trop rapidement... ça peut sembler encourageant, c’est surtout une chose difficile à ressentir… Et maintenant ? Maintenant, ils peuvent sans doute le faire, ce pas de côté, il n’est pas encore trop tard, ou pas complètement en tout cas, mais Harry a quand même le sentiment que ça. Ce qui s’est brisé, aujourd’hui, Harry n’est pas sûr de pouvoir le réparer, même au prix de tous les efforts du monde : Harry ne méritait pas que Peter lui fasse subir une chose pareille… C’était injuste… Il n’a jamais voulu lui faire du mal, et le mal est fait. En vérité, il devrait sans doute arrêter les frais, et offrir à Peter l’occasion de rencontrer quelqu’un qui mériterait davantage sa présence et sa confiance, mais là encore, il en est tout bonnement incapable. Alors plutôt que de peut-être prendre la décision qui serait la meilleure pour Peter, il est égoïste… Il n’a pas envie de renoncer à Peter, il n’y arrive juste pas.

Quand Peter vient s’asseoir sur le canapé, Harry ne le rejoint pas. Il reste là, debout, paumé. Il veut respecter la distance que Peter met entre eux, même si elle lui fait du mal. Il sait que ça vaut mieux, autant qu’il est préférable de tout lui dire, maintenant, tout de suite. Plus de secrets, plus jamais. Et si, en découvrant tout cela de lui, Peter devait décider qu’il n’en vaut plus la peine, qu’il ne veut plus jamais lui adresser la parole, alors Harry comprendra. Il n’en sera pas heureux, mais il ne supporte pas d’être celui qui lui fera du mal. Sauf que c’est déjà le cas.

« J’imagine qu’il l’espérait, oui. Il a sûrement compris avant moi que c’était revenu… », fait Harry en serrant les poings. « Je suis pas… Pour mon père, je suis une déception constante, tu vois. Pas assez fort, pas assez ambitieux, pas assez tout… Mais le Hobgoblin, cette… chose. Je crois qu’il estime que c’est le mieux qu’il puisse faire de moi. J’imagine aussi qu’il voulait attirer ton attention, je sais pas… Il a toujours trouvé Spider-Man autrement plus intéressant que son propre fils. » Il baisse le regard. « J’aurais pas dû y aller, je sais que j’aurais pas dû. Parfois, j’ai l’impression que y a pas que du mauvais en lui, qu’il veut vraiment se rattraper pour… ce qu’il m’a fait mais… » Il pousse un soupir. « Quand on s’est revus, la première fois, il a cherché à m’amadouer. Il m’a promis qu’il était plus le même, qu’il ne me ferait plus jamais de mal, mais j’ai… résisté. Il m’a pas fait du mal, pas à proprement parler mais… Il voulait me rappeler qu’il a de l’influence sur moi, qu’il peut me faire faire ce qu’il veut s’il le décide… Le pire, c’est que ça marche. Y a ces mots, ces ordres qu’il a implanté dans mon esprit, mais c’est pas que ça… Il me connaît, il sait comment me mettre plus bas que terre, et il sait que la chose que tu as vue, elle se nourrit de ça. De ma colère, de ma tristesse, de… » Son dégout de lui-même. « Après l’avoir revu, j’ai pris mes distances parce que je sentais qu’il tenterait de te faire du mal à travers moi. » Et ça a marché. « Et… j’avais peur. » A raison, manifestement.

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feat. Peter

C’est presque avec une certaine hésitation que Harry finit par s’installer à côté de Peter. Il songe à présent qu’il ne cessera plus jamais de vouloir être proche de lui, et de redouter de l’être en même temps, de crainte de l’entraîner inexorablement dans ces abysses desquelles on ne revient pas. Mais il a trop besoin de lui, il a trop besoin de ressentir sa présence, la chaleur de leur étreinte. Quand il lui offre de se serrer contre lui, Harry a le sentiment fugace mais nécessaire que tout pourra bel et bien aller mieux pour lui. Mais il doit pour ce faire laisser peser sur son petit ami un poids démesuré, qu’il ne devrait pas avoir à endosser en gage de sa propre faiblesse. Peter est désolé pour lui, mais il n’a pas à l’être… C’est Harry, plutôt, qui est désolé de ne pouvoir être un autre, de ne pas juste être ce garçon rencontré sur son palier, qui devait sembler alors bien inoffensif, et peut-être même un peu charmant. Il donnerait tout pour revenir en arrière, pour chasser le monstre pour de bon, pour s’empêcher de retrouver son père par tous les moyens. Mais la réalité de leur situation est là, et Harry pourra bien être aussi désolé qu’il le voudrait, ça ne changera rien.

Harry relève doucement la tête quand Peter lui promet de trouver un moyen de le soigner. Voilà ce qu’il est à présent, un être brisé, et qu’il faut réparer pour le rendre viable… Bien sûr, ce n’est pas ce que Peter a dit, ce n’est sans doute pas totalement ce qu’il pense non plus, mais, c’est en partie comme ça que Harry le ressent. Parce que c’est ce qu’il a le sentiment d’être, en vérité… Brisé, morcelé… Harry serre sa main dans celle de Peter, comme s’il refusait de la lâcher dorénavant. Il lui promet d’être là, et Harry a besoin qu’il le soit. Il s’en veut de se reposer autant sur lui, mais il sait à présent qu’il n’y arrivera pas tout seul. Il sera incapable d’y arriver tout seul.

De la paume de sa main vacante, il essuie maladroitement ses yeux tandis que Peter lui demande quelles solutions ont déjà été envisagées afin de régler ça.

« L’hypnothérapie… », il répond, hésitant. « Il faudrait… annuler ce qu’il a fait, mais c’est pas si facile… » Il soupire… « A l’époque, le SHIELD avait mené une série d’expériences mais je... » Il pousse un soupir. « J’étais pas vraiment conscient, je me souviens de rien et… » Il émet un léger rire amer. « Ça a pas été une franche réussite dans tous les cas », conclut-il.

Mais si les scientifiques du SHIELD n’étaient pas parvenus à le débarrasser des ordres induits par son père, ou encore du Hobgoblin, comment espérer qu’ils y parviennent, dans la maigre mesure de leurs capacités ? Harry ne veut pas devenir une sorte de rat de laboratoire à la merci d’expérience qui lui permettrait de… redevenir fréquentable.

« S’il y a pas de solution… il se passera quoi ? »

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feat. Peter

Harry se fige et regarde Peter comme s’il lui était poussé une seconde tête quand Peter suggère d’aller parler à son père. Il l’entend bien, que son petit ami suggère ceci en désespoir de cause, ça ne l’empêche pas de se sentir totalement interdit face à une telle requête – et au-delà de ça, particulièrement inquiet surtout… Même si la confrontation entre Peter et son père, peu importe le contexte, est très probablement inévitable, il ne veut surtout pas qu’elle ait lieu, et encore moins dans ces conditions. Peter sait se défendre, certes, mais Harry refuse catégoriquement qu’il se jette ainsi dans la gueule du loup. C’est même absolument inenvisageable à ses yeux. Il lui a déjà apporté suffisamment d’ennuis comme cela… et il prend doucement conscience du fait qu’il ne saura plus jamais que lui apporter cela : une succession sans fin de problèmes à n’en plus finir, parce qu’il semble tout bonnement incapable de faire autrement, selon toute vraisemblance.

« Si tu vas trouver mon père il va vouloir te tuer. Ou pire. S’il te plaît… tout ce que tu veux mais pas ça. »

Et on peut faire bien pire que tuer quelqu’un, c’est un fait. Harry en est, bien malgré lui, la preuve par l’exemple – et pour cette raison comme beaucoup d’autres, il ne se déteste que d’autant plus. Il le sait, Peter écume toutes les options, et il n’est peut-être pas de bon ton que de le brimer ou même de le retenir quand il essaie de l’aider… mais il ne veut pas justement que ce soit en l’aidant qu’il se mette plus en danger qu’autre chose. Sauf que c’est déjà le cas. En faisant le choix de l’aider, il a aussi fait celui de se compromettre, et de compromettre ses valeurs et une grande partie de ce qu’il est. Il essaie, à son échelle, de se rattraper, mais c’est difficile. Comment prétendre trouver des solutions quand on est le problème ? Il sait exactement ce qu’il devrait suggérer à Peter de faire. Il devrait lui demander de le laisser. Mais il n’y arrive pas.

Harry fronce légèrement les sourcils quand Peter, sans préciser le moindre contexte, lui parle d’aller s’adresser à cet Hannibal… Harry n’est pas du tout certain de vouloir le rencontrer, surtout s’il doit le considérer avec la même distance que Will Graham… Mais c’est trop tard dans tous les cas. Et il vaut peut-être mieux ça. Et qu’il admette qu’il ne sait pas mieux que quiconque ce qui est le mieux pour lui puisqu’il est évident à ce stade qu’il n’en a fichtrement aucune idée.

« T’as raison… On verra. » Il ne sait pas quoi dire d’autre. Merci à nouveau ? Sa reconnaissance est sincère, mais ses paroles sonnent creux, ce n’est pas qu’elles le sont pourtant, mais c’est le sentiment qu’elles lui donnent. Il ne sait pas le rassurer, ni le dissuader, alors il abandonne. « Je suis fatigué… », concède-t-il seulement quand Peter parle de lui faire couler un bain.