Aelita se sent particulièrement anxieuse tandis qu'elle patiente, mal à l'aise, sur la chaise où on lui a demandé de s'installer en attendant qu'Andrea Rojas, la PDG d'Obsidian North en personne, accepte de la recevoir. Elle avait beau être d'un naturel frondeur et confiant, elle est plus que jamais en terrain inconnu, et elle a à coeur de faire ses preuves, de prouver qu'elle a sa place ici, même si on n'attendrait peut-être pas grand-chose d'elle, en dehors de préparer du café et faire quelques photocopies.

Ses compétences sont bien réelles, mais son curriculum, lui, est aussi bien léger, et du haut de ses quinze ans, l'adolescente sait qu'elle ne peut pas espérer après un quelconque poste à responsabilité, même non rémunéré, sous le prétexte d'être très motivée... Elle est déjà heureuse qu'on lui donne sa chance, et de pouvoir mettre un premier pied dans cette entreprise, même si l'expérience doit éventuellement être de courte durée.

Quand on a demandé aux élèves de sa classe de trouver un stage d'observation afin de découvrir le monde du travail, Aelita a pris la chose très au sérieux. Elle ne sait pas combien de temps elle restera sur cette île, une part d'elle veut croire que ce ne sera que de courte durée, mais en attendant, elle veut tout de même prendre ses marques, et ressent toujours cette volonté de bien faire qui transcende toute autre volonté. Elle a immédiatement su vers quel milieu s'orienter, celui où elle excelle, celui où elle sait que ses compétences peuvent être utiles. Alors, très naturellement, et avec tout de même peu d'espoir, elle a envoyé son CV et sa lettre de motivation à Obsidian North, entreprise spécialisée dans la technologie de pointe.

Elle a également fait quelques autres demandes, qui dans l'ensemble se sont soldées par une réponse défavorables, de celles qui ne font de bien ni à l'ego, ni au moral. Mais Obsidian, eux, ont bien voulu la rencontrer, et c'est donc pour cette raison qu'elle est là. Elle s'est choisi la tenue la plus élégante et soignée possible, a discipliné sa tignasse rose en chignon serré. Et elle attend donc, jusqu'à ce qu'une femme qu'elle suppose être une secrétaire, sans doute, vienne vers elle et la conduise jusqu'à cette femme au parcours impressionnant en présence de qui Aelita ne pourra se sentir que toute petite.

"Bonjour, madame Rojas", la salue Aelita avec le plus de déférence possible, décidée à faire la meilleure impression qu'elle peut. "Je m'appelle Aelita Schaeffer. Je suis ici par rapport à ma demande de stage, je suis ravie d'être ici."

Il est bien possible qu'Andrea Rojas sache pertinemment, déjà, ce qu'elle fait ici, et qu'on l'ait briefé, mais qu'importe, les salutations sont adressées, quand à son compliment, il n'est pas forcé, elle est effectivement ravie d'être là. Et espère continuer de l'être.

Tandis que la cheffe d'entreprise l'accueille et lui répond, l'adolescente aux cheveux roses se sent toujours nerveuse mais légèrement moins impressionnée. Il y a toujours un monde entre ce que l'on s'imagine d'une personne et ce qu'est vraiment cette personne quand on finit par la connaître. Aelita a le sentiment que c'est le cas en ce qui concerne son interlocutrice. Déjà, cette dernière prend le temps et la peine de lui consacrer du temps en personne, ce que la jeune fille ne peut que sincèrement apprécier, ensuite, elle paraître très sincère dans son discours, aucun rapport avec la patronne aux dents longues à laquelle Aelita avait craint de faire face. C'est qu'avec ces grandes entreprises, on ne sait jamais. Finalement, Andrea Rojas lui paraît très... humaine, oui, c'est la meilleure manière de la décrire, et ça ne la motive que d'autant plus. Elle aurait mis du cœur à l'ouvrage dans tous les cas, car c'est ainsi qu'Aelita fonctionne, mais le fait de peut-être intégrer une équipe dynamique, où l'ambiance serait vraiment bonne, ça a de quoi booster son moral encore davantage.

Aelita sourit, flattée, quand son interlocutrice lui assure qu'elle un profil très intéressant. Du haut de ses quinze ans, elle sait qu'elle n'a pas autant à faire valoir qu'elle pourrait vraiment le vouloir. Mais elle a su se vendre, ça elle le croit. Parce que, clairement, elle n'avait aucun besoin de feindre sa motivation, elle la ressentait bel et bien. Quant à ses compétences, elle sait que dans le domaine qui est la clé de voute d'Obsidian North, elle est avantagée par son expérience. Bien sûr, elle s'est gardée de parler de Lyoko, la réalité virtuelle dans laquelle elle a vécu sous la forme d'un avatar près de dix années de sa vie, mais elle a su mettre en lumière ses compétences. Suffisamment en tout cas pour réussir à convaincre son interlocutrice. Elle se sent flattée, privilégiée, mais elle ne doit pas se reposer sur ses lauriers non plus, c'est maintenant qu'elle doit prouver qu'on aura bien fait d'accepter sa demande de stage.

"Oh vraiment ?" Le sourire d'Aelita est lumineux, elle doit se retenir de prendre la PDG dans ses bras. "Je ne vous décevrai pas, vous verrez", ajoute-t-elle quitte à en faire trop. Encore que non, si elle en faisait trop, elle sautillerait un peu partout à la manière d'un kangourou sous ecstasy. "En quoi constituera mon stage exactement ? Vous avez des missions particulières à me confier ? Vous savez, je peux même commencer tout de suite, si vous voulez."

Aelita ou la contre-définition de "ne pas s'emballer". Si ça se trouve, comme beaucoup de stagiaires dans l'histoire des stagiaires, elle se retrouverait à faire des photocopies et à servir le café. Mais elle y croit. Si on trouve son profil intéressant, c'est bien qu'on veut mettre ses compétences à profit, non ?

La réponse de Mrs Rojas va au-delà de toutes les attentes d'Aelita, et elle a du mal à contenir l'immense sourire qui lui dévore la moitié du visage. Elle sait qu'elle doit se montrer "professionnelle", du moins autant que possible, mais la tâche n'est pas simple en cet instant. Elle a envie de laisser exploser sa joie et son enthousiasme, et elle fait de son mieux pour se contenir. C'est que, du haut de ses quinze ans et par bien des aspects, en dépit de toutes les épreuves qu'elle a traversées, elle reste une simple adolescente. Là, tout de suite, elle a envie d'appeler ses amis, ceux qu'elle a su se faire dans ce nouveau monde faute d'avoir retrouver les anciens : Betty, Sabrina... leur expliquer tout ça, pouvoir fêter ça avec elle. Mais ça attendra. Pour le moment, elle tente de se composer un air sérieux tandis que la patronne d'Obsidian North lui donne plus de précisions, qui toutes ne lui donnent que d'autant plus envie d'exploser de joie, en vérité. Elle ne pensait vraiment pas que ça se passerait aussi bien. Ni que ce serait aussi... facile ?

Déjà, elle semble vouloir mettre ses compétences à profit, et ça, pour Aelita, qui est ravie de ne pas juste être reléguée à la préparation des cafés et aux photocopies, c'est immense. Ce va être le moment de prouver qu'elle n'a pas menti sur son CV et que la confiance de cette femme est méritée. Aelita est décidée, déterminée à se présenter sous son meilleur jour, à donner le meilleur d'elle-même. Alors tout devrait bien se passer, au fond, pas vrai ? Elle veut y croire, en tout cas. Elle a besoin d'y croire.

"Oui, j'ai tous les papiers qu'il faut sur moi", confirme Aelita qui se félicite d'avoir été à ce point organisée, déjà parce qu'elle se dit que ce sera un bon point pour elle, et ensuite parce qu'elle a très envie de commencer tout de suite, et d'en entendre plus sur ce nouveau projet auquel Mrs Rojas semble prête à la faire participer. Elle tire de son sac en bandoulière une pochette cartonnée légèrement écornée sur le côté dans lequel elle a mis sa convention de stage préremplie ainsi que tous les documents qui pourraient servir à son interlocutrice. "Tenez", dit-elle en lui tendant le tout avec enthousiasme. "J'aimerais beaucoup visiter les locaux. Cet endroit a l'air immense", reconnaît Aelita, qui sait quel privilège ce sera de pouvoir visiter les lieux en présence de la patronne d'Obsidian North en personne. Une femme qu'elle admire de plus en plus, au demeurant. "Sur quoi va porter ce nouveau projet ?" demande-t-elle ensuite en espérant qu'on ne lui reprocherait pas son indiscrétion.

Elle devrait peut-être la mettre un peu en veilleuse, mais c'est plus fort qu'elle. Elle veut tout voir, tout savoir, tout apprendre, tout apprivoiser. Elle est sur un petit nuage, à l'heure actuelle.

C'est ce qu'on appelle une affaire rondement menée. En un rien de temps, les papiers de convention de stage sont signées, et Aelita sent un poids immense déserter ses épaules. Elle ne se rendait pas compte qu'elle était angoissée à ce point. Certes, elle savait qu'elle était stressée, nerveuse, mais c'est au moment de comprendre qu'elle est acceptée et qu'elle va vraiment pouvoir faire son stage chez Obsidian North qu'elle sent toute pression retomber. Ne demeure plus qu'un vif soulagement, et un enthousiasme plus grand encore. C'est un peu comme si elle avait retenu sa respiration tout ce temps, et à présent que l'encre a coulé sur le papier, elle reprend son souffle, et c'est parfait. Ne demeure que l'impatience d'en découvrir toujours plus au sujet de cette entreprise et du rôle qu'elle pourra y jouer. Elle veut vraiment tout faire pour laisser un souvenir marquant dans l'esprit de ceux avec qui elle travaillera les prochaines semaines. Et surtout, elle a très envie d'en découvrir toujours plus sur cette entreprise qui la fascine tant après toutes les recherches qu'elle a faites à son sujet.

Aelita ne demande qu'à en connaître plus sur le nouveau projet sur lequel travaille son interlocutrice et auquel elle apprécierait de la faire participer. Des lentilles de réalité virtuelle. C'est impressionnant, même pour Aelita. Certes, elle-même a évolué avec une technologie difficilement imaginable pour beaucoup. Elle ne s'est pas contenté de voir une réalité augmentée à travers un casque ou des lunettes, elle y a littéralement été matérialisée. Mais ça ne l'empêche pas de trouver de l'intérêt et de la fascination dans ces recherches. Aelita ne demande qu'à en apprendre plus, preuve en est des questions qu'elle pose immédiatement à son interlocutrice.

"Des lunettes de réalité virtuelle ? Mais c'est géniale ? Est-ce que ça fonctionnerait avec la même technologie que les casques VR ? Vous comptez les exploiter à titre ludique ou bien pour d'autres raisons ? A des fins médicales peut-être ? Vous en êtes où dans le processus de conception ? C'est encore au stade d'expérimentation où vous avez déjà des prototypes exploitables ?"

D'accord, d'accord, Aelita devrait certainement apprendre à se taire. Elle est beaucoup trop curieuse et volubile, elle a du mal à se taire quand elle le devrait. Mais en même temps, elle ne peut s'empêcher de manifester son enthousiasme. Ce n'est pas du tout exagéré de sa part, c'est quelque chose qu'elle pense très sincèrement. Elle a envie de tout savoir et de tout découvrir. Pour elle, c'est un véritable plaisir, et surtout, c'est quelque chose qu'elle ne peut pas empêcher. Si elle doit voir que ses questions dérangent, elle la mettra en veilleuse, mais pour l'heure, elle est vraiment trop enthousiaste.

Aelita sait bien que sa curiosité peut déplaire, mais c'est une chose qu'elle a du mal à contrôler. Cela fait partie intégrante de sa personnalité, elle a envie et besoin de tout savoir sur tout, et cela se constate dans sa façon de poser des questions constamment. Elle sait que la curiosité peut plaire mais agacer également. Heureusement, dans le cas de son interlocutrice, elle sent que cette dernière n'est pas tant contrariée qu'amusée par son tempérament. Le sourire qui s'est déposé sur ses lèvres lui semble encourageant, en tout cas, et cela ne peut qu'encourager l'adolescente à poursuivre sur sa lancée, d'autant que pour chaque question qu'elle pose à la PDG d'Obsidian North, cette dernière prend le temps de lui répondre.

C'est une chose qu'Aelita apprécie sincèrement. Elle est non seulement accueillie à bras ouverts, mais au-delà de ça, son interlocutrice prend vraiment de son temps précieux pour elle, si bien que la jeune fille, sans même avoir commencé quoi que ce soit, se sent déjà dans son élément et devient convaincue que l'ambiance de travail ici, même si elle ne sera jamais que simple stagiaire, lui plaira forcément.

Aelita aime, dans le fond, entendre que les lunettes de réalité virtuelle sur lesquelles l'entreprise travaille n'en sont qu'à leur phase très primaire d'élaboration, ce qui veut dire que si elle a de la chance, elle pourra assister au façonnement de cette création inédite depuis ses balbutiements jusqu'à sa commercialisation. Elle trouve ça absolument fascinant. Et dans le fond, elle commence à se dire que son stage ne durera jamais assez longtemps pour tout ce qu'elle aurait envie d'apprendre et de découvrir. Dans sa tête, elle commence déjà à réfléchir à des moyens de rester plus longtemps alors qu'elle n'a même pas commencé.

"S'évader dans une réalité virtuelle... ça me parle", répond Aelita avec un fin sourire au coin des lèvres.

Evidemment, elle pense à Lyoko, la réalité virtuelle où elle a vécu si longtemps, et qui avait la même fonction, au sens très concret du terme, puisque son père s'en était servi pour leur permettre d'échapper aux hommes qui les pourchassaient.

"Je suppose qu'ici, ça fera un tabac. Il y a tant de gens qui aimeraient retrouver au moins un peu de l'endroit d'où ils viennent..."

Y compris elle, en vérité. L'envie d'évasion leur appartient à presque tous, ici, à certains plus que d'autre. Retrouver, même virtuellement, le Kadic qui lui manque... elle serait prête à payer cher pour ça. Et elle se doute qu'elle n'est pas la seule dans ce cas.

"Je suis prête", ajoute-t-elle sans dissimuler un seul instant son impatience quand son interlocutrice lui suggère qu'elles peuvent commencer la visite.

Il ne faut pas le lui proposer deux fois. Aelita a envie de tout voir, absolument tout, sans l'ombre de la moindre exception. A l'avance, elle se réjouit de tout ce qu'elle va avoir l'occasion de découvrir.

Aelita sait que parfois, elle parle trop, et qu’à trop donner son opinion surtout, elle peut courir le risque de déplaire, ou de trop en dire, ou de ne pas être à sa place. Plus d’une fois déjà, depuis les débuts de sa conversation avec Andrea Rojas, elle a senti qu’elle devait la mettre en veilleuse. Pas parce que la PDG d’Obsidian North le lui a fait sentir (bien au contraire, même, mais parce qu’elle n’est à l’évidence pas en présence de n’importe qui et que, malgré tout, elle ne peut s’empêcher de tenir sa langue comme si elle s’adressait à une amie.

Elle n’y peut rien, elle ne sait pas exactement quel regard l’opinion publique porte sur cette femme, mais l’adolescente aux cheveux roses, elle, de son côté, l’apprécie sincèrement déjà. Quand d’autres se seraient sans doute contenté de n’accorder qu’une importance minime à leur stagiaire, la cheffe d’entreprise lui prête du temps, de l’attention, et s’intéresse même à son opinion.

A l’évidence, elle a pensé la même chose qu’elle, et c’est de là que lui est venue cette idée de réalité virtuelle, et c’est franchement malin, vraiment. Aelita, en tout cas, sait que pour sa part, elle donnerait beaucoup pour retrouver Kadic, même si ça ne devrait être que virtuellement. C’est sûr que ça ne lui rendrait pas sa vie d’avant, loin de là, c’est sûr aussi que ça ne va pas lui rendre ses meilleurs amis, qui tous autant qu’ils sont lui manquent terriblement, mais elle aurait tout du moins le sentiment, juste quelques instants, même quelques fractions de seconde, d’être de nouveau chez elle, et elle veut croire qu’il lui faudrait ça pour se rebooster et accepter sa nouvelle vie. A moins que ça ait l’effet inverse. Il peut être plutôt dangereux de s’enfermer dans une réalité virtuelle, ce n’est certainement pas l’adolescente qui va prétendre ne pas en avoir conscience alors qu’elle en a subi les conséquences pendant si longtemps. Mais si la chose est contrôlée, alors ce n’est pas du tout pareil.

"Oui, beaucoup, vraiment", assure Aelita quand la PDG affirme être ravie que l’idée lui plaise. Aelita n’en est pas peu fière. On s’intéresse à son opinion : à ses yeux ça veut dire beaucoup.

Aelita suit ensuite Andrea tandis qu’elle lui fait visiter les lieux, lui présente le personnel également. L’adolescente se montre très attentive, elle essaie de retenir chaque nom. Pas dit qu’elle y parvienne si facilement, mais avec un peu de chance, elle pourra en appeler certains par leur prénom à son arrivée le lendemain. Une fois qu’elles ont fait le tour, vu la cafétéria, les bureaux, la salle de pause et les laboratoires, et qu’Aelita ait posé toutes ses questions au gré de ses découvertes, elle en posa une dernière, qui selon elle n’était pas des moindres.

"Par quoi je commence, alors ? A quoi vous voulez que je m’attaque en premier ?" demande-t-elle, pleine de bonne volonté, avec l’espoir sincère de pouvoir faire une différence, d’une manière ou d’une autre.

Peu importe les missions que l’on confiera à Aelita, l’adolescente est d’ores et déjà prête à se donner à cent pour cent quoi qu’il puisse être exigé d’elle. Le projet est si vaste et si fascinant qu’elle aurait envie de s’investir dans toutes ses branches si elle en avait le temps et, bien sûr, les compétences. De fait, peu importe ce que lui suggèrera la cheffe d’entreprise, elle est prête, quoi qu’il en soit, à faire ses preuves et à entrer dans le feu de l’action avec un enthousiasme sans faille.

Bon, bien sûr, si finalement, Mrs Rojas changeait son fusil d’épaule et lui apprenait qu’elle allait se contenter de préparer le café pour tout le monde ou autre, elle l’aurait mauvaise, mais elle veut croire que ce n’est pas l’ambiance. Si, vraiment, l’intention était de la faire rentrer dans les cases qui incombent bien souvent aux stagiaires que l’on fait le choix d’exploiter jusqu’à la corde, elle n’aurait pas pris autant de son temps et de son attention pour elle. Non, elle sent qu’elle va pouvoir d’office se rendre utile. Qui sait, on la laissera peut-être même toucher un peu à tout…

Elle pense qu’elle sera capable de se débrouiller, et plutôt bien, même. Après tout, son père avait été le fondateur d’une réalité virtuelle d’un niveau technologique inégalé d’où elle venait, et à force de se plonger dans son passé et dans les recherches de Frans Hopper, Aelita s’était familiarisé avec les différentes étapes de son processus créatif… Pouvoir les transposer à d’autres compétences, à d’autres méthodes, serait d’autant plus intéressant, elle est infiniment convaincue de cela. Tout en lui demandant de la suivre, la PDG d’Obsidian North suggère qu’elle pourra aider l’équipe de graphistes travaillant à l’élaboration des lieux virtuels. A cette perspective, le sourire de l’adolescente se fait si large qu’il s’étale d’une oreille à l’autre.

Oui, évidemment que cette idée lui plaît. Elle aime l’idée de se pencher sur un domaine qui demande certes une maîtrise technique impressionnante, mais met aussi en lumière son potentiel créatif. Bien sûr, il est difficile pour l’heure à Aelita de savoir à quel point elle sera à même de véritablement aider. Elle a des compétences en informatique, un peu moins en graphisme, mais justement, là peut bien être tout l’intérêt de l’affaire, en fin de compte. L’idée de ce stage, c’est aussi d’acquérir de nouvelles compétences, qu’elle n’avait pas jusqu’alors et qui pourront bel et bien lui servir par la suite.

« Si ça me dirait ? Oui, bien sûr ! Ce sera génial ! »

Oui, oui, Aelita le sait, elle a beau être particulièrement enthousiaste, il faut qu’elle apprenne à réfréner ce même enthousiasme, au risque de donner le sentiment d’en faire beaucoup trop. Ce n’est pas du tout le but de la manœuvre, mais le fait est qu’elle a bien du mal à dissimuler son impatience en cet instant. Non contente d’être acceptée dans la boîte, elle va participer à un projet qui lui plaît vraiment beaucoup, et ça fait une grande différence pour elle.

« J’ai déjà tout un tas d’idées… Enfin… Observer, ça me va aussi », ajoute-t-elle quand même.

Il faut qu’elle apprenne à rester à sa place quoi qu’il en soit. Elle reste une ado de quinze ans un peu trop enthousiaste.