Aelita ne sait plus depuis combien de temps elle ne s'est pas senti à ce point euphorique. Depuis le temps qu'elle est ici, il lui est arrivée, bien sûr, de rire aux éclats, de s'amuser, de s'extasier... On ne peut pas constamment faire grise mine, même quand on a le cœur préoccupé et peur de ne pas retrouver les gens qu'on aime, surtout quand le temps s'écoule et qu'il faut accepter, quoi qu'il en soit, de continuer à vivre. Mais l'euphorie comme celle qu'elle éprouve à la suite de son entretien réussi, c'est quelque chose qu'elle n'a effectivement pas ressenti depuis un bail. Le genre de sentiment de victoire qui l'envahissait après une mission délicate sur Lyoko, quand elle et ses amis sortaient indemnes d'une situation périlleuse.
Toute proportion gardée, évidemment. En l'occurrence, la Terre n'était pas en danger (pas qu'elle sache... et d'ailleurs, elle n'est toujours pas sûre qu'ils soient toujours sur Terre - et en quoi serait-il incongru d'être sur une autre planète, d'ailleurs ? Rey, par exemple, n'avait jamais mis les pieds sur Terre), mais à titre personnel, Aelita avait été nerveuse, agitée comme une puce, et ses quelques camarades de l'orphelinat l'avaient senti passer. L'adolescente aux cheveux roses pouvait être très calme, quand elle le voulait... mais quand elle ne le voulait pas, c'était ni plus ni moins qu'une véritable boule d'énergie, difficile à canaliser.
En l'occurrence, la raison de cette agitation avait été très simple : une demande de stage dans une grosse entreprise spécialisée dans l'informatique et les dernières technologies, Obsidian North. Forcément, du haut de ses quinze ans, elle ne va pas avoir foule de responsabilités, elle le sait bien, mais Aelita avait ressenti le besoin de se sentir utile, plus utile. Et sur son temps libre, dans tous les cas, il n'y a rien qui sache la motiver autant, pas même ses entraînements sportifs - même si l'aide que lui apporte Aloy dorénavant l'aide tout de même beaucoup à se canaliser, ce qui n'est pas un moindre luxe. Bref, elle avait vraiment tenu à ce stage, et elle avait bassiné tout le monde à l'orphelinat avec ça. Elle revient d'un rendez-vous sur place, et tout s'est passé avec une facilité presque déconcertante. Elle est prise, et c'est ce qui lui importe.
C'est presque en courant qu'elle est retournée chez-elle (dans son nouveau chez-elle en tout cas), impatiente d'apprendre la nouvelle à qui voudrait l'entendre - et même à qui s'en moquerait comme de sa première paire de chaussettes. C'est un peu essouflée qu'elle retrouve Camille, la directrice de l'orphelinat, dans son bureau. Débarquer comme ça sans prévenir, ça ne se fait pas, mais tant pis, elle avait été trop impatiente de lui en parler.
"Je suis prise. Chez Obsidian North. Je suis prise !" Sourire rayonnant aux lèvres, elle prend finalement conscience de son impolitesse. "Je te dérange pas au moins ?"
Maman d'un petit garçon, Georges, âgé de cinq ans (03.11.2018)
Mer 27 Jan - 1:58
Invité
Mer 27 Jan - 18:28
La famille qu'on choisit
Aelita affiche une grimace au simple emploi du mot "administratif". S'il est bien une chose qui pousse l'adolescente à n'éprouver qu'une impatience modérée à l'idée de rejoindre le monde des adultes, c'est définitivement tout ce qui a trait à cet administratif de malheur, que l'on ne peut visiblement pas s'épargner, même perdu au beau milieu d'un île, dans une ville régie par des codes que personne ne comprend. Même si Camille a peut-être prononcé ces mots dans le seul but de se montrer poli avec elle, Aelita décide que non, elle vient bel et bien de sauver la directrice de l'orphelinat de la prise de tête administrative à laquelle se confronte quiconque passe trop de temps le nez plongé dans une pile de papelards officiels (enfin, il y en a à qui ça plaît, il paraît, mais ces gens là ne peuvent pas être humains, c'est tout bonnement impossible).
Camille, quand elle lui assure être heureuse pour elle, paraît totalement sincère, et Aelita veut croire qu'elle l'est bel et bien. Elle s'est toujours montrée encourageante avec elle, et clairement, c'était une chose dont l'adolescente avait eu besoin. A bien y réfléchir, elle ne sait vraiment pas comment elle aurait fait si l'orphelinat ne l'avait pas recueillie. Elle n'avait plus aucun repère, absolument rien à quoi se raccrocher, mais Camille s'était montrée attentive, prévenante, comme elle l'est avec tous les orphelins qui sont sous ce toit, et ne serait-ce que pour cette raison, l'adolescente ne peut qu'éprouver une vive admiration à son adresse.
"En fait, c'était hyper-simple", répond Aelita quand Camille lui demande plus de détails quant à la manière dont les choses se sont passées. Elle boit une première gorgée de jus d'orange avant de reprendre la parole. "Bon, j'en menais pas large en arrivant, en plus, j'ai directement rencontré la directrice d'Obsidian, ça impressionne. Mais en fait, elle a été super sympa. Je crois que ma lettre de motivation a fait bonne impression."
Elle avait mis tout son coeur dans sa demande de stage, il faut dire. Elle avait vraiment tenu à se donner cette chance. Et même si elle finira peut-être par déchanter si elle devait finir par passer ses journées à faire des photocopies et à préparer le café, elle a quand même l'impression d'avoir réussi quelque chose. Ce genre de sentiment d'accomplissement, c'est important, vraiment important pour elle. Elle va peut-être déchanter, ça se peut tout à fait, mais en attendant, elle est aux anges, et elle a besoin de le partager. "Je sais pas encore trop ce qu'on va me demander de faire, mais j'ai hâte." Nouvelle gorgée de jus d'orange. "Ça va, toi ? En dehors de toute la paperasse, je veux dire."
Maman d'un petit garçon, Georges, âgé de cinq ans (03.11.2018)
Mar 23 Mar - 1:51
Invité
Mar 23 Mar - 18:09
La famille qu'on choisit
Aelita a beau avoir toujours eu confiance en elle et dans ses capacités, c'est la première fois qu'elle se retrouvait confrontée aussi frontalement au monde du travail, même si ce n'était qu'un stage et rien de plus. Jamais elle n'avait rédigé de CV et de lettre de motivation auparavant, jamais elle n'avait passé d'entretien, alors forcément, sa belle confiance en elle en avait pris un petit coup, mais pas au point pour elle de renoncer, et pour cause, elle ne pouvait pas renoncer alors qu'elle recevait le soutien inconditionnel de son interlocutrice. Quand Camille lui affirme qu'elle savait qu'elle allait y arriver, elle sait que ce ne sont pas des mots prononcés en l'air, et ça compte beaucoup pour elle, que l'on croie dans ses capacités, dans sa réussite, même dans ce genre de circonstances où les enjeux ne sont pas si terribles non plus... même si elle avait dû échouer, ça n'aurait pas été la fin du monde, après tout... Mais quand même, au fait de ne pas avoir réussi se serait ajouté le sentiment d'avoir déçu les attentes de Camille, et l'adolescente ne l'aurait sans doute pas très bien vécu.
Oui, elle aussi est sûre qu'elle va s'y plaire, même si tout est encore un peu flou pour elle. Mme Rojas avait l'air de vouloir lui donner un rôle plus important que la mission "café et photocopieuse, mais tant qu'elle n'y serait pas, elle n'aurait pas vraiment la garantie de ce qui l'attendrait. Mais elle serait très rapidement fixée. "Les dates de convention sont fixées à dans deux semaines, mais je peux déjà passer dès demain après les cours pour me familiariser un peu avec l'endroit. Donc si je rentre tard prochainement, faudra pas t'inquiéter. Mais je te passerai mon emploi du temps", ajoute-t-elle, parce qu'elle sait que ce genre de choses comptent pour Camille.
Quand elle en parle, elle a des étoiles plein les yeux. Pourtant, s'ajouter du travail supplémentaire ne devrait peut-être pas la satisfaire autant. Et pourtant si, ça va lui occuper non seulement le cerveau, mais aussi l'esprit, et c'est important pour elle. Elle a un objectif, des missions, ce genre de choses qui l'aident à donner du sens à un quotidien duquel beaucoup trop des personnes dont elle se sent proche sont absentes. "Je peux t'aider à faire quelque chose ?" propose l'adolescente, pleine d'enthousiasme et de bonne volonté, quand son interlocutrice lui apprend que tout va bien pour elle, en dehors de l'administratif.
Elle ne veut pas jouer les indiscrètes et l'interroger sur sa vie personnelle (même s'il lui arrive d'être parfois indiscrète presque malgré elle et a un don pour poser des questions quand personne ne lui a rien demandé et tout le monde se serait abstenu de les entendre). Mais dans tous les cas, elle a du temps devant elle et pas envie de rejoindre sa chambre tout de suite, alors si elle peut se rendre utile, même à une tâche complètement ingrate, ça lui conviendra très bien.
Maman d'un petit garçon, Georges, âgé de cinq ans (03.11.2018)
Ven 30 Avr - 2:07
Invité
Ven 30 Avr - 18:16
La famille qu'on choisit
Un fin sourire étire les lèvres d'Aelita quand Camille confirme qu'elle ne s'inquiétera donc pas de ses retours tardifs à l'orphelinat dans les temps à venir. De la part de son interlocutrice, elle sait que ce n'est pas qu'une manière de parler. Camille a le coeur sur la main, elle se soucie très sincèrement de tous les orphelins qui sont accueillis ici, et c'est une chose que l'adolescente sait apprécier à sa juste valeur, peut-être parce qu'elle était orpheline avant même son arrivée dans ce nouveau monde et sait donc combien certains peuvent prendre à la légère le bien-être de personnes comme elle, en quête constant de repères. Camille a su entretenir un lien privilégié avec chacun des orphelins qui se trouvent ici, et ce n'est pas une façon de parler ou une exagération, c'est quelque chose de bien réel. Et d'admirable.
"Je sais", répond Aelita dans un haussement d'épaules quand son interlocutrice lui fait remarquer que rien ne l'oblige à l'aider comme elle se propose de le faire. "Mais ça me fait plaisir."
Il est vrai qu'elle pourrait très bien consacrer son temps à autre chose, mais le fait est qu'elle a sincèrement envie d'aider si elle le peu. Aelita est pleine de bonne volonté, et quand elle peut aider, elle n'hésite jamais à le faire, à plus forte raison, d'ailleurs, qu'on ne le lui demande pas forcément. Elle songe seulement qu'elle ne sera peut-être pas d'une grande utilité à Camille, mais ça c'est une autre affaire. "Euh... oui oui... enfin je crois... ?" répond Aelita, le rose aux joues quand Camille lui propose de l'accompagner faire le tour des chambres avant de lui demander si la sienne, de chambre, est bien rangée.
Aelita n'est pas quelqu'un de foncièrement désordonné (et quand on a vécu un temps avec Odd, on a un peu le sentiment d'être un exemple d'ordre et de rangement, voire même maniaque - mais il était vraiment difficile de se montrer aussi bordélique que son meilleur ami), mais il peut lui arriver de laisser traîner ses affaires, surtout quand elle est perdue dans ses recherches ou dans elle ne sait quel travail qui concentre toute son attention et toute son énergie. Ce qui ne veut pas dire que c'est forcément le cas à l'heure actuelle mais... enfin, c'est bien possible tout de même qu'il y ait quelques vêtements qui traînent au sol, et elle est à peu près sûre que son lit n'est pas fait aussi.
"En même temps, je viens à peine de rentrer, forcément, j'ai pas eu le temps de ranger", dit-elle en guise de piètre défense tout en talonnant Camille, cherchant déjà à préparer sa défense au moment où elle visiterait sa chambre.
C'est que Camille est quelqu'un de juste, mais elle sait aussi sévir quand nécessaire, et il est bien possible qu'Aelita se soit laissée déborder.