(Terminé) God, am I dead ? I see a ghost... [Aelita]

God, am I dead ? I see a ghost...

feat. Odd

Elle s’est longtemps demandé ce qui valait le mieux : perdre tout espoir et simplement décider de poursuivre le cours de sa vie comme si de rien n’était, ou s’accrocher désespérément au souhait de revoir un jour ses meilleurs amis. La seconde option était douloureuse, elle lui rappelait constamment leur absence, mais la première était peut-être encore pire… elle aurait eu l’impression de les trahir, comme elle en a parfois le sentiment quand elle parvient à se lier d’amitiés nouvelles, comme c’est le cas avec Max ou encore Sabrina, même si l’amitié qu’elle éprouve pour elles n’a rien à voir avec le sentiment d’appartenir à un clan, à une famille, qu’elle ressentait auprès des lyoko-guerriers – logique, personne en dehors d’eux ne pouvait véritablement comprendre toutes les épreuves qu’ils avaient vécues et donc la force de ce qui les unissait…

Bon, il y avait en revanche une autre forme de trahison, de laquelle elle s’était par contre rendue entièrement coupable, et c’était définitivement son rapprochement avec Xavier… qu’en dépit de tout ce que sa culpabilité parvient à lui asséner, elle ne réussit pas à regretter. Bien sûr qu’elle aimera toujours Jérémie, et bien sûr qu’il lui manque, mais Aelita ne s’est jamais sentie aussi vivante que depuis qu’elle est avec lui (mais ça, c’est parce qu’elle ne sait pas encore tout – quand elle l’apprendra, elle sera à coup sûr mortifiée, en revanche, mais ça, c’est encore une autre histoire. En attendant, grâce à lui, à ses attentions et à sa présence, elle réussissait à garder la tête haute et à se sentir un peu mieux… et récemment, plus que jamais, elle a l’espoir de retrouver tous ses meilleurs amis. Puisque le destin a remis Ulrich sur sa route, Odd, Jérémie et Yumi ne devraient pas tarder à suivre, pas vrai ? Elle les recherche, en tout cas, assidûment, et, ce faisant, a un peu l’impression d’en être revenu à ces premiers mois où elle avait le constant sentiment de croiser ses proches partout où elle se rendait.

Combien de fois avait-elle considéré l’une ou l’autre silhouette avec l’espoir au creux de la poitrine, pour que la personne en question se retourne et que l’adolescente aux cheveux roses réalise finalement que ce n’était pas qui elle espérait ? Une conversation lointaine, et elle avait l’impression d’entendre la voix de Yumi, un chien errant, et elle avait l’impression de reconnaître Kiwi, quelqu’un prononçait le nom de Jérémie, son cœur battait la chamade, mais bien sûr, ce n’était jamais son Jérémie… Depuis, elle avait un peu appris à se raisonner. Mais pas tout à fait non plus. Parfois, encore, ça lui arrive d’avoir l’impression d’entendre ou d’entrapercevoir ses proches…

Par contre, il a sans doute fallu qu’elle s’égare vraiment très, très loin dans ses pensées pour d’un seul coup avoir l’impression que la benne à ordures à côté de laquelle elle vient de passer a parlé avec la voix d’Odd. Elle s’arrête, perplexe, et la voix s’élève de nouveau… Et il parle de Kiwi. Attends… quoi ? Aelita jette des regards autour d’elle : est-ce qu’elle va vraiment ouvrir les poubelles dans l’espoir que son meilleur ami soit à l’intérieur ? Baaaah écoutez, on dirait bien que oui.

T’es complètement folle, Aelita…, songe-t-elle au moment de soulever le couvercle pour découvrir au milieu des ordures odorantes…

« Odd, c’est bien toi ? »

Ou bien c’est lui, ou alors c’est l’hallucination la plus perchée qu’elle aura jamais de toute son existence.

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feat. Odd

Cette fois, elle en est sûre, c’est bel et bien Odd, et Odd dans un sale état. Comment a-t-il pu se retrouver dans une telle situation ? Aelita sait bien que son ami a toujours eu le don de se mettre dans des situations pas possibles, mais là, le coup de la benne à ordures, c’est lairement une première. Ni une ni deux, l’adolescente aide son meilleur ami à quitter cette satanée poubelle à l’odeur infecte. Elle a souvent imaginé leurs retrouvailles, mais clairement, même dans les scénarios les plus rocambolesques imaginables, elle aurait été incapable d’envisager une chose pareille. Au moment d’extirper Odd de la benne, il s’étalent lamentablement au sol, mais en réalité, elle s’en fiche complètement, elle s’en fiche parce qu’elle a retrouvé son meilleur ami, et là, tout de suite, c’est tout ce qui compte.

« Je pensais que je te reverrais jamais, je suis tellement heureuse ! »

Et elle le serait davantage, ceci dit, si elle retrouvait son meilleur ami dans un meilleur état. Là, tout de suite, elle est aussi heureuse de le retrouver qu’inquiète de le retrouver dans cet état. Elle a envie de le prendre dans ses bras, mais elle se retient, parce qu’elle sent que le pauvre Odd n’est pas du tout dans son assiette. Plutôt que de lui faire plus de mal que nécessaire, il va surtout falloir qu’elle le conduise à l’hôpital, et vite. Après seulement, une fois qu’il sera pris en charge, ils pourront envisager de se retrouver en bonne et due forme, et elle de lui poser toutes les questions qui lui traversent l’esprit.

Mais Aelita n’a rien le temps de dire au final, parce que avant qu’elle ait eu le temps d’ajouter quelque mot que ce soit, un type à l’air patibulaire, un pied-de-biche à la main, se précipite dans leur direction. Alerte, Aelita se redresse, suivie de Odd qui lui agrippe immédiatement le poignet. Ce type en a après Odd ? Mais pourquoi ? Là encore, pas le temps d’expliquer : le gars a l’air dangereux, ils doivent absolument fuir. Aelita voudrait courir le plus vite possible, le souci, c’est que les jambes d’Odd, blessé, ne suivent pas. Il manque s’écrouler plusieurs fois sous le regard angoissé d’Aelita. Mais dans quelle situation Odd s’est-il fourré. Oui, il faut qu’ils trouvent une solution : ils ne peuvent pas courir indéfiniment, ça ne servirait à rien, de toute évidence. A toute vitesse, elle réfléchit, considérant tous les bâtiments autour d’eux. Finalement, apercevant un homme entrant dans un immeuble, elle se précipite, serrant à son tour le poignet de son meilleur ami, elle l’entraîne pile à temps pour qu’ils puissent rentrer en même temps que cet homme qui, circonspect, leur jette un regard de travers.

« Désolée », s’excuse doucement Aelita, mal à l’aise. Mais le type a l’air d’en avoir vu d’autres, et de s’en ficher royalement, surtout. Il hausse les épaules et retourne à ses affaires, les laissant seuls dans le hall, partiellement protégés du type de l’autre côté. « Je vais appeler une ambulance », dit-elle en se saisissant de son téléphone. « Et en attendant, tu vas m’expliquer ce qui se passe », ajoute-t-elle, directive. « C’est qui ce type ? »

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feat. Odd

« Ne me prends pas pour une idiote, Odd, il te connaissait, ce type », répond Aelita d’un ton sévère.

L’enthousiasme qu’elle a à le retrouver ne lui fait pas oublier pour autant de lui remonter les bretelles quand elle pense qu’il le mérite… bon, ceci dit, vu son état, il est déjà en train de récolter plus que largement la monnaie de sa pièce, mais l’inquiétude vive d’Aelita ne l’aide pas non plus à se montrer plus clémente. L’adolescente aux cheveux roses est vraiment angoissée, pour le coup… Elle vient tout juste de retrouver Odd, ce n’est pas pour le perdre comme ça, bêtement. Bon, elle en fait sûrement trop, mais elle a peur, autant quand elle voit l’état de son ami qu’à l’idée que cet homme qui en a après son meilleur ami puisse décider de lui adresser des représailles pour… mais pour quoi exactement ? Il est clair qu’Odd lui doit des explications. Mais il est également clair qu’il n’est pas en état de lui adresser ces mêmes explications.

Il lui répète encore ne pas savoir qui est ce type. Est-ce qu’elle doit le croire ? Elle peut bien admettre que ce ne sont pas les tarés qui manquent dans cette fichue ville, elle-même en a croisé un sacré nombre, mais ça ne suffit pas à la rassurer malgré tout… Même si trois années se sont écoulées sans qu’ils se voient, Aelita veut croire qu’elle connaît encore suffisamment son ami pour savoir déceler s’il ment ou pas. Et en même temps… est-ce qu’elle le connaît encore vraiment. Ils avaient treize ans, la dernière fois qu’ils se sont vus. Treize ans. A présent elle en a seize, Odd doit en avoir dix-sept. A leurs âges, ça fait une grande différence. Peut-être que Odd n’a plus rien à voir avec celui qu’elle a connu, va savoir ?

« Mais pourquoi tu devais te présenter à son appartement… ? » demande Aelita, circonspecte, tandis qu’Odd essaye de se justifier. Est-ce qu’il lui ment ? Est-ce qu’il est tellement dans les choux qu’il est tout bonnement incapable d’articuler ses pensées correctement ? Ce n’est sans doute pas le moment de l’interroger, mais elle a vraiment du mal. Le fait de le voir lutter contre la douleur fait qu’elle accepte d’en finir avec son interrogatoire pour le moment. « ODD ! »

Aelita est en panique totale tandis qu’elle soutient à temps le corps de son ami pour l’empêcher de se cogner la tête. Sa main tremble terriblement quand elle appelle l’ambulance qui, heureusement, arrive assez rapidement. Durant ce temps, elle a fait tout son possible pour aider Odd, mais le fait est qu’elle ne sait pas du tout quoi faire dans ce genre de situations (c’est malin, Aelita). Heureusement, les professionnels savent mieux y faire qu’elle. Ils acceptent qu’elle fasse le trajet en ambulance avec Odd… La suite, la suite se résume en une longue attente, alors qu’Odd est transporté dans une chambre d’hôpital. Personne ne veut lui dire grand-chose, et Aelita ronge son frein, angoissée. Elle envisage d’appeler Ulrich, mais elle ne veut pas l’inquiéter plus que nécessaire. Elle ne veut pas lui apprendre le retour d’Odd si c’est pour dans la foulée lui révéler dans quel état elle l’a retrouvé. Oui, autant attendre. Mais en attendant, elle ronge son frein. Le temps lui semble interminable avant qu’on lui apprenne que Odd est réveillé, qu’il va bien, et qu’elle peut aller le voir.

Quand elle arrive dans sa chambre, elle lui adresse un fin sourire, heureuse de le voir dans un meilleur état que précédemment.

« Me refais plus jamais ça, Odd, je te préviens ! T’as pas le droit de me faire une chose pareille alors que je viens de retrouver », fait-elle mine de le prévenir, trahi par son sourire soulagé et rayonnant. « Comment tu te sens ? »

God, am I dead ? I see a ghost...

feat. Odd

Aelita pose sur Odd un regard indulgent. C’est sûr qu’elle aurait préféré que leurs retrouvailles se passent d’une autre manière, mais elle n’en veut pas le moins du monde à son ami pour autant. Elle a été bien plus inquiète que véritablement en colère, d’ailleurs, et encore maintenant, elle a du mal à réaliser que c’est bel et bien son meilleur ami qui se trouve allongé dans ce lit d’hôpital : ça lui paraît, par bien des aspects, absolument irréel, mais le son de sa voix (si particulier, n’est-ce pas), et tout ce qui fait que Odd et Odd sont restés intacts, comme dans son souvenir, et ne laisse aucun doute quant au fait qu’ils se sont bel et bien retrouvés. Et à présent que l’adolescente aux cheveux roses peut être là pour lui, elle a bien l’intention de veiller sur lui et de l’empêcher de faire de nouvelles bêtises, même si elle n’en a pas complètement compris la nature, elle doit l’avouer.

« T’inquiète, c’est rien. On en rediscutera plus tard, je mènerai mon interrogatoire en bonne et due forme quand tu seras complètement remis », le prévient-elle sur le ton de l’humour. Bien sûr qu’elle s’est inquiétée, mais c’est derrière eux, maintenant. Odd va bien, tout va bien, c’est définitivement ce sur quoi elle veut se concentre – sur ça et sur absolument rien d’autre. Ils ont tellement de choses à se dire… Elle aimerait bien réussir à se concentrer sur le positif et remettre le négatif à plus tard. Même si la tâche risque de ne pas être facile, loin de là, compte tenu de l’état où Odd se trouve encore.

Un léger rire s’échappe de ses lèvres quand son ami lui confie avoir l’impression que Jim lui a roulé dessus. Ces références à leur vie passée lui fait du bien… En se plongeant dans cette bulle des retrouvailles, elle pourrait presque oublier où ils se trouvent… Comme si on avait appuyé sur la touche « retour vers le passé », pour leur permettre de faire comme si ces trois dernières années ne s’étaient pas écoulées. Sauf qu’ils ont changé. Ils ont nécessairement changé.

« Kiwi est ici ? » Aelita ne pensait pas qu’elle serait à ce point heureuse d’apprendre que le chien de Odd avait fait le voyage jusqu’à cet endroit, mais son regard s’illumine à cette pensée. « Bien sûr que je vais m’occuper de lui. Tu habites où ? Où est-ce que je peux le chercher ? »

L’instant d’après, Odd lui apprend qu’il a soif, Aelita hoche immédiatement la tête, évidemment aux petits soins pour son meilleur ami, qu’elle a envie d’aider autant que possible. Elle va directement remplir un verre d’eau au lavabo de la salle de bain adjacente à sa chambre, et le dépose sur la tablette à côté de son lit.

« N’en profite pas trop », le prévient-elle avec humour. « Dans la seconde où tu vas mieux, j’arrête d’être aux petits soins pour toi. » Elle s’installe à côté de lui. « On n’est pas obligés de revenir sur l’épisode de la benne – pas tout de suite – mais tu veux bien me parler de toi ? Comment ça se passe pour toi, ici ? Je veux dire… en temps normal… »

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feat. Odd

Aelita adresse un regard suspicieux à son meilleur ami quand ce dernier lui assure qu’il lui dira toute la vérité, mais elle laisse couler pour le moment. De toute façon, s’il doit décider de mentir ou de ne pas être totalement honnête envers lui, elle le saura, elle le sentira immédiatement, c’est sûr et certain… Ou pas, mais elle s’en convainc parce que même si cette situation devrait lui convaincre qu’après toutes ces années, Odd a bien changé, de même qu’elle aussi a naturellement changé, elle refuse de le croire complètement.

Autant se concentrer, en attendant, sur les bonnes nouvelles, et parmi celle-ci, le fait que Odd soit arrivé ici accompagné de son fidèle Kiwi. Cette pensée la rassure. Ça aurait été étrange de voir son ami sans son cabot pour lui trottiner entre les jambes. Alors, les raisons pour lesquelles son chien a pu le suivre jusqu’ici sont en revanche très mystérieuse, mais ça, c’est encore autre chose, en revanche. La jeune femme se marre doucement quand Odd suggère que Xana pourrait se planquer dans le corps de Kiwi.

« Quelque part, ce serait ironique, Xana, condamné à se lécher l’entrejambe pour le restant de ses jours », plaisante-t-elle. « Ce serait bien fait pour lui. Mais pauvre Kiwi, par contre… » Elle tourne vers Odd un regard soulagé. Là, elle a vraiment l’impression de retrouver le Odd qu’elle a toujours connu, lui et ses vannes pas toujours de bon goût. Elle hoche la tête en retenant mentalement les indications de son ami pour aller récupérer Kiwi. « C’est noté », fait-elle, qui en même temps est curieuse de découvrir à quoi peut bien ressembler l’endroit où vit Odd à présent… ce n’est sans doute pas mieux, dans le fond, que la chambre qu’il occupait à Kadic à l’époque. Elle pensera bien à retenir sa respiration avant d’entrer dans la « zone ».

Mais pas tout de suite. Pour l’instant, elle se concentre sur Odd et sur leurs retrouvailles, rien de plus. Et donc, elle accepte de lui tendre un verre d’eau, non sans lui faire remarquer qu’elle ne serait pas toujours autant aux petits soins pour lui.

« Kiwi pensera que j’ai raison de ne pas encourager la flemmardise de son maître », rétorque-t-elle avec un sourire en coin.

Elle a l’impression que quelque chose change en lui au moment de devoir parler de sa vie, mais elle ne relève pas. Elle n’a pas l’intention de le mettre mal à l’aise : elle a juste envie de comprendre, c’est tout. Elle a le sentiment, quand il lui parle, qu’il ne lui dit pas tout. Il lui parle de l’homologue de Jim, et si l’anecdote l’amuse, elle lui semble insignifiante, comme une manière de noyer le poisson.

« Je suis au lycée aussi. Sans doute le même que toi, je ne sais pas pourquoi on ne s’est jamais croisés. » Elle baisse les yeux. « Je vis à l’orphelinat… ça a pas toujours été simple… et tu m’as sacrément manqué. Je me suis fait quelques amis cools quand même – mais pas autant que toi, t’inquiète. Il va falloir que je te les présente. »

Elle va attendre un peu avant de lui parler de Xavier, par contre.

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feat. Odd

Aelita a à peine envie de s’excuser au moment de voir Odd devoir s’empêcher de rire pour ne pas réveiller sa douleur. Pas qu’elle ait envie de lui faire du mal – et puis quoi encore ? –, mais ça fait tellement de bien de l’entendre rire ! C’est au moment de l’entendre rire de nouveau que l’adolescente réalise à quel point ce rire lui avait manqué, terriblement manqué… Elle trouvait une certaine forme d’humour à chacun de ses amis, mais c’était définitivement avec Odd qu’elle s’était toujours payée les meilleures tranches de rire, et elle est beaucoup trop heureuse de pouvoir retrouver à nouveau cela. Elle esquisse tout de même un sourire en voyant que Odd a l’air d’avoir vraiment, vraiment mal. Elle pourrait pousser le vice jusqu’à dire qu’il l’a bien cherché, mais elle se fait surtout du souci pour lui, en cet instant.

Elle a envie de lui poser des questions, que ce soit sur son état ou bien sur tout ce qu’il ne lui a pas dit encore, mais elle admet finalement que faire des blagues bas de plafond au sujet de Kiwi et de Xana est encore le mieux qu’il puisse faire. Et c’est au tour d’Aelita de rire aux éclats au moment d’entendre Odd suggérer que Kiwi a pris la place de Xana, si bien que Lyoko aurait un visage très différent, maintenant.

« Et les tours de Lyoko ressembleraient à des immenses joujoux qui font pouet, c’est ça ? » suggère-t-elle ne se marrant.

Bon, d’accord, il est préférable d’y aller mollo sur la gaudriole, mais à présent qu’elle a le sentiment que son meilleur ami va bien et qu’il est en sécurité, c’est plus fort qu’elle : elle est beaucoup trop heureuse de l’avoir retrouvé ! et encore plus heureuse de constater que leur complicité d’antan est demeurée intacte. Trois années se sont écoulées, on change forcément beaucoup en trois ans quand on est adolescent, mais tout ça se dissipe en présence de Odd, et c’est un peu comme si elle revenait en arrière, et bon sang ce que ça lui fait du bien.

« Oui oui, bien sûr », reprend-elle en affichant la mine la plus sceptique de sa panoplie quand Odd suggère que Kiwi voudrait surtout qu’il faut l’aider avec ses tâches ménagères et ses devoirs. « J’en connais un qui a envie de profiter de la situation pour mener la vie de pacha », plaisante-t-elle avant d’en venir à un sujet plus sérieux.

Elle n’est tristement pas surprise d’entendre que Odd étudie dans le même lycée qu’elle. Comment justifier alors qu’ils ne se soient jamais croisés ? La réponse est bien simple : il est impossible de le justifier, parce que ça n’a juste aucun sens, et que ça leur plaise ou non, ils vont devoir accepter de faire avec. Pire encore, il est bien possible qu’ils aient fréquenté l’orphelinat en même temps et ne s’y soient pas croisés non plus : prétendre que ça confine au ridicule est encore en-deçà de la réalité, mais ça.

« Bon, l’essentiel c’est qu’on se soit retrouvés. Mille ans plus tard d’accord, mais on va dire que c’est bon signe. Et j’espère que les gens ne sont pas trop nombreux à s’arracher ton amitié parce que j’ai bien l’intention de tenir le haut du podium. Enfin, c’est pas comme si j’avais à m’inquiéter, pas vrai ? T’as évidemment rencontré personne de plus cool que moi ici. »

Bon sang ce qu’il lui a manqué ! Et comme ça lui fait du bien de l’entendre dire que c’est réciproque. Peut-être que ça a l’air de rien, mais à ses yeux c’est vraiment, vraiment important.

« Tu sais quoi, même si on me transférait dans cinquante autre dimensions en me donnant en surplus un immense coup sur le crâne, je te reconnaîtrais à chaque fois. » Elle l’observe un instant, soucieuse. « Tu veux peut-être que je te laisse te reposer ? »