S'il y a bien une chose qu'Aelita a très vite comprise et intégrée au cours de sa relativement courte existence, c'est que l'être humain n'a pas son pareil pour s'adapter. Peu importe la situation qui se présentera à vous, pour peu que vous décidiez de survivre, pour peu que vous choisissiez que ça en vaut la peine, vous trouverez votre chemin, et vous tiendrez bon, en dépit des craintes et des interrogations. Aelita l'a expérimenté à plusieurs reprises au cours de sa vie : une première fois quand elle s'est installée sur Lyoko avec son père, une deuxième au moment de rejoindre la Terre, familière sans l'être, et maintenant... aux prises avec cette ville qu'elle ne comprend pas, qu'elle apprivoise à peine, et qui est le nouveau décor, non pas immuable car cette ville semble changer constamment de visage, mais du moins pérenne de son existence.

Il a fallu du temps à Aelita pour prendre ses marques. Dans un premier temps, elle ne cherchait qu'à fuir, à trouver des explications, à retrouver ses meilleurs amis, à déceler la moindre trace de ce qui lui permettrait de mieux appréhender la situation. Elle veut encore aujourd'hui se convaincre qu'elle se trouve dans une nouvelle réalité virtuelle, que tout ceci est l'oeuvre de XANA, car si c'est le cas, un jour ou l'autre, ils pourront reprendre le contrôle, un jour ou l'autre, Jérémie, Odd, Yumi et Ulrich la retrouveront et tout sera comme avant. Mais en attendant... eh bien, il a fallu apprendre à vivre.

Et même si Aelita a mis plus de temps à se faire à cette ville sans nom qu'elle n'en avait mis à s'adapter à Kadic, elle a pris ses marques, a repris le cours d'une vie presque routinière, familière et en même temps différente. Elle s'est façonnée de nouveaux repères, elle s'est fait quelques nouveaux amis. Les cours et le rythme lycéens ont organisé son existence de sorte de la déstabiliser un peu moins. En bref, cette vie étrangère suit son cours, et finalement, elle aura passé plus de temps ici qu'à Kadic... ce qui peine à avoir le moindre sens à ses yeux.

Elle a ses habitudes, ses réflexes, sa routine. Notamment celle de se rendre régulièrement, une fois les cours terminée, à la bibliothèque du quartier. La présence des livres la réconforte. Qu'elle se plonge dans un roman dans l'espoir de s'évader, qu'elle travaille assidument à une dissertation ou encore qu'elle cherche à dénicher l'ouvrage qui lui permettra d'y voir plus clair dans sa situation pour le moins alambiquée, elle trouve une forme de réconfort dans cet endroit où elle peut passer des heures assise à une même table, à éplucher avec sérieux et application.

Après avoir fait le tour des rayonnages, plusieurs livres sous le bras, elle pénètre la pièce principale en quête d'une table à laquelle s'asseoir. C'est alors qu'elle reconnaît une silhouette familière, celle de Betty. Un sourire se dépose sur ses lèvres. Elle a connu Betty quand cette dernière était encore au lycée et Aelita au collège. Elle avait pris sa défense contre quelques brutes qui depuis la laissaient globalement tranquille. Aelita l'apprécie beaucoup. Elle la considère comme un de ses repères les plus solides ici.

"Salut Betty", la salue Aelita avec enthousiasme mais à voix basse tout de même - bibliothèque oblige. "Je peux m'installer avec toi ?"

Betty accepte de lui faire une place sans protester, la jeune fille aux cheveux roses la gratifie d'un sourire. Aelita n'a pas envie de s'imposer, mais elle n'a pas le sentiment que sa présence dérange la jeune femme. Au contraire, même, elle semble heureuse de passer du temps en sa compagnie, et c'est réciproque. Aelita est quelqu'un de sociable, elle aime faire des rencontres, elle aime se faire de nouveaux amis... c'est devenu une nécessité, même, pour elle.

Elle a toujours eu cette volonté, dès l'instant où elle s'est retrouvée sur Terre (même si elle n'est pas complètement certaine de s'y trouver encore), celle de compenser près de dix années de solitude en profitant de ces présences humaines qui lui avaient manqué sans même qu'elle soit capable de le réaliser. Elle n'a pas de mal à se rapprocher des autres, même si elle n'arrive pas à nouer des liens aussi solides avec ses nouveaux camarades qu'elle n'en avait construits avec Jérémie, Odd, ou encore Yumi et Ulrich (mais difficile en même temps quand elle n'ose pas partager avec eux l'intégralité de son expérience - et quand elles se demandent une fois sur deux si ils sont bien réels ou de pures créations de XANA).

Betty a été une de ses meilleures surprises arrivée dans cette ville, et elle apprécie définitivement passer du temps avec elle, d'autant que la jeune femme semble ouverte au dialogue, même si ça doit être pour faire la conversation avec une gamine de quinze ans.

"Ça va, ça se passe bien, je m'en sors plutôt pas mal."

C'est modeste de sa part. Aelita peut se vanter d'être ce que l'on pourrait qualifier de petit génie - enfin, à son échelle, elle reste une adolescente tout de même -, surtout quand il est question de maths et d'informatique, mais elle a bien compris que se vanter de ses résultats ou de son potentiel, même sans penser à mal, ce n'est pas la meilleure manière de se faire apprécier des autres.

"En fait, j'étais juste venu lire tranquillement. J'ai emprunté quelques romans, je sais pas ce qu'ils valent, mais on verra bien", ajoute-t-elle en désignant les livres qu'elle a embarqués avec elle et dont elle est toute prête à dévorer le contenu. "Et toi ? Tu travailles, j'ai l'impression...", remarque Aelita en considérant les quelques notes prises par Betty sans pour autant se hasarder à essayer de les déchiffrer. Elle ne voudrait pas paraître impolie ou intrusive. "Tu bosses sur quoi ?"

En espérant que sa curiosité ne va pas agacer. Betty est de bonne composition avec elle, mais Aelita sait qu'il peut parfois être agaçant de voir autrui s'immiscer dans ses affaires, même quand c'est armé de la meilleure des intentions du monde.

Aelita affiche un sourire quand Betty la qualifie de bonne élève. Elle pourrait jouer la carte de la modestie, mais sans être vantarde, l'adolescente a toujours su reconnaître ses qualités, et ses capacités scolaires, qui au fond peuvent être assez superficielles au regard de la "vraie vie". Même si elle n'est pas forcément aussi douée dans tout, elle a notamment eu beaucoup de retard à rattraper en littérature, notamment. Sur Lyoko, l'opportunité d'écrire manuellement et surtout de lire autre chose que quelques assemblage de codes n'étaient quand même pas nombreuses... Ce n'est pas pour rien si elle lit autant à présent, aussi, c'est aussi pour pallier ce manque dont elle a complètement conscience.

A ce sujet, d'ailleurs, Betty apprend que le petit ami de cette dernière a la vocation de devenir écrivain. Aelita sait bien que l'on n'est jamais objectif quand on parle de la personne qu'on aime, mais elle est convaincue que Betty reste sincère, et cela rend Aelita curieuse, comme elle est également curieuse de faire un jour la rencontre de ce jeune homme dont Betty lui a parlé plus d'une fois. Sur ce point, Aelita l'envie un peu. Elle aurait voulu que Jérémie soit là, avec elle. Tout serait plus simple, pense-t-elle, si Jérémie était avec elle. Mais elle ne veut pas se laisser gagner par la nostalgie. Non, à la place, elle a bien l'intention de bien s'ancrer dans l'instant présent.

"Qu'est-ce qu'il écrit ? Des romans ? Des nouvelles ?" demande-t-elle, très curieuse, en espérant que Betty ne lui reprochera pas de l'être. Avant de reprendre. "J'ai pris un peu de tout. Mais surtout des romans policiers et d'espionnage, c'est ce que je préfère", lui apprend-elle quand son interlocutrice lui demande quels livres ont eu sa préférence, tout en lui montrant la couverture de certains d'entre eux pour qu'elle s'en fasse une idée. Elle aura peut-être des conseils à lui donner ? Une aspirante journaliste comme elle doit sûrement beaucoup lire, c'est même certain.

Et à propos de sa future carrière de journaliste, Betty doit rédiger un article sur le sujet de son choix. La forme très libre du sujet pourrait laisser supposer une certaine facilité, il suffirait d'écrire sur un sujet que l'on maîtrise très bien, mais c'est traître aussi. Un sujet imposé permet d'avoir des directives et une bonne idée de ce que l'on attend de soi.

"Un corps de métier ? Tu sais déjà lequel ?" demande Aelita, maintenant bien plus intéressée par le travail de Betty que par ses propres lectures ou ses études. Si bien qu'elle balaie un peu d'un revers de manche la question de Betty quand cette dernière lui demande si elle a beaucoup de devoir. "Des devoirs, j'en ai pas mal, mais rien de franchement passionnant. J'adorerais qu'on me demande d'écrire un article de presse, même si je suis sûre de ne pas avoir la moitié de ton talent. - à la place, je me retrouve avec des dissertations sur les écrivains romantiques allemands du dix-huitième siècle."

En entendant que le petit ami de Betty écrit surtout des récits policiers, Aelita est encore plus intriguée. C'est évidemment un genre qui lui parle, et elle a d'autant plus envie d'avoir un jour l'occasion de lire une de ses productions. Elle espère de tout coeur que le jeune couple réussira ses objectifs, ils le méritent autant l'un que l'autre. Certes, Aelita n'a jamais eu l'occasion de parler avec ce fameux petit ami, mais ça ne l'empêche pas d'être convaincue du fait qu'il est quelqu'un de bien. La manière dont Betty parle de lui ne laisse aucun doute, et cette dernière ne jetterait sans doute pas son dévolu sur un garçon qui ne la mériterait pas.

Deux jeunes gens passionnés, déterminés à vivre de leur plume et de ce qui les inspire le plus. Aelita est sûre qu'ils iront loin. Dans le cas de Betty, elle n'en doute pas. L'adolescente aux cheveux roses a très vite été conquise par le bel esprit de la jeune femme, qu'elle considérait comme un exemple à suivre. Vivre dans ce nouvel environnement est difficile pour Aelita, d'autant qu'elle se sent privée de tout repère, mais el retour, elle a fait vraiment des rencontres qu'elle estime exceptionnelles, et qui toutes l'ont portée et aidée. Il y a plus d'un esprit brillant sur cette île. Et Aelita est heureuse de tous pouvoir les côtoyer. Ou une grande partie d'entre eux, en tout cas.

Quand Betty évoque le corps de métier qu'elle compte interroger, c'est ce qu'il y a de plus logique, ça fait clairement sens. Et Aelita espère qu'elle pourra obtenir facilement un entretien avec la police locale. Dans les circonstances actuelles, ce n'est pas toujours simple à dire.

"Peut-être bien", admet Aelita quand Betty suggère que cette période finira peut-être par lui manquer (pas en ce qui concernait ses éventuels talents d'écriture. Elle ne se fait vraiment pas d'illusion sur la question).

Elle sait que certains disent que les années lycée sont les plus belles années, elle sait aussi que d'autres estiment que ce soit les pires. Aelita n'a pas d'idée arrêtée sur la question. L'année qu'elle chérira le plus restera sans doute celle où elle a enfin pu se rendre sur Terre, rejoindre ses meilleurs amis, voir Jérémie en chair et en os... On ne sait jamais quand une période sera pour nous la meilleure. Généralement, elle est déjà passée quand on réalise que c'était le cas.

"Mes amis me manquent beaucoup", ose-t-elle se confier, après un moment. "Je crois que ce serait plus simple de profiter de ces moments s'ils étaient là."

Oh ça, Aelita veut bien croire Betty quand cette dernière lui assure que la vie d'adulte n'a rien de simple, et l'adolescente n'a jamais voulu laisser entendre le contraire, ça ne l'empêche pas de l'envier au moins un peu. Elle aimerait être plus indépendante, s'assumer, quitte à accepter les difficultés qui vont forcément de pair avec cette affirmation, cette indépendance. Elle sait bien que quand les années auront passé, elle se retrouvera confrontée à d'autres sortes de difficultés, mais en attendant, elle fait de son mieux avec celles qu'elle est bien contrainte de regarder en face. Il faut savoir vivre le moment présent, mais quand ce moment présent nous hurle qu'il manque indéniablement quelque chose, c'est toujours plus délicat.

Et dans le cas d'Aelita, ce qui lui manque, incontestablement, c'est Jérémie, c'est Odd, c'est Ulrich, c'est Yumi... et le temps passe sans qu'elle ait le moindre signe d'eux. Cela ne veut pas forcément dire que tout espoir est perdu, non. Certains finissaient par se trouver même après des mois de recherche acharnée, c'est l'une des spécificités de cette ville, on dirait. Elle n'en faisait qu'à sa guise et ne vous facilitait pas la tâche sous le prétexte que vous désireriez profondément quelque chose. Mais elle ne veut pas espérer en vain non plus. Si elle ne doit jamais retrouver ses meilleurs amis, peut-être qu'il serait temps qu'elle l'accepte et qu'elle fasse son deuil, il serait plus simple, de cette manière, de faire son deuil et de passer à autre chose. Mais ça, c'est évidemment beaucoup plus facile à dire qu'à faire.

Surtout quand Betty, de son côté, l'encourage à ne surtout pas perdre espoir. Aelita ne peut évidemment pas entendre ces mots sans vouloir leur donner la plus grande valeur, sans vouloir s'y accrocher. Et Betty, après tout, n'est-elle pas l'exemple même qu'il est possible de garder avec soi ceux que l'on aime. Son petit ami a été du voyage avec elle. Et Aelita en serait presque jalouse. Elle voudrait la même chose pour elle-même. Jérémie et tous les Lyoko-guerriers à ses côtés.

Le regard d'Aelita s'illumine quand Betty lui offre de l'aider, affirmant qu'elle est une excellente détective, et qu'elle pourrait peut-être faire quelque chose pour elle.

"Oh... vraiment ? Tu crois que c'est possible ? Tu ferais ça pour moi ?" Aelita ne devrait pas s'emballer, elle demande peut-être à son amie de quérir une chose qui n'existe pas, mais elle veut s'agripper à l'espoir qu'elle lui communique tout à coup. A sa maigre échelle, elle est limitée dans ses recherches, mais qui sait si son amie, elle, ne serait pas capable de miracles ? "Ce serait génial. T'imagines pas à quel point !"

Betty doit l'imaginer un peu, en vérité, car ce n'est pas faute de répéter que ses proches lui manquent. Mais en tout cas, oui, si Betty devait décider de l'aider, elle aurait sa reconnaissance éternelle.

Betty a l'air de trouver tout naturel de lui rendre ce service qui, pour elle, compte immensément, aux yeux d'Aelita, ce n'est pas forcément quelque chose de si naturel que cela, en vérité. Elle, elle le ferait de bon cœur si les rôles étaient inversés, mais elle sait que tout le monde ne raisonne pas de la sorte : pas l'envie, pas le temps, leurs propres problèmes à gérer... Pour cette raison, Aelita n'est que plus reconnaissante envers son amie du temps qu'elle consent à lui accorder. Qui sait si cela fera une différence ou non, en attendant, elle parvient à lui donner un peu d'espoir, et cet espoir, l'adolescente réalise qu'elle a, à tout prix, besoin de le conserver, de l'entretenir. Si elle s'adapte à ce nouveau monde, prend ses marques et réussit à s'en sortir au mieux avec ce qu'on lui donne, elle ne peut pas renoncer à retrouver ses proches. Surtout quand Betty lui offre de caresser la promesse si douce, si rassurante, de retrouvailles qu'elle attend depuis beaucoup trop longtemps. Près de deux ans. Autant dire une éternité.

Betty ajoute que ses amis sont peut-être, eux aussi, à sa recherche. Même si cela peut sembler aller de soi, jamais l'adolescente aux cheveux roses n'a envisagé la chose sous cet angle. Elle s'imagine Jérémie, perdu au milieu de cette faune humaine, en train de pirater tous les ordinateurs sur lesquels il saura mettre la main dans l'espoir d'obtenir un signe d'elle. Cette pensée l'attriste en partie, et la rassure en même temps. Oui, il y a encore de l'espoir. Betty lui confirme qu'elle n'a pas encore abattu ses dernières cartes. Et elle a raison, en effet : cette ville est immense, sa configuration semble évoluer sans arrêt... Dans ce dédale impossible, on peut sans doute se chercher des semaines, des mois, des années, sans se trouver...

"Non, je ne les ai jamais croisés... Ou bien... tu penses que leur apparence aurait pu changer ? Non, je n'ai pas changé, moi, ils m'auraient forcément reconnue..."

Les pensées défilent à toute vitesse dans l'esprit d'Aelita, cerveau en ébullition qui se raccroche à de nouvelles branches qu'elle avait pensé hors de sa portée. Ne pas retrouver ses amis au collège, au lycée, lui avait laissé supposer qu'elle était bloquée dans une dimension inaccessible à eux. Mais peut-être qu'elle regardait le problème sous le mauvais angle, tout ce temps. Peut-être que, pour une raison ou un autre, ses amis n'avaient pas été scolarisés dans cette école. Qui sait ce qui aurait pu les prévenir de s'y rendre dans cet endroit étrange. Ou bien ils étaient tous au même endroit sans jamais se croiser, pour une raison qui échapperait à la raison ?

"Attends..."

Aelita tire de son sac une feuille de papier et un stylo et y trace quatre colonnes. Au sommet de chaque colonne, elle écrit les noms de Jérémie, Odd, Yumi et Ulrich.

"Déjà, il faut isoler les informations les plus pertinentes à leur sujet : nom, âge, description physique, c'est évident... Ensuite..." Elle mordille son stylos. "Centres d'intérêt ?"

Aelita hausse les épaules. Elle ne sait pas ce qu'elle entend précisément par "changer"... Elle se dit seulement que dans un endroit où rien ne semble improbable, il finit par être possible également que certains de nos acquis soit bouleversés. Après tout, d'un monde à l'autre, que ce soit Lyoko, Kadic ou même ici en quelque sorte, Aelita n'a pas eu le sentiment d'être complètement la même personne, et il y avait sans doute une raison à cela, même si cette dernière échappe encore à l'adolescente. Elle ne veut écarter aucune hypothèse, même si ce n'est pas forcément une bonne chose non plus, ça élargirait beaucoup trop le champ de recherches, et même si Aelita craint de ne jamais retrouver ses meilleurs amis si elle le restreint trop, elle sait qu'elle doit trouver un juste milieu. Elle préfère se fier au discours de Betty. Elle doit avoir raison. Elle-même n'a pas changé, alors pourquoi eux ? Alors oui, entre treize et quinze ans, on changeait physiquement, et peut-être que Jérémie, Odd et Ulrich la dépasseraient de trois têtes, à présent, mais en dehors de ça...

Aelita affiche un sourire amusé quand son interlocutrice lui assure qu'elle ferait une excellente détective. Peut-être qu'elle devrait y songer, pour plus tard. Encore que si elle était une si bonne détective que ça, elle n'aurait pas besoin de se demander où sont ses meilleurs amis, elle les aurait déjà retrouvés. L'adolescente hoche la tête quand Betty lui demande de lui en dire plus sur ses meilleurs amis. Elle prend des notes sur son tableau improvisé en même temps qu'elle s'adresse à Betty.

"Yumi a un an de plus que moi, ses parents sont d'origine japonaise, Cheveux noirs, yeux noirs, et si elle a pas changé, elle s'habille toujours en noir. Son truc, c'est le sport, la course à pied, surtout. Je vais régulièrement à la salle de sport mais je l'y ai jamais vue. Ulrich aussi est un grand sportif, en fait c'est un peu Yumi au masculin, même physiquement. Sauf pour les origines japonaises. D'ailleurs, les deux se tournent autour depuis une éternité. C'est un leader dans l'âme, mais il a bon coeur..." C'est étrange, quand elle parle d'eux, elle a presque l'impression de parler de le faire mal. De ne pas leur rendre justice. "Odd..." Elle affiche un sourire attendri. "Logiquement, tu le repères à des kilomètres. Je saurais même pas te le décrire physiquement tant son style est... improbable. Il est constamment dans la déconnade. C'est une vraie tête brûlée, il en fait toujours qu'à sa tête. Et on dirait pas comme ça, mais c'est un vrai bourreau des coeurs. Et Jérémie..." Elle prend sur elle pour ne pas fondre en larmes à l'évocation de ce dernier. "C'est l'archétype du geek, le garçon le plus intelligent que je connaisse. Je serais pas étonné qu'il soit enfermée quelque part à recréer tout un mode de communication hyper-élaboré dans l'espoir de reprendre contact avec moi."

Elle glisse sa manche devant ses yeux humides. C'est une étape nécessaire, mais elle ne laisse pas son moral indemne.

"Ils me manquent tellement..."

Oui, en effet, elle connaît bien le reste de ses meilleurs amis - même si, tous autant qu'ils sont, ils ont dû changer, évoluer, en deux ans, tout comme c'est son cas, même si elle ne s'en rend pas entièrement compte. C'est qu'ils ne sont pas seulement des amis, pour elle, ils sont sa famille, au sens le plus strict du terme, étant donné qu'elle a vécu en orpheline la plus grande partie de sa vie. Au vu de toutes les épreuves qu'ils ont traversées, de toutes les aventures qu'ils ont partagées, c'est assez naturellement qu'elle peut se permettre de penser être à même de lire en eux comme dans un livre ouvert, même si l'on est souvent surpris par les personnes que l'on pense pourtant connaître par coeur.

Betty agrémente les détails donnés par Aelita de quelques commentaires qui la font doucement sourire. L'adolescente aux cheveux roses devine que son amie parle d'expérience dans certains cas, comme quand il est question de Yumi et Ulrich et de la façon agaçante qu'ils ont de se tourner autour plutôt que de s'avouer ce qu'ils représentent l'un pour l'autre - encore que, avec un peu de chance et s'ils sont bien ici, ça aura au moins changé.

Quant au fait que Jérémie soit un garçon impressionnant, Aelita ne peut qu'être d'accord, et sans conteste. Il l'a prouvé par bien des aspects, et même s'il n'a que rarement pris part au combat sur Lyoko même, il a fait des miracles à son échelle, a été capable d'inventivité et d'intelligence, de qualité que beaucoup, même du double de son âge, ne seraient sans doute pas capables. Jérémie est son héros, c'est aussi simple que ça... et cette pensée ne peut que la pousser à craquer davantage. Elle a appris à vivre sans lui, sans eux, mais il ne se passe pas un jour sans que la douleur liée à leur absence ne lui oppresse le cœur, comme s'il était captif d'un terrible étau...

Quand Betty la prend dans ses bras, l'adolescente s'abandonne à cette étreinte sans réfléchir, elle en a besoin plus qu'elle ne le pensait. Elle contient ses émotions depuis si longtemps qu'il était normal qu'elles finissent, tôt ou tard, par exploser. Elle a du mal à réprimer ses sanglots, il lui faut un certain temps pour reprendre une contenance.

"Désolée...", s'excuse doucement Aelita une fois ses esprits légèrement repris, tout en essuyant ses yeux et ses joues humides de larmes d'un revers de sa manche. Elle reprend doucement contenance, et elle tente d'être au moins un peu maîtresse d'elle-même. "On était ensemble, avec Jérémie, quand ça s'est passé..." ça, la lune rouge. "Il n'était plus là quand j'ai ouvert les yeux. J'ai tellement besoin de croire qu'il est là quelque part... Je sais que c'est ridicule, on avait que treize ans mais je l'aime... Sans lui, je serais rien du tout, juste un avatar stupide dans un monde virtuel. Je n'aurais même pas conscience d'être humaine... Il a tout fait pour moi, il faut que je sois là pour lui."

Ce n'est pas bon, en effet, de tout garder pour soi, mais il est difficile de se confier, de parler, quand les personnes à qui on avait l'habitude de parler ne sont plus à proximité. Bien sûr, elle apprécie beaucoup Betty, son soutien et son aide lui sont inestimables. Mais ce n'est pas pareil... qu'elle le veuille ou non, ce n'est pas pareil. Malgré tout, ça lui a fait du bien d'extérioriser ses émotions, si elle avait continué de les contenir, elle aurait sûrement fini par exploser, c'est même certain.

Quand Betty lui demande si Jérémie était son petit ami, elle hoche la tête en guise de confirmation sans prononcer un seul mot pour autant. Etait... Elle n'aime pas parler de sa relation au passé, mais en vérité, elle le devrait sûrement. Même si, par miracle, l'adolescent devait être ici... qu'est-ce que ça changerait ? Sans doute rien. Peut-être tout. Elle n'a aucune idée de comment il vit sa nouvelle vie, s'il est là. Et s'il avait décidé de tourner la page, est-ce qu'elle pourrait le lui reprocher ? Non, évidemment. Deux ans se sont écoulés, après tout... Et ils n'avaient que treize ans... Personne ne s'attend à ce que les relations que l'on construit à l'âge de treize ans dure éternellement. Il n'empêche, sa relation avec Jérémie est trop unique, trop précieuse pour qu'elle sache la considérer comme une simple amourette de jeunesse.

Dans tous les cas, qu'ils doivent estimer qu'ils sont toujours ensemble ou qu'ils ne le soient plus, ce qui compte pour elle, ça reste qu'il soit là, qu'il soit en vie, qu'il soit en bonne santé... Elle a besoin de savoir qu'il va bien. Même si d'ailleurs, il devait se retrouver dans une autre dimension, ce qui lui importerait serait tout de même de savoir qu'il va bien, qu'il est en bonne santé, qu'il ne lui est rien arrivé de grave. Et pour cette raison, elle a effectivement besoin que Betty lui rappelle, autant que possible, de ne surtout pas perdre espoir. Grâce à elle, elle réussit à croire dans l'impossible, et ça lui fait du bien.

"Oh..."

Aelita, comme bien souvent, a parlé trop vite. Bon, ça ne la dérange pas forcément de parler de son histoire, elle l'avait déjà fait plus d'une fois, et en compagnie de personnes qu'elle connaissait bien moins qu'elle ne connaît Betty à ce jour, mais elle redoute malgré tout un peu de lui en parler.

"C'est... une histoire plutôt longue et sacrément compliquée. T'es sûre que t'as envie de l'entendre ?"

Elle n'a pas envie d'assommer Betty avec ses histoires. Mais en même temps, elle n'est plus à un déballage près, non ? Et puis, Aelita reste elle-même curieuse d'en apprendre plus sur l'histoire de Betty. C'est peut-être aussi l'occasion d'en découvrir l'une sur l'autre.

"Pour la faire courte, quand Jérémie m'a connue, je vivais littéralement dans un monde virtuel."

La curiosité de Betty est compréhensible. Déjà qu'Aelita a bien compris que son amie l'est de nature... mais il est difficile de savoir, en vérité, quoi dire et surtout par quoi commencer. Bien des détails semblent importante à l'adolescente et n'auront pourtant aucune sorte d'intérêt aux yeux de son interlocutrice. Elle sait qu'elle doit se contenter des faits les plus édifiants, dans la mesure du possible, mais il est toujours plus difficile d'être concis et compréhensible quand on raconte sa propre histoire que lorsqu'on s'applique à partager celle des autres, allez savoir pourquoi. Elle n'a pas envie de se montrer laconique, ou au contraire d'assommer Betty de centaines d'informations. Elle aimerait trouver un juste milieu.

Car à ce stade, il est certain qu'elle ne peut plus y échapper, et d'ailleurs, elle ne veut pas y échapper, elle tient sincèrement à apprendre à Betty ce qu'elle a vécu. Elle estime que c'est normal, elles sont amies, après tout. Et aussi, lui demander de retrouver ses amis sans évoquer Lyoko et Xana, c'est risquer qu'elle passe tout de même à côté d'informations qui sont tout sauf anodines. Et qui sont même, bien au contraire, parfaitement essentielles.

"Je n'existais pas dans le monde réel. Enfin, je n'existais plus. Mon corps était totalement virtualisé dans un monde numérique. C'est mon père qui l'avait créé. Lyoko devait nous servir de refuge, mais la situation s'est emballée. J'ai perdu la mémoire, mon père a disparu, et je me suis retrouvée seule sur Lyoko... Je ne savais même plus que la Terre existait. C'est quand Jérémie a trouvé le supercalculateur relié à Lyoko qu'il est entré en contact avec moi, et que j'ai redécouvert l'existence de la Terre. Il a fait des pieds et des mains pour me dévirtualiser. Et à ce moment-là, il ne savait même pas que l'étais vraiment humaine, pourtant."

A nouveau, elle parle de Jérémie avec une immense tendresse, et pour cause, ce récit, ces souvenirs qui remontent à la surface, ne peuvent que lui rappeler à quel point Jérémie est important pour elle, pas seulement parce qu'elle l'aime et qu'il est son petit ami, mais parce que leur rencontre lui a sauvé la vie. Ce n'est pas exagéré que de l'affirmer, c'est la pure et stricte vérité.

Son récit terminé, qui ressemblerait presque à un monologue, elle n'est définitivement pas certaine d'avoir su articuler en mots ce qu'elle pense. Elle sait qu'elle a laissé beaucoup de zones d'ombre, notamment en ce qui concerne son père. Mais même après avoir exploré du mieux qu'elle pouvait le passé de Franz Hopper, alias Waldo Schaeffer, elle n'est toujours pas certaine d'avoir complètement cerné l'homme qu'était son père... ça n'aide pas.

Aelita veut bien croire que son histoire ne soit pas la plus simple à suivre, d'autant qu'elle a décidé de donner le moins de détails possible à son sujet. L'adolescente n'avait pas envie d'encombrer son amie avec nombre d'informations inutiles, mais résultat, elle veut bien croire que son récit n'en paraisse que plus surréaliste. Il l'était déjà pour les habitants de Kadic qui n'avaient pas connaissance de Lyoko, de XANA et du supercalculateur... elle n'aurait aucun mal à croire que la plupart d'entre eux seraient tout à fait incapables de ne serait-ce qu'imaginer que son histoire était possible, réelle, et pourtant, ils venaient de son monde, de sa dimension. Aelita songe d'ailleurs que si la plupart d'entre eux avaient vent de l'action "retour vers le passé", ils deviendraient fous à cette pensée. Enfin... Au moins, même si Betty semble intriguée par ce qu'elle a vécu, elle la croit, et ça, pour Aelita, ça vaut déjà tout l'or du monde.

Quand elle en revient à Jérémie, l'adolescente aux cheveux roses ne peut qu'approuver de tout son coeur. En effet, Jérémie, sous ses airs de geek froussard, est en vérité un vrai courageux, et Aelita le sait. Elle se souvient de toutes les nuits blanches qu'ils ont passées ensemble, à parler par écrans interposés, dans l'espoir de trouver la clé de sa dématérialisation. Peu importe les épreuves et les circonstances, il n'avait jamais laissé tomber. S'il est ici, Betty a bien raison de le souligner, il est évident qu'il la cherche. Encore faut-il qu'il soit ici, et c'est ce qui l'inquiète. S'ils ont passé tant de temps à se chercher, comment se fait-il qu'ils ne se soient jamais trouvés ? Enfin, Betty semble si sûre d'elle que sa conviction en devient communicative. Et c'est définitivement une excellente chose : c'est pile ce dont Aelita avait besoin, à n'en pas douter.

"Tu voudrais m'en parler ? J'aimerais bien en savoir plus sur toi", observe Aelita quand Betty lui parle d'elle et de ce qu'elle a elle aussi vécu.

Aelita a bien compris qu'ici, tout le monde a une histoire singulière à raconter, mais tout comme Aelita n'avait jamais appris la sienne à son interlocutrice jusqu'ici, l'inverse est tout aussi vrai. Il serait temps d'y remédier, n'est-ce pas ? En tout cas, la curiosité de l'adolescente est sincère. Elle aimerait vraiment en apprendre plus au sujet de son aînée. Elle a beau prétendre qu'elles n'ont pas vécu la même chose (en même temps, elle veut croire que c'est le cas de beaucoup de monde, selon toute vraisemblance), elle a l'air d'avoir emmagasiné une sacrée expérience, elle aussi, et cela intéresse sincèrement Aelita.

Aelita ne lâche plus Betty du regard tandis qu'elle attend d'entendre le récit de Betty. Elle ne veut pas la pousser à la confidence si cette dernière doit ne pas avoir envie d'en parler - il peut être difficile de discuter de son passé quand on sait qu'une grande partie de ce qu'on a connu ne sera sans doute plus jamais -, mais en même temps, elle est vraiment curieuse d'en apprendre davantage au sujet de son aînée. Elle l'apprécie beaucoup, mais elle n'a jamais complètement su la cerner, et cela vient certainement du fait qu'elle ne connaît que les grandes lignes de sa vie. Elle sait qu'elle et son petit ami sont heureusement arrivés ici ensemble, et qu'elle l'aime beaucoup, elle sait qu'elle est étudiante, détective à ses heures, qu'elle est investie, attentive, passionnée, mais son histoire, la vraie, lui échappe encore.

Aelita est triste d'entendre que l'histoire de Betty n'a pas toujours été heureuse, mais elle n'est pas surprise, en revanche. Elle pense que pour se forger un vrai caractère, il faut être passé par des épreuves difficiles, et elle a par ailleurs le sentiment que tous ceux qui ont atterri ici ont tous en commun d'avoir si ce n'est des histoires rocambolesques, du moins compliquées.

Elle avait joué les lycéennes exemplaires pour satisfaire à la requête de ses parents, et cela lui a, apparemment, coûté. Normal. Aelita peut comprendre le besoin d'être à la hauteur de ceux que l'on estime, et la peur de décevoir, également, mais Betty s'était bridée. Jusqu'à ce que... C'est un événement horrible qui l'a poussée à se découvrir des talents d'enquêtrices... Un meurtre, puis un tueur en série dans la nature. En effet, Kadic, en dépit des attaques incessantes de XANA, paraît bien calme en comparaison de Riverdale. Des vies ont parfois pu être en jeu, mais dans l'ensemble, personne n'a jamais connu de drames à ce point éprouvants.

"Eh bien... Je ne m'attendais pas à ça, j'avoue", reconnut Aelita, un peu sonnée. Betty arrive à parler de ça avec une certaine distance, mais l'adolescente ne serait pas surprise que certains de ces événements l'aient ne serait-ce qu'un peu traumatisée, ce qui serait bien normal. "Vous faisiez quoi dans votre gang, alors ?"

Le terme est assez connoté dans l'esprit d'Aelita, mais si ça se trouve, les Serpents ne sont pas bien différents des Lyoko-Guerriers, tout compte fait. Ou pas, elle sent qu'elle a encore plein de choses à découvrir sur le compte de Betty, et plus elle en apprend, plus elle se sent véritablement curieuse à ce sujet. Elle a très hâte d'en apprendre plus la concernant.

Non, en effet, quand on voit Betty, et même quand on apprend à mieux la connaître (comme c'est le cas d'Aelita, qui quand même a eu le temps de sympathiser avec elle en dépit de leur différence d'âge), on ne s'imagine pas qu'elle a vécu tout ce qu'elle a vécu, effectivement, et encore, l'adolescente et quasiment certaine qu'elles n'ont fait qu'effleurer la surface, et qu'il y a plus à en dire encore que ce qu'elles ont daigné échanger jusqu'ici. En même temps, c'est une certitude, et Aelita l'a acquise depuis un moment déjà : il ne faut jamais se fier aux apparences, et on peut très facilement se retrouver surpris par les personnes qui nous entourent. L'adolescente aux cheveux roses elle-même a après tout une histoire très colorée, et elle veut aisément croire que personne n'irait s'en imaginer ne serait-ce que le dixième en faisant sa connaissance.

Betty lui parle de son "gang", mais une fois de plus, elle évite de se perdre en détails trop nombreux. Etrange choix de nom tout de même que celui-ci, les "serpents", ce n'est pas généralement un terme que l'on accole à un groupe complètement pacifiste, mais ça ne veut pas forcément dire grand-chose pour autant. Aelita est d'avis que les serpents sont dans l'ensemble des créatures incomprises, elle, pour sa part, n'en a pas peur, mais c'est peut-être parce qu'elle a eu à faire à des monstres autrement plus effrayants quand elle était sur Lyoko, qui ont rendu ces reptiles bien inoffensifs dans son esprit. En soi, se protéger les uns les autres, c'était une belle mentalité, un bon credo qui pouvait tout à fait se suffire à lui-même, en fin de compte. Et dans ce cas, les Lyoko-guerriers n'étaient pas spécialement différent. Leur mentalité se résumait également à cela : se protéger les uns les autres... Et protéger les autres d'une menace qu'ils ne soupçonnaient pas la plupart du temps. Tout un programme.

"Oui, je crois que je commence à me plaire, ici", admet Aelita avec un fin sourire.

La vie n'est pas toujours facile, mais elle est loin d'être malheureuse, en revanche. Elle a su se façonner de nouveaux repères, se faire de nouveaux amis. Elle ne se sent pas si mal à l'orphelinat. Elle a cet "avantage" d'être orpheline depuis longtemps, pour sa part, alors ce ne sont pas ses parents qui lui manquent, elle s'est fait des amis de son âge, et d'autres plus âgés, comme Sabrina ou encore Betty, sous ses yeux. Même si cette ville la fait parfois tourner en bourrique, elle a pris ses habitudes, elle a fait de belles rencontres, les cours ne sont pas si mal, bref, tout n'est pas à jeter...

"Honnêtement, je me sens un peu coupable. Quand je me sens trop bien, je me dis que je les abandonne."

Eux, ces amis qu'elle recherche encore désespérément. Se laisser vivre ici, c'est comme renoncer à les retrouver.