Les mains appuyées sur sa tasse de chocolat, Aelita tente de se composer l'attitude la plus sereine possible. En réalité, elle est plutôt nerveuse, et elle a toute les difficultés du monde à dissimuler la légère anxiété qui l'étreint... Pourtant, ce n'est rien, ce n'est rien en comparaison de l'angoisse pure qui l'envahirait d'autorité si elle avait la moindre idée d'à qui elle a réellement affaire. Mais non, elle ne doit cette nervosité qu'à la part d'inconnu que représente pour elle le fait de rencontrer en chair et en os une personne qu'elle n'a jusqu'alors rencontrée que virtuellement. Elle a beau vouloir faire confiance à Xavier, on ne sait jamais trop à qui on a affaire, quand on est protégé par le rempart confortable d'un écran, alors qui sait si le garçon sympathique qui paraissait de tout coeur vouloir lui apporter son aide ne se révélerait pas être - va savoir - un vieux pervers de quarante balais attiré par les cheveux roses ?

Elle va vite être fixée quoi qu'il en soit, car l'heure du rendez-vous qu'ils se sont fixés approche. Elle est venue en avance de son côté. Elle a profité de la connexion wi-fi du café pour poursuivre ses incessantes recherches, ne tolérant pas l'idée même de perdre ne serait-ce qu'une minute qu'elle pourrait consacrer à retrouver Jérémie et les autres, ou à trouver la voie d'accès vers son monde.

C'est au cours de recherches du genre qu'elle a fait la rencontre de Xavier, d'ailleurs. Son post, sur la multitude de forums qu'elle avait visités dans l'espoir - assez vain il est vrai - d'obtenir les réponses tant attendues à ses questions, avait attiré son attention. Elle avait senti chez lui un désir légitime de décoder cette dimension afin de s'en extraire, et des affinités avec l'informatique qui ne pouvaient éventuellement que lui parler. Alors ils avaient communiqué, d'abord directement sur le forum, puis par messages privés, jusqu'à décider que le plus simple serait encore de se rencontrer directement afin d'échanger plus directement sur leurs théories respectives.

C'est elle qui a décidé de l'heure et du lieu, elle préfère qu'ils se voient en terrain neutre, le temps au moins de s'assurer qu'elle ne craint rien en sa compagnie et que ses intentions sont aussi pures qu'il ne le prétend. Oui, il a affirmé n'avoir que deux année de plus qu'elle, ce qui sur le principe l'a rassurée, mais on peut dire tout et n'importe quoi sur le Net, elle-même aurait pu être un vieux pervers de quarante piges. Mais non, quand elle voit le jeune homme entrer dans le café, elle est rassurée, il correspond à la description qu'il lui a donnée de lui-même, un bon point pour lui, déjà. Aelita repose sa tasse, ferme son ordinateur portable et invite d'un geste à rejoindre sa table.

"Salut Xavier, contente de faire enfin ta connaissance, en personne, je veux dire." Elle lui adresse un léger sourire. "Ca va, t'as pas eu de mal à trouver l'endroit ?"

Aelita répond par un rire franc et sincère quand Xavier détend l’atmosphère par un trait d’humour plus que bienvenu vu les circonstances. C’est que cette situation, si elle n’est pas en soi exceptionnelle non plus (les gens font connaissance via le Net et se rencontre IRL constamment, ce n’est pas une nouveauté), n’est pas anodine pour elle, d’où son malaise plutôt palpable, qu’elle ne réussit pas encore complètement à occulter en dépit des efforts qu’elle fournit pour avoir l’air le plus naturel et le plus détaché possible. Xavier, jusqu’ici, est une bonne surprise pour elle.

Il ressemble à son avatar, et en plus de ça, il est drôle est sympa. Ou en tout cas, son humour fonctionne très bien sur elle et a le mérite de la mettre en confiance très rapidement. Elle ne réalise même pas avec quelle rapidité elle se révèle capable de baisser sa garde, sous l’unique prétexte que son interlocuteur se montre un peu sympa. Elle est juste désespérément trop seule, elle a besoin de croire dans l’aide et le soutien qu’on lui apporte, dans la gentillesse des personnes qui croisent sa route. Sans cela, cette solitude serait définitivement trop insupportable.

« Je fais peut-être plus jeune que mon âge, t’en sais rien », rebondit Aelita sur la remarque de son interlocuteur (et nouvel ami ?) avec un franc sourire aux lèvres.

Il n’a pas eu de mal à trouver, qu’il ajoute. Aelita aussi pensait avoir un bon sens de l’orientation, mais depuis qu’elle est dans cette ville, elle en doute un peu, pour tout dire. Elle a parfois l’impression que ce sont les rues qui décident de se métamorphoser au gré de leurs caprices tant il lui est parfois arrivé de se perdre avec une difficulté déconcertante dans des lieux qui ne devraient pourtant plus avoir le moindre secret pour elle. Enfin, l’essentiel, c’est donc qu’ils se soient trouvés, et en se parlant de vive voix, peut-être parviendraient-ils à brainstormer encore plus efficacement afin de parvenir à leurs fins.

« Oui, j’adore cet endroit, ils font un chocolat chaud à tomber par terre. Mais visiblement, ton truc c’est plutôt le café. » Elle réalise qu’elle doit quand même être encore un peu nerveuse et intimidée, parce qu’elle dit vraiment n’importe quoi. Elle a tôt fait de dissimuler son embarras derrière une gorgée de boisson, avant de reprendre. « Oui, les conversations à distance, ça va bien un temps, mais c’est vite plombant. »

C’est ce à quoi elle avait eu droit, avec Jérémie, pendant beaucoup trop longtemps. Certes, ils communiquaient en visio, ce qui rendait leurs échanges plus vivants, mais il avait fallu attendre qu’elle soit matérialisée dans le monde réelle pour saisir la différence, et qui n’était pas négligeable.

« Bon, du coup, par quoi est-ce que tu veux qu’on commence ? On met à plat nos théories et on compare nos recherches ? Enfin… on est pas obligés de s’y mettre tout de suite non plus, ça me va aussi de bavarder. »

Aelita esquisse un léger sourire quand Xavier lui fait remarquer qu'ils peuvent en même temps comparer leurs recherches et bavarder tranquillement, c'est là qu'elle constate qu'elle est tout de même assez nerveuse. Si Xavier lui inspire naturellement confiance (erreur stupide) et qu'elle se sent relativement détendue en sa compagnie, cette situation reste relativement inédite malgré tout, si bien qu'elle a quelques difficultés à laisser couler la conversation naturellement. Fort heureusement, elle peut compter sur Xavier pour prendre les devants et aborder d'office les sujets qui sont le plus susceptibles de les intéresser, et c'est très bien ainsi.

De la sorte, Aelita sait plus naturellement quoi dire, et elle ne se pose plus vraiment la question de comment elle est supposée le dire, même si c'est malheureusement pour n'avoir que d'assez mauvaises nouvelles (pour elle en tout cas) à communiquer. Elle a exploré la toile en long, en large et en travers pour un résultat absolument nul. Les quelques pistes qu'elles pensaient avoir effleurées l'avaient menée dans une impasse, et dans ces circonstances, elle s'était sentie plus d'une fois au bord du découragement, même si elle n'y a jamais cédé.

Parce que c'est malheureusement le cas, elle fait non de la tête quand Xavier lui demande si elle a retrouvé certains de ses amis. Non, et ils lui manquent terriblement, tous autant qu'ils sont. Elle est convaincue du fait que, si le reste des lyoko-guerriers étaient avec elle, elle réussirait à comprendre ce qui lui échappe. Ensemble, ils étaient capables de tout, isolés, ils étaient vulnérables. Elle s'est rarement sentie aussi vulnérable. Sans Yumi, sans Ulrich, sans Odd. Sans Jérémie.

"Non, j'ai cru avoir retrouvé Yumi, un moment, une fille sur Instagram qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, même au niveau des centres d'intérêt, mais c'était pas elle." Elle marque une pause. "J'ai l'impression d'avoir fait le tour de toutes les possibilités, d'avoir usé toutes mes options."

C'est pour ça aussi qu'elle a besoin d'une autre personne pour l'aider dans ses recherches. Dans des circonstances comme celle-ci, l'isolement peut difficilement être bon pour vous. Aelita a besoin qu'un autre regard soit posé sur sa situation, le regard de quelqu'un qui en connaît trop peu sur elle pour être biaisé... Et elle ne pourrait se tromper davantage à ce sujet. Le regard que Xavier porte sur elle est au-delà de biaisé, en réalité. Et il est sans doute la personne qui la connaît le mieux sur tout cet ilot de malheur.

"C'est vrai, j'en croise beaucoup qui ont l'air satisfaits de leur sort", confirme Aelita, qui de son côté aussi a toujours trouvé cela invraisemblable... "Seconde chance ou pas, cet endroit veut notre peau, je vois mal comment on pourrait vraiment y trouver son compte", ajoute-t-elle avec une esquisse de sourire. Elle boit une gorgée de son chocolat avant de reporter son attention sur son interlocuteur. "Bon, et toi alors ? Du nouveau ? Des progrès ? Je me rends compte que je t'ai beaucoup parlé de mes amis mais que je ne sais quasiment rien de ta vie d'avant... Si t'as pas trop envie d'en parler, je peux comprendre, mais si tu crains que j'arrive pas à te croire, je te promets que je suis rôdée. Une des amies que je me suis faite ici vient carrément d'une autre galaxie, alors partant de là..."

« Non, ce n’était pas elle », répond catégoriquement Aelita quand Xavier suggère que la personne qu’elle avait prise pour Yumi ne se souvenait peut-être tout simplement pas d’elle ou de son passé.

Ce serait effectivement possible, Aelita a bel et bien croisé certaines personnes qui n’avaient absolument aucun souvenir de leur vie passée. D’ailleurs, à certains moments, elle les enviait, ces personnes-là. Non, elle ne voudrait pas vraiment perdre ses souvenirs, mais elle se dit qu’elle souffrirait moins de l’absence de ses proches s’ils n’appartenaient plus à sa mémoire… Mais bien sûr, c’est une considération égoïste, et qu’elle a tôt fait de rejeter. En ce qui concerne ce sosie de Yumi, elle songe qu’elle s’est peut-être montrée un peu trop directe au moment de répondre, mais cela traduisait surtout sa propre déception. Pour la première fois depuis une éternité, elle avait caressé l’espoir d’une évolution, d’un changement, tout ça pour rien. Xavier n’insiste pas. Oui, ils vont bien finir par trouver quelque chose.

Elle préfère se focaliser sur lui, donc, et sur ses éventuelles trouvailles, et semble-t-il qu’il n’a trouvé personne, lui non plus. Elle en est malheureuse pour lui. Même s’il est difficile de ne pas se sentir jalouse, elle aime entendre ce genre de bonnes nouvelles, pour les personnes concernées, bien sûr, et parce que ça lui communique un peu d’espoir. Malheureusement, non seulement il n’a retrouvé personne, mais au moment d’entendre son histoire, elle comprend à quel point celle-ci a dû être douloureuse. Elle ne le comprend pas immédiatement quand il lui dit qu’une part de lui est plutôt satisfaite de se trouver là, mais elle le comprend davantage quand il lui apprend qu’il est mort dans son monde.

Le sourire d’Aelita se fige, puis disparaît totalement de son visage. Oh… elle ne s’était pas du tout imaginé une chose pareille. Bêtement… Pourtant, elle sait que certaines personnes ici ont quitté leur monde les pieds devant. Mais peut-être parce que Xavier est si jeune, elle avait exclu cette possibilité. Ce qui est bête, on peut mourir à n’importe quel âge, après tout. Elle a frôlé la mort suffisamment souvent, elle devrait bien en avoir conscience.

« Non, ne t’excuse pas c’est… c’est moi qui suis désolée, je m’étais pas du tout imaginée ça », dit-elle, confuse. Maintenant, elle regarde Xavier avec un œil nouveau… Elle n’a pas la moindre idée de ce qu’on peut ressentir quand on a ainsi connu la mort. « Comment est-ce que tu… Non, désolée, c’est indiscret, comme question, oublie ça. »

Comment est-ce qu’il est mort, c’est ça qu’elle a envie de lui demander. Mais bien sûr, elle sait que les questions du genre ne se posent pas… Même si, en temps normal, on n’a pas à se demander s’il est indélicat ou non de poser ce genre de questions, les gens sont morts, donc on ne demande rien, point. Là… cette révélation la perturbe. Elle trouve ça injuste. Et elle est loin, vraiment très, très loin de s’imaginer que si la personne qui lui fait face est morte, c’est parce qu’elle l’a tuée. Et sans l’ombre du moindre scrupule.

Non, elle n’a peut-être pas à être désolée, après tout, ce n’est pas non plus comme si c’était elle qui l’avait tué (hum), elle serait incapable de faire du mal à une mouche, en même temps (tout dépend de la mouche)… mais elle est comme ça, Aelita, empathique, et elle ne peut s’empêcher de se sentir aussi triste que curieuse au sujet de ce qui est arrivé à Xavier. Elle le sait, la curiosité est un vilain défaut, et un défaut qui lui a d’ores et déjà causé du tort par le passé, mais ça ne l’empêche pas de se risquer à une indiscrétion que Xavier lui pardonne, sous le prétexte qu’elle lui en a déjà dit beaucoup sur elle-même alors que lui-même ne s’est pas montré franchement bavard à son propre sujet. Elle ne peut clairement pas dire le contraire, mais en cet instant, elle comprend aussi tout à fait pourquoi il voudrait se taire. Pour peu que cet épisode de sa vie ait été traumatisant, il est au fond logique qu’il ne veuille pas y revenir. De son côté, Aelita a bien du mal à évoquer le penser sans sentir son cœur se serrer tant ses amis lui manquent, mais c’est forcément plus simple pour elle d’en parler que pour lui. Elle apprécie la confiance qu’il place en elle en daignant lui en dire plus. Elle s’imagine, naïvement, que c’est la preuve de la confiance qu’ils peuvent vraiment avoir l’un dans l’autre.

Alors il se lance dans son récit, et il ne passe pas par quatre chemins. Des ennemis, hein ? En même temps, elle ne peut rien dire. Elle-même ne s’est pas fait que des alliés, et une bonne partie de son existence a dû malheureusement tourner autour d’un ennemi en particulier. Un conflit d’idéologies, souvent, cela est plus subtil que de se dire que cela s’est joué entre le bien et le mal, il y a des infinités de nuances à prendre en considération, mais cela n’empêche pas le moins du monde Aelita de vouloir croire, en son for intérieur, que Xavier se situait du « bon » côté de la barrière.

Il ne veut pas lui confier le sujet de leur opposition, ajoute que c’est personnelle. L’adolescente doit bien reconnaître que c’est une information qui l’inquiète quelque peu, mais elle décide de respecter sa décision. Après tout, Xavier peut avoir de multiples raisons de lui dissimuler certaines informations. Même s’ils se sont beaucoup parlés, dernièrement, ce n’était jamais que virtuellement, et chacun a de bonnes raisons d’avoir son jardin secret, ici. La situation est complexe, et elle les dépasse, tous autant qu’ils sont. Elle comprend quand même qu’il a dû se passer des choses dont il n’est pas fier, et elle veut le rassurer sur ce point.

« Je comprends que tu ne veuilles pas tout me dire tout de suite, mais je peux comprendre, tu sais… On est parfois obligé de faire des choses… dont on est pas très fier, pour défendre ses convictions, ou pour protéger les gens qu’on aime., vraiment je ne te jugerai pas. »

Elle dit ça, mais au fond, elle n’en sait rien. Une fois encore, elle ne le connaît définitivement pas assez pour affirmer ce genre de choses. Mais elle est comme ça, Aelita, le cœur sur la main, et le souhait de croire en la bonté de chacun. Et elle est définitivement trop naïve. Ce n’est pas faute de s’être endurcie au gré des épreuves qu’elle a rencontrées, certes, mais certaines habitudes ont malheureusement la vie dure, et elle ne peut pas nier ce fait.

Il lui en dit plus long ensuite sur les circonstances dans son dos. Une balle dans le dos, une trahison… Un acte lâche, injustifiable. Elle a le cœur serré quand elle voit une larme de rage – qu’elle prend pour une larme de pure tristesse, rouler sur sa joue.

« Je suis désolée de te faire revivre ça… », dit-elle doucement, prudemment, soudain mal à l’aise. « Je voulais pas… » Elle prit une grande inspiration. « Je suis sûre que si on t’as accordé cette seconde chance, ce n’est pas pour rien », dit-elle en déposant avec douceur sa main sur son poignet par-dessus la table. « Tu vas pouvoir vivre la vie que tu mérites. » Elle marque une pause. « Ce que j’ai du mal à comprendre… c’est pourquoi tu tiens tant à m’aider ? Tu n’as rien à y gagner, pourtant… »

Non, c’est certain, Aelita ne peut en rien être sûre qu’elle ne jugerait pas la violence de ses actes, puisqu’elle n’est pas en mesure de jauger la violence en question, mais elle a envie de croire dans la bonté humaine, elle a envie de penser qu’il y a du bien en chacun, et jusqu’ici, Xavier ne lui a jamais montré de lui qu’une image lui inspirant la confiance. Peut-être à tort, c’est vrai. Après tout, ils se connaissent à peine, tous les deux, mais… c’est difficile de se dire que, justement, elle fait sciemment le choix d’accorder sa confiance et son amitié à une personne qui d’elle-même lui laisse entendre qu’elle pourrait vouloir se détourner de lui si elle savait tout à son sujet. C’est un pari risqué, quelque part.

Il lui parle de guerres, de conflits qui dépassent donc ses simples considérations personnelles, il lui parle de proches à défendre, de la perte d’amis, après un tel discours, elle veut d’autant plus croire qu’elle serait capable de lui pardonner n’importe lequel de ses actes. Tout est, bien souvent, affaire de contexte. Malgré tout, elle consent à admettre que si ces souvenirs sont trop douloureux pour lui, il est effectivement préférable de ne pas insister. Il lui parlera quand il s’y sentira prêt. Ou bien il ne lui parlera pas du tout. Peu importe, elle ne peut, dans un cas comme dans l’autre, absolument pas le blâmer pour cela.

Aelita affiche un fin sourire quand Xavier lui confirme qu’il n’attend rien en retour de l’aide qu’il lui apporte, que certains actes peuvent être désintéressés. C’est vrai, ou du moins a-t-elle envie de croire que ce puisse l’être, mais on la taxera très probablement de naïve pour cela. Parce que c’est vrai, naïve, elle l’est définitivement un peu trop. Preuve en est de son absence totale de défiance à l’adresse de celui qui, pourtant, lui en a tant fait endurer dans sa vie passée. Et pourrait tant lui en faire endurer encore.

Le rose empourpre légèrement ses joues, qui prendraient presque doucement la teinte de ses cheveux, quand il ajoute avoir beaucoup aimé parler avec elle, et qu’elle l’a touché. Elle est elle-même touchée par son histoire à lui, l’histoire d’un jeune homme qui a tout perdu, y compris la vie, et qui, même si l’existence lui accorde une seconde chance, n’a personne à aller retrouver.

« Peut-être que tu n’as pas d’amis à chercher… mais tu en as trouvé une », répond doucement Aelita avec un sourire encourageant. « Je t’apprécie aussi, et j’ai pas besoin de t’entendre te justifier davantage. Tu me raconteras quand tu voudras, d’accord ? Ou bien pas du tout... »

Ce n’est pas grave. Ici, il a aussi la chance de tout reprendre de zéro, qu’importe quelle vie il a menée avant cela. C’est là-dessus qu’il doit se concentrer.

« Bon, on se met au travail, alors ? » suggère-t-elle en désignant d’un geste de la tête son écran d’ordinateur.

Autant se mettre à l’ouvrage immédiatement, pas vrai ?