Aelita affiche un léger sourire en lisant le message de Peter, lui annonçant son arrivée imminente. Voilà déjà plusieurs longues minutes qu'elle l'attend, mais elle ne se formalise pas particulièrement de son retard. Ce n'est pas la première fois qu'il la fait attendre, ce ne sera sans doute pas la dernière, en attendant, il y a cadre plus désagréable, il faut bien le dire, pour patienter et attendre la venue d'un amie. Même si la plage est prise d'assaut, elle a su leur réserver un petit espace de sable assez confortable. Elle a eu le temps d'étendre sa serviette, de se badigeonner de crème solaire et de lire quelques lignes de sa lecture en cours - qu'elle a tendance à poursuivre à une vitesse d'escargot. Non, vraiment, c'est loin d'être si mal que ça.

Et par ailleurs, c'est facile de tout pardonner à Peter. Il est un tel rayon de soleil que si elle devait même commencer à sentir le moindre semblant d'agacement poindre le bout de son nez, il s'évaporerait bien vite au profit de la joie et de la bonne humeur qu'il savait répandre autour de lui, ou provoquer chez elle, en tout cas. Peter Parker est définitivement une de ses plus belles rencontres depuis qu'elle a mis les pieds dans ce monde incompréhensible, qui ne lui épargne absolument rien, si ce n'est bien évidemment l'opportunité de retrouver ses meilleurs amis, qu'elle s'efforce encore et encore de retrouver, sans résultat.

Finalement, le tant attendu Peter fait bel et bien son entrée, une entrée toute "peteresque" (et non pas pittoresque, à ne pas confondre), qui fait doucement sourire l'adolescente aux cheveux roses.

"J'accepte ton offre de paix, mais uniquement parce que ces gâteaux ont l'air délicieux", décrète l'adolescente en arrachant presque ledit paquet de gâteaux des mains de son ami en guise d'illustrations avant de le gratifier d'une brève étreinte en guise de salutations. "Tu vas bien ?" lui demande-t-elle tout en partant se réinstaller sur sa serviette de plage, assise en tailleur, tout en le passant au crible du regard comme si cela pouvait suffire à ce qu'elle s'assure qu'il aille réellement bien. "J'espère que tu as une bonne excuse pour ton impardonnable retard", ajoute-t-elle sans se priver d'ouvrir la boîte de gâteaux dans le processus.

En réalité, elle n'attend aucune explication, aucune justification de la part de son interlocuteur, absolument pas, elle se contente de prononcer ces mots pour le charrier et rien d'autre. Encore que s'il a une bonne excuse - une anecdote palpitante, par exemple, on ne sait jamais - pour justifier le retard en question, il est certain qu'elle l'écoutera avec le plus grand plaisir. Il faut bien cela pour agrémenter leur quotidien à tous les deux, qui n'a plus grand-chose à voir avec celui qui était le leur dans leur vie d'avant.

"Plus ou moins", répond Aelita quand Peter lui demande si elle est parée pour la rentrée. "J'ai hâte, quelque part, mais je sens que je vais vite regretter d'avoir hâte", ajoute-t-elle.

Elle sait que le seul fait d'affirmer avoir hâte de retourner en cours n'est pas commun, mais le fait est qu'elle le pense effectivement. Et pas uniquement parce qu'elle est impatiente de retrouver certains de ses camarades de classe, même si c'est effectivement le cas, mais parce qu'elle a hâte de retrouver les cours, oui oui. Aelita est un cerveau, et une première de la classe, la chouchoute des profs, bref... c'est comme ça, ça fait partie de sa personnalité. Ceci dit, elle aime bien profiter de ses vacances également. Elle sait que bientôt, elle n'aura plus le temps ni l'envie de traîner à la plage, la météo et les devoirs aidant, alors autant en profiter un maximum.

Elle ne s'étend pas beaucoup plus sur la question, il est évident qu'ils ont mieux à faire que de discuter en long, en large et en travers de la rentrée. Elle préfère largement écouter le jeune homme partager avec elle sa dernière découverte. Elle affiche un très grand sourire en le voyant lui tendre un exemplaire de comics dont il semble particulièrement fier d'avoir fait l'acquisition. Les connaissances d'Aelita en la matière restent limitées. C'était Odd, à l'époque, qui l'avait initié à la bande dessinée en générale et aux comics en particulier, et Peter a à présent pris le relai.

"Ca a l'air absolument génial !" affirme Aelita avec un grand sourire et beaucoup d'enthousiasme. Elle ne le dit pas pour lui faire plaisir, elle le pense vraiment sincèrement. L'adolescente a déjà remarqué qu'ils avaient globalement des goûts et des centres d'intérêt similaires, alors elle se fie largement à ses goûts et à ses centres d'intérêts. "Tu sais, du moment que ça parle de méga-robot géant, je suis déjà conquise." Elle tourne son regard vers Peter. "Tu voudras bien me le prêter ?"

Mais cette considération gagne une moindre importance au moment d'entendre les propos qui suivent. Le type dont parle ce comics vient de son univers ? Il se fout d'elle ou... ? Non, il ne se moque pas d'elle, c'est totalement sincère, et dans le fond, ce ne sera pas la chose la plus absurde ou improbable qu'elle aura entendue au cours de son "séjour" (qui est parti pour durer) sur cette île maudite.

"C'est bon, j'en ai déjà mis", dit-elle distraitement quand il revient comme si de rien n'était au sujet de cette crème solaire. "J'essaie de comprendre... Quand tu dis que le héros de cette BD vient de ton univers, qu'est-ce que tu veux dire ? C'est exactement le même ?" Elle sent bien que parler de tout ça le bouleverse et elle ne veut pas le mettre mal à l'aise. Mais en même temps, s'il a besoin de parler, elle veut être là. "T'as peut-être pas envie d'en parler, mais si jamais... enfin, je suis là, quoi."

"Evidemment que je te raconterai, dans les moindres détails, tellement de détails que tu me supplieras d'abréger. Et évidemment, j'en attends autant de ta part", plaisante Aelita quand Peter lui demande de lui parler de sa rentrée quand celle-ci sera passée.

Bien sûr qu'elle le fera, et avec plaisir. Dans sa classe, elle s'est fait quelques amis, mais force lui est de reconnaître qu'elle se sent plus proche de personnes qui n'en font pas partie, et donc qui ne peuvent qu'avoir une idée lointaine de ce qu'est son quotidien au lycée. L'adolescente sera donc ravie de tout raconter par le menu à son interlocuteur. Mais pour le même - et même si ce n'est pas tout à fait vrai - la rentrée est encore relativement loin, et elle n'a absolument pas envie d'y penser. Donc autant se concentrer sur d'autres sujets.

Comme celui de ce comics que Peter accepte donc de lui prêter. Très bien, comme ça elle pourra prendre tout son temps pour le lire. Même si elle est, sans vouloir se vanter, une très grande lectrice et qu'elle peut enquiller un nombre conséquent de pages en peu de temps.

"Promis, je te ferai un compte rendu détaillé de ma lecture. Merci beaucoup", dit-elle avec un grand sourire.

Elle est vraiment contente de pouvoir partager ça, surtout qu'elle sent bien que Peter est passionné... Mais pas seulement, il a un rapport émotionnel, personnel avec ces histoires, et même si ça semble trop gros pour être vrai, Aelita croit entièrement dans les propos qu'il formule, et se sent au passage de plus en plus intrigué. Peter lui montre deux autres comics, qui mettent en scène deux autres super-héros. Et donc... il les connaît ? Pour de vrai. Dans la vie réelle. C'est vraiment, vraiment super bizarre.

"Que dans les BD et dans les films. Non, y avait pas de super-héros, là d'où je viens. En même temps, pour être un super-héros, faut pouvoir avoir des super-pouvoirs, pas vrai... ? Enfin je veux dire... ça existe vraiment, d'où tu viens, ou bien c'est juste que vous avez une technologie très avancée ?"

Après, être un héros, tout est relatif. S'il s'agit de protéger la population de menaces hors du commun, peut-être qu'elle pourrait se considérer elle-même comme une superhéroïne ? Oui, peut-être bien, elle et le reste des lyoko-guerriers. Aelita ne se qualifierait pas de super-héroïne, mais sans leur intervention, de nombreuses vies auraient pu être détruites.

Autre point commun, peut-être, si les superhéros créent leurs supervilains, c'était peut-être aussi ce qui était arrivé entre les lyoko-guerriers et XANA. S'ils n'avaient pas rallumé le supercalculateur, XANA n'aurait pas été une menace. Et en même temps, s'ils n'avaient pas rallumé le supercalculateur, Aelita ne serait pas là, point.

Aelita est toujours friande de nouvelles informations au sujet de ceux qu’elle côtoie dans cette nouvelle vie, et qui ont tous des parcours très différents, parfois aux antipodes de ce qu’elle a elle-même vécu. Tout comme l’adolescente aux cheveux roses ne s’est jamais retrouvée dans les histoires de ses proches, elle se doute que ses proches ne se retrouveraient pas non plus dans ses histoires à elle, mais c’est aussi ce qui fait tout l’intérêt de ces amitiés et de ces rencontres : ils peuvent s’enrichir des histoires les uns des autres, et qui sait, apprendre de ces mêmes histoires. C’est donc fascinée et les oreilles grandes ouvertes qu’elle écoute ce que Peter a à lui apprendre de sa vie passée, de son monde, un monde peuplé d’individus exceptionnels et de super-héros (mais l’un ne va peut-être pas sans l’autre).

Alors elle l’écoute parler d’Iron Man, cet homme qu’il semble tant admirer, et dont il loue l’intelligence exceptionnelle, qui certes n’est pas en soi un super-pouvoir. Puis il lui parle d’expériences scientifiques, puis de personnes nées naturellement avec des pouvoirs. Puis de ces héros du quotidien qui à leurs échelles font certainement plus pour le monde que n’importe qui. Bref, il philosophe sur ce qui fait à ses yeux que l’on est ou pas un vrai héros, et elle, elle écoute avec un grand sourire aux lèvres. Peter est quelqu’un de passionné, c’est une chose que l’adolescente a très rapidement constatée chez lui et qu’elle a immédiatement su apprécier.

Elle aime bien la façon qu’il a de s’enflammer pour les sujets qui lui tiennent à cœur. Peut-être que certains pourraient trouver ça lourd, va savoir, mais ce n’est certainement pas le cas d’Aelita, qui de son côté pourrait sans doute l’écouter parler pendant de longues minutes encore. En fait, dans sa manière d’épiloguer sur ces sujets qui pour certains le feraient passer pour le nerd ultime, il lui fait un peu penser à Jérémie. Alors forcément qu’une conversation avec lui n’a que les meilleures chances d’être intéressante à ses yeux.

« Oh non mais ne t’excuse pas, vraiment ! T’es passionnée, je trouve ça admirable, moi. » Elle affiche un fin sourire. « Et puis, c’est effectivement intéressant, ce que tu dis, plein de bon sens. J’imagine que comme tu le présentes, il y avait aussi tout un tas de héros, là d’où je viens. Je n’avais jamais pris la peine de réfléchir à ça de cette manière. » Elle laisse passer un temps de silence. « Peut-être qu’ils finiront par venir nous sauver, après tout… Ou peut-être qu’il faut qu’on apprenne à nous sauver nous-mêmes », ajoute-t-elle avec un léger haussement d’épaules, accompagné d’un fin sourire.

Elle ne veut pas être complètement pessimiste, pas si ce doit être pour saper les rêves de son ami, mais de son côté, elle doit bien avouer avoir renoncé à l’idée d’être sauvée par qui que ce soit, chose qu’elle a cru aussi. Elle a pensé, un moment, être prisonnière d’un monde virtuel duquel les lyoko-guerriers la libèreraient, à l’époque, mais elle a fini par comprendre que si elle voulait que les choses changent, il faudrait qu’elle fasse que ça change. En s’entourant des bonnes personnes, qui sait, ce ne serait peut-être pas si improbable. Même si se perdre dans ce genre de réflexions pouvait évidemment être un rien déprimant dans les circonstances présentes.

« Le dernier à arriver dans l’eau est une patate trop cuite ! », dit-elle – ce qui n’a aucun sens, on est d’accord – avant de se précipiter vers l’eau.

Parfois, le meilleur moyen d’éviter de se laisser gagner par la morosité ou n’importe quel sujet déplaisant, ça reste encore de se jeter à l’eau. En l’occurrence au sens propre. Si parler de ce qui les passionne tout comme de ce qui peut-être les tracasse peut faire du bien et est bien sûr une constituante nécessaire aux amitiés les plus solides, parfois, c’est juste agréable de littéralement oublier de penser et  s’adonner à des activités que d’aucuns trouveraient abrutissantes, parce qu’une activité qui par nature n’inviterait pas à la réflexion le serait par définition (je vous le donne en mille : cette affirmation est complètement fausse et stupide).

Aelita rit de bon cœur quand Peter la rejoint et la saisit par la taille pour la rebalancer à l’eau. Elle doit reconnaître que c’est bien là l’un des rares aspects positifs au fait de se retrouver dans cet endroit. Aelita n’avait jamais été à la mer, avant… ou bien, si ça avait été le cas, cela appartient à ses premiers souvenirs, ceux-là même dont elle a longtemps été privée et qu’elle n’a pas tous récupérés encore… Elle aime bien le fait de pouvoir profiter de la plage et de découvrir ce véritable plaisir qui consiste simplement à aller se baigner, discuter, bronzer avec un ami avec lequel on ne se lasse jamais de bavarder.

Quand Peter lui lance un super-défi (avec aucun prix à la clé parce que pour quoi faire, hein ?), Aelita n’hésite pas une seule seconde, les défis, c’est son dada. Ceci dit, même si elle y met toute la volonté du monde, l’adolescente aux cheveux roses estime que ses chances de gagner sont complètement nulle. Elle est moins forte et endurante que Peter, et elle a appris la natation très tardivement, aussi. Ce qui ne la dérange pas, au passage. Aelita peut être sacrément compétitrice, quand elle s’y met, mais elle reste toujours bonne joueuse, et elle n’est mauvaise perdante que quand perdre est associé à de réels enjeux (comme l’avenir de la Terre, par exemple).

Pourtant, elle réalise qu’elle est en train de devancer Peter, et elle ne peut s’empêcher d’en éprouver une légère pointe de fierté. Jusqu’au moment où il entend la voix de Peter dans son dos. Elle se retourne et il a l’air en mauvaise posture.

« Si c’est une stratégie pour me faire perdre, c’est naze », dit-elle à l’adresse de son ami, avec tout de même une pointe d’inquiétude dans la voix, parce qu’elle n’a vraiment pas l’impression qu’il joue la comédie, là, tout de suite.

D’ailleurs, elle préfère largement nager aussi vite que possible en direction de Peter pour évaluer la situation. Il a l’air d’avoir mal, et du mal à garder la tête hors de l’eau.

« Mince… » Là, elle est sûre qu’il ne joue pas. « Je vais te ramener sur la plage, d’accord ? »

Sauf qu’Aelita galère pas mal au moment de passer le bras de Peter au-dessus de ses épaules. Elle ne sait pas trop comment elle va faire pour le tirer de l’eau. Heureusement qu’ils n’ont pas eu le temps de s’éloigner trop de la plage non plus.  C’est laborieusement qu’elle parvient à ramener Peter sur la plage.

« Tu m’as fichu la trouille, refais jamais ça ! » dit-elle comme s’il y était pour quelque chose.

Aelita n'avait évidemment pas envisagé d'écouter Peter ne serait-ce qu'une seule seconde quand ce dernier lui avait demandé de la laisser. Pas que ce soit l'idée la plus fine et la plus maline du monde non plus de courir (nager) à sa rescousse alors qu'elle était loin, bien loin d'être une nageuse aguerrie. Sans doute aurait-il été plus malin de faire signe aux maîtres nageurs sur la plage afin de leur faire comprendre que Peter se trouvait dans une situation délicate.

Seulement voilà, dans les situations d'urgence, l'adolescente aux cheveux roses a tendance à ne pas réfléchir. Surtout, elle a été, pour ainsi dire, habituée à ce que dans les situations les plus critiques, il faille agir d'abord et réfléchir ensuite. Forcément, avec du recul, elle se rendra bien compte qu'elle n'a pas été très maline, mais bon, au moins elle a réussi à les ramener tous les deux sur la plage. Alors, elle est complètement essoufflée et à bout de force, mais en attendant, elle a réussi son coup quand même.

Elle reprend son souffle du mieux qu'elle le peut, à bout de force, quand Peter lui fait remarquer qu'il aurait tout à fait pu l'entraîner avec lui. C'était absolument vrai, mais sur le moment, elle n'y avait pas pensé du tout, elle était passée en mode automatique, littéralement. Sans doute l'effet du stress ou de l'adrénaline, ou bien un subtile mélange des deux. Elle allait répliquer avec un "T'as une drôle de façon de me remercier" là pour alléger l'atmosphère, mais elle n'a pas le temps de le faire qu'il la devance.

"N'exagère pas non plus", répond Aelita avec un fin sourire, même si au final, elle n'a aucune idée de ce qui se serait passée si elle avait cédé à la panique. "Comment tu te sens ?" demande-t-elle après un moment, quand elle pense que Peter s'est suffisamment remis de ses émotions pour lui répondre. "Tu veux pas qu'on aille boire ou manger un truc ? Plus question de remettre les pieds dans l'eau, même la mer veut notre mort, ici."

Enfin... d'où elle vient, c'était un peu la même chose, tout compte fait. La mer aussi voulait la mort d'Aelita, sur Lyoko... Pas le même genre de mer, mais on savait ce qui vous attendait si vous finissiez par sombrer dans la mer numérique. Ou en tout cas, l'adolescente le sait.

"Evidemment, c'est toi qui paye", ajoute-t-elle sans le penser, uniquement pour plaisanter. "Tu me dois la vie, après tout", ajoute-t-elle en rejoignant sa serviette pour se sécher.

Bon, leur petit tour dans l'eau aura été express, mais quand tous les signaux sont au rouge, la raison exige de vous de ne pas les ignorer, ce serait, à l'évidence, la pire chose à faire.

Aelita affiche un sourire amusé. Elle n’a absolument rien d’une héroïne, mais pour l’occasion, elle veut bien être qualifiée en tant que telle, ne serait-ce que parce que ça détend un peu l’atmosphère. Elle sent la pression retomber doucement, mais sûrement, et ça lui fait du bien, il faut quand même le dire. Elle était trop accaparée par la situation, par l’inquiétude et par l’urgence pour prendre conscience du fait qu’elle était plus ou moins passée en mode pilote automatique l’instant d’avant. Là, elle peut de nouveau respirer. Peter va bien, il est en bonne santé, et il lui confirme qu’il se porte comme un charme. Bon, elle émettrait quelques réserves à ce sujet, elle se doute que ce n’est pas encore la grande forme, mais elle prend, pour le moment, ses paroles pour des faits. Ce n’est pas comme s’il courait le risque de se noyer dans le sable (aux dernières nouvelles), donc le pire a été évité quoi qu’il en soit.

Et maintenant, il ne leur reste plus qu’à se remettre de leurs émotions en allant manger un morceau quelque part. Elle doit dire que toutes ces émotions lui ont creusé l’appétit, et elle pense qu’il en sera de même pour Peter. Dans tous les cas, il n’y a pas besoin d’avoir spécialement faim pour apprécier de bons churros, pas vrai ?

« Je ne savais pas que j’en rêvais, mais c’est évident maintenant que tu m’en parles. J’entends ces churros nous appeler d’ici », dit-elle avec un large sourire qui ne dissimule rien de sa gourmandise.

Une fois arrivés sur la petite terrasse donnant sur la mer, Aelita se sent parfaitement détendue, et après que leur churros soient commandés, elle laisse à Peter le soin de réengager la conversation, ce qu’il fait en abordant un sujet qui la surprend complètement, parce que pour le coup, elle n’avait pas du tout imaginé Peter faire du trapèze. Enfin, c’est pas que ça lui va pas bien mais… juste, c’est pas le genre de choses auxquelles elle avait pensé, tout simplement.

« C’est drôle, je t’imaginais pas du tout faire du trapèze. » L’adolescente aux cheveux roses se rattrape bien vite, consciente du fait que sa remarque pourrait être mal interprétée. « Mais c’est cool, je suis sûre que tu dois être super doué, en plus », ajouta-t-elle sans avoir à forcer le trait, après tout, il n’y avait pas de raison. « Je sais pas trop ce que je veux faire », ajoute-t-elle en réponse à sa question. « Je veux dire, c’est difficile de se projeter tant qu’on est ici… Mon plan de carrière, ce serait de m’en aller, c’est tout », elle affiche un sourire en coin. « Mais sinon… je crois que ça me plairait bien, de devenir DJ – je sais, je sais, ça doit être super dur d’en vivre, et tout, mais j’adore vraiment ça, alors… Ou bien quelque chose dans l’informatique. » Elle mord dans son churros avec satisfaction, décidément, cette petite crise de panique lui a donné faim. « Et toi, t’as une petite idée de ce que tu voudrais faire ? »

« Peut-être bien, oui », répond Aelita très sincèrement qu’elle devrait accompagner Peter à son prochain cours de trapèze, histoire de voir ce que ça donne et de regarder comment il se débrouille.

En toute franchise, Aelita pense vraiment que c’est une bonne idée, et surtout, elle est toujours à l’affut de toutes les possibilités qui pourront éventuellement lui permettre de se changer les idées, de faire de nouvelles choses, d’apprendre… Ici, c’est un peu ce qui lui permet de garder la tête hors de l’eau (sans rapport aucun, ni mauvais jeu de mot, avec la scène qui vient tout juste de se passer) : elle a besoin de toujours s’occuper l’esprit pour ne pas céder à la déprime. Il n’y a que de la sorte qu’elle se sent véritablement capable de dépasser ses inquiétudes et de rester optimiste, et puis, le trapèze, ça peut être vraiment sympa. Peter a réussi à le lui vendre en peu de mots, en tout cas, assez pour que l’adolescente veuille bien ne serait-ce qu’essayer. Après tout, on sait jamais, peut-être qu’elle va se découvrir une nouvelle vocation, de cette manière.

« Et je dors quand ? » répond Aelita avec un large sourire quand Peter lui suggère qu’au fond, elle n’aurait aucun besoin de compartimenter ses rêves et ses passions, être Djette la nuit, et travailler dans l’informatique le jour. Ceci dit, elle n’aime pas dormir, de toute manière (si, je vous jure, c’est possible), donc ce serait pas forcément un mal. Et c’est un plan qu’elle peut appliquer ici ou ailleurs, après tout, y a rien qui la retienne franchement. « Non mais t’as raison. Et je me débrouille de mieux en mieux aux platines, en plus. T’aurais envie de venir m’écouter un de ses quatre ? Je guette toujours les soirées ouvertes à tous pour m’entraîner un peu. Je me fais souvent écraser par la concurrence, mais je m’améliore. »

A son tour, Peter lui parle de ce qu’il voudrait faire de son côté, lui faisant comprendre qu’il n’a pas encore d’idée très arrêtée. Ce qui se comprend, après tout… c’est difficile de faire ce genre de choix cruciaux. Quand il lui parle de participer à des projets scientifiques, être journaliste, être policier…. Elle reconnaît bien là la volonté de Peter, qui parfois – assez souvent – peut partir dans tous les sens.

« Même les meilleurs ont commencé livreurs de pizzas, enfin je crois », elle affiche un sourire et se sert un nouveau churros. « Tu pourrais peut-être travailler dans la police scientifique ? Comme ça, déjà, tu combines deux projets en un ! » Elle marque une pause. « Ce sera un plaisir pour moi de te faire découvrir mes artistes préférés. Je connais Star Wars, c’était le film préféré d’Odd… » Un temps de silence… Elle ne va pas se déprimer pour si peu, hein ? « Mais je serais pas contre me faire un marathon. Et je suis sûre que j’ai plein de films à voir encore. »

« Des battles non, mais des fois y a des concours, avec un prix à la clé que le remporte jamais… Mais c’est peut-être parce que t’étais pas là pour me soutenir, ceci dit », sourit Aelita quand il commente les scènes ouvertes auxquelles il arrive à Aelita de participer. Elle apprécie son enthousiasme, d’autant plus qu’elle sent qu’il est sincère et s’intéresse vraiment à ce qu’elle fait et à sa passion, tout comme elle-même s’est toujours montrée sincèrement attentive et intéressée par tout ce que son ami pouvait lui apprendre de ses goûts et de ses passions. « La prochaine fois, je te donne la date et tu viens », ajoute-t-elle sans pour autant vouloir que Peter y voie la moindre obligation non plus, elle aime juste l’idée qu’il veuille être présent pour elle et pour l’encourager. C’est à ça que servent les amis, pas vrai ? Et elle a tant besoin d’en avoir, des amis.

Tout comme elle-même est bien déterminée à l’encourager dans tous ses projets, quels qu’ils puissent être. Peter est perdu, il ne sait pas vers quelle direction s’orienter exactement, mais quelque part, c’est une chance, d’avoir toutes ces portes ouvertes en face de soi. Il paraît qu’ensuite on regrette d’en avoir beaucoup moins. Aelita ne pensait pas que son idée ferait à ce point mouche, mais elle sent bien qu’elle est parvenue à faire naître chez son amie une ambition nouvelle, et en même temps très logique. Bosser dans la police scientifique, évidemment que ça irait comme un gant à Peter. On pourrait même dire que c’était un boulot taillé sur mesure pour lui.

« Euh oui, je te prendrai en photo, pas de souci, et je suis sûre qu’on peut trouver toutes infos dont tu as besoin sur Internet, c’est même sûr. » Elle sourit. « T’as vu, y en a, là-dedans, quand même. »

Elle sent bien que Peter est tellement emballé par son idée qu’il serait presque capable de préparer son CV là, maintenant, tout de suite. Malgré tout, il parvient à le mettre de côté quand Peter évoque Star Wars avec elle. Et oui, elle appartient à cette catégorie d’individus à qui ces films sont en effet familiers. Et parmi les premiers qu’elle a vus à son arrivée sur Terre (en plus d’un bon paquet de films de zombie, parce que c’était un autre péché mignon d’Odd, et que ce dernier a fait à peu près toute sa culture cinématographique en plus de musicale.

« Pour les comics, faut vraiment que tu m’inities, par contre, j’ai absolument aucune culture dans le domaine. Et l’avantage avec les comics, c’est qu’on peut même faire un combo. Je te fais écouter mes artistes préférés, et pendant ce temps-là, on se fait une session lecture. Note que ça marche aussi avec les sessions écriture de CV et prise de photos pour te donner un air intelligent. » Elle finit de manger son churro. « Ah, et questions jeux vidéo, tu te situes comment ? Sur ce terrain-là aussi, je suis sûr qu’on a de quoi faire. »

Aelita sourit doucement aux remarques de Peter, qui l’amusent plus qu’autre chose. Elle est sans doute un public facile, mais elle a toujours apprécié le sens de l’humour de Peter, sans doute parce qu’elle s’y retrouve en partie, et elle aime, surtout, voir tout l’enthousiasme dont il est capable quand il est question de ses sujets de prédilection. Tout comme elle est impatiente de lui parler un peu plus musique et platine et de le laisser assister à une de ses représentations, elle a aussi envie, très sincèrement, de combler ses évidentes lacunes, que ce soit en matière de comics ou de cinéma.

Elle a toute une culture à faire, et même si elle ne va évidemment pas s’amuser à faire des fiches de lecture, elle sait qu’elle va s’investir très sérieusement, parce que c’est plus fort qu’elle. Quoi qu’elle fasse, il semblerait qu’elle ne soit tout bonnement pas capable de faire autrement, c’est tout.

En attendant, de son côté, elle s’intéresse à un sujet qu’elle maîtrise un peu plus, pour toutes les heures qu’elle a passées à jouer avec Odd. Et elle n’est pas vraiment surprise d’entendre que Peter a un peu roulé sa bosse dans ce domaine. Il lui parle de son meilleur ami et du jeu auquel ils avaient l’habitude de jouer tous les deux, un MMORPG avec un personnage bien stylé. L’adolescente aux cheveux roses affiche un sourire amusé quand son interlocuteur lui demande si elle se considérait comme une pro-gameuse. L’idée de se considérer comme telle ne lui serait jamais venue à l’esprit (et ce n’est pas exactement quelque chose de répandu à l’époque de laquelle elle vient, même si elle n’est pas si lointaine que cela), mais l’idée que Peter puisse considérer que ça pourrait être le cas, elle la trouve plutôt flatteuse, en vérité.

« Oh non, pro-gameuse, pas du tout, mais c’est vrai que j’ai des heuuures d’expérience derrière moi. Faudrait peut-être que je me mette au stream, tiens. » Elle sourit. « Les MMO, j’ai jamais trop fait, moi c’est plus des FPS ou des RPG tout simples », ajoute-t-elle.

Si elle décide de s’engager sur ce sujet, elle peut clairement tenir très, très longtemps, mais elle ne veut pas s’étaler ensemble. Ce sera plus simple de regarder des films ensemble, d’écouter de la musique ensemble, de lire des comics ensemble, de jouer à des jeux vidéo ensemble, c’est encore la meilleure manière de se consacrer du temps et de se partager leur temps.

« De toute façon, je suis un peu limité dans mon temps d’écran, avec l’orphelinat, forcément. »

Certes, ce n’est pas non plus un endroit terriblement strict où il ne serait pas possible de faire quoi que ce soit, mais ça limite quand même forcément les possibilités, et limite globalement son temps d’écran. Sans parler des cours, bien évidemment.

« D’ailleurs, va pas falloir que je tarde, à mon avis. »