Une soirée se préparait ce soir ! David lui en avait déjà parlé il y a quelques semaines, il voulait la présenter à son meilleur ami. Elle n'y avait pas vu d'inconvénient et trouvait au contraire ça plutôt chouette de pouvoir rencontrer une personne proche de lui. Un jour, peut être qu'elle lui fera rencontrer Hana. Mais ce soir, ça sera donc ce double date avec le couple de son ami et eux. Un restaurant avait donc été mis au point dès que tout le monde avait réussi à se fixer sur une date. C'est que réunir quatre personnes ce n'était pas toujours facile.

Ce fameux jour J était enfin là et Rin était impatiente à l'idée de rencontrer cet homme. Elle espérait lui faire bonne impression et qu'il l'apprécie. Dans les films et séries, elle sait que c'est toujours une étape importante de rencontrer les amis. C'est un peu comme avoir leur approbation. David n'ayant pas de famille sur place et elle non plus, les amis avaient en quelque sorte ce rôle là.

La première étape était de faire bonne impression par son apparence. Elle ouvrit donc son armoire en quête d'une tenue qui devrait la rendre jolie et se faire apprécier. C'est donc une sur une robe couleur écru qu'elle porta son dévolu. Cette dernière arrivait un peu au dessus des genoux, ce n'était pas trop court donc ça ne la rendait pas vulgaire. Sa forme faisait penser légèrement à une robe patineuse et lui allait très bien, le dos était totalement nu, c'était à la fois délicat et sexy sans pour autant aller vers la vulgarité. Le tout avait une paire d'escarpin blanc pour que ça s'accorde. (Tenue de Rin). Son visage fut maquillait légèrement, elle voulait rester un minimum naturel, ses cheveux détachées, elle préférait ne rien faire vu le casque de moto qui pourrait tout détruire.

Une fois prête, elle rejoignit le bas de son immeuble, avec deux petites minutes de retard, David l'attendait déjà. Quand elle le vit, elle fit un immense sourire avant de se coller à lui pour lui voler un baiser. Son petit compliment la fit sourire puis elle l'observa un peu plus. Son petit ami en costume... c'était une première et elle aimait ça. "Ce costume te va à ravir ! Ça te rend encore plus beau !" Elle pensa aussi à "sexy". Elle va devoir attendre la fin de la soirée pour pouvoir lui retirer tout ça !

L'heure continuant de tourner, elle enfila le casque et grimpa à l'arrière de la moto. En robe ce n'était pas le top, mais elle était assez longue, du coup ça allait. Le risque de la chute, elle c'en fichait, sa confiance en David était aveugle et le danger ne lui faisait pas peur. La ville avait déjà bien trop flirté avec ça, surtout avec elle. Peu de temps après, les voilà arrivé devant le restaurant. Il ne plaisantait pas quand il disait que ça serait un restaurant chic, cher et ou on ne mange pas beaucoup. Quoi qu'il ne faut pas sous estimer les gastronomiques et leur multitude de petits plats qui vous remplissent le ventre. "Wow ! Ça c'est du restaurant, je ne suis jamais allée dans un de ce type là. J'ai hâte d'y être !" s'exclame t'elle avant de déposer un petit baiser sur sa joue et de venir glisser sa main dans la sienne. "Est-ce que tes amis sont là ?" le questionne t'elle.

Peut-être qu’Alexander en avait trop fait, ou trop dit – mais qu’en n’en fait-il et n’en dit-il pas trop, en vérité ? – au moment de parler à Elizabeth de David. Allez savoir pourquoi, il avait tenu à la « préparer » à la personne qu’il s’apprêtait à rencontrer. David a toutes les qualités du monde, aux yeux d’Alexander, qui trouve que son côté brut de décoffrage a de quoi rendre n’importe quelle conversation passionnante, mais il est aussi… assez différent de ce qu’Alexander est lui-même… Et il ne serait pas particulièrement étonné qu’Elizabeth soit surprise de les savoir amis. Aussi a-t-il préalablement informé Elizabeth du caractère de son ami, mais aussi des circonstances particulières dans lesquelles ils s’étaient rencontrés, alors qu’ils faisaient face à des sortes de zombies gigantesques dans un hôpital abandonné. Il pense l’avoir préparée non seulement au caractère de David, qui à l’évidence tranche avec le sien, mais aussi et surtout au meilleur de sa personnalité, et il ne peut qu’être impatient de les voir se rencontrer, deux personnes aussi importantes pour lui, dans sa nouvelle vie. Sans oublier que lui-même est impatient de rencontrer cette jeune femme qui a gagné le cœur de David, lui qui se présentait pourtant comme un célibataire endurci.

David a fait les choses bien, il a réservé une table dans un restaurant particulièrement chic (et Alexander s’est déjà promis de payer pour leur couple d’amis – il est hors de question que David et sa compagne se ruinent à l’occasion de cette seule sortie –, et Alexander s’est apprêté pour l’occasion… Dans la mesure de sa coquetterie, qui n’est pas si grande. Il est heureux de cette soirée, d’autant qu’il est convaincu que rencontrer de nouvelles personnes fera du bien à Elizabeth, qui ose si peu aller vers les autres, par peur d’un passé qui a souvent tendance à entraver son avenir. Il veut croire que ce sera une occasion agréable et rafraîchissante pour elle.

Alors qu’ils se rendent jusqu’au restaurant, Alexander accapare l’attention d’Elizabeth à grand renfort de longs discours dont il a bien sûr le secret, sur tous les sujets qui le préoccupent mais aussi, bien sûr, sur ses ambitions politiques. Son discours nourri lui fait oublier le trajet, et il s’étonne d’être déjà arrivé quand il découvre la devanture du restaurant – et le couple qui les attend devant ce dernier.

« Ne me dis pas que nous sommes en retard », suggère Alexander, dans une question tout ce qu’il y a de rhétorique, en adressant un sourire enthousiaste à David avant de focaliser toute son attention sur la jeune femme qui accompagne son ami. « Tu dois être Rin, je suppose, ravi de te rencontrer enfin. » Il lui tend la main pour qu’elle la serre. « Alexander Hamilton », se présente-t-il, même si ce n’est probablement pas nécessaire. « Enfin, je suppose que tu le sais déjà. » Il reporte son attention sur le restaurant. « Tu n’as pas lésiné sur les moyens », remarque-t-il à l’attention de David. « Je suppose qu’il est inutile de te dire que ce n’était pas nécessaire, mais j’apprécie l’attention. »

Elizabeth n'appréciait pas particulièrement ce genre d'événements. A vrai dire, Elizabeth n'appréciait rien du moment où il s'agissait d'être en extérieur avec de parfaits inconnus. Néanmoins, Alexander y tenait vraiment et elle était incapable de lui refuser quelque chose qui lui tenait tant à coeur. Alors, elle avait accepté. Elle avait accepté de rencontrer cet ami auquel Alexander tenait tant. Comme pour n'importe quoi, Alexander s'était montré particulièrement bavard et Elizabeth avait presque l'impression d'avoir déjà rencontré ce fameux David. Il lui semblait avoir compris à quel point les deux hommes étaient différents, mais à quel point, aussi, ils s'entendaient. Elizabeth avait également eu le droit au récit de leur rencontre - ce qui aurait pu être particulièrement troublant, si elle n'avait pas été habituée aux mésaventures étranges de cet endroit où ils vivaient. Elle était donc préparée à cette rencontre comme elle ne l'avait jamais été pour aucune autre, sans doute - ce qui n'était en rien surprenant avec Alexander.

A mesure que l'heure approchait, Elizabeth sentait la panique l'envahir - panique qu'elle tentait de dissimuler à Alexander. Ses craintes habituelles se mêlaient à l'appréhension naturelle de rencontrer quelqu'un qui comptait pour Alexander. Elle avait peur de faire un faux pas. Peur de décevoir. Alors, tout en se préparant, elle tentait de se rassurer : la soirée se passerait bien. Ce n'était qu'une rencontre, un dîner de présentation entre amis. Elizabeth avait connu bien pire et bien plus compliqué. Pour Alexander, elle surmonterait ses craintes et elle s'en sortirait sans trop de mal, très certainement.

La route avait été plutôt rapide. Alexander, comme à son habitude, avait été particulièrement bavard et elle n'avait pas vu le temps passer, bien trop occupée à lui offrir toute son attention - ce qui était plutôt une bonne chose puisqu'elle pensait moins à ce dîner de cette façon. A leur arrivée au restaurant, le couple d'ami d'Alexander était déjà là. Pendant que ce dernier discutait avec eux, notamment pour se présenter auprès de l'amie de David, Elizabeth tendait une main à David en se présentant également, plus par formalité que par nécessité, supposait-elle. « Elizabeth. » puis lorsque l'attention d'Alexander se focalisa à nouveau sur David, elle se présenta à Rin. « Je suis ravie de faire votre connaissance. » Se contenta-t-elle d'ajouter, par politesse - non pas qu'elle n'était pas sincèrement ravie, simplement les rencontres de ce type, elle préférait les éviter autant que possible.

Le couple attendait devant le restaurant que les amis de David arrivent. Peut-être qu'ils étaient un peu en avance et même s'ils ont quelques minutes de retard, ça ne sera pas bien grave. Ce n'est pas un entretien d'embauche, il faut savoir être flexible. A peine avait-elle demandé à sa moitié, s'il voyait son ami, il lui indiquait que non, jusqu'à ce qu'il l'avertisse qu'il le voyait. L'homme était un peu plus loin dans la rue, en train d'arriver avec une jeune femme ayant l'air magnifique. Sans rien dire, elle attendit que le couple arrive pour que les présentations soient faites.

Les deux hommes avaient réellement l'air de s'apprécier vu leur accolade. Elle n'imaginait pas David être aussi proche d'un homme, avec son côté rustre, elle le voyait uniquement donner de bonne poignée de main bien viril, un peu comme dans le tout premier film Predator, quand Dutch retrouve son pote militaire et qu'il débute une sorte de bras de fer pour voir qui est le plus fort. Finalement, David n'est pas aussi rustre et brutal qu'il pouvait le prétendre. Derrière ce roc, se cache un petit cœur tendre ! En même temps, elle l'avait déjà remarqué, sinon elle n'aurait pas craqué pour lui.

L'homme se présenta, Alexander, via David, il avait déjà entendu parler d'elle, comme elle avait déjà entendu parler de lui. "Enchanté également Alexander. David m'a beaucoup parlé de toi, j'étais curieuse de te rencontrer," répond t'elle en souriant tout en lui serrant la main. A côté de lui, la jolie blonde se présenta à son tour. Elle semblait un peu plus distante, peut être plus réservée aussi. En même temps, elle était comme Rin, ne connaissant ni David, ni elle. Ceci peut avoir un petit côté... intimidant. "Je suis heureuse de faire ta connaissance également, Elizabeth. Je pense qu'on peut se tutoyer, ça sera un peu moins conventionnel comme ça," propose t'elle. C'est vrai qu'on a tendance à vouvoyer les gens qu'on ne connait pas. Le duo d'ami se connait bien, autant éviter le vous qui met une grande distance au début.

Les deux couples réunit entrèrent à l'intérieur du restaurant. C'était à la fois simple et chic. Le genre sans chichi, la décoration n'était pas poussé à outrance, c'était sobre et classe. Un endroit ou il va faire bon se poser pour passer un bon moment. "Je suis impressionnée par ton choix de restaurant David. Est-ce que je ne déteindrais pas un peu sur toi ?" s'amuse t'elle à lui lancer, alors que tel un gentleman, il venait de tirer sa chaise pour la faire s'y asseoir. C'est vrai qu'il venait à la base d'une famille riche, mais il a toujours été simple avec elle, pas à se comporter comme quelqu'un de la haute société et ça lui avait toujours convenu. Mais ce genre de petite attention avait un petit côté enivrant. "Depuis combien de temps tu supportes David, Alexander ?" demande t'elle à l'homme pour en apprendre plus.

Alexander le sait, l’exercice n’est pas simple du tout pour Elizabeth, et il apprécie sincèrement l’effort que cette dernière est prête à faire, en dépit de ses craintes et de ses réserves, non nécessairement pour elle-même mais pour lui. Bien sûr, il ne veut pas non plus qu’elle se sente forcée de le suivre dans toutes ses interactions sociales – raison pour laquelle, généralement, il décline en son nom la plupart des invitations qui leur sont adressées à tous les deux, mais il veut penser que les choses peuvent être différentes, cette fois.

Certes, peut-être que dans un premier temps (voire un deuxième), Elizabeth ne se trouvera pas grand-chose à voir avec David, mais elle veut croire qu’elle finira tout naturellement par l’apprécier, tout comme lui-même, et puis… il avait promis à David qu’il rencontrerait sa chère et tendre, tout comme lui-même avait été impatient de faire la connaissance de la fameuse Rin. C’est à présent chose faite, et c’est la suite qui promet d’être intéressante. Fort heureusement, pour ce qui est d’éviter les longs silences dans une conversation, le trop bavard Alexander sait y faire, il peut dissiper – ou créer – n’importe quel malaise, aussi tout devrait bien se passer.

David la salue immédiatement avec sa franchise habituelle, et il ne dit que des vérités, après tout. Elizabeth est bel et bien intelligente et belle. La plus belle et la plus intelligente aux yeux de celui qui a de longue date perdu toute objectivité, dès lors qu’il s’est surpris à tomber amoureux d’elle. Il hoche la tête quand son ami suggère qu’ils rentrent dans le restaurant.

« Peut-être bien, mais il paraît que la nourriture est excellente », répond aimablement le politicien quand David remarque que de tels établissements ont tendance à vous servir à rebours.

Ils rentrent à l’intérieur, et Alexander s’amuse de voir David se comporter en véritable gentleman. C’est la première fois qu’il le voit amoureux, et interagir avec l’élue de son cœur, et manifestement, il n’oublie aucune règle de bienséance en la circonstance. C’est définitivement une excellente chose.

« Depuis… » Alexander semble réfléchir. « … un an je crois ? » réfléchit-il. Cela fait un moment, oui, qu’ils se connaissent, et que de bouleversements dans son existence, ce temps durant.« Le temps passe vite. Mais pour la défense de David, il me supporte bien plus que je ne le supporte moi-même. » Ce qui est loin d’être faux. « Je ne sais pas si David t’a raconté les circonstances de notre rencontre, mais ça vaut le détour », ajoute-t-il en adressant un sourire complice en direction de David.

Elizabeth n'était pas particulièrement bavarde - sauf lorsqu'il s'agissait de débattre avec Alexander de politique - mais elle allait tenter de faire un effort. C'était en tout cas ce qu'elle se promettait à elle-même alors qu'elle avançait la main vers David pour le saluer. Ce n'était pas un moment facile pour elle, mais elle s'était préparée et elle était prête à faire des efforts pour Alexander qui tenait bien trop à cet ami pour qu'elle n'en fasse aucun. « C'est moi qui ai beaucoup de chance. » Affirma-t-elle en souriant, alors qu'il la complimentait et qu'il disait à quel point Alexander était un homme chanceux. Elle était la plus chanceuse, David n'avait pas idée de ce qu'Alexander acceptait du passé d'Elizabeth. « Le plaisir est partagé, David. » Rencontrer, sociabiliser, ce n'était pas la chose la plus évidente à faire pour la jeune femme, mais elle était heureuse de découvrir un peu plus d'Alexander, de découvrir les gens qu'il aimait et à qui il tenait.

Après avoir salué David, la jeune femme s'était présentée à Rin, qui avait aussitôt proposé d'utiliser le tutoiement, ce à quoi Elizabeth avait répondu par un simple hochement de tête, accompagné d'un sourire. Ce serait bien moins formel et, très certainement, plus facile de discuter ainsi. L'ambiance n'en serait que plus détendue.  

Les présentations faites, ils étaient entrés tous les quatre dans le restaurant. Rapidement, ils avaient été conduits à leur table et ils s'étaient installés. C'était maintenant que les choses les plus compliquées allaient commencer pour la jeune femme. Elle allait devoir faire un effort pour parler, pour discuter tout en oubliant son habituelle méfiance, mais sans, pour autant, dire quelque chose qui pouvait la trahir - mais elle s'en faisait beaucoup trop, comme toujours. Heureusement, elle n'était pas celle sur qui l'on comptait pour lancer les conversations - sans quoi, le silence régnerait à table durant toute la durée du repas, très certainement.

Rin avait été la première à questionner les deux hommes, ou plutôt à questionner Alexander à propos de leur rencontre, avec David. Alexander répondait donc, assurant même, au passage, que David supportait davantage Alexander que le contraire - réflexion qui fit sourire Elizabeth, comprenant parfaitement ce qu'il sous-entendait, connaissant Alexander et ses habitudes qui devaient en fatiguer plus d'un. « Tu n'es pas si difficile à supporter quand on te connait bien, tu sais. » Souffla Elizabeth, en souriant. C'était presqu'un mensonge et elle le savait. Alexander était particulièrement difficile à supporter lorsqu'il avait décidé de débattre de quelque chose ou lorsqu'il avait une idée en tête, parce qu'alors il pouvait devenir particulièrement bavard et ne savait plus s'arrêter. Elizabeth aimait cette facette d'Alexander, mais elle savait aussi que d'autres devaient la détester. Quant aux circonstances de cette rencontre, Elizabeth les connaissait pour les avoir entendues de la bouche d'Alexander et elles étaient particulièrement incroyables et étonnantes - enfin, selon le monde d'où l'on venait, en tout cas.

Les deux couples étaient enfin installés à l'intérieur du restaurant, après les présentations à l'extérieur. L'endroit était charmant, différent ce qu'elle avait pu voir avant. Oui, c'était quelque peu plus guindé, sans non plus aller vers des signes de richesses et donc des prix hallucinants.

La demoiselle curieuse, demanda à Alexander depuis combien de temps les deux amis se connaissaient et comment s'était fait leur rencontre. Oui, c'est qu'elle était bien curieuse la demoiselle. Un instant de réflexion plus tard de la part d'Alexander et elle apprit que ça faisait environ un an. Une amitié plutôt fraiche en somme. Sans connaitre l'homme, elle trouvait qu'il avait l'air bien différent de son David qui lui avait cet air bien plus sauvage et libre. Mais ne dit-on pas que les contraires s'attirent ? Cette différence rend peut-être leur amitié plus forte. Quand à la question de leur rencontre, elle eut l'impression que son bien aimé coupa l'herbe sous le pied de son ami pour donner une version très édulcorée. C'est mal connaitre la Japonaise, qui compte bien ne pas en rester là. Un détour à l’hôpital ? David avait surement fini blessé lors d'un combat ou quelque chose dans ce goût là. "Un passage à l’hôpital ? Qu'as tu donc fais pour te retrouver là bas et devoir être rafistolé ?" demande t'elle pour en savoir plus. Elle ne montrait pas de signe de mécontentement où autre, c'était du passé, elle n'avait pas tellement son mot à dire et à l'époque, elle n'était pas non plus en couple avec lui.

En parlant qu'il pouvait être difficile de supporter Alexander, David assura avoir survécu à un discours politique de ce dernier. Voilà un domaine dans lequel Rin n'y connait rien. Puis, il enchaina pour en apprendre plus sur la rencontre entre Elizabeth et Alexander. Oh oui, elle avait bien envie d'entendre ça, comment ses deux là se sont rencontrés. C'est toujours sympa ce genre d'histoire, on pourrait d'ailleurs dire que la rencontre de Rin et David était plutôt peu commune et n'avait pas bien débuté. Comme quoi, il ne faut pas s'arrêter à la première impression.

Difficile pour Alexander de présumer à l’avance de comment ce dîner se déroulera tant Elizabeth et David, même s’ils tiennent une place d’importance dans son cœur, sont des personnes sensiblement différentes. Il ignore s’ils seront capables de se trouver le moindre atome crochu, mais la chose le rend, à dire vrai, plutôt curieux, et il est assez satisfait de constater, d’entrée de jeu, que chacun s’efforce de faire des efforts afin de rendre ce moment le plus agréable possible… A tout moment, Alexander serait bien le plus susceptible de gâcher la soirée, avec son fichu franc parler, ses opinions fortes et son incapacité à dissimuler ce qu’il pense… Mais ça reste à voir.

Les présentations faites, tout le monde rentre dans le restaurant. Alors qu’ils s’installent à leur table, Alexander vient serrer furtivement la main d’Elizabeth dans la sienne, il ne sait que trop bien que c’est là un soutien dont cette dernière aura probablement le plus grand besoin, au vu des circonstances.

« Beaucoup ne seraient pas d’accord avec toi », remarque-t-il à l’adresse de sa chère et tendre quand cette dernière suggère qu’il n’est pas si difficile à supporter une fois qu’on le connaît bien. « J’aime l’idée de me bonifier avec le temps, comme le bon vent…. Mais à la vérité, nombreux seront ceux qui admettront que je les ai irrités à l’usure… »

Mais pour peu qu’on sache lui répondre et qu’on parvienne, miraculeusement, à lui imposer des limites, Alexander pouvait bel et bien être quelqu’un d’agréable à vivre… C’était là, probablement, le plus grand point commun entre Elizabeth et David : ils étaient tous les deux parvenus à cet exploit des plus remarquables, et ce n’est définitivement pas rien.

David décide de donner un récit bref et particulièrement laconique de leur rencontre, mais Alexander le laisse faire, ce n’est pas à lui de décider de ce que David voudra bien apprendre à Rin ou non. Quoique, au vu de la curiosité de cette dernière, il aura probablement l’occasion d’en dire plus. Il sourit en coin quand il affirme à Elizabeth avoir survécu à ses discours politiques, et même les avoir trouvés intéressants. C’était probablement là le plus beau compliment qu’on pouvait bien lui faire. Alexander tourne un regard en direction d’Elizabeth quand David suggère qu’il voudrait en apprendre un peu plus sur eux… Connaître les limites de ce qu’il peut se permettre de dire en présence et au sujet d’une femme aussi secrète que celle qui partage à présent sa vie n’a absolument rien d’évident.

« Les détails ? Je t’ai dit qu’on s’était rencontrés quand elle était thérapeute et moi son patient. Donc techniquement, les tenants et aboutissants de notre rencontre tombent sous le secret professionnel », répond-t-il sobrement, en guise de parade.

Les choses difficiles commençaient réellement pour Elizabeth : tenter de profiter du moment, de discuter, de faire comme tout le monde. C'était un jeu auquel elle ne s'était jamais réellement prêtée - jamais, autrefois, elle n'avait eu l'occasion de partager ce genre de dîner ou d'exposer aux yeux de tous son amour pour quelqu'un, alors c'était même une première - mais qu'elle tenait à jouer aujourd'hui pour Alexander, parce qu'il tenait à ce qu'elle rencontre son ami et qu'elle ne voulait pas lui refuser ça. Et si elle était incapable de lui refuser, il n'en oubliait pas pour autant les efforts que cela lui demandait. Il avait conscience qu'elle se dépassait, qu'elle dépassait ses peurs et les limites qu'elle s'était imposées pour ce dîner. Alors, pour la rassurer et pour lui insuffler le courage dont elle avait besoin, Alexander était venu, dans un geste tendre et rassurant, serrer la main dans la sienne, un court instant, alors qu'ils étaient en train de s'installer. Et, comme à chaque fois, ce geste l'avait instantanément rassurée et détendue.

La conversation commençait doucement, naturellement. Chacun s'intéressait à la façon dont l'autre s'était rencontré et depuis combien de temps. « Ils ne te méritaient pas, alors. » Affirma-t-elle, un sourire en coin, alors qu'il assurait que, contrairement à ce qu'elle disait, il était difficile à supporter. Ce n'était pas lui qui devait se remettre en question, à ses yeux, si certains s'étaient trouvés irrités par son comportement, c'était simplement qu'ils n'étaient pas faits pour s'entendre avec ces personnes-là. Elizabeth restait persuadée qu'il était possible de supporter Alexander pour peu que l'on soit prêt à faire des efforts et à accepter ce que certains considéraient comme des défauts. Il était juste très bavard - entêté et il disait les choses un peu trop directement, aussi -  sur les sujets qui le passionnaient, pouvait-on réellement le lui reprocher ?

Presque aussitôt après la réponse d'Alexander, qui expliquait depuis quand ils se connaissaient et affirmait que leur rencontre valait la peine d'être racontée, David s'était empressé de donner sa version, à lui. Une version bien plus brève que celle à laquelle Elizabeth avait eu droit lors des explications d'Alexander. A croire qu'elle n'était pas la seule à devoir cacher des choses - même si les raisons devaient être bien différentes dans les deux cas. « Je comprends mieux, il a trouvé quelqu'un capable de l'écouter et de discuter pendant des heures avec lui. » Répondit-elle, un sourire aux lèvres, à David alors que ce dernier assurait avoir survécu à un discours d'Alexander et, mieux encore, l'avoir apprécié.

La question de leur rencontre, à tous les deux, arrivait dans la conversation. Elizabeth se tendait légèrement parce qu'elle ignorait ce qu'Alexander avait déjà pu raconter. Il y avait beaucoup de choses qu'ils devraient taire, parce que la moindre information paraissait dangereuse aux yeux de la jeune femme, mais, en même temps, rester trop secret était suspect, également. Comme bien souvent, il fallait donc trouver un juste milieu entre trop en dire et pas assez. Et Elizabeth se rassurait en voyant qu'Alexander avait bien conscience de tout ça - son regard en disait long. Même s'il parlait trop, et souvent trop vite, il prenait toujours soin de ne rien divulguer qui mettrait mal à l'aise Elizabeth - ou pire, en danger.

Avant qu'elle ne puisse répondre quoi que ce soit, Alexander avait pris la parole pour donner sa version - une qu'il avait déjà racontée, semblait-il - rapide et sans détail, prétextant que ces derniers appartenaient au secret professionnel. « J'ai eu la bonne idée de l'inviter à dîner... » Précisa-t-elle, s'assurant que chaque détail n'apprenait rien de particulier, mais donnait une idée plus précise de comment les choses s'étaient faites. Il fallait donner l'impression d'en donner suffisamment pour satisfaire leur curiosité, afin qu'ils ne cherchent pas davantage. « Nous avons passé la soirée à refaire le monde, à discuter de cet endroit, à rêver d'autre chose. J'ai découvert un homme passionné et passionnant, intelligent et obstiné... » C'était loin d'être désagréable de se souvenir de ces moments particuliers, déterminants et précieux, bien au contraire. « Et voilà le résultat. » Souffla-t-elle en jetant un coup d'oeil rapide à Alexander. Ils étaient là, ensemble et unis, prêts à refaire le monde et à affronter tous les obstacles. Ce qui ne devait être qu'une simple soirée pour se prouver qu'elle était capable d'affronter ses peurs, mais que c'était inutile et dangereux, c'était transformé en quelque chose de fort. Depuis ce soir-là, ils n'avaient plus jamais réussi à se quitter. Ils s'étaient revus souvent et, malgré les réticences d'Elizabeth au départ, ils avaient fini par céder à leurs sentiments.

Des récits de rencontre, c'était toujours amusant à entendre. Elle découvrait comment David était devenu ami avec Alexander. Les deux hommes semblaient bien différents mais malgré ça, ils parvenaient à se supporter l'un et l'autre et surtout à s'apprécier. Comme quoi, parfois, être différent ça a du bon. Être trop semblable, ça doit devenir ennuyant à la longue. C'est surement ça qui fait qu'ils parviennent à s'entendre, d'être différents, de penser différemment et d’essayer de comprendre l'autre.

Puis, curieuse, Rin voulu savoir comment les deux amoureux devant eux c'était rencontré. On ne peut pas le nier, tout le monde aime ce genre d'histoire. C'était loin d'être classique pour Alexander et Elizabeth. L'homme était l'un des patients de la jeune femme et faut croire qu'au fur et à mesure des séances, quelque chose a fini par naitre entre eux. "C'est une histoire peu classique. Mais je trouve ça beau ! On dit souvent que les docteurs évitent de sortir avec leurs patients. Je trouve ça idiot, du moment qu'il y a des sentiments... On est tous humains, qu'importe le boulot qu'on fait," remarque Rin qui ne jugeait pas du tout leur relation mais trouvait ça fantastique qu'on puisse dépasser parfois ce côté professionnel que les gens s'imposent. Quelque part, c'est Elizabeth qui avait fait le premier pas en invitant Alexander au restaurant. Ceci rendait tout encore plus merveilleux. "J'admire ton courage Elizabeth. C'est si difficile de se lancer ne serait-ce que pour avouer ses sentiments." Et pourtant, elle aussi avait avoué à ce crétin de David ce qu'elle ressentait, mais c'est surtout parce qu'elle croyait qu'il en aimait une autre. Faut dire qu'il était maladroit et sa manière de faire était loin d'être la plus parfaite, alors que dans l'idée, il parlait d'elle, sauf qu'elle n'est pas devin ! "Ça fait combien de temps que vous êtes ensemble ?" demande t'elle.

King pensait ne pas être facile à vivre, à l'image de son ami. Faut juste appendre à le connaitre. Et souvent, les sentiments, ne se commandent pas. Ils arrivent, sans crier gare et voilà qu'on se retrouve piégé. "Faut croire que j'aime bien ton sale caractère... A vrai dire, je ne me l'explique même pas. T'as été là pour moi quand j'en avais besoin, je crois que ça joue beaucoup aussi. T'es moins insupportable que tu ne le penses," explique t'elle à son bien aimé.

Un serveur déposa les menus et prit les premières commandes pour les boissons. Un verre de rouge pour l'asiatique, ça lui semblait bien pour trinquer et ça sera surement le seul verre d'alcool qu'elle boira ce soir.

L’avantage, c’est que personne ici ne se fait d’illusions quant à la capacité d’Alexander de déblatérer encore et encore et encore sans s’arrêter un seul instant, jusqu’à l’indigestion. Un avantage, oui, ou en tout, il n’y aura de surprise pour personne, pas même pour Rin qui aura naturellement été mise au parfum. La manière dont ils savent tous en discuter avec détachement l’amuse beaucoup. Quand on a des défauts très prononcés, ils deviennent ce qui fait que l’on s’attache à vous, ou non. Dans le cas d’Elizabeth autant que de David, manifestement, ils ont pris le partie d’accepter, voire peut-être même d’apprécier ses discours à n’en plus finir. Alexander ne peut s’empêcher de poser sur Elizabeth un regard ému, qui doit probablement lui donner l’air un peu stupide, alors qu’ils évoquent autant les circonstances de leur rencontre que la manière dont leur relation a fini par évoluer. Ce n’est pas grand-chose, c’est même particulièrement anodin, mais tout dans cette histoire, dans leur histoire, parvient à le toucher au-delà des mots.

« Ça va bientôt faire un an », répond Alexander avec un sourire quand Rin leur demande depuis combien de temps ils sont ensemble avant de complimenter le courage d’Elizabeth.

David observe que de son côté, il n’est définitivement pas le mec le plus facile à vivre… oui, ça, c’est le moins que l’on puisse dire… Ils sont chacun assez difficiles à vivre, et dans des styles très différents… et pourtant, le courant est immédiatement passé. Bon, le fait d’être exposés à la perspective d’une mort certaine avait probablement fait évoluer leurs visions, toujours est-il qu’Alexander est du même avis que David… en effet, leurs tempéraments bien trempés respectifs étaient probablement ce qui avait facilité leur entente pour commencer.

« C’est ce qu’on appelle être lucide et perspicace », affirme Alexander afin un fin sourire alors que David reconnaît que sa compagne est parvenue elle aussi à voir en lui quelque chose que lui-même ignorait complètement.

Et tant mieux, parce que même si David vivait probablement tès bien tout seul, il avait sans doute eu besoin d’une compagnie aimante, et celle de Rin paraît lui convenir parfaitement. Il est encore trop tôt, bien sûr, pour se prononcer au sujet de cette dernière, mais Alexander aime à penser, en effet, que Rin est quelqu’un de bien et qui a su voir au-delà des apparences, ces apparences que David prend beaucoup d’énergie, consciente ou inconsciente, à préserver.

« C’est ce que je me tue à lui dire », remarque Alexander quand Rin ajoute que David est bien moins insupportable qu’il ne l’imagine.

Un serveur vient prendre leur commande, Alexander suit l’exemple de Rin et choisit lui aussi de prendre un verre de vin rouge.

Elizabeth écoutait attentivement les circonstances de la rencontre entre David et Alexander, même si elle avait déjà eu le droit à une version détaillée - parce que tout était toujours extrêmement détaillé avec Alexander. David et Alexander n'auraient peut-être jamais autant accroché s'ils ne s'étaient pas connus dans des circonstances si dangereuses et si particulières - ou peut-être étaient-ils destinés à devenir de grands amis, avec leurs caractères si différents, quoi qu'il se passe ?

A leur tour, Alexander et Elizabeth étaient encouragés à parler de leur rencontre. Il n'y avait pas grand-chose à dire - parce qu'Elizabeth, même pour des choses aussi banales, préférait rester discrète et secrète, supposant que n'importe quelle information, sans qu'elle ne s'en rende compte, pouvait jouer en sa défaveur et être un argument pour sa cousine. Leur rencontre, au départ, n'avait été que purement professionnel. Une psy et son patient. Elizabeth était incapable de dire à quel moment elle avait commencé à développer de véritables sentiments à son égard, mais elle savait à quel moment elle l'avait compris. Lorsqu'elle l'avait invité chez elle, elle l'avait fait en toute innocence - sur ce point, en tout cas - mais peut-être qu'inconsciemment, elle l'avait choisi lui, pour ça, parce qu'il ne la laissait pas indifférente ? Trop habituée à ignorer ses sentiments, c'était une chose difficile à dire. En revanche, il était certain qu'au fil de cette soirée, elle avait ressenti quelque chose de particulier naître entre eux, un lien qui se créait naturellement, comme si quelque chose existait, sans qu'il n'y ait besoin de faire quoi que ce soit. David comparait alors son histoire a la leur. Rin avait vu quelque chose en lui, comme Elizabeth avait vu quelque chose en Alexander - même si, en l'occurrence, dans leur cas, ils avaient dû voir beaucoup chez l'un et chez l'autre, pour s'accepter malgré les différences et les dangers.

La réflexion de Rin fit sourire Elizabeth. Si ce n'était pas quelque chose d'habituel dans son monde, elle avait appris, ici, qu'il n'était pas bien vu de sortir avec l'un de ses patients. « Il est difficile de contrôler ses sentiments. » Ajouta-t-elle, pour compléter ce qu'elle disait. Elle avait tenté de lutter - pour d'autres raisons que son travail, mais personne n'était obligé de savoir - mais dès l'instant où elle l'avait invité chez elle pour dîner, n'avait-elle pas dépassé les limites patient/psy, de toute façon ? Et, par la suite, la lutte était devenue vaine parce que son coeur avait gagné sur sa raison. « Merci, mais il a été le plus courageux des deux à ce sujet. » Jamais Elizabeth ne se serait lancé dans cette entreprise si Alexander ne s'était pas montré aussi déterminé à lui faire comprendre ce qu'il ressentait pour elle et si déterminé à lui ouvrir les yeux sur ce qu'elle ressentait pour lui - et à accepter ces sentiments réciproques, surtout. A la question de savoir depuis combien de temps ils étaient ensemble, Alexander répondit le premier. Presque un an. Déjà. Les choses lui semblaient aller si vite qu'elle avait l'impression de ne pas profiter de chaque instant autant qu'elle le devrait.

A l'arrivée du serveur, chacun commandait - Elizabeth suivait le mouvement et prenait la même chose que Rin et Alexander. Une fois seuls, Elizabeth reprit la parole pour interroger l'autre couple, cette fois-ci : « Et comment ça s'est passé pour vous ? » Toutes les rencontres y étaient passées, à leur tour désormais.

[justify]Les histoires d'amour sont différentes pour tout le monde. Que se soit la rencontre, ou juste l'intensité de l'histoire, les caractères... bref ou pourrait croire que certaines se ressemblent, mais au final, tout est unique. Dans le cas de Alexander et Elizabeth, leur rencontre découlait du professionnel. La jeune femme était la psy du jeune homme. A force de se voir, de se parler quelque chose avait dû naître entre eux. C'était à la fois beau et original. Une jolie histoire que personne n'aurait vraiment pu prévoir. Surtout que souvent les docteurs ne sortent pas spécialement avec les patients. Au final, pourquoi pas ? A quoi bon se priver s'il y a un coup de foudre, si les sentiments sont là et que le tout est réciproque ? Qui a le droit de juger ça ? Personne ! L'important c'est qu'ils s'aiment et qu'ils soient heureux ensemble.

Après que le serveur soit venu pour commander leurs boissons, ce fut au tour de Rin et David de devoir parler de leur rencontre. On peut dire que c'est quelque part moins entendu mais tout de même original. C'est King qui s'attaqua au début de l'histoire, partie dont la jeune femme n'avait plus le moindre souvenir. Visiblement, ils s'étaient croisés dans un bar, elle se rappelle qu'on lui avait dû qu'elle était serveuse, job qu'elle n'a d'ailleurs pas reprit après son accident. Entre eux, ça se serait plutôt mal passé, David avait joué les lourdaud alors que Rin n'avait rien à faire de lui. Plus tard, ils se seraient croisés dans la rue et c'est là qu'elle aurait eu son accident en le sauvant. Vous parlez d'une histoire... elle n'a pas le moindre souvenir de tout ça. "Tout ce que David à raconté, je n'en ai pas le moindre souvenir. Je l'ai visiblement sauvé d'un accident. A la place, c'est moi qui me suis fait renverser en le sauvant. J'ai été gravement blessé et j'ai subit un grave choc à la tête. J'ai perdu toute ma mémoire ou presque tout. Je me souviens de quelques petites comme, comme qui je suis, ou je suis née, quelques vagues souvenirs assez flou de ma famille et mon enfance. Mais la plupart n'est que néant," explique t'elle pour remettre un peu le contexte. "Quand j'étais à l’hôpital, il m'a rendu visite pour voir comment j'allais. J'ignorais tout de lui, mais je me suis raccrochée à lui, car il était le seul à savoir qui j'étais. Il a bien voulu m'aider pendant ma convalescence. C'est comme ça qu'on est devenu amis. Le temps a passé et je suis tombée amoureuse de lui. Avant de m'en rendre compte et de l'accepter, il m'a fallu du temps. Mais c'est devenu une évidence, sauf que je n'étais pas sûre que ce soit réciproque pour lui. C'est en partie pour ça, que j'ai mis très longtemps à lui avouer ce que je ressentais..." explique t'elle en souriant et regardant le jeune homme qui faisait battre son coeur.

Il est difficile de contrôler ses sentiments. C’est au final un excellent résumé de leur histoire, à Elizabeth et à lui, qui n’avaient effectivement guère eu la moindre maîtrise de leurs émotions dès lors que l’amour s’était joint à la danse. Ils s’étaient aimés presque intuitivement, naturellement, parce que ça leur avait semblé être la chose la plus naturelle au monde quand sur le papier, pourtant, leurs histoires et leurs personnalités supposaient un désastre annonçait… un désastre que le politicien un peu trop zélé ne se lassera jamais de nier, en dépit des indices qui, de temps à autre, pointent dans leurs directions et font office, en quelque sorte, de rappel à l’ordre.

Alexander adresse à sa compagne un sourire complice quand Elizabeth affirme qu’il aurait été plus courageux qu’elle pour ce qui est de supporter l’autre. En définitive, il faudrait probablement beaucoup de courage à n’importe qui d’autre pour assumer une relation pleinement épanouie avec l’un d’entre eux, et ils s’étaient parfaitement trouvés pour cela, comme les deux pièces complémentaires d’un même puzzle… ce genre de choses est loin, très loin, d’être donné à tout le monde. L’air de rien, le fait que David affirme par ailleurs qu’ils semblent faits l’un pour l’autre, cela touche Alexander bien plus qu’il ne l’aurait soupçonné… Comme quoi, quand l’évidence frappe à notre porte, il ne faut surtout pas la laisser fermée.

Quant aux circonstances de la rencontre entre Rin et David, ce dernier s’était contenté de la résumer très rapidement à Alexander au moment de lui annoncer, par SMS interposés, qu’il avait quelqu’un dans sa vie.. le récit qu’il en avait fait n’était pas particulièrement « glamour » à proprement parler, il est vrai, mais toute histoire est belle du moment qu’elle aboutit à une relation forte et heureuse, peu importe que les débuts aient été improbables ou même chaotiques. Il ne dit rien, attendant d’entendre ce que David va en dire (pour une fois qu’il se tait un peu, on ne va pas se plaindre), et surtout ce que Rin aura à ajouter. Une rencontre dans un bar qui avait mal commencé, et finalement, Rin lui avait sauvé la vie.

David devra probablement revoir sa définition de « glamour » car Alexander est à peu près certaine qu’il existe des comédies romantiques à l’exacte même intrigue. Cela dit, avec peut-être un peu moins de vulgarité à la clé, c’est une possibilité. La subtilité, c’est qu’après ça, Rin avait semble-t-il perdu la mémoire. Le visage d’Alexander se ferme légèrement. Il n’imagine pas le trouble que cela doit être que de perdre ses souvenirs. La mémoire est un élément-clé, si essentiel pour lui, qui redoutait par-dessus tout que son nom se perde dans les limbes de l’histoire, que l’idée de perdre la mémoire avait longtemps fait partie de ses plus grandes hantises. Heureusement, pour Rin, elle semble vivre la chose de manière apaisée. Et la présence de David y a probablement été pour beaucoup.

« Tu peux dire ce que tu voudras, David, mais l’histoire que vous me racontez là, c’est l’une des histoires les plus romantiques que j’ai jamais entendues », affirme-t-il avec le sourire. Puis il se tourne vers Rin. « Je n’ose imaginer ce que l’on éprouve quand on perd soudainement la mémoire mais… C’est une page blanche à réécrire, après tout, et tu as choisi un excellent co-auteur pour ça. »

Elizabeth ne connaissait David et Rin que depuis quelques minutes, mais elle était déjà persuadée d'une chose : il s'aimait sincèrement. Elle n'était pas forcément spécialiste de l'amour et de ces questions, mais il y avait parfois des évidences si l'on savait bien regardé. Celle-ci en était une. A leur façon, ils se le disaient et ils le prouvaient à ceux qui les entouraient.

Alexander et Elizabeth venaient de raconter leur rencontre, un peu particulière. Leur première rencontre n'avait rien de traditionnelle, dans le sens où elle s'était déroulée dans un cadre professionnel, mais leur lien s'était créé plus tard, alors qu'Elizabeth était déjà allée un peu trop loin en l'invitant à dîner chez elle - sans la moindre arrière-pensée, cependant. A ce sujet, l'ami d'Alexander partageait l'avis de Rin : même s'il avait été son patient, ils avaient eu raison de ne pas s'imposer de limites et de s'interdire l'évidence. Mieux encore, il assurait qu'ils étaient faits l'un pour l'autre et, à ces mots, Elizabeth avait lancé un regard plein de tendresse à Alexander, qui en avait fait de même. C'était certainement l'un des plus beaux compliments qu'on pouvait leur faire - surtout parce qu'eux avaient conscience de tout ce qui aurait dû les éloigner, en réalité.

A son tour, Elizabeth se montrait curieuse et voulait apprendre comment le couple face à elle s'était rencontré. David prit donc la parole le premier pour raconter qu'ils s'étaient d'abord rencontrés dans un bar et que les choses, dans un premier temps, ne s'étaient pas réellement bien passées entre eux, et ce, jusqu'à ce qu'elle lui sauve la vie. Ce genre d'événement créé forcément des liens forts et celui-ci semblait leur avoir permis de comprendre ce qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, au fil du temps.

A son tour, Rin avait ajouté des détails. D'abord, elle précisait qu'elle ne se souvenait pas de tout ce que David venait de raconter. Elle précisait alors avoir perdu presque l'intégralité de sa mémoire. Une situation qu'Elizabeth espérait n'avoir jamais à supporter - même si elle prétendait ne pas se souvenir de Mary lorsque sa route croisait celle de cette dernière, elle n'échangerait pour rien au monde ses souvenirs. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce qui se passait en Rin chaque fois qu'elle voulait se souvenir de quelque chose et elle imaginait que la situation devait être particulièrement compliquée, bien qu'elle semblait plutôt bien le vivre - certains de ses patients connaissaient les mêmes problèmes et ne le vivaient pas du tout de la même façon.

Cet accident les avait donc rapprochés. Elle s'était accrochée à lui et ils avaient fini par se rendre compte de ce qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. « Je partage l'avis d'Alexander, votre histoire est très belle. » Il y avait, malheureusement, des conséquences terribles, comme cette perte de mémoire, mais l'histoire n'en était pas moins belle pour autant. Ils s'étaient trouvés malgré les difficultés et les obstacles. « J'espère de tout coeur que les choses s'arrangeront pour toi. » Ajoutait-elle en s'adressant à Rin. Si une nouvelle page était à écrire, il n'en restait pas moins qu'il devait être compliqué de se reconstruire sans sa mémoire. Alors, à défaut de pouvoir lui rendre la mémoire comme par magie, elle lui souhaitait sincèrement que les choses s'arrangent pour elle.

Visiblement, leur histoire semblait toucher les amis de David. Le couple trouvait ça romantique. Rin ne savait pas trop si elle pouvait vraiment dire que c'était le cas. On était loin des films avec des scénarios bien plus beau. Tout avait commencé par une rencontre qui ne s'était pas bien passé et la suite un accident qui les a fait devenir amis. Est-ce romantique ? Elle dirait plutôt original et rien ne prévoyait que les deux finissent ensemble. Au départ, David semblait ne pas du tout aimer la Japonaise et d'après ce qu'il disait c'est la pitié qui l'avait fait rester au début. Pas très glorieux tout ça... Elle n'a pas dépeint non plus les agissements de goujat de son compagnon. C'est vrai, parfois... c'était un crétin qui ne comprenait rien. Malgré ça, elle était tombée amoureux de lui, c'était presque improbable ! "Je crois que tout le monde trouve les histoires des autres, plus romantique, que la sienne," conclut Rin. Quand on la vie c'est différent et parfois raconté, ça semble plus romancé, plus rocambolesque et impressionnant.

Ainsi, les deux couples levèrent leurs verres aux nouveaux départs... Les verres tintèrent entre eux avant de boire. Pas longtemps après, le serveur avait apporté les commandes prisent par tout le monde, histoire de débuter le repas. Les conversations continuaient, passant d'un sujet à un autre, tout pouvait y passer aussi bien la météo, la musique, la politique... C'était drôlement sympa et convivial. Et tout doucement, la soirée arrivait vers le dessert que la table attendait avec impatience pour clôturer ce super repas. "Je suis très heureuse de vous rencontrer tous les deux. Je suis contente de voir aussi que David est un minimum sociable et qu'il ne frappe pas tout le monde. Dis moi... il ne t'a jamais frappé, hein, Alexander ?" demande Rin d'un coup, s'imaginant très bien David frapper l'homme pour une raison ou pour une autre avant même qu'il ne soit ami ou juste parce que l'autre l'aurait énervé...

C’est assez amusant d’entendre David, qui n’est définitivement pas un parangon de romantisme, parler de sa relation avec Rin. Il ne passe pas par quatre chemins, il ne s’embarrasse pas de périphrases exagérément mielleuses, non, il se contente de dire les choses comme il les a vécues, de manières directe et factuelle. Dans le fond, c’est peut-être bien là la manière la plus juste de parler de ses sentiments. Alexander est un lettré, il serait probablement capable de dérouler à Elizabeth un poème de milliers de mots en la comparant à toutes les déesses de tous les panthéons existants pour lui prouver la force de ses sentiments pour elle, mais au fond, Alex ne peut que songer au fait que le discours et la manière d’être de son ami sont probablement ce que l’on peut espérer de plus juste et de plus cohérent. Il ne joue pas. Il ne triche pas. Il vit comme il pense, il pense comme il vit. C’est quelque chose qu’Alexander est capable d’admirer et de valoriser… Lui qui gravite dans un milieu qu’on ne saurait qualifier que d’austère, où l’hypocrisie est la norme et où les intentions se déguisent pour ne pas se dire trop directement, un discours clair, net et précis mais surtout franchement et fondamentalement sincère est toujours chose très appréciée.

« Oh je n’ai jamais dit que votre histoire était plus romantique que la nôtre », s’amuse Alexander à la réplique de Rin. « Mais il était difficile de rivaliser avec nous, je vous le concède », ajoute-t-il d’un ton léger, quoi qu’il soit en réalité totalement d’accord avec le propos de Rin.

D’une manière ou d’une autre, l’on projette toujours un certain nombre de fantasmes sur la vie des autres, parce qu’elle ne saurait naturellement que se compléter de ce que l’esprit doit combler de zones floues, faute de véritablement tout pouvoir savoir de la vie de l’autre… C’est ce qui rend d’ailleurs chaque rencontre, chaque conversation, intéressante en soi, car elle s’accompagne de cette aura de mystère, ce quelque chose d’insaisissable dans la vie de l’autre… y compris dans la vie de la personne avec qui l’on partage sa vie, d’ailleurs.

« Aux nouveaux départs », confirme Alexander avec enthousiasme quand David leur suggère de trinquer. C’est plutôt le meilleur toast à porter, en effet. En dépit de tout ce que sa nouvelle existence garde d’insaisissable, Alexander Hamilton ne saurait qu’être d’accord.

Alexander repose son verre et rit de bon cœur quand Rin suggère que David aurait pu être susceptible de le frapper, lui qui a la frappe facile et qui surtout n’est pas la personne la plus sociable qu’on puisse imaginer. Une brute au grand cœur, voilà comment le politicien le décrirait.

« Pas que je m’en souvienne, non », dit-il alors. « Même si je l’aurais peut-être mérité une paire de fois. Jusqu’ici il n’a jamais joué des poings que pour me protéger. Et je lui dois une fière chandelle pour ça. »

La soirée commençait plutôt bien. Il n'y avait pas de silences gênants au milieu des conversations et les sujets s'enchaînaient plutôt naturellement. Elizabeth, par nature, n'était pas très bavarde - les seules fois où elle se montrait particulièrement bavarde étaient ses longues discussions avec Alexander à propos de ce qui les passionnait tous les deux - mais elle écoutait avec plaisir chacune des personnes assises autour de cette table raconter telle ou telle anecdote. Ils évoquaient, chacun leur tour, leurs rencontres. A cette table, les duos paraissaient presque improbables et il n'aurait pas été possible de les imaginer en dehors de cet endroit mystérieux. Ils avaient chacun des vies très différentes, des points de vue différents, des façons de vivre différentes et pourtant... ils avaient réussi à se trouver, à s'attacher, à se lier. Aux yeux d'Elizabeth, ces détails ne rendaient ces relations que plus précieuses. Elles étaient la preuve qu'il ne fallait pas toujours se fier aux apparences, qu'il fallait creuser et s'autoriser l'interdit.

Ils parlaient alors du romantisme de chacune de leur relation. Elizabeth les écoutait tout en posant sur Alexander un regard amusé, après sa réflexion, après s'être contentée de dire qu'elle confirmait les propos de ce dernier et trouvait l'histoire du couple romantique. Le toast porté par David résumait parfaitement cette situation. Les nouveaux départs. Les nouvelles vies. Jamais Elizabeth ne s'était imaginé avoir le droit d'aimer à nouveau ou d'être enfin pleinement heureuse. Jamais Elizabeth ne s'était imaginé partager sa vie avec un homme comme Alexander, d'ailleurs. Pourtant, ce nouveau monde lui avait permis tout cela. Alors, si elle ne disait pas un mot, Elizabeth levait son verre et partageait leurs idées à tous.

« Te protéger ? » Répéta-t-elle, alors qu'Alexander répondait à une question de Rin, à propos du comportement de David. « Il a dû te protéger à d'autres moments que lors de votre rencontre ? » Demanda-t-elle en regardant Alexander et David, l'un après l'autre. Elizabeth avait conscience des risques qu'Alexander courrait et elle avait des idées bien arrêtées sur comment ce dernier devrait réagir, alors elle s'imaginait que, peut-être, il ne lui avait pas tout dit et que David avait dû intervenir à certaines reprises pour lui venir en aide.