Non, c'est vrai, sa vie n'est pas si mal, ici, et elle ne veut pas donner l'impression à des personnes comme Betty, qui justement lui rendent cette nouvelle vie aussi douce et agréable, qu'elle ne le remarque pas et qu'elle n'éprouve que de la tristesse ou de la rage à se retrouver coincée ici. Ce n'est pas le cas du tout. C'est même tout l'inverse. Aelita sait ce qu'elle doit aux personnes qui l'entourent et parviennent à la mettre de bonne humeur ou à tout simplement la faire sourire. C'est juste... comme pour tout, tout est toujours plus compliqué que ça en a l'air, et quand on en vient aux émotions humaines encore davantage. Il y a bien des choses que l'adolescente ne peut tout simplement pas occulter ou ignorer, cette indéfectible part d'ombre qui l'empêche de s'épanouir totalement, parce qu'elle aurait le sentiment que cet épanouissement marquerait un rejet de ce qu'elle avait été, et de ses amis qu'elle ne doit pas, elle l'a bien compris, renoncer à chercher, même si c'est évidemment plus facile à dire qu'à faire.

Betty fait une nouvelle fois preuve de tout le bon sens dont Aelita, du haut de ses quinze ans, a tendance à manquer et a cruellement besoin malgré tout. Bien sûr que son aînée à raison. Que ce soit Jérémie, Yumi, Odd ou Ulrich, aucun d'eux ne voudrait qu'elle soit malheureuse ou se morfonde sur son sort. Et réciproquement d'ailleurs. S'il doit s'avérer que le reste des Lyoko-guerriers est bel et bien présent ici, Aelita ne peut que leur souhaiter d'avoir réussi à trouver leur équilibre et leur bonheur dans ces nouvelles conditions de vie très particulières, qui vous obligent à vous adapter (et encore, ils ne sont pas ceux qui en auront eu le plus besoin - au moins, ils n'ont pas affaire à un déphasage temporel ou culturel trop fort qui les rendraient inadaptés à ce qui les entoure).

"Tu as raison.", admit Aelita avec une moue légèrement triste. Mais c'est plus facile à dire qu'à faire, ajoute-t-elle en forçant une esquisse de sourire. "C'est que ça commence à devenir vraiment long."

Et pour cause, deux années, ce n'est définitivement pas rien, ça peut facilement vous retourner le cerveau, ça peut facilement souffler les espoirs que l'on pouvait se façonner. Mais en même temps, c'est une raison de plus pour les raviver. Pour éviter qu'il ne s'estime pour de bon et soient finalement réduits à rien, à trois fois rien, même.

"Tu les as toutes retrouvées, toi ? Les personnes qui te manquaient ?" se permet de demander l'adolescente aux cheveux roses, consciente du fait qu'elle se montre peut-être un peu trop curieuse, pour le coup.