(Terminé) [UA Villaneve] Dinnertime with Mother.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

A la réflexion d’Eve, Villanelle est tentée tout d’abord de rétorquer que si, Eve sait forcément ce qu’elle veut, qu’elle a été suffisamment claire pour qu’elle le sache. Mais en même temps, elle se rend bien compte qu’en cet instant, Eve ne cherche ni à l’agacer, ni à la provoquer : c’est la vérité, elle ne sait pas ce que Villanelle attend d’elle… et elle-même ? Sait-elle vraiment ce qu’elle attend d’Eve ? Elle est pétrie de certitudes qu’elle sait présenter comme absolues, mais ce n’est rien de réfléchi. Car en réalité, si elle devait se pencher sur ses attentes plus précises, au-delà de leur jeu de pouvoir, de ses fantasmes, de ses caprices et de son besoin de possession, elle admettrait qu’elle ne sait pas vraiment identifier ce qui les unit, et ce qu’elle attend… Elle a des exigences précises, des désirs évidents, mais ces derniers ne s’embarrassent pas d’une réflexion pourtant nécessaire sur leur situation. Elle se précipite et elle ne réfléchit pas. Ce n’est pas par manque d’intelligence, pourtant, mais pour assouvir d’autorité un besoin qu’elle ne sait pourtant pas identifier complètement.

« Eve, un petit effort », fait-elle tout de même, son regard soutenant le sien, plutôt que de se remettre en question ou de répondre plus directement aux interrogations d’Eve.

A cela, elle n’ajoute rien. Leurs regards se soutiennent seulement pendant un temps. Elles sont proches, très proches. Agréablement proches. Et au-delà de l’évidente tension qu’il y a toujours eu entre elles, cette proximité révèle autre chose. Quelque chose de plus complexe à appréhender pour Villanelle qui ne peut pas se contenter de l’imputer aux circonstances, à la volonté certes bien présente de dominer et de posséder Eve. Il y a quelque chose dans le regard qui s’amarre au sien qui ne tient pas du défi ou de la supplication pure, quelque chose que Villanelle daigne à peine identifier tant ces émotions sont difficiles à reconnaître pour elles, quand bien même elles l’assaillent à chaque instant où Eve est ne serait-ce qu’évoquée. De la tendresse, de l’affection.

Son sourire s’agrandit quand Eve évoque son cadeau. Villanelle sait immédiatement à quoi elle fait référence, et elle ne peut pas s’empêcher de songer autant à sa séance d’enregistrement qu’aux paroles prononcées… Elle avait souvent visualisé Eve, seule avec elle-même, tenant cet ourson en peluche rose entre ses mains, répétant encore les mots jetés là. « Admets-le, Eve, tu voudrais que je sois là. »

« Je savais qu’il te plairait », fait-elle avec un sourire. D’un geste presque hésitant, Villanelle rapproche sa main du visage d’Eve, caresse un instant son visage avant de venir glisser une main dans sa chevelure sombre. « C’est toi que je veux, Eve », souffle-t-elle sans interrompre une seule seconde le contact visuel, gardant résolument son regard plongé dans le sien. « Toi, c’est tout. »

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle & Ji-ah

Eve ferma les yeux en sentant les doigts de Villanelle contre sa joue. C'était trop. Trop de sensations, trop d'intensité. Elle eut envie de la maudire pour ce geste qui, bien plus efficace que toutes les menaces ou toutes les tentatives de domination, révélait à Eve à quel point elle désirait ce contact. Alors, plutôt que de la maudire, elle l'adora pour ce geste... A contrecœur. En dépit de son chagrin et de sa rancœur. Son être vibrait du désir de la toucher, elle aussi. Eve luttait contre cette impulsion, luttait en vérité contre sa nature sans le conscientiser. Elle avait toujours reconnu la complexité de Villanelle, avait toujours vu au-delà de la criminelle qu'elle était. C'était pour l'extraordinaire humanité de la jeune femme qu'elle avait développé une telle obsession. Ce n'était pas tant contre Villanelle qu'elle luttait en cet instant, mais bien contre elle-même. Par crainte d'admettre ce qu'elle soupçonnait déjà. Par crainte de révéler sa propre vulnérabilité et sa propre monstruosité.

Mais au geste, Villanelle eut le génie d'allier les mots. Les mots qu'Eve avait besoin d'entendre mais qu'elle n'aurait jamais osé réclamer.

Prenant une longue inspiration, elle ouvrit les yeux et ancra résolument son regard dans celui de la jeune femme. Elle y chercha une vulnérabilité semblable à la sienne, en quête d'une forme de certitude. Elle savait que la scène du bus avait été initiée sur un jeu de pouvoir, auquel elle avait répondu à sa manière, par violence et impulsivité. Elle s'était refusée à lui céder le pouvoir, tout en admettant sa plus grande faiblesse en l'embrassant au beau milieu de leur confrontation.

Elle eut une esquisse de sourire triste.

- Peut-être, concéda-t-elle doucement. Mais pour combien de temps ?

Paradoxalement, ce n'était ni une volonté de cruauté, ni une tentative de rejet. C'était au contraire un questionnement sincère, qui avait longuement hanté ses pensées. Elle se savait condamnée à rechercher sempiternellement la présence de Villanelle où qu'elle se trouve, à la laisser habiter ses pensées et ses songes les plus audacieux. Mais qu'en était-il de la Russe ? N'était-ce qu'un jeu, une tentative de reprendre le contrôle après avoir échoué à lui ôter la vie ?

Elle se concentra sur la caresse hésitante contre sa joue. C'était touchant, au fond, de constater que si les gestes d'intimidation et de brusquerie étaient faits sans hésitation, elles étaient toutes deux plus incertaines lorsqu'il s'agissait de faire preuve de tendresse.

- Et si... tu te trompais ? suggéra-t-elle enfin, d'une voix brisée tant elle était rongée par ses doutes.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

Pour combien de temps ? La question se pose sans doute, elle doit même nécessairement se poser, sans doute. Villanelle veut Eve parce que Eve lui échappe, Villanelle veut Eve comme un enfant capricieux rôde autour d’une vitrine en attendant que l’on daigne lui offrir le jouet qu’elle convoite tant. Et une fois qu’elle l’aura en sa possession, qu’est-ce qui se passera ? Est-ce qu’elle ne se lassera pas très rapidement. Elle s’amusera un peu, quelques instants, puis finira par négliger son jouer pour en désirer un autre, puis un autre, puis un autre.

C’est une éventualité que Villanelle fait le choix de rejeter d’un revers de la main comme si cette hypothèse pas si absurde était absolument inenvisageable. Elle veut Eve si intensément, si profondément, de façon si violente et si obsessionnelle qu’elle est incapable de croire qu’un tel sentiment puisse lui passer, de quelque manière que ce soit. Elle a besoin d’elle au-delà de la vouloir… et ce n’est pas quelque chose que le temps peut étouffer, n’est-ce pas ? Ou peut-être que oui. Villanelle n’a jamais été confronté à de telles émotions auparavant. Tout ce qui appartient au champ des sentiments lui a été trop longtemps étranger, et maintenant, elle est bien incapable d’opposer l’implacable pragmatisme à des désirs qui, eux, ne tolèrent rien, rien sinon leur satisfaction presque immédiate. Au-delà du contrôle, du désir de pouvoir et de domination, il y a quelque chose de fort, de précieux… d’inexplicable.

« Je ne me trompe pas », répond Villanelle, peut-être plus catégorique qu’elle ne devrait l’être au fond. « Je sais exactement ce que je veux », reprend-elle en chassant les doutes d’Eve dans l’intention de parvenir, d’un mouvement équivalent, à se débarrasser de ses propres inquiétudes. Car peut-elle prétendre n’en éprouver aucune ? Ce serait mentir. Mais elle a la capacité de ressentir sans véritablement comprendre ce qu’elle ressent. C’est même plus fort qu’elle, en réalité.

Elle décide de prendre ces légers doutes qu’elle lit dans le regard d’Eve, ces questionnements qu’elle ne devrait sans doute pas formuler à voix haute, comme une sorte de confession, et aussi comme une invitation. Si tout ceci ne doit être qu’une erreur, c’est une erreur qu’elles commettront ensemble, et tant qu’à faire, autant la commettre dans les plus grandes proportions, n’est-ce pas ? C’est en tout cas l’intention la plus stricte de Villanelle, qui n’attend pas davantage pour venir plaquer ses lèvres contre celles d’Eve, une main venant glisser dans ses cheveux, une autre se nicher au creux de son dos, une prise tendre mais en même temps ferme, qui ne tolérerait pas qu’Eve cherche à s’échapper ou à en réchapper.

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle & Ji-ah

La réponse catégorique de Villanelle fit sourire Eve avec un mélange de désarroi et de scepticisme.

- C'est pour ça que tu t'es mariée ? rétorqua-t-elle cyniquement sans parvenir à masquer la pointe de jalousie qui se glissa dans sa voix.

Elle s'apprêtait à lui adresser tous les reproches qu'elle avait à lui faire et qui alimentaient ses doutes, mais fut fort heureusement coupée par les lèvres qu'elle avait déjà commencé à apprivoiser quelques jours plus tôt. Mais si le baiser du bus était né d'un geste impulsif et l'avait autant terrifiée qu'attirée, ce baiser là n'avait rien de la retenue du premier.

D'abord tétanisée, Eve se concentra néanmoins sur la sensation de ses lèvres contre les siennes, ainsi que sur la prise à la fois tendre et ferme qu'exerçait Villanelle sur elle. C'était une dualité qui lui plaisait terriblement. Paradoxalement, alors qu'elle aurait conscientisé l'inverse, Eve sut que c'était cette alliance qu'il lui fallait pour accepter de se laisser aller et lui rendre son baiser. Là où elle s'était contentée de poser ses lèvres contre les siennes quelques jours plus tôt, elle entrouvrit cette fois-ci les lèvres et s'anima afin d'approfondir leur baiser. Elle se détendit à vue d'œil, et osa même poser sa main droite sur la hanche de Villanelle et la gauche sur sa joue.

Abandonnée à cette passion irrésistible, Eve voulut exprimer toute la fougue dont elle était capable en se rapprochant brusquement d'elle. Mais elle fut aussitôt rappelée à l'ordre par une vive douleur à la poitrine devenue inévitable dès qu'elle esquissait le moindre geste trop enthousiaste. Elle siffla de douleur et rompit précipitamment le baiser pour porter une main à son buste, là où elle ressentait cet élancement handicapant. L'ironie de la situation la soupirer de rire, nerveusement. C'était le coup de feu de Villanelle qui avait provoqué cette douleur, et cette dernière ne pouvait sonner que comme un avertissement, en cet instant bien précis.

Troublée par la situation, Eve attendit que la douleur s'apaise avant de relever le regard vers la jeune femme. Son regard s'adoucit considérablement dès qu'elle posa les yeux sur son visage.

- Comment tu as su que j'étais vivante ? demanda-t-elle finalement.

Ce n'était pas un détail d'une grande importance, car seuls les résultats et leur compréhension naturelle importaient, dans leur relation. Mais Eve était néanmoins curieuse.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

Villanelle ne prend même pas la peine de répondre à Eve quand cette dernière l’interroge au sujet de son mariage. Il est pourtant plus que tentant de pointer du doigt son évidente jalousie, mais elle ne le fait pas, parce que dans tous les cas, Eve devrait savoir que non, ce n’est certainement pas pour cette raison qu’elle s’est mariée dans tous les cas, et que de toute manière, on s’en fiche de ce mariage à la con. C’était vaguement marrant sur le moment, et encore plus amusant de faire enrager Eve en l’évoquant, mais ça n’a pas la moindre importance, tout ça. Ce qui en a, en revanche, c’est leur proximité, et tout le reste… Tout le reste, on s’en fout complètement.

Pour cette raison, Villanelle privilégie les actes aux mots, et il ne faut pas longtemps pour que ses lèvres viennent rencontrer celles de Eve, d’abord presque sans réaction. Villanelle s’attend à deux possibilités, chacune violente à leur manière, mais au final, c’est précisément celle qu’elle attendait que lui retourne la femme, toujours prisonnière de ses lèvres, et qui à présent prolonge leur baiser, avec une passion qui ne peut définitivement pas être niée. Embrasser Eve, c’est toucher à quelque chose que tu ne te serais jamais cru capable de vivre.

Mais tout s’interrompt au moment où Eve se voit rappelée à l’ordre par cet élancement douloureux dont la tueuse est la seule responsable. C’est étonnamment frustrant et satisfaisant à la fois. Et finalement, Eve lui demande de quelle manière elle a su qu’elle était toujours en vie. Au fond, Villanelle se dit qu’elle aurait dû le savoir depuis le début… mais ça n’a pas été le cas. Elle a mis trop longtemps à le comprendre, à essayer bêtement de l’oublier alors qu’elle était toujours là. Eve mérite sans doute une réponse précise et honnête de sa part, mais au lieu de la lui accorder, elle se contente d’un vague haussement d’épaules.

« On s’en fiche, non ? »

Peut-être qu’on ne s’en fiche pas, peut-être que c’est important, et surtout, qu’il est sain d’admettre que la curiosité d’Eve est légitime, et qu’elle lui doit sans doute très naturellement de répondre directement et franchement à cette question. Pourtant Villanelle décide, en tout cas sur le moment, qu’elle s’en fiche royalement. A la pluace, elle se rapproche une nouvelle fois et ajoute, presque dans un souffle.

« Laisse-moi regarder… »

Elle n’attend pas la réponse d’Even pour se positionner face à son dos et remonter son haut, avec une douceur inattendue, afin de contempler la trace imprimée dans ces chairs, l’empreinte de la balle qu’elle avait elle-même tirée, et qui aurait bien pu avoir raison d’elle.

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle & Ji-ah

En toute honnêteté, Eve ne s'attendait pas réellement à obtenir de réponses à ses questions. Ces dernières n'étaient, quoiqu'il en soit, émises que pour la nécessité pour Eve de rompre le silence, de reprendre un semblant de contrôle sur le cours de la soirée.

- C'est Konstantin ? devina-t-elle sans attendre de réponse.

Bien sûr que c'était Konstantin. Lui et Villanelle n'étaient jamais séparés bien longtemps. Tout comme elle-même finissait toujours par retrouver la jeune femme. C'était fascinant, cette capacité qu'avait Villanelle à s'assurer la présence de ceux qui devraient pourtant s'acharner à la fuir après qu'elle leur ait tiré dessus.

Elle perdit le fil de ses réflexions au moment où la cible de son obsession reprit la parole, avec plus de douceur qu'elle ne s'y attendait. Surprise, intriguée, Eve la laissa se mouvoir dans son dos, puis ne songea pas un seul instant à feindre un choc qu'elle ne ressentait pas en la sentant relever le tissu de son haut.

C'était évident, elle aurait dû l'en empêcher, aurait dû considérer que ce geste était un affront, une ultime provocation qu'elle ne pouvait tolérer. C'était ce que tout être sensé aurait compris. Seulement, la beauté de leur relation, et ce qui faisait que malgré tous les arguments les plus raisonnables, Eve ne parvenait pas, ne voulait pas se défaire de cette emprise, résidait en ce que toutes deux se comprenaient en se passant de mots ou de logique. Elles se comprenaient instinctivement, et s'acceptaient pour ce qu'elles étaient. Eve était même persuadée qu'elles s'étaient adorées dès l'instant où leurs regards s'étaient croisés pour la première fois.

Il était donc inutile de l'interroger sur la raison de son geste. Malgré la tension du repas, malgré les tentatives - fructueuses - d'intimidation, Eve savait pourtant qu'en cet instant, Villanelle ne lui ferait aucun mal.

Plongée dans un état de quasi-transe de par la présence magnétique de la Russe et de par cet aveu de vulnérabilité qu'elle faisait en la laissant contempler sa cicatrice, Eve souffla :

- Ce sont des touristes qui m'ont trouvée.

L'envie de se laisser aller contre le corps de la jeune femme la saisit brusquement. Eve résista à cette impulsion, au prix d'un grand effort qui la fit frissonner, longuement.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

« Chut, on s’en fiche, j’ai dit », se contente de répondre Villanelle quand Eve insiste et lui demande si Konstantin était celui qui lui avait appris qu’elle était toujours en vie.

Elle ne s’intéresse pas à cette conversation. Elle s’intéresse bien davantage au grain de sa peau tandis qu’elle l’effleure de ses doigts pour en apprécier la texture, pour le plaisir de savourer ce contact, d’une part, mais pas seulement. Elle n’est pas totalement consciente elle-même de ce qui motive son geste, elle apprécie seulement qu’Eve la laisse faire. Elle ne semble pas même être vraiment inquiète, pas non plus soumise, elle se contente, dans une sorte de consentement silencieux, de cautionner ce geste, qui n’est aux yeux de Villanelle ni une insulte ni une provocation, davantage une manière de s’imprégner de ce qui fait partie intégrante de leur histoire commune.

Villanelle s’attarde plus longuement sur sa cicatrice, imprime son contour contre la pulpe de son doigt, comme pour le garder en mémoire le plus longtemps possibles. Elle est encore pleinement à cette contemplation quand Eve lui apprend que ce sont des touristes qui l’avaient trouvée. Rien de bien surprenant vu le lieu où elle avait décidé de l’abattre. Elle esquisse un fin sourire en songeant à ce qu’avait dû être le choc de ces pauvres touristes au moment de tomber sur Eve, au sol, baignant dans son propre sang. Maintenant qu’elle sait Eve en vie, elle arrive à trouver cette image belle, fascinante – presque poétique, à dire vrai.

« Ça a dû leur faire un sacré choc », remarque-t-elle alors sans développer, comme si toute cette situation était vraiment comique alors que l’on admettra qu’elle pourrait plutôt être qualifiée de dramatique, en réalité. Mais après tout, il n’y a pas eu mort d’homme. Tout compte fait.

Ce temps durant, elle n’a pas cessé ses caresses exploratoires, petit à petit, et sans doute un rien insidieusement, elle s’approprie cet épiderme qu’elle a eu si souvent le désir de toucher, ce corps qu’elle a eu si souvent le désir de posséder. De sa main vacante, elle dégage doucement les cheveux d’Eve sur un côté pour venir sans prévenir glisser ses lèvres au creux de son cou, cédant à une impulsion que pour sa part elle ne cherche pas à retenir. Elle devine que le désir qui l’anime est un désir partagé par Eve, quand bien même cette dernière lutterait, de plus en plus faiblement néanmoins, contre le souhait d’y céder tout à fait. Elle n’a pas besoin de dire ou de faire quoi que ce soit : Villanelle est tout à fait prête à prendre les choses en mains.

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle

Comment qualifier le contact des doigts de la tueuse contre sa cicatrice autrement que comme une caresse ? Venant de qui que ce soit d'autre, cette caresse aurait été indécente, profondément irrespectueuse. Mais c'était Villanelle qui touchait avec douceur la peau sensible de son dos. C'était elle aussi qui faisait naître ces frissons délicieux et imprévisibles qui soulevaient l'épiderme d'Eve et accentuaient sa sensibilité sensorielle. Plus elle la laissait caresser sa cicatrice, plus elle avait le sentiment qu'elles communiquaient. Silencieusement, certes, mais elles s'étaient toujours mieux comprises par le silence que par les mots. Leurs gestes étaient plus éloquents et plus honnêtes. Et cette sensation de chaleur qui s'empara de la poitrine d'Eve, elle, ne pouvait être feinte.

Yeux clos, Eve se concentra sur la sensation de ces doigts fins contre sa peau. C'était une pensée grisante que celle d'imaginer que ces mêmes doigts s'étaient fermement refermés sur des gorges, avaient manipulé des lames, des armes à feux, et avaient redoublé de force et d'ingéniosité pour ôter la vie de nombreuses personnes. Trop nombreuses pour être comptées... C'étaient des doigts habitués à la violence, et qui pourtant étaient tendres contre cette même cicatrice qu'ils avaient fait naître. C'était une ambivalence qui lui donnait le vertige, mais à laquelle elle succombait progressivement. Paradoxalement, elle en vint à trouver cette caresse réconfortante.

Le baiser apposé dans le creux de son cou n'était pas surprenant, lui non plus. Ce n'était que la suite logique. Eve eut la tentation de lutter, mais la tentation, plus forte, de céder. Ce fut cette dernière qui l'emporta, certainement car c'était la plus déraisonnable. Et qu'à l'heure des confrontations, des retrouvailles et des non-dits, il aurait été plus qu'inapproprié de se conformer aux interdictions d'une raison qui n'avait jamais été une grande alliée.

A la sensation des lèvres de Villanelle contre sa peau, Eve inspira, longuement. Elle resta en apnée quelques secondes, comme si cet état lui permettait de mieux savourer ce qu'elle avait attendu et espéré si longtemps. Puis elle expira, lentement, et se laissa aller dans le même temps contre le corps de la jeune femme. Elle cala l'arrière de sa tête sur l'épaule de Villanelle et se sentit, pour la première fois depuis des mois, enfin complète. Gardant soigneusement les yeux clos, car craignant de rompre le charme si elle ouvrait les paupières, elle respira le parfum obsédant de la blonde. Son corps se tendit, non pas par méfiance, mais par anticipation. Elle cédait, silencieusement puisque la prise de parole lui aurait été intolérable dans ces circonstances. Mais son corps, lui, s'exprimait pour elle et s'abandonnait entièrement aux mouvements de la seule qui sache réellement comprendre son esprit.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle

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feat. Eve

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle

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feat. Eve

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feat. Villanelle

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feat. Eve

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feat. Villanelle

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feat. Eve

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feat. Villanelle

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feat. Eve

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feat. Villanelle

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feat. Eve

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

C’est tout ce qu’elle a toujours attendu, peut-être dès le premier instant où son regard s’est posée sur Eve, ou si ce n’est pas le cas, bien peu de temps après. D’Eve, elle voulait cet abandon à un plaisir qu’elle lui aurait procuré, elle voulait l’entendre répété son nom dans ces sursauts d’extase de plus en plus difficiles à contrôler. Elle avait voulu la sentir sienne, et c’est chose faite, mais ça va bien au-delà de cela. Si Eve lui appartient, alors Villanelle lui appartient tout autant. La puissance de ce moment, de cet échange, c’est quelque chose qu’elles partagent toutes deux, sans équivoque aucune, avec une similaire euphorie, avec une extase égale, et c’est ce qui rend cette situation à ce point agréable.

A présent serrée contre Eve, Villanelle savoure la caresse de ses doigts dans ses cheveux, la douceur de ses baisers, tout ce qui rendait cet instant étrangement unique parce que Villanelle n’en avait finalement jamais vécu de telle. Ce qui vient de se passer n’a pas été affaire seulement de prédation, de domination, d’animalité… Il y avait autre chose, cet autre chose qui sait mieux s’exprimer dans le silence qui suit leur échange. Il y a de la tendresse dans la manière dont leurs lèvres se retrouvent… Il y a de la langueur dans la caresses des doigts de Villanelle sur la peau du ventre d’Eve. Et Villanelle s’en sentirait presque émue, saisie de cette émotion qu’elle ne se croyait pas capable de ressentir, pas plus que n’importe laquelle de ces émotions qu’elle s’est habituée à feindre, par nécessité ou par jeu.

« Ah non… ? » répond Villanelle avec un sourire partagé entre curiosité et amusement, quand Eve lui fait remarquer qu’elle n’a aucune idée de ce qu’elle vient de provoquer. En réalité, des idées, Villanelle en a plus d’une. Elle ne saurait dire lesquelles d’entre elles elle peut se permettre de véritablement prendre en considération, mais elles sont toutes comparablement séduisantes à ses yeux.

Ce dont elle peut être certaine néanmoins, c’est que les choses ont forcément changé, et pour longtemps, entre elles, et c’est tout ce qu’elle voulait. C’était définitivement ce qu’elle voulait et voudrait toujours. Quand il est question d’Eve, rien d’autre n’importe jamais que cela, ce quelque chose pas encore atteint, pas encore acquis, mais qui dans son esprit aurait toujours dû l’être, et le sera forcément, d’une manière ou d’une autre, tôt ou tard.

« Qu’est-ce que je viens de provoquer ? » demande-t-elle dans l’espoir d’entendre précisément les mots qu’elle attendait, sans être certaine pour autant qu’ils lui seraient accordés.

Dinnertime with Mother

feat. Villanelle

L'expression charnelle de leurs sentiments était un point de non-retour dont il était difficile, voire impossible, de faire abstraction. Eve en avait cruellement conscience, tout en continuant d'être troublée et exaltée par ce qu'elles venaient de vivre. Tout allait nécessairement changer à présent. Pour quel avenir, elle l'ignorait. Ces parts d'ombres, toujours plus épaisses, qui menaçaient leur relation continuaient de l'angoisser, de plus en plus, d'ailleurs, à mesure qu'elle revenait à la raison. Et pourtant... Elle ne désirait rien tant que de balayer toutes ses réserves d'un revers de la main et de savourer cette nouvelle manière d'exprimer la force et la violence de ce qu'elles éprouvaient l'une envers l'autre.

Interrogée par son amante, Eve resta d'abord plongée dans un silence songeur, cherchant, comme toujours, les mots appropriés.

- Ce que nous venons de faire... Je ne peux pas l'occulter.

Le choix des pronoms, ici, était volontaire. Eve aurait très bien pu attribuer l'entièreté de cette situation à Villanelle, la désigner coupable pour la manière dont Eve s'était finalement soumise à son désir impérieux. Et c'est sans doute ce qu'elle aurait fait si elle avait cédé plus tôt, mais... Mais cette soirée, cet instant, avaient un goût d'inéluctable. Et c'était en toute connaissance de cause qu'elle s'était offerte aux caresses de la Russe, de celle qui dès l'instant où Eve avait posé les yeux sur elle, avait su hanter la grande majorité de ses pensées. Ce n'était donc pas simplement Villanelle qui venait de la posséder, non. Elles avaient fait l'amour, et Eve devait pouvoir le verbaliser, le faire accepter à sa conscience si elle espérait garder sa raison. L'heure n'était plus aux fausses réticences et aux remords.

- Honnêtement, je sais pas quoi faire... avoua-t-elle dans un sursaut de vulnérabilité. Je ne sais pas... Ce que tu veux. Bon sang, je sais même pas ce que je veux, moi.

A part l'embrasser, en permanence. Et obtenir la permission de découvrir sa peau autrement qu'en la poignardant, accessoirement. Aussi et surtout, elle ne voulait pas se résigner à laisser des forces extérieures les séparer.

- Je ne veux pas que tu partes et... Je ne veux plus avoir à prétendre que ce que je ressens pour toi n'est qu'un caprice ou un fantasme. C'est réel. Ce que nous venons de vivre, c'est réel. Et je ne veux plus avoir à prétendre que je ne meure pas d'envie de t'arracher tes vêtements.

En même temps qu'elle s'exprimait, ce n'était pas tant à Villanelle qu'elle s'adressait qu'à elle-même. Ceci dans l'unique but de rassembler la fougue nécessaire pour faire précisément ce pour quoi son corps s'était mis à trembler d'impatience : en même temps qu'elle expirait un souffle retenu, elle se pencha et lui offrit le baiser le plus tendre, le plus tragiquement amoureux qu'elle lui ait offert jusque-là.

Dinnertime with Mother.

feat. Eve

Villanelle réagit aux paroles d’Eve par un sourire qui ne sait dissimuler sa satisfaction mais aussi un certain soulagement. Eve non plus n’est pas le moins du monde en mesure d’occulter ce qu’elles viennent de partager. D’une manière ou d’une autre, sans trop savoir laquelle exactement, elle sait que ce moment est beaucoup trop important, mais une part d’elle s’était attendue à ce qu’Eve se ravise, décide que tout ceci ne la regardait pas, fasse le choix de lui tourner le dos, réclame d’elle qu’elle fasse comme si rien ne s’était passé. Comme si ça pouvait être possible. Ce qu’elles viennent de vivre a été beaucoup trop fort, beaucoup trop important et impactant pour qu’elles puissent reprendre le cours de leurs vies comme si de rien n’était. Leurs vies n’avaient de toute façon que peu de sens quand elles étaient respectivement l’une sans l’autre alors… à quoi bon.

Eve lui confie ne savoir que faire, et le premier réflexe de Villanelle est de vouloir lui proposer de partir avec elle, peu importe où comme au cours de ces instants précieux et trop fugaces où elle avait été convaincue qu’elle la suivrait ou qu’elle aille, avant de réaliser qu’elle lui échapperait toujours et de prendre la décision douloureuse de lui tirer dessus (oui, croyez-le ou non, elle ne l’avait pas fait de gaieté de cœur, et elle ne peut qu’être ravie de s’être foirée, en l’occurrence). Villanelle sait ce qu’elle veut, mais elle n’est pas du tout sûr qu’Eve soit prête à la suivre pour autant. Malgré tout, elle trouve directement de quoi répliquer, parce qu’elle est comme ça, et qu’elle ne s’embarrasse d’aucun sens moral susceptible de l’inciter à rebrousser chemin. Elle veut qu’Eve soit avec, et rien qu’à elle tout le temps, constamment. C’est pas si difficile, pas vrai.

« C’est moi que tu veux. Et tu peux m’avoir autant que tu veux, t’as pas à te poser plus de questions. »

Eve lui dit ne pas vouloir la voir s’en aller, et ça tombe bien car Villanelle, de son côté, n’avait définitivement pas la moindre intention de partir, loin s’en faut. Elle savoure chacune des paroles prononcée par Eve et voudrait en entendre plus encore. Elle n’est pas juste un caprice, elle n’est pas juste un fantasme. Ce qu’elles ressentent l’une pour l’autre, c’est quelque chose de réel. Le genre de choses qui se vit plutôt que de s’expliquer. A quoi bon mettre des mots dessus quand elles peuvent juste le vivre. D’accord, il y a tout ce à quoi Eve devrait renoncer pour elle… mais Villanelle est convaincue qu’Eve aura tout à y gagner. Elles auront tout à y gagner autant l’une que l’autre.

« Tu pars avec moi, on va où tu voudras, et tu m’arracheras mes vêtement quand tu voudras », fait Villanelle comme si rien n’était plus simple, tout en déposant son souffle sur les lèvres de son amante.