Tu es née à Londres, en 1831, dans une famille plutôt aisée. Si aisée que ton père est devenu gouverneur d’une colonie pénitentiaire. Vous avez traversé de trop nombreux océans pour arriver en Australie. Mais avant votre voyage, tu as une petite sœur, de quatre ans ta cadette. Vous vous entendez plutôt bien, en théorie. C’est seulement que tu as tendance à vite t’ennuyer. Tu as toujours eu tendance à très vite t’ennuyer. Mais tu parviens à t’occuper comme tu le peux. Dès que tu as su lire, tu t’es plongée dans la bibliothèque de ton père. Tu ne comprenais pas la moitié des ouvrages, mais tu t’éxerçais, et ça t’occupait. Comme toutes les jeunes filles de ton âge, tu as appris l’art de la bienséance, de la broderie, la poésie, la harpe, et tu en passes. Tu sais lire le latin, le parler également, et tu as appris à jouer de la harpe, même si tu détestes cet instrument de musique.

Vous êtes partis pour Port Victory assez tôt pour que tu te rappelles mal de ta vie à Londres. Tu te souviens seulement que le voyage a été terriblement long et secoué. S’acclimater à la vie en Australie n’a pas été chose aisée, mais tu n’avais pas le choix à ce moment. L’âge avançant, tu t’es prise de passion pour la médecine. Surtout depuis que tu fais des malaises. Les onze médecins que tu as vu à Londres n’ont rien trouvé, mais tu sais que ce n’est pas rien. En plus de te plonger dans la médecine, tu apprends de ta mère qui, tu le vois parfaitement bien contrairement à ta sœur, œuvre pour que la colonie ne sombre pas. C’est généralement par son biais que les projets viennent à bout, ou non. Elle contrôle ton père, avec ses mots, et tu espères un jour pouvoir faire comme elle. C’est d’ailleurs grâce à elle que tu échange des lettres avec des médecins et chirurgiens. Tu corresponds avec eux avec passion, et tu apprends davantage.

Ton âge avançant, tu ne te préoccupes pas du tout de ce que la société veut de toi : te marier. Ton père, ta soeur et même ta mère veulent que tu te maries. Mais ça ne t’intéresse pas du tout. Et les prétendants que tu rencontres sont d’un ennui mortel. A côté de cela, ta sœur te harcèle car elle ne peut pas se marier avec que tu ne le sois. Mais tu as d’autres priorités. Ta chambre ressemble d’ailleurs à une salle de classe. Les murs sont remplis de croquis d’anatomie, relatant différents symptômes connus en 1855. Tu t’es d’ailleurs mise à cataloguer les symptômes que toi-même ressent dans un carnet, afin d’étudier ta maladie que personne ne veut valider. Tu fais des malaises, et ils sont d’autant plus nombreux lorsque les températures sont en hausses, comme c’est le cas en cette fin d’Octobre. Tu collectionnes les exemplaires du Lancet, revue médicale qui t’apportent les dernières nouveautés en médecine, afin de trouver des réponses à tes questions.

Tu as déjà rejeté 6 prétendants avant l’arrivée de Mortipher Smells. Enfin, Mortimer. Qu’importe, son nom à peine évoqué est déjà oublié, mais ta sœur Fanny est insistante. Alors, tu veux essayer de faire l’effort. Il a passé 4 mois en mer pour venir vous voir. Elle convoque d’ailleurs toute la famille et des domestiques afin de l’accueillir, mais tu ne te sens pas bien. Tu as mal au fond de la poitrine. Et lorsque son attelage arrive, tu n’aurais pas pu t’attendre à pire. Alors qu’il entame de te flatter avec de la mauvaise poésie, tu le fuis. Non merci. Tu n’as pas besoin de cela. C’est alors que tu fais des recherches dans la bibliothèque de ton père que tu entends son nom. Il aurait apparemment tué un homme aujourd’hui, en essayant de le sauver, et le professeur veut qu’il soit radier. Mais ta mère le soutient, Jack Dawkins est le plus brillant jeune chirurgien de la flotte de sa Majesté. Il a toute sa place ici. Ta mère manie parfaitement les mots pour que ton père, le Gouverneur, décide de lui laisser une seconde chance. Et si… Et si il pouvait t’aider lui ? Alors que tous les autres en sont incapables ? Il faut que tu trouves le moyen pour te rendre à l'hôpital, endroit qu’il t’est interdit à cause des différentes maladies s’y trouvant.

Ta mère trouve le moyen de te faire passer un peu de temps avec ton prétendant, ce dernier est issu d’une famille extrêmement riche qui a notamment financé des hôpitaux. Tu sautes sur l’occasion pour lui proposer de visiter la ville. Et alors que vous essayez de vous trouver des points communs et autres centres d’intérêts, votre voiture heurte un enfant. Ce dernier passe sous la calèche, et tu fais ton possible pour stabiliser son état, en lui faisant un garrot,  avant d’appeler à l’aide. Le médecin qui vous rejoint prend les choses en mains, il te dit que ton garrot ne sert à rien et qu’il va devoir amputer le garçon. Tu lui proposes une alternative qui pourrait le sauver, mais la douleur serait trop forte pour lui. Et comme tu proposes au médecin d’utiliser l’éther pour l’endormir, il insulte ton père en te disant qu’il a interdit l’utilisation du produit. Tu proposes enfin d’emmener le médecin et son patient pour qu’il puisse l’opérer, laissant le prétendant sur place au milieu de la ville. Vous vous prenez le bec dans la carriole, car il ne veut pas t’écouter. Prenant exemple sur ta mère, tu ne le conduis pas à l’hôpital, mais à ta résidence, tu sais que tu as tous les ustensiles pour l’opération. Et Dawkins se rend compte qu’il a insulté ton père devant toi. L’enfant est emmené à l’intérieur, mais pas à l’endroit que tu avais préparé. Il sera opéré au milieu d’une pièce de passage, devant des convives de ton père. Par ta présentation, tu l’obliges à utiliser l’éther afin de ne pas amputer le garçon. Tu en viens à aider le médecin lors de son opération spectacle. Et tu as adoré ça. Cependant, ta joie n’est que de courte durée, tu te sens mal alors qu’on se rend compte que des rubis ont disparu. Le chirurgien te soutient, et t’emmène à l’écart du monde afin de t'ausculter. Tu lui confirmes d’ailleurs que le professeur a trop peur de faire erreur pour t’ausculter comme il le faut. Tes douleurs calmées, tu attends un peu avant de lui dire que ce n’est qu’un voleur. Tu avais récupéré dans son veston les rubis volés plus tôt. Et tu lui poses un dilemme : tu cris garde et il sera pendu, ou il fait de toi la première femme chirurgie et tu garde son secret.

C’est ainsi que tu tiens Jack Dawkins, l’obligeant à exaucer ton souhait pour éviter la pendaison. Malgré le fait que tu ne sois pas trop acceptée dans l'hôpital, notamment des infirmières, tu fais ton petit bonhomme de chemin. Tu fais nettoyer, et aide à cela, la salle où sont mis les patients, afin que l’hygiène soit de rigueur et qu’on évite toute prolifération des germes. Ce qui ne plaît pas au professeur, mais tu joues de ta position pour lui fermer son caquet. Par ailleurs, lorsque celui-ci est trop saoul pour faire une opération, tu lui met un petit coup d’éther dans le nez, avec l’accord de Dawkins, pour que vous puissiez sauver la vie qu’il aurait sans doute tué. Vous vous retrouvez complice, avec Dawkins, et tu le mets en dehors de sa zone de confort, le contraignant à essayer des choses qu’il n’aurait jamais tentées sous l’autorité consciente du professeur. Au fur et à mesure, vous venez à vous connaître davantage, tu apprécies sa compagnie, son audace. Sa franchise. Pour lui, tu essaies de trouver une solution pour faire de l’acide phénique un merveilleux antibactérien. L’essayant même sur toi, quitte à te brûler, mais tu finis par trouver. Avec cela, vos futurs patients ne souffriront pas de l’infection de leurs plaies. Ensemble, vous avez rendu la vue à un médecin, tu as accouché une criminelle. Et tu es tombée follement amoureuse de ton mentor. Le fait qu’il te donne plus de responsabilité, plus de confiance, a énormément aidé les choses. Et même si tu as fait des faux pas, comme l’afficher durant un dîner mondain au domaine, il ne t’en a jamais tenu rigueur très longtemps.

Vous avez échangé votre premier baiser au-dessus des jambes meurtries de son collègue chirurgien, duquel tu as refusé les avances d’ailleurs (encore). Vous vous retrouviez régulièrement dans les placards, faisant mine de vous brouiller pour mieux vous retrouver. Mais cela ne convient pas à une dame de bonne famille. Aussi, Jack a décidé du jour au lendemain que tu étais tout à fait dispensable, qu’il n’avait plus besoin de toi. Ca t’a blessée au plus profond de ton être. Tu ne comprends ni son acte ni son silence, car tu considères son excuse complètement à côté de la plaque. Alors, s’il veut jouer à cela, tu vas jouer aussi. Mauvaise, tu annonces à ta mère que tu n’en peux plus des hommes, menaçant de brûler tous les portraits de ta maison. Tu lui parles aussi d’ouvrir une aile, une clinique qui accueillerait uniquement les femmes et leurs enfants pour faciliter leur soin. Et c’est une bonne idée. Tu en parles à Hetty, la cheffe des infirmières, qui est complètement pour cette idée.

Un dîner est organisé au domaine, et Oliver Twist a insisté pour que Jack soit là aussi. Le dîner n’est pas très agréable. Et tu es prise d’une crise de douleur. Tes crises se font de plus en plus nombreuses. Plus fréquentes et plus fortes. Et même si Dawkins veut te prendre en charge, tu refuses et c’est son collègue qui prend la relève. Tu te sens faible, plus que d’habitude. Mais il ne relève rien de trop grave. Sauf que tu sais qu’il a tort. Avec ton apprentissage pour devenir la première femme chirurgienne de la colonie, tu en as profité pour étudier ta maladie. Au fil du temps, tu as découvert, et entendu, un souffle qui n’est pas normal. Et à force de t’étudier, tu as compris qu’il s’agissait d’un anévrisme aortique. Pourtant, il faut que tu aies confirmation. Jack refait irruption dans ta chambre, te demandant de t’enfuir avec lui, te déclarant sa flamme et t’expliquant que ta mère lui a ordonné de s’éloigner de toi. Mais tu fond en larmes. Tu ne peux pas le suivre, car tu ne survivras pas. Car si l’anévrisme éclate, tu perdras la vie, tu es condamnée et tu sais que tu n’en as pas pour longtemps.

Il s’est endormi à ton côté, ses doigts surveillant ton pouls. Ta mère vous surprend, et le somme de partir, alors que tu es consignée dans ta chambre. Elle fermera la porte à clé, te condamnant à rester là, sans soin. Car ta mère ne veut pas écouter, elle ne veut pas comprendre que ta vie est en danger. Elle pense qu’il t’a mis des œillères, qu’il t’a fait croire des choses. Mais c’est toi qui a fait l’étude, et les autres médecins ne voulaient tout simplement pas se mouiller. C’est ta sœur qui t’aide à avoir un moment de répit, tu en profite pour quitter ta chambre par la fenêtre pour rejoindre Jack. Car il a trouvé un moyen qui peut peut-être te sauver. Vous vous entraînez sur un corps mort, des heures durant. Mais ça ne fonctionne pas. Ça doit fonctionner. Tu ne peux pas passer à côté. Mais tous vos efforts sont vains. Tu rentres chez toi, les mains ensanglantées, les larmes encore humides sur ton visage. Et ta mère t’enferme de nouveau dans ta chambre. Tu es si triste et fatiguée. Tu es à bout de souffle. Tu ne veux pas mourir. Tu veux continuer à vivre, tu veux devenir chirurgienne, tu veux passer le restant de ta vie avec Jack. Mais tu tombes. Tes forces s’évanouissent, te te sens si faible. Si tu ne perds pas conscience, tu n’en es pas loin. Et tu comprends que Jack enfonce la porte de ta chambre, te disant qu’il a trouvé une solution. Arrivés à l’hôpital, tu lui donnes ton accord pour l’opération, avant qu’il ne te donne une dose conséquente d’éther.

Lorsque tu as rouvert les yeux, tu ne te sentais pas si bien que cela, mais tu étais vivante. Tu as alors tourné ton regard vers le couloir pour apercevoir Jack à l’extérieur de la chambre. Tu l’as appelé, et il a disparu de ton champ de vision. Après cela, ta chambre s’est plongée dans une lumière rouge étrange avant que tu ne te rendorme, exténuée.

Enfin réveillée, ta chambre d’hôpital te semble bien différente. Tout est trop blanc, trop neuf, les bip sonores te sont étranges. Étranges mais familiers. On vient te voir, on te parle de ta convalescence, te donne une ordonnance pour que tu n’aies pas mal, autant pour soigner ta plaie que pour calmer tes possibles symptômes. Après quelques mois de réveil, tu ne te sens pas tout à fait chez toi dans cette ville moderne, tu as l’impression d’avoir sauter un gigantesque chapitre de ton livre. Cependant, tu veux poursuivre ton rêve, et devenir chirurgienne. Et retrouver Jack. Oui, tu veux retrouver l’homme qui a sauver ta vie. Tu veux retrouver l’homme de ta vie.

En attendant, tu restes à l'affut dans cet hôpital. Espérant que ton homme aie la même idée.