Tu te nommes Jackie Estacado. D’aussi loin que tu t’en souviennes tu n’as connu aucune chaleur humaine depuis tout petit, vivant dans la rue comme un orphelin crade et violent. T’avais confiance en personne, tu ne vivais que pour toi-même. Le seul être qui comptait un minimum pour toi c’était Jenny, une autre orpheline que t’as toujours voulu protéger au détriment de toi-même. C’est peut être vers tes 6/7 ans que vous vous êtes fait attraper par les flics à cause d’un vol et qu’on vous a collé dans un orphelinat géré par l’église. Sans surprise ça n’a rien arrangé. Tout le monde en avait toujours contre Jenny parce qu’elle était plus fragile que les autres, qu’elle pleurait plus facilement et que ça les énervait. Toi tu réagissais toujours de la même façon : ils levaient la main sur elle : tu leur crevais les yeux ou ce que t’avais à portée de mains. Tu te faisais tabasser pour te faire comprendre que tu n’avais pas ton mot à dire mais t’étais à peine remis que tu recommençais. Personne ne lui ferait jamais de mal sans être puni, c’était ainsi.

Et puis un jour Don Franchetti passa la porte de cet endroit puant pour dire qu’il te prenait. Il était ton oncle et venait de découvrir qu’il avait un neveu. Il te nomma Jackie et t’appris que tu t’appelais Estacado en nom de famille. Soit. T’avais pas envie de voir que tout ça puait le mensonge de toute façon et c’était toujours mieux la bas qu’ici aussi tu promis à Jenny de venir la récupérer vite et tu partis pour découvrir ce mec qui sentait autant la violence que toi. Dès tes 14 ans t’étais un des meilleurs tueurs de la « famille » et tu faisais honneur à ton oncle. Tu ne rechignais devant aucune tâche, t’avais le nez pour voir arriver les emmerdes et dénicher les taupes. Ton nom était signe de terreur et de mort.

Tu ne mis qu’un an à revenir chercher Jenny. T’avais plus d’argent que tu n’en avais besoin aussi tu lui payas un appartement, des affaires, de quoi refaire sa vie sans jamais rien lui demander. Tu lui trouvas des petits boulots et la plaças toujours dans des endroits safes de la famille pour qu’elle ne craigne rien. T’étais certainement connard à draguer sous son nez à chaque fois que tu venais prendre ton verre de lait mais toi tu ne voyais rien d’autre qu’une petite sœur. Enfin… Tu ne voulais rien voir de plus surtout. Et puis ta vie était parfaite ainsi et tu n’aurais jamais entrainé personne d’autre dans cette existence et surtout pas elle.

A tes 21 ans, ta vie était faite de violence et de sexe, un combo dont t’étais totalement addict et que tu comptais mener jusqu’à la fin. C’était sans compter sur ce soir là… T’étais assis sur ton lit à lister tes missions du soir quand soudainement une douleur immense te traversa le corps. Tu te mis à vomir des ténèbres noires qui coulaient même par tes yeux. Une voix vrillait ton esprit « Ton heure est arrivée Jackie… » A peine le temps d’essayer de comprendre qu’un commando arrivait puis des anges de lumière. C’était juste la folie, un bordel sans nom que tu ne comprenais pas alors que t’essayais déjà de t’en sortir avec ton corps qui ne te répondait plus et cette voix dans ton esprit. « Ne luttes pas Jackie, laisses toi guider. C’est ton droit. » A peine accepté tu te couvris d’une armure organique et des démons apparurent pour dévorer tous ceux qui se trouvaient là. Ce fut un massacre…. Un massacre qui te conduisit à te réveiller le lendemain dans la poubelle du bar où Jenny bossait.

Tu pensais que c’était un mauvais cauchemar mais la réalité te frappa assez rapidement quand tu rentras chez toi pour retrouver le charnier et quand cette voix te parla de nouveau. Rapidement tu tombas sur un homme « Sonatine » qui pouvait t’en dire plus sur toi car il était le chef de la confrérie du Darkness… Fine équipe de branleur tiens. T’avais jamais agi pour personne d’autres que toi et tu ne risquais pas de changer ! Mais au moins entre lui, la blondasse aux grandes ailes de lumière qui voulait te buter et ton oncle t’eus enfin l’histoire de ta vie, de ta famille ou plutôt… de la lignée du Darkness… Tu es Jackie Estacado, fils de Danny Estacado, un ancien tueur que Don Franchetti n’avait jamais engagé car quelque chose de malsain se dégageait de lui. Mais une nuit un homme étrange (Sonatine) apparut pour lui dire que Danny avait eu un fils avant de crever et qu’il le trouverait à l’orphelinat et que, grâce à lui, il deviendrait le plus puissant. C’est comme ça que t’avais été adopté. Tu n’en voulais pas à ton oncle, il était le père que tu n’avais jamais eu et t’avais appris à user de violence mais aussi de stratégie quand cela était utile.

Et qui était le Darkness dans tout cas ? Voila ce que Sonatine t’expliqua : « La Witchblade est une arme de guerrier, le maudit Angelus un agent tyrannique de la loi et de l’ordre mais le plus important est le tout puissant Darkness, une entité glorieuse du chaos et de l’abandon débridé. Ses porteurs sont bénis par le pouvoir de la création et peuvent fabriquer toutes les formes et toutes les entités qu’ils veulent. » C’était une entité sombre qui existait bien avant la lumière. Elle régnait même jusqu’à ce que la lumière ne vienne pour séparer le monde en deux. Utilisable que de nuit, ton pouvoir de création était immense, tu pouvais aller jusqu’à créer des humains qui te serviraient, des pantins qui seraient toujours à tes côtés. Mais pour cela il te fallait mieux maitriser tes capacités et survivre à tous ceux qui voulaient te tuer ou bien se servir de toi à leur propre fin. Ton choix ? Le combat comme toujours et si cela aurait pu se tasser, c’était sans compter sur leur idée de kidnapper Jenny. Tu t’allias avec l’Angelus pour détruire Sonatine avant de détruire à son tour l’Angelus (même si, comme le Darkness, elle ne peut que perdre son enveloppe charnelle mais pas mourir réellement). Ce fut un carnage duquel Jenny ressortit vivante mais à quel prix ? Elle avait vu qui tu étais, elle avait plongé ses yeux dans ceux du Darkness et décida de partir à l’autre bout du pays car elle t’aimait mais ne pouvait accepter ce que tu étais. Est-ce que t’eus l’idée de la retenir ? Même pas… Tu la laissas partir comme un con. Ses derniers mots furent pour te dire « Essaye de faire un peu de bien » Mais elle était la seule chose « bien » dans ta vie et c’était pour ça que tu l’aimais… Tu regardas partir le car sans faire un geste, prêt à retourner auprès du Don quand la lune rouge se leva. Fuck.

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Groggy par ce qui venait de se passer t’émergeas au milieu de la rue comme tout le monde, regardant autour de toi. Ton esprit était si silencieux, si… vide. Tu cherchas à faire appel à tes pouvoirs mais rien, tu n’étais que Jackie… Toujours dans ton costume de prix et ton arme à la ceinture mais rien de plus. Il n’y avait plus de Darkness, plus d’Angelus, plus de Sonatine, plus de Don Franchetti, plus de Jenny… Tu étais seul. Tu erras le temps de savoir quoi faire mais peut être que c’était maintenant qu’il fallait être un peu moins toi et un peu plus ce que Jenny voulait. Tu troquas tes vêtements de marque contre du plus classique, trouvas des petits boulots simples qui demandaient juste un bon physique et un minimum de jugeote et tu te fis oublier comme ça. Parfois le manque de ta capacité à recouvrir ton corps de ténèbres te rendait fou et tu comblas ce manque en te faisant entièrement tatoué. Une façon de te souvenir sans pour autant replonger totalement dedans. Maintenant tu vis dans l’ombre mais sans trop faire de merde si t’y arrives. Tu restes sanguin donc t’as bien entendu du sang sur les mains mais c’est jamais autant qu’avant et puis tu restes seul pour être tranquille. Gros changement pour toi mais c’est comme ça. T’as juste trouvé une autre Jenny sur laquelle tu veilles de loin. Est-ce une bonne idée ? Pas sûr. Est-ce que tu vas faire gaffe ? Nop, comme d’habitude.