(Terminé) Remember the time you murdered me? [Neville]

Remember the time you murdered me?

feat. Neville

C’est arrivé sans prévenir, alors que ses pensées agitées la menaient dans des directions bien différentes que ce qui devait si brutalement les interrompre sans qu’elle soit capable de déterminer plus précisément comment ou pourquoi. Comme ça, au beau milieu du chemin, obligeant les passants à la contourner, elle se fige, et c’est une sensation aussi angoissante que vertigineuse qui tout à coup, sans prévenir, fond sur elle comme on déverserait sur elle une bassine remplie d’eau glacée… Tout à coup, ses jambes semblent refuser d’avancer, comme si la semelle de ses chaussures était gluée au sol… Elle ne comprend pas cette sensation, elle ne sait en déterminer l’origine… Elle fait battre son cœur plus fort et lui fait redouter le pire. Quand elle est angoissée, Nagini peine à contrôler sa malédiction. Toute émotion trop forte est susceptible de provoquer chez elle une transformation involontaire. Elle ne s’en rend pas compte, mais sous son épais manteau d’hiver, d’épaisses écailles son apparues, et ses iris et prunelles ont adopté une forme et une couleur caractéristiques de sa forme la plus monstrueuse. Malgré tout, Nagini ne se transforme pas, elle ne cède pas à cette panique irrationnelle qui la fait à présent trembler de tous ses membres…

Irrationnelle, car elle est bien incapable de savoir à quoi l’imputer… Certes, devoir évoluer dans n’importe quel lieu public n’a jamais été une partie de plaisir pour elle, et encore moins ces derniers temps, et c’est bien par pure nécessité qu’elle s’est engouffrée dans ce centre commercial… et maintenant… Maintenant, elle ne sait plus ce qu’elle fait ici, elle ressent une menace profonde, réelle, sans en comprendre l’origine… elle n’est pas capable de comprendre qu’elle lui vient de ce jeune homme dont elle a croisé le regard totalement par hasard.

Il ne peut pas savoir qui elle est, elle-même ne pense pas savoir qui il est, et pourtant, son inconscient l’a immédiatement reconnu. Neville Londubat, le garçon qui l’a assassinée. Son maître lui a appris de quelle manière violente et cruelle on lui avait tranché la tête… Cette vision l’avait tétanisée… Elle est incapable d’associer ce visage doux et sympathique à celui d’un assassin, pourtant, quelque chose en elle l’y invite, quelque chose que son esprit n’est pas en mesure d’analyser.

Son instinct l’exhorte finalement à fuir, et c’est alors qu’elle a le sentiment de parvenir à reprendre le contrôle de sa jambe qu’elle se sent glisser sur le sol fraîchement nettoyé du centre commercial… résultat des courses, Nagini bouscule au passage celui qu’elle avait cherché à fuir avant de s’effondrer lamentablement au sol… pour la discrétion, on repassera très clairement.

« Désolée… », s’excuse-t-elle à voix très basse, presque dans un murmure, le regard baissé, alors qu’elle se redresse du mieux qu’elle peut. Elle a tout gagné, vraiment…

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feat. Neville

Le jeune homme qui lui fait face est souriant, il lui adresse un sourire sympathique et bienveillant… Le genre de personnes à qui on donnerait le bon Dieu sans confession. Par sa gentillesse affichée, Neville lui fait penser à Jacob, et cette pensée devrait la réconforter… c’est tout l’inverse qui se produit, pourtant… Elle s’inquiète d’autant plus que ce jeune homme lui apparaît trop doux, trop sympathique, trop innocent… Il peut berner son monde, peut-être, mais Nagini, elle, ne peut pas être dupe. Si elle ne comprend pas, dans un premier temps, ce qui la tourmente à ce point, elle n’oublie pas, néanmoins, la douleur, ce souvenir cuisant, celui de sa propre mort, de son dernier souffle. D’une manière ou d’une autre, proche ou lointaine, il y est associé. Elle ne peut pas l’oublier, ça non. Au point même que ses souvenirs défaillants ne l’empêchent pas de se méfier.

Et c’est pire encore quand le jeune homme se présente finalement. Il n’y a pas si longtemps, ce nom ne lui aurait rien dit du tout. Ce n’est plus le cas à présent… C’est un nom qu’elle a entendu très récemment… Un nom qui a trouvé un écho particulier et durable dans son esprit. Lors de ses retrouvailles avec son maître… Un traître a tranché ta sublime tête, Nagini. Ce traître se nomme Neville Londubat… Et à cet instant précis, il se trouve sous ses yeux. Le regard de la malédictus rougeoie en même temps qu’elle se recule d’un pas, puis d’un autre… Elle est partagée entre l’envie de le fuir et celle de le confronter… Pire encore, elle se sent à deux doigts de se transformer.

« Je sais qui vous êtes… », souffle-t-elle en posant sur lui son regard le plus défiant. « Je connais votre nom… », ajoute-t-elle avec dans la voix quelque chose oscillant entre peur et menace tacite. « Vous devez vous croire irréprochable n’est-ce pas ? Vous pouvez porter fièrement le nom d’un assassin et ne pas en rougir », ajoute-t-elle, sans réellement clarifier son propos.

Comment pourrait-il savoir qu’elle est le serpent qu’il avait si « héroïquement » décapité dans sa vie passée ? Comment pourrait-il bien faire le moindre lien entre lui et la malédictus ? C’est impossible, bien sûr… Mais ce n’est pas la raison qui domine, en cet instant, la pensée de Nagini. Seule prime l’émotion, et la jeune femme lui laisse le champ libre.

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L’incompréhension la plus pure se lit sur le visage du jeune homme. Le regard qu’il pose sur elle est le regard d’un homme innocent, tranquille avec sa conscience, et convaincu de n’avoir absolument rien à se reprocher… c’est encore pire que s’il avait l’ombre d’un scrupule. Certes, il ne peut pas savoir, mais la jeune femme se fera un plaisir de lui rafraichir la mémoire, et plus vite que ça. Elle ne devrait probablement le confronter comme elle est en train de le faire, mais elle ne peut pas s’en empêcher, elle a besoin de lui faire comprendre l’ampleur du choc qu’elle éprouve en cet instant. S’il lui présente des excuses, elle ne les acceptera pas, elle sera incapable d’accepter cette situation. Mais elle a besoin de lui faire face… Et peut-être, plus tard, qui sait, de prendre sa revanche.

Il lui confirme en mots ce que son attitude suffisait largement à laisser suggérer alors qu’il prétend ne pas comprendre, affirmant qu’il n’a rien d’un assassin… Avant d’ajouter des mots qui la heurtent plus profondément que s’il n’avait fait aucune mention de cet épisode. Il avait tué un serpent autrefois. Au moins il l’admet. Mais il se protège malgré tout de cette affirmation, sous le prétexte que tout ça appartiendrait à son ancienne vie, et qu’ici, il mènerait une honnête carrière d’herboriste. Il pourrait bien être maire de cette ville ou vendeur de montres de luxe, pour elle ça ne change absolument rien à ce qu’il a été, ou à ce qu’il lui a fait.

« Sous le prétexte que c’était il y a bien longtemps, alors ça n’a plus la moindre importance, c’est ça ? » cingle Nagini avec un mépris évident.

Bien sûr, Nagini n’est pas bien placée pour parler, en réalité. Neville Londubat a pris une seule vie, Nagini, sous sa forme de serpent, en avait ôté beaucoup plus. Elle n’en garde qu’un souvenir troublant, flou et cauchemardesque, à présent, ce n’en est pas moins le cas, et elle ne peut en aucun cas prétendre le contraire. Ceci dit, elle n’a jamais prétendu être innocente non plus… D’ailleurs, elle a tout à fait consciente de ne pas l’être… Elle vit en dualité totale avec sa part la plus sombre depuis des mois et des années, maintenant. Et ce n’est pas près de s’arranger, à présent que Lord Voldemort a fait son grand retour dans sa vie.

« Si vous faisiez face à votre victime, comment est-ce que vous réagiriez ? Qu’est-ce que vous lui diriez. »

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feat. Neville

Pour le bien de tous… La jeune femme grimace à cette affirmation. Elle sait ce qu’il entend par là, de même qu’elle sait ce qu’elle est devenue dans l’intention de servir son maître. Elle sait qu’elle possède d’ailleurs toujours, en elle, cette part de son maître qui la ronge et qui l’attire irrémédiablement à lui, même quand elle sait que, pour son propre bien, elle devrait se tenir à l’écart de Lord Voldemort. Elle ne veut cependant pas accepter que sa mort puisse être considérée comme une action servant le bien commun…

Le bien est une affaire de perception quoi qu’il en soit, n’est-ce pas ? Ce qui paraîtra pour juste aux yeux de certains sera ce qui causera la ruine d’autres personnes. C’est la réalité, c’est un fait… L’histoire est écrite par les vainqueurs, et pour cette raison, elle glorifie la mort de ceux qui auront perdus. Bien sûr, Nagini elle-même a du sang sur les mains – qui n’étaient plus des mains à l’époque. Bien plus que son interlocuteur. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle est capable d’accepter ou de cautionner le discours de son interlocuteur. Bien au contraire, même. Elle est incapable de l’entendre et encore moins de le supporter. C’est à ses yeux une insulte à tout ce qu’elle est et à tout ce qu’elle veut défendre.

« Définis ce qu’est le bien de tous ? Car à l’évidence, son bien à elle n’a pas été pris en compte dans l’équation. »

Est-ce que Nagini serait prête à accepter les excuses de son interlocuteur ? Non, rien ne pouvait excuser le souvenir douloureux qui lui reste gravé en mémoire… Quoi qu’il en soit, elle compte bien tester à la fois les résolutions et les nerfs de son interlocuteur. Abandonnant toute prudence, Nagini fait donc le choix de se transformer sous les yeux de son interlocuteur, la jeune femme laissant place à un serpent de taille imposante, enroulé sur lui-même, et qui redresse à présent sa tête gigantesque en direction de Neville. Il lui suffirait d’ouvrir sa vaste gueule pour faire de sérieux dégâts, mais elle ne bouge pas. L’animal, le monstre, se contente de toiser son assassin de ses yeux rouges, avec défi.

Autour d’elle, Nagini entend hurler. Naturellement, sa transformation dans un lieu public n’est pas passée inaperçue, mais Nagini s’en moque. La seule chose qui lui importe à l’heure actuelle, c’est définitivement de régler son compte avec le jeune homme qu’elle a sous les yeux, d’une manière ou d’une autre, et ce peu importe le moyen.

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feat. Neville

La décision de Nagini de se transformer ainsi, en public, était aussi inconséquente que dangereuse, mais elle n’y avait pas réfléchi à deux fois avant de se décider. Elle ne pouvait pas laisser ce qu’elle estimait être la plus stricte des injustices demeurer chose impunie, par ailleurs,  elle ne contrôle pas réellement ses émotions en cet instant. Plus elle se transforme plus elle prend de risques, elle a conscience de cela, mais c’est un risque qu’elle accepte de prendre afin que son interlocuteur la reconnaisse et fasse face aux conséquences de ses actes. Ainsi, maintenant, à cet endroit particulier, il doit faire face à la réalité la plus terrible.

Nagini ne sait pas ce qu’elle attend de cet échange. Même si le serpent monstrueux dans lequel elle se transforme serait probablement en mesure d’avaler aisément l’homme qui lui fait face et plusieurs autres clients de ce centre commercial, ses intentions ne sont pas si violentes. La Maledictus n’est plus celle qu’elle était à la fin de son ancienne vie. Sa mémoire défaillante l’a rendue à davantage d’humanité, mais quand bien même elle est véritablement humaine et se sent comme telle, les vieux démons ne sont pas loin, et ils gagnent une ampleur de plus en plus grande.

Il lui dit ce qu’elle sait déjà, ou plutôt ce qu’elle a redécouvert par l’intermédiaire de Jacob : qu’elle est un horcruxe de Lord Voldemort, et que pour détruire son maître,  il fallait la tuer encore… Elle est encore un horcruxe, le sait-il ? Est-il capable de le deviner ? Probablement que non, ce n’en est pas moins le cas, et il devra probablement la tuer de nouveau au nom de ses merveilleux idéaux… Sauf que cette fois, Nagini ne se laissera pas faire. Sa soif de vivre, son besoin désespéré d’être sauvée sont bien trop profonds. Pour rien au monde elle ne renoncera à ce qu’elle est, et ce même si ce qu’elle est doit appartenir partiellement à un autre.

Sous sa forme de serpent, elle le fixe depuis ses prunelles reptiliennes, et elle reste là un long moment, tête dressée, menaçante. Bien sûr, sous cette apparence, elle ne peut rien dire, mais elle ne tarde pas à reprendre forme humaine. Elle veut lui parler. Cette démonstration de force avait autant les accents d’une menace que les atours de la démonstration. Autour d’elle, des clients affolés continuent de lui adresser des yeux ronds, mais Nagini ne pourrait pas s’en moquer davantage. Ce qui l’intéresse, ce n’est que la réaction de son interlocuteur. Et celle de personne d’autre.

« J’ai entendu des prétextes, je n’ai pas entendu d'excuses. Ne crois-tu pas que j'en mérite ? » fait-elle de sa voix encore sifflante. « Je serai en droit de te rendre la monnaie de ta pièce, tu ne crois pas ? Penses-tu que tu le mériterais ? »

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feat. Neville

La réponse de Neville n’est pas du tout celle que la Maledictus escomptait. Non, il ne lui présente aucune excuse, même, il estime qu’elle n’en mérite probablement pas. La colère qu’elle ressent est autant dû à ce refus qu’il lui oppose qu’à cette sensation diffuse et déplaisante : il a raison, elle a commis tant de crime, elle portait en elle un fragment d’âme du sombre seigneur qu’il voulait occire… Il n’avait pas à se sentir désolé. Mais c’est sa vie qui s’était retrouvée sur la sellette, et ça, Nagini est incapable de passer outre.

Elle ne sait pas ce qu’elle attend de cette confrontation. Elle sait qu’il ne serait pas intelligent de sa part de s’en prendre à Neville dans un lieu public et devant témoins mais… La perspective de se venger est terriblement tentante, elle embrase chaque parcelle de sa peau, de son cœur et de son âme… Elle a besoin d’obtenir réparation, elle a besoin d’éprouver ce sentiment de clôture qu’elle n’a jamais pu obtenir, comme si cela pouvait lui permettre de renouer avec ce passé oublier, mais qui continue de la hanter… et la hantera probablement toujours.

« Ça ne peut pas être aussi simple… »

La voix de Nagini ressemble à un sifflement. Elle toise son interlocuteur avec un mélange de déception et de mépris. Non, ce n’est pas comme ça que les choses doivent se passer. Quelle satisfaction obtiendra-t-elle si son interlocuteur devait rendre les armes si facilement ? Et pourquoi, d’ailleurs, rendrait-il les armes si facilement ? N’avait-il donc pas envie de vivre ? Ou bien est-il vraiment persuadé de réussir à la vaincre une seconde fois. Peut-être en est-il même impatient ? Qui sait si, en se trahissant, elle n’a pas refermé sur elle-même un piège particulièrement dangereux ?

« Ça ne doit pas être aussi simple. » Elle le fixe sans ciller, elle le toise avec un mépris et un dédain des plus évidents. « C’est vraiment tout ce que tu as à dire ? » demande-t-elle alors.

La vérité, c’est qu’à sa manière, il parvient à la décontenancer… Elle ne sait plus vraiment de quelle manière elle doit agir, de quelle façon se comporter et s’exprimer. Elle ne veut toujours pas laisser les choses se faire de la sorte… Mais elle reste incertaine quant aux méthodes à adopter.

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Nagini peut voir de la peur dans le regard et dans l’attitude du jeune homme, et elle doit reconnaître en tirer une sorte de satisfaction malsaine. Bien sûr, se satisfaire de l’angoisse d’autrui n’est pas un comportement acceptable, mais mettre fin à ses jours ne l’était pas davantage. Nagini n’a pas l’intention de l’attaquer en retour. Elle n’est pas encore décidée quant à ce qu’elle souhaite qu’il advienne de lui, mais ce dont elle est convaincue, en revanche, c’est qu’elle souhaite que la crainte et la culpabilité l’étreignent quotidiennement à la perspective de cette échange, et à la pensée de ce qu’ils ont vécu.

Elle ne peut pas se contenter de lui prendre ce qu’il lui avait lui-même pris par le passé… Elle a besoin que cet échange lui procure un sentiment de clôture, et pour le moment, c’est loin, très loin d’être le cas. Elle a besoin de réfléchir à la situation, et de ne pas l’observer sous un angle à ce point abrupt. C’est encore très loin d’être gagné, mais la jeune femme est bien déterminée néanmoins à ce que cet échange porte ses fruits, et de préférence des fruits dont elle aura décidé. Après avoir perdu le contrôle de tout, y compris de sa propre vie, elle veut avoir la maîtrise d’une situation qui la concerne d’aussi près.

« Tu es un assassin », tranche brutalement Nagini quand Neville prétend le contraire, sous le prétexte de la guerre. « Tes excuses ne valent absolument rien », ajoute-t-elle alors avec une agressivité dans la voix que très peu lui reconnaîtraient, mais qu’elle estime plus que méritée dans le cas particulier de son jeune interlocuteur. « Tu n’en penses pas un mot. Ne crois pas que je ne le vois pas. »

AElle se ressent davantage serpent que femme en cet instant. Elle a l’impression de renouer un peu avec celle qu’elle ne se souvient plus d’avoir été, et les conséquences pourraient en être vraiment éprouvantes pour le jeune homme, qu’elle n’a clairement pas l’intention de laisser tranquille sur ces excuses dans lesquelles elle ne croit pas le moins du monde. Il ne lavera pas sa confiance si facilement, il ne s’en tirera pas à si bon compte de cette manière, il en est tout bonnement hors de question.

« A partir de maintenant, je te conseille de faire très attention à toi. Qui sait ce qui pourrait bien t’arriver… »

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feat. Neville

Nagini ne croit pas plus dans son discours que dans ses aveux. Elle peut encore constater la peur dans son regard, et cette peur la rassure, elle lui donne le sentiment qu’elle serait capable de prendre l’ascendant sur son interlocuteur le moment venu, alors même qu’elle n’en sait rien. Après tout, il l’a déjà tuée une fois, qu’est-ce qui pourrait bien l’empêcher de recommencer ? Absolument rien du tout, et il ne serait vraiment pas surprenant que ça finisse par être le cas.

Oui, il lui dit être un assassin, et Nagini considère que c’est le cas, puisqu’elle garde à l’esprit, même si sa mémoire est confuse, le souvenir ô combien douloureux de sa mort. Oui, il est un assassin… Mais elle ne pense pas qu’il s’excuse de l’être. Ils ont tous deux agi pour deux camps opposés. Et Nagini aussi est une assassin, elle a commis plus de crimes dont elle est capable de se souvenir… Mais ses victimes ne sont plus là pour lui faire face… Et ça fait évidemment une grande différence.

Elle apprécie au moins que Neville reconnaisse ne pas avoir pensé chacun des mots qu’il avait prononcés. Ce n’est pas comme s’il l’ignorait, mais c’est une chose qu’il avait voulu entendre malgré tout.

« Tu parles, un type que toi a des amis, peut-être même une famille. Un type comme toi peut avoir une vie. Bien sûr que tu manqueras à quelqu’un », rétorque-t-elle froidement.

C’est de la jalousie qui transparait dans sa voix, en réalité. Car oui, lui peut avoir des amis, lui peut s’attacher sans crainte de perdre tout ce qu’il se sera autorisé à aimer… Oui, elle le jalouse comme elle ne sait que jalouser tous ces humains, tous ces sorciers, qui ne souffrent pas la malédiction chevillée à elle depuis sa naissance même.

« Mais ça m’est égal », ajoute-t-elle plus froidement.

Nagini prend le soin de se dissocier de la moindre émotion. Elle le veut, elle le doit, elle le sent. Dans ces circonstances, il n’y a que de cette manière qu’elle peut être capable de dissocier ses émotions d'une douleur autrement profonde.

« Sur quoi est-ce que tu étais sincère, je t’écoute », demande-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine.

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feat. Neville

Ses excuses n’étaient pas sincères. Ce n’est pas une chose agréable à entendre, car Nagini continue d’estimer les mériter, mais elle préfère entendre la vérité, toute la vérité, et décider d’agir en fonction. Quoi qu’il puisse dire ou faire, dans tous les cas, son discours a peu de chances de lui plaire, en réalité. Nagini ne peut voir en ce jeune homme qu’une seule chose, et c’est l’individu qui l’a tuée de sang froid, qui s’est saisi d’une épée tranchante et a décapité sa tête reptilienne sans l’ombre de la moindre hésitation. Il n’y a pas de retour en arrière possible. Un pardon pourrait être réclamé, mais jamais accordé, et tout ce qu’il reste à Nagini c’est l’espoir que son interlocuteur se sente mal, et même le plus mal possible, tant qu’à faire.

« Et toi ? Tu connais ma vie ? Tu as la moindre idée de ce que j’ai vécu avant qu’on ne me la prenne ? » réplique-t-elle, qui n’a pas la moindre intention de se laisser attendrir par les arguments de son interlocuteur.

Au fond, elle peut admettre que ce que Neville a vécu est terrible. Ses parents torturés jusqu’à devenir fous, c’est en effet une véritable tragédie, et elle est moins empathique qu’elle n’en donne l’air. Seulement, elle n’a pas la moindre envie de se laisser attendrir, pas le moins du monde, même. Neville a peut-être vécu une existence terrible, mais elle ne veut rien savoir de lui. Ce sera beaucoup plus difficile si elle doit s’en prendre à lui et obtenir sa vengeance ensuite.

« Tu as connu tes parents, tu as une grand-mère qui t’a aimé et a pris soin de toi. » Elle marque une pause. « Je n’ai pas eu besoin de guerre pour être abandonnée, négligée, blessée, trahie… »

La vie de Nagini n’a pas été un long fleuve tranquille, en effet. En découvrant qu’elle était une fille, condamnée au même sort qu’elle, sa mère l’avait abandonné, et la vie de la maledictus avait été une longue errance jusqu’à ce que Skender ne la repère et l’achète pour le compte du cirque Arcanus, où elle était réduite au simple statut de phénomène de foire. Deux hommes seulement avaient semblé ressentir un semblant d’attachement à son égard, et dans un premier cas, elle avait été abandonnée, dans un second… On avait fauché sa chance en plein vol.

« Si la guerre est ton excuse, alors surveille tes arrières. Elle n’est pas fini. En fait, elle ne fait que commencer. »

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feat. Neville

Nagini sent un long frisson se répandre le long de son échine alors que Neville lui affirme être désolé de l’avoir tuée « dans ce cas ». Ces excuses arrivent trop tard. Ces excuses sont soumises à une condition… Ces excuses n’ont pas de valeur, par conséquent. Elle n’est plus capable de les accepter. Elle n’est plus capable de l’entendre. Elle n’accepte pas ses excuses mais elle n’en montre pas grand-chose, se contentant de le toiser de son regard le plus impénétrable et le plus froid. Elle ne se laissera pas amadouer. Elle ne se considère pas – à tort – comme quelqu’un de violent, mais ses instincts reptiliens la rattrapent, et ils animent la moindre fibre de son être en cet instant.

« Ils sont si nombreux… Il te faudrait une éternité pour tous les retrouver », répond Nagini, désillusionnée, quand Neville lui demande de lui donner le nom des personnes qui l’ont abandonnée afin, pour se racheter, semble-t-il, de leur faire comprendre qui elle est. Elle n’aurait pas envie de retrouver sa mère, plus maintenant, ni ce scientifique qui l’avait étudiée pendant de nombreuses années avant de la vendre à Skender et au cirque Arcanus.

Malgré tout, une idée émerge dans son esprit. Un nom. Le nom d’un homme qu’elle cherche sans être certaine de pouvoir le trouver. Un homme qu’elle a très envie de retrouver, ne serait-ce que pour avoir avec lui les explications qu’ils n’ont pas eues à l’époque.

« J’ai un seul nom pour toi. Credence Barebone. Cherche-le, trouve-le pour moi. Et je pourrais réfléchir à … » Elle le jauge de haut en bas. « … ta rédemption. »

Neville ne parviendra probablement pas à sauver sa peau. Le serpent réclamera sa revanche. Et elle entend bien l’obtenir. Vraiment.

« Je ne le peux pas », répond Nagini quand Neville lui affirme qu’il tâche de vivre en dépit des circonstances, et qu’il devrait faire de même. « Ma vie ne m’appartient pas. »

Elle ne lui appartient plus. Telle est sa malédiction. Ce n’est pas un constat défaitiste, non, c’est uniquement un fait, et un fait que Nagini a appris à assumer.

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feat. Neville

Tâche quand même de vivre. Ironique de s’entendre dire ça de la part de la personne qui a mis fin à ses jours, mais passons. A bien y réfléchir, Nagini n’est pas tout à fait sûre d’avoir un jour su comment faire. Certes, elle l’aurait dû, et Neville n’est pas le premier à le lui dire, mais quand bien même, ce n’est pas si simple de donner du sens à une existence condamnée.

Jacob n’a de cesse que de répéter que, d’une façon ou d’une autre, il parviendra à trouver une solution, mais la maledictus préfère se montrer… réaliste… Elle ne veut pas cultiver des espoirs qui seront ensuite déçus… Comme au moment d’accorder sa confiance à Credence, pour voir cette même confiance immédiatement piétinée.

Vivre lui est interdit.. à une exception près. Le seul à savoir lui offrir une vraie solution, digne de ce nom, est celui de qui on veut l’éloigner à tout prix. Bien sûr, Nagini n’ignore rien des ténèbres qui entourent Lord Voldemort… Elle ne peut certainement pas l’ignorer alors qu’elle-même contient en partie ces ténèbres, de par la partie d’âme qu’elle garde en elle, certes, mais pas que… elle est ainsi, également. Elle est probablement perdue, et vivre signifie tout naturellement pour elle vivre d’une manière que beaucoup estimeront indigne, ou atroce… peu importe… il ne connaît pas d’autre manière de faire.

« Je ne vais pas prendre tes promesses pour argent comptant », répond simplement Nagini. « Je n’ai aucune raison de te faire confiance. » Elle croise les bras sur sa poitrine. « Mais d’accord, j’attends de voir. »

Elle n’a pas vraiment d’autres choix, de toute façon. C’est ce qu’elle peut de mieux, et elle en a tout à fait conscience. Par ailleurs, Nagini a beaucoup trop besoin de mettre les choses au clair avec Credence, de le revoir, de lui parler… Aucun de ses choix n’aura complètement de sens si elle ne le retrouve pas, c’est évident. Et elle veut que ses choix aient du sens.

« Mais si tu ne le retrouves pas… Tu sais ce qui t’attend. »

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feat. Neville

Les menaces de Nagini sont très sérieuses. Elle ne se considère pas comme quelqu’un de violent, pourtant… Mais elle sait être quelqu’un possédant un potentiel de violence inouï, ce même potentiel de violence dont Neville, dans sa vie passée, a probablement été témoin. Pour cette raison, elle sait qu’elle peut s’en servir comme d’un argument béton. Serait-elle capable pour autant de mettre ses menaces à exécution ? Sur ce point, elle serait vraiment bien incapable de le dire… Elle pense que oui, en même temps n’en a pas tant envie non plus…

Elle n’a pas le souvenir d’avoir tué, même si elle sait qu’elle l’a fait, elle n’associe pas de tels actes au plaisir… ou bien seulement celui d’être rassasié… Mais elle sent gronder en elle un tel sentiment d’injustice, puissant et ravageur, quand il est question des circonstances de sa mort, que, pour ce qui est du cas très spécifique de Neville Londubat, elle se croit bel et bien capable d’absolument tout… y compris du pire. Oui, Neville a plutôt intérêt à savoir à quoi s’en tenir… Et elle espère que, le moment venu, il saura faire les bons choix…

Dans des moments comme celui-ci, elle voudrait savoir lire l’esprit des autres, comme c’est le cas de son maître. Elle aimerait savoir ce qui se trame exactement dans l’esprit de son interlocuteur. Elle voudrait être capable de jauger sa sincérité, oui, et plus encore sa culpabilité, dont dans l’état actuel des choses elle ne sait rien présumer du tout. Peut-être le jeune homme n’attend-il que de s’en aller et ne prendra aucune mesure pour retrouver Credence… Peut-être au contraire, et contre toute attente, remuera-t-il ciel et terre pour cela. Pour le moment, elle est incapable d’en savoir plus. Il donne l’air de vouloir l’aider un minimum néanmoins, comme il le prouve en lui demandant une description de Credence, obligeant Nagini à convoquer le souvenir de son ami, ce qui n’est une chose ni aisée, ni vraiment agréable pour elle.

« Il fait à peu près ta taille, les cheveux et le regard sombre… l’air égaré, souvent, prostré… enfin, ça a peut-être changé », ajoute-t-elle avec un léger sourire amer. « Il est capable de pouvoirs dont tu n’as même pas idée, bien plus puissant peut-être même que ceux des sorciers que tu estimes comme les plus forts que tu as jamais rencontrés. Donc méfie-toi. » Elle hausse les épaules. « Ou bien ne te méfie pas. Ça m’est égal. »

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feat. Neville

Neville garde les bras croisés et ne dit rien, se contentant de regarder son interlocuteur le plus fixement possible quand ce dernier affirme qu’il tâchera de se souvenir de la description qu’elle venait de lui faire de Credence. Ce n’est pas forcément la description la plus précise et la plus détaillée que l’on puisse concevoir, c’est vrai, et il est très possible qu’elle ne s’y retrouve pas véritablement et que cela n’aboutisse rien, mais elle n’attend aucun véritable miracle de la part de celui qui a voulu la tuer. Elle le cherche, certes, mais c’est tout. Elle ne peut rien lui faire ici et maintenant, mais elle entend bien le garder à l’œil. Au vu des souvenirs qui l’étreignent, elle ne pense définitivement pas que le pardon soit chose possible, en l’occurrence.

« Non, c’est tout ce que j’ai à te dire, pour l’instant. »

Elle réfléchit tout de même. Elle pourrait décider de l’accabler de reproches et d’insultes, le maudire et le couvrir de réflexions déplaisantes qui n’auraient pas beaucoup d’effets si ce n’est celui de le soulager ne serait-ce qu’un tant soit peu, mais il ne le peut pas. Pour le moment, elle ne veut pas y penser davantage. Ce que cette confrontation remue en elle est beaucoup trop désagréable, elle ne veut pas avoir à l’endurer davantage. Elle préfère fuir cette déplaisante responsabilité si elle le peut, ou la réduire au minimum.

« Ne te repose pas sur tes lauriers, Neville », ajoute-t-elle tout de même en guise d’avertissement, ses prunelles prenant une teinte dangereusement sombre. « Tu ne seras jamais tranquille. »

Est-ce que ce ne sont que des paroles en l’air ou bien le pense-t-elle vraiment ? Elle-même l’ignore. Ce qu’elle sait en revanche, c’est qu’elle ne laissera rien passer dorénavant. Non, elle a la ferme intention de se montrer intransigeante. Elle veut lui faire peur. Elle veut le voir trembler, et c’est à peu près tout ce qu’elle sait vouloir.

Elle n’ajoute rien de plus mais, à la place, tourne les talons, une manière pour elle de prendre congé aussi dignement que possible de cette conversation. Si cela est réellement possible.