(abandonné) (( black mamba )) — .･✧ nagini & scorpius.

Une pluie diluvienne s’abattait sur l’île depuis plus d’une heure déjà. Par endroit, elle saupoudrait même les alentours d’un peu d’orage armé d’éclairs qui déchiraient le ciel avec violence — elle se déchainait. Le journal local annonçait une tempête sans précédent. Les gens s’empressaient même de rentrer chez eux pour s’abriter au plus vite. Pour autant, le déluge n’avait pas empêché Scorpius Malefoy de se retrouver devant le Serpensortia.

Déjà que l’endroit n’était pas hospitalier, le temps le rendait encore plus lugubre, voire même glauque à souhait. Le magasin aux allures de vieille serre, se fondant dans un petit groupe de saules pleureurs, dénotait constamment avec le paysage plus urbanisé. Toutefois, le malaise que ressenti le jeune Malefoy prenait racine ailleurs — c’était ici qu’Albus avait poussé son dernier soupir. Il s’efforçait de ne pas imaginer dans les détails sa mise à mort, ô combien Tom Jedusor avait dû se montrer sadique et violent avec lui ainsi que d’autres supplices. Son cœur ne voulait rien entendre : il se gorgeait d’émotion, de complaintes, d’un amour avorté, arraché trop tôt, d’une colère qu’il ne parvenait pas à taire depuis un an. Albus avait payé pour son père, victime d’une vengeance transversale. Voldemort avait voulu faire sortir Harry du bois en s’en prenant à son fils. Mais personne n’était venu le sauver. Pas même Scorpius. Comment aurait-il pu savoir que, sous ces traits d’ange, se cachait leur plus grand ennemi ? Il aurait dû écouter son intuition… C’était trop tard et vain de se lamenter — avec des « si » et des « mais », on refaisait des mondes… Et porter le poids de cette culpabilité ne changerait rien — ça ne ramènerait pas Albus. Tout comme sa vengeance n’aurait pas un effet de résurrection sur lui. Scorpius avait cependant un grand besoin de l’assouvir, autant pour combler une faille narcissique profondément creusée en lui que pour l’honneur de son fiancé.

Il était fou de se présenter ici avec la ferme intention de s’attaquer à Tom Jedusor. Scorpius se sentait enfin prêt à le défier après des mois d’isolation et d’entrainement seul et avec Peter Pettigrow. C’était très présomptueux de sa part de croire qu’il pourrait mettre à mal un sorcier de l’envergure de Voldemort avec aussi peu entre ses mains. Mais Scorpius était jeune, avait les émotions à vif et un excès de confiance plutôt déroutant pour celui qui avait l’habitude de se noyer dans la couardise. Mais personne ne pouvait le raisonner à ce stade. Il en avait marre de rester dans les rangs, que tous cherchent à le défier dans les règles de l’art alors que Jedusor n’avait jamais rien respecté. Il en avait marre aussi de se terrer, d’attendre que la tempête passe. Scorpius voulait agir. Pour une fois. Et tant pis si cela le poussait vers des dangers extrêmes. Il n’avait qu’Albus en tête, la manière crasse et injuste dont il était mort et Voldemort qui jouissait un peu trop de sa liberté à son goût. Il fallait corriger ça. Alors, après avoir pris une grande inspiration et s’être à nouveau assuré que sa baguette se trouvait bien dans sa manche, Scorpius passait la porte de la boutique se coupant de la pluie et des éclairs qui tombaient en rafale. La sonnette qui tintait annonçait sa présence.

Dans la serre, le moindre bruit provenant de l’extérieur était étouffé, donnant cette vague impression d’être coupé du monde. Le silence qui régnait aurait dû inquiéter Scorpius et peser lourd sur ses épaules. Or, ce qui le troublait le plus, c’était les innombrables serpents qui rampaient à leur guise dans tout le magasin particulièrement fleuri par tout un tas de plantes grasses et tropicales. Leur sifflement intempestif lui irritait les oreilles, lui tapait presque sur le système, l’empêchant de réellement se concentrer. Il se sentait effroyablement oppressé dans cette atmosphère étrange et presque irréelle. S’il parlait fourchelang, il aurait su que les reptiles prévenaient en réalité la seule personne, en plus de lui, présente en ces lieux qu’un intrus était là. Même si certains, les plus petits, s’enroulaient parfois autour de ses chevilles, cela n’empêchait pas Scorpius de circuler entre les allées de la boutique à la recherche de son propriétaire. Ce n’était pourtant pas sur Tom Jedusor qu’il tombait après avoir entendu du mouvement dans l’allée adjacente à la sienne. À sa plus grande surprise, c’était une femme, jeune, qui se trouvait face à lui. Qui est-ce ? Autant vous dire que Scorpius était plutôt décontenancé comme il pensait que seuls Tom et sa solitude éternelle arpentaient ses lieux. « Bonjour. » lâcha-t-il, assez froid et détaché d’ailleurs, après quelques secondes d’âpres réflexions. Il fallait la jouer fine, ne pas montrer sa véhémence tout de suite, savoir de quoi il en retournait. Scorpius devait jauger la situation avant de tenter quoique ce soit au risque de courir à sa perte. Il devait savoir qui était cette femme et surtout où était Voldemort. « Vous êtes ? Le propriétaire n’est pas là ? » Il tentait de se montrer plus aimable. En vain, en dépit de son mince sourire. « Il m’a donné rendez-vous. Pour un Mamba noir. Que j’ai commandé. » Même si Scorpius improvisait clairement, il n’avait pas choisi ce serpent au hasard : c’était un reptile réputé pour sa ténacité et son agressivité — tant que sa proie n’était pas morte, il la traquait sans relâche. Un peu comme Voldemort en somme. Un peu comme lui aussi présentement. Parce qu’il ne comptait pas lâcher. Quitte à en payer le prix fort. Mais c’était juste de l’observation pour le moment, une tentative de rendre ce moment moins brumeux. Les serpents qui naviguaient entre les pieds de Nagini et les siens ne lui facilitaient pas la tâche. L’un d’entre eux sifflait en fourchelang à Nagini « Il ment. » tandis que ses propos étaient appuyés par un autre qui grimpait sur la jambe de l’horcruxe, non sans une certaine lenteur. « Oui ! Oui ! C’est un menteur, Nagini. Un menteur ! » Scorpius sentait que quelque chose se tramait et il n’avait jamais été aussi stressé de toute sa vie.