(Terminé) In desperate need for help [Kreattur]

In desperate need for help

feat. Kreattur

Ce matin, Nagini a bien cru que c’était son dernier matin. Ce matin, au réveil, elle s’est imaginée que plus jamais elle ne reprendrait forme humaine. Cela lui arrive de plus en plus souvent, ces derniers temps. C’est un cercle vicieux, le serpent qui se mord la queue – sans mauvais jeu de mots ou presque. Plus elle s’angoisse à l’idée de ne plus jamais revenir, plus elle se transforme fréquemment, plus elle augmente ses chances de voir ce moment arriver. Les transformations de Nagini, quand elles ne sont pas contrôlées (et c’est de moins en moins le cas dernièrement), sont directement liées à ses émotions les plus profondes, et elle ne peut rien contre cette peur tenace qui la ronge et la coupe de toute forme de réflexion cohérente ou rassurante.

Il lui aura fallu du temps, ce matin-là, pour reprendre pleinement le contrôle de son corps humain, bien plus que d’habitude. Que, durant son sommeil, sa forme reptilienne prenne le pas sur son autre forme n’est pas une nouveauté, ce qui en est une, en revanche, c’est la durée de cet état, qui la laisse présager le pire. Tôt ou tard, elle en est intimement convaincue à présent, elle ne se réveillera plus, plus dans ce corps auquel elle s’accroche comme à la vie qu’elle veut encore s’autoriser à mener envers et contre tout. Nagini se sent seule, elle se sent perdue… Le seul à savoir lui apporter du réconfort et de la stabilité est celui-là même qu’elle sait devoir fuir à tout prix, comme la peste… Mais plus elle y songe, moins elle en est convaincue… Elle ne tient qu’à un fil ténu, suspendu au-dessus d’un fil tendu.

Passée l’inquiétude totale, elle a tenté de se calmer et de réfléchir rationnellement à sa situation. Elle a besoin de réconfort et de soutien, et le premier nom qui lui vient alors, dans l’espoir dans trouver, est celui de Kreattur, l’ancien elfe de maison, qui lui a offert soutien, oreille attentive et présence réconfortante plus d’une fois depuis son arrivée dans ce monde qu’elle aurait voulu considérer comme son occasion, sa nouvelle chance, avant que les événements ne se bousculent et ne la privent de telles perspectives. Elle a donc rassemblé ses esprits et quelques affaires personnelles et a fait le choix de se rendre jusque chez lui, dans sa modeste demeure de Lockwood Hill. Plusieurs coups répétés d’une manière frénétique, presque désespérée, laissent suggérer l’urgence de sa situation et l’ampleur de son désarroi. Quand Kreattur lui ouvre enfin, Nagini peine à sourire véritablement, encore émue et désorientée, le cœur battant bien trop fort, le corps envahi de frissons comme si elle avait attrapé une mauvaise grippe.

« Je suis désolée… je ne voulais pas te déranger », dit-elle d’une voix à la fois douce et égarée. « Je ne savais pas où aller », admet-elle en baissant la tête.

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feat. Kreattur

Partagée entre l’embarras et le réconfort, Nagini s’assied dans le salon du petit appartement de son protecteur, mal à l’aise à l’idée de le déranger, mal à l’aise face à l’évident constat d’échec qu’il lui faut faire en cet instant. Elle aurait voulu être capable de s’en sortir par ses propres moyens, mais à l’évidence, elle s’était laissé dépasser. Elle ne parviendra pas à s’en sortir par ses propres moyens, elle ne parviendra pas à supporter sa situation si elle n’obtient pas l’aide et le soutien de celui qui a toujours été là pour elle dans des moments où elle s’était convaincue ne plus avoir personne.

C’est bien sûr fierté que d’être ainsi affligée par sa propre impuissance… Mais pas seulement. Si Nagini voulait s’épargner la main tendue de Kreattur, c’était d’une part pour ne pas lui faire de souci, d’autre part par angoisse de ce qui pourrait se produire. Toutes les fois où elle a accordé sa confiance ou pris le risque de s’attacher, les choses se sont particulièrement mal finies pour elle… Elle ne supporte pas l’idée que ce soit à nouveau le cas… Kreattur ne mérite pas de devoir porter le poids d’un fardeau qu’elle devait savoir porter par elle-même… Mais c’était plus facile à dire qu’à faire, bien sûr… Car elle ne regrette tout de même rien au moment de s’installer dans cet agréable fauteuil, en sirotant une bonne tasse de thé chaud, et en savourant un appétissant gâteau, qui lui rappelle qu’elle n’avait rien mangé depuis la veille. Elle a besoin de ça, quoi qu’elle puisse prétendre. Elle a besoin que l’on se soucie d’elle, elle a besoin que l’on prenne soin d’elle… Elle a besoin de se sentir appréciée et comprise.

Kreattur est un homme (un elfe) très intelligent, il ne met pas longtemps à comprendre ce que peuvent être les préoccupations de la jeune maledictus, alors qu’il tape dans le mille avec les deux affirmations qui sont les siennes. Elle ne peut pas le contredire – ni n’en a envie, d’ailleurs. Il a parfaitement compris, et Nagini ne peut rien lui cacher… ni ne le veut d’ailleurs. Kreattur connaît son histoire, et Nagini connaît la sienne.

« Les deux », admet-elle alors lentement.

Et les deux sont corrélés. Car plus ses transformations se font nombreuses et incontrôlables, plus elle se sent appelée vers son ancien maître, le seul qu’elle s’imagine capable de la comprendre – assez littéralement, en l’occurrence – le moment venu.

« C’est comme s’il m’appelait… constamment », ajoute-t-elle sans oser lever les yeux de sa tasse de thé.

Est-ce que ce n’est pas le cas ? Il ne l’appelle pas littéralement, certes, mais cette part d’âme contenu en elle est tout naturellement attachée à son propriétaire, et il lui est presque impossible de faire abstraction de la force de cet appel. Elle peine à y résister… peut-être d’autant plus qu’une part d’elle, la moins raisonnable et la plus intuitive d’entre elles… ne lutte pas autant qu’elle le devrait, sans l’ombre d’un doute.

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feat. Kreattur

Kreattur est quelqu’un de très lucide. Peut-être parce qu’il a passé une grande partie de sa vie à observer autrui, va savoir… toujours est-il que quand il est question de mettre des mots sur les états d’âme de Nagini, il vise toujours particulièrement juste. C’est à la fois réconfortant et déroutant. Parfois, elle voudrait être capable de lui dissimuler le fond de sa pensée, de crainte d’être jugée, à d’autres moments – la plupart du temps, en vérité –, elle ne se sent rien d’autre que soulagée. C’est si réconfortant de ne se poser aucune question et de simplement se trouver en présence d’une personne susceptible de vous comprendre en peu de mots ! C’est une émotion complexe à expliciter, mais que Nagini apprécie de tout son cœur… elle ne pensait pas que quelqu’un pourrait lui offrir un tel degré de compréhension après Credence… et pourtant ce dernier, en dépit de toutes ces affirmations, de son vécu et de ses promesses, avait fini par l’abandonner et par la laisser derrière lui, sans même se retourner.

« J’essaie de lutter… », se défend-t-elle doucement quand l’ancien elfe de maison suggère, sans le moindre jugement pourtant, que quand elle se retrouve sous sa forme de serpent, elle se sent d’autant plus liée à lui. « Mais c’est comme si c’était… plus fort que moi ? Ou bien je me cherche des excuses, je sais pas… »

Toujours est-il que quand le monstre prend le pas sur l’humain, elle ne sait qu’avoir tendance à céder à cette facilité réconfortante, celle de retrouver son maître, le seul qui, peut-être, sera encore susceptible de l’entendre et de la comprendre prochainement, quand tous les autres n’en seront plus capables. La tentation est naturellement grande de se tourner vers le seul qui semble en mesure de véritablement… la soutenir. Et en même temps, des personnes comme Kreattur, qui la renvoient à sa part d’humanité pure, ne peuvent que lui rappeler qu’elle commettrait une véritable erreur en s’abandonnant à ces ténèbres, si séductrices soient-elles.

Oui, en effet, c’est une chose dont ils ont déjà parlé. Souvent, même, car elle ne sait se confier si directement et en détail à personne d’autre qu’à lui. Il veut lui faire voir les choses sous un angle différent, un angle appréciable, agréable. Mais cet angle-là la terrifie. Elle est probablement trop défaitiste à ce sujet, elle ne peut s’empêcher de croire que ses efforts seront toujours vains, quoi qu’elle décide.

« Tu l’acceptes pour l’instant, parce que je ne suis pas encore totalement devenu… l’autre… » Elle baisse les yeux. « Tous ceux qui croyaient en moi ont fini par partir à un moment ou à un autre… » Elle sourit tristement. « Je ferai quoi, quand je serai totalement transformée ? Où est-ce que j’irai ? Dans un zoo ? »

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feat. Kreattur

Nagini sait qu’elle a une chance immense d’avoir croisé la route de Kreattur. Ce dernier lui fait bénéficier de son expérience, autant du fait de son âge que de son passé d’elfe de maison. Certes, elle ne peut pas être sûre que la chose soit suffisante à ce que leur compréhension puisse être totale et mutuelle, toujours est-il qu’elle n’envisagerait pas de ne plus l’avoir dans sa vie à une heure si critique. Quand elle doute de tout et avant tout d’elle-même, il reste présent, à ses côtés, et il la soutient. Un soutien dont elle a plus que grandement besoin. Elle doit rester forte, croire dans le soutien des autres, ne rien lâcher. Par moments, la tâche lui semble impossible, mais des discours tels que celui de Kreattur l’invitent à observer les choses sous un autre angle – un angle des plus nécessaires. Oui, elle doit se garder de penser à sa place, en revanche, elle apprécierait qu’elle pense pour lui. La tâche lui en serait grandement facilitée, à l’heure où ses pensées se mélangent et s’embrouillent, et où elle ne sait plus exactement quoi dire et quoi faire.

Elle le sait, au fond, Kreattur n’est pas comme les autres, pas comme tous ceux qui l’ont trahie ou déçue. Il ne lui donne pas l’impression qu’il lui tournera le dos quand elle se transformera pour de bon… elle devine en revanche que c’est elle qui aura tendance à s’éloigner de lui, par peur de lui faire du mal… et elle ne peut que s’en prendre à elle-même à ce sujet. Elle accepte de l’écouter néanmoins, parce qu’il y a de la sagesse et de la vérité dans le moindre de ses mots.

En effet, il s’était retrouvé dans une situation similaire à la sienne, mais les bonnes personnes lui avaient tendu la main. Elle a presque envie de pleurer quand il lui assure qu’il veillera toujours sur elle, quelle que soit sa forme. Elle sent son regard s’embuer de larmes. Ses paroles lui vont droit au cœur… Il ne se rend probablement pas compte de l’importance que ça a pour elle – une importance remarquable. Il lui offre un sentiment qui lui manque terriblement : de l’espoir. L’espoir fou de pouvoir exister et apprécier son existence, peu importe la forme qu’elle prendra.

« Merci », elle lui adresse le plus sincère des sourires. Si elle s’écoutait, elle le prendrait même dans ses bras, mais une sorte de réserve naturelle l’en empêche malgré tout.

Quand il lui demande ce qu’elle voudrait faire, elle réalise n’avoir jamais trop envisagé les choses sous cet angle. Ce qui lui arriverait n’avait jamais à voir avec ce qu’elle voulait, mais avec ce qu’elle devait. Elle n’a jamais envisagé de voir les choses ainsi.

« Si je reste humaine… » Elle frissonne, c’est étrange de le dire à voix haute… c’est une hypothèse qu’elle n’a jamais accepté d’envisager, au risque de s’en mordre bien trop violemment les doigts. « Je n’y avait jamais réfléchi… », admet-elle doucement. « Je ne sais même pas si j’ai de vocation, ou de passion. » Même quand elle s’efforçait de ne pas se focaliser sur elle-même, elle se concentrait alors sur le sort des autres. Elle ne songeait jamais vraiment à elle-même. « J’aimerais me rendre utile, venir en aide à autrui… enfin je crois. »

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feat. Kreattur

Nagini s’efforce de contenir ses émotions, elle ne veut pas obliger Kreattur à porter le poids de celles-ci… Il le fait déjà bien trop, le pauvre. A sa manière, et même s’il semble avoir des difficultés à gérer les sentiments humains, il se montrer d’une compassion et d’une patience proverbiales… en tout cas avec elle, et cela ne manque pas de toucher la Maledictus. Elle sait que si elle ne l’avait pas, s’il ne faisait pas preuve, avec elle, de tant d’attention et si sa présence ne l’aidait pas à apaiser ses insécurités, sa vie serait beaucoup plus désagréable et autrement plus sombre.

Il a raison, plutôt que d’attendre d’être cueillie par un sort inéluctable et de ne songer à son avenir qu’avec fatalisme, elle devrait peut-être commencer à apprécier et à accepter de vivre. Qu’a-t-elle à perdre, après tout ? Dans le pire des cas, elle aura eu tort d’espérer, mais au moins… Elle aura vécu, vécu vraiment, au lieu que d’attendre comme elle a bien trop tendance à le faire, en pure inquiétude… en pure lâcheté, peut-être, aussi. Après tout, c’est vrai que lui-même a bien réussi à trouver sa voie, alors que, tout comme elle, il revient de lui. L’ancien elfe de maison s’est admirablement adapté à sa nouvelle vie, et la jeune femmen e peut qu’avoir de l’admiration pour son parcours dans ce nouveau monde. Oui, elle n’a pas à se recentrer uniquement sur ses angoisses et sur un chemin qu’elle pense déjà pavé pour elle… elle peut, qui sait, se trouver des passions, une raison d’être… et plus de raisons encore de se sentir heureux et épanoui.

Alors, parce que Kreattur lui donne le courage et l’envie de ne pas s’enfermer dans ces vieux schémas destructeurs (même si elle n’aurait probablement pas besoin de grand-chose pour sombrer de nouveau dans ses plus déplaisants travers), elle décide de prendre sur elle et de faire un effort, de ces effiorts dont elle ne se serait pas cru capable si Kreattur ne lui rappelait pas, au quotidien, qu’elle est plus humaine que monstre, et qu’il y a une véritable chance pour elle. Alors oui. elle peut essayer. Dès aujourd’hui. S’approcher d’associations, après ses heures de travail…

« Si tu pouvais en parler à tes clients, j’apprécierais beaucoup », confirme Nagini avec un hochement de tête, une lueur de reconnaissance dans le regard.

Parce que Kreattur est là pour l’aider et la guider, elle se sent moins… submergée par une tâche qui lui aurait peut-être semblé impossible, autrement. Ce n’est pas qu’elle en est incapable, mais… elle se sent rassurée de ne pas être seule, surtout dans une situation comme celle-ci.

« Qu’est-ce que tu me verrais bien faire, toi ? » demande-t-elle aussi, autant dans l’intention de faire la conversation qu’avec une très sincère curiosité.

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feat. Kreattur

Ce n’est pas à Kreattur, bien sûr, de décider des choix de vie que la jeune femme pourrait bien décider de prendre afin de trouver une place qu’elle a pour le moment tant de mal à accepter, ballotée entre diverses appréhensions, diverses aspirations qui n’ont pas la moindre cohérence entre elles… Mais elle a besoin de se sentir guidée, elle a envie de savoir de quelle manière elle pourrait exister dans le regard d’autrui. Ça peut paraître bête, peut-être même que ça l’est un peu, mais l’ancien elfe de maison accepte de jouer le jeu, et ça la rassure.

Elle fronce légèrement les sourcils quand il affirme qu’elle serait douée à prendre soin des autres. L’idée ne l’aurait pas effleurée un seul instant, n’est-ce pas la preuve de son égoïsme ? Pourtant… non, Nagini n’est absolument pas quelqu’un d’égoïste. S’il lui arrive bien souvent de penser à elle et à son avenir, par peur et par obligation, elle pense bien plus souvent à ceux qu’elle laissera derrière elle, ou à ceux qui l’ont laissée, elle, derrière eux par le passé. Nagini n’est pas quelqu’un d’autocentré. Quand sa vie se réduisait à Credence, sa quête de ses origines était passée avant tout ce qui pouvait la concerner, elle, et elle l’aurait aidée et soutenue jusqu’au bout s’il ne lui avait pas tourné le dos. Et quand elle était devenu un Serpent et rien d’autre que cela, elle s’était tournée vers son maître, prête à sacrifier sa vie pour lui, prête à devenir l’un de ses horcruxes dans le but unique de la protéger. Elle est soucieuse des autres, c’est un fait… Mais elle n’est pas tout à fait certaine de savoir bien les protéger.

« Ce n’est peut-être pas une mauvaise idée », admet-elle doucement, dans un souffle, comme si elle se faisait davantage cette réflexion pour elle-même qu’à l’adresse de son interlocuteur bien intentionné. Oui, aider les jeunes à accepter leurs différences, se montrer douce, attentive, attentionnée envers ceux qui le méritent… C’est un projet qu’elle trouve unique, un projet qu’elle trouve beau. Un projet dont elle n’est pas tout à fait certaine d’être à la hauteur pour le mener à bien.

Elle fait doucement non de la tête quand il lui demande si elle est capable de se voir dans autre chose… c’est qu’elle n’a jamais rien fait de particulier… Elle a été traitée en phénomène de foire, puis en criminel. Son travail au cirque, à l’heure actuel, est probablement ce qu’elle a fait de plus honnête depuis bien longtemps au cours de sa vie, mais l’on ne peut pas vraiment dire qu’elle se sent captivée pour autant.

« Je devrais probablement aller voir un de ces conseillers, je sais qu’il en existe. »

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feat. Kreattur

Elle doit encore réfléchir… Se forcer à réfléchir… C’est difficile d’envisager ses possibilités et son avenir quand on s’est persuadé que l’on n’aurait jamais ni l’un ni l’autre – et que l’on reste convaincu du fait que c’est le cas. Oui, elle doit réfléchir, mais ce n’est définitivement pas une évidence pour elle… Si elle fait cet effort qui devrait être pour elle-même, c’est en grande partie pour Kreattur, parce qu’au nom de tout ce qu’il fait pour elle, elle estime qu’il est naturel qu’elle en fasse de même en retour. Pour y voir plus clair, oui, le plus simple sera probablement d’aller à la rencontre d’un de ces conseillers là pour te guider et te renseigner au sujet de tes perspectives d’avenir. Nagini ne va pas prétendre y connaître ni y comprendre grand-chose… mais raison de plus pour sauter le pas, tant qu’à faire.

« Oui… Je verrais, je vais me renseigner. »

Elle ne le dit pas d’un ton évasif, mais bel et bien sur le ton de la promesse. Certes, ce genre d’étapes ressemblent fort à des montagnes à gravir dans l’esprit de la jeune femme, mais elle fera ce qu’il faudra. Ce n’est pas comme si ce qui l’attendait ressemblait à autre chose en soi qu’à d’autres montagnes à gravir encore, après tout.

Dans tous les cas, elle veut se promettre d’avoir de meilleures nouvelles pour Kreattur la prochaine fois qu’elle le verra, et de savoir mieux gérer ses émotions et la situation. Ça n’a rien d’impossible, après tout, et elle le sait très bien. Elle le peut, elle le doit, elle doit seulement prendre sur elle comme elle ne le fait pas suffisamment pour commencer. Alors, peut-être aura-t-elle de très bonnes surprises, plus qu’elle ne l’aurait soupçonné pour commencer.

« D’accord », dit-elle avec un léger hochement de tête. « Tu as raison. »

Elle ne conteste rien quand Kreattur suggère qu’elle aura tout intérêt à investir sa chambre d’ami afin de se reposer comme il se doit. Elle est de cet avis également, et elle ressent sincèrement le besoin de se reposer. Elle se sent encore tourmentée, éprouvée physiquement et mentalement, et elle a le plus grand besoin de prendre du temps pour elle-même, de prendre soin d’elle… en bref, de ne plus se satisfaire de cette sensation de vide qui pourrait ronger son entourage autant qu’elle si elle se résignait à la seule passivité, à la seule inéluctabilité de sa sensation.

« Merci », ajoute-t-elle sans avoir à préciser l’objet de sa gratitude. Il le sait, après tout. Elle lui doit vraiment énormément.