(abandonné) Double, double, toil and trouble [Eve]

Double, double, toil and trouble

feat. Eve

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feat. Eve

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Villanelle est à l’affût de la réponse de son interlocutrice. Elles pourraient tout à fait décider que cet épisode n’était qu’anodin et ne devait pas signifier grand-chose dans leurs histoires respectives, mais ce ne serait qu’un leurre. Ce qu’il y a entre elles couvent sous la cendre depuis beaucoup trop longtemps pour que cela puisse véritablement être balayé d’un revers de la main. Non, il est forcément question d’autre chose… Il a toujours été question d’autre chose, entre elles… Et une fois ce constat totalement accepté et admis, elles ne sauraient certainement pas se contenter de faire comme si de rien n’était. Non, elles se doivent d’accepter la situation pour ce qu’elle est, même si ce qu’elle est n’a pas nécessairement de non, et l’apprécier dans toute sa complexité. Les choses vont tout naturellement changer, entre elles, c’est d’une logique et d’une certitude implacables. La question n’est pas réellement de savoir si ce sera le cas ou pas, mais davantage de déterminer si cela sera pour le meilleur… ou bien au contraire pour le pire.

Eve, comme il fallait s’y attendre, décide de répondre à ces questionnements de la manière qui lui sied le mieux : c’est-à-dire avec beaucoup de pragmatisme et une ironie grinçante. En effet, elles pourraient aisément l’avoir oublié au vu des circonstances, mais c’est effectivement le cas : Eve a toujours une enquête en cours, et même si elles se sont… Sérieusement égarées en chemin, elles ont effectivement du travail devant elles… Du moins, si Villanelle devait toujours accepter de l’aider… Et il n’y a pas de raisons, aux yeux de l’ancienne mangemort, pour que ce ne soit pas le cas.

« Bien sûr que je vais continuer à t’aider », confirme Villanelle avec un sourire en coin. « Et j’ai la ferme intention de creuser cette histoire en profondeur… », ajoute-t-elle avec malice.

Elle plaisante, bien évidemment, mais en même temps… il y a une part de vrai dans les intentions qu’elle exprime. Elle a envie de passer du temps avec elle, elle a envie de vivre passionnément cette histoire, sans réserve ni hésitation. Elle se moque bien des conséquences, elle se fiche éperdument du qu’en dira-t-on. Eve est capable de lui faire éprouver des émotions qu’elle n’avait jamais ressenties jusqu’alors, et pour la peine, Villanelle a très envie de les vivre pleinement… Elles ont trop attendu… Elle a l’impression d’avoir attendu toute sa vie, même. Et elle compte bien l’attendre encore davantage.

« On pourrait… partir, toutes les deux. Loin de Londres ? S’enfuir ensemble, vivre une nouvelle vie ? »

Elle a l’air de plaisanter quand elle prononce ces mots, il y a pourtant dans son regard une intensité qui ne trompent pas… et qui racontent une tout autre histoire.

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Le sourire qui étire les lèvres d’Eve suffit à ravir Villanelle, qui n’en demande pas davantage pour se sentir en confiance autant que comblée. Elle le sait, elle le sent. Eve est bien avec elle. Elles sont bien ensemble. C’est plus fort qu’elles, c’est plus fort que tout. Les sorcières ont besoin de la présence l’une de l’autre… ça a toujours été le cas, même avant, quand il Villanelle était l’ennemie à abattre… Ce que, dans le fond, elle n’a peut-être jamais cessé d’être. Elle est capable de tout envisager, d’imaginer tout et n’importe quoi… pour peu que, dans l’un ou l’autre de ces scénarios, elles partiront ensemble.

« On peut aller partout où on veut, c’est ça qui est merveilleux », affirme Villanelle avec un enthousiasme presque naïf. « On pourrait aller… à Paris ? J’adorerais t’emmener à Paris. »

Cette ville – les clichés attachés à cette ville, surtout – répondent assez parfaitement aux exigences de vie de Villanelle, notamment pour ce que cette dernière est un vivier pour les amateurs de mode… qui plus est, Villanelle n’a pas un niveau de français trop dégueulasse… Eve a pourtant raison – même si Villanelle a envie de rejeter cette possibilité en bloc. Ce serait probablement frustrant, en effet, pour elle que de devoir faire profil bas… C’est au-delà de ce qu’elle veut ou non, cela concerne ce que peut ou non cette flamboyante jeune femme, qui a toujours fait les choses en grand. Pourtant, Villanelle est absolument sûre d’elle au moment de répondre à Eve. Elle ne veut avoir aucun doute. Ça ne peut pas être le cas quand il est question d’elle.

« Pourquoi je serais frustrée alors que je serais avec toi ? » demande-t-elle avec une volonté et une détermination d’autant plus grande que chacune des caresses qu’Eve dépose sur sa peau lui confirme ce qu’elle savait déjà.

C’est vrai, elles pourraient rester à Londres, aussi, après tout, leurs vies respectives est ici, et aux dernières nouvelles, Villanelle peut vivre librement où elle veut, en Angleterre comme ailleurs… Mais oui, elles seront observées, jugées, elles ne pourront pas prendre un vrai nouveau départ. Elle veut prendre un vrai nouveau départ avec Eve… Ici, tout sent le déjà-vu, ici, elles seront prisonnières de leurs habitudes et de leurs anciennes vies… ce n’est vraiment pas ce que Eve veut.

« Est-ce que t’as vraiment encore envie de cette vie. Est-ce queu t’as pas envie de faire table rase ? Est-ce que tu n’as pas envie d’être libre ? »

Pour elle, ce n’est possible que si elles envoient promener tout ce qu’elles ont connu jusqu’alors… il n’y a pas d’autre manière de faire les choses. C’est comme ça, un point c’est tout. Villanelle fait peut-être à Eve une sorte de caprice enfantin, mais elle y tient. Maintenant que Villanelle a l’assurance qu’Eve serait prête à tout pour être avec elle – en tout cas, c’est comme ça que l’ancienne mangemort l’interprète –, elle ne veut passer à côté de rien.

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Villanelle, avec un plaisir non dissimulé et le sourire jusqu’aux oreilles, peut constater que sa proposition d’escapade à Paris fait son petit effet sur son interlocutrice, pour son plus grand plaisir. Paris, c’est une ville séduisante, ça l’est encore plus si elle peut avoir Eve à ses côtés. Elle les imagine marcher main dans la main sur les grands boulevards, et à peu près partout où il peut être romantique et cliché de se promener à Paris, avec une vue imprenable sur la tour Eiffel peu importe où elles se trouvent parce que… pourquoi pas, après tout ? Villanelle pense exactement la même chose n’importe où tant qu’elle est avec Eve, c’est sa définition du bonheur, un bonheur qui n’existe pas vraiment, sous aucune forme, ou alors seulement trop fugace quand Eve n’est pas à ses côtés.

« Des compromis ? » Villanelle ne demande même pas lesquels, elle se contente de grimacer ostensiblement, comme une manière de faire définitivement comprendre à son amante qu’elle n’a pas l’intention d’en faire le moindre, et que si d’autres devaient vouloir faire des compromis à sa place – à leur place en l’occurrence –, ils étaient plus que bienvenus.

Villanelle caresse lentement les cheveux d’Eve, songeuse. Elle ne répond pas tout de suite, renonçant à sa si confortable spontanéité pour répondre sincèrement aux questions qui interrogent et effraient son amante. Faire table rase de son passé et de ses habitudes ? Elle ne va pas prétendre que ce sera si simple… Et peut-être que tuer est tout ce à quoi elle est bonne… Mais elle n’a besoin que d’un regard en direction d’Eve pour rejeter aussitôt la moindre de ces observations… Non, rien de tout ceci n'a de sens, la seule chose qui fasse sens dans son existence, à l’heure actuelle et probablement pour toujours, c’est Eve.

« Eve… », elle dit en posant sur elle un regard plus déterminé et plus accusateur. « Je sais ce que je veux, d’accord ? On peut aller à Paris, on peut rester assises sur le même canapé pendant des heures à contempler le mur, je m’en fiche, tu comprends ? » Elle caresse doucement son visage du bout des doigts, avec une tendresse proche de la dévotion. « C’est toi. C’est tout ce qui m’intéresse. C’est toi. »

Et tout ce qu’elle choisira, tout ce qu’elle décidera, tout ce qu’elle vivra, en vaudra la peine, parce qu’Eve sera à ses côtés… Elle n’a aucun doute à ce sujet, et rien d’autres que les plus douces et confortables certitudes. Des certitudes qu’elle veut éveiller en elle également, et elle pense que c’est chose faite quand finalement, en se blottissant davantage contre elle, Eve lui reconnaît qu’elle a raison. Elle rit doucement, légèrement provocatrice.

« Tu viens de dire que j’avais raison », dit-elle du ton presque enfantin. « J’aime bien. Tu peux le redire ? Juste comme ça, pour voir. »

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feat. Eve

Villanelle n’a aucun doute. Si tant est qu’Eve est prête à la suivre, elle sait qu’elle n’aura besoin de rien d’autre. Elle en a la conviction la plus profonde, et c’est non sans assurance et sans fiert » qu’elle est prête à se jeter à corps perdu dans une nouvelle vie, qui sera naturellement très différente, mais probablement moins triste et moins lassante, car plus jamais Villanelle ne s’ennuiera de quoi que ce soit ni de qui que ce soit. Villanelle ne sera pas seule, elle aura Eve avec elle, et ça va tout changer.

Villanelle adresse une moue à mi-chemin entre le sourire et la grimace à Eve quand cette dernière lui fait remarquer que c’était avant qu’il fallait profiter des paroles que son interlocutrice avait prononcées, et qui laissaient suggérer qu’elle avait eu raison, mais elle n’est pas malheureuse… elle ne peut pas l’être alors que leurs vies s’apprêtent à prendre un tel tournant… Un tournant qu’elle a espéré si longtemps. Tout est si réel… si parfait, en cet instant… que pourrait-elle espérer de mieux.

« De toute façon, tu le rediras bien assez vite », ajoute-t-elle la tête haute, pétrie d’orgueil. « J’ai toujours raison. »

Villanelle caresse distraitement les cheveux de son amante. Elle adore… leur couleur, leur texture… Elle adore la manière dont cette masse foncée encadre son beau visage… elle ne se lassera jamais de les caresser… Longuement… Elle ne lassera jamais de la sentir tout contre elle, sa tête sur sa poitrine. Probablement est-elle capable de sentir les battements de son cœur, et de sentir comme son rythme est particulièrement serein…

« D’accord… » Elle sourit de plus belle. « On dort. »

Mais il lui faudra du temps pour trouver le sommeil, trop occupée, de son côté, à contempler la silhouette peu à peu endormie de celle qui trouve, confortablement blottie contre elle, toute la chaleur dont elle pourrait avoir besoin. Ce moment, suspendu dans le temps, est beau en lui-même, et parvient à émouvoir celle qui manque si cruellement d’émotions…

Elle y songe un moment, elle songe à ce que cet instant, bien précis, figé dans le temps, aura de force et d’impact sur sa vie, et cette pensée lui plaît autant qu’elle la fait doucement frémir… Et puis, finalement, après plusieurs longues minutes de contemplation douce, silencieuse, presque religieuse, à son tour elle ferme les yeux. Et, peu à peu, elle sombre dans les bras de Morphée.