Il paraitrait que le roseau est toujours plus vert dans le marias d’à-côté. Ce n’est pas forcément vrai. L’on envie la vie des autres sans se rendre compte que celle que l’on a est déjà bien suffisante. Cette leçon, la jolie Ariel l’a apprise à ses dépens. Née sirène, la jolie rousse ne rêvait que de pouvoir caresser les grains dorés du sable chaud. Elle collectionnait tout ce qui pouvait lui tomber sous la main provenant du monde des humains. Zirgouflexe, statues, assiettes. Tout, je vous dis. Jusqu’au jour où elle l’aperçoit. Ce beau brun aux yeux bleus qui fête l’acquisition de son premier bateau. Le Prince héritier qui va la faire chavirer en deux secondes. Tout comme son précieux navire d’ailleurs. Ni une, ni deux, Ariel s’empresse de sauver ce bel homme qui se prénommera « Éric ». Son seul désir était de vivre à ses côtés et de rester là, près de lui. Surtout lorsque son père, Triton, découvrit fou de sa rage sa caverne d’Ali Baba et détruisit alors tout ce qui se trouva sous son Trident. Ecœurée, et surtout attristée, Ariel fit un pacte avec Ursula. Sa voix contre des jambes. Elle avait trois jours pour conquérir le cœur du beau Prince. Sinon, c’est Ursula qui gagnera au change en la gardant comme esclave. Pendant trois jours, la nouvelle humaine va se battre pour faire chavirer son Éric. Et d’ailleurs, elle y était presque jusqu’à l’arrivée de Vanessa qui utilisera sa voix. Et reconnaissant la voix de celle qui l’avait sauvé, le beau brun en tombera éperdument amoureux sans se soucier du piège qui se refermait progressivement sur les deux tourtereaux. Alors que le soleil se couchait et que le mariage se préparait, à l’aube du troisième jour, une Lune d’un rouge profond apparu. Et tout devint sens dessus dessous.

Ariel, qui s’était rebaptisée Emelyne, était arrivée dans cette nouvelle ville trois ans auparavant. Alors, par miracle, elle avait recouvré sa voix mais tous ses amis et son entourage avaient disparu. Prise de panique, elle ne sortit pas pendant de longs mois, restant enfermée chez elle à essayer de savoir ce qui lui était arrivée. Puis la dépression la saisit et elle s’enferma dans le monde numérique pour oublier. Petit à petit, elle comprit les codes et se fit une place dans le milieu de l’influence. Elle ne se cachait pas de s’appeler Ariel sur les réseaux. Trois ans durant, elle développa son activité et ne se fit des contacts qu’à travers les différents réseaux sociaux. Elle n’osait se risquer dehors. Mais à 25 ans, il était peut-être temps de faire bouger les choses.