No Secret [Abigail]

No Secret

feat. Abigail

« Merci de m’avoir ramené. »

Harry adresse à Abigail un sourire tendre alors que tous les deux rejoignent le perron de l’imposante demeure des Osborn, où Harry a consenti à vivre pleinement, renonçant à l’existence désargenté de l’étudiant paumé qu’il s’efforcer d’être pour échapper à l’influence de son père, au profit d’un héritage dont il escompte à présent se montrer digne (et au vu des récents événements, ce n’est pas gagné). Cela fait plusieurs jours que Harry traîne les pieds à l’idée de rentrer chez lui… Il n’est pas encore tout à fait remis de ses blessures, mais suffisamment pour pouvoir reprendre le cours de sa vie… Il était temps, en somme. Et même s’il redoute plus que le reste de faire face à son géniteur, il n’est pas mécontent non plus d’échapper aux regards scrutateurs des pères d’Abigail.

« Mon père ne devrait pas rentrer avant ce soir… si tu veux entrer… », il propose afin de s’épargner de la quitter trop vite.

Tous les deux n’ont pas vraiment eu le temps de passer du temps seuls ces derniers temps. Quand bien même Harry avait l’opportunité de la voir tous les jours, et même si Hannibal et Will ne paraissaient pas envahissants à première vue, Harry se sentait entravé autant dans ses paroles que dans ses actions. Il n’avait pas vraiment osé avoir de vraie conversation à cœur ouvert avec elle, de peur que des oreilles indiscrètes ne les surprenne. C’était peut-être de la paranoïa de sa part, certes, mais Harry préfère être trop prudent que de ne l’être pas assez… Surtout qu’on pourra aisément lui reprocher de, justement, n’avoir pas su être suffisamment prudent.

Mais des choses à se dire, ils en ont beaucoup… Les souvenirs de Harry sont un peu brumeux en ce qui concerne le moment qui a suivi son arrivée chez Abigail… Ou même en ce qui concerne toutes les confessions qu’il lui a faites au moment de se laisser conduire jusque chez elle… Mais il se souvient d’avoir parlé, beaucoup, et de l’avoir fait sans filtre.

Est-ce qu’il regrette de l’avoir fait ? Non… D’autant qu’il a le sentiment qu’en dépit de toutes ces découvertes, le regard de sa petite amie sur lui n’a pas changé… Elle est restée à ses côtés, sans broncher, sans lui faire de remarques ni que son regard sur lui ne change en quoi que ce soit… Une acceptation pure et totale, touchante, de qui il est.

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« C'est normal. »

Pour ne pas dire que c'était son devoir. Abigail l'avait arraché à son domicile pendant plusieurs jours (même si elle savait qu'il était au fond ravi de ne pas avoir eu à retourner aussitôt au domaine des Osborn), c'était pour elle une évidence que de le ramener chez lui. Et de profiter, enfin, de quelques instants où ils pourraient véritablement être seuls. Car chez elle, eh bien… Abigail ne pouvait jamais être certaine de ce qui se savait ou non. Et de ce qui s'entendait ou non. Avoir des pères comme Will et Hannibal, ce n'était pas anodin, surtout lorsqu'elle leur faisait la surprise de leur présenter son petit-ami en sang.

Beaucoup de choses s'étaient dites avant qu'ils soient rejoints. Mais bien sûr, entre l'état d'Harry et la surprise d'Abigail, ils n'avaient pas eu le temps d'en discuter. Et puis… lorsqu'elle ne redoutait pas que le moindre regard inquisiteur se pose sur eux, qu'il s'agisse de ceux de ses pères ou de celui du père de Harry, elle se sentait bien plus sereine. La présence exclusive d'Harry lui avait manqué.

Accueillant donc sa proposition avec une expression reconnaissante, elle acquiesça. Attendant qu'ils soient rentrés (et ne soient plus exposés) pour se rapprocher physiquement de lui, elle ne résista en revanche pas à l'envie de lui prendre la main. Elle se servit de cette même prise lorsque, une fois la porte refermée derrière eux, elle l'attira à elle pour l'étreindre, sa tête reposant sur son épaule.

« Ne me fais plus une peur pareille, d'accord ? »

Non, la noirceur qu'elle lui connaissait désormais ne l'effrayait pas. Elle ne faisait au contraire que lui confirmer qu'elle avait eu raison de se rapprocher à ce point de lui. C'était une noirceur et une violence qui les rendaient plus similaires encore. Abigail n'avait pas peur de lui. Mais pour la première fois, elle avait eu peur pour lui. Une émotion qu'elle n'était pas habituée à ressentir, elle qui avait trop longtemps été en posture de victime pour se préoccuper du sort des autres.

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feat. Abigail

Chacun des gestes d’Abigail le rassure et le conforte dans ce sentiment déjà puissant qu’elle lui inspire. Elle sait tout de lui, à présent, sans aucune zone d’ombre, sans aucune omission, et pourtant elle est là, elle garde sa main dans la sienne, elle vient se serrer contre lui, et poser sa tête tout contre son épaule… Sa chaleur lui fait du bien, ses paroles également. Elle lui prouve qu’il peut compter sur elle en toute circonstance, qu’elle est capable de tout accepter de lui. Elle le soutient, elle reste à ses côtés, attentive et inflexible… S’il était possible pour Harry d’être plus amoureux d’elle qu’en cet instant, ce serait le cas… Mais il n’en est rien.

« Je vais faire de mon mieux », promet-il quand elle lui demande de ne plus jamais lui faire une peur pareille.

Il caresse doucement ses cheveux tout en imprégnant de sa présence et de son odeur. Harry ne sait pas ce qu’il ferait sans elle, surtout en cet instant bien précis. Il a plus que jamais besoin d’une présence et de soutien, et il sait que cette présence et ce soutien, Abigail les lui offrira sans condition, quoi qu’il advienne, et peu importe ce qu’elle a pu découvrir de noirceur en lui. Au vu des circonstances, elle ne saurait lui promettre de ne pas se retrouver à nouveau dans des états absolument lamentables… Mais une chose est certaine néanmoins, c’est qu’il ne se sentira jamais plus fort qu’en étant à ses côtés.

« Tant que tu veux toujours de moi, tout se passera bien. »

C’est la seule manière qu’il trouve d’aborder le sujet… Est-ce seulement nécessaire ? A mi-mot, Abigail lui fait comprendre qu’elle n’a pas peur de lui, et qu’elle ne s’inquiète pas des horreurs qu’il a pu commettre, ou du sang qu’il a sur les mains. Il veut être disponible pour répondre à la moindre de ses questions, mais il ignore comment il serait supposé aborder le sujet plus directement. Il n’a pas l’intention de l’enterrer sous le tapis, mais il ne veut pas disserter sur la question pour autant.

Surtout, il refuse de s’excuser d’être qui il est… ce dernier point est même tout à fait hors de question. Il l’assume complètement… Il n’a pas l’intention de se guérir, ou de devenir un autre. Il veut qu’Abigail accepte tout de lui, Harry autant que le hobgoblin, et dans son regard, comme dans son comportement envers lui, il devine qu’il en est largement capable.

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feat. Abigail

Elle avait bien eu l'intuition, en se rapprochant de Harry, qu'ils avaient en commun bien plus qu'un père surprotecteur. Ce qu'elle avait découvert de noirceur chez son petit-ami depuis son affrontement avec Peter n'avait fait que la persuader davantage qu'il était l'une des seules personnes qui risquaient de l'accepter, elle aussi, dans toute sa monstruosité. Abigail n'avait pas peur de Harry, ni du Hobgoblin. Convaincue qu'il ne lui ferait jamais de mal. Quant à celui qu'il pouvait bien faire aux autres… elle aurait été très mal placée pour le lui reprocher.

En revanche, il était hors de question que l'état de Harry justifie de futures possibles imprudences. Harry avait eu de la chance d'être en vie. Pour Abigail, c'était hors de question qu'il prenne de tels risques par la suite.

Elle ne répondit pas à ses premières paroles, mais le fixa d'un regard d'avertissement, quoiqu'adoucit par l'ombre d'un sourire. Si elle voulait toujours de lui ? L'idée de se séparer de lui, à présent, lui parut d'un ridicule hors du commun.

« À ton avis. »

Bien sûr qu'elle voulait toujours de lui. Elle ne comptait aller nulle part…

Le sentant prêt à en discuter, et estimant qu'il valait mieux obtenir des informations quand il n'était pas rendu délirant par la perte de sang, elle prit le temps de l'entraîner dans le canapé le plus proche pour se blottir contre lui.

« Raconte-moi ce que ça te fait… quand tu te transformes. Tes pensées, tes gestes… à quel point tu les contrôles ? »

Elle devinait qu'il avait résisté, au début. Là encore, elle comprenait. Mais tout comme elle, Harry avait fini par accepter ce qu'il était. C'était mieux. Inutile et contre-productif de lutter contre sa propre nature lorsqu'il était question de survie. Quant aux potentielles victimes… Ce n'était pas de leur faute si elles étaient trop faibles pour lutter contre eux.