(abandonné) (( far away from the memories )) ✧ – sorrentha – (( event ))

“Far away, this ship is taking me far away. Far away from the memories of the people who care if I live or die. Starlight. I will be chasing a starlight. Until the end of my life. I don't know if it's worth it anymore. Hold you in my arms. I just wanted to hold. You in my arms.” (STARLIGHT •• MUSE)



31 OCTOBRE 2022  ▴    QUELQUE PART ENTRE LA CHAMBRE DE NOLAN SORRENTO ET UNE MYSTÉRIEUSE JUNGLE, DANS UNE AMAZONIE PARALLÈLE.




Cela doit bien faire une heure déjà qu’ils sont installés confortablement dans son lit king size. Nolan a convié sa jeune compagne à une soirée très privée. Juste elle et lui. Pas de sortie guindée au BMC, pas de dîner hors de prix au restaurant, pas d’événement public extravagant. Juste eux. Chez lui. Dans son appartement de Baker Street Avenue. Nolan Sorrento a eu envie de profiter de Samantha Twombly dans l’intimité des murs de son appartement, sans se soucier des regards curieux qui leur sont généralement jetés. Nolan lui a proposé un tête-à-tête pour se remettre des récents évènements. Un dîner dans son luxueux appartement de designer. Il a commandé un traiteur, a acheté une très bonne bouteille de champagne et a parfumé le salon de quelques bougies à la cire de soja. (c’est devenu un bobo écolo) Après avoir passé une excellente soirée, quelques coupes de champagne et verres de vin rouge plus tard, et le voilà en train d’écraser ses lèvres sur les siennes, une main glissée sous la jupe de sa robe qu’il lui a commandé pour l’occasion. Une robe de haute couture. Nolan est incapable de se passer du goût sucré de ses lèvres, de son odeur fleuri et de ses courbes généreuses. Il l’embrasse furieusement, en voulant lui signifier que ce qui a bien pu se dérouler par le passé entre elle et un autre homme ne parasite désormais plus son esprit. Nolan est pleinement concentré sur eux, et non plus sur cet entrepreneur qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Il l’embrasse pour lui montrer qu’elle est sienne. Qu’elle est sienne et à personne d’autre. Nolan n’attend qu’une chose depuis que ses talons aiguilles ont passé le pas de sa porte, c’est de pouvoir la posséder. Ils se trouvent en très bonne voie de conclure leur dîner romantique. Jusqu’à ce qu’un bruit étrange ne perturbe leurs préliminaires. Nolan l’élude une première fois, puis une deuxième et enfin une troisième fois.

« Putain… » jure-t-il entre les lèvres pulpeuses de son amante. (le monde entier ne veut pas qu'ils couchent enfin ensemble) Il se redresse alors, à califourchon au-dessus d’elle, l’une de ses mains entre ses cuisses et l’autre nichée sur l’un de ses seins, par-dessus le tissu de dentelle ivoire de son soutien-gorge. Il se détache d’elle à regret, désormais à genoux sur le matelas, le dos bien droit. Il tourne immédiatement sa tête vers l’origine de tout ce boucan. L’écran 4K de son téléviseur s’est allumé comme par magie, et s’est positionné sur la chaîne de sa vieille console de jeu vidéo vintage, branchée. Une musique chantante résonne alors dans les haut-parleurs. Il y en a quatre en parfait état de marche, disséminés ici et là dans la chambre. « Tu as appuyé sur la télécommande ? » demande-t-il, intrigué. Nolan essaie de ne pas avoir l’air affolé, mais c’est peine perdue. « Tu as fait quelque chose ? » Il ne comprend pas. Nolan cherche alors des yeux son smartphone ou la fameuse télécommande en plastique afin de justifier cet événement miraculeux. Il farfouille de l’une de ses mains puissantes sous les draps en satin de son lit, et même sous les cuisses parfaites de Samantha. Il ne trouve rien, et doit s’avouer vaincu. « Elle déconne, c’est impossible… » Nolan se redresse dans son lit, et reboucle sur-le-champ sa ceinture en cuir, toute envie obscène venant de lui passer. Nolan est comme happé par l’écran de son téléviseur aux couleurs pétantes et pixellisées, qui révèle le menu d’un vieux jeu vidéo remontant aux années 90. « Ou bien c’est la console de jeu… » grommèle-t-il à sa propre intention, désormais debout devant l’écran et le dos légèrement penché pour farfouiller derrière la console de jeu vidéo. Il soupire bruyamment, agacé par un possible dysfonctionnement de ses appareils. Cela le trouble plus que de raison. Nolan Sorrento est un homme maniaque, profondément maniaque. Perfectionniste, également. Le fait d’être troublé dans une soirée qu’il a longuement planifié et espéré être parfaite le met dans tous ses états. Il trouve finalement la télécommande à sa bonne place, sur le buffet en bois massif vernis de noir. Nolan hausse alors les épaules et s’en empare pour tout éteindre. Ni la télévision, ni la console ne souhaite lui obéir. Sorrento peste alors, tandis qu’un long frisson lui parcoure l’échine.

« Je suis navré, elle ne veut pas s’éteindre… Je suis vraiment désolé, Samantha. Je ne comprends pas ce qui pose des problèmes avec cette machine. » confesse-t-il, partagé entre la gêne et la frustration. Lorsqu’il s’intéresse de plus prêt au jeu vidéo que sa console vintage vient d’enclencher, il se frappe mentalement le front. Sorrento n’a pas reconnu la musique dans un premier temps, mais maintenant que le titre du jeu est grossièrement mis en évidence, tout lui semble étrangement limpide. Jumanji. Nolan conserve des souvenirs précis de ce jeu vidéo. D’un simple coup d’œil, il remarque que la cartouche de jeu est toujours dans la machine, alors qu’il lui a semblé l’avoir retiré et soigneusement rangée dans son boîtier d’origine la veille. « Je l'ai allumé hier, mais… » commente-t-il, de plus en plus perplexe. Un voile étrange traverse ses beaux orbes glacés, en quête d’une vérité scientifique ou d’un fait parfaitement rationnel qui ne vient malheureusement pas. Nolan semble avoir trouvé une explication durant une fraction de seconde, avant de l’éluder, défait. Non, la magie n’existe pas. Ce qui se passe sur l’île n’est pas de la magie. Ce qu’il a eu le déplaisir d’expérimenter n’est qu’une hallucination. Peut-être qu’étant trop épuisé de ses longues journées de travail, il s’est endormi devant le jeu en oubliant de l’éteindre ou même de le ranger. Sorrento acquiesce silencieusement à sa théorie, qui s’avère être la seule suffisamment plausible pour mériter toute son attention. « Passons… C’est probablement un signe du destin pour que l’on occupe notre tête-à-tête d’une autre manière… Tu as déjà joué à des jeux vidéo rétros ? » Quelle bonne idée de détourner le sujet gênant vers une toute nouvelle activité pour espérer rattraper ces circonstances étranges et pénétrantes. Pour se dire que tout est parfaitement normal un soir d’Halloween. Il s’installe une nouvelle fois sur le lit, après avoir récupéré deux manettes. « C’est très simple. J’ai beaucoup aimé ce jeu à l’époque. » confesse Sorrento avec l’ombre d’un rictus amusé. Il se souvient même y avoir passé des nuits blanches. « Je n’y touche pas souvent alors… ne m’en veux pas, si je manque de réactivité. » Autre manière de poliment souligner leur différence d’âge. Étant plus vieux que Samantha, ses réflexes ne sont bien évidemment pas nécessairement les mêmes.

Assis au bord, il vient tapoter de la paume une place au chaud tout contre lui, dans l’espoir que Samantha vienne s’y loger comme un délicat petit chaton. (j’aurais bien dit autre chose mais cela risquait d’être mal interprété) Nolan n’attend pas bien longtemps, cela dit. Une fois qu’elle s’est déplacée dans sa direction, il positionne sa main contre l’une de ses cuisses pour l’encourager à s’asseoir tout près. Il dépose un chaste et lent baiser dans le creux de son cou, effleurant au passage ses mèches blondes. Elle est parfaite. Mais est-elle parfaite dans tous les domaines ? Saura-t-elle un seul instant le vaincre ? « J’étais plutôt bon. » De mon temps, se retient-il de préciser, pour que cette réflexion sincère ne lui cause pas préjudice. Peu certain de l’être toujours, ce ne sont pas ses incertitudes qui l’arrêteront. Nolan gigote doucement les épaules, fier de ses vieilles prouesses. Il enclenche ensuite d'un simple bouton le début du mode histoire, une fois avoir sélectionné un personnage et dispensé quelques conseils à Samantha sur le choix du sien, éventuellement sur les différents boutons de sa manette de jeu. Elle est brillante, excessivement intelligente. Samantha s'adaptera en un battement de cil. Nolan en est intimement persuadé. Il poursuit, après avoir marqué une pause dans ses explications imprégnées d'une très forte nostalgie. « Je me souviens de lui comme d'un jeu de société. Ça remonte, mais... Il y avait toute une légende autour de ce jeu. » Auquel il a également joué, enfant, avant d'être développé sous la forme d'un jeu vidéo. Une copie de l'original. Le Jumanji original, en jeu de plateau, a suscité bien des rumeurs et des convoitises. On l'a imité, jamais égalé. On ignore toujours où se trouve le véritable jeu. Aucune des versions qui ont été fabriquées sur la base de ce mythe ne lui ressemble totalement. Beaucoup ont évoqué la malédiction qui entoure ce jeu durant des années, si bien que celle-ci a fait exploser les ventes lors du lancement d'une version plus moderne sur les premières consoles de jeu. Nolan aime apporter un peu de ses connaissances, en bon pygmalion qu'il est foncièrement. Il profite d'un moment de silence pour venir glisser une main sur l'une des cuisses de son amante, en enroulant ses doigts sous la chair tendre de leur intérieur de manière à s'y cramponner avec possessivité. Sorrento recherche un contact, quel qu'il soit, de sa part. Comme si... Comme s'il sentait quelque chose de grave sur le point de se produire. Comme s'il savait. Il est vrai que Nolan a cette impression curieuse qui l'oppresse depuis plusieurs minutes déjà. Une sensation d'étouffer dans son costume un peu trop étriqué. Il tire d'une main sur la cravate en soie, colorée d'un joli bleu roi, pour se dégager de l'espace entre le col de sa chemise blanche et son cou brûlant. Nolan est incapable de l'expliquer, ou même d'y penser sérieusement, mais son corps entier est comme pris dans un douloureux étau. L'air ambiant est anormalement pesant. Il sent que c'est une mauvaise idée, sans pour autant avoir envie de couper l'écran de la télévision. Il le doit mais ne le peut pas. Et ce, malgré son très, très, très mauvais pressentiment. Sorrento ne croit pas aux choses surnaturelles. C'est un homme de science, cartésien et très terre-à-terre. Selon lui, tout doit être justifié. Il y a une explication pour tout. Même pour les choses les plus... abracadabrantesques.

“Far away, this ship is taking me far away. Far away from the memories of the people who care if I live or die. Starlight. I will be chasing a starlight. Until the end of my life. I don't know if it's worth it anymore. Hold you in my arms. I just wanted to hold. You in my arms.” (STARLIGHT •• MUSE)



31 OCTOBRE 2022  ▴    QUELQUE PART ENTRE LA CHAMBRE DE NOLAN SORRENTO ET UNE MYSTÉRIEUSE JUNGLE, DANS UNE AMAZONIE PARALLÈLE.




Lorsqu’elle lui affirme ne jamais avoir joué à ce genre de jeu, Sorrento hausse un sourcil, et bombe presque instinctivement le torse de manière inconsciente. En bon pygmalion, un brin paternaliste qu’il est, c’est une excellente nouvelle. La meilleure de la soirée. Cela lui plait fortement d’être celui qui lui apprendra tout de ce jeu et de ses règles, jusqu’aux Easter Egg qui y sont dissimulés. Les Easter Egg. Sorrento ne peut que sentir une pointe de frustration sommeiller en lui. Quelques contractions, au niveau de son palpitant, le ramènent à la dure réalité. Son échec à Colombus. Parfois il y repense, avant de s’endormir. Il aimerait pouvoir retourner à cette époque et changer le cours de l’histoire. (bientôt) S’il pouvait retourner là-bas… Qu’y changerait-il, au final ? Est-ce qu’il attraperait ces enfants bien plus tôt ? Est-ce qu’il ferait les choses différemment ? En mieux ou en pire ? Est-ce qu’il ne se rendrait pas dehors, armé d’un pistolet, pour finalement se faire arrêter peu de temps après ? Nolan Sorrento ne sait pas ce qu’il aurait été capable de faire, avec l’ensemble de ses souvenirs, si la vie décidait de lui accorder une « deuxième chance ». Un peu comme un « reset » du jeu. On éteint et on redémarre. On prend un code de triche, et on remporte finalement le pactole. On bat le boss final du jeu. Wade Watts. On possède les droits et les actions sur la société Gregorious Games, on démantèle le tout, on supprime définitivement l’OASIS et on devient extrêmement riche. Nolan Sorrento y repense beaucoup trop souvent pour que cela ne transforme pas ses paisibles nuits en nuits d’insomnie et de moments de blues.

« J’y crois aussi. » affirme-t-il, lorsqu’elle évoque cette fameuse chance du débutant. Sorrento n’y croit pas tant que cela, c’est l’expérience qui prime, et non pas la fougue de la jeunesse. Samantha est jeune, bien plus jeune que lui… (physiquement hein, elle est plus âgée que toi coco) C’est naturel qu’elle tienne ce genre de croyances utopistes pour acquises. Sorrento lui offre un discret petit clin d’œil, tout en venant tapoter l’une de ses cuisses avec un geste bienveillant, quoique suffisant. Un brin paternaliste. Du genre, regarde-moi faire et apprends. « Tu seras sublime avec cet avatar. » complimente-t-il en lorgnant sur la finesse des courbes et l’élégance du visage du personnage le plus sexy du jeu. L’aventurière en mini-short. « Je n’imaginais pas un autre choix de personnage pour toi. » Sorrento est sincère. La femme qui se tient sur le bord de son lit, à ses côtés, est une véritable déesse. Une bombe sexuelle, comme disent les jeunes. Cette pensée le ramène au fait qu’ils ont été coupés au meilleur moment, mais peut-être est-ce le signe du destin. Peut-être qu’ils ne doivent pas encore… se donner l’un à l’autre. Peut-être que Nolan n’est pas encore prêt à cela, tout comme la fois dernière, et la fois encore, encore, encore dernière. Que de frustrations. Cela ne lui est jamais arrivé dans toute sa vie. Ce n’est pas la faute de Samantha. C’est lui, lui qui est encore parasité par le poids de la culpabilité, qui repense bien trop à Qi’ra.

« Quant à moi… Voilà, lui, parfait. » Sorrento exulte. Le doyen a l’habitude des avatars de personnages, adepte des jeux vidéo. Il sélectionne le personnage le plus fort, forcément. Tout comme en son temps, sur l’OASIS, avec Superman. Le plus puissant, musclé, particulièrement beau, doué de ses mains, capable de terrasser ses ennemis en un clin d’oeil. Une version exacerbée de sa propre vision de lui, dans la réalité. Un version très édulcorée, qui illustre la force démesurée de son narcissisme. « C’est bon, on peut très bien considérer que j’ai déjà gagné… Qu’es-tu prête à faire, en cas de défaite ? » Il hausse un sourcil, en lui soufflant ces quelques mots provocants au creux de l’oreille, avant de déposer un baiser contre sa tempe. Il veut l’embrasser encore, s’oublier contre la peau sucrée et parfumée de son corps aux courbes parfaites. Cette femme est parfaite. Elle n’est pas encore sienne, mais le jour où elle le sera… Sorrento se sent capable de dépasser ses traumatismes et d’envisager de se marier une seconde fois. Envisager, pas encore faire, mais sérieusement considérer l’idée. Au point même d’en discuter plus tard avec sa thérapeute pour encourager son ascension vers le bonheur conjugal.

Alors que tout se déroule à la perfection entre eux, que l’introduction du jeu se termine, un phénomène étrange se produit, dans l’intimité de cette chambre. Nolan ferme les yeux, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, et les voilà ramenés au beau milieu d’une jungle amazonienne. Sauvage et bruyante. Un soleil pétant dans le ciel, des nuages vaporeux très blancs, un décor digne d’un reportage télévision sur la nature et ses bienfaits. Ils se trouvent entourés d’herbes gigantesques qui leur arrivent au niveau des genoux, voire des cuisses. Autour d’eux, des arbres et des palmiers. « Non… » répond-il, déboussolé. Autant qu’elle. « Non, ce n’était pas comme ça de mon temps… Ce n’était pas supposé se passer de cette manière… » précise-t-il. « Comment est-ce possible… Ce n’est pas un jeu de réalité virtuelle, mais… où sommes-nous ? » Sorrento s’affole, et perd de sa superbe pendant quelques instants. L’incompréhension le frappe, le faisant marcher en arrière et espérer que tout ne soit qu’un putain de mauvais rêve ou une hallucination. « On a peut-être consommé de la drogue entre temps. » fait-il remarquer, un peu au hasard. Dans leurs commandes à emporter du soir ? Quelqu’un aurait déposé quelques doses d’excitant ou d’un quelconque autre produit hallucinogène ? Non, c’est complètement incohérent. Sorrento se raccroche à des explications parfaitement rationnelles, alors que rien ne l’est plus, désormais. « Samantha, reste près de moi. » C’est beaucoup trop dangereux pour une femme, se retient-il, en sachant que cette effusion de machisme primaire risque fort d’agacer plus qu’autre chose sa nouvelle compagne. « C’est un cauchemar, c’est impossible… » D’une poignée ferme, il tient le bras de Samantha dans le creux de sa main gauche. Elle doit rester près de lui. Ce qu’il ne dit pas, ou n’assume pas, c’est que son être entier est terrifié. Sorrento cherche la présence de Samantha en espérant que cette dernière lui apportera un peu de réconfort, à défaut d’une explication logique. Il n’y en a pas, et plus Sorrento réfléchit, plus il rassemble ses pensées, plus il s’inquiète. Ses yeux clairs regardent à droite, puis à gauche à la vitesse de la lumière, balayant tous les moindres détails de leur environnement tropical et clairement hostile. « On doit retourner d’où on vient, tout de suite. »  Il s’exprime d’une voix grave et solennelle. C’est bien beau de vouloir, encore faut-il pouvoir.