BUREAU DU DOYEN SORRENTO ➤
7 FÉVRIER 2022, 9H15 DU MATIN
SUITE DES EVENEMENTS QUI SE SONT PRODUITS LE 31 DÉCEMBRE 2021
TW: mention de propos misogynes, agression sexuelle en flashback.
Nolan Sorrento se repose dans son fauteuil en cuir marron foncé, une tasse de café corsé en main, et un cigare dans l’autre. Ses yeux bleu océan sont obnubilés par sa lecture du journal du matin, à la rubrique des finances et des placements boursiers. Il sent que cette journée est anormalement paisible : aucun étudiant n’est venu se plaindre, aucun rendez-vous n’est prévu, et même son cours magistral du matin s’est vu reporté après un problème de fuite d’eau au rez-de-chaussée. Tout est parfait, ce matin.
Tout, au point que s’en est étrangement
louche.
Vous ne pouvez pas entrer, monsieur Sorrento est en réunion !Une voix familière, sa secrétaire, et une deuxième, sa consœur en sciences politiques, percent les murs de son bureau. Nolan soupire de frustration en buvant son café, tout en tournant les pages du journal de la ville. Il se doutait bien que tout était beaucoup trop beau pour être vrai ou pour durer au moins quinze minutes.
DÉBUT DU FLASHBACK------ Nolan Sorrento avait beaucoup bu le soir où tout dérapa avec la séduisante Padmé Skywalker, il avait bu comme tous les soirs de réveillon ou dîners mondains organisés par l’université. C’est sans doute ce qui l’avait rendu particulièrement…
audacieux avec la professeure Skywalker, enseignante-chercheuse en sciences politiques. Nolan connaissait Padmé depuis leur arrivée sur l’île mystérieuse. Il faut savoir que Nolan Sorrento n’a pas toujours été connu comme le
doyen Sorrento ; il s’est réveillé au début de l’année 2019 avec les souvenirs d’une vie comme professeur de droit privé, directeur de la faculté de droit et de sciences politiques, ainsi que vice-doyen. Étant donné que les départements de droit et de sciences politiques faisaient tous les deux partis de son champ de responsabilité, il avait naturellement sympathisé autant avec les juristes que les politistes. Beaucoup considèrent que ces deux matières sont complémentaires et peuvent s’apporter énormément, en vue de développer une vision pluridisciplinaire de leurs matières respectives ;
tout le monde à l’exception de Nolan Sorrento. Un vrai connard arrogant, le stéréotype même du juriste privatiste convaincu que seul le droit octroie certains privilèges, qu’il ouvre notamment la voie royale, contrairement aux autres sciences. Selon sa conception des choses, les spécialistes de toutes les matières qui gravitent autour sont bonnes à cirer les pompes des hommes et femmes de loi. Bien évidemment, Nolan ne dévoila pas ce pan ignoble de sa personnalité dans les débuts de sa relation amicale avec Padmé, étant donné le fait qu’elle était spécialisée en sciences politiques. Cela aurait été un véritable suicide, cela aurait conduit à l’insulter
elle. Nolan avait de grands projets pour eux. Il ne comptait pas gâcher toutes ses chances d’approfondir leur relation sur un plan intime. Autrement dit pour Sorrento, une matière de pacotille et juste bonne pour le café du commerce. En tant que vice-doyen et directeur du département de droit et de sciences politiques, Nolan s’est illustré comme un connard arrogant avec quiconque refusait de se plier à sa suprématie. Tant que Padmé se montrait agréable et douce avec lui, Nolan se montrait excessivement charmant, voire …
séducteur, selon ses humeurs. Il espérait pouvoir mettre la professeure Skywalker dans son lit, quitte à dépeindre de lui une image qui ne lui ressemblait absolument pas. Ce petit jeu dura presque trois ans, puisque l’année suivante, Nolan fut nommé doyen de l’université, au grand damne de l’ensemble de ses détracteurs qui se demandèrent même si les votes n’avaient pas été truqués. Depuis 2020, Nolan Sorrento est le doyen de l’université. Cette fonction a eu pour effet de lui faire pousser des ailes dans le dos, puisqu’il s’est imaginé que le pouvoir et l’influence permettait de tout acheter, y compris une femme mariée comme Padmé Skywalker. Il s’est donc acharné à tisser une toile autour d’elle, pendant les deux années qui suivirent, jusqu’au soir du réveillon du 31 décembre 2021. Ce soir-là, Nolan déborda plus que d’habitude en pensant que Padmé lui était acquise. Après tout, cela faisait trois ans, qu’elle lui souriait toujours lorsqu’ils se croisaient dans les couloirs de l’université. Elle répondait toujours à ses clins d’œil, ce qui lui laissait croire qu’ils développaient une certaine complicité. Parfois même, leurs mains s’effleuraient, au passage. Ils prenaient régulièrement des pauses café ensemble, parfois même dans son bureau. Ils discutaient pendant des heures à la cafétéria de leurs cours magistraux et des possibilités de colloques pluridisciplinaires. Il acceptait
gracieusement d’échanger d’amphithéâtre lorsqu’elle avait le malheur de se trouver dans les sous-sols, et lui dans les étages supérieurs. Elle riait toujours à ses blagues, cela dit, Nolan faisait exprès de choisir les bonnes, celles qui n’étaient ni misogynes, ni racistes, ni xénophobes, ni esclavagistes. Il faisait absolument tout pour ne pas heurter sa sensibilité en se faisant passer pour un universitaire…
bien sous tous rapports. Un mec bien. Un mec avec qui on peut avoir une liaison, voire quitter son mari. Nolan était persuadé qu’elle finirait par le faire, et si ce n’est pas aller aussi loin, il espérait au moins qu’elle craquerait de manière charnelle. Il ne l’avait jamais clairement courtisée, afin de garder des rapports d’apparence professionnels, et surtout, pour ne pas être accusé injustement de harcèlement sexuel, tant qu’elle n’était pas prête à être cueillie comme un fruit mûr par ses mains expertes. Ce soir du 31 décembre 2021, Nolan en eu assez d’attendre qu’elle franchisse le pas. Il y avait eu quelques scènes qui l’avaient convaincu qu’il était temps de la draguer
franchement.
Nolan s’était approché d’elle, en snobant toutes les autres personnes sur son passage, habillé d’un smoking dessiné par une marque luxe italienne, avec deux coupes de champagne en main. Il s’était arrangé pour ne pas être coupé dans son élan en ayant missionné sa secrétaire et ombre maléfique, Pansy Parkinson, de veiller à ce qu’aucun de leurs collègues ne s’approchent de la salle annexe à la salle de réception.
« Bonsoir chère Padmé... Jolie robe. Très féminine. » complimenta Nolan en déposant avec galanterie dans sa main l’une des coupes d’alcool pétillant. Très féminine. Inutile de préciser que ses yeux s’étaient empressés de déshabiller les courbes voluptueuses de sa collègue de manière furtive. Sa robe était indécente de beauté et éveillait en lui des désirs peu recommandables. Nolan ne fit aucun effort pour bloquer ses pensées obscènes, convaincu que les choses passeraient du fantasme à la réalité en un claquement de doigt.
« C’est un peu bruyant ici, tu ne trouves pas ? » fit-il remarquer en buvant une gorgée de sa coupe, après l’avoir faite tintée avec délicatesse contre celle de Padmé.
« Je comptais discuter avec toi de notre prochaine collaboration pour le labo… Vu l’effervescence ici, c’est assez mal parti. » Nolan soupira, faisant mine de déplorer cette agitation. En fin manipulateur, Nolan s’était penché vers l’oreille de Padmé pour lui proposer de s’éclipser quelques instants dans la salle annexe. Ils seraient enfin seuls et en bonne condition pour régler les détails de leur prochain colloque scientifique. Quelles conneries. Padmé ne doutait pas encore des réelles intentions de Nolan, voilà pourquoi elle l’avait suivi sans une once de méfiance. Nolan s’était toujours montré courtois, charmant et convenable avec elle. Rien n’aurait pu laisser présager qu’il comptait révéler l’une des pires facettes de sa personnalité. Et pourtant…
« Enfin seuls. C’est agréable, un peu de silence. Je n’en pouvais plus d’attendre avant de… » dit-il en refermant la porte derrière elle, avant de s’approcher dangereusement.
« …de m’entretenir avec toi au sujet de certaines choses. Comme par exemple, le fait que je sais que je te plais. » dit-il le plus naturellement du monde en terminant sa coupe de champagne d’une traite, avant de la poser sur le meuble le plus proche. Nolan interprète l’étonnement sur le visage de son interlocutrice comme un aveu, alors qu’il n’en est rien. Nolan continue sa tentative de rapprochement en rompant les millimètres qui les séparent, afin d’écraser le poids de son corps contre le sien.
« Inutile de le nier, ma douce, je le sais. Je sais toujours tout. Je le vois depuis trois que l’on travaille ensemble… J’ai remarqué la manière dont tu me regardes, avec intensité. Dont tu m’effleures au passage lorsque nous discutons… De ta façon de poser ta main sur mon bras pour me retenir parfois… Ta façon de me toucher… Tu as envie de me toucher, n’est-ce-pas ? Tu n’as jamais osé… Ah ! Quelle idée stupide.... Tu aurais dû plein de fois, tu sais. On aurait pu… vraiment s’amuser, toi et moi. Tu penses que je t’aurais repoussée ? » souffle-t-il au creux de son oreille, en brossant la ligne de son cartilage du bord de ses lèvres. Alors qu’il caresse son menton, fin et délicat, entre son pouce et son index, Nolan en profite pour mordiller son lobe afin de lui signifier ses intentions. Ses mains s’empressent de se promener le long de son corps, au niveau de ses hanches, de sa taille élancée, et de ses fesses bien rebondies qu’il devine suffisamment fermes pour certaines positions sexuelles. Padmé l’excite à un point inimaginable, cette situation l’excite encore plus. Dans la pénombre d’une salle adjacente à une très vieille bibliothèque et une salle de réception, entre les murs froids et les étagères remplies de livres poussiéreux. Nolan n’imagine pas un autre endroit pour concrétiser l’un de ses plus vieux fantasmes. Il s’imagine même le faire de différentes façons. Contre le mur, de cette porte ou de cette bibliothèque, un peu sauvagement, sa jolie robe remontée jusqu’à sa divine poitrine. Il envisage également l’idée de l’allonger sur la table circulaire qui se trouve au centre de la pièce, tout en la prenant violemment, ses jambes parfaites surélevées de part et d’autre sur ses épaules. Nolan Sorrento a envisagé beaucoup de scènes et de positions extravagantes, mais la seule chose à laquelle il n’a pas pensé, c’est qu’elle puisse refuser.
« Je comprends, la situation est compliquée pour toi… Tu es mariée. » Lorsqu’elle essaie de s’écarter de lui, visiblement étouffée par cette proximité non désirée, Nolan ne la laisse pas s’enfuir. Il attrape son poignet et l’attire fermement contre son torse d’un coup sec.
« Je ne te rejette pas, il est inutile de réagir de la sorte. Padmé, écoute-moi attentivement... Je sais que tu en as autant envie que moi. Je t’assure que je ne suis pas en colère, bien au contraire. Je suis très flatté de susciter chez toi autant de... passion. » D’un geste, Nolan la plaque contre la porte, comme une poupée de chiffon, prête à être manipulée par ses mains baladeuses, légèrement tremblantes d’excitation. Nolan se presse obstinément contre elle en pensant déclencher quelque chose.
« Padmé… J’ai très, très envie de toi. Maintenant. Dans cette salle. Juste toi et moi. N’y a-t-il pas de meilleur moment pour célébrer la nouvelle année ? Alors… ne fais pas ta puritaine. Je sais que tu me veux. Je le sais depuis longtemps, tu es assez prévisible... Laisse-moi te montrer la force de mes désirs. Je suis persuadé que ton mari n’est même pas capable du tiers de mes prouesses sexuelles. » Puis, sans prévenir, Nolan écrase ses lèvres contre celles de Padmé. Son baiser est puissant, possessif et plein de fougue ; sa langue force l’accès à la bouche de sa comparse, afin de l’enlacer furieusement. Quant à ses mains, loin d’être inactives, elles caressent la courbe parfaite de ses fesses à travers le tissu fluide de sa longue robe de bal. Il adore la sensation de la soie contre sa peau, au point qu'il se met à l'étreindre progressivement, tout en remontant sa robe pour dévoiler la nudité de ses cuisses. Pris dans son élan, Nolan refuse de lâcher Padmé, et ce, malgré les tentatives de cette dernière de repousser son corps avec le sien. Nolan pense qu’il s’agit d’un jeu sexuel entre eux, d’une manière de justifier son infidélité, parce que Padmé est avant tout une grande dame. Un sourire carnassier se dessine sur les lèvres de Nolan, alors qu’il assène une petite claque aux fesses de sa collègue.
« Je te ferais crier comme tu n’as jamais crié de toute ton existence… Fais-moi confiance. Tu me supplieras de recommencer encore et encore. » promet-il au bord de ses lèvres, dans un murmure rauque et brûlant de désir, en rompant momentanément leurs embrassades.
« Et tu sais quoi ? Je ne m’arrêterais jamais. Tu ne veux pas que je m’arrête, je connais très bien les bourgeoises comme toi… » Sur ces menaces, Nolan plonge sa bouche dans le cou de sa consœur, tout en prenant appui contre le mur d’une main, pour mieux l’emprisonner sous son corps. Nolan est intoxiqué par les effluves florales du parfum de Padmé ; ce n'est que lorsqu’elle le repousse franchement en vociférant son statut de femme mariée, et en ponctuant ses tirades colériques par un
« doyen », que Nolan comprend son erreur. D'autant plus qu'elle le gifle ensuite de toutes ses forces. Une claque. Le coup part si vite, que Nolan n'a pas eu le temps de le voir venir et de l'anticiper. Ce n'est pas un jeu sadomasochiste entre eux,
malheureusement pour lui. Il est allé loin, beaucoup trop loin, en pensant que leurs envies étaient consenties. Nolan n'a jamais envisagé comme crédible l'hypothèse qu'elle ne soit pas intéressée. Et voilà qu'elle le rejette réellement, sans intention de jouer à un quelconque jeu sexuel, clairement énervée. Ce que Nolan lit dans le fond de ses prunelles noisette, c'est un mélange de dégoût et de déception. Stupéfait, il cligne des yeux, tout en demeurant en retrait, alors qu’elle se dérobe à lui. Depuis cette soirée-là, leurs rapports ont vrillé définitivement, et certainement pas pour le mieux.
------FIN DU FLASHBACKPadmé Skywalker est capable d’une gentillesse similaire à celle d’un oiseau sortant tout juste du nid. Elle déploie ses ailes élégantes avec la grâce d’une merveilleuse colombe, elle charme toutes les âmes esseulées qui se trouvent sur son passage de ses yeux de biche. On ne peut concevoir l’idée qu’une pareille créature puisse se comporter avec cruauté. Nolan Sorrento n’a jamais souffert d’une humiliation publique. Nolan Sorrento ne s’est pas fait éconduire avec cruauté. Nolan Sorrento n’a pas non plus été traîné dans la boue. Padmé Skywalker s’est montré parfaitement honnête sur ses intentions, tout en veillant à ne pas heurter la sensibilité de cet homme égocentrique et machiste. Un homme autre que Nolan Sorrento aurait accueilli ses paroles douces avec émotion. Un autre homme que Nolan Sorrento aurait même proposé une amitié sincère et indéfectible en échange. Un autre homme que Nolan Sorrento n’en aurait pas fait toute une montagne. Un autre homme, quelqu’un de sain, aurait essayé de tirer le meilleur de cette relation naissante pour ne pas entacher leurs rapports professionnels. Là est le drame, il s’agit bien de Nolan Sorrento. Un homme malsain, qui ne refuse pas qu’on lui dise non, d’autant plus lorsque cela émane d’un membre du sexe féminin. On ne refuse rien,
absolument rien, à Nolan Sorrento. Il considère même le fait d’avoir été éconduit par Padmé Skywalker comme une atteinte à
sa dignité. Lui, un homme aussi viril, ainsi repoussé et ignoré. Il considère cela comme quelque chose de tout bonnement incompréhensible, à la limite de la
science-fiction. Nolan se sent en réalité si irrésistible que l’idée même que l’on puisse lui dire
« non » dépasse l’entendement. Il en garde depuis lors une profonde rancune. Bien évidemment, Nolan a fait comme si de rien n’était. Il s’est confusé en excuses et a encaissé le choc en homme digne et raisonnable, alors que ses veines bouillantes ne font qu’appeler au crime. Nolan est plein de colère et de frustration. En promettant à Padmé une absence de représailles, Nolan Sorrento
a menti. Il ment comme le mythomane qu’il peut être lorsque ses intérêts contreviennent avec ceux de ses interlocuteurs. Rien ne peut être comme avant, Nolan ne cesse de ressasser cet échec comme une brisure définitive dans l’excellence de leurs rapports professionnels. Une gêne s’est progressivement installée entre eux depuis ce fameux soir du réveillon du 31 décembre 2021. Elle existe principalement et uniquement de Nolan, qui ne digère pas d’avoir été repoussé par Padmé. Il s’efforce alors de lui mettre des bâtons dans les roues dès que l’occasion se présente, tout en veillant à conserver une apparente courtoisie afin d’éviter d’éveiller les soupçons. Il aime semer le doute dans l’esprit de Padmé avec ses sourires charmeurs et ses airs faussement naïfs. Il essaie de ne pas exposer son animosité au grand jour, en prêchant qu’il s’agit à chaque fois d’une terrible coïncidence. Des excuses, Nolan en a à la pelle. Des
« Oh, votre dossier de demande de congés est resté malencontreusement sur la pile de dossiers depuis un mois ? Nous avons dépassé la date limite ? Mince alors… Ah… Je ne peux malheureusement plus rien pour vous. Quel sot suis-je donc ! J’ai complètement oublié de relancer la remplaçante de ma secrétaire. En l’absence de Pansy, elle n’en fait toujours qu’à sa tête, cette incompétente ! », ou
« Ne vous ai-je pas prévenu que vous aviez changé d’amphithéâtre ? Vous m’en voyez terriblement navré, chère Padmé ! C’est encore un oubli de ma secrétaire. », ou bien encore
« Nous avons osé déplacer votre séminaire de ce matin dans les sous-sols mal isolés de l’université en plein mois de mars ? Quelle idée ! Personne ne les utilise à cette période de l’année ! C’est encore dû à l’incompétence de la remplaçante de ma secrétaire ! ». Il faut admettre que la secrétaire ou sa remplaçante ont décidément beau dos. Nolan s’amuse follement comme un enfant qui découvre son premier cadeau le soir de Noël. Il est coupable de caprices et d’attitudes qui reflètent une infantilité qui ne fait rire que lui.
« Laissez, Pansy. » intervient Nolan tout en buvant son café bien noir et serré ; Pansy Parkinson est la seule dans cette université à savoir comme lui préparer sa collation matinale.
Une secrétaire parfaite. Elle est irremplaçable. Nolan serait même capable de tuer pour conserver une employée modèle.
« Madame Skywalker. Quelle surprise. Si je m’attendais à vous trouver dans mon bureau à cette heure… J’aurais demandé à ma secrétaire de vous préparer une seconde tasse de café. » plaisante-t-il, avec une vague idée de l’objet de sa présence entre les quatre murs de son élégant bureau vintage. Padmé Skywalker se tient dans l’embrasure du bureau, une feuille entre ses mains manucurées, prête à déferler un raz-de-marée d’insultes et de reproches sur le doyen Sorrento. Il en profite pour détailler longuement sa collègue, elle est encore une fois bien apprêtée, même dans ses accès de fureur. Un rictus se niche dans la commissure de ses lèvres, qu’il dissimule presque immédiatement en tenant sa tasse de café contre sa bouche. Il n’est pas étonné de surprendre la trentenaire de bon matin, avec une mine refrognée et des yeux noisette qui lancent des éclairs. Nolan Sorrento ne s’était jamais senti aussi…
désiré avec autant de haine. C’est extrêmement excitant, au point d’en être
presque jouissif pour lui. Nolan dodeline doucement de la tête, tout en haussant les épaules, en prenant un air faussement innocent. Il fait mine ne pas être au courant de l’évènement qui déchaîne les passions de l’enseignante en sciences politiques.
« Avec un peu de lait ? Vous ne les aimez pas corsé, si je ne m’abuse. » Un sous-entendu qui reflète encore son amertume. Nolan Sorrento ne digère vraiment pas d’avoir été éconduit par Padmé Skywalker en cette veille d’année 2022.
« Vous vous joignez à moi ? » demande-t-il en riant avec légèreté avant de se raviser en sentant le regard meurtrier de Padmé sur sa personne.
« Visiblement non… Dommage. » précise-t-il avec un sourire narquois en se faisant les questions et les réponses lui-même ; même si au vu de la mine sinistre de Padmé Skywalker, il n'est pas si éloigné de la vérité. Nolan a bien envie d’ajouter avec ironie que cela le désole. Il se mure dans un silence presque solennel, alors que Padmé Skywalker se dirige vers lui comme une furie enragée.
Une hystérique de plus, voilà bien ma veine… Ah, les femmes et leurs satanés hormones, pense-t-il rageusement. Nolan l’observe calmement, son mug dans une main et son smartphone dans l’autre, alors qu’elle lui balance presque un document à la figure. Nolan fronce les sourcils en baissant les yeux vers le formulaire de demande de congé mis en évidence sur le meuble de son bureau.
« Mmh… » marmonne-t-il, vaguement pensif, en baissant les yeux vers les documents qui appellent à une signature de sa part. Il les observe pendant quelques secondes, d’un air faussement ennuyé par les tracas de sa collègue universitaire, tout en buvant une gorgée de son café brûlant. Acte 1, scène 3. Nolan Sorrento se prépare à interpréter un rôle qui est loin d’être un rôle de composition. Il laisse une traînée de silence dans son sillage, tout en prenant un temps considérable pour peser ses prochains mots.
« Ah, oui… oui… Je me rappelle maintenant. Votre congé maternité. Il est vrai que... votre demande vous a été refusée par l’administration. Elle m’était complètement sortie de la tête. » Par l’administration, Nolan sous-entend bien évidemment,
par lui-même. Nolan Sorrento est l’administration. Il s’enfonce dans son fauteuil en cuir, en jouant avec le capuchon de son stylo plume recouvert d’une fine couche d’or fin véritable.
« Cela va sans dire que nous ne disposons pas du budget nécessaire pour satisfaire vos caprices. » Le couperet tombe finalement un peu précipitamment, un peu trop, selon lui, qui avait pensé lui laisser miroiter sa signature encore quelques minutes.
« Vous m’en voyez navré, chère Padmé. » Mensonges. Mensonges. Mensonges. Nolan déploie des trésors de résistance psychique afin de s’empêcher de sourire largement en face de Padmé. Au fond de lui, le doyen et professeur de droit a le sourire jusqu’aux oreilles, ce qui n’est pas une chose habituelle.
« J’ai fait absolument tout ce qui était en mon pouvoir afin de plaider votre cause devant le conseil d’administration, mais nos difficultés… budgétaires ne nous permettent pas d’autoriser n’importe quel type de congé. » Nolan soupire bruyamment en mimant le désespoir. A le voir, on aurait presque l’impression qu’il annonce l’apocalypse sur terre et la fin de toute vie humaine d’un instant à l’autre. Quel excellent comédien. Personne dans ce grand bureau vintage et sophistiqué n’est dupe. Nolan exagère beaucoup pour vouloir sincèrement être pris au sérieux par Padmé. Ce qu’il désire au plus profond de lui, c’est qu’elle courbe enfin l’échine et se confonde en supplications.
« Ah. Pendant que vous êtes devant moi. J’en profite pour vous dire que les congés d’été risquent également de poser…certaines difficultés. » Nolan accentue le trait en affichant une mine déconfite. Il se plait à jouer la scène de sa vie comme le grand acteur qu’il aurait très bien pu devenir s’il avait embrassé une carrière au cinéma.
« Cela vaut pour tout le personnel de l’université, n’y voyez absolument rien de personnel. » Cela dépend pour qui. Nolan espère quitter son université au moins un mois entier cet été en espérant faire des folies de son corps sur une plage, quelque part dans le sud de la France ou de l’Espagne.
Quoique… Cela ne lui déplairait pas d’emmener sa dernière conquête,
une petite sauvageonne. Une merveilleuse brune loin de faire tache dans le décor.
Qi’ra Duskstar. Une mondaine comme on n’en fait qu’une seule par siècle. Sa fougue et sa résistance l’ont subjugué, et il en faut énormément pour renverser les convictions d’un homme comme Nolan Sorrento, un homme qui laisse si peu de place au sexe féminin. Elle n’a pas encore donné suite à leur dernière entrevue, mais Nolan est persuadé de lui avoir tapé dans l’œil ; comme toutes les autres, elle viendra le supplier de remettre le couvert (AHEM AHEM AHEM… On connaît déjà toutes deux la réponse… *siffle*). Sorrento est célibataire
pour l’instant. Il jette un coup d’œil discret à l’écran de son MacBook Pro qui est grandement ouvert sur le site internet
« Skyscanner », spécialiste des réservations de trajets en avions à travers le monde. Une notification pope alors dans un coin de l’écran, ce qui attire momentanément son attention. Nolan lève l’index droit en l’air, signifiant à sa collègue d’interrompre sa tirade quelques secondes. Une fois avoir pris connaissance des dernières actualités, Nolan reporte son attention pleine et entière sur la délicieuse professeure en sciences politiques. Il semble relativement satisfait de sa notification, au vu des tarifs avantageux des vols en direction de l’Asie pour les mois juillet et août.
« Vous comprenez que le travail que nous occupons n’est pas dénué de périodes de sacrifices. Moi-même… dois-je mettre de côté des loisirs, pour le bien-être de mes étudiants et pour le rayonnement de mon université. » Nolan insiste lourdement sur le pronom possessif qui précède l’université.
« Vous pensez que je me suffis d’une après-midi au golf par semaine, alors que je pourrais très bien y passer trois jours entiers ? » Nolan semble outré par sa plainte, qui n’en est finalement pas une, mais juste une énième provocation.
« Le travail m’appelle, Padmé, tout comme le vôtre. » Son ton de voix est courroucé, agacé d’entendre toujours les mêmes réclamations de bon matin. Nolan se permet d’appeler sa collègue par son prénom, comme il en a toujours eu l’habitude. C’est une technique comme une autre de séduction, de mise en confiance de la gent féminine avant de bondir sur elle comme un aigle majestueux. La réciproque n’est pas toujours vraie. Il est bien conscient que ses justifications sont ridicules, et extrêmement pauvres en imagination, mais Nolan n’est pas un écrivain doué d’une imagination débordante comme certains auteurs multi-récompensés. Après tout, Nolan Sorrento n’en a cure, il ne souhaite pas cacher ses vraies intentions. Il espère que Padmé se rendra bien compte de ses erreurs passées.
Lorsqu’elle se met à évoquer son ancienne vie et ses glorieux exploits, Nolan Sorrento lève les yeux au ciel. Encore et toujours la même rengaine. J’ai été si dans une autre vie, j’ai fait cela dans celle-ci, et patati et patata. Nolan est épuisé d’entendre toujours les mêmes choses de la part des membres de son équipe enseignante. Lui aussi a été quelqu’un dans une ancienne vie, un puissant et impitoyable PDG, avant de finir entre les quatre murs d’une cellule de prison. Cette situation ne l’amuse plus, elle épuise même ses résistances mentales.
« Qui vous étiez avant votre arrivée dans mon université est sans importance. » déclare-t-il avec froideur en ponctuant ses propos d’une touche dramatique, afin d’apporter plus d’impact à ses menaces. Assez de comédie, Nolan s’est lassé de son jeu d’acteur. Il laisse la vraie nature de sa personnalité faire enfin surface. Nolan se lève brusquement de son fauteuil, en bombant le torse fièrement, avant de réajuster les boutons de sa veste de costume. Nolan Sorrento empeste l’arrogance, elle transpire de ses pores et embaume la pièce d’un désagréable parfum de sexisme et d’autorité mal placée.
« Tout ce qui m’importe, c’est ce que vous pouvez faire pour moi maintenant. » Nolan pointe l’ancienne figure de la monarchie avec colère. Elle est allée trop loin avec lui, sa patience n'est plus vraiment ce qu’elle est avec sa quarantaine bien entamée. Lorsqu’il avait vingt ans, sans doute aurait-il fait preuve de tact, mais ce n’est plus vraiment l’homme qu’il est aujourd’hui. Nolan Sorrento s’empare du bout des doigts de la feuille litigieuse, et la hisse au-dessus de son visage. Avant même que Padmé Skywalker ne dise quoi que ce soit, il la déchire en deux bouts parfaitement symétriques sous les yeux ébahis de l’ancienne reine. Nolan perçoit rapidement le dégoût qu’il lui inspire, toute la hargne qui brûle dans l’éclat de ses beaux yeux. Cela semble même l’exciter sur tous les plans. Nolan jette ensuite un regard empli d’amusement et de suffisance sur la professeure de sciences politiques. Il plante ses deux orbes glacés dans les siens, admirant la beauté froide de cette femme qui a longtemps été désignée comme un objet de fantasme, mais qui se trouve désormais réduite au simple statut de
nuisible. Il considère sa gentillesse et sa morale bien-pensante comme deux choses profondément ennuyantes, au point d’entacher la beauté et l’élégance aristocratique de l’enseignante.
« Le temps c’est de l’argent, et vous me coûtez énormément au lieu de retourner vaquer à vos occupations d’enseignante-chercheuse. Vous me faites perdre de l’argent à tergiverser, alors que vous pourriez faire ce pour quoi l’université vous paie… Pardon, ce pour quoi JE vous paie. » dit-il d’une voix forte en voulant exprimer son autorité. Voilà du Nolan Sorrento dans toute sa splendeur.
Le temps c’est de l’argent ou tout travail mérite salaire… Deux expressions que Nolan aime balancer à tout bout de champ.
« Est-ce vos hormones de grossesse, que sais-je encore, je ne suis pas une femme… qui vous laissent croire que vous êtes la mieux que vos collègues -- vous pensez sans doute être la seule personne légitime à me faire perdre des minutes de mon temps de pause ? » lâche-t-il sur un ton cinglant en cherchant à rabaisser sa collègue de la pire manière possible pour une ancienne monarque. Nolan est habitué de ridiculiser les femmes et les ramener à une condition d’infériorité. C’est une véritable pourriture. Ce dont il ne se vante pas en revanche, c’est que les dominatrices ont sa préférence autant sexuellement qu’émotionnellement. Un comble, pour un homme de pouvoir, n’est-ce pas ? Sorrento aime commander dans la vie et se laisser secrètement chambouler au lit.
« Je suis un homme particulièrement occupé, ma chère. Je ne me trouvais pas en réunion, mais sur le point de démarrer une visioconférence avec nos investisseurs. Dois-je faire étalage des folies de certaines de mes consœurs ? Il faut dire que… vos cycles menstruels ne vous laissent aucun répit en termes de dérèglement d’humeur. Je peux comprendre les faiblesses inhérentes à votre sexe, mais elles ont leurs limites en ce qui me concerne, chère Padmé. » raille-t-il en se réinstallant confortablement dans son grand fauteuil.
Chère Padmé… Chère Padmé… Nolan prononce son prénom suavement, comme du miel en bouche, et toujours dans une optique de rentre-dedans. Il s’autorise le luxe de l’appeler par son prénom, tout en imposant à ce qu’elle le nomme par son titre honorifique.
On n’a pas élevé les cochons ensemble après tout, pense-t-il avec arrogance.
« Faites quelque chose. Prenez un cachet. Allez au SPA. Envoyez-vous en l’air. Je suis persuadé qu’il existe des traitements non médicamenteux contre les sautes d’humeur. Vous pouvez sortir de mon bureau maintenant. Nous nous sommes tout dits. » conclut-il en balayant le bureau du revers de la main avec une insupportable désinvolture. Sa voix est menaçante dans l’immensité du bureau de maître, elle fait l’écho de sa supériorité hiérarchique. L’arrogance qu’il exprime s’écrase violemment sur la professeure en sciences politiques. Nolan n’a pas quitté son interlocutrice des yeux une seule seconde pendant sa tirade parfaitement misogyne, sexiste et cynique. Il se félicite de l’avoir clouée sur place. Nolan n’est pas haineux à ce point, il est simplement dans une dynamique d’humiliation et de vengeance. Il compte lui rappeler que sa place n’est pas d'être au-dessus de lui
mais sous lui, compte tenu de sa fonction de doyen d’université. La haine, très peu pour lui. Du moins, pas pour l’instant. Padmé Skywalker n’a
encore rien fait pour susciter un tel déferlement de colère, et de haine. Nolan ne laisse pas transparaître cette émotion en face de l’enseignante.
« Qu’attendez-vous, très chère… » s’étonne-t-il, un sourcil froncé en sa direction. Ce n’est pas vraiment une question, mais une affirmation.
« Vous avez autre chose à me faire signaler avant de sortir ? » Nolan réaffirme sa prise sur son précieux stylo plume afin de dissimuler son excitation. Il conçoit davantage leurs échanges comme une source de divertissement ; c’est même encore plus émoustillant aux yeux de Nolan Sorrento de constater qu’elle le foudroie du regard avec la force d’une lionne.
BAGARRE ! *sort le fouet*