(terminé) My soul is your soul | Nolan

my soul is your soul · sorrentha ((7 octobre 2022, appartement de nolan sorrento, dans la soirée))

“Looking back at the beginning of this and how life was. Just you and me and loving all of our friends. Living life like an ocean. Now the current's only pulling me down. It's getting harder to breathe. It won't be too long and I'll be going under. Can you save me from this, because it's not my time. I'm not going. There's a fear in me and it's not showing. This could be the end of me and everything I know.” (it's not my time ▴ 3 doors down) ✧  @Samantha Twombly



Un verre de whisky pur malte dans la main, Nolan Sorrento a la tête pleine de pensées toutes plus absurdes les unes que les autres. Est-ce une mauvaise blague ? Pourquoi une femme aussi intelligente que Samantha… Pourquoi donc ment-elle sur le niveau d’intimité de leur relation ? Nolan ne comprend pas et ne désire pas le comprendre vraiment. Il se sent comme en plein trip hallucinogène. Son MacBook Pro ouvert sur un coin de la table basse de son salon, Sorrento observe de loin les lignes du mail envoyées par Samantha Twombly. Certains mots sont flous, sans doute en raison de la distance et des effets de l’alcool qui commencent à se faire ressentir sur son organisme. Nolan se passe la main sur le front, avant de se masser les tempes dans un mouvement circulaire et pressé. Ses migraines sont lancinantes, douloureuses et piquantes. Sorrento repense aux phrases qui l’ont le plus déboussolé. Samantha l’aime. « La vérité, Nolan, c’est que je suis convaincue de t’aimer. Je t’aime. Au-delà de toute raison. » Samantha est même folle de lui. Irrésistiblement attirée par lui, sans qu’il n’en saisisse les raisons exactes. Elle évoque des moments passés ensemble, mais c’est impossible. Nolan se demande même s’il n’a pas abusé du whisky ou bien encore du vin rouge en sa présence, au point d’oublier des moments aussi intimes et intenses. Les yeux fermés, il se projette obsessionnellement sur le mail. Sorrento ne peut cacher le fait qu’il éprouve un certain plaisir à connaître l’ampleur des sentiments de Samantha pour lui. Une autre question a son importance, elle lui brûle les lèvres. Et lui, est-ce qu’il l’aime ? Est-ce qu’il l’aime également au-delà de toute raison ? Nolan et Samantha n’ont jamais partagé ensemble le moindre moment d’intimité. Nolan en est persuadé. Tout cela, c’est une hallucination. Des fantasmes de la part de Samantha Twombly. Probablement même une technique un peu malsaine et tordue de séduction ? Ils se sont embrassés, oui… Mais ces préliminaires n’ont jamais abouti à quoi que ce soit. Malgré ce qu’affirme Samantha dans son mail, ils n’ont jamais couché ensemble ou quoi que ce soit d’autre qui ne revêt pas un caractère professionnel. Nolan en est convaincu, et ce n’est certainement pas l’alcool qui lui a fait faire n’importe quoi. Elle raconte simplement n’importe quoi. Samantha est folle. C’est sa seule et unique explication. La seule explication parfaitement « rationnelle ». Folle… Non. Nolan refuse non plus d’imaginer une chose pareille. Elle lui a toujours donné l’air d’être parfaitement stable sur le plan psychologique ou émotionnel. Contrairement à toutes les femmes qu’il a rencontré au cours de sa vie, Samantha est d’ailleurs la plus stable d’entre elles. C’est ce qui lui a semblé, en tout cas.

Il claque son palet, mécontent. Nolan s’amuse vaguement à tourner le contenu de son verre de whisky dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. C’est bien la première fois de sa vie qu’il se retrouve dans une situation similaire à celle-ci. La première fois qu’on l’accuse de coucheries pour lesquelles il n’en garde réellement aucun souvenir. Samantha est magnifique. Une créature de rêve. Il ne ment pas en disant avoir déjà… fantasmé sur sa peau, sur des caresses, et même sur des étreintes brûlantes. Il en a eu envie un nombre incalculable de fois, sans jamais être passé à l’étape supérieure avec elle. Nolan en est pour le moment incapable. Bloqué, privé de ses instincts primaires depuis le décès du premier amour de sa vie, sa femme Qi’ra. Son cœur n’est pas disponible, Samantha dit vrai sur ce point. Son corps ne l’est pas non plus. Comme l’atteste leur dernière rencontre sur ce même canapé où il se tient depuis déjà deux bonnes heures, à lire et relire ce foutu mail. Le cœur battant la chamade, les mains moites, les muscles de son visage crispés en une moue indéchiffrable. « J’ai besoin de toi. »  Lui aussi… Lui aussi. Nolan sent ses entrailles se contracter douloureusement. « J’espère que tu me pardonneras ma franchise. » Bien sûr qu’il lui pardonnera. Comment peut-il ne pas lui pardonner… d’éprouver ce que lui-même s’interdit d’éprouver pour elle avec tant de force ? Nolan a peur. Il craint d’aimer à nouveau, sans comprendre que c’est d’ores et déjà le cas, depuis qu’il a rencontré cette femme. Samantha. Nolan termine son whisky cul sec. Soupirant longuement, en proie à bon nombre d’incertitudes, notamment sur le fait de répondre ou non à ce mail. Sorrento se lève du canapé dans lequel il s’est avachi toute l’après-midi, au moment même où la sonnette électronique de son interphone retenti bruyamment. « Merde. » jure-t-il. Agacé d’être dérangé à une heure aussi… tardive, Sorrento referme son ordinateur d’un mouvement brutal. Claquant, comme une porte. Qui peut bien le déranger à l’heure du repas ? Il ne mange pas, privé de son appétit depuis des heures déjà, mais c’est une règle de savoir-vivre. Nolan se dirige d’un pas traînant, chaussettes en cachemire aux pieds, pantalon de costume, ceinture de marque et chemise blanche, jusqu’au hall d’entrée de son appartement moderne. Sur le chemin, il déroule les manches de sa chemise un peu plus haut, vers ses avant-bras, pour dégager sa luxueuse montre vintage.  Nolan a bien quelques idées qui se précipitent dans son esprit, avant d’ouvrir la porte à cet illustre inconnu, mais c’est de la pure folie que d’envisager la présence de Samantha Twombly sur le pas de sa porte. Après tout, son mail ne remonte qu’à ce matin. Il n’y a certes pas encore répondu, mais…

Au moment d’ouvrir la porte, son sang se glace dans ses veines. « Nolan. » C’est bien elle. Nolan a pensé juste. Il est… à la fois surpris et flatté, énervé et mélancolique, attiré et dégoûté, bienveillant et apeuré. Quelques mots se répètent dans un coin de sa tête. De son mail. « Comme si j’avais affaire à deux versions de toi, que je n’arrivais pas à faire cohabiter. »
Nolan comprend, enfin, pense comprendre en tout cas ce qui se trame. Elle essaie sans doute d’attirer son attention. (non) D’une manière… un peu folle dingue. Jamais il n’aurait cru Samantha Twombly complètement psychotique – à croire que ses intuitions sur la psychologie humaine sont… maintenant dépassées. Nolan n’arrivera donc jamais à comprendre les femmes. Pourquoi faut-il qu’il tombe toujours sur des cinglées ? (je pleure il comprend rien) D’un autre côté, Sorrento est embarrassé avec cette conclusion un peu trop hâtive. La sagesse, la clairvoyance, l’intelligence et la patience de Samantha font l’écho d’une femme bien, correcte et saine. Autant de corps que d’esprit. Que s’est-il donc passé pour qu’elle en arrive à de telles extrémités dans l’intention sordide de le séduire ? Est-ce tout calculé depuis le départ ? Est-ce un jeu ? « Je ne voulais pas te déranger… Tu as reçu mon message ? » Nolan met au moins une bonne minute avant de trouver le courage de dire quelque chose. C’est bien pour le mail qu’elle se trouve sur le pas de sa porte. « Rentre. » Sa voix est presque chuchote, partagée entre froideur et émoi. C’est un ordre. Nolan ne répond pas vraiment à sa question. Il le fera plus tard, une fois dans son salon. Samantha et Nolan n’auront pas cette discussion houleuse sur le pas de sa porte. Elle est bien trop… importante et compliquée pour être bâclée. « Dans mon salon. » lui indique-t-il en agitant la main en direction du couloir donnant sur le grand salon de son appartement. Une fois Samantha à l’intérieur, son regard se permet de dévisager son corps quelques secondes, de manière très furtive, mais appuyée. « Tu arrives directement du travail ? » fait-il remarquer, sans attendre de réponse de sa part. Plus par mécanisme. Samantha arrive bien habillée, très bien habillée même. Elle porte un élégant costume, avec une jupe droite légèrement moulante. Alors qu’il se trouve dos à elle, le regard bleuté et pénétrant de Nolan se permet de suivre chacun de ses faits et gestes, dans la semi-obscurité du couloir.  La seule lumière de l’appartement provient des lampes agrémentant son salon. Nolan se fait ensuite silencieux, tout en marchant derrière elle, son regard de temps à autres posé sur l’arrière de sa nuque, sa chevelure blonde soignée, ou la croupe parfaitement rebondie de ses fesses ainsi magnifiée dans cette jupe de marque. Nolan ne la touche pas, ne l’effleure pas. Il n’encourage aucun geste d’intimité entre eux, avant d’en apprendre plus sur les vraies intentions de la femme d’affaires. L’envie de poser sa main dans le bas de son dos le démange toutefois. Au lieu de cela, il referme ses doigts dans le creux de sa paume, en espérant calmer ses léger tremblements de frustration. S’ils ont vraiment couché ensemble, dans son imaginaire – pourquoi ne pas lui donner raison, au final ? Il la désire, elle le désire. A quoi bon nier l’alchimie évidente qui s’exprime dans leur relation ? Il le veut depuis un moment déjà, mais quelque chose l’a toujours freiné. Le souvenir de sa femme décédé. Jusqu’à maintenant. « Je t’en prie. » souffle-t-il en l’invitant à s’installer à la place même qu’il a occupé précédemment, avant de se resservir un second verre de whisky. Nolan en sert également un à Samantha, qu’il dépose sur la table basse, sous ses beaux yeux.

Nolan vient humidifier ses lèvres avec une première gorgée de whisky, savourant le trajet du liquide ambré le long de sa trachée plus que de raison. Cette sensation mordante, piquante et forte lui donne toute l’énergie dont il a besoin. Après quelques minutes, passées à contempler le bleu azur des orbes de la jeune entrepreneuse, Nolan Sorrento rompt le silence presque religieux qui s’est installé. Insufflant au même moment une profonde bouffée d’air, apparemment gêné par la situation, il marmonne d'une voix glaciale et basse : « J’ai bien lu ton mail. ». Que peut-il rajouter de plus ? Nolan glisse sa main vacante, celle qui ne tient pas le verre dans le fond de l’une de ses poches, en voulant dissimuler son état de nervosité inexplicable. Sorrento reste debout dans le salon, entre la cheminée moderne et la table basse, occupé à contempler Samantha installée sur le canapé. Il a besoin d’une distance physique, au moins le temps de savoir s’il peut vraiment lui faire confiance. « Je n’y ai pas encore répondu… Non pour te blesser ou te repousser, mais parce que je ne l’ai pas compris. Je n’ai pas… le souvenir de ces moments… particuliers… dont tu parles. » reprend-il d'une voix plus douce, pour ne pas l'enfermer dans la froideur émotionnelle qui est la sienne. Cela le peine, Sorrento a presque l’impression de rompre avec elle, alors qu’ils n’ont jamais vraiment été ensemble. « Je ne peux pas non plus avoir bu… Tout ce temps… Sans jamais me rappeler de t’avoir fait quoi que ce soit. J’admets avoir quelques problèmes… avec l’alcool, en ce moment, mais… Pas à ce point, Samantha. » soupire-t-il, le regard fuyant quelques secondes seulement, il ancre ensuite désespérément ses orbes dans les siens. Leurs iris dansent, se confrontent, s’apprivoisent et se désirent à distance. « Je suis sincèrement… navré, mais tu as tout fantasmé. Je pense que ton esprit… te joue des tours, Samantha. Pardonne-moi de ne pas avoir été à la hauteur. Je sais que tu aurais désiré… plus de ma part. » Nolan baisse la tête, en fin de phrase. Vaincu. Ses excuses sont sincères, pleines de remords. Des remords, parce qu’il n’a jamais pu réaliser toutes ces choses avec elle. Parce qu’il en a eu si fiévreusement envie, que cela le rend tout bonnement malade de ne pas avoir pu les rendre possibles. Il est déçu, désillusionné. Samantha a tout halluciné. Samantha lui fait espérer quelque chose… son amour, leur symbiose sexuelle. Quelque chose qui n’existe pas et qui n’existera jamais. Samantha est folle. Il doit l’aider. Nolan ne peut la laisser divaguer sur une relation qui n’existe pas, mis à part dans son imaginaire. « Je ne veux pas te blesser. Je tiens beaucoup à toi, sache-le… Tu es même la première femme que je regarde, différemment des autres j'entends, depuis le décès de… mon épouse. » Nolan ne précise pas exactement la manière dont il la regarde par rapport aux autres. Il considère que ce n’est pas si important que cela. Il reprend alors : « Tu me fais regretter que ces moments dont tu parles ne se sont jamais produits. ». Nolan Sorrento se confesse sur ses désirs, tout en essayant de lui venir en aide. « Tu as besoin d’être aidée, Samantha. Ce n’est pas… normal d’imaginer toute une relation, et encore moins de m’écrire en pensant ces choses sont bien réelles. Penses-tu que si j’avais eu le courage de faire bien plus que de simplement t’embrasser, je l’aurais déjà fait ? Je t’aurais déjà prise sur ce même canapé. Je t’aurais… » Sorrento se coupe, et désigne ledit canapé d’un geste de la main. Il élude dans un soupir las. « Peu importe… Je pense que… La meilleure chose à faire est de te conseiller un professionnel. » Lui-même est suivi par une psychiatre, alors pourquoi pas ? Nolan dépose son verre sur le meuble de la cheminée, pour venir rompre les centimètres qui les séparent. Samantha est assise devant lui, son visage droit, parfait. Sorrento pose son index et son pouce juste sous son menton, profitant du contact chaud de sa peau contre la pulpe de ses doigts. Il lève son menton le plus haut possible, afin de sceller ce rapprochement d’un léger effleurement de son souffle sur ses lèvres. « Parce que je tiens à toi, Samantha. Je tiens sincèrement à toi. Plus que n’importe qui d’autre. Cela ne m’était pas arrivé depuis elle. » renchérit-il, le plus sincèrement du monde. Il ne lui dit pas de manière claire qu’il l’aime, parce qu’il n’en est pas encore certain, alors il ne désire pas lui donner de faux-espoirs. Une chose est sûre, il tient suffisamment à elle pour ne pas la traiter de folle ou de psychopathe ou pour ne pas la congédier cruellement. Il désire l’aider. L’aider à aller mieux, et peut-être alors… Peut-être que quelque chose entre se passera vraiment. « Je suis prêt à t’attendre. Lorsque tu iras mieux, nous pourrons… faire vraiment ce que ton imagination s’obstine à croire réel. » Nolan souffle, d’une voix presque inaudible, tout en pesant le poids de ses mots pour leur apporter plus d’impact. « Rien ne peut me rendre plus heureux que de te faire du bien, Samantha. » murmure-t-il dans un souffle chaud, rauque, sans jamais lâcher son menton du bout de ses doigts possessifs.  

my soul is your soul · sorrentha ((7 octobre 2022, appartement de nolan sorrento, dans la soirée))

“Looking back at the beginning of this and how life was. Just you and me and loving all of our friends. Living life like an ocean. Now the current's only pulling me down. It's getting harder to breathe. It won't be too long and I'll be going under. Can you save me from this, because it's not my time. I'm not going. There's a fear in me and it's not showing. This could be the end of me and everything I know.” (it's not my time ▴ 3 doors down) ✧  @Samantha Twombly



Lorsqu’elle lui affirme qu’elle n’est pas folle, Nolan Sorrento émet de sérieux doutes sur la question, mais n’en dit rien. « Je ne suis pas folle. » lui dit-elle. « J’ai… » Samantha s’interrompt, Nolan continue de l’observer avec un regard plein de bienveillance, voilé de tristesse. Bien sûr qu’elle est folle. Samantha s’en rend progressivement compte, levant le voile opaque de sa folie pour se confronter à la dure et amère réalité. C’est en tout cas ce dont il se persuade, car tous les indices font justement état de cet état névrotique. Samantha ne peut dire la vérité. Nolan ne garde pas de souvenirs d’éventuelles nuits d’amour entre eux, de rapprochements autres que les baisers qu’ils se sont échangés sur ce même canapé, il y a des semaines déjà. Elle a tout simplement pris ses désirs pour des réalités, comme beaucoup de femmes fragiles et émotionnelles. Nolan (est un putain de gros machiste misogyne) croit être en mesure de l’aider, avec un excellent thérapeute. « Je suis là. » souffle-t-il en prenant son visage entre ses mains puissantes, avec l’intention de lui apporter tout le soutien physique et mental dont la jeune femme a besoin en ces temps troublés. « Je ne partirai pas. Je ne te laisserai pas dans cet état. » promet Sorrento, sincèrement marqué par la détresse de celle pour qui il éprouve des sentiments véritables, naissants et désarçonnant. « Je t’aiderai. » affirme-t-il. C’est une sensation nouvelle que ce qu’il est actuellement en train de vivre. Prétendre pouvoir l’aider, en quoi que ce soit, lui qui n’a que bien trop souvent pensé à sa propre petite personne… c’est presque grisant. Il se comporte de cette manière, parce qu’elle compte suffisamment à ses yeux, même s’il ne désire pas s’étendre en profondeur. Les déclarations d’amour, très peu pour lui. Les actes sont bien mieux. Et là, Nolan Sorrento lui montre que malgré tout ce qu’il pense sur son compte, malgré le fait qu’il semble persuadé qu’elle est complètement folle et névrosée, il ne lui referme pas la porte au nez. Sorrento l’aidera à se soigner, quelle que soit sa maladie mentale, et lorsqu’elle ira mieux, il pourra sérieusement considérer de se mettre en couple avec elle. Sans la quitter des yeux un instant, Nolan Sorrento vient prendre ses mains dans les siennes, enroulant ses doigts aux siens avec force et possessivité, dans un acte d’infinie tendresse.

Sorrento est si perplexe, qu’il ne comprend pas le prochain geste de son « amie ». Elle repousse sa présence, pour s’emparer de son précieux sac à main, à la recherche de son téléphone portable. Plissant les yeux, déboussolé, il ne dit rien. Peut-être est-ce trop pour elle, trop chargé en émotions, alors elle désire prendre la fuite. Nolan peut le comprendre. Il faut simplement qu’elle lui parle. « Samantha, ne fais pas ça… Parle-moi. Ne fuis pas. » supplie-t-il, les yeux brillants. Il pose sa main, avec fermeté, au niveau de son poignet pour l’empêcher de partir. Ce n’est pas ce que compte faire Samantha, pourtant. Elle le fixe avec défi et lui présente l’écran éclairé de son téléphone comme « preuve ». « Samantha, ça suffit… » Fatigué et las, Nolan Sorrento ne veut pas en entendre parler. Il sait qu’il n’y a rien d’autre à ajouter. Samantha a des problèmes à solutionner, point à la ligne. Elle a beau insister, cela ne le fera pas changer d’avis. Cela l’agace, car il n’a pas désiré lui briser davantage le cœur pour instaurer des distances entre eux, mais ces distances s’avèrent désormais nécessaires. Sorrento soupire, un rictus de contrariété venant se dessiner au coin de ses joues. La colère et la nervosité commencent insidieusement à prendre possession de lui. Nolan perd patience, celle-ci n’est déjà pas légendaire, alors là, il vient d’atteindre le point de non-retour. « Il ne se passera rien entre nous, tant que… » Samantha le coupe brutalement, en insistant avec son fameux téléphone portable. Qu’est-ce donc ? Des photos ? Nolan soupire une fois encore, et cède. Il réalise qu’il est bien compliqué de lui refuser quelque chose. C’est bien la dernière fois qu’il se montre aussi bienveillant avec elle. « C’est… » Alors que la vérité éclate enfin, que ses yeux déroulent toutes les photos de ces prétendus « rendez-vous », son respiration se coupe brutalement. Sorrento retient son souffle le plus longtemps possible, tout en découvrant les dessous de cette sombre mascarade. Samantha s’exprime une fois encore pour l’acculer. « Ne me fais pas croire que ces moments n’ont pas existé, ne me fais pas passer pour ce que je ne suis pas. » Il ne lui en veut pas. Elle essaie simplement de le convaincre, persuadée à son tour que c’est lui le menteur. Probablement qu’elle le pense manipulateur. Certes, Nolan Sorrento est un putain de manipulateur, mais pas avec elle. Pas maintenant. Là, il ne lui ment sur rien. Nolan Sorrento n’a absolument rien trafiqué et ne désire pas la faire passer pour ce qu’elle n’est pas.

Alors là, Nolan Sorrento tombe littéralement des nues. Les photos sont claires, en extérieur, non trafiquées. L’esprit cartésien de Nolan essaie de se convaincre qu’il y a eu une quelconque retouche, mais… comment ? Ces photos les dépeignent au restaurant, sur la plage, et même dans une chambre d’hôtel. Ils s’embrassent, ils se sourient, ils trinquent un verre de vin ensemble, ils semblent… si réels et pourtant si loin. « C’est… impossible. » souffle-t-il, le cœur battant la chamade. « Comment… » Sorrento est tout retourné. Un goût étrange lui vient en bouche, celui de l’acide. Il en a envie de vomir. « Ce n’était pas moi. Je te l’ai dit, c’est… une erreur. Je n’étais pas avec toi. » Perd-il la tête, est-il finalement devenu complètement fou ? Sorrento en vient même à envisager cette funeste hypothèse quelques secondes, mais l’argument qui prend plus de place dans son esprit, c’est celui de la tromperie. De la triche. D’une retouche photo. C’est un montage, c’est forcé. « Tu as trafiqué ces photos ! » s’énerve-t-il en se levant d’un bond. Sur le coup, son verre de vin s’écroule en mille morceaux sur l’un de ses précieux tapis. Sorrento n’en a cure, pour une fois. Excédé comme il ne l’a que trop souvent été, dans un état de nervosité extrême, l’homme se met à faire les cent pas dans le salon, jusqu’à se positionner devant les portes-fenêtres qui cachent un balcon à la vue spectaculaire sur le cœur actif de l’île mystérieuse. « Comment peux-tu encore m’affirmer toutes ces choses, les yeux dans les yeux… » marmonne-t-il d’une voix froide, sans plus d’émotion. Nolan ignore ce qui le pousse dans cet état de frustration intense, probablement… la possibilité très mince que Samantha dise la vérité depuis le départ. Que ce ne soit pas lui. Que ce soit quelqu’un qui lui ressemble en tout point, avec lequel elle s’est livrée à un rapprochement intime que lui-même est encore incapable de faire, malgré l’envie qui ne cesse d’irradier dans son bas-ventre à chaque fois que leurs doigts se frôlent ou que leurs regards s’embrasent l’un pour l’autre. Sorrento se sent incompétent et dépossédé de ce qui a longtemps fait sa force de caractère. Son sens des initiatives et son esprit de possession.