I owe you an apology · Part II ✧ Nolan & Padmé

**Invité**

I owe you an apology · Part II | feat. @Nolan Sorrento.

Une clé USB minuscule gisait dans le creux de sa paume. Padmé l’observait depuis plusieurs minutes avec dégout. Des larmes roulaient le long de ses joues sur son visage de marbre, impassible. La clé contenait le fichier source de la plus immonde des vidéos — l’assassinat de Qi’ra Sorrento. Non sans peine, elle avait retrouvé la caméra dont Il s’était servi pour filmer son snuff movie glauquesque. Padmé avait transféré le fichier brut sur une clé avec une idée en tête avant de le supprimer de la caméra. Il n’y avait aucune autre copie du film. Elle s’en était assurée — un travail de fourmi auprès des divers sites d’hébergement vidéo basiques ou plus obscurs. Bien entendu, l’éradication de la vidéo de toutes les couches du web serait éternellement en cours puisque ce genre de média se vendait comme du petit pain sur le deep web. Tant pis, Padmé y mettait les moyens : elle souhaitait que plus jamais personne ne soit le témoin de la mise à mort barbare de cette femme, qu’importe ce qu’elle avait fait sur terre. Elle voulait épargner Nolan également, pour qu’il ne s’inflige plus la vision crue de sa femme en train d’être torturée avant de pousser son dernier soupir. Padmé et lui seront d’éternels ennemis à cause du différend qui les oppose, mais aussi à cause de cette histoire. Cela n’empêchait cependant pas Padmé d’avoir de l’empathie et de la tristesse pour lui — telle était la différence entre le Joker et elle. Padmé était humaine, ressentant de la compassion et de la pitié pour autrui ; des qualités dont son amant était totalement dépourvu, le rangeant dans la catégorie des monstres. Si Padmé avait mis le fichier dans une clé, ce fut dans l’unique but de la donner à Nolan. Elle voulait qu’il soit le seul détenteur de l’unique fichier qui existait de cette vidéo immonde. Elle aurait pu détruire le fichier à sa place, mais elle estimait que ce droit lui revenait à lui — une vengeance dérisoire contre le Joker, la seule qu’il obtiendrait malheureusement.

Padmé estimait qu’elle devait des excuses à Nolan. Lui présenter ses condoléances également bien qu’elle doutât du fait qu’il les accepte. Plus elle observait la clé, plus elle était convaincue que c’était la meilleure chose à faire. Il lui manquait simplement le courage pour le moment. Elle réussit à le trouver en se rendant chez Thalassa Tarkin quelques jours plutôt, mais pour Nolan, elle échouait à puiser dans ses dernières forces. Chaque fois qu’elle pensait à lui, elle revoyait le corps sans vie de Qi’ra. Il l’ignorait et l’ignorerait sûrement jusqu’à la fin des temps, mais à la seconde où Padmé avait appris sa mort, elle s’était rendue à la morgue de la ville pour voir Qi’ra avant lui. L’image restait encore fraiche dans sa cervelle. Elle se souvient du silence. Des carreaux blancs et froids de la pièce qui vomissaient sans un bruit les hurlements de détresse des familles passées par ici. Elle avait senti le froid piquer chacun de ses pores, lui faire ressentir la mort à nouveau — cette même épreuve qu’elle avait traversée après avoir donné la vie sur Polis Massa. Elle se souvient du corps bleu et mutilé de Qi’ra offerte à la lumière artificielle qui soulignait plus atrocement encore ses plaies que seule une bête assoiffée avait pu lui infliger. Même dans la mort, Qi’ra Sorrento était restée magnifique, la tête haute et fière. Jusqu’à son dernier souffle elle Lui avait tenu tête. Elle était née esclave, hors de question pour elle de mourir en courbant l’échine. C’est pourquoi elle avait gardé cette dignité marquée à tout jamais sur son visage. Padmé se souvient s’être approchée d’elle et de l’avoir contemplé. Elle se souvient de sa main qu’elle avait glissée avec délicatesse dans ses cheveux pour lui offrir une dernière caresse remplie d’une tendresse dont elle avait manqué toute sa vie, sauf dans sa dernière année au côté de Nolan. Padmé était venue chercher sa main sous le drap qui la couvrait. Qi’ra était morte, mais l’ancienne reine voulait être auprès d’elle, la soutenir dans ce chemin, car elle gardait encore en elle le souvenir de cette mort solitaire malgré la présence d’Obi-Wan à ses côtés. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à cette noirceur qui vous enveloppe quand vous êtes au crépuscule de votre existence. Que les gens soient au courant : on se voit mourir. Ça n’a rien de doux ni de beau. La Grande Faucheuse vous arrache tout sans faire cas de quoi que ce soit. Et vous vous retrouvez seul·e avec cette angoisse, avec ces appels à l’aide que personne ne peut entendre à l’exception de l’Autre Monde qui se délecte de votre détresse. Padmé avait pensé à la solitude que Qi’ra avait dû ressentir. Elle pensait à son corps gisant au sol recouvert de son sang. Elle pensait à sa respiration encombrée et cahoteuse à cause de ses côtes cassées qui perforaient douloureusement ses poumons. Elle pensait à son corps seul étendu dans le caniveau en face du Pandémonium qui ne serait retrouvé qu’au petit matin et qui jamais plus ne recevra la chaleur des bras de Nolan. Qi’ra était morte dans la froideur et l’indifférence. Padmé avait fermé les yeux. Elle avait pleuré, laissant ses larmes chaudes s’échouer contre la table glaciale du médecin légiste. « Pardonne-moi. Je suis terriblement désolée. » Elle sanglotait bruyamment. Elle s’étranglait presque tant ils étaient violents. Elle écrabouillait la main rigide de Qi’ra tandis qu’elle la comblait de caresses avec son pouce. Padmé avait honte : alors que Qi’ra crevait, gisait dans ce caniveau sans éveiller l’intérêt de quiconque, elle, de son côté se perdait dans la chaleur de la nuit, s’abandonnant dans les bras de son amant qui l’avait réveillé à son retour chez eux, excité par son propre crime alors qu’elle ignorait tout. Padmé expia dans la jouissance tandis que Qi’ra succombait à la suite de la violence sur ce trottoir. Leurs destins étaient éternellement liés. La sénatrice sera constamment hantée par son fantôme. Puis elle partit comme elle était venue : sans un mot, les joues constellées de larmes et le cœur s’effondrant sur lui-même, donnant ainsi naissance à un trou noir abyssal de remords et de chagrin. Padmé n’avait rien à voir avec ce crime. Elle n’était pas celle qui avait donné le coup fatal, mais d’une façon ou d’une autre elle se sentait complice. Elle avait négligé la violence du Joker, n’avait pas saisi sa portée dévastatrice… Comme avec Anakin. L’histoire se répétait, encore et toujours…

C’était en repensant à cet instant dans la morgue que Padmé se décida à aller voir Nolan. Dans une moindre mesure, elle savait par quelles émotions il était passé une fois confronté au corps sans vie et autopsié de Qi’ra : tristesse, colère, regret, déni… Elle ne pouvait se résoudre à le laisser dans le silence alors qu’ils étaient connectés par le même drame. Disons qu’elle le faisait peut-être en souvenir de leur très lointaine amitié dans laquelle ils nourrissaient pour l’un et l’autre une forme de respect mutuel. Si avec Thalassa, elle s’était permis de passer à l’improviste, elle ne comptait pas en faire de même avec Nolan. Inutile de le braquer ou de jeter de l’huile sur le feu. Le message était envoyé. Le rendez-vous pris. Un lieu neutre fut convenu : le salon de thé Anavrin.

Le Jour-J, Padmé arrivait légèrement en retard. La faute de ce foutu doute qui, jusqu’au dernier moment, la fit hésiter. La raison l’emporta sur le reste : elle ne pouvait décemment pas faire faux bon à Nolan. Inutile de repousser éternellement le moment venu, c’était reculer pour mieux sauter de toute manière. Elle devait le faire pour Qi’ra. Pour lui. Pour elle. Pour sauver l’honneur de la défunte et pour que cette vidéo macabre disparaisse une bonne fois pour toutes. Nerveuse, elle rentrait dans le salon de thé. Padmé était l’ombre d’elle-même et avait très mauvaise mine — son maquillage ne pouvait rien faire contre son teint blafard et ses traits tiraillés par les insomnies à répétition et ses larmes qu’elle n’arrivait plus à sécher. Elle remarquait Nolan à une table en compagnie d’Elizabeth à ses côtés. Elle lut sur les lèvres de la Comtesse qui lui jetait un regard assassin tandis qu’elle pressait le poignet de Nolan. « Elle est là. » Padmé gardait la tête haute et s’avançait en leur direction. « Bonjour Nolan. Merci d’avoir accepté de me voir en…dépit des circonstances. » Elle ignorait copieusement la vampire. La voix de Padmé était monocorde, sans vie et presque trainante. Elle avait perdu de sa superbe et de sa chaleur. Où était donc l’indomptable sénatrice ? Très loin et perdue dans un passé qu’elle ne souhaitait pas retrouver. Elle ne cherchait pas à combler absolument les silences. Ce n’était pas une visite de courtoisie dans tous les cas et elle les trouvait particulièrement sains — il était signe d’une envie de ne pas laisser la colère dominer et se déverser sans mesure. Il n’y avait que l’irritation d’Elizabeth pour briser cette accalmie. « Bon, vous accouchez ? Vous voulez quoi ? Nolan n’a pas toute la journée. » Si le regard de la Comtesse était toujours aussi noir, celui de Padmé s’emplissait d’indifférence, retrouvant le temps d’un instant sa grâce. Elle ne dit mot à Elizabeth qui se rangeait dans son coin du ring. La reine profitait alors de cette tranquillité retrouvée pour plonger sa main dans son sac et en sortir l’objet de ce rendez-vous : la clé USB qui contenait les derniers instants de vie de Qi’ra. Elle la posait à plat sur la table et la fit glisser vers Nolan à l’aide de ses doigts élégants. « Tenez. » Elle coinçait sa main avec l’autre entre ses cuisses ignorant quoi faire d’elles. Elle s’éclaircissait la gorge avant de reprendre sur un ton plus ému. Jamais Padmé ne fuyait le regard de Nolan aussi éteint que le sien. « Vous trouverez dedans le fichier source de la vidéo de l’assassinat de Qi’ra. Il provient directement de la caméra dont Il s’est servi, vous pourrez le vérifier. » Avec l’aide de logiciel, la tâche serait aisée. « Il n’y a pas d’autres copies du fichier. J’ai fait en sorte que la vidéo soit retirée de tous les hébergeurs de vidéos classiques sur internet et une équipe, que je paie, se charge de détruire les copies en circulation sur le deep web ou autre. C’est un travail sans fin, mais s’il faut qu’il soit sans fin, qu’il en soit ainsi. Je veux que Qi’ra ait la paix qu’elle mérite. » Pendant que Padmé parlait, elle chassait du creux de sa paume ses larmes qui s’échappaient. Elizabeth quant à elle, elle ne tenait plus en place et laissait exploser sa colère froide. « C’est tout ? Vous nous avez fait déplacer pour une foutue clé USB ? Pour faire votre sketch en plus ? » Elle riait avec tout le mépris qui l’habitait avant de se tourner vers Nolan. « Sweetie, on s’en va. Je t’avais prévenu, elle a fait le même cir… » Mais Padmé n’en avait pas terminé. Elle élevait la voix, pour reprendre le dessus sur la conversation. Son émotion dominait également. « J’aurais pu supprimer la vidéo sans vous en parler, mais je voulais que ce soit vous, Nolan, qui le fassiez. C’est la seule maigre vengeance que je peux malheureusement vous apporter. » Parce que le Joker n’était plus là pour rendre des comptes. Padmé portait le poids de sa propre culpabilité en plus de celle de son amant disparu. Elle était complètement écrasée par tout ça et n’en pouvait plus. Elle oubliait même un instant ce qu’il s’était passé entre Nolan et elle, attrapant spontanément sa main dans la sienne. « Nolan, je suis profondément désolée. Le plus sincèrement du monde pour ce qui est arrivé à Qi’ra. » Elle sanglotait bouffée par la honte des crimes commis par le Joker. Elizabeth levait les yeux au ciel en soupirant fortement : ce n’était qu’une mascarade pour elle.

▿ Date de naissance : 12/04/1973

AOÛT 2022.

Nolan Sorrento n’ignore pas les raisons de la présence de Padmé Amidala à ses côtés aujourd’hui. Les raisons soudaines de cette prise de rendez-vous parfaitement neutre au salon de thé Anavrin. Il n’ignore pas pourquoi elle est venue lui transmettre un quelconque message, pourquoi elle a désiré s’entretenir de vive voix avec lui, dans un lien public. Loin d’être complètement paranoïaque, il s’est spontanément dit que la présence de l’ancienne reine ne pouvait avoir pour objectif que celui de le faire plonger, dans le cadre du procès qui se joue entre eux. Putain de procès. Putain d’île. Putain de vie. Sorrento est dans la souffrance et le désespoir depuis la mort atroce et préméditée de Qi’ra Sorrento, sa femme légitime. Lorsqu’il y repense, c’est de sa faute à elle. Padmé Amidala. De sa proximité avec le Joker. C’est en tout cas la colère qui lui a fait penser cela, dans un premier temps. La colère, le ressentiment, le chagrin. Alors qu’il n’en est rien, Nolan le sait, mais il ne veut tout simplement pas se l’admettre à lui-même. Nolan Sorrento refuse de penser à Padmé Amidala en ces termes. Il refuse de considérer l’ancienne sénatrice comme capable d’empathie, de remords et de condoléances. Il préfère l’imaginer comme une garce sournoise, prête à toutes les bassesses et les manipulations pour extorquer encore un peu plus sa fortune, grignoter sa réputation déjà bien entachée par cette plainte. Il refuse, mais il ne peut continuer à se voiler la face comme il est en train de faire actuellement, ou depuis des jours maintenant. Trois jours, trois jours se sont passés depuis le message de l’ancienne sénatrice. Depuis qu’ils ont tous les deux convenus de ce rendez-vous pour se dire les choses, pour mettre un terme à cette attente insoutenable. Sorrento a beau se répéter le même scénario en tête, dans le taxi les conduisant – lui et sa plus proche amie Elizabeth, depuis la disparition de Pansy – vers l’hypercentre de l’île mystérieuse, les raisons invoquées ne sont pas celles de Padmé Amidala. Padmé Amidala ne vient pas pour enfoncer le couteau dans la plaie, pour lui proférer de nouvelles insultes et reproches. Padmé Amidala ne fera rien de tout cela.

Thalassa Tarkin l’avait appelé, ce jour-là, après la visite de la sénatrice dans le domicile qu’elle partageait avec Pansy Parkinson. Elle lui a fait parvenir les intentions de Padmé Amidala. Il en est resté abasourdi, mais d’apparence de marbre. Sorrento a préféré ne rien montrer. Pas même à la plus proche amie de sa défunte épouse, dont il s’est toujours particulièrement méfié, du fait de la réputation de son mari. Nolan Sorrento grimace encore, installé depuis plusieurs dizaines de minutes en compagnie d’Elizabeth, en repensant au visage de Padmé. Le sien est obscurci par la douleur et la colère qui pulse dangereusement dans ses veines. La seule présence d’Elizabeth le conforte, le rassure, et l’empêche de tout casser. De s’en aller dans un accès de rage et d’appeler quiconque est en mesure de mettre un terme à l’existence de cette femme. Elizabeth le raccroche à la réalité avec une tendresse inouïe, elle est son point de repère depuis le décès de Qi’ra. Les circonstances de leur rencontre sont certes terribles et noires, mais elles ont au moins eu le mérite de voir naître une belle et grande amitié sincère entre deux êtres qui se ressemblent en tous points. Nolan et Elizabeth sont faits du même bois, comme forgés dans le même marbre. Deux flammes jumelles. Sorrento en vient bien trop souvent à être pétri de remords quant à l’existence même de cette amitié, Ô combien importante à ses yeux. Sans la disparition tragique de Qi’ra Sorrento, ils ne se seraient sans doute jamais rencontrés et jamais aimés. Oui, aimer. Sorrento apprécie et aime sincèrement Elizabeth. Ce n’est pas de l’amour au sens le plus strict et pur, c’est une amitié profonde, qu’il aime considérer comme un besoin presque vital en ces heures sombres.

« Elle est là. » lui souffle Elizabeth, tout près de son visage, tout en pressant son poignet dans un geste de tendresse affective se voulant réconfortante. Le sang de Nolan Sorrento ne fait qu’un tour dans ses veines, il a l’impression d’étouffer dans son costume deux pièces de haut couturier italien. Nolan tourne lentement le visage vers l’entrée du hall d’entrée du café Anavrin. Elle est là, fidèle à elle-même. Belle, élégante et maquillée – malgré les cernes, malgré la fatigue qu’il distingue d’un coup d’œil furtif, comme un rayon laser. Sorrento demeure silencieux tout le long de leur « conversation ». Padmé évoque l’existence d’une clé USB. Celle du Joker. Son cœur se serre douloureusement à cette pensée. Elle existe donc toujours… Alors que Padmé la dépose face à lui, sur le bois vernis de la table, Sorrento ferme brutalement les paupières comme pour oublier tout de cette partie de la conversation. Il ne fait toujours pas parler de lui. Il est là sans être vraiment présent. Comme un corps sans âme, sans don de parole. Seule Elizabeth manifeste son mécontentement. Elle fait comprendre sa colère à Padmé de diverses manières, toutes plus snobes et attirantes que les autres, aux yeux de l’impitoyable et séducteur Nolan Sorrento. Il ne trouve pas la foi de balancer une réplique cinglante à Padmé. Non parce que l’état de cette dernière l’affecte d’une manière ou d’une autre, – ce n’est absolument pas le cas. Sorrento se moque profondément des sentiments ou de l’apparence sur le déclin de l’ancienne sénatrice de Naboo. Il s’en moque comme de sa première cravate en soie de luxe. Tout ce qui lui importe, en revanche, c’est de savoir que cette garce souffre. Qu’elle se trouve en pleine tourmente. C’est vraiment tout ce qu’il désire maintenant, après tout le mal qu’elle lui a causé. Elizabeth parle enfin, de sa voix haute perchée et condescendante. Elle porte son étendard, aujourd’hui, elle se positionne comme sa meilleure alliée, sa meilleure amie. Sorrento en est profondément touché. Il se fait alors la réflexion qu’il ne le lui fait pas suffisamment comprendre.

Sorrento attrape plus possessivement la main d’Elizabeth dans la sienne, toujours sans refuser d’accorder le moindre regard à cette fameuse clé USB. Celle-ci se trouve toujours au centre de la table, près des deux cafés précédemment commandés par Nolan et Elizabeth. Il refuse d’admettre jusqu’à son existence – c’est beaucoup trop destructeur. Il a besoin d’Elizabeth plus que quiconque, à cet instant précis. Il a besoin qu’elle parle pour lui, qu’elle se dresse pour lui, qu’elle le protège de l’impensable. Se voir confronter à la mort de Qi’ra, encore une fois, plusieurs mois après son enterrement, a quelque chose de déchirant. C’est déchirant. Son âme ne s’en est toujours pas remise. Est-ce que Nolan s’en remettra un jour ? Il déglutit, à chaque fois que cette question s’impose dans son esprit embrouillé et pessimiste. « Quelle ironie… » souffle-t-il finalement, d’une voix traînante et basse au point qu’il faut tendre l’oreille pour en distinguer correctement chaque syllabe. Ses lèvres se mouvent, mollement, presque mécaniquement. Sorrento se sent extérieur à la situation dans ce salon de thé. Protégé par Elizabeth, une aura d’invulnérabilité flotte autour de lui, mais il n’en saisit pas encore bien la portée. Sorrento est loin de l’homme arrogant et cruel qu’il a toujours été. C’est en homme brisé et cynique qu’il vient se présenter à Padmé Amidala. Malgré lui. « Vous avez tout fait pour détruire ma réputation et vous finissez par venir me présenter vos plus plates excuses pour les actes criminels de votre compagnon. » Pas un instant, il ne cligne des yeux ou ne détourne le regard. Sorrento l’observe avec force. Une lueur brille dans le bleu océan de ses orbes, ce n’est pas du sadisme ou une forme d’amusement cruel, c’est de la résignation et de la lassitude. Sorrento se met alors à rire. Froidement, sèchement, mais surtout nerveusement… C’est la peine qui le fait rire, c’est le caractère cocasse de cette situation qui le fait craquer. Entre deux éclats de rire, on peut même lire un sanglot qui se dissimule sous une couche violente de mépris et de cynisme.

« Est-ce que vous vous en seriez contentée ? » demande-t-il finalement après un long silence – anormalement gênant. L'expression de son visage a ce quelque chose de sinistre. Sorrento semble épuisé dans tous les sens du terme. « Si vous aviez… perdu votre compagnon de la main de ma femme, d’une manière si… animale qu’elle est entachée de toute humanité. Dites-moi, dites-moi la vérité. Est-ce que la suppression d’une vidéo sur une simple clé USB vous aurait suffi ? » Nolan ne la quitte pas des yeux, non pas qu’il les dévore avec amour, mais il les fixe avec obsession. « Est-ce une vengeance suffisante ? » Non, bien sûr que non. Nolan Sorrento en est persuadé. Il pense connaître suffisamment la personnalité de Padmé Amidala pour affirmer une telle chose. La réponse est si criante. Il ignore les larmes de l’ancienne sénatrice, tout comme il ignore la manière dont ses poings se ferment avec frustration et colère sous la table, jusqu’à ce que ses jointures lui fassent atrocement mal et que ses phalanges blanchissent. Elizabeth est près de lui, tout ira bien. Nolan se blesse, se fait mal pour retenir en lui cette vague qui menace de se déferler d’un instant à l’autre, – c’est injuste, car Padmé n’est pas responsable des crimes du Joker. Elle n’en est pas moins complice, la pureté de son âme l’enveloppe d’une robe d’invulnérabilité. Sorrento est frustré, car il ne peut blâmer une innocente pour les erreurs de son compagnon de l’époque, pas plus qu’il ne peut l’accuser de mentir devant le tribunal sur ses dérives. « Il est coupable tout comme… je l’ai été avec vous. » marmonne Sorrento mollement, en s’enfonçant dans sa chaise dans un bruit sourd. C’est la première fois qu’il admet ouvertement ses torts dans le contentieux qui l’oppose à Padmé Amidala, en face de la principale concernée. C’est la première fois qu’il range son égo de vieux macho pour accepter les conséquences de ses actes. C’est la première fois, qu’il affiche une sincérité désarmante, qu’il s’affiche « nu » et sans son habituel masque d’arrogance et de supériorité. Nolan Sorrento n’en a plus la force, à cet instant. Qi’ra, la clé USB, le Joker… Cela est beaucoup trop douloureux à encaisser. Tout se mélange en lui comme une putain de tornade d’émotions. Toute cette violence, tout ce chagrin. A quoi bon continuer à jouer un rôle, même à l’heure de son prochain procès, si c’est pour se voiler la face encore et encore ? Qi’ra n’aurait pas voulu que Nolan réagisse ainsi. Qi’ra aurait certainement voulu du respect et de l’honnêteté envers celle qu’elle a admiré de son vivant. Pour la mémoire de Qi’ra, il prend le risque de l’être, quitte à ce que cela soit repris pendant les échanges au tribunal. S’il doit payer, il ira en prison. Nolan prend conscience d’une chose, depuis le décès de Qi’ra, c’est la valeur de la vie. Sorrento n’a jamais eu d’empathie pour autrui, à quelques exceptions près. Sa sœur, sa première femme, les quelques personnes qui sont devenus soit des protégés soit des amis, comme Pansy et maintenant Elizabeth. Le reste du monde, il s’en fiche. Voilà pourquoi… Nolan s’est toujours permis de marcher sur les autres, de forcer leur consentement comme un enfant pourri-gâté et capricieux.

« Nous méritons chacun la même insulte. » Des monstres. Chacun à sa manière. « Nous sommes des monstres. » Non parce qu’ils sont des hommes, mais parce qu’ils ont laissé leurs égos, leurs caprices, ainsi que la violence en eux s’exprimer, au lieu de prôner des moyens plus respectueux. Ils ont chacun préféré la facilité. C’est en cela qu’ils sont des monstres et des criminels. « Nous sommes des enfants capricieux. Nous prenons tout à la légère. Nous ne nous inquiétons pas du mal que nous causons, parce que nous agissons comme des lâches. Je voulais, à cette époque, vous séduire, au lieu de rester votre ami et d’attendre un jour une ouverture de votre fait, je l’ai forcée au premier refus légitime de votre part. Vous étiez mariée, – heureuse en mariage, qui plus est… que pouvais-je attendre de vous ? J’aurais pu vous courtiser dignement, après votre divorce. J’aurais pu rester à ma place, peut-être que vous m’auriez à terme apprécié, pourquoi pas aimé, suffisamment en tout cas pour m’envisager autrement que comme un collègue. Je n’ai pas attendu que vous vous rendiez disponible, j’ai provoqué votre disponibilité parce que je ne voulais pas attendre. Je ne voulais pas vous laisser le choix. Je ne voulais pas vous laisser la possibilité de me dire vraiment non, mariée ou célibataire. J’ai été capricieux avec vous. J’ai été arrogant. Je vous ai blessé, Padmé. » Padmé et non « salope », « pute » ou « garce ». Padmé et non pas non plus « Skywalker » ou « Amidala ». « Au moins, l’un de nous deux aura la décence de s’excuser et de payer pour ses actes. » Il marque une nouvelle pause, en lâchant la pression de ses poings pour venir joindre ses doigts les uns contre les autres. « Parce que… Je vous les présente. Je suis sincèrement désolé pour ce que je vous ai fait, et sachez que… J’y repense bien souvent, plus que vous ne le pensez. » C’est un regret sincère. Sorrento prend conscience de certaines valeurs, maintenant qu’il se trouve au plus mal. C’est bien trop tard, mais mieux vaut tard que jamais. Il saura faire les choses différemment, avec les prochaines femmes qu’il rencontrera. En y repensant, même avec Qi’ra, il a fait les choses mal au début de leur relation. Comme avec Padmé, sauf que Qi’ra, elle, lui a dit oui et a trouvé son arrogance ou son harcèlement très excitant. « Je prends la clé. » Il change brutalement le sujet, après être resté comme inconscient quelques secondes. Les yeux vides, sans expression faciale particulière, – juste le néant. « Merci. » Nolan grommèle durement, toujours avec cette impassibilité, non pas condescendante, mais juste réelle. C’est le reflet de sa vie, de son cœur depuis des semaines maintenant. Il ne lève pas la main pour prendre la clé, non, elle tremble sous la table. Sans un regard, ni pour Elizabeth, ni pour Padmé, il espère secrètement que quelqu’un la lui prendra et la glissera dans l’une de ses poches, ou la lui remettra, parce qu’il n’en trouve tout simplement pas la force. Prendre cette clé, c’est… accepter la fin de Qi’ra Sorrento. C’est n’est plus lui dire « au revoir » mais « adieu ». C’est un geste symbolique, qu’il n’est pas encore prêt à faire. Nolan ne veut pas dire adieu à Qi’ra. Nolan veut qu’elle revienne, il veut garder son visage encore dans ses pensées.

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inside i've been shaken, my sanity taken Our broken halves theyintertwine from once wasyours and oncewas mine I'munbreakable.

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ஃ you got your passion, you got your pride, but don't you know that only fools are satisfied? dream on, but don't imagine they'll all come true, when will you realize. ஃ (vienna ◇ billy joel)