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Lun 19 Sep 2022 - 17:04
If you stand for nothing what do you fall for
feat. Beckett
Alexander n’a de l’amitié que des expériences fortes et souvent douloureuses. Parce qu’il n’aura pas su leur donner le nom approprié, comme ce fut le cas avec Laurens, parce que les circonstances, la guerre et ses idéaux devaient rapidement contrevenir à sa vision première, comme ce fut trop souvent le cas avec, notamment, Mulligan et Lafayette, ou parce que la force de convictions incompatibles ou antagonistes devait entacher toute perspective d’amitié véritable, comme ce fut le cas avec Burr, son premier ami, son ennemi. Ce n’est pourtant pas tant parce qu’il a tiré les leçons de ces amitiés vouées à l’échec qu’il est si peu entouré dans ce monde. Non, son isolement serait davantage à imputer, en l’occurrence, à un travail rendu plus acharné encore par des circonstances, une époque, un milieu social et politique dont il ne comprend ni ne maîtrise tous les rouages, mais qu’il tient définitivement à marquer de son empreinte.
Elizabeth et sa paranoïa justifiée l’aurait sans doute mis en garde concernant son amitié avec Cutler Beckett. Et elle aurait eu parfaitement raison, mais il avait évité de lui en parler précisément pour ce motif (il réalise à présent que cela aura peut-être été un tort de sa part). Il y avait de quoi se méfier, c’est un fait. Il n’a pas été rare que leurs idées ou opinions entrent en contradiction, mais le politicien l’avait toujours accepté, parce qu’il estimait, en retour, y trouver un échange qui restait malgré tout satisfaisant. Ils pouvaient partir dans les tours sans jamais se manquer de respect, ce qui, quand on connaît Alexander et son tempérament, est un bon point. Surtout, Cutler lui avait plus d’une fois donné le sentiment qu’il serait en mesure de le comprendre, voire même de se ranger à sa cause. A l’heure où son tout jeune parti manque encore cruellement d’adeptes, Alexander aurait le plus grand besoin que des éléments aussi intelligents et influents que Cutler Beckett se rangent à sa cause. Mendier la sympathie de celles et ceux qui hantent les hautes sphères de la société – les personne comme Cersei Lannister, dont il a une sainte horreur, donc –, est définitivement hors de sa portée, mais dans le cas de Beckett, les choses sont différentes. Alexander n’a pas abordé son ami de manière intéressée. Il ne saurait même plus dire comment s’est construite leur amitié précisément, d’ailleurs, ni qui en premier lieu était allé trouver l’autre, et pour lui, ça change bien évidemment tout. Beckett a su endormir sa confiance, si bien que la découverte qu’il a fait ce matin-là l’a fait tomber des nues.
Certes, il n’est pas idiot, il sait bien que Cutler n’a jamais pleinement adhéré à ses propres projets politiques, raison pour laquelle il n’a pas envisagé de lui offrir un rôle au sein de son parti – pas tout de suite en tout cas –, mais de là à s’imaginer qu’il pactiserait avec l’ennemi… L’ennemi, oui. Alexander n’a pas peur du terme, et encore, ce terme emphatique n’est là que pour dissimuler tous les noms d’oiseaux avec lesquels le père fondateur se verrait bien définir ce politicien égotique qu’est Wilhuff Tarkin : un connard de la pire espèce, aux idées aussi folles que dangereuses. Si Alexander a décidé de dépasser sa seule intention de gravir progressivement les échelons au sein de la mairie afin d’approcher le poste de maire ou le maire tout court – mais aussi et surtout parce qu’il a réalisé que cette tâche-là serait impossible –, c’est en grande partie en voyant le parti de Wilhuff Tarkin gagner en adeptes aussi extrémistes qu’il ne peut l’être lui-même. Il manquait d’une opposition forte, et c’est cette opposition qu’Alexander a voulu constituer, en réponse directe à sa politique répressive et liberticide. Et voilà qu’il découvre que Cutler Beckett a été directement nommé trésorier de ce parti-mascarade. Alexander a vu rouge, c’est le moins que l’on puisse dire. Et il n’a pas tardé à demander des comptes au principal concerné.
« Je peux savoir à quoi tu joues, exactement ? » A peine s’est-il installé à la table du café où il a proposé à Beckett de le retrouver qu’il lui saute à la gorge sans lui expliquer plus avant les raisons de ce rendez-vous. Pas le temps pour les politesses et les ronds de jamb à rallonge. Notre politicien nerveux pose brusquement l’organigramme du parti de Tarkin sur la table entre eux deux, où il a préalablement souligné d’un coup de stylo rageur (oui, il est colère) les nom et prénom de son interlocuteur. « J’ai souvenir que nous nous trouvions à cette exacte même table quand je t’expliquais – sans manquer d’arguments, tu en conviendras – les multiples raisons au nom desquelles nous devions à tout prix empêcher la politique dangereuse et répressive de Tarkin. » C’est un fait, il lui a expliqué la chose point par point. Soixante-quinze points en tout. Ce presque-monologue avait duré presque trois bonnes heures. Mais visiblement, il n’avait pas suffi à convaincre son interlocuteur de l’écouter. Ne lui en déplaise, il est d’ores et déjà prêt à monologuer trois heures supplémentaires cela peut lui permettre de mesurer l’ampleur de son erreur. « Et maintenant tu travailles pour lui ? Au service direct de son parti ? »
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cutler beckett ∬ alexander hamilton
Hogwarts Place – 11h15 ☾ 19 septembre 2022
déjeuner au café
L’amitié entre Alexander Hamilton et Cutler Beckett remonte bien à la nuit des temps. Cela fait trois ans en réalité. Depuis leurs premiers pas sur cette île. C’est une amitié en demi-teinte, ponctuée de désaccords idéologiques et de débats de fond sans grande approbation de l’un ou l’autre. Cutler Beckett n’a jamais rallié la cause d’Hamilton. Il l’a bien souvent critiquée, sans s’abandonner comme son ami à une rhétorique interminable, déroulée point par point. Le nombre incalculable desdits points le fatigue encore. Hamilton est un ami ennuyant pour Cutler Beckett. Nerveux, agité, extravagant, idéaliste, pacifiste – un beau-parleur, en somme. Alors que Cutler est un homme beaucoup plus mesuré, patient, extrêmement rigide, froid, condescendant, sans grande empathie, qui a tendance à intérioriser ses émotions et ses sentiments. Ils n’ont définitivement rien en commun. Cutler Beckett ressemble à s’y méprendre à Wilhuff Tarkin. Wilhuff Tarkin, qui est son plus proche ami depuis trois ans, tout comme Alexander Hamilton. Là est la contradiction de Cutler Beckett dans ce nouveau monde. Pourquoi s’attacher les faveurs de deux hommes si différents, que tout oppose ? Pourquoi demeurer proche d’un homme comme Hamilton, qu’il considère ni plus ni moins que comme un clown, alors que son opposé, Wilhuff Tarkin, semble recueillir toute son appréciation ? Wilhuff Tarkin et Cutler Beckett entretiennent une amitié bien plus convenable.
L’enseignant joue un sinistre double-jeu depuis trois ans avec l’un comme avec l’autre. Du moins, c’est ce qu’il va faire croire à Hamilton pour apaiser ses nerfs en feu et son tempérament colérique. En vérité, tout est le fruit d’un jeu entre Tarkin et Beckett. Son amitié avec Hamilton qu’il a si soigneusement entretenue depuis de très longs mois. C’est par intérêt qu’il a fait ça. Beckett et Tarkin ont estimé qu’il est plus judicieux pour le succès de leurs affaires d’avoir un pied dans l’un et dans l’autre camp. Beckett est un espion déguisé depuis toutes ces années. Il prétend être autant pacifiste qu’Hamilton pour s’en faire un très bon ami, afin de pouvoir le manipuler par la suite et le tenir à distance des projets politiques de Tarkin. Il est inévitable qu’un jour ou l’autre, Beckett doive prendre le risque d’exposer sa couverture en prenant une place majeure dans le parti politique de Tarkin, en lieu et place de celui d’Hamilton. Tout est déjà prévu et calculé – Tarkin et Beckett en ont parlé quelques temps plus tôt. Longuement, même. Beckett sait que ce ne sera pas une partie de plaisir, et qu’il devra se montrer des plus convaincants ce jour-là pour asseoir davantage son autorité et la relation de confiance qu’ils ont su tisser avec Hamilton.
Hamilton doit rester sous contrôle. Car ce matin, lorsque le politicien idéaliste débarque à la table du café devant laquelle Beckett s’est attablé calmement, il y a une bonne quinzaine de minutes, c’est une vraie furie qui lui tombe dessus. « Je peux savoir à quoi tu joues, exactement ? » vocifère son ami, incapable de masquer la force de la trahison qu’il pense – à juste titre – être l’objet. Beckett prétendra le contraire, bien entendu. Il essaiera de garder son ami dans son cercle, pour mieux déplacer ses prochains pions sur l’immense échiquier politique que lui et Tarkin ont pensé sur cette île. « Bonjour à toi aussi, Alexander. » répond l’ancien Lord, avec l’ombre d’un rictus au coin de la bouche, alors qu’il dépose un nuage de lait dans le fond de son thé ambré. Un excellent thé noir à la bergamote qu’il savoure d’une gorgée brûlante quelques secondes, avant de reposer la petite tasse en porcelaine aux motifs floraux sur la soucoupe assortie. Beckett lève ensuite ses beaux yeux bleu acier dans les siens en voulant se confronter à l’ampleur de sa fureur, mais surtout jauger ce qu’il pense savoir déjà. « J’ignore encore ce dont il est question, mais je présume que nous pouvons en parler dans le calme. » Il ment, il sait. L’organigramme du parti politique de Wilhuff Tarkin a été publié ce matin. Cela ne peut être que la seule raison de cette fureur explosive. Cutler s’exprime d’une voix parfaitement calme, dans un accent londonien parfait, légèrement snob. Il articule chacune de ses syllabes, apparemment indifférent à l’état de détresse de son interlocuteur. Il sait, au fond de lui, il sait. Il sait pourquoi cette scène. Il comprend la colère d’Alexander Hamilton mieux que personne. Le goût de la trahison est… toujours amer en bouche. Mais ce ne doit pas rester une trahison dans l’esprit d’Hamilton. Surtout pas. Beckett doit transformer cette désillusion cuisante en une opportunité inestimable pour Alexander Hamilton.
Hamilton est énervé. Fou de rage. Il n’essaie même pas de le cacher. Les traits de son visage élégant son tirés, ses yeux lancent presque des éclairs, lorsqu’il s’installe en lui présentant l’organigramme du parti de Wilhuff Tarkin. Beckett l’observe silencieusement, dans un premier temps. Il jauge alors le fameux papier de long en large, et trouve assez facilement son prénom accolé de son nom de famille sur un coin de la page. Hamilton l’a souligné d’un coup de stylo qu’il suppose rageur, au vu des légers tremblements sur la ligne colorée. « Ah, oui. » souffle-t-il en gigotant doucement les épaules, oscillant entre l’indifférence et le malaise. Ah, oui. Voilà tout ce qu’il trouve à dire pour sa défense. Du moins pour l’instant. Beckett marque une pause, en pesant le pour et le contre, avant de justifier ses actes. Il se doute bien qu’une telle absence de réponse risque de mettre encore plus son interlocuteur dans un état de colère monstrueux. Beckett entrouvre ses lèvres minces, dépourvues du moindre sourire, mais Hamilton est le plus rapide. Il enchaîne, comme à son habitude, les accusations que Beckett encaisse sans sourciller. Il est habitué au lyrisme poignant de son ami, pourquoi est-ce que cela le surprend ? « J’en conviens que ce n’est pas délicat de me part de ne pas t’en avoir fait part avant la publication, mais connaissant tes aprioris concernant Tarkin, j’ai préféré attendre de t’expliquer de vive voix mes raisons. Ça s’est décidé il y a deux semaines, je n’étais pas disponible. » ment-il sans honte. Putain de menteur.
Beckett se met à mentir comme un arracheur de dents. Il est prévu depuis des mois, au moins un an et demi, que Beckett rejoigne le parti de Tarkin sur le tard, une fois avoir gagné la confiance et l’amitié d’Hamilton. Beckett ne s’est pas précipité en croyant ne pas pouvoir s’en sortir indemne et préserver ses liens de confiance avec Hamilton après un premier coup de canif dans le contrat. « Je t’assure que je ne comptais pas te laisser dans l’ignorance. J’allais t’en parler aujourd’hui, avant que tu ne me donnes rendez-vous dans ce café. Tu as simplement anticipé mes intentions. » Il soupire et présente d’un geste gracieux de la main la chaise qui se trouve devant lui. « Je t’en prie, assieds-toi et discutons-en avant d’en arriver à de fâcheux malentendus. Nous sommes amis, notre amitié ne mérite qu’on lui fasse l’affront de ne pas parler de nos désaccords avec respect. » Dans le calme, surtout, se retient-il de préciser, mais le regard faussement déçu qu’il lui adresse exprime suffisamment son intention de ne pas en venir aux cris ou aux mains avec Alexander Hamilton.
« Je travaille pour lui depuis aujourd’hui, certes, mais ce n’est pas par gaieté de cœur, Alexander. Je ne le fais pas pour lui. Je ne porte pas Wilhuff Tarkin en très haute estime. Je ne l’aime pas, et tu le sais très bien. On parle suffisamment de Tarkin, à cette table, pour que tu sois déjà conscient de mon avis sur l’homme qu’il est. Je ne parle pas du politique, je parle bien de l’homme sous le costume. Tu es encore loin, très loin, de le connaître aussi bien que tu le crois… » Beckett prend un ton grave, presque menaçant. « Il est encore pire qu’en politique. » Ce n’est pas un mensonge, cette fois. « Je le sais, parce que j’ai pu le côtoyer personnellement, nous évoluons dans les mêmes cercles mondains. Je ne le fréquente que pour mes affaires, mais nous ne sommes pas… des amis. Cela n’a rien avoir avec notre relation, Alexander. Lui et moi ne sommes que des connaissances, qui parfois, trouvent matière à travailler en affaires. Il se sert de moi et je me sers de lui pour rester dans ces mêmes cercles. Je dirige une école de commerce, Alexander, et il possède le plus gros carnet d’adresses de toute l’île. » Beckett soupire une fois encore, contrarié. « Je le fais pour deux raisons. La première… est compliquée à te confesser. Je sais que pour toi, ce sera un motif matérialiste. Je jouis de ses privilèges, en quelque sorte, en acceptant de travailler pour lui. Je ne voulais pas t’en parler, par honte, aussi pour cette raison. Je n’adhère ni à ses idéaux, ni aux tiens, les miens sont plus… éloignés. La politique de cette île m’indiffère totalement. Je ne le fais que pour mes affaires, qui s’avèrent… plutôt bancales, ces temps-ci. J’ai commis certaines… imprudences. » souffle-t-il, froidement. Cutler ment, mais afin d’apporter du crédit à ses histoires, il lui faut montrer un certain recul au regard de ses propres frustrations, et ne pas donner l’air de se réjouir de cette « opportunité » en politique. Cutler n’a nullement besoin de se refaire, ses affaires se déroulent pour le mieux. Il gère assez son patrimoine ou ses actions en bourse, mais apporter cet élément dans sa défense est pour lui une corde supplémentaire à son arc.
Beckett laisse difficilement sa tasse de thé en place, l’envie d’en prendre une gorgée le tente fortement. Il se force, car il ne doit pas donner l’impression à Hamilton de se montrer fuyant ou embarrassé par autre chose que d’être dans le besoin de flirter avec l’ennemi sans avoir d’intentions de lui nuire. Il ne doit pas trahir ses véritables convictions. Il doit rester exclusivement concentré sur la souffrance de son proche ami, pour lui donner un semblant de transparence et d’honnêteté fabriquée. Beckett inspire alors une profonde bouffée d’air, en faisant mine d’avoir quelque chose de difficile à dire à son ami, avant de reprendre avec conviction : « L’autre raison… te concerne, à vrai dire. C’est pour toi, que je le fais. Pour ces nobles et beaux idéaux dont tu m’abreuves depuis trois ans. » Quelle mascarade. Cutler se montre toutefois très sérieux dans ses confessions. En lui disant cela, il ancre ses deux orbes glacés dans les siens en même temps pour capturer toute émotion qui puisse l’aider à le persuader. « Il me parle de toi, mais je prétends ne pas avoir plus que cela de lien d’affection avec toi. Il pense pouvoir t’atteindre, mais je pense qu’au contraire, nous pouvons faire l’inverse et freiner l’évolution de sa politique répressive, comme tu le désires tant. » Vu de cette manière-là, c’est une fantastique opportunité de pénétrer la machine politique de Wilhuff Tarkin de l’intérieur.
❝ Of course. It's just good business. (Cutler Beckett) ❞
@tiababylo
Alexander Hamilton
▿ Ton univers : Hamilton: An American Musical
▿ Date de naissance : 11/01/1980
▿ Age : 44
▿ Métier : Ecrivain, chercheur en sciences politiques, polémiste, travaille pour un maire qu'il n'a jamais vu...
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : I don't pretend to know the challenges we're facing. But I'm not afraid. Just let me stay here by your side. That would be enough.
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Mer 5 Oct 2022 - 19:55
If you stand for nothing what do you fall for
feat. Beckett
Alexander s’épargne toute politesse, et ne compte pas s’excuser d’avoir négligé les formules d’usage au profit d’une diatribe immédiate. Alexander est en colère et il entend le montrer, sans hypocrisie ni ronds de jambe, il laisse ça aux hommes tels que Tarkin, qui l’ont toujours insupporté justement de par leur manifeste hypocrisie, que beaucoup leur pardonnaient sous le prétexte que le charisme suffit à excuser l’indigence. Non, Cutler Beckett ne mérite pas ses salutations, sur ce point, le politicien persiste et signe, et ni lui ni personne ne saurait l’exhorter au calme. Quand certains prônent le calme et la placidité pour tout débat d’idées, Alexander, lui, a toujours trouvé cela ridicules. Il faut savoir exprimer ses positions, si ce n’est avec véhémence, du moins avec conviction. A ses yeux, c’est la moindre des choses. Alors oui, ils n’en parleront pas dans le calme. Sa rage ne se laissera pas apaiser si facilement. Il ne supporte pas la trahison, au-delà de toute chose, ça lui reste en travers de la gorge. D’aucuns affirmeront que la trahison est inévitable, en politique, et que lui-même a sans doute trahi, aussi, par le passé. A ceci, il affirmera que non… certains de ses détracteurs rétorqueraient que oui, Aaron Burr en tête qui, au moment de le voir prendre le parti de son plus vieil ennemi Jefferson en sa défaveur s’en était trouvé si indigné qu’il l’avait provoqué en duel (un duel fatal pour lui)… mais pour Alexander, qui s’estime toujours droit dans ses bottes, rien de tel. Il avait trahi en amour, jamais en politique (on voit où se situent ses priorités), et c’est donc digne et convaincu d’être inattaquable qu’il s’attaque à Beckett, à peine décidé à lui laisser la parole, et encore moins le bénéfice du doute. Il est impensable à ses yeux que Beckett ne soit en mesure de lui soumettre le moindre argument qui vaille à ses yeux la peine d’être entendu. Mais Alexander ne devrait pas présumer des talents de persuasion de son ami. S’il est un bon orateur, il se pourrait tout à fait que Cutler en soit un autre, et qui ne lui avait pas encore dévoilé toute l’ampleur de ses talents.
Ce « Ah oui » avec lequel Cutler accueille le papier que le politicien lui pose sous le nez a définitivement le don de l’agacer encore plus. Ah oui. Comme si ce n’était rien. Ah oui. Comme si c’était un détail. Sauf que pour Hamilton, ce n’en est pas un, et quand bien même c’en serait un, il est de ceux qui estiment que chaque détail compte, plus perfectionniste que ne le laisseraient présumer ses atours frondeurs, qui en cet instant lui donnent probablement des airs de pit-bulls tout prêts à attaquer, en quête de chair dans laquelle enfoncer ses crocs. Non, ce n’est pas délicat de sa part de ne pas lui en avoir parler, et c’est surtout indécent que de figurer sur cet organigramme au même titre qu’une succession de noms qui lui inspirent tous l’indignation la plus totale – enfin, il ne connaît pas tous les noms sur ce fichu papelard, mais il en reconnaît bien assez, et surtout il reconnaît le principal. Quiconque choisit de s’associer à Wilhuff Tarkin ne peut être que son ennemi, c’est ainsi.
« Le terme "apriori" n’est pas approprié quand il est question de Tarkin. Avoir des aprioris signifierait que j’aurais présumé de ses choix et de ses convictions politiques avec une légèreté qu’il serait une insulte de me prêter. Enfin, tu ne serais probablement pas à une insulte près, cela dit. » Il doit le laisser finir, mais il n’y peut rien, il prend la parole dès qu’il a l’occasion de le faire, pour ne surtout pas oublier tout ce qui lui vient à l’esprit au moment d’entendre son « ami » se défendre. « Quelles que soient tes raisons, elles ne sauraient me convaincre. Deux semaines, c’est indécemment longue dans un monde où les courriers s’échangent en quelques secondes seulement. »
Le fait qu’il ne lui ai rien dit fait partie du problème, bien sûr, mais ce n’est pas le seul problème. Bien sûr, il n’apprécie pas ce mensonge par omission, mais ce n’est de loin pas ce qui le met le plus en rogne. Il est agacé par la forme, mais il est surtout révulsé par le fond. Il le laisse tout de même poursuivre sa tirade alors qu’il lui assure ne pas travailler pour lui de gaieté de cœur. Oui, aux dernière nouvelles, Cutler n’aime pas Tarkin, mais dans ce cas, à quoi rime tout ceci. Non seulement il se compromet en s’affichant à ses côtés, mais il compromet une amitié à laquelle Alexander commence à regretter d’avoir donné tant d’importance. Oui, ils en avaient suffisamment parlé… Et c’est pour ça qu’il ne comprend pas. Il avance deux raisons à son choix : l’une serait de ne pas renoncer à ses privilèges, et à ce sujet, Alexander ne peut s’empêcher de réagir immédiatement.
« Aucune déconvenue financière au monde, aucun souci d’ordre matériel ne vaut le sacrifice de ses idéologies, Cutler, je préfère encore mourir affamé et désargenté, quelque part au fin fond d’un caniveau que d’accepter de cautionner des idées qui sont à mille lieues des miennes. »
Et assez durement, il juge avec sévérité ceux qui ne raisonnent pas comme lui. Car oui, ce qu’il dit, croyez-le ou non, il le pense véritablement. Il le pense sincèrement, sans aucune forme de demi-mesure – la demi-mesure, ce n’est clairement pas sa tasse de thé (de toute manière, il a toujours préféré le café). La seconde raison invoquée par Beckett l’interpelle en revanche davantage.
« Tu aurais décidé d’infiltrer son parti à mon profit sans m’en informer au préalable ? » répond Alexander, sceptique. « Puisque tu sembles si prompt à retourner ta veste pour quelques sous supplémentaires, je te vois soudainement mal te compromettre même au nom de notre amitié », reprend-il, amer. « Je n’aime pas agir en traître, je n’ai pas besoin d’abuser de méthodes déloyales pour réussir. »
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déjeuner au café
Alexander est fou de rage. Il y a de quoi l’être. Cutler Beckett ne lui en tient pas rigueur. Ce serait un comble, à vrai dire. Il comprend parfaitement les sentiments colériques, méprisants et plein de regrets qu’éprouve à cet instant précis son « vieil ami » sur cette maudite île. Cutler arbore autant que possible une expression faciale décontractée, loin d’être dans un état de nervosité quelconque. Il n’est pas angoissé par ce qu’il se passe entre eux. Il n'accorde pas vraiment d’importance aux sentiments d’Alexander Hamilton. Alexander Hamilton est un moyen d’arriver à ses fins, et notamment d’aider Wilhuff Tarkin à parvenir aux siennes. Il ne s’offusque pas de ses reproches interminables, de ses sous-entendus, de ce qui ressemble à s’y méprendre à des insultes et à des jugements de valeur. Cutler s’y est préparé, à vrai dire. Ce moment est écrit depuis leur première rencontre, et voilà, qu’enfin, ils y sont. Pour être parfaitement honnête avec lui-même, Beckett a bien cru avoir cette conversation houleuse il y a un an déjà, au moment de la propagation de rumeurs sur une prétendue association entre lui et Tarkin dans le monde des affaires. Cela est sûrement passé à la trappe. Alexander n’a pas fait d’esclandre à cette époque-là. Il ne l’a finalement pas su, ou bien cela ne l’a pas inquiété outre mesure. Wilhuff Tarkin ne représente une véritable menace qu’aujourd’hui. Cutler étant bien ancré dans le monde des affaires, ses associations et ses projets financiers peuvent être facilement justifiables. Wilhuff Tarkin est dieu dans cette ville. Le monde des affaires, de la politique, et de beaucoup d’autres lui sourient.
Cutler déguste calmement sa tasse de thé, alors qu’Alexander le noie sous un flot de reproches. Intérieurement, cela l’amuse quelque peu. Enfin, ce fut le cas au début. Disons, les dix premières minutes. Maintenant, il y a quelque chose d’agaçant dans le comportement de son interlocuteur. Il lève intérieurement les yeux au ciel, tout en tapotant délicatement le dos de sa petite cuillère en argent contre l’un des bords de sa tasse en porcelaine. Il prend une nouvelle gorgée, qu’il juge même un peu trop sucrée. Cutler grimace. Pas pour les paroles de son « ami » mais pour avoir eu la main apparemment trop lourde sur les carrés de sucre de canne, tout en se laissant distraire par les tirades véhémentes de ce dernier. Beckett joue son rôle à merveille, un rôle de composition spécialement fait pour lui. Il offre à l’œil énervé et brillant d’Alexander Hamilton une expression faciale proche de la détresse émotionnelle, de la déception et de la culpabilité. Ses sourcils se froncent, sous l’impact brutal des mots du fougueux politicien. Une moue se forme sur sa bouche. Mi-boudeuse, mi-désillusionnée. Cutler a sincèrement l’air perdu, électrifié par les conséquences d’actes dont il n’a jamais soupçonné leur importance. Il soupire à la fin de ce qui semble être la conclusion de l’argumentaire d’Alexander. Un soupir déprimé, si triste, si faussé. Cutler ferme les yeux quelques secondes, tout en relâchant sa cuillère et sa tasse. Quelques rides viennent se nicher sur le léger espace entre ses deux yeux bleus. De la contrariété. Beckett marque un long silence, donnant l’impression de réfléchir sur ses prochaines paroles. Il donne l’impression d’être un honnête homme, blessé par l’agression verbale qu’il vient de subir « à tort », brisé que son plus proche ami ne comprenne pas les impérieuses raisons qui l’ont poussé à faire ce qu’il a fait.
« Je ne me compromets pas, Alexander. » souffle Beckett, sur un ton parfaitement maîtrisé. Ses yeux se voilent d’une lueur éteinte. Vide, inexpressive. Blessée. Beckett mime la pauvre biche égarée, meurtrie par un terrible chasseur. Ce chasseur est Wilhuff Tarkin. « Le parti, c’est pour toi que je l’ai accepté. » Il prend soin de détacher chaque mot, chaque syllabe, en voulant leur apporter un véritable impact. Il se montre sincère. Il fait tout pour l’être, même s’il n’en est rien. Cutler Beckett affirme s’être engagé auprès de Wilhuff Tarkin dans ce seul but. « Que Tarkin fasse partie de mon entourage professionnel… Je l’admets, c’est dans l’intérêt de mes affaires financières, rien de plus. » précise-t-il en terminant sa tasse de thé, tiédie, avant de s’en resservir une seconde. « Alexander. » Beckett marque un blanc. On ressent une pointe de fermeté dans l’intonation de sa voix. « Je n’étais pas obligé de prendre un poste chez lui pour autant. Est-ce si inconcevable de combiner deux raisons parfaitement dignes ? J’aurais pu continuer à traiter simplement de mes affaires en sa compagnie, sans m’investir dans sa campagne politique. J’aurais pu rester à distance et vous regarder vous entretuer… » Il soupire, en feignant d’être profondément vexé par le manque de confiance de son « ami ». « Je suis allé plus loin, pour contribuer à ta quête, Alexander. Je t’entends depuis des années te plaindre de sa monstruosité, sans avoir réellement… pris conscience de l’importance que tu attaches à ma prise de position. J’admets avoir été bien trop laxiste, positionné sur mes intérêts financiers le concernant et amicaux te concernant. J’ai honteusement souhaité jouir des deux, de cette position confortable particulièrement, sans avoir vraiment à me mouiller. » Il met tant d’honnêteté et de douceur dans le timbre de sa voix que s’en est touchant. Beckett dispose l’une de ses mains à plat contre la nappe, et plonge ensuite toute l’intensité de ses orbes océaniques dans ceux de son interlocuteur et « ami ».
Après quelques secondes de pause, il renchérit, fort de ses convictions : « Si je ne te l’ai pas dit, c’est principalement pour cette raison. Je te connais. Tu aurais considéré ma démarche comme déloyale, alors qu’elle t’est nécessaire, Alexander. Tarkin ne joue pas de manière loyale. J’ai jugé, qu’il valait mieux te tenir à l’écart pour le moment, tant que les choses n’étaient pas confirmées. » Sa voix est basse, très basse, pour éviter que quiconque puisse entendre leur conversation. « Je veux t’aider. Laisse-moi t’aider, Alexander. Tu ne peux espérer le vaincre en ne jouant pas aux mêmes règles que lui. Ce n’est que pure folie… » insiste-t-il avec audace, sur un ton presque suppliant, sans jamais rompre le contact visuel entre eux pour qu’Alexander ne puisse jamais douter de sa sincérité ou de son implication dans ses projets politiques particulièrement utopiques.
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Alexander Hamilton
▿ Ton univers : Hamilton: An American Musical
▿ Date de naissance : 11/01/1980
▿ Age : 44
▿ Métier : Ecrivain, chercheur en sciences politiques, polémiste, travaille pour un maire qu'il n'a jamais vu...
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur : I don't pretend to know the challenges we're facing. But I'm not afraid. Just let me stay here by your side. That would be enough.
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Mer 7 Déc 2022 - 19:15
If you stand for nothing what do you fall for
feat. Beckett
Il n’y a rien de plus désagréable que de voir opposer à sa verve et à sa rage un calme olympien. Cutler Beckett sirote tranquillement son thé pendant que le politicien l’accable de reproches, et ce comportement lui donne plus envie encore de s’emporter. C’est son tort et il le sait. Il devrait moins parler, sourire plus, il devrait savoir faire preuve de ce calme et de cette pondération que tous – y compris lui – admiraient chez Washington. Il devrait être capable de mener un débat et de faire asseoir ses positions sans s’enflammer à la moindre attaque, à la moindre divergence d’opinion, mais le fait est que cela serait aller à l’encontre de sa nature. Alexander est nerveux, agressif, bavard, Alexander a besoin d’avoir le dernier mot en toute circonstance. Et plus encore dans de telles circonstances, où il estime définitivement que sa colère est on ne peut plus légitime, et mérite d’être entendue. Il voudrait, en réponse, que Beckett s’emporte lui aussi, qu’il lui oppose des arguments plus ou moins valides (moins que plus, c’était décidé d’avance pour lui), qu’il lui montre en retour un semblant de colère, quelque chose qui lui donnerait le sentiment qu’il se sent au moins un peu piqué par ses réflexions… Mais voilà, tout ce qu’il récolte, c’est un léger soupir au moment de mettre un terme à sa litanie. Au moins son visage semble-t-il exprimer un semblant d’affliction, mais Alexander n’est pas sûr de savoir s’en contenter.
C’est avec bien plus de calme et de pondération que lui (ce qui en soi n’est pas vraiment difficile) qu’il finit par lui répondre. Pour commencer, il lui assure ne pas se compromettre… Alexander réprime un long monologue qui lui démontrerait par A plus B que si, bien sûr, il se compromet, mais Beckett n’a pas fini, et Alexander accepte tout de même de le laisser poursuivre, même s’il devine d’avance qu’il devra prendre sur lui pour ne pas attaquer d’instinct le moindre de ses arguments. Alexander fronce les sourcils, peu convaincu, lorsque son interlocuteur lui affirme qu’il a voulu agir dans son intérêt. Il doute fort de pouvoir le croire. D’une part, il voit difficilement en quoi le fait de le voir passer à l’ennemi lui serait du moindre secours, d’autre part, si vraiment il avait agi pour lui, pourquoi ne pas l’avoir prévenu en amont ? A ses yeux, la réponse à ces questions est simplissime… Il a agi dans son propre intérêt, et certainement pas dans celui des idées défendues par Alexander. Là encore, les questionnements et les réflexions acerbes ne manquent pas de l’effleurer, mais il se tait malgré tout, et il accepte de laisser son interlocuteur poursuivre encore.
Alexander hoche gravement la tête quand Cutler admet, de lui-même, qu’il aurait tout à fait pu continuer de traiter avec Wilhuff Tarkin sans en arriver à cette extrémité… Honnêtement, Alexander estime plutôt que Beckett devrait l’envoyer promener par acquis de conscience politique, mais il n’a aucune intention de l’attaquer sur ce sujet, ce n’est pas ce qui nourrit sa colère en cet instant. Oui, il aurait pu continuer de faire affaire avec Tarkin sans que cela n’empiète sur un terrain autrement plus politique, et pourtant, il l’a fait. Pour quelles raisons, si ce n’est par pure conviction, ça et rien d’autre ? Mais voilà, Beckett développe, et son propos aurait presque le mérite de le rassurer… presque, car Alexander reste sur ses gardes malgré tout… Il sait combien les discours et les promesses peuvent être menteurs. Lui-même ne ment que très rarement, il pèche bien plus souvent par sa trop grande honnêteté que l’inverse, mais il sait qu’il est une exception qui aurait tendance à confirmer la règle plus qu’autre chose.
« Si tu pensais véritablement agir dans mon intérêt, tu aurais dû m’en informer au préalable », réplique Alexander, bras croisés, toujours sur ses règles. « Je ne triche pas, Cutler, je ne triche jamais, même quand le jeu est compliqué. Si vraiment ton but était de t’infiltrer chez l’ennemi et non de pactiser avec lui – permets-moi d’en douter encore, alors ta démarche a plus de chances de nous desservir que de nous aider. » Le regard qu’il pose sur lui est glacial. « Si le mensonge, la triche et la compromission sont ton violon d’Ingres, alors tu as frappé à la bonne porte en quémandant l’attention de Wilhuff Tarkin. » Il laisse passer un temps de pause. « Qu’est-ce que tu comptais obtenir, tu peux me le dire ? Détruire son organisation de l’intérieur ? Nous n’avons pas besoin de ce genre de manœuvres. Nous valons mieux que ça. Je vaux mieux que ça. »