Your fate is sealed when your prophecy is read

feat. Elvis

Enfin un véhicule daigne s’arrêter. Bruno commençait à sérieusement songer à rentrer à pied, quand bien même son appartement se trouve de l’autre côté de la ville (et encore, ça c’est si la ville n’a pas décidé de faire des siennes). Deux taxis l’avaient auparavant snobé, peut-être du fait de sa dégaine étrange ou de sa gestuelle décalée qui avaient fait redouter à leurs chauffeurs d’embarquer un malade côté passager. Ah oui, et le fait qu’il tenait encore Dorea, le rat tout juste récupéré dans l’appartement qu’il vient pile de « dératiser », au creux de sa main n’avait rien dû arranger. Cette fois, au moins, il avait glissé Dorea au creux de sa poche et l’avait exhorté au calme (heureusement que les rats avaient repris l’habitude de se montrer conciliants avec lui, ça arrange quand même sacrément les choses). Résultat des courses, le taxi s’était arrêté. Le chauffeur le regarde légèrement de travers au moment de lui demander où il veut se rendre.

« Raccoon Square ? » répond-il sur le ton de l’interrogation, comme s’il n’était pas sûr lui-même de sa destination.

Le chauffeur de taxi arque un sourcil mais lui propose de s’installer à l’arrière du véhicule. Apparemment, c’est sur sa route. C’est au moment d’ouvrir la porte arrière que Bruno réalise qu’il y a déjà quelqu’un installé à l’arrière du taxi. La main sur la portière, il demeure un instant immobile, à fixer cet homme étrange comme s’il était ni plus ni moins qu’un revenant. Parce que c’est un peu ce qu’il est à ses yeux, au fond. Ce visage, il l’a déjà vu. Il en est certain, il le sait parce que cette vision horrible, il l’a contemplée plusieurs fois pour être certain de ne pas s’être trompé… Pour être sûr de ce qu’il voyait. Certaines de ses visions sont sujettes à interprétation. En fait, elles le sont toutes. C’est ce qui lui a d’ailleurs valu sa sinistre réputation du temps de l’Encanto, mais l’équivoque, concernant cette vision-ci, n’était pas vraiment possible. Il a vu Dolores pleurer son corps inerte, il a vu sa nièce porter le deuil de cet homme dont il ignore jusqu’au nom. Et voilà qu’il le croise soudainement. Comme par hasard. Mais il ne peut exister de vrai hasard quand on a la preuve formelle de l’existence du destin. Et cette preuve, Bruno la porte en lui depuis que son don lui est revenu.

« C’est pour aujourd’hui ou pour demain ? »

Le chauffeur de taxi s’impatiente. Bruno s’empresse alors d’entrer dans le véhicule qui n’attend pas plus longtemps pour démarrer. Bruno continue de dévisager l’homme de sa vision tout en cherchant sa ceinture à tâtons. Dorea pousse un léger couinement dans sa poche alors que la ceinture manque l’étrangler.

« Désolé », fait Bruno, embarrassé, en passant une main nerveuse dans ses cheveux. « Je crois qu’on se connaît », tente-t-il de la manière la plus hasardeuse qui puisse être. « Vous êtes un ami de ma nièce, non ? Dolores Madrigal ? »

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feat. Bruno

Elvis vient de finir le tour du bâtiment qui servira pour avoir son pied à terre pour sa production. Il lui fallait un bâtiment passe partout, avec diverses qualités, comme une salle de spectacle, un studio et des salles acoustiques pour certaines répétitions. Le bâtiment qu'il trouve a des travaux à faire mais il est plutôt content. Il se laisse le temps de réfléchir avant de signer quoi que soit. Il sait qu'on ne lui refusera rien mais Presley souhaite faire tout ca dans les règles de l'art, comme il souhaite tout gérer par lui même et ne pas se jeter tête baissée comme il l'avait fait par le passé.

Il avait gagné en maturité sur certains points et il le faisait aussi pour sa mère. Il espérait qu'elle puisse être fière de lui aujourd'hui. La tête sur les épaules, malgré des rêves pleins la tête. Il ne voulait pas faire les mêmes erreurs. Il se demandait même s'il n'aurait pas besoin d'un avocat et d'un service juridique personnel au cas où... Car ca ne faisait pas de mal à personne. Et mieux vaut être trop prudent. Certains lui diront qu'il est parano, mais Elvis ne grossissait pas la chose. Et il avait ce besoin de contrôle, lui qui avait tellement fait confiance à tord à des personnes qui ne méritaient même pas son attention.

Ce soir là, il grimpe dans un taxi pour qu'il le ramène à sa résidence. Le regard observant les rues défiler. Il voit un homme lever une main pour demander d'arrêter le taxi. Il regarde le chauffeur dans le rétro et lui dit:

" Vous pouvez vous arrêter, il y a de la place pour deux après tout. "

Lunettes sur le nez, il se tasse dans le coin, mais ici, bien qu'on peut le reconnaitre, bien souvent, il reste anonyme. Il verra bien. Et ca n'est pas ce pauvre homme qui va lui faire peur. Et ca l'aidait clairement à arrêter d'avoir peur de son ombre. Le type parle avec le chauffeur. Mais au moment d'ouvrir la porte, Elvis retire ses lunettes fumées et croise le regard de l'homme. Il se fige.

Presley pense fortement qu'il l'a reconnu. Après ca n'était pas un mal, il était conciliant avec ses fans et il appréciait qu'on le reconnaisse. Sans eux, il ne serait pas ce qu'il est. L'homme fini par grimper. Il a une drôle d'allure, Elvis se redresse et lui sourit rapidement.

" Bonsoir. "

Quand il lui dit qu'il croit le connaitre. Elvis rit doucement.

" On me le dit souvent. "

Puis l'homme commence à reprendre la parole et lui demande s'il connait sa nièce. Une certaine Dolores Madrigal. Elvis amusé se tourne et l'observe. Il croit voir quelque chose gesticuler dans sa poche, il grimace.

" Heu... Non pas du tout... " Donc il pense qu'il connait sa nièce. Il ne le reconnait pas en tant que tel ? " Je ne sais pas qui est votre nièce... A moins que ca soit une fan ? " Dit-il en riant légèrement. Non sans être moqueur mais simplement amusé.

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feat. Elvis

Bruno fronce les sourcils, dans l’incompréhension totale quand son interlocuteur lui répond qu’on le lui dit souvent… quoi ? Qu’on a l’impression de le connaître ? Sans doute, mais Bruno trouve que c’est une drôle de chose à dire à exclusivement une personne. Surtout qu’il est loin d’avoir un style ou un visage si banal que cela, c’est d’ailleurs en partie pour cette raison qu’il aura su garder en mémoire les traits de son visage quand bien même, durant sa vision, son attention était davantage focalisée sur la douleur profonde et manifeste de Dolores, qui pleurait son corps sans vie. Ou bien… ? Ah ! c’était peut-être une blague. Bruno estime qu’il ne manque pas d’humour, mais ses rats ont été son seul public pendant longtemps, si bien que non seulement son humour laisse la plupart des gens indifférents, mais lui-même a souvent du mal à savoir sur quel pied danser avec celui des autres. Dans le doute, malgré tout, Bruno adresse à son interlocuteur un léger rire nerveux en espérant que ça passe. Non, définitivement, il n’a pas la moindre idée d’à qui il a affaire, et il est de toute manière trop accaparé par les circonstances dans lesquelles il a vu son visage pour la première fois pour s’intéresser davantage à ces considérations ou pour songer à comprendre le sens d’une blague qui n’en est définitivement pas une.

Il ne connaît pas Dolores. Bon. Bruno fronce les sourcils. Est-ce que ça veut dire qu’il arrive trop tôt ? Non, il ne devrait pas arriver tout court. Il sait très bien ce qui se passe à chaque fois qu’il révèle une de ses visions à autrui, et là, c’est en plus un parfait inconnu. Il ne connaît pas Dolores, ça veut dire qu’il ne la connaît pas du tout. Est-ce qu’il doit le mettre en garde ? S’arranger pour qu’il ne la rencontre surtout pas… Il sait que dans tous les cas, c’est impossible. S’ils sont tous les deux dans sa vision, c’est qu’ils sont destinés à se rencontrer, c’est… inévitable ? En tout cas, jusqu’alors, aucune de ses visions n’a jamais pu être déjouée.

« Une fan… Une fan de quoi ? » reprend Bruno en répondant au rire d’Elvis par un autre rire alors qu’Elvis suggère que sa nièce pourrait en être une.

Bruno se sent de plus en plus nerveux. Dans n’importe quel scénario qui suggère que l’on se retrouverait enfermé dans un taxi avec un cinglé notoire, Bruno tiendrait le rôle du cinglé notoire, mais en l’occurrence, c’est bien Bruno qui s’interroge sur la santé mentale de ce type. Un comble. Pour trouver un peu de réconfort, il caresse distraitement le rat logé au creux de sa poche du bout de l’index.

« C’était sûrement une erreur, oubliez ça. »

Non, ce n’est pas une erreur, il ne se trompe pas. Et si ce n’en est pas une, il est de son devoir de lui parler de sa vision, pas vrai ? Mais déjà qu’elles sont si mal perçues par ceux qui le connaissent, comment celui qui ne la connaît pas la prendra-t-il ?

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feat. Bruno

Plus Elvis l'observe, plus il a cette impression que ce type est... bizarre. D'accord, peut être aurait-il dû dire au chauffeur de continuer sa route. Après, du moment qu'il ne vienne pas à en vouloir à sa vie, il pouvait être autant décalé qu'il le voudrait, ca ne le regardait pas. Notre jeune Presley ne peut s'empêcher, par son regard acéré de le détailler du regard, d'observer ses gestes et la façon dont il est habillé. Quand il lui demande de quel fan il parle, il a une exclamation amusée et détourne sa tête.

Clairement, il ne sait pas quoi répondre à celà. Donc il semblait être totalement incognito. Il y avait tellement de surprise dans ce monde. Il restait connu par pas mal de monde mais d'autres personnes semblaient ne pas le reconnaitre. Mais globalement, il avait plus de personnes susceptibles de vouloir un autographe que l'inverse.

" Ce n'est... pas grave... " Dit-il à mi voix, un sourire flottant sur ses lèvres. Elvis se redresse et prend de la distance en se raclant la gorge. Il regarde par la fenêtre et n'ose plus trop le regarder. S'en suit un silence affreusement gênant. Les secondes passent, puis les minutes. Elvis sent qu'un truc cloche, un sixième sens. Ce genre de sens qu'on fini par avoir après avoir longtemps travaillé dans un milieu à risque. Ou alors était-ce sa paranoïa ? Etait-ce à cause du type à côté de lui ?

Puis ses yeux remarquent qu'il fait plus sombre dehors et qu'ils semblent s'éloigner du centre ville. Ca n'est clairement pas la route jusque chez lui... Ou le quartier que le type a annoncé. Il se penche vers la fenêtre pour observer les lieux avant de glisser vers l'avant et s'adresser au chauffeur.

" Sir... " Dit-il avec cette marque de respect qui pouvait lui être propre. " Excusez moi, je pense que vous n'allez pas dans la bonne direction. Racoon Square et Baker Street... C'est dans l'autre sens. " Elvis commence à avoir peur, clairement. Et il essaye de se rester concentré. Ca n'était rien. Il ne fallait pas qu'il soit parano pour rien. Peut être prend-t-il juste un autre chemin ? Le type regarde dans le retro le jeune artiste, sans lui répondre avant de détourner le regard. Il appuie alors sur un bouton qui fait monter une vitre entre eux. Elvis ne doit pas céder à la panique mais, c'était plus fort que lui. Il détache sa ceinture et se penche en avant comme pour retenir la fenêtre. Il se tourne vers l'autre passager, un air totalement paniqué. Est-ce qu'il a été envoyé pour le tuer ? Il voit alors une tête de rat sortir de la poche du type et Elvis se tourne vers la portière pour essayer de l'ouvrir. Tant pis, il sauterait en marche mais hors de question qu'il reste une seconde de plus dans cette voiture. Bien entendu la porte était verrouillée. " Ne m'approchez pas vous ! " Finit-il par lancer. " Vous êtes de ces tarés hein ? Vous voulez ma peau ? Gardez vos bestioles loin de moi... " Et il a été con de ne pas se déplacer armé ou avec un garde du corps. Il voulait juste faire le trajet par lui même et sans contraintes et le voilà pris au piège. Peut être ne devrait-il pas lâcher sa parano de vu au final ?

Il ne sait pas que le pauvre bougre en face de lui est dans le même bateau que lui. Pas pour le moment. Oui, certes quelque chose cloche mais pour l'heure, c'est encore flou. Sa main continue frénétiquement d'essayer d'ouvrir la porte.

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feat. Elvis

Bruno affiche un léger sourire nerveux quand Elvis lui assure que ce n’est pas grave. Qu’est-ce qui n’est pas grave ? Il n’en sait trop rien, ce qu’il sait en revanche, c’est que ce trajet en taxi se déroulera sans doute beaucoup mieux s’il se tait, alors c’est ce qu’il fait, il décide de ne plus parler afin de dissimuler ses propres appréhensions et de ne pas exposer son embarras plus longtemps à son interlocuteur. Son regard se perd à travers la vitre. Il regarde les rues défiler, même après trois ans passés ici, il est loin de connaître la géographie de cet endroit, parce qu’elle change constamment, certes, mais aussi et surtout parce que Bruno préfère jouer les ermites que de visiter la ville. Tout en caressant distraitement son rat, il attend que le temps passe, impatient de s’enfermer chez lui et de retrouver ses amis rongeurs, avec qui il se sentira définitivement plus à l’aise. Une part de lui continue de songer qu’il aurait peut-être tout intérêt à avertir son interlocuteur au sujet de sa vision, pourtant il ne le fait pas… A quoi ça servirait ? Soit il paniquera sans rien pouvoir faire, soit il ne le croira pas… dans tous les cas, ce trajet en taxi aura l’air plus interminable encore qu’il ne semble l’être à l’heure actuelle.

La voix d’Elvis, qui d’un coup remplit l’habitacle du véhicule fait presque sursauter Bruno qui ne s’était pas attendu à l’entendre parler. Apparemment, leur chauffeur s’est trompé de chemin. Aussitôt, Bruno se redresse, immédiatement paniqué… Et quand Elvis affiche sa propre panique, c’est encore pire. Le devin ne comprend tout simplement pas cet élan de défiance soudain, alors qu’il le traite de taré et suggère qu’il pourrait vouloir sa peau.

« Quoi ? Non je… Quoi ? »

Il n’y comprend absolument rien. Conjuguez deux paranoias, coincez-les dans un véhicule en marche, et vous obtenez un mélange détonnant. Bien sûr que Bruno n’a aucune mauvaise intention envers son interlocuteur, mais il devine que ses inquiétudes ont un fondement. Parce qu’il l’a vu.

« C’est fermé », remarque Bruno quand il tente d’ouvrir la portière comme il peut de son propre côté. « Monsieur… ? Monsieur ? » Le Madrigal fait de grands signes à l’adresse du chauffeur dans l’espoir d’attirer son attention, mais ce dernier, concentré sur la route, n’a pas même l’air de constater sa présence. Il a même l’air trop concentré pour être honnête. « Euh… écoutez, je sais pas ce qui se passe, mais j’y suis pour rien, c’est promis. Et puis si ça peut vous rassurer, il peut rien vous arriver de grave dans ce taxi… Vu que… »

Puisque le pire lui arrivera en un autre lieu et dans d’autres circonstances. Mais ça, il peut pas se permettre de le dire, pas vrai. Un rire franchement nerveux s’échappe de ses lèvres.

« Vous pouvez nous laisser sortir, s’il vous plaît ? » tente-t-il une nouvelle fois à l’adresse du chauffeur en sachant très bien que ce dernier ne répondra pourtant pas.

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feat. Bruno

Le type près de lui commence aussi à s'agiter en comprenant qu'ils étaient pris au piège. Elvis reste loin de lui et grimace à l'observant. Est-ce qu'il serait autant victime que lui dans l'histoire ? Après tout, il venait d'être ramassé sur le trottoir. Ca n'était pas pour le rassurer néanmoins. Et ce foutu chauffeur ne répondait pas. Elvis pourrait avoir tendance à le croire. A une époque beaucoup moins. Normalement, ici, il avait réussit à sortir la tête hors de l'eau pour avoir des pensées claires. La situation semblait claire.

Sauf qu'Elvis n'aime pas quand une personne ne termine pas ses phrases et c'est exactement ce qu'il fait. Quand il lui sort qu'il ne craint rien à ce moment précis et que... Que quoi ? Le regard d'Elvis se perd, ce type savait des choses mais quoi ? Il émet un petit grognement de frustration et face à la panique, il attrape Bruno par le col pour le coller dans le coin de la banquette, laissant parler son impulsivité.

" Tu sais quoi ? TU SAIS QUOI ? Vu que quoi ??? " Il plonge son regard clair dans celui du type pour essayer de capter quelque chose. " Tu sais pas qui je suis ? Et pourquoi tu me sors ça ? Y'a des gens qui veulent ma peau alors si tu sais un truc, dis le moi... "

Sous l'impulsivité et la peur, la familiarité et son fort accent du sud ressortait. Le chauffeur les regarde longuement dans le retro sans réagir. Elvis est terrifié en réalité. Il le sait, il le ressent, il a l'impression que de vieux démons veulent revenir à la surface pour le terrasser. Il ne doit pas céder à la panique. Surtout pas. Il dit à mi-voix.

" Je veux juste pas mourir une nouvelle fois. Il faut que je me calme... que je me calme... Le Docteur Bloom m'a parlé des exercices de respiration. " Il relâche le col de Bruno pour se laisser tomber sur la banquette sur le côté et il pose ses deux mains sur le visage. " J'aurai jamais dû reprendre ce que je faisais. J'aurai dû rester dans l'ombre... " Il avait été longtemps en convalescence pour pouvoir être apte aujourd'hui à retourner sur scène, à créer sa propre production et tout le reste et voilà qu'à peine quelques jours plus tard, tout retournait de travers. Il aurait dû sortir armé, mais ne pas le faire, était pour lui un grand pas en avant. Qu'il serait beaucoup plus confiant en l'avenir mais pour le coup... Là, il en aurait bien besoin. Le visage en sueur, le souffle court, il tente de demander au chauffeur quand même d'une voix peu sûre. " Où est-ce qu'on va ? "

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feat. Elvis

Bon, le moins que l’on puisse dire, c’est que Bruno aurait mieux fait de la fermer. Croyez-le ou non, il avait vraiment cru qu’il serait capable de rassurer son interlocuteur en lui sortant des trucs pareils, qui auraient pourtant tout naturellement le don de le faire cogiter – à quoi s’attendre d’autre, franchement ? Alors oui, quand il se laisse attraper par le col, il est absolument tétanisé, et il ne sait même plus quoi répondre. Il veut balbutier quelque chose, mais ça ne ressemble à absolument rien parce qu’il est tout bonnement tétanisé.

« Je sais pas… je sais pas… mais je vous ai dit, je vous ai vu, et Dolores et je… ça a rien à voir, je vous jure, je sais pas qui sont ces gens, j’ai rien à voir là-dedans. Je veux juste… »

Son discours est complètement embrouillé, sans queue ni tête, Bruno, intimidé, n’arrive tout simplement plus à articuler la moindre parole cohérente (déjà qu’en temps normal, ce n’est pas forcément glorieux, il faut bien le reconnaître). Il sait rien des gens qui veulent sa peau, rien du tout, il est en dehors de tout ça. Et il aurait aimé rester en dehors de tout ça. Lui, tout ce qu’il veut, rentrer chez lui, retrouver son trou à rats (littéralement) et savourer sa solitude sans s’inquiéter de quoi que ce soit.

« Une nouvelle fois ? » fait Bruno en comprenant doucement ce que son interlocuteur est en train de lui révéler. Ainsi donc, il a déjà rencontré la mort ? Bruno sait que c’est arrivé à d’autres ici, mais c’est toujours bouleversant de voir quelqu’un dans ce cas de figure. Ça le lui rend directement plus sympathique, même si le type lui a littéralement sauté à la gorge quelques instants plus tôt. « Je suis vraiment désolé… »

D’autant plus désolé qu’il ne peut que songer à sa propre vision. Bruno ne fait pas dans les visions du passé. Ce qu’il a vu, c’est bel et bien l’avenir de ce jeune homme… et justement, c’était un jeune homme. Il semblerait qu’il ne soit pas destiné à mener une vie très longue dans ce nouveau monde, comme dans le sien. Bruno reste figé à son siège un moment sans savoir quoi dire. Elvis tente de demander une nouvelle fois au chauffeur où ils se rendent, mais rien ne se passe, alors Bruno prend le risque de prendre la parole.

« Vous savez, j’ai vécu dans l’ombre pendant presque dix ans et c’est pas… ça en vaut jamais vraiment la peine mais… » Il pousse un soupir. « Je sais pas qui vous êtes, je vous promets que c’est vrai, mais je pense que vous pouvez encore faire des choix qui vous permettront d’aller mieux et puis… » Il ne sait pas finir sa phrase. « Enfin ça, c’est si on nous laisse sortir de ce taxi », complète-t-il avec un rire franchement nerveux.

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feat. Bruno

Il a bien remarqué que ce mec avait plus peur qu'autre chose et la réaction virulente d'Elvis ne changeait rien. Mais il n'aimait pas ça. Les cachoteries... On lui avait tellement retourné le crane à une époque, que le moindre faux pas, sonnait terrible pour lui. Il essaye donc de se reprendre... Mais il a l'impression que quoi qu'il dise, quoi qu'il fasse, il se retrouvera prisonnier quelque part. Une laisse autour du cou. Il a un air las avec d'un seul coup, un air qui lui donnait l'impression d'avoir le poids du monde sur le dos. Vieillissant ses traits, retrouvant cette lassitude d'avant sa mort. Le gars près de lui semble compatissant à son ancien triste sort.

" Je suis mort... emprisonné et seul... " Dit-il à mi-voix avant de se retourner vers l'homme. " C'est... gentil. " Dit-il simplement mais avec un air qui n'était pas convaincu.

Bruno répond à sa réplique murmuré précédemment. A vrai dire, il n'est pas ce genre de gars à rester dans l'ombre. Mais il voyait bien qu'à chaque fois qu'il était sous les projecteurs ou qu'il souhaitait faire mine de se montrer, les ennuies pointaient son nez. Il ferme les yeux, l'écoute en se secouant la tête alors qu'il finit sur une note mélodramatique. Une exclamation s'échappe du fond de sa gorge alors qu'il se pince le haut du nez.

" Vous savez rassurer les gens vous... C'est affolant. " Dit-il ironiquement. Il se tourne vers lui, pose son regard clair sur la silhouette de cet homme, marque une longue pause. " Vous savez qu'à force d'être sur le devant de la scène, la seule chose que vous récupérez, c'est être l'ombre de vous même... Parano, à bout de souffle, seul... Entouré mais seul... Parce que vous savez que ces sales cons ne veulent qu'une chose: vous sucez jusqu'à la moelle pour en tirer tous les bénéfices. Et vous laisser pour mort... Mais j'en ai tellement besoin aussi... Cette lumière, ces projecteurs... " Il fronce les sourcils, se perd un instant dans ses pensées avant de reprendre. " Et je sais que je vais y retourner. J'ai le choix mais visiblement, je suis trop stupide pour faire la part des choses et me voilà... " Un rire nerveux s'échappe de ses lèvres, il a les larmes aux yeux d'une trouille qu'il a du mal à dissimuler, ses doigts palpant le bord de sa veste d'un air affreusement nerveux. " Encore piégé. J'ai l'impression de me replonger dans mon ancienne vie... Si ca se trouve, c'est le destin que Dieu m'a tracé et je ne peux pas y échapper. Si ca se trouve, je suis juste condamné. " C'est son angoisse qui parlait et ca s'entendait dans une voix tremblante, le regard fuyant de toute part. Comme par le passé, avant qu'il ne cède à la désillusion, avant qu'il ne comprenne qu'il ne peut rien faire, que tout est déjà tracé. Qu'il finisse par ne plus pouvoir se regarder dans une glace sans ressentir un dégoût profond de ce qu'il était devenu. Il ne sait pas pourquoi il raconte ça à ce type. Pourquoi il le croit, mais ils étaient enfermé là, tous les deux, et il avait besoin d'exprimer sa frustration, sa peur, car s'il la gardait à l'intérieur, il allait définitivement disjoncter. Cette angoisse, cette oppression qui avait eu raison de lui à cette époque là... Il se tourne de nouveau vers son interlocuteur. Il ne le connait pas visiblement, alors il lui doit bien un nom. " Elvis. " Dit-il simplement. Celà faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas présenté, car on le connaissait avant qu'il ne connaisse à qui il parle. Il soupire d'un air las. " Et désolé, je m'emporte, et je ne relativise pas grand chose mais c'est pas comme si on était piégé dans ce taxi à se retrouver à aller je ne sais où... " Un léger sourire amer passe sur ses lèvres face à la remarque sarcastique qu'il laisse échapper.

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feat. Elvis

Emprisonné et seul. Si Bruno n’a pas exactement connu de telles conditions, et s’il n’a jamais été accueilli par la mort, il pense pouvoir se reconnaître en parti dans le discours de son interlocuteur. Et pour cause, il a connu le cloisonnement, à l’évidence. De même qu’il a connu la solitude. Et même au moment de peut-être pouvoir en sortir, il paraît incapable de s’en tenir à ces belles résolutions, toujours rattrapé par des considérations autrement plus violentes et autrement plus sombres. Bruno ne sait trop s’il s’est vraiment gentil, Elvis lui-même l’air peu convaincu, mais le Madrigal décide malgré tout de le prendre avec une certaine philosophie. Il y a du mieux puisque le type n’a plus l’air de vouloir lui sauter à la gorge. Et puis… c’est réellement vrai – qu’il est désolé. La mort est inévitable, bien sûr, mais certaines circonstances sont plus éprouvantes que les autres… Celles qui attendent Elvis – pour ce qui semble être la deuxième fois – en font clairement partie.

Bruno rit nerveusement quand son interlocuteur lui fait remarquer avec ironie qu’il a le don de rassurer les gens… Ouais… sa spécialité, c’est clairement de faire paniquer les gens autour de lui malgré tout. Bruno n’est pas sûr de tout comprendre à ce qu’il lui dit quand il lui parle d’ombre et de lumière, d’être sous les feux des projecteurs, mais il fait de son mieux pour rebondir sur son discours malgré tout. Bruno voudrait rassurer son interlocuteur, affirmer qu’on est pas toujours voué à faire les mêmes erreurs, mais il n’est pas forcément convaincu d’être un exemple en la matière. En fait, c’est évident qu’il n’en est pas un. Parce que s’il en est un qui semble ne pas être capable de dépasser ses erreurs à l’heure actuelle, c’est définitivement lui, toujours captif de vieux schémas desquels il n’arrive pas à se défaire.

« Le destin, c’est plus compliqué que ça… parfois… » Bruno panique, il parle trop vite, l’anxiété d’Elvis est communicative, et Bruno a bien du mal à savoir la gérer convenablement. « Certaines vues de l’avenir son changeantes, elles ne sont pas gravées dans le marbre – enfin, dans le sable… » Nouveau rire nerveux à cette blague qui n’a aucune chance de faire rire son interlocuteur. « Il peut changer à tout moment, je veux dire. » Oui, il faut qu’il se taise. Il se rend bien compte que c’est préférable, et pourtant, il ne peut pas s’empêcher de trop en dire : à croire que c’est vraiment plus fort que lui. « Vous n’êtes pas condamné, c’est ça que je veux dire. » Il passe une main dans ses cheveux bouclés. « Enfin, je pense… ? »

En se présentant, Elvis met fin aux paroles embarrassantes de Bruno, et ce n’est sans doute pas plus mal. Il se présente, sous le nom d’Elvis.

« Bruno », se présente-t-il en retour. « Ce taxi va bien finir par s’arrêter un jour de toute façon, pas vrai ? » tente-t-il en désespoir de cause.

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feat. Bruno

Ce mec devenait de plus en plus bizarre plus le temps passait. Et Elvis l'observait du coin de l'oeil. Il ne savait rien de lui... Il parlait du destin d'une manière... Cela le perturbait clairement. Elvis n'était pas du même avis que cet homme. Il avait fini défaitiste. Il s'était résolu à un destin et il avait perdu la foi en l'avenir à cette époque la. Priscilla était partie... Il était aux griffes du Colonel sans rien pouvoir faire. Ils avaient tous mangé de la laine sur son dos... Peut être avait il eu un destin particulier à se retrouver sur le devant de la scène mais à quel prix ? Le destin avait voulu qu'Elvis Presley soit mis sous les projecteurs... Mais qu'en avait il tiré ? Sa force, il l'avait tiré chez sa mère, il avait fait tout ça pour sa famille. Sa Satnin. Lui offrir la plus belle des maisons, cette Cadillac rose qu'elle avait vu une fois sur un parking. Ce qui rendait heureux Elvis ça n'était pas les projecteurs, mais le bonheur des gens qui l'entouraient. Celui de sa mère, celui de sa famille, celui de Priscilla, de sa fille... Et celui du public.

Il a un rire ironique qui s'échappe de ses lèvres alors qu'il lui dit: " Mon histoire est une triste tragédie. Comme ce taxi qui roule sans qu'on ne puisse rien faire. " Il se passe une main sur le front.

Le type continue avec ses drôles de phrases et la parano d'Elvis revient doucement. Mais il ne doit pas tout prendre au pied de la lettre hein ? Alors autant être clair avec lui...

" Je souffre de psychose paranoïaque donc si vous pouviez arrêter de la nourrir, j'essaye de ne pas céder à la panique même si je me montre très pragmatique à cet instant... La situation actuelle est déjà assez angoissante en elle-même. " Dit il le souffle court en se frottant une suée froide qui lui coule du front. Il essaye de se reprendre en prenant de longues inspirations comme le Docteur lui a demandé de faire lors d'un début de crise. Il devait rester pragmatique et se focaliser sur lui même et pas sur ce qui peut l'angoisser.

" Je suis une thérapie... Et la thérapie veut que j'évite de me balader avec un flingue sur moi H24 pour éviter d'avoir un objet qui me rappelle cette paranoïa... " Il s'exclame. " Ouais et bien si j'avais eu ce flingue, on en serait pas la... "

Savoir le nom de son interlocuteur l'aidera à se recentrer. Alors il lui demande. Il ne devait pas laisser son mental prendre le dessus et lui imposer des films. S'il sort de cette merde, il ira voir le Dr Bloom rapidement. Par peur de replonger. Mais déjà ses médicaments ne lui bousillant plus la moitié du cerveau et certaines de ses perceptions. Il restait ses vieux démons quil arrivait encore à dompter.

" Ouais, vous avez raison. Ce taxi finira par s'arrêter... "

D'ailleurs le chauffeur freine et s'arrête devant une autre voiture. Plus luxueuse cette fois. Une sorte de limousine qu'Elvis détaille avec méfiance. Un type aux allures de videur vient lui ouvrir la porte. Elvis passe la tête mais ne se lève pas.

" Il veut vous voir. "

Il a toujours le souffle court, il ne se sent pas terriblement bien mais il se tient. Il se tourne vers Bruno. " On change de galère pour monter dans une autre huh ? " Dit-il avec un fort accent du Sud. Il essaye de constater la situation de plus haut. " Et si ça se trouve je pense que c'est moi qu'on veut voir, mais on parle de vous. Je devrais revoir la taille de mes chevilles à l'occasion. " dit il avec un humour qui cache son angoisse. Le ton de sa voix le trahissait un peu. Mais Elvis était fier alors il fini par sortir avec aplomb. Réajustant le col de sa veste, redressant le menton et intériorisant son angoisse.

Il fixe la limousine, sachant fort bien que de ces vitre teintée se trouve une personne qui l'observe... Il ne veut pas lui montrer qu'il a peur. Il pourrait penser qu'Elvis serait le seul mais visiblement, Bruno semble embarqué à sa suite.

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feat. Elvis

« Mais elle n’est pas finie… », tente maladroitement Bruno quand son interlocuteur remarque que son histoire n’est rien d’autre qu’une triste tragédie, du genre inévitable, à la manière de ce taxi qui les mène sans qu’ils sachent dans quelle direction et dans quelle but.

Bruno n’a jamais été doué pour réconforter qui que ce soit. Et pour cause, en temps normal, ses paroles ont plutôt tendance à provoquer l’effet inverse, et pour cause, quand vos visions ont tendance à présumer du pire plutôt que du meilleur, et surtout quand c’est le pire que l’on retient, ce n’est pas vers vous que l’on accourt au moment de vouloir être rassuré. Et en l’occurrence, même s’il fait de son mieux en présence d’Elvis, ce n’est pas comme s’il ignorait la tragédie qui avait fait l’objet de sa vision et qui ne prédisait rien d’autre qu’une nouvelle tragédie pour le pauvre jeune homme. C’est regrettable, mais c’est le cas quoi qu’il en soit.

Elvis lui en apprend davantage, il lui parle de la psychose paranoïaque dont il souffre. Bruno adresse un sourire d’excuse à son interlocuteur, ce n’est pas du tout ce qu’il veut, nourrir la psychose de son interlocuteur, le souci, c’est qu’il n’est pas forcément mieux. Lui-même est du genre paranoïaque, le tout renforcé par une solitude prolongée qui n’a évidemment rien arrangé, sans ajouter qu’il est excessivement superstitieux. Il ne sait tout simplement pas quoi répondre à son interlocuteur. Les psys, ça n’existe pas au sein de l’encanto, dans le cas contraire, toute la famille Madrigal aurait sans doute largement bénéficié d’une thérapie de groupe, c’est même sûr et certain.

« Euh… je trouve ça bien, moi, que vous ayez pas de flingue », tente quand même Bruno qui songe que si Elvis avait été armé, là, tout de suite, sa cervelle serait peut-être en train de repeindre l’habitacle du taxi… quoique le type a l’air agité, mais il n’a pas l’air violent, ceci dit, on ne peut jamais être totalement certain de ce dont sont coupables les types agités, justement, et c’est bien le souci. « Je crois pas que ça aurait servi à grand-chose, et puis, la violence, ça résout rien », tente-t-il un peu maladroitement, le tout avec un rire nerveux qu’il n’arrive pas à empêcher malgré ses efforts.

En attendant, oui, le taxi finira bien par s’arrêter tôt ou tard, et c’est ce qui finit par arriver, le taxi freine et on finit par leur ouvrir. On s’adresse à Bruno, apparemment, quelqu’un veut le voir, Bruno ne comprend juste rien à ce qui lui arrive. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ont l’air de passer d’une galère à une autre, et il voudrait vraiment s’épargner ça.

« Du coup je peux peut-être… » S’en aller ? Non, un type l’entraîne à l’extérieur et l’oblige à sortir du véhicule en lui serrant fermement le bras. « … bon, d’accord. » Il se tourne vers Elvis. « Je comprends rien, j’ai rien à faire là, je comprends pas… »

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feat. Bruno

Le taxi s'arrête, visiblement on force Bruno a venir avec lui. Elvis ne comprend pas trop. Peut être pourrait-il tenter de s'enfuir, mais il ne savait pas où ils étaient et ca n'était clairement pas à côté. Ils s'étaient éloigné de la ville et ca n'était pas pour rassurer Presley. Donc il se disait qu'il allait coopérer, ca sera mieux. Et oui, il regrettait un flingue, parce qu'il se serait senti un peu plus en sécurité et de quoi rendre la menace à ses adversaires.

On leur ouvre la porte, Elvis regarde l'intérieur sombre et semble voir une lueur sur le fauteuil en face. Il y avait quelqu'un dedans déjà. Il regarde Bruno qui semble totalement paumé le pauvre et lui fait un signe de tête. Il se sentait mal pour lui aussi. Il venait surement d'être embarqué dans un truc qui le dépassait.

Elvis entre alors et glisse sur la banquette les portes claques, et sa vision s'adapte rapidement à la semi obscurité de l'habitacle et il le voit. Il a la surprise qui glisse sur son visage puis ensuite une haine viscérale le prend alors qu'il se redresse comme pour attraper le col de leur interlocuteur dans l'optique de lui coller une droite.

" Vous... Espèce de sale rapace... "

Il l'arrête de sa canne qu'il pose sur torse. Egal à lui même, le Colonel Parker reste impassible et Elvis croit même voir un léger sourire se dessiner sur le coin des lèvres ce qui a le don d'encore plus le remonter à bloc. Son rictus de dégoût ne disparaît pas.

" Voyons Monsieur Presley, je pense qu'il n'est pas convenable de se mettre dans des états pareils... Pensez à votre pauvre cœur... Je ne vous veux aucun mal... Asseyez vous donc... Nous devons parler. Et... j'ai quelques boissons à vous proposer. "

Elvis se laisse retomber dans son fauteuil lourdement en aillant un rire nerveux. Un rire qu'il a du mal à arrêter.

" Il se fout de ma gueule en plus... J'en veux pas de vos boissons de merde... Et puis, bon... Me faire faire le tour de la ville emprisonné dans un taxi... Pour quoi ? Pour que vous essayiez de me pomper tout ce que j'ai pour m'emprisonner encore dans votre... votre... machination. "

Parker ne le regarde pas, il s'est tourné vers le minibar et commence à servir ses hôtes comme si de rien n'était. Il se tourne vers Bruno.

" Qu'est-ce qu'il vous ferait plaisir ? J'ai un très bon vin... Puis-je savoir votre lien avec Monsieur Presley ? "

Elvis cligne furieusement des yeux et regarde Bruno puis Parker alternativement. Alors peut être que Bruno est juste là par concours de circonstances et qu'il pense qu'il a un lien avec lui. " Une banquette de taxi !?! " Dit le chanteur avec une large ironie dans la voix. " Ne l'écoutez pas... C'est un menteur et un manipulateur de la pire espèce... " Parker lui sort et lui tend une bouteille de Pepsi, sachant bien que c'était la boisson qu'il buvait tout le temps. Il n'avait pas oublié. Elvis donne un coup virulent dans la main de Parker pour refuser la consommation.

" Ecoutez mon garçon, je ne pense pas que mon attitude soit virulente à cet instant. " dit-il en se servant sa propre coupe de champagne. " Et je vous garantis que la limousine va vous redéposer chez vous... Nous somme surement déjà en route. Mais je ne vous quitte pas tant que vous n'aurez pas entendu ce que j'ai à vous dire. Je savais fort bien que vous refuseriez de me voir et de m'écouter. " - " Allez crever en enfer, sale imposteur de merde... " Continue Elvis particulièrement virulent. " Vous avez de la chance que je n'ai pas un flingue sur moi, sinon je vous en aurai collé une entre les deux yeux. Là maintenant ! Ca aurait réglé tous mes soucis...  Vous allez me parler de quoi ? Du fric que je vous dois soit disant ? De contrat ? Alors soyons clair, ici, je n'ai plus aucun lien avec vous... Je ne vous dois rien... Alors foutez moi la paix. "

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feat. Elvis

Bruno a souvent eu l’impression de ne pas être à sa place. On pourrait même affirmer que ça a été, pour ainsi dire, le drame de son existence. Mais jamais, pour autant, il ne l’avait ressenti à ce point. Ce n’est pas seulement qu’on lui fait comprendre que sa présence n’a rien de bénéfique, c’est qu’il a la certitude que sa présence n’a pas lieu d’être. Il ne sait pas à quoi on veut le mêler exactement, mais à vrai dire, il n’a pas franchement envie de le savoir, au final. Non, il n’en a même pas la moindre envie, en réalité. Il veut juste partir d’ici et oublier cette situation, comme il voudrait oublier que le visage d’Elvis lui est beaucoup trop familier, parce qu’il a fait partie d’une de ses visions parmi les plus macabres.

Apparemment, le type à l’origine de tout ce merdier, Elvis le connaît. Il réagit vivement au moment de le reconnaître, laissant Bruno dans un état d’incompréhension encore plus total. Rapace de qui ? De quoi ? Cet homme, il ne le connaît pas, et il a du mal à comprendre ce qui se joue sous ses yeux. C’est comme assister à une de ses télénovérats, sauf c’est beaucoup, beaucoup trop réaliste. A choisir, il préférerait, mais alors plus que largement suivre les aventures d’Olegario, Teresa et ses autres rongeurs que d’être mêlé à tout ça.

Le gars lui propose des boissons, mais clairement, dans n’importe quelle fiction, c’est là qu’on vous dirait de ne surtout pas en boire parce que les verres sont forcément drogués. En tout cas, ce qui est sûr, c’est que Bruno n’a aucune intention de toucher à ça. De toute façon, Bruno et l’alcool… quand on voit son état après un verre seulement, on a pas forcément envie de s’y risquer.

« Y avait un taxi, je suis monté… », répond nerveusement Bruno qui regrette de plus en plus de ne pas juste avoir fait le trajet à pied. Il serait déjà de retour chez lui, affalé dans son fauteuil… Oui, vraiment, il donnerait tout pour avoir fait d’autres choix de vie… Mais bon, c’est un peu tard pour ça maintenant, pas vrai ? « Je bois pas vraiment mais c’est gentil… enfin je crois ? »

Il tourne un regard hagard en direction d’Elvis, il aimerait être capable de savoir qui est cet homme et quelles sont les raisons de son animosité… Est-ce que ça pourrait être lié à la terrible vision qu’il a eu. Lui qui sait par essence que le destin existe ne peut évidemment pas croire au hasard pur et simple. S’ils se sont retrouvés dans le même taxi tous les deux, c’est qu’il devait probablement y avoir une raison, même s’il n’en comprend pas totalement la nature.

« Vous voyez bien qu’il n’a pas envie de vous parler alors… Peut-être qu’on pourrait… » Bruno, à l’évocation d’un flingue, perd gentiment ses esprits, il veut vraiment se tirer d’ici, et si possible, tirer Elvis de là. « …juste y aller ? »

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feat. Bruno

Elvis n'avait pas envie d'écouter ce salopard de Parker, il savait qu'il avait le don pour lui embobiner l'esprit. C'était son truc ça de lui retourner la tête. Elvis voulait maintenir ses positions. Il avait merdé une fois, mais pas deux. Et en plus, il était en train de mêler un pauvre type dans leur histoire... Ce Bruno qui semblait totalement paumé le pauvre. Il lui refuse sa boisson ce qui enchante d'une manière Elvis, car celà montre qu'il n'a aucune prise sur les choix de ses passagers.

Et Elvis est encore plus gratifiant quand il voit que Bruno le soutient à sa manière et demande à ce qu'ils rentrent. Elvis apprenait à l'apprécier réellement ce type qui ne paye pas de mine.

" Vous l'avez entendu ? On a pas envie d'être là, donc reconduisez nous. " Dit Elvis sèchement.

Le Colonel a une de ses fameuses exclamations qu'Elvis déteste, il détourne le visage pour regarder par la fenêtre.

" Ne vous inquiétez pas, nous allons prendre la route mon garçon mais profitons de cette route pour que vous puissiez entendre au moins ma proposition. "

Elvis a un rire ironique et nerveux tout en pianotant sur sa cuisse d'un geste incroyablement nerveux.

" La réponse est non. " Affirme le chanteur en le foudroyant du regard. " Toutes vos propositions merdiques vous pouvez vous les foutre où je pense. " Reprend-t-il avec violence. " Voyons voyons... Ce sont mes propositions merdiques qui vous ont conduit à la gloire et l'argent. Donc je pense qu'elles ne sont pas si merdiques que ça. " Elvis se secoue la tête. " Elles m'ont conduit prématurément au tombeau aussi. " Affirme Elvis en le fixant de nouveau. Parker a un rire nerveux avant d'ajouter. " On doit bien s'y retrouver un jour où l'autre et vous êtes tout aussi responsable que moi. La scène, c'est de votre amour pour la scène qui vous a conduit là. "

Elvis se tourne vers Bruno pour essayer de ne pas écouter un mot de plus de l'imposteur qui lui faisait face.

" Voyez... Il commence... C'est jamais de sa faute. Ou alors si un peu, mais je suis impliqué aussi... Parce que c'est comme ca que ca marche hein ? " Il retourne son regard vers Parker. " Vieille sangsue ! "

Il savait qu'il essayait de lui retourner la tête, il y était préparé. Moins à l'époque, mais aujourd'hui, il suivait une thérapie, il n'avait plus ses médocs pour lui embrouiller la tête. Il n'avait plus envie de se laisser faire. Il avait une nouvelle vie, il repartait de zero.

" Je sais que vous avez ouvert votre propre studio. " C'était donc ça. Il essaye de foutre la main dessus, Elvis se pince le haut du nez en se secouant la tête de droite à gauche. " Vous ne l'aurez pas... Rêvez pas. " - " Ho mais vous êtes le patron, je ne veux en aucun cas prendre votre place, et c'est vous qui décidez mais mon garçon, vous pensez vraiment avoir les épaules pour ça ? Je veux dire, la scène c'est une chose mais les affaires ca en est une autre... Je me rappelle que vous n'êtiez pas très doué. C'est un don comme vous lorsque vous faites votre truc sur scène. Moi je n'y connaissais rien... " - " Fermez la. " Dit Elvis à mi-voix tout en regardant le paysage à travers la fenêtre. " C'est beaucoup beaucoup de travail. Et de pression... Plus votre travail scénique... Plus la pression médiatique... Plus votre faiblesse psychologique. "

Ca par contre, Elvis ne laisse pas passer. Il se retourne de nouveau vers lui.

" Je ne vous ai pas dit de fermer votre gueule ? Mon état de santé ne vous regarde pas et je ne sais pas qui vous en a fait part... "

Parker sourit et regarde les deux hommes, laissant un long silence planer. Au final, c'était encore plus oppressant. Parker joue, il sait ce qu'il fait et ce silence... Elvis se fait pleins de scénario sur la personne qui pourrait l'avoir balancé.

" Bon... Vous me dites qui vous a balancé cette merde sur moi ? " - " La paranoïa... Ca n'est personne Monsieur Presley, c'est simplement que je vous connais par coeur. On ne vit pas autant de choses auprès d'une personne sans en apprendre sur lui. "

Elvis voit de sa fenêtre qu'ils arrivent vers son quartier.

" C'est bon, arrêtez le véhicule... " Il se penche et commence à taper du plat de la main avec force sur la vitre les séparant du chauffeur. " Je finirai le reste à pied... " Il regarde Bruno. " Restez pas avec lui... je vous raccompagnerai... " Parker donne un coup de canne dans la vitre et demande à ce qu'on s'arrête. La voiture stoppée, les porte déverrouillées, Elvis se jette littéralement dehors sans se retourner. Il entend un vague. " A bientôt Monsieur Presley... " Il salut aussi le pauvre bougre qui l'accompagne.

L'air de dehors est bénéfique pour Elvis qui a l'esprit qui vrille complètement. A vrai dire il fait plusieurs mètres sans savoir où il va, il a juste besoin de marcher avant de s'arrêter net et se tourner vers Bruno.

" Excusez moi... Vous n'aviez pas à... assister à ça... " Il ne voit plus de trace de la voiture, plus aucune trace et ils sont seuls dans la rue, c'est comme un soulagement. Mais il sait que Parker le surveille et ça... Ca n'allait pas l'aider à relativiser son futur. Elvis a les larmes aux yeux, il piétine, mais il préfère se focaliser sur Bruno pour le coup. " On va aller jusque chez moi, je vais prendre ma voiture et vous raccompagner. Je vous dois au moins ça. Et... merci d'avoir pris ma défense tout à l'heure. "

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feat. Elvis

Ils vont reprendre la route… d’accord, mais Bruno a du mal à voir en quoi il devrait ne pas s’en faire. A ses yeux, c’est plutôt tout l’inverse. Bien sûr qu’il s’inquiète, évidemment qu’il s’inquiète. Parce qu’il ne sait pas du tout où on a l’intention de les amener, et peu importe la proposition qu’on s’apprête à leur faire, il est convaincu de ne pas avoir envie de l’entendre, en fait. Il est même certain de ne pas vouloir l’entendre, parce qu’il n’a rien envie d’entendre du tout. Il veut juste rentrer chez lui, et qu’on le laisse tranquille une bonne fois pour toutes, un point c’est tout…

Bruno remercie intérieurement Elvis de refuser d’avance la proposition dont ils n’ont pas entendu la teneur. Peut-être qu’il ne l’aurait pas formulé comme ça de son côté, mais il est convaincu que ça ne doit pas en valoir la peine de son côté non plus, il en est même plutôt certain, d’autant plus que quand le type commence à avancer les arguments de la gloire et de l’argent, Bruno est immédiatement convaincu du fait que le type se goure forcément, qu’il se plante sur toute la ligne, c’est même évident. Parce que tout ce qui a trait à l’argent et à la gloire ne mène généralement que partiellement à un résultat enviable sur le long terme. Pas que Bruno connaisse véritablement la recette du bonheur, mais il connaît, en revanche, celle du malheur de beaucoup d’autres, et sur ce point, il est vraiment capable de parler en connaissance de cause.

Bruno grimace quand Elvis parle du tombeau dans lequel l’aura précipité sa quête d’argent et de succès. Il songe à sa vision, celle d’une autre mort, et qui ne sera pas franchement plus heureuse (si la mort peut être heureuse) pour lui – en plus d’affecter Dolores, évidemment. Mentalement, petit à petit, Bruno rassemble en esprit les morceaux du puzzle. C’est presque aussi fascinant que les télénoverats qu’il improvise avec ses rongeurs, sauf que pour le coup, c’est beaucoup trop réel, et par conséquent, ça lui plaît quand même franchement beaucoup moins.

Elvis proteste, mais le gars n’a pas l’air de l’écouter. Il lui parle du studio que le chanteur a ouvert, et Bruno a vraiment l’impression qu’il n’arait jamais, mais alors jamais dû se retrouver ici, et c’est parce que c’est vrai. Il n’aurait jamais dû se retrouver ici. Et le gars est en train de mettre ce pauvre gars qui n’a rien demandé à personne plus bas que terre, et c’est quelque chose que Bruno ne supporte pas de voir, même s’il ne sait pas vraiment de quelle manière y réagir. Il n’est pas impliqué, mais il est impliqué par la force des choses, et c’est quelque chose qu’il n’apprécie définitivement pas.

Bruno ne comprend pas très bien ce qui se passe, ni pourquoi le type accepte de stopper le véhicule et de les laisser sortir, mais c’est clairement pas Bruno qui va s’en plaindre. Une fois qu’ils sont enfin à l’air libre et qu’il voit le véhicule s’éloigner à un coin de rue qu’il a le sentiment de pouvoir respirer de nouveau.

« Euh c’est rien… j’ai rien fait… » Concrètement, c’est le cas, il n’a rien fait, il n’a même rien fait du tout. « Qui c’était cet homme ? » Il marque un temps de pause. « Vous ne devez pas le revoir. Si vous le revoyez… » Il baisse les yeux. « L’histoire va se répéter. »

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feat. Bruno

Hors de ses griffes. Il devait rester hors de ses griffes. Pourquoi restait-il encore et encore derrière lui ? Elvis voulait juste passer à autre chose et avancer mais ce maudit Colonel avait retrouvé sa trace, il avait visiblement sa petite fortune aussi... Et il voulait reprendre Elvis sous son aile. Mais il se sentait fier et fort d'avoir dit non. Il ne devait pas y retourner mais cette emprise... C'était ca qui l'avait détruit.

Bruno n'avait peut être pas fait grand chose, mais il avait été présent, et c'était déjà assez. Il lui demande alors qui est cet homme puis affirme que s'il y retourne, il répétera l'histoire. Elvis a le regard ailleurs, il se frotte la nuque et se tourne vers lui.

" Ouais... " C'était un peu évident. " Ca pue hein ? Vous avez raison. " Dit-il. Il ne se doute pas de ce que Bruno a pu voir dans une vision, c'est au delà de ce qu'Elvis peut s'imaginer mais cette petite histoire... N'importe qui pourrait se dire que s'il retourne dans les griffes de ce type, il allait payer le prix fort.

Il montre le bout de la rue à remonter pour retourner chez lui et trouver un véhicule. " Venez Bruno... " L'invite-t-il. Il glisse ses mains dans les poches de son pantalon, laissant ses pans de vestes glisser derrière ses poignets.

" Ce type... C'est le genre de fils de pute qui vous promet monts et merveilles pour ensuite vous détrousser à la première occasion. " Il marque une pause. " J'étais jeune et il m'a proposé de... devenir mon manager. Puis... Ce fut des belles paroles, des manipulations... " Il marque une pause. " On l'appelle le Colonel, son nom est soit disant Tom Parker... Il n'a pas d'identité en réalité. Je ne connais pas son vrai nom et il n'est Colonel de rien du tout... C'est un... arnaqueur de première. Son truc c'est l'entourloupe comme il aime le dire. Se remplir les poches, l'appât du gain. Et visiblement, j'ai été son Jack Pot pendant toute une vie... "

Il savait tout ca, mais le dire, le formuler à voix haute, c'était autre chose. Il se rendait compte de l'ampleur du personnage quand il en parlait aux gens. Il se sentait stupide d'avoir été berné comme ça. Pendant autant d'année.

" Je cherchais juste à me démarquer, et oui, peut être ai-je rêvé de la célébrité et de... marquer mon temps et il en a profité. " C'était dur de se rendre compte de la vérité. Surtout qu'il a été proche du Colonel. " Le Colonel... Il a été comme un second père pour moi. Mais j'ai fini par comprendre qu'il jouait avec mes sentiments pour me garder sous sa coupe et pour... tirer du pognon sur mon dos. Je ne peux pas dire qu'il me forçait à monter sur scène mais il... m'a vidé complètement. Je devais le faire... Car il avait besoin de sa thune pour payer ses putains de dettes aux jeux. Il n'avait aucune scrupule... Il m'a drogué, il m'a épuisé jusqu'à ma dernière goutte de sang. "

Le visage d'Elvis s'était assombri mais bien vite il se reprend, en se secouant légèrement la tête, il tourne son visage vers Bruno et lui fait un faible sourire.

" Alors oui, vous avez tout à fait raison. Si je retourne sur cette pente, je risque de répéter les mêmes erreurs. Mais j'ai appris... Enfin je l'espère. Il ne me tient plus avec aucun contrat. J'ai ma propre boite de production, mon studio. Mon ami B.B. King me l'avait toujours dit et je ne l'ai pas écouté. Elvis, pourquoi tu ne montes pas ta propre boite ? Personne ne pourra plus t'arrêter... Tu joues ce que tu veux, quand tu veux, et si ca ne leur plait pas... Qu'ils aillent au diable. Tu traces ta route ! " Dit-il en riant doucement avec un élan de nostalgie. " Des sages paroles. "

Il sort ses clefs de sa poche et appuie sur un bouton qui ouvre le parking sous terrain, il invite Bruno à entrer pour se diriger vers une de ses nombreuses voitures. Il choisit un coupé sombre et sportive. Une Ferrari Dino. Comparé à d'autres de ses voitures, celle-ci est sobre. " Je vous raccompagne enfin ! Vous devez en avoir marre... Et je peux vous comprendre. Allez y grimpez ! "

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feat. Elvis

Oui. Ça… pue. C’est effectivement une manière de le présenter. Pas besoin de connaître l’avenir, d’ailleurs, pour savoir d’office qu’il est plus que préférable qu’Elvis se tienne autant que possible à l’écart de cet homme. Ça finira forcément mal pour lui dans le cas contraire. Bruno ne peut empêcher personne de quoi que ce soit, et de manière générale, il évite d’évoquer ses visions au vu du résultat, mais ce fait-là, il ne peut pas le garder pour lui, surtout étant donné l’issue tragique qui pourrait très probablement en résulter.

Bruno hésite à suivre son interlocuteur quand ce dernier l’y invite, mais tant pis, au point où il en est, et même s’il est impatient de rentrer chez lui, il peut bien encore lui tenir compagnie un petit moment. Surtout qu’il est curieux, ça il ne peut pas le nier, même s’il ne sait pas forcément de quelle manière exprimer cette curiosité sans qu’elle passe immédiatement et naturellement pour suspecte.

Elvis ne mâche pas ses mots quand il parle de cet homme qui lui avait proposé de devenir son manager dans sa jeunesse, ce Colonel du ton de Tom Parker qui serait surtout un arnaqueur de première catégorie. Des hommes tels que lui, il y en a malheureusement beaucoup… beaucoup trop, même. Mais celui-là a l’air d’une trempe encore particulière. De ceux qui insistent, de ceux qui exercent à l’excès leur influence sans aucune forme de regret ou de considération pour les personnes qu’ils pourraient éventuellement détruire ou blesser. Et détruit et blessé, il est évident, aux yeux de Bruno, qu’Elvis l’est. Peu importe qu’il ait su brisé les liens avec cet homme, ce dernier a marqué son âme de son empreinte… et on ne se libère pas aisément de ce genre d’emprise. Cet homme s’est emparé de ses rêves et de ses aspirations, les a broyés et les a faits siens… c’est un comportement qui ne peut être qualifié que de proprement malsain.

« Il reviendra », remarque Bruno, hésitant. « Il ne va pas se contenter de ça, pas vrai ? Il vous a laissé partir trop facilement… » Il marque une pause tandis qu’ils se retrouvent en face d »’une voiture luxueuse dont Bruno ne sait pas vraiment apprécier la beauté tant il se fiche des voitures de manière générale, il doit le dire. « … il ne vous laissera pas le choix la prochaine fois. Enfin peut-être pas. Et à ce moment-là… » Il s’embrouille dans son discours, en même temps qu’il monte à bord du véhicule. « … juste… faites attention à vous, c’est vraiment, vraiment très important. » Et ce n’est pas dit que de tels avertissements soient suffisants à lui éviter le pire, malheureusement. Il est même très probable qu’ils ne servent à absolument rien, et c’est définitivement ce que Bruno redoute, au-delà de tout le reste. « Merci de me raccompagner… », reprend-t-il quand même, parce que c’est la moindre des choses mais que c’est malgré tout une politesse qu’il avait réussi à négliger sans franchement le vouloir, loin de là.

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feat. Bruno

La situation était délicate et Bruno avait été impliqué sans vraiment qu'Elvis le veuille. Mais Bruno avait une manière de parler qui n'était pas encourageante et celà faisait peur à Elvis. Car il sait de quoi cet homme est capable. Il avait mis au point des situations, des stratagèmes tels qu'Elvis s'est fait entrainer tant de fois... Et avant qu'il ne comprenne qu'il était le dindon de la farce, c'était largement trop tard. Il devait l'avouer.

" Vous ne m'apprenez rien. " Lui annonce-t-il. " Il ne lâche pas l'affaire et quand ca me concerne, j'ai l'impression qu'il en fait une histoire personnelle. " C'était la réalité.

Que pouvait-il faire contre lui ? Il n'avait plus rien contre lui et ce que dit Bruno... Ca n'enchante pas Elvis qui sent une certaine panique monter en lui. Il lui fait un signe de se taire.

" Taisez vous. " Dit-il plus sèchement qu'il ne le voudrait. " Mis à part des menaces dans le vent, il ne peut plus rien contre moi. Et le Colonel est beaucoup de choses, mais il ne s'en prendra pas à moi physiquement. C'est son art d'entourlouper les gens, et de créer des situations qui finissent par mettre les autres en difficultés... Mais pas cette fois. Alors s'il vous plait... Arrêtez vous. "

Il ne voulait pas nourrir sa psychose car il était facile pour lui de sombrer. Il le sait. Elvis se perd dans ses pensées, et il ne dit plus mot quand il raccompagne Bruno. Il est perdu, il est perturbé. Mais il n'a pas envie que ses démons reviennent le hanter. Et surtout pas cette envie de se plonger dans ses anciens tranquillisants qui avaient eu raison de lui et de son pauvre coeur. Il arrive près de chez Bruno et s'arrête devant chez lui.

" Voilà. Je ne pense pas qu'on se recroisera. "

Rien n'est certain et il a tout faux. Elvis reviendra même de lui même par la suite. Mais pour l'heure, il ne veut plus entendre les discours de cet homme étrange. Entre son escapade incongrue et cette discussion farfelue. Il a eu l'impression que Bruno proférait peut être des menaces ? Il se secoue la tête.

" Bonne soirée Bruno. "

Il le laisse descendre avant de repartir chez lui, essayer de faire passer ses idées noires dans diverses activités. La nuit allait être longue, il le savait. Il irait surement voir sa psy le lendemain pour lui parler de tout ca.