L'ambition. Elvis la connaissait et il ne pouvait pas rester dans son coin indéfiniment. Il avait besoin des projecteurs, de l'odeur des salles de spectacle, de laisser son imagination faire son travail et de vibrer au son de la musique. Rester dans l'ombre ca n'était pas son truc au final. Même s'il pensait avoir appris de ses erreurs, il s'était soigné, il avait repris du poil de la bête, face à cette nouvelle chance que Dieu lui même semblait lui donner.

Faire marcher ses contacts. Décider de créer un évènement où de jeunes artistes pourraient se produire anonymement. Rester loin de projecteur et finir par se dévoiler au final. Voir quel sera le futur... Le potentiel futur. Tellement de jeunes artistes qui peuvent se faire avoir comme lui l'avait été. Ici, il était libre, il pouvait faire ce qu'il voulait donc il fera ce qu'il souhaite. Et qu'importe si ca ne plait pas. C'est sa vie après tout.

Alors Elvis prépare cela, il ne donne pas son nom, il attend les inscriptions. Il laisse trainer une rumeur comme quoi, il pourrait être de la partie. Mais ca n'est que vague, il veut jouer là dessus. Le King est là. Il vous observe, mais ca n'est pas officiel. Et ce lieux, le Lux. Un lieu aux multiples possibilités. Il a la liste des noms. Il vient anonymement, en espérant ne pas attirer une foule sur lui. Il passe par un couloir sur le côté et non sur l'entrée principale. Un agent de sécurité veut rester avec lui mais lorsqu'il décide d'aller aux toilettes, il lui dit qu'il n'en a pas pour longtemps.

Face au miroir, il fixe longuement son reflet en se lavant les mains. Il les essuie, réajuste sa coiffure. Il se fait un signe de tête en se disant qu'il était prêt pour la suite des évènement. Il tire sur les manches de sa chemise aux couleurs chatoyantes, qui reste sa marque de fabrique, afin de les remettre en position sur ses poignets.

En sortant du lieu alors qu'il reboutonne les boutons de sa manche. Il va pour pousser la porte battante du couloir qu'il ne voit pas une personne derrière qui se la prend limite en pleine face. Tout de suite, il arrête de qu'il fait pour s'inquiéter de la personne qui a reçu le coup.

" Merde... Je suis désolé... Ca va mademoiselle ? " Dit-il en voyant la jeune femme et en posant une main sur son épaule. " J'étais dans mes pensées, j'ai pas fait attention... "

Il se sentait un peu idiot pour le coup. Elvis lève le nez vers la salle rapidement et tire la jeune femme dans le coin, il ne voulait pas se faire repérer non plus par une communauté qui devait l'attendre quelque part. Elvis, totalement confus, et attendant une réponse, était prêt à appeler quelqu'un pour qu'il s'occupe d'elle, pour fuir sa culpabilité. Il fait un mouvement de main vers un gars du bar qui travaillait là et qui rappliqua immédiatement. " Freddie, va me chercher une poche de glace... "

Elvis est totalement interloqué face à la réaction de la jeune femme. Il fronce les sourcils en voyant comment elle lui parle, sans prendre de pincettes. Limite ca le fait un peu sourire, loin de le prendre mal. D'ordinaire, même malgré une maladresse comme celles ci, ses rencontres étaient plutôt du genre l'inverse. Dès qu'on le voyait, on venait à lui affubler d'un tas de compliments que clairement, cette nana, elle n'en avait absolument rien à faire. Il n'arrive pas à retenir le léger rire qui le prend, et qui montre à quel point sa réaction l'amusait plus qu'autre chose. Peut être mettrait elle un temps à le reconnaitre et à changer son attitude. Mais pour le monde, être considéré simplement comme le type qui venait de lui nourrir un potentiel mal de crâne imminent lui convenait.

" Vous n'avez pas votre langue dans votre poche vous... " Dit-il goguenard.

Le barman lui apporte une poche de glace et il le remercie avant de demander à la jeune femme. " Laissez moi voir... " Pour la faire retirer sa main de son visage. Il va pour glisser la poche sur l'endroit où il semble l'avoir cogné pour la soulager de la douleur. Elvis ne peut s'empêcher de jouer un côté dragueur mais il fait ca avec un peu tout le monde au final. C'est son côté charmeur.

" Ca m'apprendra. " Dit-il en souriant. " La prochaine fois, je devrai regarder devant moi et être moins brutal. Je ne voudrai pas que vous ratiez votre audition pour moi... Enfin... Je pense que c'est pour ca que vous êtes là non ? " Demande-t-il quand même curieux de savoir qui était cette jeune femme.

Il continue de l'observer et observer ses réactions. Il capte sa nervosité. Il la connaissait cette nervosité car elle avait été une ennemie à une époque. Elle pouvait être décisive sur un instant clef de votre vie. Vous pouvez être aussi talentueux mais si vous perdez vos moyens devant un public, il ne retiendra que la médiocrité que vous avez pu leur donner.

" Vous êtes nerveuse... Signe que vous avez envie de bien faire. " Dit-il simplement. " Je peux vous donner un conseil ? Essayez d'avoir un rituel ou de... faire migrer ce stress vers autre chose que là dedans. " Dit-il en se tapotant la tempe. " Et vous verrez ca peut devenir miraculeux. "

Bon, en clair, Elvis lui avait donné son avis sans que la jeune femme lui demande en fait. Peut être est-ce présomptueux, il ne savait pas comment elle allait réagir. Il profitait juste de se faire traiter comme tout le monde dans une situation tout à fait banale au final. Alors oui, ca continue de le faire sourire, un sourire franc et vrai qu'il laisse flotter sur son visage.

Son rire était mal interprêté mais il s'y attendait, c'était surtout la situation qui était absurde et la voir si directe, si franche... C'est ce genre d'attitude qui lui manquait et ca ne manqua pas, elle lui fait la remarque. Alors il se racle la gorge pour tenter de reprendre un air plus sérieux. (même si c'est pas gagné, son regard pétille toujours de malice, mais il était comme ca naturellement. Cet air d'avoir envie de se moquer de tout le monde même dans les moments les plus sérieux)

" Pardonnez moi. Je ne veux pas que vous le preniez mal, c'est la situation... Et pas que j'apprécie vous voir avec une bosse, ca n'a rien à voir. " Il fait un sourire en coin. " Mais vous pouvez me faire toutes les remarques que vous voulez. Je suis en faute dès le départ. "

Autant s'amuser de la situation jusqu'au bout. Il la voit très nerveuse, et son regard se détourne de son regard. Bon, Elvis se demande l'espace d'une seconde si elle ne l'a pas reconnu. Il l'entend alors dire doucement qu'elle ne devrait pas auditionner. Il fronce légèrement les sourcils. Il se secoue la tête.

" Moi, je pense que vous devriez... " Lui dit il dans un petit sourire bienveillant. " Vous n'avez rien à perdre et puis, qu'est ce qu'on s'en fiche des autres hein ? Vous aimez chanter ? C'est tout ce qui importe. Soyez vous sur scène et laissez les autres... faire leur truc si ca leur chante. "

Elvis connaissait les moqueries. Il connaissait le jugement des autres, le manque de confiance. Il savait ce que c'était. Donc il comprenait Dolores. Bon, tout soupçon sur le fait qu'elle l'ai reconnu s'évapore aussitôt qu'elle lui pose ses dernières questions. Et Elvis explose de rire franchement avant de se reprendre difficilement. Il s'excuse rapidement:

" Excusez moi. " Il pose une main sur son torse en faisant des petits yeux en la regardant. " Vraiment ? C'est une vrai question là ? " Bon elle semblait sérieuse, elle ne savait pas qui il était. Ca le perturbe sur le coup mais ca l'amuse encore plus. " Alors... hum... pas vraiment... Je n'auditionne pas... Je... " Il croise les bras et marque une pause en la regardant avec cet air affreusement perturbé. " Vous... ne... voyez pas qui je suis ? " Il se secoue la tête. " Laissez tomber... C'est pas important. On s'en fout après tout. " Il se pince le haut du nez en se secouant la tête et en riant doucement." Alors je vais quand même répondre à cette première question. " Dit-il dans un sourire en relevant le nez. " J'ai pas vraiment de rituel, et en fait quand je suis sur scène, je suis une boule de nerf ambulante alors je... laisse mon corps faire le reste. " C'est à dire ce que les gens peuvent prendre pour une danse, pour lui, c'est son moyen d'évacuer sa nervosité et pouvoir se concentrer sur sa partition et son chant. Puis ca en devient naturel, il se laisse porter. " Alors si vous me voyez faire des p'tits mouvements de jambes, dites vous que c'est parce que j'ai les genoux qui tremblent, pas que j'essaye de me donner un style. Mais je laisse la légende urbaine faire son petit effet. " Dit-il en confidence en s'approchant d'elle.

Puis il s'arrête et continue de la détailler dans ce large sourire.

" C'est quoi votre nom ? Histoire que je ne rate pas votre prestation. Ca serait dommage. "

Cette situation ne cessait de l'étonner et en plus il adorait ca. C'était idiot mais se retrouver face à une personne qui n'a que faire de qui vous êtes, ca fait du bien. Surtout pour un type comme Elvis. Il ne prend pas le melon, loin de là. Il a toujours été un mec simple en parti et malgré les apparences. Même s'il passait sa vie à en faire des caisses. Et qu'il avait tendance à vouloir vivre comme un roi en dépensant à tord et à travers. Mais ca n'est pas la question actuelle.

Il la voit hésiter beaucoup, il la sent nerveuse, et il la détaille du regard, son sourire se figeant un peu, simplement car il n'a pas envie de mettre encore plus mal à l'aise la jeune femme. Il avait une envie de l'aider. Réellement. Il se revoyait à ses débuts alors qu'il était obligé de sortir pour se concentrer et essayant de se remémorer les paroles encore et encore avec cette phobie de se retrouver totalement muet sur scène. Il voulait l'aider sincèrement car il voyait qu'elle en avait envie, mais elle devait prendre confiance en elle.

Mais son sérieux s'évapore quand elle pose un tas de questions totalement à côté de la plaque. Bon, clairement, elle ne sait pas qui il est et elle est perdue en même temps la pauvre. Elle lui demande si elle devrait savoir qui il est. Il aurait envie de répondre oui mais en fait... On s'en fiche non ? Peut être n'avait il pas envie qu'elle sache son nom et de faire foirer cet échange. Elle changerait peut être de comportement et Elvis aimait se sentir comme monsieur tout le monde aux yeux de cette femme.

" Non mais je vous l'ai dit, on s'en fiche. C'est pas important. "

Et il s'exclame de plus belle quand elle lui fait une remarque subtile que ses paroles étaient arrogantes. Légende urbaine ? Elvis se secoue la tête et lui répond:

" Ouais ca fait très présomptueux et arrogant. Je vais devoir faire attention à mes chevilles... " Dit-il toujours cet air malin.

Il lui demande alors son nom et doucement le sourire d'Elvis se fige. Ce nom, il l'a déjà entendu. Pour l'heure, il ne se rappelle pas d'où et comment, c'est flou mais il sait, qu'il le connait. Alors il l'observe, fronce doucement les sourcils, encore un vague sourire sur les lèvres, mais cette fois ci c'est lui qui est perturbé. Il avait l'impression de se faire prendre à son propre jeu. Mais ne retrouvant pas la mémoire si rapidement, il préfère garder l'information pour lui. Elle lui annonce qu'elle ne chantera pas. Elvis se redresse et soupire, en reprenant une vrai mine sérieuse.

" Et non, je ne vous ai pas dit mon nom. " Dit-il dans un léger sourire, gardant la réponse autant qu'il le pouvait pour lui. Il pose ses deux mains sur ses épaules et se rapproche d'elle pour lui dire. " Dolores, croyez en vous. Je vais vous dire un truc... Quand j'ai commencé, je me retrouvais face au public et ma voix se brisait, je n'arrivais pas à chanter face à autant de regards. Et si vous avez peur des regards et bien... J'ose espérer que mon simple regard, pas ceux des autres non... Vous mettra en confiance, car je veux avoir confiance en vous. Dites vous qu'il n'y a que moi dans la salle. Et que vous avez envie de prouver à ce gars là, qui se montre affreusement grossier et arrogant que vous allez démonter la barraque comme on dit chez moi. "

Elvis croise son regard alors qu'elle lève les yeux vers lui. Il a un sourire fugace. Ne pouvant décidément pas se retenir de jouer de son charme. Il savait le pouvoir qu'il pouvait avoir sur la genre féminine. Elvis en a croisé des regards mais celui la revêt une innocence et une incompréhension qui le marque. Peut être devrait il arrêter de tourner autour du pot mais il n'en avait pas envie.

Mais à sa première phrase il ne comprend pas ce qu'elle veut dire. Entendre ? Son regard marque l'incompréhension et peut être a-t-il besoin d'en savoir plus.

" Entendre ? Que voulez vous dire par là ? " Demande t il sans détour. Après il sait qu'un bruit peut devenir rapidement gênant et stressant. Il pouvait le comprendre, mais il ne comprenait pas où elle voulait en venir clairement.

Elle ne semble pas démordre quant à son identité. Elvis sourit d'amusement et se mordant la lèvre inférieure. C'était légitime pour elle de savoir qui il est. Mais avait-il envie de lui donner son identité ? D'ordinaire Elvis s'amusait de la réaction des gens qui se rendaient compte de la personne qu'il avait en face de lui. Mais Dolores... C'était différent... Il ne voulait pas en plus lui rajouter une pression inutile. Son nom ? Il avait laissé des rumeurs courir ici, juste pour voir comment les gens se comporteraient... Sans pour autant montrer qu'il était là. Après une légère réflexion, il s'amuse d'abord à détourner l'attention de sa question, mais il savait qu'il lui devait une réponse.

" Un nom c'est un nom, je peux vous donner tous les noms de la terre, je serai toujours la même personne. " Dit il en agissant clairement comme un gamin. D'ailleurs, il accompagne cette tirade avec une petite moue infantile. Il marque une pause, et dit alors clairement. " Appelez moi Aaron. " Ca n'était pas mentir, c'était son second prénom, et parfois il aimait l'utiliser. Mais il fallait le connaître. Elle saurait bien assez tôt qui il était de toute manière. Comme une envie que rien ne change, qu'une personne puisse vous parler si franchement et sans détour. Comme Priscilla l'avait peut être fait à son époque. Les filles qui font les yeux doux, il en avait à la pelle, et elles faisaient la queue rien qu'en entendant son nom. Qu'à l'époque du Lycée alors qu'il était encore inconnu, personne ne s'intéressait au pauvre Elvis rachitique et timide qui avait du mal à parler en public. Peut être la fixe t'il avec trop d'intensité alors qu'il se perd dans ses songes, alors il se reprend mais toujours avec son charme habituel. " Excusez moi Dolores, vous m'inspirez. " Il sourit. " Chantez Dolores et je ne verrai que vous. Dites moi que vous allez le faire... Qu'importe si ca n'est pas parfait, ce que j'aime c'est quand les gens y mettent leur cœur. C'est là que des miracles se produisent. "  Il voit du mouvement plus loin et on lui fait signe. Elvis fait un signe de tête comme quoi il a bien compris et lève un doigt pour demander une dernière minute. Les lumières de la salle scintillent aussi pour montrer que ça allait commencer. " Je serai sur la droite sur le balcon, d'accord ? "

Il était toujours fier de se montrer comme étant Elvis mais pas cette fois. Mentir ca n'est pas bien mais il ne mentait pas vraiment, il lui donnait son second prénom qu'il pouvait utiliser parfois. Lors de réservation ou autre quand il ne souhaitait pas se faire importuner. Il ne voulait pas ajouter une pression supplémentaire à cette jeune femme. Il était curieux, curieux de l'entendre se produire et voir ce qu'elle lui donnerait. Il était instinctif et il avait envie de voir que ca fonctionnait. Et même, la délicieuse Dolores lui avait tapé dans l'œil. Il ne devait pas se mentir.

" Moi, je pense que vous allez être éblouissante. " Lui dit il un air malin avant de se détourner doucement d'elle pour prendre sa place. " On en reparlera après, jolie Dolores. " Il lui fait un clin d'oeil malicieux avant de se tourner vers ses collègues mais aussi un agent de sécurité qui n'avait pas pu s'empêcher de les surveiller de loin. Elvis continue de sourire et un léger rire ne peut s'empêcher de l'accompagner alors qu'il reste dans ses pensées en se rappelant de la rencontre qu'il vient de faire.

Il s'installe à la place qui lui est réservé et à part des autres. Sur le dit balcon. Il prend place dans son siège, on lui sert à boire. Un Coca ferait l'affaire alors qu'il sort la liste des auditions qu'il doit passer. Son regard fini par se poser sur le nom de Dolores. Les auditions commencent et Elvis reprend un air sérieux, accoudé sur la table, et observant les personnes qui se manifestent.

Il entend son nom, alors il devient plus attentif. Il réajuste la position sur sa chaise. Les projecteurs sur elle, elle avance et se place au milieu de la scène. Il ne baisse plus les yeux vers son papier mais l'écoute. Et il est transporté alors que sa voix donne l'impression de toucher son âme. Il est hypnotisé par sa présence. Elle était donc là sa perle rare. La musique se termine, Elvis est ému et glisse une main sur sa joue pour se reprendre. Elle quitte la scène. Il aurait envie d'applaudir mais si les visages se tournent vers lui, il allait se faire griller malgré l'obscurité de la salle.

Les autres participants défilent, Elvis reste concentré et continue de noter des choses. Il finit par se tourner vers le présentateur qui s'était assit près de lui et lui dit à mi-voix:

" Quand le dernier concurrent passe, tu peux dire qu'il y a une entracte, une sorte de pause ? Je paye une tournée pour les participants. Ils ont le droit à une boisson s'il te plait. La seconde partie, je monterai sur scène pour leur chanter quelque chose et je leur annoncerai les candidats retenus. Ha et heu... " Il fronce les sourcils. " Vous pouvez dire à Mademoiselle Madrigal de venir me rejoindre en coulisse dans ma loge ? Vous lui dites que Monsieur Elvis Presley veut lui parler en personne. Par contre, évite que ca se sache, j'ai pas envie d'une émeute dans les coulisses... " Il sourit. Bon, ca pouvait sonner comme une mauvaise blague. Mais il ne pouvait garder le secret plus longtemps et il avait bien envie de la féliciter lui-même.

Il se lève ensuite de sa place, accompagné de son garde du corps, et passe par les couloirs qui mènent en coulisse avant de rejoindre la loge qu'on lui avait donné en arrivant ici. Il entre, fait un signe de tête au vigile en lui demandant d'attendre dans le couloir et de faire rentrer Mademoiselle Madrigal quand elle arrivera. Il soupire et se laisse tomber sur un des fauteuil, attrapant une boite de chocolat pour s'en piquer un. Il se met dos à l'entrée, tout en riant de sa blague.

Les minutes passent, il se balance sur son fauteuil comme un gosse en attendant d'arrivée de Dolores. Il entend la porte s'ouvrir. Il se marre doucement dos à elle avant de se retourner et glisser sa tête sur le côté pour qu'elle voit son visage.

" Et le miracle s'est produit ! " Dit-il un large sourire sur les lèvres. Il attendait sa réaction maintenant.

Elle était clairement en colère et franchement il y avait de quoi. Mais ca passera, il le sait... Il espérait qu'elle comprenne pourquoi il avait voulu garder l'anonymat face à elle. Alors oui, il rit doucement quand elle se braque et qu'il voit son visage montrer l'incompréhension la plus totale avant de gesticuler les mains devant lui tout en se levant et en s'approchant d'elle.

" Dolores... Je vais tout vous expliquer et j'espère que vous ne m'en voudrez pas. " Dit-il son sourire charmeur sur le coin des lèvres. " Excusez moi j'ai toujours l'air de me moquer de tout, mais ce n'est pas le cas. "

Il glisse ses mains dans les poches d'un air nonchalant en faisant quelques pas dans la loge. Prêt à faire un petit discours et lui expliquer toutes les choses.

" Et pour vous répondre, oui je suis Elvis... " Son sourire s'élargit. " Et je ne vous ai pas vraiment menti, Aaron est mon second prénom. Et je ne joue à rien, juste que... " Il tire une de ses mains de sa poche pour la désigner de sa main. Prenant un faux air accusateur vis à vis de Dolores. " C'est à cause de vous tout à l'heure. Vous étiez si nerveuse, j'essayais de vous apaiser, donc je ne voulais pas vous ajouter un stress supplémentaire. Et comme je vous ai dit: un nom n'est qu'un nom, je suis toujours le même type d'avant votre prestation. Sauf que... j'étais... pas quelqu'un de si important à vos yeux. Et pour être franc: ca m'a fait franchement du bien. "

Il tire la boite de chocolats qu'il a entamé pour en prendre un et lui tend pour lui en proposer en passant. " Posez vous deux secondes... Si vous voulez je peux vous faire amener à boire. " Il se laisse tomber nonchalamment sur un des fauteuils et croise les jambes tout en continuant de gouter à ses chocolats. " Bon, je ne vous ai pas fait venir seulement pour cette révélation, votre prestation était... " Il cherche les mots, un sourire aux lèvres, le regard ailleurs. " ... pleine de surprises. Et émouvante... Vous êtes magnifique et vous brillez sur scène ! Je n'ai vu que vous ! Et j'ai envie de travailler avec vous. " Il marque une pause, voulant parler business plus sérieusement. " Je peux devenir votre impresario. Je peux vous pousser vers le haut et je veux le faire. J'ai l'argent, j'ai le nom, j'ai les contacts et j'ai l'expérience... Même si j'ai dû en chier clairement... J'ai pas envie qu'un autre mette la main sur vous et... " Il rit doucement. " C'est en tout bien tout honneur, ne vous méprenez pas. " Ajoute-t-il, même s'il craquait clairement pour la brune. " Je suis pas là pour vider les poches des artistes. Je suis là pour éviter que des mauvaises expériences se reproduisent avec d'autres. Je ne chercherai jamais à vous contrôler... Vous ferez ce que vous voulez dans la limite du possible, mais j'aime les projets impossibles alors... Faisons tout ce que vous voulez ! Car soyons clair, je ne serai pas là où j'en suis aujourd'hui si je n'avais pas pris de risques. Alors je vous pose cette question Dolores Madrigal: Voulez vous travailler avec moi et être ma muse ? " Il rit doucement. " Et si vous pensez que c'est trop pour vous, dites vous que c'est pour me faire pardonner de vous avoir fait mal tout à l'heure. "

Bon d'accord, Elvis avait joué avec le feu, mais pour lui, à cet instant, c'était pour de très bonnes raisons. Mais elle était en colère et ca, il pouvait comprendre pourquoi. Peut être l'aurait-il été tout autant. Il est attentif à ses gestes, sa façon de parler, sa façon d'être. Et ce qui rassurait Elvis, c'est qu'elle semblait se ficher de savoir qui il est au final. Un nom est un nom, elle ne le connait pas. Et si lui n'avait été personne quel aurait été la réaction de toutes ces filles dehors.

" Et vous pensez que si je n'étais pas Elvis Presley, comment ces filles dehors réagiraient ? Est-ce qu'elles voudraient encore me mettre dans leur lit ? Comment ces requins avides de pouvoir et de notoriété réagiraient ? " Il lui parle sérieusement. " Je suis un p'tit gars de Tenessee. Je viens de Memphis, une ville qui ne brille pas par sa superbe mais avec une culture complexe et au combien fabuleuse. " Il a un large sourire, les yeux qui brillent quand il parle de chez lui. " Quand j'étais juste Elvis, le gringalet timide et sans avenir. Personne ne me regardait. " Il rit en se rappelant de cette époque. " On se foutait clairement de ma gueule à cause de ma coupe de cheveux, et de mes habits excentriques... Je n'étais personne, et le comportement des gens était différent. " Il se redresse sur son siège pour continuer à lui expliquer et en illustrant par des geste. " Quand je suis devenu Elvis Presley... Le King comme on m'a surnommé, le p'tit E.P. de la banlieue pauvre de Memphis n'existait plus. Ca a été comme une vague autour de moi. Je ne vais pas dire que je n'ai pas aimé. J'étais jeune et j'aimais ça. Et je me suis laissé embarquer. "

Il se relève pour s'approcher de nouveau de Dolores. Il espérait qu'elle comprenne ou il voulait en venir. Il pose son regard clair dans le sien et lui fait un sourire charmeur.

" Un nom n'est pas qu'un nom certes, et je comprends. Mais c'est ce qu'on en fait qui est le plus important et comment on le porte. Qu'est-ce qu'on a envie d'y voir, de ressentir en entendant ce nom. A quel personne il appartient. "

Quand elle devient méfiante vis à vis de sa prestation, Elvis rit doucement en laissant s'échapper une exclamation, faisant deux pas en arrière. Les bras se levant au ciel comme pour apporter sur lui une appréciation divine sur eux.

" Les choses arrivent comme elles doivent arriver. C'est Dieu qui décide, je l'ai toujours laissé décider. " Il fait un tour sur lui même et se rapproche de nouveau vers elle toujours souriant. " Dites moi Dolores, c'est parce que vous ne me faites pas confiance ou est-ce que vous n'avez pas confiance en vous ? " Demande-t-il taquin. " Vous êtes différente. Ecoutez... D'autres dehors chantent très bien, ils ont une technique à couper le souffle, je ne vous le cache pas. Mais qu'est ce que la technique sans la véritable passion ? Vous, vous ne le faites pas pour la gloire et la notoriété. Ou encore l'argent... Vous le faites avec vos tripes. Ca se sent et c'est tout ce qui compte pour moi. Vous savez, on a essayé de me renvoyer mes musiciens de Memphis et j'ai toujours refusé. D'accord, ils n'ont pas les techniques des plus grands, ca n'était pas parfait. Parfois ca sonnait faux. Mais y'avait cette connexion et ce fait que... je pouvais leur faire confiance. Parce qu'ils ne m'ont jamais lâché. Mon choix... c'est vous. C'est tout. " Il prend les mains de Dolores dans les siennes et les serre doucement. " On peut savoir chanter, mais vous, quand je vous vois chanter, je vois un ange. Et je sais que votre but et louable... Vous êtes une personne merveilleuse Dolores. " Dit-il le regard brillant avant de déposer un baiser sur le dos d'une de ses mains, son coté charmeur reprenant le dessus.

Celà faisait longtemps qu'on ne lui résistait pas comme ça et Dolores était plus que douée dans ce phénomène. Bon, d'accord, il en faisait des caisses, mais il en faisait toujours des caisses. Que ca soit son style vestimentaire, ses prestations, sa façon d'être. Il avait clairement pris confiance en lui avec le temps, mais on ne pouvait pas lui reprocher. Néanmoins, il continue de sourire à Dolores et lui répond simplement.

" Mais on a tout le temps pour apprendre à se connaitre Dolores. "

Son côté enjôleur pouvait être naturel. Il était comme ça, mais ca pouvait cacher un côté plus profond et plus soucieux. Il avait du mal à accorder sa confiance mais il savait jouer cette façade. Il avait appris à savoir mettre les gens dans sa poche par ses airs et sa façon d'être et personne ne le résistait. Il savait comment la gente féminine le considérait. Il savait quel pouvoir il avait sur elles. Mais sur Dolores, c'était différent. Elle semblait le remettre en question à chaque seconde qu'elle passait devant lui et son petit numéro de charme, ne faisait pas d'effet.

En effet, elle ne le connaissait pas. Lui même se demandait s'il se connaissait lui même après tout ce temps à porter son costume de paillettes. D'accord, il comprend par ses mots, qu'elle ne lui faisait pas confiance. Et oui, ca n'était pas incompatible. Son sourire se fait moins franc mais plus naturel quand il lui affirme.

" Vous devriez... Car ce que je pense ce que je vous ai dit. Et vous pouvez avoir confiance en moi aussi. " Mais la confiance ca se mérite et il n'était pas une référence. Il s'était jeté face aux belles paroles du Colonel Parker. Il l'avait fait et celà avait fini par le détruire. Ce connard avait même profité de la mort de sa mère pour prendre la place de celle-ci. Toujours à ses côtés... pour finir par le tuer à petit feu. Sa poule aux œufs d'or...

Elvis joue les jolies cœurs, mais elle lui a tapé dans l'oeil. Comme d'autres me direz vous ? Il ne sait pas trop. Il était comme ça, à faire tourner les têtes. Et il ne pouvait pas s'en empêcher. Peut être avait il ce besoin d'être aimé parce qu'il se sentait seul ? C'était tout à fait possible. Depuis la mort de sa mère, il n'avait jamais réussit à combler ce trou béant dans son cœur. Mais quand elle repousse directement ses avances, ca le frappe. Il essaye de cacher sa surprise mais son mouvement de sourcil et le regard qu'il a l'espace d'une seconde ne trompe pas: Il ne s'attendait pas à ça. Un fiancé ? Mais ca ne changeait pas le fait qu'il voulait que Dolores chante pour lui et qu'elle soit à ses côtés. Peut être était-ce un challenge ? Face à ce fiancé... ? Elle était un challenge, et il est vrai que le King aimait ça. Ca rendait l'aventure plus palpitante au fond non ?

Il baisse la tête, détache délicatement les mains des siennes et se passe une main sur le front, gêné.

" C'était... grossier... excusez moi. "

La façade se craquelle, il se sent totalement idiot pour le coup. Il est perdu. Il finit par relever son regard, glisse ses mains dans les poches de son pantalon, le regard toujours fuyant, avant de dire à Dolores.

" Ca ne change en rien ma proposition. Ne pensez pas que j'espère autre chose... Je me suis... laissé emporter. "

Il se détourne d'elle et marche dans la loge, toutes paroles grandiloquentes avaient quitté son esprit. Il relève le nez, pose son regard clair sur la silhouette de la jeune Madrigal.

" Je vous aime bien. Et je vous le dis honnêtement. " Dit-il, laissant parler des mots plus simples. " J'aime savoir à quoi m'en tenir avec les gens et... j'ai pas l'habitude qu'on me remette à ma place. Disons que j'ai le droit à des oui Monsieur Presley... Tout de suite Monsieur Presley... Personne n'ose me dire ce qu'ils pensent. Mis à part mes amis très proches... " Il marque une pause. " J'espère que vous acceptez mes excuses. Je ne voulais pas vous offenser et... votre... fiancé a beaucoup de chance. "

En la regardant, autre chose que de l'attirance né en lui, alors il détourne le regard. Elle faisait parti de ces femmes qui sont à part. Clairement.

Ca lui apprendra d'avoir trop confiance, ou de se dire que se baser sur son nom, ferait accepter n'importe quoi à n'importe qui. C'était plutôt réfléchi de sa part ce qu'elle lui disait. Mais Elvis avait l'impression de se prendre chaque seconde passant un mur de plus en plus épais et douloureux. Et ca le déstabilisait clairement. Quand elle reparle de son fiancé, Elvis a un petit sourire tout sauf franc qui se dessine sur son visage, alors que son regard se fait fuyant. Il essayait de se mettre du plomb dans la tête à vrai dire. Et que peut être que lui aussi était marié. Il avait Priscilla, mais elle n'était pas là. Peut être qu'il ne la trouverait jamais par ici. Il devrait peut être lui dire, parler de sa femme, mais il... ne le fait pas. Pourquoi ? Parce que ca ne regardait que lui.

Alors il pense à sa femme mais aussi à sa fille, il doit se reprendre et arrêter de jouer les jolis cœurs à tout va. Mais plus le temps passe en compagnie de cette demoiselle, plus il a l'impression de se noyer sous une vague qu'il ne contrôle pas.

Il se détourne en marchant dans la loge alors qu'elle lui dit qu'elle doit réfléchir, que son monde ne lui conviendrait surement pas. Il la comprenait en sorte. Ce monde... Si on n'y faisait pas garde, on pouvait vite se retrouver seul et dévasté. Son sourire s'efface alors que son regard clair se perd dans des souvenirs et des pensées douloureuses. Il finit par se reprendre.

" Je... peux comprendre. " Dit-il après s'être raclé la gorge. Il se tourne vers elle et lui fait un sourire bienveillant. " Je sais que vous ne me connaissez pas et c'était présomptueux de baser votre future confiance sur... mon nom. " Il rit d'ironie. " Sachez juste... qu'avec moi, vous ne craignez rien. C'est pour ca que... j'ai créé mon propre studio, et que j'ai décidé de tout gérer à mon nom. Parce que j'ai pas envie que les jeunes talents fassent les mêmes erreurs que moi. Et j'ai pas envie que ca vous affecte non plus. Vous êtes une personne bien. " Il se rapproche de nouveau d'elle. " Prenez votre temps, Dolores. Je vous attendrai. " Il avait envie de dire qu'il ne voulait qu'elle, qu'il se fichait des autres dehors qui ne courait qu'après la gloire. Qu'il avait l'impression de pouvoir tout confier à cette femme qu'il connaissait à peine, car elle avait la franchise de lui dire les choses et qu'elle se fichait pas du nom qu'il portait. Elvis glisse une main dans sa poche pour tirer une carte de visite avec ses coordonnés et lui tend. " Vous pouvez me recontacter à ces coordonnées. " Il avait peur de ne plus la revoir. Ca le perturbait ce sentiment. " Vous pouvez venir me voir absolument quand vous voulez... " Il aimerait lui demander de venir au moins pour qu'ils discutent et qu'ils apprennent à se connaître. Mais l'écriteau fiancée s'allume dans son esprit et il ouvre et ferme plusieurs fois la bouche, ne trouvant pas ses mots. " Je... heu... " Il sourit gêné. " Je veux rien dire de plus... Vous êtes fiancé... "

Il entend qu'on frappe à la porte. Elvis prend une grande inspiration et se secoue la tête et annonce que la personne peut entrer. C'est un employé qui vient lui dire que la pause est terminée et qu'il est temps de reprendre. Pour Elvis, c'est faire une apparition publique sur scène et tout sera beaucoup moins calme pour lui. Il fait un signe de tête en lui informant qu'il arrive.

" Bien. " Annonce-t-il en plongeant l'espace d'une seconde dans le regard de Dolores. " C'est à moi de gigoter sur scène il parait. J'espère que ma prestation saura vous plaire. Sachez, que je ne penserai qu'à vous. " Et c'était sorti, alors il se mord la lèvre inférieure et lève les yeux au ciel. " Pardonnez moi. Mais faut que vous arrêtiez de me faire cet effet là, c'est plus possible. " Dit-il en riant, histoire de dédramatiser. Il glisse une main sur le bras de la jeune femme avant d'ouvrir la marche et lui ouvrir la porte pour qu'elle passe la première de manière galante.

" Vous vous sous-estimer. " Il n'hésite pas à lui dire dans un sourire. Il le pensait vraiment. Dolores semblait sous estimer ses compétences et qui elle était. Il aimerait lui prouver qu'au contraire, elle était l'inverse de ce qu'elle pensait être. Elvis le voyait. Elle n'était pas comme ces autres qui cherchaient un peu de gloire dehors. Elle était à part.

Bon, visiblement, elle y tenait beaucoup au fait de lui répéter qu'elle était fiancé. Si bien qu'Elvis commençait à avoir des soupçons là dessus sur la réalité de la chose. Mais il ne voulait pas mettre en doute la parole de Dolores.

Ils sont obligés de se séparer, Elvis a ce petit pincement au coeur qui accompagne une séparation. Il se demandait s'il reverrait Dolores par la suite. Il l'espérait. Elle avait laissé une forte impression sur lui. Il va jusqu'en coulisse, non sans un sourire aux lèvres, avec cette engouement d'apprécier son moment scénique.

Être sur scène avec le temps, était devenu sa drogue, sa lueur. Il se sentait revivre et celà faisait longtemps qu'il n'avait pas fait face à un public. Ca lui avait manqué. Et il penserait à Dolores sur scène. On l'annonce, c'est la cohue dans la salle, les rumeurs étaient donc fondée. Il entre sur scène, le public l'acclame et il ne peut s'empêcher de sourire.

Comme d'ordinaire, il salue son public par un petit discours en avouant être content d'être là et il applaudit tous les talents qui se sont présentés à lui. Il décide d'enchainer ensuite sur une de ses chansons. Il décide bien souvent à la dernière minute de ce qu'il va interpréter et bien entendu, son entretien avec Dolores, lui souffle le titre de Suspicious Mind, qu'il interprète avec toute la force dont il est capable.

Comme d'ordinaire, on le voit prendre possession de la scène et le public est conquis. Si Elvis avait un pouvoir, ca serait bien celà: ce don là. Le don de la musique, la prestance qu'il dégage. Mais cette chanson, il la chante pour Dolores. Et même s'il ne voit pas le public, il essaye de la deviner dans la salle.

A la fin de tout celà, il essaye de retrouver Dolores mais visiblement elle a quitté les lieux sans vraiment lui laisser un moyen de la contacter.

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