Ses doigts glissent sur les touches de son piano alors qu'il fredonne quelques notes. Il est sur une mélodie depuis le matin et il essaye de trouver le ton juste pour pouvoir interpréter sa nouvelle chanson. Ca n'était qu'une reprise mais il ne fallait pas demander à Elvis de faire un copié-collé simple. Il était du genre à réarranger à sa manière les partitions afin de coller plus à son image.

C'est alors que l'interphone se met à sonner. Elvis glisse sur son siège et se lève en fermant son peignoir de soie et en se passant une main dans les cheveux pour paraitre correctement face à son visiteur. C'est un jour où il a décidé de ne pas travailler, sous les conseils du Dr Bloom, qui lui dit qu'il faut qu'il prenne des jours pour lui au calme. Bien qu'il ne peut rester à rien faire... Ca lui permet de laisser cours à ses premières envies. Être face à sa passion, au calme.

Il ouvre tout de suite, va trouver quelque chose à enfiler autre que son peignoir et trouve une simple chemise. Il n'aura pas le temps de faire mieux. Il vérifie quand même son halène.

Après les visions de Bruno, il n'avait pas été voir Dolores. C'était surement par peur de l'impliquer là dedans. Mais qu'elle vienne à lui, il allait devoir lui en parler. Elvis était un peu perdu en ce moment. Il faut aussi ajouter sa mésaventure avec Jesse dans un autre délire psychédélique très personnel... Ce qui ne l'avait pas rendu très présentable non plus. Elvis continuait de se confronter à ses démons et cette histoire ne l'a clairement pas aidé. Et peut être avait il oublié pendant un temps de donner des nouvelles à sa chère et tendre.

Quand la jeune femme arrive à son étage, il lui ouvre, un large sourire sur les lèvres.

" Bonjour. " Lui dit-il avant de la laisser entrer et refermer derrière eux. Dans un geste naturel, il s'avance pour l'embrasser en guise de retrouvailles.

Elvis se fait arrêter dans son élan par la lettre que lui claque Dolores sur son torse. Là, une foule de choses se passent dans sa tête. Il est perdu, il ne comprend pas, et il perd immédiatement son sourire. C'est comme si le monde s'écroulait d'un seul coup autour de lui. Il voit le regard pleins de colère de Dolores, et ca le blesse. Parce qu'il l'aime vraiment, et... là...

Autant être au courant de la raison de sa colère alors, il baisse les yeux et attrape la lettre. Son coeur bat fort, ses gestes sont décousus quand il déballe le papier de l'enveloppe pour commencer à lire.

Déjà ca n'était pas une lettre manuscrite. Le genre de truc qu'on fait pour éviter qu'on retrace la personne. Plus Elvis avance dans cette lettre, plus il se sent mal... Plus il a envie de se mettre en colère aussi.

" Qui ? " Il regarde Dolores, les yeux pleins de larmes. " Qui t'a donné ça ? " Il grimace.

Oui, c'est tout ce qu'il trouve à dire. Car peut être démentir ce qui se trouve dans cette lettre ? Non... Oui, il a été marié. Peut être de force même. C'est le père de Priscilla qui lui avait foutu la pression. En le menaçant que s'il ne le faisait pas, il se ferait une joie de balancer sa relation au média comme douteuse. Priscilla avait 11 ans de moins que lui à l'époque. Même s'il l'aimait... L'engagement lui avait toujours fait peur.

Est-ce qu'il peut prétendre que le nombre de fois où il a trompé sa femme de façon excessive est faux ? Qu'il a profité de ses tournées pour charmer et se taper des filles, parfois des fans, parfois des prostitués... Que pendant certains tournages, il pouvait avoir des relations avec ses partenaires ?

Est ce qu'il peut prétendre qu'il n'avait pas de soucis de gestion de colère et que régulièrement, il disjonctait sans se maitriser ? (bien qu'il n'a jamais touché Priscilla) Qu'il avait eu de gros soucis de dépression qui l'avait vu se perdre dans un puit sans fond ? Que ses addictions étaient sévères au point qu'il se perdait un peu plus chaque jour dedans ?

" C'était... " Sa gorge se noue. " C'était mon ancienne vie... S'il te plait... " Et il sait qui a fait ça, ca porte clairement sa marque. " C'est le Colonel qui t'a envoyé cette merde... C'est son plan... Son sale putain de plan... Te laisse pas avoir par ca, s'il te plait... "

Il ne pouvait pas renier ce qu'il s'était passé dans son ancienne vie, il ne peut pas dire que le courrier disait faux car tout était vrai. Mais c'était tous ses sales côtés. Rien n'était élogieux. Le but de ce courrier c'était de salir sa réputation, salir son nom et que Dolores le plaque. Le faire souffrir pour qu'il se retrouve seul.

" Je t'en prie Prisci... " Il s'arrête, se rendant compte qu'il était en train de faire une connerie. Dans un sale moment en plus, mais ca lui rappelait ses engueulades avec son ex-femme tout ça. " Dolores... " Il ferme les yeux et grimace. " J'allais te le dire pour mon mariage. J'te l'jure. Mais je savais pas comment te le dire... "

C'est clairement un véritable ras de marée. Il sait qu'il ne peut plus rien contrôler. Et ca le rend dingue et désespéré. Et il sait que le Colonel a profité de ses erreurs pour l'utiliser contre lui. Elvis qui sentait pouvoir recréer des liens ? Non, il était mieux de l'isoler pour le corrompre de nouveau à sa cause.

Le Colonel ? Il ne s'en fiche pas... Et là, Dolores est en train de tomber dans son piège les deux pieds dedans. Alors il a envie de se mettre en colère. La rage monte, mais pas contre elle, contre cette putain de vie qui recommence. Et il était fatigué de se battre de la sorte. Sous ce ressenti, il envoie voler tout ce qu'il y a sur le comptoir de son bar.

" J'allais te le dire PUTAIN ! " Se met-il à hurler plus fort, il a l'impression de ne plus savoir quoi dire et quoi penser pour sortir la tête hors de l'eau. Les larmes coulent sur ses joues. Il serre les dents, il fronce les sourcils... Il ne sait plus quelle émotion affronter tellement elles étaient nombreuses et dévastatrices. Il avait juste envie de calme. De calmer ses émotions, ses pensées. Elle lui parle de premier choix... Elvis se secoue la tête. Il doit se reprendre, gérer sa colère. Ce qui n'était pas évident après avoir vécu une vie avec.

" Arrête ! Merde ! Là, t'es en train de me reprocher mon ancienne vie ! Ca n'a rien à voir avec ici, avec nous ! Toi aussi t'étais fiancée non ? " Son histoire avec Mariano et tout le reste. " Ca veut dire quoi ? Que t'as eu le droit d'avoir une vie avant moi et... pas moi ? Y'a aucune histoire de choix là, en plus... c'est mon ex-femme. " Il pourrait lui expliquer le comment du pourquoi il a fait un retour en arrière sur sa vie ici. Que sur les papiers, Priscilla était encore sa femme, comme sa cure de rajeunissement... Mais là, il n'était pas apte d'avoir des paroles mesurés et des explications logiques. Il était juste en train de se débattre avec eux, mais aussi avec lui même.

Sauf qu'il s'enfonce. Parce qu'il est perturbé et cette engueulade ressemblait aux nombreuses qu'il avait eu avec son ex-femme. Le soucis, c'est qu'il aimait aussi encore Priscilla. Qu'elle avait partagé sa vie pendant très longtemps, ils avaient eu une fille ensemble. Mais il savait qu'ils s'étaient éloigné l'un de l'autre et qu'elle ne se trouvait peut être même pas ici. Et puis il la voit se résigner dans leur relation et là c'est la peur de finir seul qui revient à la surface.

" Non non non... " Il lui attrape les mains. " Pardonne moi... J'ai fait une bourde... Dolores... S'il te plait. Je veux pas te faire du mal, ca n'était pas dans mon intention. "

Il se laisse tomber à genoux devant elle, les larmes reviennent, il éclate littéralement en sanglots. Il glisse ses mains sur ses genoux.  

" Je m'excuse. Je t'en prie. Ne me laisse pas seul. Ne le laisse pas gagner... Faut pas le laisser gagner. Crois moi quand j'te dis que je t'aime. Parce que oui, je t'aime... Je suis dingue de toi dès que je t'ai vu. S'il te plait... "

Elvis devait se calmer. Ne pas crier... Il sait pourquoi... Mais il a cette colère en lui qui ne demande qu'à sortir. Il ne veut pas faire peur à Dolores. Il ne veut pas recommencer à être invivable comme il l'avait été auparavant avec Priscilla et ses ex. Il s'était enfin senti si libre et là, c'était comme si tout ce qu'il avait construit était en train de s'effondrer. A cause d'un putain de mensonge.

" Pour moi... c'était mon ancienne vie. C'était pas comparable. Et je... " Il se secoue la tête. " Tu aurais tourné les talons si je t'avais dit que j'étais marié... T'étais déjà prête à t'enfuir ! Et en plus j'en voulais pas de ce mariage ! " Finit-il par lâcher. C'était la vérité. Un coup médiatique. Bien qu'il aimait Priscilla. Il n'avait pas voulu se marier. On l'avait forcé pour plusieurs raisons. Quant au fait qu'il aime encore Priscilla, il l'aimerait toujours. Elle l'avait réconforté après la mort de sa mère. Elle l'avait soutenu dans ses pires moments, même s'ils avaient fauté plus d'une fois. Car peut être que leur relation n'aurait pas dû être si officielle entre la jeune Beaulieu et lui ? " Tu ne peux pas m'effacer une vie complète. " Il se rendait compte qu'il se contredisait. " Et je suis sûr que t'as encore des sentiments pour l'autre emplumé là ! "

Elle lui fout sous le nez sa peur profonde et peut être qu'Elvis n'est pas prêt. Il avait passé une vie à se sentir seul, même si parfois il était souvent entouré. C'était une solitude qui le rongeait. Une solitude qu'il avait nourri depuis la mort de sa mère. Depuis que doucement, le Colonel lui avait fait perdre contact avec tous ses proches. Qu'Elvis avait fini par arrêter de voir créer des liens avec les autres. Qu'il en perde l'envie et la motivation.

Alors il ne fait que sangloter quand elle lui fout sous le nez. Mais il aimait sincèrement Dolores. Depuis la première qu'il l'a vu, depuis leur échange. Depuis qu'elle était dans sa vie, il voyait une possibilité d'aller de l'avant après Priscilla. Parce qu'il n'avait jamais aimé personne d'autre.

Elvis veut la retenir alors il s'accroche toujours à elle.

" Mais je t'aime... D'accord... On s'en fout du Colonel. Je t'aime... T'en vas pas... T'es la seule à pouvoir m'aider... Je t'en supplie Dolores... C'est avec toi et personne d'autre que je veux me reconstruire. Ma nouvelle vie... "

Elvis se sentait submergé par ses émotions et il n'arrivait pas à se comprendre lui même dans l'histoire. Pour lui, il avait eu peur que Dolores ne veuille plus le revoir. Il ne peut pas lui dire qu'il n'aime plus Priscilla. Elle a été son premier véritable amour, la mère de sa fille et sa femme aussi. Il continuera de l'aimer à jamais. Mais c'était lui qui voulait décider de ce qu'il voulait faire de cette nouvelle vie.

Sauf que celà remuait une ancienne blessure. Son ancienne vie, c'est son ancienne vie... Il avait déjà entendu ses paroles quand il s'est retrouvé confronté face au Colonel qui avait fait en sorte qu'il ne sache pas quel était son ancienne identité. Ce qu'il avait pu faire dans une autre vie. Que son ancienne vie était le cadet de ses soucis. Etait-il comme lui ? Etait-il devenu le reflet de ce qu'il avait détesté si fort ?

" Dolores... J'te jure... " Dit-il en sanglotant. " J'te jure que c'est pas c'que tu penses... Mais c'est lui tout ça... J'te jure écoute moi.  "

Parce qu'il avait peur de son ancien lui, de ce qu'il avait vécu dans son autre vie et qu'il redevienne ce type cassé mentalement au point de n'être que l'ombre de la véritable personne qu'il est. A cause du Colonel... Toujours le Colonel...

" Je t'ai dit Dolores... J'ai des soucis... Peut être que t'as raison, tu ne me connais pas, et que tu n'aimeras pas cette version de moi. Car je t'assure que je l'aime pas... J'ai fait souffrir Priscilla, ma propre fille et pourtant je les aimais... Parce que j'ai pas sût m'arrêter... "

Ca il lui avait dit, elle ne pouvait pas dire qu'il lui avait caché. Il va voir une thérapeute, il essaye de guérir de ses addictions. Le Dr Bloom lui a dit que c'était peut être un peu tôt pour se plonger corps et âme dans une nouvelle relation, mais Elvis avait toujours cet élan quasiment inarrêtable, porté par ses ambitions du cœur. Il aurait dû prendre le temps de lui parler de tout ca mais à la place, il avait foncé, tête baissée, sans dire grand chose sur qui il est. Il voulait juste une chance de reconstruire un nouveau chapitre, sans toutes ses casseroles, mais ses casseroles le suivront toujours.

Sauf que là, c'était le Colonel qui était en train de gagner. Et celà mettait Elvis dans tous ses états. Il faisait une fixette sur Parker, mais depuis qu'il sait qu'il est là, depuis qu'il sait qu'il cherche à le contrôler par tous les moyens en passant et que Dolores tombait dans le panneau si facilement... Alors oui il va lui expliquer. Il se relève, pas fier, mais il la regarde dans les yeux pour lui expliquer les choses. Surement trop sèchement et trop brutalement:

" Vas y je vais te dépeindre le tableau de mon ancienne vie... Je suis un putain de Junky à mes médocs et à la scène... je souffre de crises paranoïaques, d'excès de colère incontrôlable... Je suis ravagé. J'suis mort à 42 ans de mes excès et d'une solitude qui m'a détruit. Tu m'aurais pas reconnu, je ne me reconnaissais pas, je me dégoûtais. C'est ca que tu veux entendre ? Je ne viens pas de ton monde tout beau tout rose d'arc en ciel et de miracles. Ca n'existe pas les miracles, on finit toujours par souffrir tôt ou tard et finir seul... "

Elvis ne peut s'empêcher de faire le lien avec Priscilla dans ses paroles. Mais il ne voyait pas Priscilla en Dolores. Oui, il aurait toujours des sentiments pour son ex-femme, mais Dolores était différente sur bien des aspects. Priscilla l'avait sorti de ses tourmentes après la mort de sa mère. Dolores était son nouveau souffle de vie. Certes, il avait eu d'autres relations après Priscilla mais il avait cherché désespéremment son ex-femme dans celles qui se présentaient à lui.

Pour Dolores, il s'était persuadé du contraire... Mais si... en fait elle avait raison et qu'il n'était finalement pas sorti de ses anciens travers ? Ca lui faisait du mal de le penser, mais peut être qu'elle avait raison en quelque sorte. Le truc c'est qu'Elvis avait une vision bien différente du monde de Dolores. Oui, c'était un monde féérique, loin de sa réalité. Et il se sentait frustré qu'elle ne comprenne pas. Alors peut être s'était-il trompé en fin de compte ?

" Alors je vais te poser ces questions là Dolores... Est ce que t'en es capable ? Que ca ne soit pas tout rose avec moi... Oui, je peux être difficile à vivre. Je suis une thérapie mais je ne guérirais jamais complètement et il y aura toujours mes vieux démons qui guettent. J'te ferai flipper parfois Dolores. Je faisais flipper Priscilla... " Il se redresse, les larmes coulant toujours sur son visage; Fixant son regard bleue dans le sien. " Est-ce que tu supporteras mes insomnies ? Mes crises paranos ? De ne pas me reconnaitre parfois ? Car je serai un autre homme !  Avec ce risque de replonger à chaque instant vers mes médocs, et mes armes à feu ? Est-ce que tu supporteras le fait que j'aurai l'air... Je dis bien l'air... Plus heureux sur scène que dans tes bras ? Que je n'ai pas d'heure fixe pour rentrer ? Que je puisse passer la nuit dehors ? Que je puisse disparaitre pour quelques heures parce que j'aurai besoin de me recentrer ? Je ne dis pas que tout ca se passera. Mais c'est ce qu'il s'est passé et je tends à faire les mêmes erreurs... "

Elle voulait toute la vérité ? La voilà. Ils auront des moments difficiles; et peut être qu'elle a raison. Il la voit trop fragile pour soutenir tout ça. Car il sait que ca risque de la détruire. Il se détourne d'elle en se secouant la tête et en glissant une main sur son front. Avant de relever le nez et continuer plus sèchement qu'il ne le veut:

" Ton Encanto. Je l'ai vu et je peux t'assurer qu'il n'a rien à voir avec mon monde. Chez moi, on tue des gens pour des idéaux. Des gosses crèvent la dalle dans les rues. Si t'as le malheur d'être différent, on te colle une étiquette et on te caillasse. La guerre éclate partout et tout le monde est trop nombriliste pour se soucier des affaires du voisins. Chacun sa merde. " Il montre son appartement. " Quand tu vois cet endroit, tu ne penses pas qu'avec ma famille on a pu vivre les uns sur les autres dans une unique pièce. Qu'on se partageait parfois une putain de patate pour la journée. Et encore maman me faisait toujours passer avant... Mais on crevait la putain de dalle. " Il pose sa main sur son torse. " Ca c'est ma putain de réalité. Mon putain de monde. Et ce monde, je l'ai embarqué avec moi et il fait parti de moi. T'arriveras à assumer ca Dolores ? Parce que t'es en train de me prendre la tête pour un putain de mariage qui n'a plus lieu d'être là ! "

D'accord, il s'emportait peut être, mais elle ne comprenait pas. Elle ne semblait pas comprendre ce qu'il était. Elle ne voyait que sa peine au final. C'est ce qu'il pensait. Il était idiot et il va rapidement le regretter.

" Si t'arrives déjà pas à assumer ça alors tu n'assumeras pas le reste. Tu risques de lire des trucs tordus sur moi dans les journaux. Et tu vas commencer à te faire des films... Et m'en vouloir... Le Colonel va continuer. C'est un charognard, il veut aller jusqu'au bout. " Il pointe ensuite un doigt vers elle et continue de lui expliquer. " On va aussi raconter ensuite des trucs sur toi... J'essayerai de te protéger. Je m'en ferai une priorité. Mais... Ils aiment bien salir les images des gens... Juste pour... la gloire ? Le fun ? par jalousie ? Parfois, il va falloir mentir pour protéger notre image, notre vie personnelle. T'es prête à assumer ça Dolores ? "

Il finit son long discours là. Il est épuisé, il a mal au cœur, il a envie d'abandonner.

Elvis ne se rend pas compte des mots qu'il sort. Il balance la stricte vérité si c'est ce que Dolores veut, mais la vérité, c'est qu'il a foiré sa vie alors qu'il avait de l'or entre les doigts. Il avait déjà fait supporter à Priscilla tout ca, et à ses compagnes ensuite... Mais il ne voulait pas que Dolores finisse par en pâtir elle aussi. Il ne le supporterait pas. Il sait que ca arrivera. Il le sait et ca va le dévaster.

Il la voit trembler, une part de lui s'en veut mais il est comme figé. Il est déjà en train de lui faire du mal. Si déjà elle se sentait si bouleversé par une lettre du Colonel alors pourra-t-elle assumer la suite ? Celà semble compromis et elle lui avoue.

Elvis baisse la tête et ferme les yeux, sa main glissant sur son front. Il prend un temps pour se reprendre, malgré les larmes apparentes. Il finit par acquiescer.

" J'ai entendu. " Sa voix reste peu sûre, il ne sait pas trop ce qu'il doit faire. Il ne peut pas la retenir. C'était injuste. C'est lui qui avait créé tout ca en la poursuivant à travers cette foutue ile. Il aurait dû laisser cette histoire se stopper alors qu'elle ne lui donnait plus de nouvelles. Cette histoire n'aurait pas fait aussi mal.

" J'aurai pas... " Il s'arrête et dégluti. Sa gorge se serrant au point qu'elle ait du mal à prononcer un son. " Je n'aurai pas dû t'imposer ça. C'est moi qui ai fait de la merde. C'est moi qui te fais du mal. C'est à moi de m'excuser Dolores. "

Il se détourne d'elle, d'un air las pour se diriger plus loin, son regard embuée se perdant à travers la fenêtre. Le voilà qu'il se perd de nouveau dans ses pensées. De la mélancolie, du chaos. Il est en train de sombrer et il le sait. Il ne veut pas que Dolores assiste à la suite. Il sait très bien dans quel état il va finir. Il ne sait pas comment, mais il trouverait un moyen de se trouver ce qu'il n'a pas le droit de prendre. Après presque quatre ans de sevrage, il va replonger. Il n'a pas le choix. C'est comme ca qu'il le pensait.

" Tu peux... t'en aller s'il te plait. " Dit-il d'une voix cassée.