Travailler. C'était la seule chose qui le motivait encore dans cette vie. Il se connaissait. Quand le coeur était fracassé, alors c'est là que les ennuies commencent. Il se bourrait de nouveau de médocs, il n'allait plus voir sa psy et il passait trop de temps au studio. Il dormait peu, devenait presque invivable, tellement il était intransigeant avec son entourage.

Il n'allait pas bien. Ca se voyait mais personne, ou peu de monde, n'osait lui demander. Dans ces moments là, il gardait ses lunettes fumées sur les yeux, les retirant peu. Son regard clair restant collé derrière ces vitres afin de mettre de la distance entre le monde extérieur et lui. Il se renfermait.

Il est dans son bureau en train de discuter de proposition d'enregistrement avec un des arrangeurs sonores. La conversation était à sens unique et Elvis ne voulait rien entendre, face à un type totalement désarmé face aux exigences du chanteur. Il entend quelqu'un frapper à la porte. Il ignore d'abord, puis à force d'entendre toquer. Il demande sèchement à la personne de se manifester.

C'est la secrétaire qui l'informe qu'une personne veut le voir. Elvis lui dit qu'elle sait bien ce qu'elle doit dire. Puis quand elle prononce le nom de Dolores Madrigal. Il se fige. Son coeur a une sorte de soubresaut dans sa poitrine. Comme si l'espace d'un instant il revivait de nouveau, mais il a une nouvelle vague de ressenti qui remonte à la surface. La honte, la détresse... La colère porté contre lui. Et non contre elle.

Il ne répond pas. Son cerveau se mettant en pause littéralement l'espace de quelques secondes. C'est la secrétaire qui reprend la parole qui lui annonce qu'elle a bien compris qu'il ne voulait pas être dérangé. Elvis a un sursaut et fait plusieurs pas pour la retenir.

" Je veux la voir ! " Dit-il expressément avant qu'elle ne disparaisse. Il regarde son coéquipier et lui demande de partir... Que l'arrangement... Ils verront ca plus tard. Qu'il essaye quelques maquettes dans le studio en attendant. Le type quitte la pièce. La secrétaire lui informe qu'elle va chercher la jeune femme.

Elvis se sent nerveux, il lisse les pans de sa veste, se passe une main dans les cheveux. Il sait très bien de quoi il a l'air. Quelques secondes plus tard, elle passe la porte de son bureau. Il ne dit rien, les deux mains posés sur son bureau, restant derrière celui-ci comme pour dresser une barrière. Il la fixe, il l'observe. Il ne sait pas ce que veut dire cette visite. Le silence est lourd et pleins de sens.

" Je... " Commence-t-il sa voix grave qui accroche au fond de la gorge. Il se reprend en se redressant. " Tu souhaites récupérer ton contrat ? " Dit-il, se disant qu'elle était surement là pour ça, et qu'il ne devait pas se faire d'idée. Bien qu'étant devant elle, il avait l'impression qu'une part de lui revivait. " Je ne te retiens pas. Tu peux faire ce que tu veux. Je souhaite que tu puisses faire ce que tu veux. Tu le mérites. "

Pour Elvis, s'imaginer qu'elle reviendrait pour lui, pour eux... Ca n'était pas possible. Priscilla était partie et n'était jamais revenue. Alors pourquoi elle le ferait ? Elvis essaye de garder une certaine contenance devant elle, même si son état était tel qu'il ne pouvait lui cacher toute la vérité à son compte. Il ne pouvait pas cacher son poignet sous attelle, il ne pouvait pas cacher son teint blafard. Peut être que ses lunettes planquait ses cernes, son regard fatigué mais ses gestes las le trahissait.

Elle ne semble pas s'attarder sur le contrat. Elvis baisse les yeux, il est perdu sur l'instant. Elle lui parle du fait qu'elle soit venue le voir lui. Notre homme laisse son regard se perdre dans le vide sans rien dire. Il grimace pour ne pas laisser les larmes couler sur ses joues. Le silence revient. Puis il finit par se dire qu'il devrait être franc avec elle.

" Je suis pas sûr que ca soit une bonne idée. " Il relève les yeux. " Je ne suis pas bien Dolores, j'ai replongé. "

Peut être était-ce à cause de leur rupture, de la pression que le Colonel lui a imposé. De beaucoup de facteurs qui sont venus le frapper de pleins fouet alors qu'il était en train de se reconstruire.

Ca aurait surement été mieux qu'ils parlent du contrat. Parce que là, ce sont les sentiments qui le submergent. Il grimace de nouveau en se passant une main sur le front.

" Je ne veux pas te faire souffrir... " Ajoute-t-il d'une voix étranglée.

Alors qu'il pourrait la retenir, la supplier encore et encore... Mais il n'était pas comme ça. Il avait conscience de ses travers. Et il avait conscience qu'il avait fait déjà assez de mal à Dolores. Comme il avait fait du mal à Priscilla. Il avait appris de ses erreurs.

Elvis ne s'attend pas à ce qu'elle vienne pour lui parler, et pour qu'ils mettent les choses au clair. Parce qu'elle l'aime encore. Parce qu'elle veut être simplement avec lui. Parce qu'ils s'aiment déjà très fort. Son regard s'était perdu l'espace d'un instant mais quand elle lui souffle que ce qui la fait souffrir c'est d'être loin de lui. Il relève les yeux.

Les paroles qu'elle prononce le touche énormément. Et il sent l'émotion l'embarquer. Il ne répond pas tout de suite. L'instant est figé, mais il n'a pas envie de refaire vivre à Dolores un autre spectacle assez affligeant. Il ouvre et ferme plusieurs fois la bouche. Mais ce qu'il a dans le coeur est plus lourd que ce qu'il souhaite dire alors... Il se met à pleurer.

Il se passe la main sur le front pour cacher, de honte, cette peine qui le terrasse. Pas devant elle, c'est comme ca qu'il la fait souffrir.

" Dolores... " Laisse-t-il glisser. " Je suis tellement désolé, t'as pas idée... "

C'est plus fort que lui alors il s'avance vers elle pour la prendre dans ses bras et la serrer fort contre lui. C'est comme un soulagement qu'il ressent. Une partie de lui qui avait besoin d'être réconforté par ces bras là. Par son amour. Mais il a peur d'être égoïste dans l'histoire.

" Je vais te protéger... Je t'assure que je vais tout faire pour te protéger. " Lui souffle-t-il, la voix brisée par l'émotion. " Je t'aime Dolores. " Il sert son étreinte doucement autour d'elle.

Mais il a replongé. Il lui a dit. Il allait devoir se raccrocher à la suite pour pouvoir se sortir de là. C'était des démons de toute une vie. Et le Colonel le mettait à rude épreuve. Son cœur et ses nerfs étaient mis à rude épreuve.

Oui, il ne va pas bien et elle veut l'aider. C'est ce qu'elle lui dit. Mais il sait comment il est quand il est dans cet état là. Alors voudra-t-il qu'elle l'aide ?  Elle lui explique qu'elle ne veut pas qu'il la protège mais il a vu tellement de déchéance lié à son statut... Il ne veut pas que Dolores en fasse les frais. Elle lui dit qu'elle veut le protéger mais elle ne sait pas ce qui peut les attendre dans le futur. Elle ne sait pas tout ce dont ils risquent de traverser.

Quand elle lui dit qu'elle l'aime et déposer ses lèvres sur les siennes, le coeur d'Elvis se rempli d'une douce chaleur et il lui rend ce baiser du bout des lèvres. Une déclaration qui était puissante. Il avait tellement attendu ce moment là mais en même temps... Il se recule doucement, baisse les yeux et lui annonce le fond de sa pensée, alors que d'anciens tourments reviennent à la charge.

" Tu ne peux pas me protéger de la mort. " Lui annonce-t-il. Même si elle savait ce qui allait se produire déjà. " J'ai vu Bruno... et... je me suis convaincu que peut être... si tu n'étais pas là, alors cette vision ne se produirait pas. " Il marque une pause. Il n'avait pas parlé du fait qu'il avait été revoir Bruno. Que la plaque gravée avec cette vision se trouvait chez lui. " Et que tu ne souffrirai pas. Que mon malheur n'était pas si mal si je pouvais te protéger. "

Il recommence avec ses histoires de protection. Elvis avait cette fâcheuse tendance à s'oublier. Il s'oubliait constamment pour le bien de ses proches. Il avait été comme ca avec ses parents. Ce qui compte c'est que ceux qu'il aime soit sain et sauf. Et il s'en était oublié lui même. Et là, il recommençait.

" Mais je me suis rendu compte que j'ai besoin de toi à mes côtés et je m'en veux car c'est égoïste. "

Car oui, il vivait un dilemme intérieur. Vivre sans elle, c'est la porte ouverte à sa propre destruction.

Empêcher une vision de se produire ? Elle n'était pas la seule à lui dire. Elvis devait lui faire confiance mais il avait peur de trop l'impliquer. Mais Bruno l'avait été contre son grès ? Donc est-ce que tout n'était pas lié ? Elvis voulait vivre cette nouvelle vie et apprendre de ses erreurs. Il avait vécu trop longtemps à l'abris de trop de choses. Dehors pour lui, ca avait toujours été le danger. On lui avait soufflé comme tel. Le Colonel. Sa mère surprotectrice... Il n'avait pas eu le temps de découvrir son pleins potentiel et de devenir l'homme entier qu'il était appelé à devenir.

Et pourtant... Il le ressentait. Il n'avait jamais été comblé par son ancienne vie, car il n'avait jamais été jusqu'au bout de ce qu'il ressentait dans ses tripes. Il se perd dans ses pensées face au discours pleins de sagesse de Dolores. Il fait un signe d'approbation de la tête. Les larmes revenant au galop et glissant sur ses joues. Il fini par glisser ses bras autour d'elle de nouveau pour la serrer contre lui. Il enfouie son visage dans le creux de son cou, profitant de sa présence retrouvé, de son odeur.

" J'ai besoin de toi... Mon joli petit rossignol. " Un surnom qu'il venait de lui donner mais qui représentait tellement la douceur, la femme libre qu'était Dolores. Il pleure longuement, laissant sortir tout son ressenti, dans les bras de la jeune femme. Retournant comme un jeune garçon perdu, dans cet intimité qu'il ne dévoile pas si facilement. Il finit par se reculer et se frotte le visage. " J'vais dire que je ferme le studio. " Il décide de laisser son travail derrière le temps des retrouvailles et qu'ils puissent discuter. Il glisse une main sur la joue de Dolores pour l'embrasser de nouveau.

Il essaye de se reprendre pour ne pas avoir l'air trop perturbé, mais c'était un peu sa façon d'être depuis plusieurs semaines maintenant. Il glisse de nouveau ses lunettes fumées sur son nez.

" J'laisse tout comme ca... Allez viens... " Dit-il en désignant la paperasse éparpillée sur son bureau.

Il prend la main de Dolores dans la sienne et sort du bureau. Il annonce au type avec qui il n'avait pas été sympa de prendre son temps pour l'arrangement. Les gardes du corps lui disent qu'ils doivent le suivre, il les congédia sèchement et il passe la porte rapidement sans se retourner. Il en avait parfois marre de toute cette oppression autour de lui. Il ne voulait pas tarder. Il emmène Dolores vers le parking privé. Il s'arrête près de sa voiture et se tourne vers elle. Normalement il a son permis suspendu mais allez faire entendre à un type comme Elvis de ne plus conduire... C'était impossible.

" Désolé, je suis une furie, je ne te demande même pas si ca te dérange pas... Je... " Il est un peu trop perdu dans sa tête. Sa main tremble et tapote la poche de sa veste, retenant le réflexe d'attraper une pilule. " Si tu veux, on va chez moi... Je veux te montrer la tablette que Bruno m'a donné. " Il se frotte le front. " J'avais besoin de prendre l'air aussi. C'est parfois de trop, on me demande de trop... Je me perds là dedans... "

Travailler de trop ? C'était son soucis et bien souvent, il ne voyait pas le temps passer. Mais ses addictions à ses drogues étaient peut être pire. Dolores allait devoir se faire à l'idée que parfois, Elvis finissait bien plus tard qu'il ne le devait. Car hypnotisé par son travail. Très souvent sans donner de nouvelles.

Mais Elvis pouvait aussi mettre un frein. Dire stop. Pour se retrouver. Il en avait le pouvoir et il allait devoir prendre conscience de ses limites. Mais ca les limites... Il avait du mal à en avoir, et ses anciens proches avaient plutôt tendance à le pousser à bosser plus qu'à le freiner. Priscilla avait tenté à l'époque.

Mais ici, son entourage n'était pas le même et le Colonel se trouvait loin. Il allait devoir apprendre à prendre des décisions par lui-même et arrêter de se reposer sur une tierce personne. Dans cette histoire, il n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre réellement à grandir comme l'homme qu'il devait être.  Il marque une pause quand elle lui dit ces mots.

" Dolores... J'ai... jamais levé le pied. C'est plutôt l'inverse que je fais. J'ai tendance à prendre trop sur moi et... " Il se secoue la tête. " Je vois déjà ma psy pour ça. Enfin... Depuis... que... je n'y suis pas allé. "

Il avait honte de parler du fait qu'il ait resombré dans ses addictions. Il avait promis de rien cacher à Dolores. Alors il prend un temps et il lui dit:

" J'ai... replongé. "

Il glisse une main dans sa poche et sort un flacon de médicaments.

" Tu vas apprendre et comprendre qu'il y a pire que le Colonel et plus destructeur. Et ca se trouve dans ce genre de petites boites. Tiens... " Il lui glisse entre ses mains. Dans un geste qui souhaite lui donner cette impulsion qu'il allait faire l'effort d'arrêter de nouveau. " Peut être que je te demanderai ces prochains jours. Pas ce soir... Ce soir ca va... " Il soupire. " De t'éloigner de moi. Ou si je te dis non un soir... C'est que... mieux vaut pas m'approcher, d'accord ? "

Il voulait quand même la protéger car elle n'était pas prête à celà. Personne ne l'était. Et Elvis pouvait partir littéralement dans tous les sens. Il soupire longuement.

" Je ne veux plus rien te cacher. Je vais te montrer la tablette et ensuite on... fera autre chose pour... se vider la tête. " Dit-il quand même plus légèrement.

Il avait déjà vécu une vie entière avec ce principe de travailler énormément au point de ne pas savoir dire stop parfois. Il s'était même demandé où ses rêves étaient parti. En pensant qu'il faisait ce qu'il aimait depuis tout ce temps. Elvis avait vécu dans l'opulence et il ramenait cette opulence à ses proches. Mais plus personne ne lui demandait rien. Il devait briser ce schéma. Il devait revoir sa psy, c'était essentiel à son bien être mental.

" Je... J'irai la voir... " Souffle-t-il.

Il ne sait pas quoi dire d'autre. Il avait encore cette sensation d'avoir le monde sur ses épaules et tous les regards tournés vers lui. Il ne pouvait pas se louper.

Dolores émit alors la supposition qu'il aurait surement besoin encore plus d'elle durant ses crises. Mais Elvis avait peur. Qu'elle ne le regarde plus comme elle le regarde maintenant. De la mettre en danger. Et qu'elle ait peur de ce qu'il pourrait être.

" Il y a des démons qu'il faut que je combatte seule. Tu n'as pas à en souffrir. " Dit-il avec sagesse. " Et cela risque de commencer à partir du moment où je vais arrêter de prendre ces merdes. Ce sont des cycles. "

Il essaye de lui expliquer, qu'elle ne pourra rien faire. Qu'il sera juste incroyablement invivable lorsque ces cycles arriveront. Il espère aussi qu'il saura s'en rendre compte à temps, avant de faire une connerie. Dans un rire nerveux il lui dit concernant la tablette de Bruno.

" Ouais... Que la tablette soit là ou non, il y a des faits derrière cette vision. Il est difficile qu'elle ne me monte pas à la tête. "

C'est vrai. Ca allait le hanter, tourner en rond sans cesse. Il sourit quand Dolores lui parle du programme qu'elle a en tête. Celà lui ferait un bien fou.

" C'est d'accord... Bien que je préférerai qu'on soit plutôt entre nous qu'au restaurant... Sauf si tu souhaites qu'on soit interrompu toutes les minutes. " Dit-il, conscient qu'il avait du mal à avoir du répits en dehors de ses murs. Ou alors il lui fallait réserver une partie de restaurant. Et il avait besoin de se reposer et de se retrouver. " Je peux toujours nous commander un vrai plat digne des plus grands restaurants de cette ville. Tiens ! " Il est un peu plus enthousiaste. " Tu as des plats de chez toi ? Je peux trouver l'adresse du meilleur Colombien de la ville et nous faire livrer ? Tu me feras découvrir en même temps. " Il était sincère.

Dolores était têtue ce qui fait sourire Elvis doucement de son air malin. Il ne peut s'empêcher de se trouver attendri par le côté affirmé de la jeune femme. C'est ce qui faisait parti d'elle, c'est ce qu'il aimait chez elle.

" Misère Dolores... Tu me tiens à ta merci là. Ca veut dire que je suis obligé de céder ? Face à tant de détermination, je ne vois pas comment je pourrai fuir. "

Il l'avait dit avec légèreté, histoire d'apaiser les tensions. Bon, la vérité, c'est qu'il ne sait pas s'il ne va pas s'isoler de lui-même. Elvis était parfois impulsif et d'autres diront qu'il est clairement ingérable. Il pouvait disparaitre, vouloir dire non, et n'en faire qu'à sa tête et même si c'est la pire des idées, il avait besoin de se l'affirmer et de s'y confronter.

" Je sais mon petit Rossignol. Je n'ai aucun secret pour toi. Mais je n'ai pas envie de te blesser car... Je m'en voudrai. "

Il baisse les yeux sur la main qu'elle glisse dans la sienne. Elvis soupire. Il n'avait pas envie de faire du mal à Dolores et ses pulsions parfois prenait ne dessus. Il pouvait devenir totalement crétin aussi. Surtout quand il se retrouvait à ses potes... Mais ca c'est une autre histoire. Avec Jesse Pinkman, elle risque de rapidement s'en rendre compte.

Il sourit à l'entente du diner qu'ils veulent se préparer. Oui, c'était une bonne chose. Il aimait apprendre à connaitre d'autres cultures. Bien qu'Elvis était du genre à revenir à la base du bon vieux Hamburger et un Coca bien calorique. La malbouffe restait dans son régime malgré tout.

" Je ne sais pas ce qu'est ton... Sannncoooochooo... " Dit-il en prenant le temps de décortiquer les voyelles avec un accent terrible. " Mais ca à l'air déjà délicieux. Pour l'endroit, on fait comme tu veux. Si tu te sens plus à l'aise chez toi. On va chez toi. Chez moi, j'ai un service d'étage et je peux facilement nous faire livrer. " Assure-t-il.

Elvis éclate d'un rire léger quand elle continue de le menacer sur le ton de la blague. Bien entendu il ne la prenait pas au sérieux. Ou du moins si, mais pas sous ce ton là. A vrai dire, à vouloir toujours tout contrôler autour de Prisicilla, il avait fini par la perdre. Il l'avait sous-estimé sur bien d'aspect et ne l'avait pas apprécié à sa juste valeur. Priscilla avait bien mieux continuer sa vie sans lui d'ailleurs.

Simplement qu'il ne voulait pas répéter les erreurs du passé. Il espérait avoir appris de tout ça. Il était conscient de ses défauts, il fallait qu'il fasse gaffe. Elvis était très intelligent, il savait prendre du recul sur certains points mais parfois, il pouvait se noyer sous ses propres défauts. Il ne veut pas en parler à Dolores. Pas tout de suite. Il se dit alors qu'il saurait le gérer. Mais il ne veut pas la blesser non plus.

" Tu es extraordinaire. " Lui souffle-t-il amoureux, un léger sourire en coin.

Quant à Elvis, il a un piètre opinion sur le fait qu'il arrive réellement à se relever quand un choc lui arrivait. Que ca soit la mort de sa mère ou Priscilla qui avait mis les voiles. Rien que cette histoire où il a bien failli perdre Dolores, avait bien failli le miner totalement. Elvis était un homme entier. Et comme tout homme entier, il se prenait aussi les revers de médaille en pleine figure.

Il sourit quand elle lui avoue qu'elle aime son nouveau petit surnom. " Alors tu ne vas plus arrêter l'entendre chérie... " Mais il trouvait que ce surnom lui allait si bien. Il était heureux que ca lui plaise.

L'heure est à parler du repas de ce soir. Dolores s'amuse de la façon dont Elvis se démène à prononcer le nom du plat que Dolores l'invite à manger.

" En effet, ca à l'air délicieux ! D'accord ma langue n'arrive pas à le prononcer mais ne t'en fais pas, elle ne manquera pas de le déguster. " Il rit doucement. " Et je te suis alors ! Tout ce qui compte, c'est que nous soyons ensemble. " Et il le pensait. Il avait besoin de souffler un peu.

Celà fera du bien à Elvis de sortir de ses murs. A vrai dire, son ancienne vie avait tellement été dirigée à la moindre minute. Se découvrir cette liberté celà pouvait donner le tournis, même si c'était vivifiant en même temps. Et Dolores allait l'aider à se reconstruire une vrai vie. Celle qui ne nécessite pas de courir après les contrats et les studios. Il avait besoin de penser à sa vie privée. Avoir une vie simple. C'était si loin pour lui. Mais ca avait été les meilleures années de sa vie.

Elvis suit Dolores jusque chez elle et entre dans son joli petit appartement. Ses yeux glissent sur la décoration et s'y perd un peu. C'était loin d'être une attitude impolie, c'était juste par curiosité et d'en savoir plus sur la femme qu'il aime. Il accueille son baiser avec un sourire avant de chercher la télécommande de la télévision afin de trouver de quoi mettre de la musique. Bien entendu, Elvis se penche sur certains des classiques de son époque comme du Franck Sinatra. Il la laisse passer commande avant de revenir vers elle avec un léger sourire timide.

" Tu veux que je t'aide ? Je peux mettre la table... " Demande-t-il, soucieux de faire de son mieux. Alors qu'il va pour lui prendre la main, la sienne se met à trembler sans crier gare. Il ferme le poing pour arrêter ce geste nerveux. Son regard se détourne et s'assombrit. Pas maintenant. Il aimerait profiter d'un instant tranquille avec Dolores avant que certains symptômes de manque ne commencent à se faire sentir. Il pense aussi à la boite de cachets qu'il a confié à Dolores. Un seul petit cachet... Juste un pour passer la soirée... Mais il n'ose pas lui demander.  Il passe alors à côté d'elle précipitamment pour aller vers la cuisine afin de cacher son malaise tout en disant avec affirmation. " Je vais mettre la table. " Il ouvre un premier placard sans trop savoir ce qu'il doit chercher et où il doit le chercher. Il finit par se tourner vers Dolores prenant un de ses petits airs perdus qu'il se veut charmeur.

Elvis essaye de cacher son début de manque. Il avait replongé les deux pieds dedans et d'accord, sur le papier, c'est ultra romantique de lui refiler ses médocs sans rappel, mais la réalité est tout autre. Il essaye de cacher ses tremblements et c'est clairement par fierté, qu'il ne lui en parle pas. Lui redemander ses cachets, c'est juste admettre sa faiblesse à l'heure actuelle.

Alors il veut lui donner un coup de main. Occuper son esprit pourrait l'aider. Il voit Dolores s'affairer et elle lui met des couverts dans la main. Il pose un regard d'une extrême douceur sur elle, et il a un léger sourire quand elle lui parle de sa façon de ranger. C'était la première fois qu'il l'entendait parler de sa mère d'ailleurs.

" Tu sais, je ne suis pas mieux. " Essaye-t-il de dire sur un ton léger malgré le léger tremblement de sa voix. Elle capte son regard. Elle a capté que ca n'allait pas. Elvis se sent mal. Il détourne le regard d'elle et se détourne d'elle aussi. Il prend une grande inspiration en se frottant le front. " Je t'avais prévenu. "

Et cela le rendait encore plus nerveux et plus... susceptible à sa crise.

" Dolores j'ai pas envie de gâcher ta soirée. Peut être que... je devrais rentrer ce soir. " C'était tout sauf correct de faire ça et Elvis n'était pas du genre à faire des choses incorrectes et impolis de la sorte. Il se tourne vers elle et lui tend une main. " J'en ai besoin. " Il parle de ses cachets. " J'ai été idiot de te refiler ma boite comme ça... Je vais arrêter mais pas comme ça... Ca ne se passe pas comme ça. " Il se sent idiot, il grimace, il piétine d'un coup d'un air nerveux. Et si elle ne lui rendait pas ? Et s'il devait passer la soirée sans ses maudits médicaments ? Et s'il devait rentrer en urgence pour en prendre. " J'en ai besoin... J'en ai besoin... " Il pose ses deux mains sur son torse en signe qu'il était au bord d'une crise d'angoisse.

Il avait été trop radical et le manque se faisait sentir rapidement. Oui, il se sentait coupable à l'instant où il comprend qu'il va faire n'importe quoi. Dolores n'avait pas besoin de ça. Elle n'avait pas besoin de le gérer. Oui, il se sentait comme un boulet pour elle. Elle lui affirme qu'il gâcherait sa soirée en partant. Elvis se fige, il ne sait pas quoi faire. Alors il se frotte le front et se secoue la tête.

Il demande ensuite expressément ses médicaments à Dolores. Il voit le regard qu'elle lui porte même si elle ne dit rien. Il sait ce qu'il est. Un putain de camé à ses médicaments. Ces mêmes médicaments qui l'avait tué. Elle lui dépose sur la table. Elvis agit alors comme un drogué en manque -ce qu'il est- et attrape la boite en se détournant d'elle. Il en sort deux gélules et va jusqu'au lavabo pour prendre de l'eau afin de pouvoir les avaler. Il respire longuement les mains sur le plan de travail. Dos à elle. Il a les yeux fermés, il essaye de se recentrer et de se reprendre.

" Priscilla m'a quitté pour ça. "

Parler de son ex ? Pourquoi il fait çà ? Enfin... Il le sait. Et il sait que c'est une mauvaise idée.

" Elle n'arrivait plus à supporter mon addiction. J'ai cru que... ca m'était passé mais... " Il regarde la boite longuement et fini par la ranger. Il est encore tendu un peu mais comme si cela avait eu un effet sur son mental, Elvis se sentait moins oppressé.

" Est-ce que je vais réussir à me débarrasser de cette merde ? "

C'était une question rhétorique. Il le voulait de toutes ses forces car c'est ce qui l'a tué. Car il voulait se donner une nouvelle chance mais en même temps c'était... difficile.