(Terminé) Speed-Dating : Stitch & Bruno

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feat. Stitch

Bruno est dans ses petits souliers. A l’évidence, il voudrait se trouver n’importe où ailleurs, mais clairement pas ici, dans cette pièce beaucoup trop pleine, et pleine d’inconnus, qui plus est. Il avait espéré qu’Hector l’accompagnerait, même si ce n’était que pour observer le spectacle de loin et se payer gentiment sa tête, mais il n’est pas là, et il le laisse se jeter dans la fosse aux lions… Oui, parce qu’on lui annoncerait devoir affronter des fauves dans une arène que Bruno Madrigal ne serait sans doute pas moins angoissé qu’il l’est en cet instant… Il faut dire que rien ne va dans le concept même de speed-dating pour lui. Devoir ainsi interagir avec ces quantités d’individus qu’il ne connaît pas le moins du monde, en un temps limité, rien ne va dans ce concept pour notre inadapté social qui a vécu seul avec ses rats pendant quasiment dix ans, et n’a pas vraiment pallié à cette habitude à son arrivée dans ce monde (même si quelques exceptions ont réussi malgré tout à se faire une place dans sa vie d’ermite).

Mais parce que Hector a insisté, et parce qu’il a été incapable de dire non, il est bel et bien là, et une part de lui sait que, oui, il ne peut pas continuer comme ça, et que ce sera une bonne chose pour lui de voir du monde. Le fait, aussi, d’avoir retrouvé une grande partie des membres de sa famille a également aidé à ce titre, il n’est plus prisonnier de démons et d’une culpabilité qui l’empêchaient d’avancer, mais on ne se refait pas si facilement pour autant. C’est perplexe qu’il a récupéré un numéro, et qu’il s’est rendu à la table qu’on lui indiquait, table encore vide à l’heure actuelle, ce qui le soulage un peu, pour tout dire.

Bruno attend d’être assis pour, tout d’abord, se servir un grand verre d’eau – une manière comme une autre de se donner du courage, ensuite pour sortir Theresa de son sac, Theresa, un de ses rats, oui… Non, parce qu’il ne fallait pas s’attendre à ce que Bruno vienne sans être accompagné, il a beaucoup, beaucoup trop peur pour ça, et il sait dit qu’une compagnie réconfortante lui ferait du bien. Qui plus est, pour sa défense, Bruno a constaté récemment une nette différence dans son rapport avec ses amis rongeurs, qui semblent à nouveau se comporter avec lui comme ils le faisaient autrefois, sans hésitation ni réserve, sans le mordre à tout bout de champ, l’obligeant à des allers-retours à l’hôpital (même si cela lui avait permis de rencontrer la très belle et fascinante Grace Hargreeves)… Mais Theresa reste une rate indépendante, qui n’en fait qu’à sa tête, si bien que Bruno ne réussit pas à la retenir quand elle décide de lui glisser entre les doigts pour détaler sous la table.

« Theresa ! » l’appelle Bruno dans un chuchotement nerveux avant de glisser lui-même sous la table afin de la récupérer. Au bout du compte, il ne lui faut pas longtemps pour la récupérer. Quand il se redresse, l’animal entre les doigts, il se retrouve nez à nez avec un jeune homme qui, il le devine très vite, doit-être son premier… « date » ? C’est ça qu’on dit ? « Hum, bonjour… », le salue-t-il avec un sourire nerveux tandis que Theresa se fraie un chemin jusqu’à son épaule.

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feat. Stitch

Le rire de Stitch arrache un rire nerveux à Bruno… il ne sait trop si son… date ? … se moque ou s’il s’amuse simplement de la situation qui est, il faut quand même le dire, assez cocasse, ce qu’il sait en revanche, c’est qu’il préfère faire rire que de s’attirer les foudres de la personne qui lui fait face ou encore de la voir fuir en hurlant. C’est que – il en a largement conscience, et il en entend de belles avec son métier, qui plus est – les rats ont sale réputation, malgré tout, et c’est vrai qu’il n’aurait peut-être pas dû l’emmener ici. Mais donc, le garçon face à lui n’a pas l’air de lui en tenir rigueur, et même, il a l’air d’apprécier les rats puisqu’il caresse la tête du rongeur qui, pour la peine, se laisse docilement faire.

« Theresa », la présente-t-il avant de se présenter lui-même (il faut dire qu’il est plus simple pour Bruno de parler de ses rats que de parler de lui-même). « Elle est gentille, faut pas s’en faire… elle a juste pas trop l’habitude de sortir, mais ça… » Nouveau rire nerveux… Vraiment, cette situation n’est pas simple pour lui.

Bruno adresse un regard plus attentif à son interlocuteur. Est-ce qu’il le trouve à son goût ? Il ne saurait pas trop le dire. En fait, il n’est pas vraiment simple pour lui d’envisager qui que ce soit sous un jour un tant soit peu romantique. Il n’est pas là pour trouver l’amour, il est là pour faire plaisir, et aussi parce que c’est sans doute pas si mal de rencontrer des gens, même si c’est dans ce genre de circonstances un peu étranges et artificielle.

Bruno hoche la tête et s’assoit en effet quand Stitch – quel drôle de nom, Stitch, maintenant qu’il prend le temps d’y penser – le suggère. Theresa quitte alors son poste d’observation sur son épaule pour aller se lover sur ses genoux. Bruno caresse distraitement la tête du rongeur comme pour tenter de se donner une contenance.

« Je m’appelle Bruno, Bruno Madrigal. Enfin, le nom de famille c’est pas si… important ? Enfin, si, dans mon cas, un peu, parce que quand tu es un Madrigal, tu es… enfin, tu as des responsabilités, un rôle mais c’est… C’est pas important ici. » Bruno se rabat sur son verre d’eau et en boit une grande gorgée. Bon sang, pourquoi il se retrouve dans cette situation. « Je suis dératiseur. Enfin j’aime pas ce nom, c’est plus… je suis déménageur de rats, je dirais. Je les prends où on a pas envie d’eux et je les installe ailleurs. »

Il laisse passer un temps de pause. Il parle si vite qu’il n’est pas tout à fait certain de ce que son interlocuteur aura compris de tout son charabia. Il n’est vraiment pas dans son élément. En même temps, on pourrait objectivement se demander quel est son élément exactement.

« Et toi tu fais quoi dans la vie ? »

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feat. Stitch

Bon, si Bruno n’est pas spécialement convaincue de savoir être attiré par son interlocuteur (en même temps, il est bien trop jeune pour lui, il aurait presque l’âge d’Isabela ou de Dolores), cela ne l’empêche pas de le trouver franchement sympathique. Il apprécie très honnêtement la manière dont il se comporte avec Theresa. Il ne la traite pas comme un nuisible, ni comme une bestiole dénuée d’intelligence, et clairement, c’est une chose qu’il apprécie vraiment beaucoup.

« Euh… de… l’eau ? » suggère-t-il d’un ton interrogatif, comme s’il avait besoin de demander la permission, quand Stitch se commande un verre de champagne et lui suggère de choisir.

Peut-être bien qu’une coupe de champagne ne lui ferait pas de mal, mais l’alcool et lui n’ont jamais vraiment fait bon ménage, donc il vaut sans doute mieux éviter au bout du compte… Surtout s’il doit enchaîner les rendez-vous de ce type. En fait, il n’est pas sûr de tenir bien longtemps. Hector va peut-être lui faire la tête s’il part avant l’heure, mais il est quand même de plus en plus convaincu qu’il n’a absolument rien à faire là.

Le jeune homme, heureusement, est bien plus détendu que ne l’est Bruno. Il lui apprend que son nom est Stitch et qu’il est professeur de sport, chanteur, danseur et musicien à ses heures. En bref, un artiste. Un instant, Bruno songe qu’il s’entendrait bien avec Camilo, certainement, ou bien Luisa, puisqu’ils font le même métier tous les deux.

« Quelques-uns, oui… », confirme Bruno, évasif, pour ne pas nécessairement apprendre à son interlocuteur qu’il a, en vérité, récupéré absolument tous les rats qu’on lui a demandé de « chasser » d’un bout à l’autre de la ville, et que pour la peine, il n’est pas un endroit de son sinistre appartement où l’on puisse poser le regard sans tomber sur un de ses précieux rongeurs. En soi, ce n’est pas une chose dont il a particulièrement honte, mais il a bien vu comment les rares personnes qu’il avait laissé rentrer chez lui (donc Hector et Pepa, en gros) regardaient son appartement, alors même si Stitch a l’air de bien aimer les rats, ce n’est pas forcément nécessaire d’en rajouter une couche non plus.

« Oh, tu connais Luisa ? » A la mention de sa nièce, comme à celle de n’importe quel membre de sa famille, le regard de Bruno s’illumine presque aussitôt. « Bien sûr que oui ! Enfin, je veux dire, c’était pas forcément si évident mais oui. Luisa est ma nièce », dit-il avec un grand sourire. « Vous vous connaissez, alors ? Enfin, forcément que vous connaissez, sinon tu ne me poserais pas cette question… Vous travaillez ensemble, c’est ça ? »

Parler des siens plutôt que de parler de lui, voilà qui lui paraît être un excellent plan.

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feat. @Bruno Madrigal

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feat. Stitch

« Oh, oui, oui, c’est une bonne idée, je garde l’information », répond Bruno avec un fin sourire quand Stitch lui donne le nom d’un refuge qui pourra accueillir ses rats, en lui donnant en supplément le nom d’une personne qui semble-t-il sera ravie de l’aider…

L’idée est bonne, il doit le reconnaître, même si une part de lui n’a aucune envie de laisser ses rats où que ce soit à qui que ce soit, même si ça doit pour avoir, en retour, la garantie qu’ils se porteront bien et mèneront la belle vie. Bruno est comme ça, il s’attache instantanément à tous les rongeurs qu’il récupère, et à partir du moment où il les nomme, ce qui arrive dans la seconde, il n’y a plus de retour en arrière possible. Ceci dit, c’est un peu abusé, c’est certain, et surtout, ses rats seraient forcément plus heureux dans un autre contexte que chez lui, dans son appartement obscur et déjà envahi (pour ne pas dire infecté)… Bon, il verra : peut-être qu’il finira par avoir le courage de vraiment laisser ses rats ailleurs, mais pour l’heure, il se contente de noter mentalement l’information, sans forcément décider d’office d’en faire quoi que ce soit.

Alors, à la place, Bruno lui confirme qu’il a bel et bien un lien avec Luisa, et même, que c’est sa nièce. Il sent la surprise chez son interlocuteur et il comprend que, même s’ils ne sont pas collègues, il y a un lien particulier entre lui et Luisa… Est-ce que ce jeune homme aurait un faible pour sa nièce ? Bruno n’est pas forcément le meilleur juge en matière de relations humaines, étant donné les difficultés qu’il a à gérer ses propres relations, et ses vues de l’amour et des relations sentimentales est certainement biaisé par son amour inconditionnel pour les télénovelas, mais… il se demande quand même s’il n’y a pas anguille sous roche. Et il se pose d’autant plus la question quand il lui apprend que, parce que Luisa et lui sont de la même famille, ça ne le fera pas.

« Ouf ! » C’est sorti tout seul. Bruno avait été stressé de cette situation, et plus encore de devoir éconduire son interlocuteur s’il lui avait trouvé le moindre intérêt (mais c’est un scénario dans lequel il n’avait quand même cru qu’à moitié). Oui, pour lui, c’est un soulagement, et il sent immédiatement un point en moins sur sa poitrine. « Enfin, c’est pas que tu… Tu as l’air d’être quelqu’un de bien, hein, mais je suis pas… C’est vraiment pas fait pour moi, tout ça », dit-il avec un vague haussement d’épaules, espérant avoir rattrapé sa maladresse. « Luisa t’as parlé de notre famille ? » demande-t-il alors.

Ce ne serait pas surprenant, il est sans doute impossible d’être un Madrigal et de ne pas caser une mention à sa famille dans la conversation : quoi de plus logique, en même temps ? Ils se sont tous définis, très longtemps, en fonction de cette même famille – c’est un réflexe qui ne se dissipe pas aussi facilement, c’est certain.

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feat. @Bruno Madrigal

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feat. Stitch

Bruno esquisse un léger sourire, le regard fuyant, quand Stitch, loin de prendre ombrage de son soulagement un peu trop affiché au moment de reconnaître qu’il ne se passerait rien entre eux, affirme plutôt qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, et que ce n’est pas bien grave. Ah ça, pour ne pas plaire à tout le monde… En effet, Bruno avait eu l’occasion de le constater durant sa vie, loin de plaire à tout le monde, il avait plutôt eu tendance à constater qu’il ne plaisait à absolument personne. Ce n’était là un constat ni simple ni plaisant, en revanche, c’était un constat assez inévitable… Certes un rien exagéré, mais qui continue de le poursuivre : encore maintenant, Bruno reste assez convaincu qu’il ne peut pas plaire à grand monde, et il en a plus ou moins pris son parti.

« Je garderai ça à l’esprit », répond Bruno avec un fin sourire quand Stitch, avec un naturel particulièrement désarmant, parle du fait que s’il devait chercher une épaule sur laquelle pleurer ou un endroit où crécher, il serait là pour lui. C’est un peu bizarre de dire ça à quelqu’un qu’on vient à peine de rencontrer, non ? Oui, sans doute, mais en même temps, qu’est-ce que Bruno en sait vraiment. Les interactions sociales sont un tel mystère pour lui qu’il serait bien incapable de présumer de quoi que ce soit à ce sujet. Stitch, qui lui semble beaucoup plus à l’aise que lui, doit forcément en savoir plus, c’est du moins ce que ne peut s’empêcher de penser son interlocuteur.

« Oh eh bien, beaucoup de choses mais j… »

En fait, il ne sait pas trop ce qu’il pourrait dire sur sa famille sans entrer dans des détails que Luisa n’avait peut-être pas envie qu’il partage. Par exemple, est-ce qu’elle lui avait parlé de leurs pouvoirs ? Possible que non, sinon, Stitch lui en aurait déjà parlé, et est-ce qu’il serait vraiment de bon ton d’en parler à la place de son ami.

« On vivait tous ensemble. Ma mère nous a élevés seule mes sœurs et moi – on est des triplets. » Il sourit à l’évocation de Pepa et Julieta. « Mes sœurs se sont mariés et elles ont chacune eu trois enfants, de vrais trésors – mais puisque tu connais Luisa, tu le sais déjà, pas vrai ? Et… » Il se triture les doigts, légèrement embarrassé. « Je ne voudrais pas te dire des choses dont… je sais pas, peut-être que Luisa voudra t’en parler plus tard, si vous vous entendez bien, c’est normal qu’elle le fasse avant moi, pas vrai ? » Comme souvent quand il se sent mal à l’aise socialement – donc à peu près tout le temps, son débit est rapide et son regard fuyant. « Tu as de la famille, toi ? »

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feat. @Bruno Madrigal

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feat. Stitch

Bruno affiche un nouveau sourire presque embarrassé quand Stitch affirme que les Madrigal dégagent naturellement une aura bienveillante. Ce sont des paroles qu’il aime entendre… est-ce que c’est tout à fait le cas ? Comme toutes les familles, les Madrigal ont leurs failles, et non des moindres, des failles qui, littéralement, ont creusé les murs de casita. Ce n’est certainement pas la bienveillance proverbiale des Madrigal qui aura poussé Bruno à fuir sa famille pour les mettre à l’abri de ses prédictions : ceci dit, il aime beaucoup trop sa famille pour vouloir nier quoi que ce soit quand des compliments leur sont fait, et puis… si Stitch ne parle que de Luisa parce qu’il n’aurait rencontré aucun autre Madrigal qu’eux deux, alors il a raison : Luisa est une jeune femme vraiment remarquable, et Bruno n’a jamais cessé de le penser.

« Honnêtement je ne sais pas quelles sont supposées être les règles pour considérer quelqu’un comme un ami ou non. J’en ai jamais vraiment eus alors… »

Enfin, si, il a Hector, mais même le concernant, il lui a fallu du temps pour comprendre qu’il était véritablement un ami pour lui. Oui, ce constat peut sembler terriblement triste, pourtant, Bruno ne le prononce pas vraiment comme quelque chose de terrible, mais davantage comme un fait qu’il serait absurde d’ignorer ou de nier. Les seules vraies amies qu’il considèrerait jamais comme telles, eh bien c’était ses sœurs – et ses rats –, et certains diront que ça ne compte pas vraiment. Bref… Il ne serait pas spécialement contre le fait de considérer Stitch comme un ami, parce qu’il lui est sincèrement sympathique, mais il a quand même l’intuition que ce n’est pas comme ça que les choses sont supposées se passer en temps normal… ceci dit, puisque les circonstances ne sont de toute façon pas normale, à quoi bon agir normalement, dans le fond, pas vrai ?

Ceci dit, il n’insiste pas, de même qu’il se sent soulagé que Stitch accepte de garder sa curiosité pour lui. Il se doute que ses explications sont insatisfaisantes, mais il pense vraiment que Luisa sera plus légitime que lui a raconter l’histoire des Madrigal… et si elle devait décider de ne pas le faire, eh bien ça resterait son choix. Alors, plutôt que de s’épancher sur la singulière destinée de la famille Madrigal, Bruno décide de s’intéresser à la famille de Stitch, qui lui apprend avoir deux sœurs… Comme lui, finalement. Bruno esquisse un sourire qui se tort un peu quand il entend qu’il ne les a pas retrouvées ici. Bruno admire malgré tout la ténacité de Stitch qui, loin de se laisser abattre, décide d’insister. Clairement, ils n’ont pas le même caractère, tous les deux.

« Tu vas les trouver », répond quand même Bruno avec volonté. « J’ai mis trois ans à retrouver les membres de ma famille, et mainternant, ils sont presque tous là, alors ça va être pareil pour toi, j’en suis sûr. »

Stitch le prend un peu au dépourvu en lui demandant ensuite s’il a des enfants, un compagnon, quelqu’un en vie. Il se gratte l’arrière de la tête, mal à l’aise. Du haut de ses quarante-deux ans, Bruno pourrait résumer sa vie à un néant sentimental absolu… enfin, pas tout à fait. Bruno a de l’amour à revendre, mais il l’a presque entièrement sacrifié à sa famille.

« Oh non, pas vraiment, j’ai pas trop eu l’occasion… On va dire que je suis plutôt solitaire ? J’ai pas eu l’occasion de rencontrer beaucoup de monde – enfin non, j’ai pas vraiment essayé. C’est pour ça qu’on m’a inscrit à ce speed-dating. »

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feat. @Bruno Madrigal

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Bruno hoche la tête, compréhensif, quand son interlocuteur lui apprend que s’il se considère comme quelqu’un d’ouvert et d’extraverti (et il est assez évident qu’il l’est bel et bien, en effet), ça n’a pas toujours été simple pour lui. Pour ce qui est d’être considéré comme un vilain petit canard, comme le mouton noir… disons que Bruno n’a aucun mal à s’identifier, car c’est précisément ce qu’il a eu le sentiment d’être pratiquement toute sa vie, à partir du moment où il a reçu son pouvoir. Ce qui était supposé être une bénédiction pour lui s’est révélé être, en vérité, une malédiction : la sienne mais aussi, à entendre tous les habitants du village, également celle de toute la communauté. Oui, clairement, il peut s’identifier. La différence, c’est que lui, ne s’est jamais vraiment donné l’occasion d’être ouvert ou extraverti. En lieu et place de cela, il est juste… bizarre.

La curiosité pousserait bien Bruno à demander à son interlocuteur ce qui s’est passé durant cette période sombre, mais il n’ose pas : il suppose que c’est forcément trop personnel, trop intime, et il ne veut pas être intrusif, d’autant plus qu’en contrepartie, il ne serait pas capable de raconter sa propre histoire, et ne le veut pas non plus parce qu’il pense que Luisa sera sans doute la mieux placée pour discuter de tout ça avec lui – c’est en tout cas ce qu’il suppose.

Bruno affiche un sourire, presque embarrassé, quand Stitch remarque que lui, de son côté, il ne tient pas en place. En vérité, Bruno est un faux calme : passé l’embarras, il peut être une véritable pile électrique, et surtout, il est capable de partir dans tous les sens, mais il évite autant qu’il le peut de le faire néanmoins. Il sait, pertinemment, que ce ne serait pas lui rendre le plus fier des services. Lui aussi, ceci dit, est content d’avoir fait la rencontre de Stitch.

« Si tu veux rencontrer tous les Madrigal, tu vas avoir du pain sur la planche », remarque Bruno avec un léger rire nerveux. Ceci dit, s’il n’est pas forcément très observateur ni très au fait de tout ça, il est de plus en plus convaincu du fait que Stitch n’est peut-être pas si disposé que ça à trouver l’amour – pas parce qu’il ne lui a pas plu (non, ça, c’est plutôt logique), mais parce qu’une autre Madrigal est déjà passée par là, et Bruno ne peut s’empêcher d’en être heureux pour sa nièce. Comme tous les membres de sa famille, elle mérite définitivement ce qu’il y a de meilleur. Et Stitch a vraiment l’air d’être un gars bien.

« Tu me donnes l’occasion de fuir cet endroit, je ne vais pas répondre non », répond Bruno avec un fin sourire, ravi de pouvoir échapper à cette situation. « Mais je ne veux pas gâcher tes éventuels futurs rendez-vous. »

Même s’il n’a besoin de rencontrer aucun de ces gens… Bruno aime mieux le savoir auprès de Luisa.

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feat. @Bruno Madrigal