Breaking the walls

feat Bruno

Tu éprouves une certaine appréhension à l'idée de le revoir. De tous les membres de ta famille, Bruno est pour toi le plus mystérieux et par conséquent le plus inquiétant. Tu n'as pas contribué aux légendes urbaines qui lui façonnaient une image qui n'avait pas grand-chose à voir avec qui il était réellement, parce que tu l'entendais vivre entre les murs de Casita, mais parce que tu l'entendais vivre entre les murs de Casita, tu as façonné de lui une image un peu différente. Un mélange d'inquiétude et de compassion, et tu n'as pas toujours été capable de concilier les deux.

Même après son retour auprès de la famille, tu ne t'es pas autant rapprochée de lui que Camilo ou Mirabel. C'est difficile à expliquer. Tu avais l'impression d'être celle qui le connaissait le mieux et de ne rien savoir de lui. Pour ta part, tu étais par ailleurs trop occupé à tenter de construire ce semblant de relation avec Mariano, par ailleurs, pour contribuer aussi activement à la réintégration de Bruno dans la famille.

C'était peut-être un peu égoïste, tu l'admets, mais ça ne t'empêche pas d'être heureuse de le savoir ici. Tu veux savoir toute ta famille réunie. Tous autant que vous êtes, vous êtes complémentaires. Vous serez parfaitement heureux et équilibrés quand vous serez tous unis et réunis, et donc, c'était important pour toi d'aller le voir aussi. D'autant que tu as bien compris que tu ne seras pas de trop pour tirer tio Bruno de ses éventuels travers.

Devant son adresse, tu hésites encore un peu, mais tu finis par frapper. Personne ne répond. Tu réitères et tend l'oreille... Autrefois, tu n'aurais eu aucun mal à distinguer tout ce qui se passait de l'autre côté de la porte. Là, tu dois faire davantage d'efforts. Tu entends gratter, mordiller... Tu sais qu'il vit avec une multitude de rats, ça ne t'enchante pas mais...
Tu n'es pas tout à fait sûre, mais tu es quasiment certaine qu'il est là.

"Tío Bruno, ouvre, s'il te plaît ! C'est Dolores, tu sobrina..."

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Breaking the walls

feat. Dolores

Rares sont les occasions pour Bruno de recevoir de la visite. Il faut dire qu’avant le grand retour des membres de sa famille dans sa vie, le seul avec qui il ait su se lier d’amitié est Hector, et c’est à peu près tout. Les seules personnes qu’il rencontrait en dehors de ça, il les rencontrait dans le cadre de son travail, ou des voisins qui venaient se plaindre de ses rats de temps à autre. Alors ce n’était jamais forcément bon signe quand on venait frapper à sa porte.

Il retient son souffle tandis que l’on tambourine contre la porte. Il n’a pas envie de répondre, en aucun cas, il ne peut s’imaginer que la personne qui se trouve de l’autre côté de la porte puisse lui être sympathique ou agréable. D’autant qu’il a du retard sur son loyer. Si son propriétaire met un pied dans son appartement, découvre le désordre – et les rats –, cette fois, on va le virer, et où est-ce qu’ils iront, dans ce cas ? Mais c’est une voix féminine qu’elle entend de l’autre côté de la porte, une voix féminine, mais familière, surtout… Dolores est là.

Le cœur battant, Bruno hésite encore malgré tout. Surtout, il redoute de faire quelque chose de travers. Au fond, il n’a jamais vraiment parlé avec elle, pas depuis… eh bien, depuis longtemps, il se dit que pour elle, il n’est peut-être que cet ongle bizarre qui, quand elle était gamine, lui a prédit qu’une autre serait promise à l’homme de ses rêves… On fait quand même mieux, pas vrai ? Ou bien elle a d’autres souvenirs de lui, comme c’est le cas de Camilo, et ce sont des souvenirs qui sont hors de sa portée. Dans tous les cas, il n’en saura pas davantage s’il n’ouvre pas cette fichue porte. Par lâcheté, il pourrait décider de ne pas ouvrir, certes, mais en même temps, il passerait à côté de l’occasion de revoir sa nièce, sa nièce qui lui a manqué au même titre que tous les autres membres de sa famille.

Alors finalement, après avoir essuyé ses mains moites sur son pantalon, il se décide à ouvrir la porte, soulagé de voir que Dolores se trouve toujours bel et bien là. Il tente de lui adresser un sourire. Ce n’est pas une chose facile tant cette rencontre inattendue le plonge dans un état certain de nervosité.

« Dolores… ? Comment est-ce que tu m’as trouvé ? Tu… ? » Il hésite, pour commencer, et finalement, il essaie de prendre sur lui. « Entre… juste fais attention aux… rats », ajoute-t-il en entrouvrant la porte pour lui donner l’occasion d’entrer dans les lieux, si peu accueillants soient-ils, il faut bien le reconnaitre.

Breaking the walls

feat Bruno

Il est là, pareil à ton souvenir, peut-être même plus embarrassé que dans ton souvenir. Tu te souviens que c'est quelque chose qui t'avait touchée au moment de le revoir, le fait qu'il semblait presque s'excuser d'exister constamment. Petit à petit, il reprenait confiance auprès de vous tous, mais sa maladresse sociale avait toujours été aussi attendrissante que touchante.

Tu regrettes qu'il ne sache pas combien il avait parfaitement su s'intégrer avec tous les membres de sa famille, mais toi, Dolores, tu es convaincue de le comprendre comme beaucoup ne l'ont jamais aussi bien compris. Parce que tu savais. Tu l'entendais vivre entre les murs de Casita, en parallèle de vous, désespéré de ne pas être avec vous.

"C'est Camilo qui m'a parlé de toi", tu lui expliques en mettant un pas à l'intérieur. "Il m'a parlé de tes rats, aussi."

Et il n'a pas exagéré. Tu as même l'impression qu'il a un peu édulcoré la situation : l'appartement est envahi. Où que tu poses ton regard, un de ces rongeurs fait tranquillement sa vie. Il y aurait de quoi syncoper pour peu que l'on soit phobique. Heureusement, Dolores, ce n'est pas ton cas. Tu trouves cet endroit lugubre, mais tu t'abstiens de commentaires déplaisants, toi, tu veux savourer ces retrouvailles, et ne surtout pas être dans le jugement, tu te doutes que c'est la dernière chose dont Bruno ait besoin : ça a été sa vie si longtemps ! Il a mérité de pouvoir passer à autre chose.

"Il m'a aussi dit que la dernière chose dont tu te souvenais c'était... la destruction de Casita... Je suis désolée que tu n'aies pas su tout ce qui s'est passé ensuite." Tu affiches un fin sourire, tu veux vraiment lui prouver que sa famille sera là pour lui. Tu as enduré sa solitude à travers ce que tu captais de sa vie durant son exil, tu veux être là pour lui, à présent, et lui prouver qu'il n'a plus s'inquiéter de quoi que ce soit. "Tu sais, j'étais au courant. Je savais que tu n'étais pas parti, je t'entendais..."

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Breaking the walls

feat. Dolores

Bruno affiche un fin sourire en apprenant que Dolores a eu vent de sa présence par l’intermédiaire de Camilo, ce qui veut donc dire que le frère et la sœur se sont déjà retrouvés, Bruno préfère ça, il trouve ça normal, préférable, que les deux se soient revus avant que Dolores ne soit venu à lui. C’est dans l’ordre des choses. Malgré les paroles rassurantes de Camilo, Bruno a encore le sentiment d’être rattaché à son arbre généalogique par une branche particulièrement fragile, et qui serait susceptible de céder à tout instant. Malgré tout, il est vraiment heureux d’entendre Dolores, elle se comporte avec lui avec une bienveillance qui le désarme quelque peu, il doit bien le dire.

Bruno affiche un sourire légèrement gêné quand Dolores ajoute que Camilo lui a parlé de ses rats. Est-ce que c’est une bonne ? une mauvaise chose ? Il n’arrive pas à le déterminer au seul ton de sa voix, mais comme elle n’adresse aucun regard de jugement à son appartement une fois à l’intérieur, en dépit de son caractère sinistre, Bruno a tendance à penser que ce n’est pas si mal, tout compte fait.

« Je vais nous faire du thé, tu aimes le thé, pas vrai ? J’ai du café, aussi, mais il n’est pas aussi… pas aussi bon que chez nous », fait-il en s’afférant comme pour éviter le sujet des rats par tous les moyens. « Assieds-toi où tu veux », lui propose-t-il dans le même temps.

Ce qui laisse le choix entre deux fauteuils élimés et une chaise au bois rongé par ses meilleurs amis les rats : on peut le dire, on aura fait mieux. Mais Dolores n’a pas l’air de s’en formaliser. A la place, elle continue de lui parler de Camilo, de ce qu’il lui a appris, et notamment le fait qu’il n’a pas eu conscience du fait que la destruction de Casita ne marquait pas la fin de la famille Madrigal mais, bien au contraire, devait la cimenter une bonne fois pour toutes.

« Eh bien… c’est comme ça, c’est… C’est pas si grave après tout, hein ? Vous vous en souvenez, pas vrai, c’est bien déjà, non ? » répond Bruno pour dissimuler la tristesse qu’il ressent, en réalité, à l’idée d’être privé de toutes ces tranches de vie qui auraient pu le réunir avec une famille qui lui a tant manqué.

A présent, il a le sentiment que, d’une manière ou d’une autre, cette même famille lui manquera toujours. Il veut ajouter quelque chose d’autre, se perdre en conjectures, se justifier, mais alors… Alors Dolores lâche une information qui manque de lui faire lâcher la tasse qu’il tenait entre ses mains.

« Tu… tu savais ? » Il l’observe attentivement. « Pourquoi tu n’as rien dit ? »

Breaking the walls

feat Bruno

"Du thé, c'est très bien", tu réponds avec un fin sourire que tu veux encourageant, une manière de lui faire comprendre qu'il peut abandonner sa nervosité en ta compagnie : tu n'as pas l'intention de porter le moindre jugement sur ses choix ou ses décisions, la seule chose que tu veux, c'est qu'il retrouve sa place parmi les siens.

Tu n'as aucune autre exigence à son adresse que celle-ci. Et puis, c'est vrai que c'est très bon, le thé, après tout. Toi, en tout cas, tu aimes beaucoup ça... en plus, le café a tendance à ne pas arranger les choses te concernant, sachant que tu as déjà du mal à pallier à tes nuits agitées en temps normal : inutile de t'exciter avec de la caféine par-dessus le marché. Non, ce qui compte, de toute façon, c'est votre conversation et toutes les choses que vous avez à vous dire. Et pour toutes les fois où tu l'as entendu sans pouvoir interagir avec lui, tu peux enfin lui parler : pour toi, c'est d'une importance primordiale.

Tu t'assieds ainsi qu'il te le demande, où tu veux - c'est à dire que tu t'assieds où tu peux, en fin de compte, parce que le choix n'est pas particulièrement... bref, il n'y a pas vraiment de choix. Le voir vivre dans l'insalubrité te chagrine, mais tu devines qu'il va falloir y aller progressivement pour le rendre complètement à la lumière, et le rendre aux siens. Il tente de minimiser les choses quant à tout ce qu'il n'a découvert que tardivement. Tu hoches doucement la tête. Tu vois bien qu'il essaie de minimiser la situation, impossible pour toi d'en faire de même en revanche. Parce que tu sais la différence entre ce qu'il te montre et ce qu'il ressent vraiment. Tu sais pour l'avoir entendu sangloter à distance quand personne ne pouvait deviner l'ampleur de sa peine et de sa détresse, personne en dehors de toi.

"Je me suis dit que tu ne voulais pas être trouvé, c'est que tu devais avoir tes raisons..." Tu marques une légère pause. "Je ne voulais pas te trahir. Et puis... je peux comprendre... enfin, pas tout, mais en partie. Parfois, j'ai aussi eu envie de partir, tu sais."

Mais où que tu sois, tu n'aurais pas échappé à la présence de ta famille non plus... Et aussi, c'est trop difficile de vivre sans eux.

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feat. Dolores

Bruno peut difficilement garantir de la qualité du thé qu’il propose à Dolores, qui est certainement à la hauteur de la qualité de l’accueil – ce qui veut tout dire. Bruno n’est pas habitué à recevoir qui que ce soit chez lui. Hector aime bien passer à l’improviste, mais généralement il ne s’attarde pas et trouve toujours des manières jamais bien subtiles de lui faire comprendre qu’il est temps qu’il sortent de là, et qu’il ne veut pas s’attarder dans ce qui est – très littéralement – un trou à rats (pas qu’un peu). Dolores n’a pas l’air de s’en plaindre, en fait, elle semble juste sincèrement heureuse de renouer avec lui, et soucieuse de lui parler plus longuement de ce qui a été sa discrète complicité dans sa disparition.

Au fond, Bruno aurait dû le deviner. Pour un voyant, on ne peut pas dire qu’il ait été très clairvoyant, en l’occurrence, mais le fait est qu’il a eu tendance à se replier sur lui-même, et à croire qu’il saurait se faire suffisamment petit pour se faire oublier… Et c’était ce qui s’était passé… Son nom n’était plus prononcé, ou très rarement, et finalement, il devenait cette sorte de légende, ce conte que l’on raconte aux enfants pour les inquiéter… Bruno le croque-mitaines. C’est vraiment risible, quand on y pense. Enfin, ça l’aura fait rire jaune, surtout. Mais il fait de son mieux pour ignorer cette pensée et se concentrer sur le moment présent. Il a la sensation que Dolores, par la force des choses, le connaît mieux qu’il n’en sera jamais capable pour sa part… Lui aussi l’a écoutée vivre à distance, mais ce n’était pas suffisant pour savoir vraiment quoi que ce soit d’elle, de ses goûts et de ses aspirations.

Il esquisse un fin sourire, un peu douloureux, quand il suggère que s’il n’avait pas voulu être trouvé, c’est qu’il avait ses raisons. C’est effectivement le cas, en vérité : il ne voulait pas, en effet, qu’on le retrouve, et en même temps, il aurait adoré qu’on lui rende visite. Quand Mirabel avait trouvé sa cachette, et même s’il avait cherché à fuir, il avait au fond été heureux et soulagé de la retrouver, d’avoir quelqu’un à qui parler, de retrouver un peu de cette famille qu’il aimait tant, mais…

« C’est vrai… ? » répond Bruno, désarçonné, quand Dolores lui apprend qu’elle a déjà eu la tentation de partir. « J’en avais pas vraiment envie… je voyais pas d’autre solution… », explique-t-il doucement. Même s’il s’était dit que ça le soulagerait de ne plus avoir à supporter les on-dit à son sujet. « Je ne savais pas que tu avais ressenti ça, toi aussi. »

Breaking the walls

feat Bruno

Tu peux comprendre la stupeur de Bruno, parce qu'il y a des sujets tabous comme celui-ci que l'on n'évoque pas. Bruno avait été de ces sujets tabous pendant très longtemps, et s'il l'a été, ce n'est pas sans raison, parce que sa disparition avait cristallisé de nombreuses choses au sein de la famille Madrigal, cela avait prouvé à l'Encanto que la famille n'était pas toujours aussi unie qu'elle voulait le montrer, de même que la magie n'était pas toujours si puissante que cela. Surtout, cela avait mis à jour une première fissure dans un équilibre que personne n'avait accepté de voir comme précaire jusqu'alors, quand bien même ce n'était pas une nouveauté, quand bien même ça avait toujours été le cas. Nul ne devrait tomber des nues en apprenant la nouvelle, et pourtant... Oui, tu avais voulu partir et tu sens que Bruno ne comprend pas.

Le fardeau d'un don à porter qui dans votre cas à tous les deux ressemblait parfois à une malédiction, tous ces problèmes rencontrés, et qu'il était difficile d'endurer... c'est naturellement que cela devait vous fragiliser. Tu ne veux pas trop entrer dans le détail, mais tu le dis rapidement afin que Bruno puisse comprendre.

"Sans mes pouvoirs, je me sens vulnérable, avec eux, je me sentais... misérable ? Pas toujours mais... Enfin bref, je te comprends, je sais que ça peut être difficile", tu tentes de résumer pour ne pas trop t'appesantir non plus.

Tout ça, c'est compliqué, difficile à résumer en quelques mots, et dans le même temps, c'est votre quotidien : faire abstraction serait tentant, mais faire abstraction est impossible. Comme tenter d'ignorer un bruit de fond constant qui vous tiendrait éveillé en pleine nuit.

"Tu sais, on a mis beaucoup de choses à plat... Casita se fissurait parce que c'est notre famille qui se morcelait. Le fait que tu sois parti, c'était un symptôme, mais pas la raison de ce qui est arrivé... On a fait beaucoup de chemin, après ça. Et Abuela a pris conscience de beaucoup de choses aussi. J'aimerais beaucoup que tu la revoie comme je l'ai connue avant d'arriver ici, elle n'était plus la même, tu sais."

Tu voudrais vraiment que vous souvenirs soient communs, malheureusement, force est de constater qu'il n'en est rien.

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Breaking the walls

feat. Dolores

Les confessions de Dolores surprennent Bruno autant qu’elles l’attristent, car il réalise qu’il n’avait jamais considéré les choses qu’à sa propre échelle, sans jamais concevoir ne serait-ce que l’idée que sa situation puisse ne pas être un cas isolé. Il avait appris à considérer ses propres pouvoirs comme une malédiction à force d’en observer les effets sur autrui, mais il avait toujours eu ce sentiment, né sans doute d’un soupçon de jalousie, que tous les autres membres de la famille Madrigal étaient amplement satisfaits de leurs miracles respectifs. C’est vrai que tout bien considéré, le pouvoir de Dolores pouvait avoir des répercussions terribles, mais pas un instant il n’y avait pensé. Parce que ce qui comptait, ce qui devait compter, ce n’était pas les répercussions personnelles sur sa nièce, mais sur l’Encanto tout entier.

Il s’en veut d’avoir été à ce point aveugle à sa décision. Vulnérable sans ses pouvoirs, misérable avec eux… Bruno est tenté de lui souhaiter de ne jamais retrouver son don, mais il n’ose pas l’exprimer en ces termes. Ce genre de choses ne se disent pas, n’est-ce pas ? Alors à la place, il reste muet, tout ce qu’il trouve à dire, c’est qu’il est désolé, et qu’il regrette de ne pas s’être rendu compte que les membres de sa famille, individuellement, pouvaient être malheureux, eux aussi, et peut-être son don aurait-il pu servir à cela, à tous les réunir, à les aider à se comprendre et à communiquer. Mais c’était sans doute trop utopiste. Il ne sait que trop bien de quelle manière l’on a tendance à réagir à ses visions.

Finalement, c’est Dolores qui le sauve des mots qu’il ne sait pas prononcer en reprenant la parole, en affirmant que Casita se fissurait car c’était la famille qui se morcelait. Quelque part, ça lui fait du bien, d’entendre que son départ n’était pas la cause de cette fracture, mais un symptôme qui l’avait agrandie.

« J’aurais aimé la connaître ainsi… » Même si, en réalité, il n’en a jamais voulu à sa mère, même quand elle se montrait beaucoup trop strict. Ça lui était égal, au fond. C’était à lui qu’il en voulait, de ne pas être à la hauteur des attentes de la famille, de la plonger dans le malheur. Toute stricte qu’elle fut, Alma Madrigal avait toujours voulu le meilleur pour les siens, et c’est une chose que Bruno n’oublie pas et ne néglige pas non plus. « Elle me manque beaucoup », admet-il d’une voix blanche. « On aurait tellement de choses à se dire… » Il laisse passer un temps d’hésitation. « Tu penses qu’elle pourrait être ici ? » ose-t-il finalement demander.

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feat Bruno

"Hey..."

Avec douceur, tu prends les mains de ton oncle dans les tiennes en un geste réconfortant, le plus réconfortant possible, et tu lui adresses un fin sourire. Tu sais que les relations humaines sont une chose que Bruno redécouvre, qu'il n'avait sans doute même jamais connu avant, et donc, tu as conscience de devoir preuve de patience à son égard et ne pas le brusquer. Après tout, tu as ce privilège, contrairement à lui : tu es déjà passé par là, donc tu es capable de comprendre ce qu'il ressent, ou en tout cas de le comprendre en partie. Tu ne seras évidemment jamais capable de te mettre entièrement à ta place, mais tu penses que tu es quand même dans les bonnes dispositions pour lui faire comprendre ce que tu ressens toi-même.

"Ce n'est pas comme si c'était impossible." Tu affiches un sourire. "Tu ne penses tout de même pas qu'Abuela nous laisserait seuls ici ?" tu ajoutes avec une ombre de malice dans le regard, une manière de lui faire comprendre que rien n'est gravé dans le marbre. Cette rencontre, le fait que vous soyez ici en est déjà une preuve bien assez convaincante en ce qui te concerne. "Regarde-nous, on s'est bien trouvés ? Tu vas avoir le temps de lui parler, de lui raconter tout ça", tu lui assures.

C'est drôle de tenir ce rôle. Tu as bien conscience que ça ne devrait pas être à toi de le faire. C'est lui l'aîné, c'est lui qui devrait t'apporter du soutien, mais tu acceptes cette inversion des rôles sans aucun inconvénient. Ce qui importe, c'est que celui qui en a besoin trouve du réconfort auprès de l'autre.

"Et en attendant, toi, tu nous as. Ta familia... ça suffit de vivre comme ça, tio, ça a déjà assez duré."

Tu ne veux pas que Bruno le prenne mal ou de travers, ce n'est définitivement pas ton intention, mais tu peux admettre en revanche que Bruno a besoin qu'on lui secoue les puces, et c'est un rôle que tu acceptes sans mal de tenir pour ta part.

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Breaking the walls

feat. Dolores

Bruno a d’abord l’hésitation de rejeter le geste de Dolores quand elle vient prendre ses mains dans les siennes. Non, ce n’est pas du tout qu’il a envie de la rejeter, elle, mais il a bien du mal, en vérité, à se familiariser avec ces gestes d’affection auxquels il n’a pas été habitué pendant beaucoup trop longtemps. Bruno, malgré tout, la laisse faire. Au fond, il a vraiment besoin de ce contact, de sentir que sa famille est là pour lui et le soutient. Mais il a encore du mal à faire avec, c’est aussi simple que cela.

Ses paroles aussi sont rassurantes, et prononcées d’un ton très rassurant. Ce n’est pas comme si c’était impossible, la rassure-t-il, et il affiche un sourire en coin quand elle lui demande s’il croit vraiment que sa mère ne les aurait pas suivis ici. Bruno aime bien cette idée, l’idée que sa mère est forcément là, quelque part. Mais tant qu’il ne l’aura pas retrouvée, il aura toutes les peines du monde à y croire, vraiment. Tant qu’il ne l’aura pas revue, il sera difficile de l’imaginer. Et s’il doit la revoir ? Il ne sait pas du tout comment il appréhendera cette situation.

« Sans doute », fait-il avec un semblant de scepticisme, en réalité.

Il ne sait pas du tout comment il vivrait de telles retrouvailles, mais il sait qu’il en aurait besoin. Oui, il aurait terriblement besoin de retrouver sa mère, ici et maintenant, ce serait absolument nécessaire pour l’aider à se sortir une bonne fois pour toutes de ce qui est – littéralement – un trou à rats. L’ennui, c’est qu’il devra peut-être aussi souffrir son jugement, et il n’a vraiment pas envie d’avoir à souffrir son jugement.

« Mais… je ne suis pas sûr de savoir vivre autrement », remarque-t-il quand Dolores lui fait remarquer qu’il a suffisamment vécu de cette manière, et qu’il est temps que ça change. Au fond, il en a bien conscience, mais il n’arrive pas à faire autrement. « Ou de vouloir vivre autrement. »

Il ne va pas mentir et prétendre qu’il est pleinement heureux comme cela, ce n’est pas le cas du tout. Il ne peut être heureux qu’auprès de sa famille, mais avec sa famille, il ne sait pas comment interagir. Alors que quand il est avec ses rats, ça semble simple, évident, limpide. Il n’a pas besoin de se poser des questions, il est dans son élément. Il ne sait pas comment se concilier avec tous ces changements. Il est resté seul et à l’écart pendant beaucoup trop longtemps. Il était impossible que cela ne laisse pas de traces. Et en effet, ça a laissé de sacrées traces.

Breaking the walls

feat Bruno

Tu adresses un sourire triste à Bruno en entendant sa réponse. Ce qui te fait du mal, c'est de savoir à quel point il est sincère. Il ne cherche pas à se plaindre et à s'apitoyer, il se retrouve à une place qu'il a du mal à comprendre, c'est surtout de ça qu'il est question. Tu sens bien qu'il a souffert et souffre toujours, et tu ne sais pas quel baume mettre exactement sur cette souffrance. Tu veux l'aider, tu veux être présente pour lui, mais c'est difficile de lui accorder une chose dont il n'est pas sûr lui-même de vouloir. Il le devrait, pourtant. Elle sait que ça lui fera du bien, mais il a besoin d'un déclic, ce déclic qu'il a eu à la destruction de Casita et à ses retrouvailles avec sa mère, un déclic qu'il a perdu ici.

"Bien sûr que tu veux vivre autrement...", tu finis par dire doucement.

Tu sais bien que ce n'est pas forcément la meilleure manière d'aborder les choses, mais c'est la seule manière qui te vient à l'esprit de lui exprimer ce que tu ressens en cet instant. Tu ne dis jamais autre chose que ce que tu penses : c'est vrai que tu penses comprendre ce qu'il ressent mieux que les autres. Tu l'as entendu vivre pendant des mois et des années entre les murs de la maison, alors tu comprends très bien les choses.

"C'est normal que tu ne saches pas trop comment, mais fais-nous confiance, d'accord ? T'as pas besoin de changer de vie du jour au lendemain, on pourra y aller progressivement, petit à petit." Tu marques une pause. Tu choisis bien tes mots, parce que tu sais que chacun d'entre eux revêt une importance totale. "Tu n'es pas seul."

C'est ce qu'il doit retenir avant tout. Il a été livré à lui-même pendant plus de dix ans, mais c'est fini, maintenant. A présent, il n'est plus seul, et il doit en prendre conscience.

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feat. Dolores

Bruno détourne le regard pour le tourner vers un point imprécis quelque part dans le vide. Là, sur le moment, il est tout bonnement incapable de soutenir le regard de sa nièce. C’est un peu le cas depuis les débuts de cette conversation. Il a l’impression qu’elle est l’aînée qui cherche à veiller sur lui et lui l’enfant désœuvré qui ne saurait pas quoi faire de sa vie. Au gré des expériences, Dolores a grandi, muri, changé… Bruno, lui, n’a pas évolué d’un iota. C’est même tout l’inverse, il s’était enfermé entre les murs de Casita autant qu’en lui-même, et il avait refusé, par conséquent, de changer, d’évoluer, pas parce qu’il ne le voulait pas mais parce qu’il en avait terriblement peur. Et c’est toujours ce qui le retient en cet instant : cette même peur qui l’oppresse et l’empêche de faire les choses comme il le voudrait.

Il adresse à Dolores une esquisse de sourire maladroite, mais toujours sans daigner la fixer, comme une manière de lui faire comprendre qu’il sait qu’elle a raison. Il sait qu’elle a raison, mais il n’arrive pas pour autant à dépasser les angoisses qui le tiraillent. Oui, bien sûr qu’il veut vivre autrement, parce que cette vie, la vie qu’il mène, n’est pas une vie. Combien de fois avait-il envié cette vie qu’il sentait battre au cœur de Casita tandis que sa famille continuait d’évoluer en parallèle de sa propre existence, si proches et si loin en même temps ?

Oui, il veut d’une autre vie, mais laquelle. Pas de ces vies fantasques qu’il invente à ses rats. Elles sont parfaites pour un univers de pure fiction, mais ce ne serait pas plaisant à vivre dans la réalité. Ce qu’il veut est terriblement simple, au fond, et en même temps si difficile. Il voudrait pouvoir vivre au milieu de toute sa famille réunie, savourer leur présence, rattraper le temps qu’il a perdu… Mais voilà ce qui est angoissant dans cette situation aussi : c’est que le temps qu’il a perdu, il ne sera très probablement pas en mesure de le récupérer : que cela lui plaise ou non, il est malheureusement trop tard.

Heureusement, Dolores semble le comprendre. Au point que Bruno se demanderait presque si elle n’entendrait pas si bien qu’elle serait même capable d’entendre ses pensées. Ce n’est pas une pensée rassurante en soi, mais elle lui fait du bien sur le moment. Il hoche doucement la tête, il n’a pas confiance en lui-même, mais il a toute confiance en Dolores, même si cette dernière n’était jamais qu’une enfant la dernière fois qu’ils se sont vus.

« Petit à petit… », répète Bruno comme pour se convaincre lui-même qu’il en est capable en dépit de toutes les difficultés que représente pour lui le fait de seulement y songer.

Ce qui lui fait du bien avant tout, c’est d’entendre qu’il n’est pas seul… et oui, il avait terriblement besoin d’entendre ces mots.

« Et comment on fait ça ? »

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feat Bruno

Voir ton oncle Bruno si désemparé, ça te brise le coeur, mais ça ne te surprend pas. Ces trois années auraient pu être quittes ou doubles pour lui. Elles auraient pu lui permettre de s'ouvrir aux autres, de décider de se donner des perspectives un peu différentes, de s'ouvrir à de nouvelles personnes, à une nouvelle vie. Ou bien, ça devait avoir pour conséquence de le renfermer encore plus. Tu n'es pas vraiment surprise, en vérité, que ce soit la deuxième option qui ait pris le dessus sur toutes les options possibles.

C'est que tu le connais tout de même bien, Bruno. Certes, vous vous êtes en fin de compte très peu parlé, tous les deux, mais ce qu'il ne t'a pas dit, ce qu'il n'a dit à aucun membre de la famille, toi, tu l'entendais. Tu l'entendais vivre entre les murs de Casita, et au bout du compte, tu le comprenais d'autant mieux. Toi, Dolores, tu penses étonnamment être capable de le comprendre mieux que tous les autres membres de votre famille, et cela te donne naturellement une obligation morale vis-à-vis de lui : tu ne peux pas te permettre de faire n'importe quoi : tu as intérêt, tout au contraire, à te montrer prudente. La plus prudente possible, même, et tu le sais. Tu es capable de comprendre ce qu'il a vécu, ses craintes et ses choix, et te confier sur à quel point tu as été tentée parfois de prendre les mêmes décisions que lui, tu dois reconnaître que ça t'a retiré comme un poids du coeur...

Alors comment faire ça ? Comment faire en sorte qu'il sorte de sa coquille, petit à petit ? C'est le plus difficile. Tu n'as pas vraiment d'idée précise de comment faire ça, tu sais juste qu'il faut qu'il le fasse, qu'il apprenne, progressivement, à se faire confiance et à avoir confiance dans votre famille, à y retrouver la place qui aurait toujours dû être la sienne, qu'il aurait dû conserver envers et contre tout.

"Je sais pas trop...", tu confesses non sans une certaine forme d'hésitation. "Juste sortir de temps en temps, c'est déjà bien, tu penses pas ?" Tu affiches un fin sourire. "Oh j'y pense ! Je chante dans un groupe, Camilo te l'as dit ? On joue dans un bar jeudi prochain... ça me ferait plaisir que tu viennes m'écouter... "

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feat. Dolores

La réponse de Dolores, hésitante, n’est pas forcément pour rassurer Bruno, mais en même temps, on ne peut pas dire qu’il se soit attendu à autre chose de sa part. Même si ce n’est pas forcément simple à entendre, elle préfère qu’il soit totalement honnête envers elle, tant qu’à faire, et c’est ce qu’il est. Et oui, il n’y a pas de solution miracle à son souci… d’aucuns qualifieraient sans doute cela d’agoraphobie, c’est un terme que Bruno a déjà entendu le concernant, mais il ne le trouve pas très adapté, ce n’est pas vraiment que ça le dérange de se confronter à la foule, c’est seulement qu’il doit constater à chaque fois qu’il n’y a pas vraiment sa place, et c’est un constat un peu étrange à faire, et pas toujours très agréable ou très confortable. Mais elle a raison, cela dit… ne serait-ce qu’y aller pas à pas, même en parlant de pas d’un point de vue totalement littéral, ce serait déjà une très bonne chose dans son cas.

« Je sors… », se défend-il tout de même.

Mais il ne cherche pas à argumenter plus que cela, parce que dans le fond, il sait bien que c’est Dolores qui a raison, et que lui, de son côté, cherche à se mentir sans grande conviction. Oui, il sort, mais s’il sort, c’est pour travailler, quitter ses rats avec la perspective de trouver d’autres rats qui dès lors deviendront ses amis. C’est à peine un travail. Oui, il fait de nouvelles connaissances, se crée de nouveaux contacts, mais on ne peut pas dire que la compagnie des rats soit spécialement la plus saine, loin de là, mais cela, il ne s’agirait pas de le dire trop fort en sa présence tout de même.

« Oh euh… »

Bruno baisse le regard, un peu hésitant. Non, il ne savait pas que Dolores chantait dans un groupe, mais il est heureux d’entendre ça, parce qu’il est heureux de découvrir que Dolores a trouvé sa voie (et sa voix), comme ça semble être le cas de Camilo également. Il sait que lui-même peut bien faire ses pitreries face à un petit comité mais serait bien incapable de se produire devant un très grand nombre. Il faut du courage pour ça, et il est fier de sa filleule, pour ça. Bon, lui-même, au fond, voudrait s’épargner de se joindre au public, mais il comprend bien qu’il le doit, malgré tout. Il comprend bien vite que c’est une chose importante pour Dolores, et qu’il serait injuste de sa part de se dérober à cette invitation en dépit de son anxiété.

« Oui, bien sûr, ça me fera plaisir aussi. Je suis pas forcément… Tu sais… » Il s’embrouille dans son discours, et décide finalement qu’il ne sert à rien d’insister / de s’enfoncer davantage. « Bref, ça me fera plaisir. »

Breaking the walls

feat Bruno

Tu entends et surtout tu ressens les hésitations de Bruno. Si tu n'avais pas appris à le connaître à travers ce que tu entendais de lui entre les murs de Casita et via ce que tu as découvert de lui après son retour, tu pourrais peut-être te vexer, mais ce n'est pas le cas du tout. Tu sais qui il est et comment il est, tu es bien conscient du fait que tu ne dois rien prendre de tout cela personnellement. Ce serait même assez égoïste de ta part, car ce qu'il te raconte est tout de même très différent et doit savoir être pris de la bonne manière, surtout. De ton côté, tu sais qu'il fait des efforts, et que tout ce qui peut sembler maladroit de sa part part pour commencer de la meilleure des intentions. Tu n'en doutes pas un seul instant, et tu ne veux pas lui donner l'occasion d'en douter non plus de son côté, surtout pas.

"Je sais, tio", tu te contentes de lui répondre avec un sourire qui en dit long de ce que tu es capable de comprendre de ses silences.

C'est l'avantage que tu possèdes en étant toi, un de ces avantages que tu dois à tes pouvoirs qui ne t'ont tout de même pas apporté que du malheur en fin de compte. Oui, par certains aspects, ça a même été une chance pour toi, et tu le sais bien. Tu en as conscience et tu as appris à le savourer comme tel, à sa très juste valeur, donc... Oui, les silences font parfois plus de bruit que les mots, c'est seulement des bruits différents, et qu'il faut apprendre à décortiquer. Ce n'est pas toujours chose facile, mais ça en vaut généralement la peine. Bref, oui, tu sais, tu n'as absolument aucun doute, et tu ne veux pas qu'il en ait non plus, et pas le moindre, même. Tu as tout à fait conscience de tout ce qu'il te dit, et tu ne veux pas le brusquer.

"Pour l'instant, on peut juste se contenter... d'un tour en forêt ? J'ai envie de marcher un peu", tu suggères surtout pour inviter Bruno à quitter son trou à rats (littéralement) sans l'obliger à se retrouver directement dans une situation où il devra faire face à la foule dense et impitoyable. "Ca a été un plaisir de vous rencontrer", tu ajoutes à l'adresse des rats avec un sourire amusé avant d'inviter d'un geste Bruno à te suivre à l'extérieur.

Prendre l'air vous fera du bien à tous les deux.

PrettyGirl