(terminé) Expulsion Bruno&Walle

Expulsion

feat. Wall-E

Bruno, en véritable ermite, n’apprécie pas forcément de recevoir de la visite chez lui… même quand celle-ci provient de personnes agréables ou bien intentionnées, s’inquiétant pour lui ou tenant à donner un bon coup de pied à sa solitude. Depuis que les membres de sa famille ont fait leur grand retour, un à un, dans sa vie, cela arrive pourtant plus souvent qu’il n’aurait cru cela possible. Oh, il les aime tous profondément, et bien sûr qu’il est heureux de les voir, mais chaque fois que l’on frappe à sa porte sans prévenir, dans sa tête, c’est un tourbillon d’émotions violentes qui font affleurer à la surface toutes les anxiétés du monde. Seules deux présences savent avoir l’effet radicalement inverse et l’apaiser presque immédiatement (exception faite de ses rats, évidemment, bien sûr que leur compagnie est toujours un vrai bonheur pour Bruno) : celle de Wedge, qui le trouble pour des raisons bien différentes.

Et celle de Wall-E, son merveilleux voisin, son meilleur ami, dont la sensibilité naïve trouve un écho profond et rassurant avec la sienne propre. Quand il entend sa voix s’élever depuis son palier, en règle général, Bruno se sent enthousiaste. Pas cette fois… Parce qu’il ressent comme un tremblement paniqué, ou quelque chose d’approchant, dans la manière dont l’ancien robot prononce son nom, et ça… ça, ça ne le rassure pas du tout.

« Wall-E ? Qu’est-ce qui se passe ? » demande Bruno d’un ton inquiet tout en ouvrant plus largement la porte afin que Wall-E ait l’occasion d’entrer.

Il ne lui dit rien, pour commencer, et se contente de lui fourrer son courrier entre ses mains. Il arrive que Wall-E récupère son courrier et réciproquement - jusque-là, rien d’alarmant. Mais bien sûr, l’histoire ne s’arrête par là. Bruno invite d’un geste Wall-E à le suivre dans son salon et à s’asseoir sur son canapé, sans avoir besoin de le prévenir de faire attention aux rats (il sait). Accaparé, inquiet, il en oublie même de fermer sa porte. Il lit, en diagonale d’abord, et un mot après l’autre, ensuite. C’est un avis d’expulsion. Deux avis d’expulsion, même. L’un adressé à Wall-E. L’autre adressé à Bruno. Ce dernier peut avoir de l’avenir des visions limpides, très exactes et précises, et pourtant, il ne l’avait pas vue venir, celle-là… Enfin si, ça fait un moment qu’il songe à déménager, mais c’était davantage parce qu’il s’inquiétait de la sécurité de ses rats que parce qu’il pensait vraiment que des mesures seraient prises contre eux. D’accord, les rats et les cafards, ça fait pas bon ménage avec le voisinage, mais… si les locataires avaient pris ne serait-ce que la peine de comprendre…

« Oui… oui Wall-E… On va devoir partir… » La voix de Bruno tremble. Il pose un regard sur son ami, constate à quel point ce dernier est inquiet, décontenancé, au bord des larmes… Lui aussi, il a un peu envie de pleurer… mais il sait qu’il ne peut pas se le permettre. Avec Wall-E, Bruno lutte souvent contre sa nature angoissée et renfermée, et se découvre un sincère instinct protecteur. Sans doute parce qu’il est bien plus âgé que lui, et aussi parce qu’il a veillé sur lui depuis le jour de leur rencontre. « Hey… c’est un mal pour un bien, pas vrai ? J’en avais assez de cet immeuble, pas toi ? On va vivre ailleurs. Là où on ne mettra pas de la mort au rat et de l’insecticide dans la cage d’escalier. » Il s’efforce d’afficher un sourire rassurant. « Tout va bien se passer, je te le promets. »

Expulsion

feat. Wall-E

Bruno se sent particulièrement nerveux, à voir Wall-E faire les cent pas sous son nez… Il aimerait réussir à le calmer, à l’apaiser, mais l’affaire n’est pas simple, d’autant que cette nouvelle l’inquiète également beaucoup, et il ne sait pas réellement comment y faire face… Il peut bien prétendre que tout se passera bien, et encourager son ami du mieux qu’il le peut, dans les faits, il n’a pas la réponse à ces questions, et il serait bien infichu de savoir où ils se retrouveront à la fin du mois. Quelque part, et même si Bruno ne souhaitait définitivement pas une telle situation à son ami, il se dit que c’est une bonne chose qu’ils doivent l’affronter ensemble. Le besoin qu’il ressent de protéger son ami l’oblige à faire face à ses obligations. S’il avait été seul face à cet avis d’expulsion, il aurait probablement brûlé le courrier, fait l’autruche et attendu sans rien dire qu’on le vire dehors. Bruno suit Wall-E du regard jusqu’à ce que finalement, ce dernier accepte de s’asseoir à côté de lui, la tête posée contre son torse. Bruno caresse son dos distraitement, maladroitement, dans l’espoir de lui apporter ne serait-ce qu’un semblant de réconfort, sans être certain d’y arriver.

« Oh… je suis vraiment désolé Wall-E », répond Bruno, dépité, quand son ami lui apprend que plusieurs de ses cafards ont disparu dernièrement… Il est malheureux de l’apprendre, mais il ne peut se prétendre surpris en revanche… Dans cet immeuble, leurs meilleurs amis à multiples pattes sont traqués comme s’il s’agissait de bêtes dangereuses et c’est idiot. Aux yeux de Bruno, aucune bête n’est dangereuse. Si elles le deviennent, ce sera uniquement parce que les humains les auront poussées dans leurs retranchements.

Les questions dont le presse Wall-E sont de celles que Bruno se pose lui-même sans être sûr d’avoir de réponse. Il n’a jamais eu à se soucier de quoi que ce soit en matière d’immobilier. Avant son arrivée dans cette ville, il n’avait jamais quitté Casita… littéralement jamais. Et une fois arrivé ici, il s’était retrouvé dans cet appartement sans trop comprendre pourquoi. Ça avait déjà été très compliqué de comprendre les concepts de charges et de loyer, alors trouver un nouvel endroit… Mais il peut le faire…. Même s’il a l’impression que c’est une montagne à gravir… ils doivent aller au bout.

« On va trouver une maison, c’est bien les maisons, pas de concierge, pas de voisin encombrant… » Et c’est particulièrement cher, par contre, mais il laisse ces considérations financières de côté pour le moment. « Je… vais demander autour de moi. A ma sœur, tiens, elle doit savoir comment faire, elle. »

Même ses neveux et nièces sont probablement plus débrouillards que lui en la matière. Sa famille acceptera probablement de l’aider, d’une manière ou d’une autre… quoi qu’il ne se verrait pas parler de ses déboires à sa mère. Il aurait beaucoup trop peur de lire de la déception dans son regard.

« Bien sûr que je reste avec toi, Wall-E. » Allez savoir pourquoi, l’idée inverse ne lui avait même pas traversé l’esprit, quand bien même, en grand solitaire – forcé –, Bruno n’avait pas vraiment vécu en colocation « officielle » avec quelqu’un depuis bien longtemps. « Mes rats et tes cafards s’entendent bien, ils seront heureux tous ensemble. »

Expulsion

feat. Wall-E

Les projets sont beaux quand ils n’ont pas à se concrétiser. Bruno n’avait jamais eu à se soucier de considérations immobilières avant ce jour et il aurait bien voulu que ça continue d’être le cas. Il a l’impression d’avoir une montagne à gravir et il n’est pas sûr d’y parvenir, tout comme il ne s’était pas vu dépasser les montagnes qui protégeaient l’Encanto autrefois… Mais il n’est pas question que de lui, il est également question de Wall-E… Et il se doit par conséquent de faire tous les efforts nécessaires en ce sens. Il préfère inviter son ami à croire dans le meilleur plutôt que de le placer face au pire. Ils peuvent trouver une maison. Une belle et grande maison et le ménage.

« Bien sûr ! » répond Bruno qui préfère largement, dans tous les cas, laisser Wall-E s’occuper des plantes s’ils doivent avoir un jardin tous les deux. Parce que lui-même n’a jamais eu la main verte et serait bien capable de détruire leur pauvre jardin. « On demandera de l’aide à Margaery, oh ! Et on pourra demander l’aide d’Isabela aussi ! » remarque-t-il soudainement enthousiaste à la perspective d’un projet qui ne démarrait pourtant pas sous les meilleurs auspices, loin de là même. « On aura le plus beau jardin de toute la ville », ajoute-t-il en collant à son visage un sourire, un vrai. Un sourire simple et nécessaire. Un sourire capable de contrer toutes ses appréhensions, qui sont loin, très loin d’être minimes, vu les circonstances.

Entendre Wall-E affirmer qu’il est heureux, et constater ce bonheur, ça suffit définitivement à le rendre heureux également. Rien n’est résolu encore, rien n’est gagné encore, mais l’espace d’un instant… Il a l’impression de tout pouvoir réussir, de tout pouvoir conquérir, sans aucune forme d’exception, sans rien pour pouvoir l’empêcher.

« On va leur créer un grand espace, et ils pourront vivre librement au milieu des fleurs, sans personne pour les ennuyer », ajoute-t-il au sujet de leurs rats et cafards qui naturellement pourront trouver un havre de bonheur et de paix, on personne ne viendra les empêcher… d’exister. « On va récupérer des cartons et tout remplir au fur et à mesure, je t’aiderai. Pour l’instant, ça ne sert à rien de se précipiter, il faut d’abord qu’on trouve notre maison de rêve. Et on invitera des gens pour nous aider ? Par exemple… Margaery, et ma famille… Wedge… » Sans qu’il s’en rende compte, je rouge lui monte légèrement aux joues à l’évocation de ce dernier. « Ce sera comme une grande fête. »

Est-ce que c’est comme ça que s’en sortent ceux qu’il a toujours admirés, les personnes comme Camilo ou Mirabel, qui ont toujours su faire contre mauvaise fortune bon cœur ? Toujours est-il que la détresse et l’angoisse qui s’étaient abattues sur eux un peu plus tôt lui semblent à présent plus lointaines.

Expulsion

feat. Wall-E

« Wall-E, tu es un génie, c’est une excellente idée ! » affirme Bruno avec enthousiasme quand ce dernier suggère qu’il pourrait s’adresser à l’assistante sociale qui l’avait aidé pour ses papiers afin qu’elle les aide… Oui, ce sera une excellente idée que de se fier avec des personnes plus débrouillardes qu’eux. Avec sa quarantaine bien engagée, on devrait probablement s’attendre à ce que Bruno s’y connaisse mieux que cela, mais ce n’est pas le cas, loin de là, et il se sent reconnaissant envers Wall-E d’être beaucoup plus sociable que lui, qui a un peu trop tendance à se renfermer sur lui-même. « Et oui, ça s’achète… ou ça se loue, il faut qu’on voie comment s’en sortir… j’ai pas beaucoup d’argent de côté. » Et les banques le terrifient, alors autant dire qu’il n’y met absolument jamais les pieds.

Il préfère se concentrer sur le moins pragmatique mais le plus réconfortant. Un endroit où les cafards de l’un et les rats de l’autre pourront vivre parfaitement bien et tout à fait épanouie. Rien n’est fait, mais pour ne pas briser les espoirs de Wall-E, Bruno se sent prêt à déplacer des montagnes. Après tout, son ami le vaut bien, et lui aussi mérite sans doute de mener un train de vie plus épanouissant, plutôt que de se terrer entre les quatre murs d’un appartement lugubre, comme il se terrait autrefois entre les quatre murs de Casita.

« On trouvera de la place pour toutes tes choses, c’est promis », ajoute-t-il, voyant déjà l’embarras de Wall-E concernant ses possessions ô combien nombreuses.

Wall-E accumule beaucoup, et c’est une chose qui fascine Bruno. Beaucoup estimeraient que ses diverses collections sont inutiles et une perte d’espace, mais Bruno ne le perçoit absolument pas comme tel – bien au contraire, même. Il estime que chaque objet accumulé par Wall-E est un trésor à part entière, qu’il faut savoir protéger et préserver. Alors oui, c’est important que rien ne soit négligé. Et tant pis si leur maison doit ressembler à une immense brocante à ciel couvert… Si à eux ça leur convient, qu’est-ce qu’ils en ont à faire, de l’opinion des autres, pas vrai ?

Bruno évoque les différentes personnes qui pourraient leur venir en aide, et ça a dû se voir qu’il était troublé, au moment de parler de Wedge, parce que ça n’a clairement pas échappé à Wall-E, qui lui demande aussitôt comment il va. Bruno hoche seulement la tête dans un sourire en même temps que son futur colocataire affirme être impatient de le rencontrer.

« Oh, je pense qu’il te plaira, il est… » Bruno se gratte l’arrière de la tête. Il ne sait pas comment finir cette phrase. Wedge est beaucoup de choses à la fois. « Il te plaira », conclut-il alors faute de savoir mieux exprimer les choses. « Et je serais ravi de rencontrer Ren, je suis sûr que c’est quelqu’un de bien. Tu lui demanderas juste de ne pas ramener son chat ? On ne sait jamais… », ajoute-t-il, embarrassé.