« Mais elles sont où mes clés ? » demanda l'homme en se tripotant de partout à la recherche des clés de son bolide, certainement de luxe. « Je vais vous appelez un taxi. » Chose qui fit lever les yeux au ciel de Peter en montrant que c'était lui qui avait le saint graal entre les doigts. C'était une partie du job qu'il n'aimait pas spécialement. Il n'aimait pas voir les gens s'abrutir a cause de l'alcool. Mais dans l'autre sens -on pourrait même dire que c'est clairement contradictoire- c'est Peter qui s'est occupé des derniers cocktail de Monsieur. Il est arrivé en cours de soirée pour prendre du service. En un clin d'oeil l'Iron Spider disparu pour laisser place à l'élégant Parker, barman pour le Boss Men Club. Il n'aimait pas l'alcool et leurs effets sur le corps mais ce qu'il aimait, -il le découvrit lors d'une soirée avec son meilleur ami Mutt- c'est faire des cocktails ! Il fallait un certain savoir, être méticuleux dans chaque dose pour que l'équilibre soi parfait. Ouais, il se sentait plus à sa place derrière le bar que de l'autre côté. « Espèce de p'tit con ! » Un aveugle aurait très bien senti que la situation allait se dégénérer. Pas besoin de Spider Sens pour savoir a l'avancer que son vis à vis va essayer de récupérer les fameuses clés par la force. C'est bien le problème de ces bobo-riches. Ils passent leur temps a se croire tout permis, où au dessus de tout. Alors c'est sûr quand ils se prennent un stop aussi catégorique qu'offre Peter, ça fait grincer des dents.
Peter ne cherchait pas la bagarre, et encore moins ici. Ce petit poste commence tout juste à lui plaire comme la rentrée d'argent -trop conséquente pour le peu de temps qu'il passe ici. Il serait le premier idiot à s'en plaindre- Il ne bronche donc pas sous les insultes et commande comme promis un taxi via son smartphone. Mais son œil attentif l'alerta à temps pour éviter un coup. S'en suivit très vite d'un deuxième qu'il réceptionna sans difficulté. Et bien même ci le gusse faisait plus d'une tête que lui et que son statut -n'importe soit-il : plus élevé que le sien ce ne sont pas des choses qui vont l’impressionner. Sans user de la force il lui fait une clé de bras « Monsieur Sorrento n'est pas encore arrivé. Je peux promettre de ne rien dire sur se qui s'est passé à condition que vous restez gentiment assis le temps que le taxi arrive » et forte heureusement, ce qui sonnait comme une menace paya ses fruits. Peter le fît s'asseoir sur un canapé, lui servis un grand verre d'eau avant de retourner derrière le bar, soulagé. Il passa une main dans ses cheveux qu'il remit en place. « Je suis désolé » s'excusa-t-il « Comme d'habitude ? » Il n'attendit pas vraiment de réponse avant de se mettre à la tâche. Il commençait a connaître les habitudes de certaines personnes. Leurs noms, se qu'ils possèdent. Si il y a bien une chose que New York lui a appris est que le plupart des grandes fortunes sont fondé sur de bien sombres histoires. Il voulait savoir lesquelles. Il finit par glisser alors la boisson sous le nez du blondinet. « Ça n'a pas l'air d'aller » se permit-il de commenter. Comme une seconde nature de vouloir mettre son nez partout. « Enfin, vous avez l'air plus soucieux que d'habitude. » C'était calme encore. Évidemment, le maître des lieux n'étaient toujours pas présent. Il fallait en profiter. Le calme avant la tempête. Peter n'avait pas besoin d'un vis-à-vis bavard, il est là tout son talent : il était capable de tenir une discussion tout seul. « Vous êtes bien le père de Scorpius ? Il vous ressemble beaucoup. Je lui ai fais visité le campus lors des portes ouvertes, il est très sympa » il eut un petit sourire à la pensée de cette journée. Un vrai bout-en-train, une pile électrique tout comme lui. Il avait hâte de retrouver le blondinet à l'université, se fût de loin sa meilleure rencontre de la journée. « Et puis le programme de chimie est passionnant, il va être comme un poisson dans l'eau j'y veillerai » ajouta-t-il avec ce même petit sourire en terminant d'essuyer les verres. Finissant par lever le nez, car de nouveaux arrivant faisaient leur entrer, et pas des moindres.
Laueee
Dernière édition par Peter Parker le Mar 15 Mar 2022 - 0:17, édité 1 fois
Invité
Lun 14 Mar 2022 - 5:07
personne n'est prêt
-- It's not how it's supposed to be. I'm running out of faith. I should have done things differently. I'm feeling stronger now. I can chase away the fears, the ones you've built up all these years. You don't have to hide away, when you're talking to me. --
Mercredi soir. Dix-neuf heures. Un goût de déjà-vu. Cela fait un certain temps que ce rendez-vous est programmé comme sur du papier à musique. Ce rendez-vous des puissants est immanquable, et il se déroule toujours le mercredi soir. Drago Malefoy n’est pas le premier arrivé, mais il peut se vanter de faire partie des premiers membres à se trouver entre les murs de cet illustre club d’honorables notables. Trois ans que Drago Malefoy occupe la fonction de trésorier au boss Men Club. Trois ans qu’il côtoie des hommes d’affaires, de lettres, de sciences et d’arts. Trois ans qu’ils échangent tous ensemble sur l’actualité, l’histoire, la politique, l’économie, les actions en bourse ou les prouesses du président du club. Trois ans que Drago Malefoy gonfle son carnet d’adresses au point de mettre ses clients et ses clientes sur liste d’attente dans son cabinet de notaire. Merci au Boss Men Club. Merci à Nolan Sorrento. Il répond à ses propres pensées d’un léger haussement d’épaule. Foutu club d’honnêtes gens. Honnêtes… Quelles conneries. Ces gens-là ne sont ici que pour parler de leurs acquisitions, de leurs conquêtes et illustrer une fois encore leur misogynie et leur mégalomanie en fumant le gros cigare cubain et en buvant du whisky. Les soirées au club l’ennuient copieusement, mais elles sont nécessaires pour la pérennité de ses affaires et de ses bonnes relations avec les notables de la ville. Si son père avait été à sa place, sans doute en aurait-il fait de même. Lucius. Drago sent que sa gorge se noue douloureusement en visualisant le visage livide et la crinière blanche de Lucius Malefoy dans ses pensées. D’un coup d’œil vers sa montre, Drago compte les secondes qui s’écoulent lentement jusqu’à devenir des minutes. Il admet que cette montre est un beau travail d’horlogerie Moldue, comme quoi, ces Moldus sont capables de produire de belles choses. Les minutes passent avant l’heure fatidique, et le bar reste encore bien calme. D’autres membres apparaissent et restent entre eux, discutant de la pluie et du beau temps en profitant du calme avant la tempête Sorrento. Ces hommes sont bien habillés, dans d’élégants costumes-cravates ou dans des costumes trois pièces de marque luxueuse. Ces honnêtes gens, comme ils aiment se surnommer en riant grassement. Ils n’ont rien d’honnêtes. Ils trompent leurs épouses, marient leurs filles entre eux, fraudent sans vergogne les impôts et asservissent leurs employés. Drago lève les yeux au ciel en les dévisageant depuis le comptoir du bar, comme un loup solitaire installé sur l’un des tabourets en bois massif. Il est le seul attablé, mais cela lui convient parfaitement d’être seul. Drago n’a jamais craint la solitude, elle l’a toujours accompagné dans ses moments angoissants en lui apportant une oreille attentive. Face à lui, derrière le bar, se tient un jeune homme assez énergique et passionné par ce qu’il fait. Drago hésite pendant quelques secondes à l’interrompre pendant la concoction d’un cocktail, avant qu’il ne disparaisse à la poursuite de l’un des membres du club, un peu trop éméché pour tenir correctement sur place. Encore un, c’est décidément toujours le même. Drago reste installé, bien sagement, mais prête toutefois une oreille et un œil furtif aux faits et gestes du barman et de cet exécrable client. Des éclats de voix le font soupirer, Drago devinant sans difficulté que le client s’est montré encore plus exécrable qu’il ne l’est dans ses moments de sobriété. Le jeune Malefoy refuse de s’en mêler. Sans baguette magique et sans pouvoirs, que peut-il espérer faire de bien, réduit à l’apparence d’un vulgaire Moldu ? Ce que la vie lui a enseigné, au lendemain d’une guerre sanglante entre sorciers et sorcières, c’est qu’il est prudent de rester en retrait, sous peine de s’attirer les ennuis des mauvaises personnes. Lâche. Sa conscience lui crache des insultes. Toujours les mêmes. Celles qui morcellent son âme depuis des années. Lâche, lâche, lâche… Cette insulte le frappe de plein fouet comme le coup de canon d’un fusil. Ta lâcheté ne risque pas de couper le goût de ta boisson ? Drago Malefoy est désespérément lâche.
Je suis désolé. Ces mots résonnent dans sa tête, mais Drago Malefoy semble avoir l’esprit bien trop préoccupé pour les entendre. Lorsque Peter, le barman, retourne à son bar dans l’intention de servir un verre d’alcool fort au notaire de la ville, ce dernier se contente de répondre d’un hochement de tête. Loin d’être compatissant, car ce n’est pas sa nature profonde, le jeune Malefoy comprend toutefois les exigences d’un métier comme celui du jeune Parker. Drago est familier aux débordements de certains membres du club, en sa qualité de trésorier depuis trois ans, le notaire en a vu défiler des pires que lui. Je suis désolé, lui dit Peter, mais pourquoi s’excuser ? Peter Parker ne fait que son travail, certes bien payé mais souvent ingrat au vu des alcooliques qui pullulent entre les glorieux murs du Boss Men Club. « Pas la peine. » répond-il sèchement, tout en plaquant les paumes de ses mains contre le meuble. Pas la peine de s’excuser, de se confondre en mièvreries ou en explications. « Vous ne faites que ce pourquoi on vous paie. » Une remarque qui n’appelle pas de réponse. Drago hausse les épaules, faisant de cette altercation un souvenir lointain. Drago ne désire pas s’étendre sur la vie du pauvre homme qui s’est retrouvé sur le canapé en velours vert bouteille, dans l’attente qu’une âme charitable vienne le conduire jusqu’à la portière de son taxi. Quelle vie misérable doit-il avoir pour se mettre dans des états pareils, pense-t-il narquoisement. Ces Moldus sont vraiment pathétiques, peut-il s’empêcher d’ajouter pour lui-même. Pathétiques… Si son fils l’entendait, ou même sa femme, celle dont il est incapable de se souvenir. D’après les dires de Scorpius, c’est un homme nouveau grâce à l’influence d’Astoria Malefoy. Du moins, c’est ce qu’il avait l’air d’être du vivant de sa femme. Depuis qu’il est arrivé sur l’île, c’est alors comme si toute la lumière faisant partie de lui s’était fait la malle. Drago sent que son esprit est dans un étau qui enserre ses bonnes pensées jusqu’à les réduire en bouillie. Ses bonnes et nobles pensées faiblissent au fil des mois passés dans ce purgatoire paradisiaque. Il ne reste que cette infinie noirceur, ses préjugés et cette colère qui refusent obstinément de quitter son corps. Les Moldus sont vraiment tous les mêmes. Ils ne changeront jamais, quoiqu’on leur apporte de beau, ils ne font que détruire toutes leurs possibilités d’avenir. Ils s’autodétruisent. Drago soupire longuement en s’emparant du verre de bourbon que lui tend le barman. « Merci. » murmure-t-il faiblement. Parker semble connaître sur le bout des doigts les boissons préférées des habitués du Boss Men Club. Encore heureux finalement, c’est qu’il est parfait pour cet emploi à temps partiel. On a eu raison de l’engager, pour une fois que le président du club décide de faire quelque chose de bien. Les lèvres du notaire se courbent en leur commissure à la simple idée que Nolan Sorrento puisse faire quelque chose de bien. Un rictus moqueur bien visible orne ses lèvres fines, un rictus qui s’apparente à un sourire grimaçant. Plein de rancune et de mépris. Peter Parker est pour le moment, la seule chose que le président du Boss Men Club a fait de bien depuis le début de l’année. En deux mois et demi, c’est une prouesse remarquable.
Drago se mure dans son habituel mutisme, aveugle et sourd aux sollicitudes de son entourage. Peter Parker est un chouette type. Il est un peu gauche mais énergique et doué d’une langue bien pendante. Il semble capable de monologuer pendant des heures sans que Drago ne trouve quelque chose à dire. Il est vrai que Drago a l’air plus soucieux que d’habitude. Oui, sans l’ombre d’un doute, beaucoup de choses se précipitent dans son esprit en pleine ébullition. Scorpius, Nolan, le cabinet, ses parents, sa défunte femme, ses souvenirs angoissants et ses cauchemars récurrents sur le souvenir disparu de sa femme… Pansy, depuis une semaine. Elle occupe une place de choix dans ses pensées depuis qu’ils se sont retrouvés au club mercredi dernier. Drago n’avait pas prévu de renouer avec tous les pans de son passé, surtout en ce lieu destiné aux affaires et non aux plaisirs, mais le pouvoir d’attraction de la sulfureuse ex-Serpentarde a eu raison de son éthique. Une étreinte brûlante, réconfortante. La douceur de sa peau blanche et la chaleur de ses soupirs restent gravées en lui comme l’épitaphe d’une stèle de marbre. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas eu la sensation d’être enfin chez lui. Son monde lui manque atrocement, mais Drago ne peut pas y retourner. Alors que Parker continue de parler en espérant le dérider progressivement, Drago se contente d’hausser les épaules à ses remarques, avant de boire deux gorgées précipitées de son alcool. Non, tout va mal, en fait. Qui es-tu pour espérer obtenir des aveux de ma part ? Il plante ses beaux yeux bleu acier dans ceux du jeune homme avec une précision presque chirurgicale. On retrouve une certaine froideur, dans le fond de ses prunelles. Drago n’apprécie pas d’être ainsi interrogé, d’autant plus qu’il n’a rien demandé à ce Moldu pour justifier une telle profusion de paroles. Il le dédaigne pendant quelques minutes, avec le menton fièrement levé et le rictus signature des hommes de la famille Malefoy. Il le méprise, mais quelque part, bien enfoui en lui… Drago meurt d’envie de se libérer de ses démons. C’est une dualité qui est la sienne et qui fait tout son mal-être depuis qu’il est arrivé sur cette île. Il aime autant qu’il déteste ses ténèbres. Elles l’embrassent d’un baiser mortel et glacé. Elles lui font vivre l’Enfer mais il en est dépendant au point de s’autodétruire pour elles. Malgré tous les efforts du jeune barman, il refuse d’ouvrir les lèvres pour confier ses problèmes. Drago aurait pourtant grandement besoin d’une oreille attentive, après l’accumulation de problèmes de ces quelques semaines. C’est comme si le monde s’était arrêté de tourner dans le bon sens, comme si toutes les personnes de son entourage avaient décidé de s’en prendre à lui. Tu dis rien… Comme toujours, souffle une voix familière dans un coin de sa tête. Une voix claire et jeune. Scorpius. Le visage pâle, à l’expression déchirante et déformée par la tristesse de son propre fils s’impose brutalement en lui. Drago serre fortement le tissu de sa veste en subissant ces réminiscences. Une petite voix chuchote au creux de son oreille que Peter Parker est une personne de confiance. Si tu crois que tes colères froides me font quelque chose, dit-elle à nouveau. J’m’en fous. Lorsque le prénom de son fils se glisse hors des lèvres roses du barman, c’est alors comme un déclic. Drago lève finalement les yeux de son verre de bourbon pour les poser sur Peter. « Vous connaissez mon fils ? » grimace-t-il. Drago toise presque instantanément son interlocuteur, et le couve d’un regard inquisiteur. Un barman, non sorcier de surcroît, est proche de son fils ? De vieux préjugés s’immiscent en lui, sans qu’il ne puisse les retenir. Des préjugés enseignés par la force pendant ses jeunes années au manoir Malefoy. En réalisant la portée de ses pensées, Drago ferme les yeux pendant quelques secondes pour se fermer à toutes ces infamies moyenâgeuses. Ses instincts protecteurs prennent les devants, balayant toute son amertume et sa lassitude. Il semble momentanément agacé par les remarques de Peter, avant de raviser son jugement. T’es mon père, on a le même sang, mais c’est tout ce qu’on partage. Cette voix entêtante aura finalement raison de sa folie. Tu connais rien de ma vie.« Bien… C’est très bien même… » répond-il mollement, en dissimulant son envie de sourire à l’idée que son fils puisse trouver enfin sa place dans ce nouveau monde. Son fils est beaucoup plus doué que lui pour se faire des amis, même parmi les Moldus. Cette pensée réchauffe son cœur glacé, elle lui donne l’espoir de croire que cette île mystérieuse n’est finalement pas tant que cela leur purgatoire. « C’est bon à savoir. J’ignorais qu’il avait visité le campus de son université. » concède-t-il, alors qu’une violente contraction frappe son palpitant. Tu sais pas qui je suis. Je sais très bien que tu t’en fous. Drago trouve cela douloureux de ne rien connaître du quotidien de son enfant, même s’il est responsable de cette cassure. « Veillez bien sur lui, dans ce cas. » Parce que moi… J’en suis incapable, se retint-il de dire à contrecœur. Cette distance est le fruit d’années de colères froides et de silences douloureux, et jusqu’à maintenant, Drago ne s'était pas rendu compte de sa propre cruauté. Lucius ignorait également beaucoup de choses de lui pendant sa jeunesse. Drago sent sa gorge s’assécher à mesure que les paroles de sa dernière discussion avec Scorpius se réveillent dans sa mémoire. Tu me voulais pas. Je suis juste un boulet à ton pied, je le sais. Dis pas le contraire. Cette douleur est brûlante, asphyxiante même. Drago déplore profondément le fait d’avoir, encore une fois, été incapable de se montrer à la hauteur. Il n’a pas été le père qu'il a idolâtré pour son fils unique, il n’a été que l’amer et cruel reflet de Lucius Malefoy. L’ombre de son propre père suit ses moindres faits et gestes depuis la naissance de Scorpius, laissant un vide incommensurable en lui. Drago n’a jamais voulu d’enfant. Il n’a jamais voulu d’enfant avant que Scorpius ne vienne au monde ; tout a changé au moment même où ses beaux yeux bleu acier se sont posés sur ceux de son enfant encore nouveau-né. S’il n’a jamais voulu d’enfant avant cela, c’est parce que l’ombre de Lucius Malefoy n’a eu de cesse de planer ses connaissances en matière d’éducation. Drago a toujours craint de reproduire les erreurs de son père. « Lorsqu’il est venu au monde, je me suis promis de ne pas reproduire les erreurs qui ont fait de moi ce que je suis. » avoue-t-il après un long silence ; sa voix tremble doucement sous ces mots qui signifient énormément pour l’héritier Malefoy. « Force est de constater, que l’on reproduit toujours ce qu’on nous a enseigné, même les pires expériences. » Il ignore si ce sont les dernières paroles de Peter Parker ou si c'est le fait d'être encore en huis-clos, mais quelque chose semble l'aider à mettre des mots sur sa prise de distance avec Scorpius. Alors qu'il ouvre la bouche pour préciser sa pensée, quelque chose vint mettre un terme à son élan. Un frisson parcoure son échine à l'idée même qu'on puisse surprendre des bribes de leur conversation. Des éclats de voix s’élèvent de l’autre côté du mur, ce qui laisse supposer que les derniers invités font acte de présence après une bonne demi-heure de retard. Drago reste silencieux devant le jeune Parker, mais son regard glacé exprime l’ampleur de son désespoir. Quelque part, cette discussion avec Peter Parker a éveillé quelque chose en lui ; une flamme incandescente et puissante, celle de l’espérance.
Lorsque Nolan Sorrento pénètre dans la pièce principale, le jeune Malefoy sent son souffle se couper. Drago se raidit contre son siège et réaffirme sa poigne au niveau de son verre de cristal. Voilà le clown du spectacle. Sa démarche est chaloupée, pleine d’assurance. Drago déplore cette atmosphère pesante et dangereuse qui succède l’entrée triomphale du président du club. Il devance tous les autres membres du club et fait taire toutes les conversations dans la pièce. Une femme à la beauté époustouflante l’accompagne, Qi’ra. Comme à son habitude, Sorrento est entouré d’autres hommes, des faire-valoir, selon lui. Les entrées du doyen sont toujours particulièrement soignées et remarquées. C'est son petit côté drama queen, sans doute, se moque-t-il en plissant les yeux. « Ils se sont fait attendre. » Drago marmonne, tout en prenant une gorgée de son bourbon. Ils. Oui, ils. Drago n’est pas surpris de voir débarquer le couple Sorrento. Les rumeurs circulent très vite dans son office, et Drago est au courant de choses que la majorité des membres du club ignorent. Des murmures bourdonnent autour de lui comme un essaim d’abeilles affamées ; les hommes du club sont admiratifs et surpris de voir l’épouse de Nolan. Elle est magnifique, une vraie diva. Une drama queen, comme son mari. Drago sait mieux que quiconque ce qu’elle est capable de faire. Un fin sourire se dessine sur ses lèvres en repensant à ces quelques heures volées dans son cabinet. Une vraie tigresse. Qi’ra Sorrento est un très bon coup. Une agréable distraction entre la rédaction de deux actes notariés. Drago marque une pause dans la dégustation de son verre, et cette fois-ci, lève enfin ses yeux vers ceux de Sorrento pour croiser son regard. Il y mit toute l’intensité qu’il put, pour ne pas trahir ce qu’il savait sur sa femme, et ne pas lui faire comprendre qu’il ne savait pas quelque chose d’important sur lui. Drago a la désagréable sensation qu’un étau s’installe progressivement en lui, enserrant son corps tout entier jusqu’à le faire étouffer. Sorrento lui jette un regard puissant, électrique. Une tension est palpable entre eux. Comme si… Comme s’il savait, mais c’est impossible. Il écarte rapidement cette possibilité. Impossible, se répète-t-il. Tout ce qu’il peut avoir, ce sont des soupçons. Drago est persuadé qu’il ne serait déjà plus de ce monde si cela avait bien été le cas. Les deux hommes s’échangent un sourire complice d’une hypocrisie puissante pour l’un et d’une condescendance aveuglante pour l’autre. Ce court échange rassure enfin le jeune notaire sur les intentions du président du club. Drago agite alors son verre dans sa direction pour le saluer. Lorsque Sorrento détourne le regard pour le poser sur quelqu’un d’autre, Drago sent enfin qu’on le décharge d’un poids. Presque naturellement, il relâche alors ses muscles, et toute la tension qui s’est accumulée depuis que le maître des lieux est entré dans la pièce. Sorrento est un homme dangereux, et sans sa magie, il est compliqué pour Drago d’imaginer faire acte de présence dans cette ville en s’attirant ses foudres. Pendant que les membres du club s’échangent des coupes de champagne en plaisantant sur des choses insignifiantes, le jeune Malefoy demeure accoudé au bar, son verre de bourbon en main. Il fait alors mine de trinquer à bonne distance d’eux, clairement plus agacé par la tournure que prend la situation que le pop significatif d’une bouteille que l’on débouche brutalement. Cette précieuse liqueur ambrée brûle ses lèvres, sa langue et sa gorge en coulant chaudement le long de sa trachée. Elle agresse ses muqueuses, mais embrase son corps d’un feu ardent. Drago écoute les propos tenus par le président du club, apparemment fier de son arrivée tonitruante. D’une oreille distraite, le jeune notaire signifie son approbation ou sa désapprobation d’un hochement de tête ou d’un froncement de sourcils. Un nom attire violemment son attention au point de troubler pendant quelques secondes sa vue. Pansy. Mais pas seulement Pansy, non, ce qui vint éveiller toute sa jalousie, c’est le pronom possessif qui précède ce prénom. Drago sent alors son rythme cardiaque s’accélérer et les battements se mettre propulser son palpitant contre sa cage thoracique.
Ma chère Pansy… Ces trois mots et ces douze lettres achèvent tous les scrupules de Drago Malefoy. Ses sourcils se froncent de contrariété, ce qu’il ne cherche pas même à dissimuler au jeune barman, et termine d’une traite son verre de bourbon. Drago sent presque inconsciemment ses doigts se refermer dans ses poings et se serrer douloureusement, au point que ses ongles s’enfoncent dans sa chair d’albâtre. Sorrento est insupportable, imbuvable même. Sa petite victoire est toutefois d’avoir pu le cocufier dans son cabinet notarial avec la délicieuse Qi’ra. C’est bien quelque chose que Drago compte emporter dans la tombe et qui saura lui donner un peu de réconfort entre les murs étroits de son cercueil vernis. Drago laisse échapper une légère quinte de toux, ce qui interpelle les personnes se trouvant autour de lui. « Ce n’est rien. J’ai simplement avalé de travers. » Drago se veut rassurant en dévisageant le jeune barman qui s’empresse de lui apporter un verre d’eau. Il manque de préciser que c’est le discours de Sorrento qui lui a fait avaler de travers, mais cela n’est pas dans ses habitudes de confier ses tourments au premier venu. « Vous travaillez au club depuis quelques semaines déjà. » fait-il remarquer à l’adresse de Peter, lorsque Sorrento termine son petit show pour se plonger dans une discussion sur les prochaines élections municipales avec d’autres membres du club. Des bribes de leur conversation lui parviennent aux oreilles, elles lui font étirer un sourire narquois. Sorrento rêve des portes de la mairie, c’est une blague ?Qui élirait ce... démagogue... ce clown à la tête d'une ville ? Drago lève les yeux au ciel. Sa mégalomanie n’aura donc jamais de fin. « Comment vous le trouvez ? » Inutile d’être devin pour comprendre que Drago désigne indirectement la personne de Nolan Sorrento. « Un boute-en-train, n’est-ce-pas ? » Drago repose un peu trop brutalement son verre sur le comptoir du bar, fabriqué dans un beau bois ancien et vernis avec soin. Le timbre de sa voix est comme à son habitude, traînant et froid. On sent toutefois une pointe d’ironie, trahissant les rancœurs que le notaire éprouve pour le président du club. C’est idiot, au final, pourquoi cela semble autant le déranger que Sorrento se promène avec son ex-petite-amie dans toute l’île ? Il parle d’elle comme de sa chère Pansy, sa secrétaire dévouée et terriblement sexy. Rien d’étonnant à ce que Pansy Parkinson accompagne Nolan Sorrento comme une ombre damnée. Pansy a toujours adoré s’entourer de personnalités atypiques et puissantes. Pansy est une fanatique. Elle a toujours aimé faire partie d’un cercle de partisans. Drago se souvient du tempérament de son ancienne condisciple à Poudlard. Elle est même d’une dévotion extrême, on ne peut que désirer se l’attacher, elle a le don de vous faire vous sentir… exceptionnel. Drago est le mieux placé pour connaître cette sensation grisante, puisqu’il l’a lui-même expérimenté dans ses plus jeunes années. Pansy était sienne avant d’être à lui. Sauf que maintenant, sa fanatique gravite autour d'autres étoiles. Nolan Sorrento goûte à sa place au plaisir d'avoir une fanatique aussi dévouée que Pansy Parkinson. Le goût de son bourbon fait étrangement écho à l'amertume de ses pensées. Drago manifeste sa désapprobation en claquant sa langue contre son palet. Elle faisait partie de son cercle bien avant qu’elle ne travaille pour le doyen de l’université. Elle était sa complice à Serpentard, sa confidente et son amante pendant des années avant qu’il n’envoie tout balader vers la fin de sa sixième année d’études. Drago se souvient pertinemment bien des circonstances de cette rupture nette et brutale. Voldemort. La marque des ténèbres. Albus Dumbledore. La mort. Pansy ne comprenait pas ce qui le tracassait, elle voulait l’entraîner encore plus profondément dans les ténèbres, alors que lui, n’aspirait qu’à se sortir de cette tourmente. Ils étaient bien trop différents cette année-là. Ils avaient pris des chemins radicalement opposés en quittant Poudlard et Drago avait préféré la douceur et la lumière d’Astoria Greengrass. Aujourd’hui, maintenant qu’elle est morte et qu’il se retrouve dans ce monde, loin de tout ce qui lui est familier… Drago en vient presque à regretter sa décision. « Je la connais très bien, Pansy, c’est l’ombre damnée de Sorrento, mais avant d’être la sienne, elle était la mienne. » Voilà, c’est dit. Drago soupire longuement, en observant distraitement son verre vide. « Vous voulez bien me resservir quelque chose ? » demande-t-il en appuyant ses coudes contre le comptoir, afin de loger son menton dans la paume de l’une de ses mains. N’importe quoi, un bourbon, un gin tonic, une margarita… Drago n’est pas difficile en termes d’alcool. « Ils s’affairent tous à lécher les bottes du président du club, mais nous… nous sommes vraiment seuls vous et moi. » Un rire amer ponctue ses derniers mots. Du bout des doigts, Drago vient caresser les lignes parfaites de son verre de cristal. « Vous disiez que vous connaissiez bien mon fils avant qu’on nous interrompe ? » Il lui en a fallu du temps, mais après un verre de bourbon et une mascarade jouée avec brillo, le voilà enfin prêt à entendre des choses sur son fils. Drago profite du fait que tous les autres soient en train de graviter comme des étoiles filantes autour du président du club. Tant que Sorrento ne vient pas discuter chiffres et malversations avec lui, humble trésorier depuis trois ans, cette place au bar est une place de choix. Ces instants de calme sont extrêmement précieux pour Drago Malefoy. Ils lui permettent de discuter de choses qu’il est incapable d’exprimer en face des principaux intéressés ; son fils Scorpius en est la preuve vivante.
MADE BY @ICE AND FIRE.
Nolan Sorrento
▿ Ton univers : Ready Player One (Livres & Film)
▿ Date de naissance : 12/04/1973
▿ Age : 51
▿ Métier : Doyen de l'Université • Professeur agrégé en droit privé • Enseignant-chercheur spécialisé en droit du numérique et des nouvelles technologies, mention jeux vidéo • Président du -Boss Men Club-
▿ Quartier : Baker Street Avenue
▿ Côté cœur :
« She was so fine and divine. She was my everything, but now she's gone. She's gone and I'm alone. Back to the start. »
« From the depths of my despair to the brightness of a true love. »
— You'll be the death of me. —
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Orbe d’Osuvox
▿ Cataclyst
▿ Mechagodzilla
▿ Habileté au tir
▿ Codage
▿ Autre(s) compte(s) : Orion Black ♥ Sheev Palpatine ♥ Orson Krennic ♥ Lady Tarkin ♥ Celia St. James ♥ Lord Beckett ♥ Sauron ♥ Perséphone
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▿ Points : 262
▿ Date d'inscription : 28/01/2022
▿ Notes :
⁂ All of my life, I have searched for a land like this one. A wilder, more challenging country I couldn't design. Hundreds of dangers await, and I don't plan to miss one. In a land I can claim, a landI can tame. The greatest adventure... is mine. ⁂
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⁂ This land we behold,
This beauty untold,
A man can be bold,
It all can be sold.
And the gold is Mine, mine, mine. ⁂
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⁂ This is war. We’re controlling the future. (NS) ⁂
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⁂ My rivals back home. It's not that I'm bitter, but think how they'll squirm. When they see how I glitter, the ladies at court will be all a-twitter. ⁂
—⥼ ※ ⥽—
—⥼ ※ ⥽—
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⁂ Make this island my land,
Make the mounds big,
I'd help you to dig. ⁂
Do you ever let your guard down? I mean do you ever just get turned on? By something that’s simple and easy and true 'cause I could use a little patience. I mean we could use a little straight on. It’s safe to say that you could lighten up a little and then some. Floating on a sea of superiority doesn’t suit you. It only works to pollute you. Still I guess I salute you for tryin’, but, you make it too hard.
Presque jour pour jour depuis son mariage express avec Qi’ra. Une semaine pile depuis qu’il a découvert son infidélité avec le jeune Henry « Mutt » Jones. De la bouche du principal concerné, pour couronner le tout. Comme la cerise sur un cupcake empoisonné. Une semaine est passée après cet incident dans l’appartement de Qi’ra. Une semaine qu’il évite soigneusement de recroiser le chemin de celle que tout le monde appelle Madame Sorrento. Ils ne vivent pas ensemble, ce qui lui facilite grandement la tâche. Nolan a tout simplement éludé de sa mémoire sélective leurs derniers échanges, sans doute afin de préserver son honneur et sa dignité. Nolan éprouve encore de la honte en repensant à ce qui a été dit et fait. Ce ne sont rien d’autre que des détails qui méritent d’être balayés du revers de la main. Ces détails, comme il les qualifie lui-même, l’obnubilent tous les jours. Nolan s’évertue alors d’occuper son temps comme il fait de mieux en s’adonnant à la pratique du golf avec ses confrères, comploter avec sa partenaire de crime, se perdre dans des débats philosophiques sur la place des femmes en politique, trinquer en l’honneur de sa dernière publication, charmer ses étudiantes par ses cours magistraux et se noyer dans la correction de ses copies d’examens. Malgré un emploi du temps étudié soigneusement par sa secrétaire, ses pensées vagabondent toujours sur ce qu’il s’est passé pendant cette effroyable nuit dans l’appartement de Qi’ra. Toutes ses tentatives pour sauter sur tout ce qui bouge sont vaines, Nolan se sent bien las de cette situation. Il considère sa vie comme un véritable Enfer sur Terre. Il prie souvent pour qu’on vienne le délivrer et l’emmener loin de cette putain de ville. Il lui arrive même de préférer les quatre murs de sa cellule dans la prison de Colombus et sa combinaison orange en fibres synthétiques. Dieu seul sait à quel point il en avait une sainte horreur, lui qui ne jurait avant son incarcération que pour la chaleur du cachemire, la rareté du coton issu de l’agriculture biologique ou la douceur de la soie. Les mots qu’ils se sont échangés résonnent dans son esprit comme une putain de ritournelle. Ces mots affluent dans les recoins de son esprit et déferlent comme les bourrasques en plein ouragan. Ces mots qu’il lui a proférés avant de la quitter sans la sauter. Ces mots restent désespérément en lui et ne veulent pas lui accorder le moindre répit. Nolan Sorrento est comme au bord d’un gouffre, sans parachute ou filet de sécurité. Sa vie revêt certes l’apparence d’un cauchemar, elle est tout ce qu’il y a de plus réelle, et ce n’est pas un pincement de chair qui l’extirpera de la tombe qu’il s’est lui-même creusé. Sa vie n’est pas une partie de jeux vidéo, il n’existe pas de bouton reset capable d’effacer la cause de ses nausées, mais seulement un impitoyable game over. FLASHBACK **** Nolan se souvient pertinemment bien s’être précipité dans l’appartement de Qi’ra, en sortant du club. Il avait espéré calmer ses nerfs avec un bon whisky en compagnie de ses partenaires d’affaires, et éventuellement, de quelques femmes agréablement vêtues. Loin d’avoir été calmé, ces verres de whisky l’ont rendu encore plus excédé qu’il ne l’était déjà. Nolan avait garé sa Mercedes-Maybach Classe S en engloutissant l’arrière d’une voiture de marque beaucoup plus modeste, indifférent au sort des autres véhicules, du moment que le sien en ressortait indemne. Nolan avait en réalité un peu trop forcé sur le whisky, rendant sa conduite loin d’être parfaitement maîtrisée. Nolan en avait profité pour peser sa colère entre son ennemi et sa catin d’épouse. Qi’ra raflait la palme. Lui, ce n’était qu’un putain de gosse suicidaire, qui ne se rendait pas compte du tempérament de son adversaire. Elle, en revanche, elle avait connaissance de l’animosité qu’il ressentait pour le fils Jones. Elle l’avait choisi lui, pour le tromper, au nez et à la barbe de tous ses étudiants. Elle avait piétiné de ses talons aiguilles sa réputation respectable de doyen. Nolan n’avait pas réfléchi à deux fois de lui rendre une visite nocturne. Il avait forcé la serrure dans le but d’attendre sagement le retour de sa femme, installé dans un fauteuil, sans prendre la peine d’allumer de lumière. Il se souvient avoir savouré les ténèbres du luxueux appartement, une obscurité aussi noire que ses pensées meurtrières. Ce qu’il a oublié, par contre, c’est le nombre d’heures qui se sont écoulées avant qu’elle ne rentre chez elle. Lorsque qu’enfin, le bruit de ses talons résonne dans l’appartement, le visage de l’ancien homme d’affaires s’assombrit. « C’était bien ? Tu t’es éclaté avec lui ? » sa voix s’élève comme une condamnation, froide et tranchante comme la lame d’un poignard. Un rictus de dégoût se forme lentement au coin de ses lèvres lorsqu’il entrevoit la silhouette parfaite de sa femme dans le couloir. Du dégoût pour elle, pour son crime de lèse-majesté, pour son arrogance qu’il meure d’envie de réduire définitivement au silence. « Jones. » dit-il en prenant le soin de préciser le nom du coupable, avant qu’elle ne lui pose la question. Nolan s’exprime d’une voix forte, tout en se levant du fauteuil, son verre en main. Il s’est octroyé le privilège d’ouvrir une bouteille de son placard en l’attendant. Jones. Ce nom, c’est avec un mépris clairement affiché qu’il le lui crache. « De tous ces putains de gosses, il a fallu que tu me trompes avec lui. Je ne pensais pas que tu pourrais tomber aussi bas. C’est de la haine, à ce niveau-là, ma chère Qi’ra. Bien joué, je t'en félicite. » Nolan fait mine d'applaudir sans une once de convictions. Ce n'est que de l'ironie, mais étrangement, cela le blesse de se montrer aussi cynique. Ce n'est pas comme d'habitude. « Tu illustres une fois encore tes talents de belle salope. Tu as soigneusement désigné celui qui m’aurait le plus contrarié. Dois-je comprendre que c'est ta manière de me déclarer la guerre ? » Un ricanement nerveux mais surtout douloureux, suit sa première tirade. Il fait comme si de rien n'était, il oublie sa douleur en se moquant du ridicule de sa propre situation. Rares sont ceux qui peuvent se vanter d’avoir blessé Nolan Sorrento, mais Qi’ra fait maintenant partie de ce club très privilégié. « Certes… nous ne nous sommes pas mariés par amour… Comme si tu méritais d’être aimée. » L’alcool et la colère ont parlés, ils se sont mélangés dans son esprit comme une drogue puissante exacerbant ses émotions. C'est l'alcool qui parle. En observant le reflet de ses yeux dans son verre à pied, Nolan a presque l'impression de voir des flammes danser rageusement dans le fond de ses pupilles dilatées. Il laisse le liquide rougeâtre caresser les coins du verre, s’amusant même à le faire tournoyer dans le sens des aiguilles d’une montre, avant de terminer son troisième verre de vin d’une traite. Mari et femme se toisent ensuite quelques secondes avant que le premier coup n’éclate. Nolan s’est levé d’un bond, sans que l’on n’en comprenne la raison, et s’est mis à balancer son verre contre un mur proche d’elle. Il désire tellement exploser son appartement tout entier. Il désire l’exploser, elle, tout simplement. « Tu m’astrahi. » Ces trois mots et onze lettres sont puissants et pleins d’émotions contradictoires. Ils expriment à eux seuls l’ampleur de son désespoir, de sa douleur d’avoir été publiquement humilié par elle. Ils reflètent un mélange de haine et de quelque chose s’apparentant à une fragilité naissante. Pour une fois, Nolan n'est pas rempli d’arrogance ou d’assurance, il n’est pas non plus cynique ou narquois. Nolan Sorrento est triste. Ses veines bouillonnent de colère, son pouls s’accélère au niveau de ses tempes, alors qu’il se précipite sur Qi’ra. Empoignant la taille élancée de Qi’ra d’une main, il s’appuie de l’autre pour plaquer sa femme contre le mur sans ménagement, avec l’intention de dominer une fois encore leurs rapports. « Encore. » chuchote-il. La force de sa colère est imperceptible au son de sa voix, qui n’est pour l’instant qu’un faible écho dans l’obscurité de la pièce. Un murmure dangereux. Sa colère intériorisée et muselée se mue progressivement en une explosion de sens. Il explose enfin toute sa frustration, aidé par les verres d’alcool ingurgités avant qu’elle n’arrive. Nolan ne parvient pas à oublier cette trahison. C’est en quelque sorte l’infidélité de trop. Ce qui est difficile à assimiler, c’est le fait que toutes les personnes qui lui sont proches finissent inévitablement par lui causer du tort. « J’ai espéré une fidélité exemplaire, mais je me suis apparemment fourvoyé… Je dois sûrement être le doyen le plus cocu de toute l’histoire des doyens de cette putain d’île. » De tous ces étudiants, Qi’ra s’est tourné vers celui qu’il méprise le plus, celui qu’il essaie de faire renvoyer depuis des années, celui qui lui manque ouvertement de respect au sein de sa propre université. Nolan est désespérément traîné dans la boue sur son lieu de travail par sa propre femme. « Imagines-tu un seul instant… les conséquences de tes actes débridés pour MA réputation ? Tu t’es attaqué à l’un de MES étudiants entre les murs de MON université ! » Il élève le son de sa voix à la fin de sa tirade, celle-ci se mue en un cri de colère à chacun des pronoms possessifs qui la composent. Nolan se venge une seconde fois sur le mur avec un deuxième coup de poing. Il y met beaucoup plus d’intensité, au point de se briser les phalanges sous la colère. « MON université, Qi’ra ! Tu ne peux pas faire ce que bon te semble dans MA putain d’université ! Qu’est-ce que les gens vont dire de MOI ? » Une fois avoir asséné un troisième coup afin de se décharger, Nolan vint plaquer ses paumes contre le mur pour immobiliser Qi’ra contre lui. Non, ce n’est pas que cette putain d’université le problème. C’est en réalité un leurre, bien qu’il accorde énormément d’importance à sa réputation, ce qui le contrarie au plus profond de lui, c’est qu’elle ne soit toujours pas véritablement sienne. Le plus risible dans l'histoire, c'est qu'il ne supporte pas de la partager avec qui que ce soit. Q'ira lui appartient, au même titre que tout ce qui porte son nom lui appartient de plein droit. Elle est à lui, elle ne peut être avec qui que ce soit d'autre. Il préfère la savoir morte que dépossédée de son emprise. Un éclair traverse le fond de ses prunelles, tout bascule en lui en une fraction de seconde. Cette colère contenue venue éclater au grand jour laisse place à un champ de ruines. « J’aurais pu te rendre heureuse. » murmure-t-il au bord de ses lèvres parfaites. Il reste empli d’une sensation de flou immense, comme s’il avait été dépossédé de tout ce qui peut faire de lui quelqu’un de parfaitement lucide. Cette phrase exprime des émotions refoulées, ces sentiments qu’il niera avoir éprouvé une fois le plein usage de sa raison retrouvé. Nolan, ce maniaque du contrôle n’en est plus un, il se sent même totalement désinhibé. « J’étais sérieux… » reprend-il en déglutissant, terrifié par le fait de terminer sa phrase. Son souffle est entrecoupé par des soupirs rauques, lents et hésitants, craignant de poursuivre dans sa démarche. Nolan plonge alors ses beaux yeux bleu océan dans ceux de sa femme pour se donner la force de continuer, tout en apportant une rare intensité à leurs échanges. Une fois dans son élan, on n’empêche pas le couperet de tomber. Nolan sent toutefois au plus profond de lui qu’il est sur le point de regretter amèrement la fin de cette phrase. Ses émotions sont décuplées par le goût de la trahison et les ravages de l’alcool. « …la dernière fois. » Bien que ses propos manquent cruellement de cohérence, seule Qi’ra est capable de comprendre ce que Nolan sous-entend. Il fait allusion à cette maudite journée, dans ce parc, le jour de la Saint Valentin. Alors qu’il enveloppe la joue de sa femme dans la paume de sa main, Nolan se sent fondre de désir pour elle. Ses doigts glissent de temps à autres vers la naissance de son cou, qu’ils menacent d’étreindre, avant de remonter vers sa nuque. L’odeur de sa peau douce l’enivre littéralement, en le conduisant presque au paradis. « Je pensais sincèrement pouvoir être… cette personne… » Cette personne, la meilleure version de lui-même, est celle qu’il avait décrit avec tant de fougue et de passion. « … pour toi. » Nolan hésite à l’idée de l’embrasser, préférant garder la bouche entrouverte, tandis que son souffle caresse cette peau d’albâtre. Nolan est un homme brisé, malgré lui, cette femme a eu raison de ses dernières résistances. Il ne trouve pas le courage de franchir ce pas irréversible, et préfère rester suspendu à ses lèvres dans l’attente d’une intervention divine. Dans un geste presque mécanique, Nolan caresse les lèvres de sa femme avec les siennes, tout en essayant de raisonner son esprit. « Sois ma femme. » D’autres mots brûlent de se glisser entre ses lèvres, des mots bien plus honteux encore. Sois vraiment ma femme. Ces autres mots ne dépasseront toutefois jamais la barrière de ses lèvres, et resteront emprisonnés dans les parties de son cerveau encore lucides et épargnées par les effets de l’alcool. Nolan meure d’envie de se consumer en elle une fois encore. Qi’ra exerce une emprise néfaste sur ses capacités de raisonnement, Nolan ne peut continuer plus longtemps. Qi’ra musèle sa cruauté, il faut dire que dans d’autres circonstances, cette affaire se serait réglée par une exécution à mort. Nolan inspire une profonde bouffée d’air avant de reprendre son ton cinglant, bien loin de celui qu’il avait emprunté quelques minutes auparavant : « Cet accord ne me convient plus. » Et donc ? On divorce, simplement ? Nolan ignore ce qu’il compte faire de cette révélation. Alors que son regard s’enveloppe d’un étrange voile, son visage se mue en une expression indéchiffrable. Loin d’être suffisamment alcoolisé pour tenir tête à ses réponses cyniques, il s’en est allé en piétinant au passage de ses chaussures les morceaux de verre répandus au sol. **** FIN DU FLASHBACK
Putain de téléphone. En sortant de son flashback, Nolan rage contre son appareil téléphonique. Cela fait une bonne heure qu’il crache sur la médiocrité du réseau dans son bureau. « Pansy. » appelle-t-il de sa voix traînante, installé dans son fauteuil en cuir. « Pansy ! » crie-t-il enfin, énervé par le dernier nouveau-né de la marque à la pomme. Il hésite à le fracasser contre l’un des murs de son bureau avant raviser son jugement. Combien d’argent compte-t-il encore dépenser pour un Iphone ? Nolan n'attend pas une seconde et se précipite sur sa secrétaire comme une fusée en rejoignant son bureau adjacent au sien. Alors qu’il s’apprête à crier, la main tendue de Pansy calme presque miraculeusement ses ardeurs. Nolan reste figé quelques instants, avant de confier l’objet de ses tourments dans la paume de sa main. Quelle femme efficace. Pansy sait toujours ce que Nolan désire vraiment, avant même qu’il n’exprime ses demandes. Elle connecte le smartphone du doyen au réseau de la faculté. Un comble pour ce prodige des nouvelles technologies, mais Sorrento est une vraie boule de nerfs aujourd’hui. Quelque chose de simple devient une tâche particulièrement ardue. « Nolan, calme-toi. Tu ne sais plus ce que tu fais. C’est la soirée au club qui te mets dans cette confusion ? » En levant les yeux vers elle, Nolan demeure silencieux quelques secondes. Elle sait, bien évidemment qu’elle sait. Pansy sait absolument tout ce qui doit être su sur Nolan Sorrento. Ils n’ont pas besoin de verbaliser leurs pensées, ils se comprennent assez d’un simple échange de regards. « Je peux reprendre les comptes demain, si tu préfères. » Nolan demeure aveugle et sourd à cette marque de sollicitude, à cette exceptionnelle dévotion dont seule Pansy est capable. Pansy comprend d’un simple regard que Nolan est angoissé. Elle est même l’une des rares à se rendre compte que derrière ses excès et ses accès de colère se cachent généralement une nervosité habilement dissimulée. Elle est la gardienne de ses faiblesses, de ses secrets inavouables. « Non, ça ira. La comptabilité ne peut attendre un jour de plus. J'en ai besoin pour la réunion avec les investisseurs demain matin. Tiens-moi au courant. Je me débrouillerais. A quelle heure as-tu réservé la limousine ? » Menteur. Il est en terrifié de se rendre à son rendez-vous sans elle. Elle l’accompagne toujours, elle lui tient toujours le bras, elle assure toujours ses arrières. Cela le met dans un état de frustration extrême, mais Nolan ne peut décemment pas se montrer faible devant les membres de son club et encore moins devant sa femme. « Dix-neuf heures, Nolan. Comme d’habitude. » Il acquiesce d’un hochement de tête, avant de se refermer comme une huître. Son visage passe alors de l’agacement à l’absence d’expression en un battement de cil. Quand elle lui remet l’appareil entre les mains avec un sourire gracieux, Nolan se rend compte de sa chance d’avoir une femme comme Pansy Parkinson dans sa vie. Il bredouille un merci à peine audible, comme si le fait d’accepter une main tendue est qualifiable de honte suprême. Nolan n’est pas le genre d’homme à remercier quelqu’un aussi facilement. Cela semble toutefois suffire à Pansy. Elle connaît Nolan sur le bout des doigts, après tout. Elle sait qu’il la considère comme une personne indispensable et irremplaçable. Elle n’a pas besoin qu’il se confonde en remerciements pour savoir qu’elle est exactement ce qu’il attend qu’elle soit. Pansy Parkinson est son ombre. Elle déferle sur ses adversaires avec la grâce d’une colombe et la cruauté d’un chat sauvage. Il n’envisage pas l’avenir sans cette associée de choix à ses côtés. Nolan Sorrento est comme un enfant loin de Pansy Parkinson.
Le voilà pourtant obligé de refaire surface sans son ombre maléfique, parce que Nolan Sorrento ne s’avoue jamais vaincu. Qi’ra Sorrento est conviée aux festivités de ce club réservé aux hommes ce soir. Il y a deux semaines, Nolan a accepté de l’emmener, après que celle-ci se soit plainte de ne pas être autorisée à le visiter depuis leur mariage. Nolan a bien essayé d’oublier ce léger détail de son agenda, mais c’est désormais d’actualité. Il a appréhendé cette soirée toute la journée, compte tenu de la froideur de ses rapports avec elle. Fort heureusement, Nolan a trouvé en la personne de Pansy un certain réconfort. Elle est son prétexte pour ne pas avoir à se confronter aux absurdités dites sous l’emprise de l’alcool. Alors que mari et femme se trouvent dans la limousine les conduisant au club situé dans les beaux quartiers de la ville, Nolan semble littéralement fasciné par l’écran de son nouveau smartphone. Il se mure dans une colère froide et silencieuse, depuis que Qi’ra est venue le rejoindre. Les premières secondes ont été particulièrement tendues, Nolan s’étant tenu à distance au fond de son siège. Il s’est contenté de jeter un rapide coup d’œil afin de jauger sa tenue de soirée. Elle est époustouflante, mais elle ne mérite aucun compliment de sa part. Pas après ce qu’il s’est passé entre eux. Nolan reste obstinément furieux, à la fois contre elle, contre le fils Jones, mais surtout contre lui-même. Il préfère s'enfermer dans sa colère plutôt que de reconnaître la signification profonde de ses paroles. Nolan arbore un comportement étrange, presque schizophrénique, en réalité. Il préfère agir comme s’il ne s’était rien passé, comme s’il en était resté aux remarques acerbes, comme s’il ne lui avait jamais avoué qu’une part de son discours le jour de la Saint Valentin comprenait certaines vérités. Il prétend ne pas s’en rappeler , mais c’est bien évidemment un mensonge. Mentir est comme une seconde nature chez Nolan Sorrento. Le doyen soupire intérieurement, tout en décrochant parfois quelques mots à son épouse sur le même ton cinglant et évasif. Ils échangent de temps à autres sur le travail ou sur la secrétaire de Nolan. Elle expose une fois encore tout son désamour pour Pansy Parkinson. Les deux femmes ne se sont jamais appréciées, alors qu’elles ont pourtant tellement en commun. Nolan arbore un visage fermé, mais un sourire se dessine furtivement sur le coin de ses lèvres à la simple idée qu’elle puisse jalouser la présence de Pansy. Ses doigts s’agitent rageusement sur les touches de son smartphone dernier cri pendant qu’elle déblatère tout son mépris. Nolan écoute les propos irrationnels de Qi’ra d’une oreille distraite, bien trop préoccupé par l’envoi d’un long message à l’intention de Pansy. Il est en réalité en train de se plaindre de sa femme auprès de sa délicieuse secrétaire. Au bout de minutes qui s’avèrent interminables, Nolan lève finalement les yeux de téléphone : « Pansy ne viendra pas. » déclare-t-il en affichant clairement sa déception. C’est une information qu’il possède depuis le début de la matinée, mais il s’est bien gardé de la partager à son épouse jusqu’à maintenant en lui laissant croire qu’elle aura à supporter la présence de sa secrétaire. « J’imagine que cette bonne nouvelle te fait plaisir. » Son ton est ironique. Nolan se prépare psychologiquement à réchauffer leurs échanges en vue de faire une apparition remarquée auprès des autres membres du club. Pour Nolan, il est simplement hors de question que quiconque se mette à jaser sur son mariage malheureux. « Je ne veux pas de vagues ce soir. » dit-il froidement sur un ton lourd de sous-entendus. Autrement dit, pas de coucheries, à moins que ce ne soit avec moi. Bien qu’il prenne le soin de ne pas lui préciser ce dernier point. Nolan s’exprime avec une précision presque chirurgicale en voulant cacher son égo meurtri. « Tu dois sûrement les connaître tous personnellement, pour ne pas dire intimement, mais je ne veux pas de vagues. C’est mon club. J’ai besoin de relâcher la pression ce soir. » Cela lui coûte énormément de prononcer ces mots, les souvenirs de cette fameuse nuit lui reviennent à l’esprit comme des piqûres de rappel. Nolan intériorise ses frustrations autant que possible. Il est habitué à enfouir profondément au fond de lui toutes ses blessures. Rien ne semble capable de le dérider, Nolan est toujours aussi inexpressif. Lorsqu’ils se garent dans la rue, Nolan bondit hors de la limousine le premier, et en galant homme, vient ouvrir la portière de sa femme. Il agrippe sa taille presque machinalement, comme un réflexe, et l’attire contre lui en traversant les derniers mètres qui les séparent de l’entrée du club. « Attends. Quelque chose me dérange... » Nolan s’arrête soudainement devant la porte, et fait volte-face pour observer avec attention le visage parfaitement poudré de sa jeune épouse. Un détail l’obnubile au coin des lèvres colorées de Qi’ra. Il aperçoit une légère trace de rouge à lèvres, Nolan vient la récupérer du bout de son pouce, afin de s’assurer que le visage de sa ravissante épouse ne rougisse d’aucun défaut au millimètre près. « Voilà. Tu es vraiment parfaite maintenant. » Serait-ce un compliment ? Il observe longuement la beauté presque irréelle de sa jeune femme durant quelques secondes. Ce bref instant suffit amplement à trahir ses intentions de passer l’éponge sur le scandale Jones, mais Nolan sème le doute en revêtant une apparence de froideur avec elle quelques secondes plus tard. Cette distance qu'il impose entre eux est terriblement compliquée, puisqu’il ne peut résister à l’envie de lui signifier discrètement son attirance par ce genre d’attentions volées. En glissant sa main le long de son dos, Nolan effleure le tissu soyeux de sa robe quelques secondes, avant d’appliquer une pression ferme pour l’attirer contre lui. Ils pénètrent ensuite entre les murs du club privé de Nolan Sorrento ; un endroit très cosy, au mobilier en bois massif et sculpté élégamment, inspiré des premiers clubs anglais du début du XXème siècle. « Voilà enfin monsieur Sorrento ! Nolan ! Cher Nolan… Nous vous attendions avant de prendre une coupe de champagne ! » l’interpelle une voix familière, celle de l’un des plus anciens membres du club. Un homme habillé d’un costume trois pièces en velours vert forêt les accueillent presque comme l’apparition du messie. « Et vous devez être… Madame Sorrento, mon dieu, quel plaisir d’enfin faire votre connaissance ! » s’exclame-t-il en jaugeant la beauté incandescente de Qi’ra. « Madame… Votre mari nous parle constamment de vous. Il ne tari pas d’éloges sur votre beauté. » Devant tant de mièvreries, le visage de Nolan se crispe quelques secondes, cela semble le gêner profondément. « Constamment est un bien grand mot, Xavier… Nous avons eu des problèmes de circulation. Je suis navré de ce contretemps. » répond-il machinalement, sans prendre la peine de cacher son ennui. Non, en fait non. Nolan est loin d’être navré, cela lui est bien égal. En qualité de président du club, ce dernier ne peut espérer vivre en l’absence de Nolan Sorrento, et l’intéressé en a parfaitement conscience. Dans sa conception de la vie, ses loyaux sujets doivent attendre que sa Grâce fasse son apparition avant de profiter du banquet. Alors que le vieux Xavier s’apprête à faire une visite du club à l’épouse de son président bien-aimé (ou pas), Nolan lui coupe fraîchement l’herbe sous le pied. « Oui, oui oui… Nous avons un billard, un fumoir, une bibliothèque et même une piscine… Madame Sorrento visitera le club un autre jour. » le coupe-t-il agressivement, tout en agitant sa main frénétiquement, comme pour chasser un insecte invisible sous ses yeux, en l’occurrence, chasser ce confrère encombrant. Il est d’une humeur massacrante, bien plus que d’ordinaire. Qi’ra est responsable, mais nul n’est supposé être au courant. Nolan n’essaie même pas de dissimuler son agacement. Ce n’est pas dans ses habitudes de se vautrer dans des formules de politesse ou d’hypocrisie. Xavier est brutalement refroidi par le comportement du président Sorrento. « N…Nolan, venez, nous allions ouvrir un bon champagne. » se reprend-il finalement après une courte pause en laissant Nolan et sa femme passer devant lui. Avant de faire sa grande entrée, Nolan referme rapidement l’un des boutons de sa veste de costume bleu marine. « Mes amis, mes très chers amis… Cela faisait bien longtemps ! J’ai été retardé par un rendez-vous de dernière minute à la faculté… mais me voilà enfin parmi vous. Ne vous ai-je pas manqué ? » s’enthousiasme Sorrento en pénétrant dans la salle principale, souriant anormalement, tout en serrant fortement les hanches de Qi’ra de sa main, non sans une certaine possessivité. Comme à son habitude, Sorrento adore faire son show. Tous les regards se posent sur eux, ce qui n’est pas sans gonfler son égo déjà surdimensionné. « Trinquons et faisons les présentations, voulez-vous ? » Un pop sonore résonne instantanément dans la pièce. Nolan frémit de surprise. Il tourne spontanément la tête vers l’origine de ce bruit, en provenance de la bouteille de champagne que vient d’ouvrir Xavier. Devant la mine agacée de Nolan, le pauvre majordome se confond en un sourire gêné d’avoir interrompu le discours d’arrivée de son président. Nolan récupère deux coupes, afin d’en proposer une à son épouse, tout en jetant un regard mauvais sur Xavier. Ses yeux lancent comme des éclairs sur le majordome du club, afin de s’assurer qu’il ne vienne plus interrompre ses tirades, avant de se mettre à scruter les personnes présentes avec la précision d’un laser. « Je constate que tout le monde est présent… Même notre dernière et prometteuse recrue nous honore de sa présence. Peter Parker. Derrière le bar, comme à son habitude. Je vous assure qu’il n’est pourtant pas en études de mixologie. » plaisante-t-il en levant la main dans sa direction. Ses doigts se referment mécaniquement vers l’intérieur de sa main, alors qu’il lui fait signifier de s’approcher d’eux. Nolan dodeline doucement de la tête, fier de son léger trait d’humour. Il pose ensuite ses yeux sur chaque personne présente, dans l’attente d’une approbation de leur part. Un léger silence gênant s’installe pendant quelques secondes, jusqu’à ce que Xavier se force à rire, et se mette à jeter des coups d’œil désespérés aux autres membres du club afin de les embarquer dans son sillon. Ont-ils véritablement le choix de ne pas rire aux plaisanteries du membre le plus honorable du club ? Nolan ne se vexe pas de ces ricanements forcés, bien trop groggy par la sensation d’être celui qui capte toute l’attention à la manière d’une boule à facettes dans une discothèque. « Approchez, mon cher Peter. Venez prendre une coupe avec nous. Je suis enchanté que deux des trois personnes les plus importantes de mon entourage soient présentes ce soir. Il ne manque que ma chère Pansy, mais elle nous rejoindra très certainement en fin de soirée. » Un léger rictus se dessine à la commissure de ses lèvres, alors que ses yeux observent scrupuleusement le visage de Qi’ra. C’est en levant les yeux vers le canapé qui se trouve dans leur dos, que Nolan remarque l’un des membres de son club complètement ivre, allongé sur ce dernier. « C’est quoi ça ? » s’exclame-t-il en faisant volte-face à deux reprises, interloqué par une conduite aussi… pitoyable au sein des murs de son club de gentlemen. Quelqu’un se décide enfin à m’expliquer ce bordel ? meurt-il de dire mais se retient d’exploser aussi vite. Les bras légèrement surélevés, Nolan pose ses yeux respectivement sur les visages proches de lui, en attendant qu’on lui donne une explication correcte. L’expression de son visage trahi l’impatience qui bouillonne dans ses veines. Nolan est furibond. C’est quoi ça… ou plutôt, c’est qui ça ? Il laisse échapper un soupir en posant la paume de sa main contre son front. « Messieurs, c’est exactement le genre de conduite qui n’est pas cautionné dans mon club. » Nolan est impitoyable avec ce genre d’énergumènes. « Nous sommes des honnêtes gens, nous ne nous adonnons pas à des attitudes aussi dépravées. » Il y a quelque part une certaine ironie dans son discours moralisateur. C’est un comportement qui lui donne la nausée, lui-même a conscience des dérives de l’alcool, pour les avoir expérimentés une semaine auparavant dans l’appartement de Qi’ra. « Qu’on le dégage de ma vue. » ordonne-t-il en agitant sa main nonchalamment dans la direction du pauvre ivrogne. Nolan s’adresse à quiconque est capable de faire sortir cet homme de son bar privatisé. Cette phrase cache même un sous-entendu pour ceux et celles qui connaissent assez Nolan Sorrento, c’est une phrase qui pose une sanction nette et sans appel : qu’on le dégage de mon club. Nolan est épuisé, la semaine a été très longue. Il reporte son attention sur les membres du club, avant de prendre une gorgée de sa coupe après l’avoir fait tinter contre celle de son épouse presque machinalement. Sa gorge est désespérément sèche le supplie d’être soulagée, l’ancien homme d’affaires ne veut plus attendre une minute de plus. Cela fait bien une demi-journée qu’il rêve de se désaltérer au champagne hors de prix.
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