(terminé) I would surely die if you dismiss me from your love [Villaneve]

▿ Date de naissance : 17/04/1993

I would surely die if you dismiss me from your love

feat. Eve

Villanelle affiche un sourire plus touché qu’elle ne le prétend quand Eve prononce ces mots qu’elle aime entendre de sa bouche, peu importe la manière dont ils sont prononcés : « mon amour », elle donnerait tout pour l’entendre le lui répéter tant ces mots sont agréables quand ils viennent d’elle. Mon amour. Elle laisse ces mots imprégner son esprit en même temps que leurs lèvres se retrouvent et s’embrassent passionnément, avec une intensité qui leur est coutumière.

Quand elle les qualifie d’âmes sœurs, Villanelle se surprend à le penser véritablement, totalement. Ce n’est pas quelque chose qu’elle dit à la légère ou même pour se moquer. Elle peut pourtant se montrer si rationnelle qu’il est sans doute difficile de croire qu’elle puisse être sincère, mais elle est obligée de considérer les faits, cette force impérieuse qui les entraîne tout naturellement, et constamment, l’une vers l’autre, si bien qu’elles semblent tout simplement inséparables.

Eve ne moque pas son observation, au contraire, elle la cautionne avec un sourire ému, et cela la rassure complètement, intimement. Leurs âmes se cherchent constamment, et s’aimantent, parce qu’elles sont effectivement inséparables, parce qu’elles ressentent profondément le besoin d’être ensemble. Apparemment, c’est un mythe qui porte un autre nom en Asie, comme l’en informe Eve : le fil rouge du destin. Le destin… C’est difficile de croire qu’il existe vraiment, c’est même désagréable de l’envisager, car rien n’agace et n’effraie plus Villanelle que l’idée que tout soit écrit d’avance, entre elles. Mais forcément, il est tentant de penser qu’elles étaient prédestinées l’une à l’autre, et que ce qui les lie est si puissant qu’aucune force en ce bas monde ne serait en mesure de le briser, peu importe ce qu’il pourrait advenir, peu importe les circonstances.

Et peut-être parce qu’en prendre conscience a quelque chose de terriblement vertigineux, Villanelle ne tarde pas à vouloir noyer le poisson autant que possible. Raison pour laquelle revenir sur les fantasmes d’Eve ne lui déplaît pas le moins du monde.

« Tu te défiles, avoue », fait-elle avec un sourire en coin quand Eve suggère de lui parler des siens, de fantasmes, plutôt. « Mes fantasmes à moi… » Du bout des doigts, Villanelle parcourt le corps de sa fiancée, savoure cette caresse comme si c’était à elle qu’elle était adressée. « Tu vas trouver ça ridicule », elle fait finalement.

Comme pour couper court à toute protestation ou à toute insistance, elle se contente donc de poser ses lèvres sur celles d’Eve et de l’embrasser avec autant de force qu’elle le peut.

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

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If you dismiss me from your love
Evoquer la nature vertigineuse et bouleversante de leurs sentiments, c'était évidemment bien plus difficile que de prendre la conversation à la légère. Eve savoura cet instant durant lequel elles purent réaffirmer ce qui les unissait avec sérieux et sans que l'une ou l'autre soit ridiculisée. Mais elle s'était attendue à ce que sa fiancée tente de changer de sujet, parce qu'elle savait que le trop grand sérieux de tout ceci avait de quoi impressionner. Et que sur ce point comme sur tant d'autres, elles étaient similaires : la vulnérabilité était d'autant plus appréciable lorsqu'elle ne durait qu'un temps.

Ce ne fut donc qu'avec une pointe de regret qu'Eve accepta de se prêter au jeu et accepta de changer d'ambiance pour reprendre des activités plus malicieuses et plus indécentes. Ses fantasmes, il y avait tant de choses à développer à leur sujet... Trop de choses, d'ailleurs, raison pour laquelle elle préféra dévier à son tour la conversation et reporter son attention sur ce qui concernait Villanelle. Car en définitive, l'un de ses plus grands fantasmes était sans aucun doute de réussir à connaître avec toujours plus de précision la femme qu'elle aimait avec autant d'acharnement.

Joueuse, elle leva les yeux au ciel.

- Je me défile pas. T'en connais déjà beaucoup, de mes fantasmes... Et moi je ne connais presque rien des tiens.

Ses mains caressaient de bas en haut les bras de la jeune femme, savourant les mouvements musculaires qu'elle percevait sous ses doigts ainsi que la douceur de sa peau. Elle fixa Villanelle d'un air intéressée lorsqu'elle commença à évoquer ses propres fantasmes, mais ne fut pas surprise de la voir changer d'avis.

Elle était incapable de lui refuser le moindre baiser. Elle se laissa donc embrasser et lui rendit même le baiser avec tout autant de force et de passion. Eve était néanmoins consciente que ce n'était qu'une stratégie de diversion et elle y mit donc fin après quelques secondes, reculant doucement avant de chercher à croiser son regard.

- Il y a beaucoup de choses que je trouve ridicules, je peux t'assurer que tes fantasmes n'en feront pas partie. Tu peux tout me dire. Je veux savoir, insista-t-elle avec douceur.
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"I need you, Villanelle."

▿ Date de naissance : 17/04/1993

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feat. Eve

Eve n’a pas du tout tort à ce sujet : il est vrai que Villanelle en connaît beaucoup, des fantasmes de son amante, elle les connaissait peut-être même avant que cette dernière ne les assume pleinement, et elle se fait un malin plaisir à les explorer un à un à mesure que leur relation évolue, au point qu’elles ont toutes deux atteint un seuil d’affection, de sensualité et de compréhension mutuelle tel que rien au monde ne semble susceptible de le perturber. Et c’est chose terriblement rassurante. Alors oui, elle n’a pas tort, il n’y aurait sans doute pas grand-chose à dire de plus de ses fantasmes, et la meilleure manière d’en découvrir la nature et l’intensité sera encore de passer à l’acte et de découvrir sur le moment quelle fébrilité, quel plaisir ces derniers mis à exécutions sauront faire ressentir à la femme qu’elle aime.

En revanche, est-ce vrai qu’Eve ne connaît aucun de ses fantasmes ? Villanelle n’est pas du tout persuadée de cela… Mais son cas est peut-être plus complexe que celui d’Eve, au fond, car si, avant de rencontrer cette dernière, on lui avait posé cette question, elle aurait sans doute été capable d’improviser une réponse rapide, mais cette réponse n’aurait définitivement pas été… complètement honnête. Il lui avait fallu du temps pour être véritablement raccord avec ce qu’elle désirait, et surtout pour comprendre qu’elle était capable de désirer avec une violente intensité. Cela, elle le doit complètement à la femme qui partage sa vie, et qui bientôt sera son épouse.

La caresse des mains d’Eve sur ses bras ont déjà un effet ravageur sur Villanelle, en réalité. Il n’est guère besoin de sombrer dans l’original ou le scabreux quand il est question d’elle, même si elle se sent capable d’explorer la moindre possibilité jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus une seule pour leur échapper, et c’est peut-être ça, son fantasme, au fond. Tous les fantasmes du monde à la fois. Mais avec Eve, toujours. Uniquement avec Eve. Maintenant et pour toujours. Sa diversion, au moment d’embrasser les lèvres de son amante, ne fonctionne pas aussi bien qu’elle l’aurait désiré. Quoique… peut-être qu’au fond, elle voulait qu’Eve insiste, même si ce doit être pour lui délivrer la tirade la plus pathétique et la plus ridicule, oui, qui puisse être. Si bien qu’Eve ne la croira peut-être même pas.

« C’est juste… ça… », elle fait sans réussir à trouver les mots les plus appropriés pour exprimer vraiment son ressenti. « Juste toi… C’est pas plus précis que ça. C’est toi mon fantasme, Eve. C’est toi depuis le premier jour où je t’ai vue. »

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If you dismiss me from your loveLa réponse de Villanelle était inattendue. Et pourtant... Eve comprenait parfaitement ce qu'elle lui exprimait, pour ressentir précisément la même chose.

- Moi aussi tu sais... Tu étais mon fantasme avant même qu'on se rencontre.

Lorsque Villanelle n'était encore qu'une figure anonyme, dénuée de visage mais dont les meurtres étaient d'une telle originalité qu'Eve y avait déjà associé une personnalité avant que leurs regards se croisent dans ces toilettes d'hôpital. Ce souvenir lui semblait tellement lointain qu'elle avait l'impression d'avoir vécu plusieurs vies depuis ce soir-là. Et pourtant, c'était sans conteste l'un de ses souvenirs les plus précieux.

- C'est toujours avec toi que j'étais, avant de... Vraiment être avec toi.

Depuis qu'elles s'étaient rencontrées, Eve n'avait toujours pensé qu'à elle à chaque instant où elle s'était soumise à ses désirs les plus sombres et donc, les plus charnels. Même les quelques fois où elle s'était redécouvert le désir de faire l'amour à Niko, ce n'était pas lui qui avait insufflé ce désir chez Eve, non... C'étaient toutes les petites mesquineries de Villanelle, tous leurs jeux, tous ces "cadeaux" qu'Eve adorait redouter. Il y avait eu Niko, bien sûr. Mais il n'avait pas été le seul. Il y avait eu Hugo, à Rome, qui était seulement là au bon moment. Lui avait-elle parlé de Hugo ? Non, il ne valait mieux pas s'aventurer sur ce terrain là. Et puis... Et puis, Eve fut soudainement frappée par un souvenir affolant. Elle se souvenait, confusément, d'avoir songé à Villanelle pendant... Pendant qu'elle embrassait une femme. Et pourtant, elle s'en souvenait sans s'en souvenir. Par bribes de sons et de sensations qui lui revenaient, sans qu'elle ne parvienne à les conscientiser. Comme si elle venait tout juste de se réveiller d'un rêve particulièrement vif mais dont le contenu vous échappait dès que vous tentiez d'y donner du sens.

Troublée par les sensations fantômes de lèvres féminines contre les siennes, qui n'appartenaient pourtant pas à Villanelle, Eve eut un mouvement de recul. Sourcils froncés, elle dévisagea sa fiancée comme si elle pouvait trouver des réponses dans son regard ou dans les traits de son visage.

Elle devait se méprendre. Ce ne devait être que l'effet secondaire de ce maudit sort qui s'était abattu sur la ville et qui lui avait fait perdre la raison. Eve n'avait jamais embrassé d'autre femme que Villanelle... Quand aurait-elle pu le faire, de toute manière ?

Yeux clos, elle porta une main à son front, pressentant l'arrivée d'une migraine. Elle ne voulait pas se souvenir. Mais plus elle refoulait ces images trop dérangeantes à son goût, plus elles s'imposaient. Et les soupçons d'Eve se confirmaient de seconde en seconde.

- Dis-moi, cette Hélène... A quel point elle ressemble à ton agente ?
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"I need you, Villanelle."

▿ Date de naissance : 17/04/1993

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feat. Eve

Villanelle est prête à revenir sur ses paroles trop mièvres, sur son discours peut-être trop naïf, elle ne redoute pas qu’Eve moque ses confidences, mais elle n’est pas tout à fait sereine avec elle-même quand elle s’abandonne à tant de sincérité. Elle aime tout de même l’entendre réagir d’une façon si douce et compréhensive, confirmant qu’elle aussi a été son fantasme avant même qu’elles ne se rencontrent. A cette pensée, la blonde affiche un sourire en coin. Elle le sait, certes, mais ça ne l’empêche pas de l’apprécier franchement. Parce que même si à présent qu’elles sont ensemble, et que leurs fantasmes respectifs ont été assouvis, il y a quelque chose de rassurant, de réconfortant, de légèrement troublant, aussi, dans la manière qu’elles ont de toujours se trouver malgré tout, et s’aimer sans conditions ni lassitude.

Oui, bien sûr, cela n’est pas une raison pour occulter d’autres fantasmes, mais ils ne sont pas vraiment… constants, chaque opportunité est un fantasme si elle peut savourer le moindre d’entre eux au gré des circonstances, sans jamais s’inquiéter de quoi que ce soit. Villanelle envisage de répondre quelque chose, sans doute une réflexion un peu légère qui désamorcerait la situation telle qu’elle est en cet instant, mais elle sent que quelque chose a changé, chez Eve. Soudainement, elle lui paraît différente. Quelque chose semble voiler son regard, et elle a un mouvement de recul. L’inquiétude prend Villanelle à la gorge tandis qu’elle analyse le comportement de sa fiancée. Quelque chose ne va pas, quelque chose ne va pas du tout. Et elle n’arrive pas à déterminer quoi.

« Pourquoi tu me parles d’elle maintenant ? » s’interroge Villanelle, sourcils froncés, en observant Eve avec un mélange de suspicion et d’intérêt. Elle ne comprend vraiment pas pourquoi le sujet d’Hélène arrive sur le tapis, ici et maintenant. Elle pensait pourtant qu’elles en avaient fini avec ça, qu’elles s’étaient tout dit sur la question, que ce soir sur Hélène ou sur Andréa. « Je pensais qu’on avait clos le sujet », reprend-elle, sur la défensive parce qu’inquiète et incapable de véritablement comprendre ce qui traverse l’esprit de son interlocutrice à ce moment précis. « Je te l’ai déjà dit, elles se ressemblent vraiment comme deux gouttes d’eau. Elles ont même la même voix. Juste… pas exactement le même accent, mais c’est les mêmes. »

Elle fronce les sourcils, la conversation prend une tournure qui ne lui plaît définitivement pas du tout, et elle ne sait pas du tout de quelle manière gérer ce revirement.

« Tu peux me dire ce qui se passe exactement ? » reprend-elle, partagée entre l’agacement et la nervosité, faute de comprendre ce qu’il en est exactement.

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If you dismiss me from your loveC'était une tragédie que d'interrompre un moment qui aurait pu être tendre et sensuel, surtout pour mentionner celle dont le simple nom avait le don de les irriter toutes les deux. Pourtant, Eve avait le sentiment de ne pas avoir d'autre alternative. Villanelle la connaissait trop pour être dupe, et Eve en avait assez de se mentir à elle-même, et plus encore de mentir à sa fiancée. C'était l'une de ses plus grandes résolutions, depuis qu'elle s'était enfin laissée aller à vivre cet amour qui semblait impossible et damné par avance. L'honnêteté.

Même si cette honnêteté pouvait par moments gâcher l'instant présent. Dans un soupir, Eve écouta toutes les interrogations de Villanelle. Elle voyait bien que la jeune femme était sur la défensive et à vrai dire, elle ne pouvait pas vraiment la blâmer. A sa place, son esprit aurait fourmillé de questions également.

Elle se douta que cette réaction venait du fait qu'elles avaient mentionné Andréa un peu plus tôt. Mais ce n'était pas pour l'agente qu'elle s'inquiétait. C'était bel et bien pour Hélène, dont le nom s'imposait un peu trop dans son esprit à son goût. Elle y associait des images qu'elle ne comprenait pas. Or, ce qu'elle ne comprenait pas... Eve avait tendance à le rejeter.

- J'ai une impression... Bizarre.

Elle se prit la tête entre les mains, occultant le regard agacé de Villanelle pour se concentrer sur ces réminiscences qui s'imposaient et venaient gâcher l'instant. Ces souvenirs ne faisaient aucun sens. Mais Eve n'avait pas l'imagination nécessaire à songer avec autant de détails à une telle situation. Encore moins alors qu'elle était en train d'embrasser Villanelle.

- J'ai l'impression de la connaître. Euh... Un peu trop.

C'était une évidence, elle en avait trop dit pour s'arrêter en si bon chemin. Incertaine, elle se redressa et dévisagea sa fiancée avant de poursuivre, visiblement bouleversée :

- Comme si... Comme si j'avais embrassé Hélène. Mais c'est impossible. Je ne l'ai jamais rencontrée. Et puis pourquoi j'aurais fait ça, hein ? tenta-t-elle de se défendre avec un sourire nerveux.

Pourquoi en effet ? C'était une réponse qui lui échappait, mais elle avait l'intuition qu'elle allait devoir une explication cohérente très rapidement si elle ne voulait pas que cette soirée tourne en cauchemar.
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▿ Date de naissance : 17/04/1993

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feat. Eve

L’attitude de Villanelle passe de l’agacement à l’inquiétude au moment de comprendre que cette situation a véritablement l’air d’oppresser Eve. Elle n’a pas la moindre idée de ce qui se passe, mais ce dont elle est certaine, c’est que le trouble d’Eve, lui, est réel, bien réel, et elle déteste ça. La voir ainsi se prendre la tête entre les mains tout en lui confiant cette impression bizarre qu’elle ressent, sans avoir la moindre idée de ce que cette impression étrange peut bien signifier… ça la rend honnêtement malade. Non, elle n’a pas la moindre envie de la voir ainsi, mais en même temps… au-delà de l’inquiétude, il y a aussi un mélange de curiosité et de réserve. Elle ne comprend définitivement pas, et elle déteste ne pas comprendre.

Villanelle fronce les sourcils quand Eve ajoute qu’elle a le sentiment d’un peu trop connaître Hélène. Ça n’a aucun sens, bien sûr. Villanelle elle-même ne pourrait pas prétendre la connaître vraiment, et pourtant, elle l’a rencontrée en chair et en os ? La tueuse se sent nerveuse. L’idée qu’une information notable est en train de leur échapper est en train de se frayer doucement un chemin dans ses pensées, et ce n’est définitivement pas une chose qu’elle se sent à même d’apprécier ou de supporter.

Elle sent une émotion pure, à mi-chemin entre la colère et l’indignation pure la traverser au moment de l’entendre affirmer qu’elle pense avoir embrassé Hélène. Ce sentiment qui la prend au cœur et qui lui serre la gorge lui donnerait presque la nausée. Ce n’est pas juste un élan de jalousie soudain envers une femme qui n’est même pas là (ça n’aurait aucun sens, pas vrai ?), c’est encore autre chose. Quelque chose de différent et d’inexplicable – autant que désagréable. Comme si les paroles d’Eve pouvaient avoir du sens et faire écho à une chose qu’elle a elle-même déjà ressentie. C’est une idée qui lui déplaît plus que profondément. Ça ne peut pas avoir lieu. Parce que oui, elle ne l’avait jamais rencontrée. Et même si elle devait l’avoir rencontrée, pourquoi est-ce qu’elle aurait fait ça, pas vrai ? La nervosité d’Eve n’échappe pas à Villanelle, et elle est clairement communicative.

« Oui, Eve, pourquoi est-ce que tu aurais fait ça exactement ? »

Le ton de Villanelle est froid, elle se braque, et même si elle sait ce comportement irrationnel, elle n’arrive pas à l’empêcher. Elle prit une grande inspiration, essayant de faire le tri dans ses émotions.

« C’est ce dont tu parlais, pas vrai ? Quand on était chez Will et son cuistot-psychiatre coincé ? » Elle marque une pause. Elle se sent démunie. Pas en droit de reprocher à Eve quelque chose qu’elles n’ont peut-être même pas vécu, tout en en ressentant dans le même temps une sorte de certitude viscérale. « T’as pas vraiment fait ça, si ? » elle demande alors que sa voix prend doucement des accents de pure panique.

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

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If you dismiss me from your loveLa froideur de Villanelle était compréhensible, mais Eve n'avait en cet instant pas la patience de la subir sans broncher, pas alors que son esprit était trop occupé à tenter de percer le mystère de ce souvenir qu'elle ne voulait pas avoir.

Elle tourna donc son regard réprobateur en direction de sa fiancée, l'avertissant silencieusement de son manque d'envie de se lancer dans une confrontation. L'une de ces confrontations qui, avec elles, pouvaient prendre une tournure particulièrement indésirable.

- C'est pas le moment. Je suis aussi perdue que toi.

Elle pouvait parfaitement comprendre, en revanche, que ce n'était pas un sentiment agréable que celui de se sentir démunie, incapable de faire quoi que ce soit à part attendre qu'Eve parvienne à faire le tri dans ses souvenirs et apporte une réponse claire.

A défaut d'avoir une réponse, Eve avait des suppositions. Elle expira et releva la tête, fixant le mur devant elle pendant qu'elle s'exprimait sur le même ton qu'elle employait au travail lorsqu'elle détaillait le résultat de ses analyses et de ses enquêtes.

- Il y a des... Théories qui circulent. Selon lesquelles certains d'autres nous auraient oublié une partie de ce qu'ils ont vécu avant de venir ici. Ou, pire encore, certains pensent que d'autres... Versions de nous continuent d'exister dans notre monde d'origine sans que nous le sachions.

Concernant ce souvenir bien précis, elle soupçonnait un sévère cas d'amnésie. Et c'était une amnésie qui l'effrayait. Car si elle avait pu oublier ça, même pendant un temps, alors elle ne voulait surtout pas imaginer ce qu'elle avait pu oublier d'autre.

Par ailleurs, sa culpabilité pour cet acte n'était pas de celles qu'elle pouvait gérer aussi facilement que celle, par exemple, qui avait suivi le coup de couteau qu'elle lui avait donné. Elle ne comprenait pas quel type de circonstance avait bien pu la pousser aussi loin dans ses retranchements au point qu'elle embrasse de son plein gré la patronne de Villanelle. La panique qu'elle décelait dans la voix de la jeune femme ne l'aidait pas à y voir plus clair ni à se défaire de cette culpabilité qui commençait à lui donner des pensées sombres.

- Je crois que si. Et j'ai peur de ce que j'ai pu oublier d'autre.
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▿ Date de naissance : 17/04/1993

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feat. Eve

Villanelle ne parvient pas à rationnaliser la situation. Elle sait bien que l’agacement et la jalousie n’ont pas lieu d’être en soi, mais elle n’arrive pas à s’en empêcher, comme si cette rage à peine contenue sur exactement le même sujet l’avait d’ores et déjà assaillie par le passé, et elle n’aime vraiment pas ça. Ce n’est pas seulement la situation et ce qu’elle suggère qui lui déplaît, c’est un tout : c’est l’idée malheureusement assez certaine que tout ceci ait un fondement concret. Et donc, si l’émotion qui la saisit en cet instant est la réminiscence d’une autre, alors ça ne présage d’absolument rien de bon, définitivement de rien.

Villanelle ne sait même pas si elle veut entendre parler de ces théories. Elle préférerait occulter toute possibilité pour ne se concentrer que sur le moment présent. Mais au fond, c’est Eve – comme bien souvent – qui a raison : elles ne peuvent se contenter d’occulter le sujet comme si de rien n’était : il faut bien qu’elles le considèrent dans tout ce qu’il suggère, y compris dans ce qu’il suggère de plus déplaisant. C’est malheureusement plus que nécessaires.

Toutes les théories qu’elle suggère ont de quoi vous donner le vertige : est-ce qu’elles pourraient avoir véritablement oublié une partie de leur vie passée ? Est-ce qu’il se pourrait vraiment que d’autres versions d’elles continuent d’exister dans leur monde d’origine ? Ces deux hypothèses lui donnent le vertige, et ce n’est pas sans difficulté que Villanelle consent à leur accorder un semblant de validité, même si ce n’est de loin pas une chose facile à faire pour elle, loin s’en faut. Elle a envie de se voiler la face parce qu’elle a déjà conscience du fait que la première théorie est probablement vrai.

Elle a envie de nier les faits parce qu’ils sont trop douloureux à appréhender, parce qu’ils pourraient remettre trop de choses en question, mais le fait est que Villanelle a aussi le sentiment que sa mémoire n’est pas complète, et elle lui revient par moment comme par flashes. Ce n’est pas du tout une sensation agréable, à l’évidence, mais c’est aussi une sensation qu’elle ne réussit pas à occulter le moins du monde, peu importe les efforts qu’elle fournit pur ce faire.

« C’est pas important, si ? » fait-elle dans un léger élan de panique. « Même si on se souvient pas de tout, c’est pas grave, autant. que ça reste comme ça, pas vrai ? » suggère-t-elle sans savoir dissimuler cette anxiété qui tire doucement les traits de son visage tandis qu’elle commence doucement à envisager le pire, vraiment. « Je veux pas y penser », ajoute-t-elle d’un ton plus ferme.

Et si ces souvenirs enfouis remettaient l’intégralité de leur relation en question ? Villanelle n’est pas capable de l’accepter. Alors, à la place, elle préfère se réfugier derrière son déni.

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

I would surely die
If you dismiss me from your loveLe déni et la panique de sa compagne lui permettaient, paradoxalement, de conserver son calme. Comme si toute l'angoisse qu'elle aurait été en droit de ressentir avait déserté son corps pour directement se transférer sur celui de Villanelle. Eve comprenait chacune de ses réticences, parce qu'elle les partageait. C'était une situation particulièrement inconfortable. Déplaisante, car cela supposait qu'elle avait trop peu de contrôle sur son propre esprit.

Face au déni appuyé de Villanelle, cependant, elle eut le réflexe de vouloir la contredire. Elle s'abstint néanmoins, pressentant que c'était une conversation qu'elles devraient avoir... Plus tard. Quand la situation serait suffisamment décantée. Mais même si c'était déplaisant, elles ne pouvaient pas se permettre d'occulter ces informations certainement capitales dans la nécessité de comprendre ce qu'Hélène leur voulait à toutes les deux - car à ce stade, le doute n'était plus permis, n'est-ce pas ? C'était bien une affaire personnelle qui les désignait comme cible pour la française. Reste à savoir quelle situation avait à ce point marqué leur histoire pour qu'elles aient refoulé ces souvenirs et qu'Hélène leur en tienne tant rigueur.

Eve venait, comme souvent lorsqu'elle faisait face à une situation qu'elle ne comprenait, de se plonger dans ses pensées. Elle revint à la réalité en entendant la voix de Villanelle, vers qui elle leva les yeux.

Pressentant qu'elle devait intervenir pour apaiser sa fiancée, Eve la laissa s'exprimer avec angoisse et s'intéressa à tout ce que ces réactions et ces successions de paroles et de mutisme révélaient du tourment émotionnel de la Russe. Comme si elles partageaient le même esprit, Eve devina la nature des doutes qui la faisaient réagir aussi fermement. Son expression s'adoucit et, avec précaution comme pour ne pas la brusquer, elle la prit dans ses bras.

- Ce que je vis avec toi... Ce que j'ai toujours vécu avec toi, ça surpasse tout le reste. Les seuls souvenirs qui m'importent sont ceux qui m'appartiennent vraiment, tous ces instants qu'on a passés ensemble, là-bas ou ici. J'en ai absolument rien à faire de tout le reste.

Elle se redressa pour prendre son visage entre ses mains, veillant à plonger son regard dans le sien.

- C'est toi que j'aime et rien, absolument rien ni personne, ne m'arrachera à toi. Nous deux c'est une évidence. Pour toujours.
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▿ Date de naissance : 17/04/1993

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Villanelle prétendra qu’elle ne panique pas, mais c’est tout sauf le cas. Oui, elle panique, elle panique complètement, parce qu’elle redoute le fait que ces souvenirs qu’elles auraient refoulés toutes les deux soient de ceux qui remettront en cause leur relation tout entière. Toute la confiance qu’elle fait mine d’afficher quotidiennement fond en cet instant comme neige au soleil, et elle ne sait plus quoi penser ni en quoi croire. Eve est sa plus grande certitude, sa seule et unique certitude, en réalité. Et en cet instant, elle est ni plus ni moins que terrifiée à l’idée de la perdre. Avoir si peu de contrôle sur son propre esprit est bien évidemment quelque chose de déroutant, mais ce n’est pas ce qui la perturbe le plus, loin de là.

Villanelle n’ose pas réclamer le soutien d’Eve, elle n’est pas sûre de le mériter, elle n’est plus sûre de rien, maintenant, mais en même temps, elle en a terriblement besoin, mais elle refuse de le demander. Ceci dit, elle n’a pas besoin de le faire. Comme toujours, Eve la comprend sans qu’elle ait besoin de dire ou de faire quoi que ce soit. Villanelle se tend légèrement quand Eve la prend dans ses bras, mais il ne lui faut pas longtemps pour se détendre, du moins un petit peu, à mesure qu’Eve déroule des paroles rassurantes que la tueuse avait absolument eu besoin d’entendre.

Elle la rassure, oui, en lui assurant que ce qui les lie transcende tout ce qui aurait pu se passer. Elle a envie de le croire, elle veut aussi croire que l’expérience le leur a prouvé à plus d’une reprise… mais elle ne sait plus si elle doit se fier, justement, à cette expérience. Et si tout, y compris le terreau qui a permis à leur amour de germer était mensonger ? Elle se pose trop de questions, et ça la rend particulièrement mal à l’aise.

« Et si… » Villanelle envisage un instant de se détacher de son interlocuteur, mais la caresse des mains d’Eve sur son visage, qu’elle prend en coupe, la dissuade, et l’oblige à la regarder dans le blanc des yeux. « Si ces souvenirs n’étaient pas bons, si ce n’était pas vrai ? »

Villanelle sait qu’elle doit se calmer, elle sait qu’elle ne doit pas y penser et surtout occulter tous ces questionnements et c’est plus fort qu’elle.

« Ne me quitte pas. Ne me quitte jamais. » Ce n’est pas une supplique, elle le formule ni plus ni moins que comme un ordre. Parce que c’en est un. Elle perd tout si elle perd Eve, elle en est convaincue, et ça la terrifie, ça la terrifie vraiment. « Je te l’interdis. » Elle plante son regard dans le sien avec conviction. « Jure-le moi. »

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

I would surely die
If you dismiss me from your loveLes petites tensions qu'elle percevait dans le corps de sa fiancée lui déplaisaient au plus haut point. Mais elle ne pouvait pas les lui reprocher. Elle pouvait déjà s'estimer heureuse que Villanelle ne se soit pas dérobée à son étreinte, sanguine comme elle pouvait l'être lorsqu'il s'agissait d'émotions qu'elle ne maîtrisait pas ou trop peu. La contrariété, principalement.

Eve tenta d'accueillir ses propos avec patience, et de la laisser s'exprimer jusqu'au bout avant de l'interrompre : pour cela, elle dut se faire violence. Mais l'état d'esprit de Villanelle la préoccupait bien plus que sa volonté de donner ses propres théories. Et sa priorité était de désamorcer cet état de panique qu'elle voyait prendre de l'ampleur mais qu'elle peinait, pour l'instant, à apaiser.

Avec une douceur qu'elle n'accordait qu'à la blonde, elle plongea les doigts dans ses mèches de cheveux fins et caressa sa chevelure avec calme et lenteur.

- On peut douter de ce qui nous échappe. Mais on ne peut pas se permettre de douter de nos certitudes. Nous partageons toutes les deux ces souvenirs... Pour moi, c'est bien la preuve la plus concrète qu'ils sont réels. Ils le sont pour nous, en tout cas. Et ceux-là... Je ne les oublierai jamais. Les bons comme les mauvais.

Car même les plus douloureux de ces souvenirs avaient eu le mérite de faire progresser leur relation. Toujours de manière inattendue, souvent brutale, mais tout de même. C'était finalement dans les instants où elles s'étaient fait le plus de mal qu'elles avaient toutes deux pu constater l'ampleur du manque qu'elles ressentaient vis-à-vis de l'autre.

Le ton employé par Villanelle lui fit cependant froncer les sourcils. Elle tenta néanmoins d'accueillir ce réflexe avec humour et répliqua non sans tendresse :

- Tu sais que m'interdire, c'est le meilleur moyen de me faire agir à l'encontre de ce que tu espères.

Eve soutint cependant le regard de Villanelle et, sans aucune seconde de réflexion ni aucune hésitation, elle affirma :

- Je ne te quitterai pas. Je te le promets. On sera bientôt mariées, toi et moi. C'est ça qui compte. On s'appartient pour toujours.
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"I need you, Villanelle."

▿ Date de naissance : 17/04/1993

I would surely die if you dismiss me from your love

feat. Eve

La réponse d’Eve décoche à Villanelle une réponse peu convaincue. Elle apprécie la douceur avec laquelle la femme qui partage sa vie cherche à l’apaiser, mais ce n’est pas suffisant malgré tout. Les questions se bousculent dans son esprit, et chaque réponse qu’elle y trouve intensifie son agacement. Elle ne supporte tout bonnement pas cette situation. Elle est incapable de l’entendre et de l’accepter, c’est comme ça… Elle a peur que ça bouleverse tout. Elles sont comme sur un fil infiniment fragile suspendu au-dessus du vide, et l’idée de voir ce fil céder et les faire basculer devient particulièrement angoissante, pour ne pas dire obsédante. On peut douter de ce qui nous échappe, pas de nos certitudes.

Elle déteste quand Eve a raison. Non, elle ne déteste pas quand Eve a raison. Elle déteste quand Eve lui donne tort. Elle ne sait pas comment réagir à ça. Elle se sent particulièrement impuissante face à cela. Ce n’est pas qu’une question d’ego, en l’occurrence, elle a surtout très peur de tout ce que ça pourrait changer pour elle, pour elles, et elle n’est pas du tout certaine de savoir endurer cela. Elle est même certaine de ne pas en être capable. Si ces souvenirs sont communs, il n’y a tout de même que peu de place pour le doute, et c’est vrai. Certes, cet endroit a le don de vous faire tourner en bourrique, par bien des aspects, mais la théorie la plus probante reste qu’elles soient bel et bien en train de récupérer des bribes de mémoire qui leur avaient échappé jusqu’ici, c’est une théorie définitivement plus valable que celle qui voudrait qu’elles soient abusées par… va savoir quel maléfice (quoique le coup du filtre d’amour, c’était déjà gros).

Elle ne répond rien, braquée, bornée. Elle a vraiment peur, en réalité, que ces souvenirs, s’ils leur reviennent plus clairement, finissent par tout changer entre eux. Elle a peur, véritablement, que cela bouleverse leur dynamique. Elles ont bataillé pour être ensemble, mais maintenant, elle doit accepter que leur relation est peut-être fondée sur un mensonge – même si Eve cherche à la rassurer à ce sujet, la blonde ne réussit pas à rester sereine. Ces pensées l’obsèdent et lui restent en tête quoi qu’il en soit, et c’est vraiment insupportable, à vrai dire. Alors oui, elle ordonne, elle interdit, parce qu’en fait, elle est tout simplement paniquée. Et oui, bien sûr que ce n’est pas l’attitude à adopter avec Eve, mais c’est plus fort qu’elle. Elle a besoin d’être rassurée, et elle ne sait pas obtenir ce qu’elle veut autrement qu’en insistant – en forçant, même, pourrait-on dire, ce qui est loin d’être une manœuvre acceptable. La promesse que lui consent Eve lui fait tout de même du bien. A ce stade de leur relation, elle devrait peut-être ne plus en avoir besoin, mais c’est toujours le cas : elle veut être rassurée, par-dessus tout.

Elle hoche la tête et tente de se ressaisir quand Eve lui fait encore la promesse de ne pas la quitter : bientôt, elles seront mariées, et c’est tout ce qui compte. Mais si, finalement, Eve décidait qu’elle ne voulait plus l’épouser ?... Non, il faut qu’elle arrête de se torturer l’esprit.

« Je te le rappellerai si tu changes d’avis », répond doucement Villanelle. Avant de se ressaisir un peu. « Désolée. Je veux pas te perdre. Je peux pas te perdre. C’est tout. »

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

I would surely die
If you dismiss me from your loveC'était à la fois émouvant et bouleversant d'observer Villanelle dans cet état. Eve ne l'avait jamais vue ainsi. Pas même à Rome, où le désespoir et la désillusion avaient très vite laissé place à une colère froide. Pas même lors de leurs quelques disputes dans cette ville. Et Eve n'était pas certaine de réagir correctement. Dans cette situation, comment apaiser l'esprit brillant mais en manque de confiance de sa fiancée ? Alors qu'elle-même était un terrible exemple de pensées chaotiques et d'autodestruction ? C'était délicat. Mais Eve comptait épouser cette femme, pour le meilleur et pour le pire, et la soutenir qu'importe la situation. Qu'importe même si c'était elle, la cause de son désarroi.

Les dernières paroles de la jeune femme la firent sourire, quoiqu'avec un brin de réprobation qui s'insinua dans le regard qu'elle lui adressa.

- Villanelle. Je t'ai planté un couteau dans le ventre et tu m'as tiré dessus. Je le sais, et c'est bien réel. On a toutes les deux les cicatrices pour le prouver. Si même ça n'a fait que renforcer nos sentiments... Rien d'autre ne pourra nous séparer.

Elle avait appris à comprendre que ce qui s'apparentait le plus à des menaces, chez Villanelle, n'étaient que l'expression la plus brusque de son sentiment d'impuissance. Et elle comprenait. Alors, dans un effort pour l'empêcher de trop ressasser ce qu'il venait de se passer, dans un effort pour l'encourager à penser à l'instant présent et non à ce qui avait pu être et ce qui pourrait encore être - ironique, pour une femme qui passait son temps à sur-analyser chacune de ses pensées et chaque seconde de son existence -, elle cala une main contre sa nuque et l'obligea à s'approcher pour coller son front au sien. Fermant les yeux, assumant l'intimité de cette posture, elle prit une longue inspiration.

- Je sais que ça t'obsède. Mais je ne changerai pas d'avis. Tu me manquerais trop.

Et ça, c'était sans doute le constat qui avait été le plus difficile à faire, pour Eve. Car même après avoir failli mourir à Rome, ce n'était pas tant d'avoir frôlé la mort qui avait hanté Eve durant tous ces longs mois de séparation, mais la perspective de ne jamais revoir celle qui l'obsédait tant. Même à l'époque, Villanelle lui avait cruellement manqué. C'était désormais inimaginable que d'imaginer qu'elles puissent être séparées une fois de plus.

- Je suis à toi. D'accord ? Je suis à toi...

De sa main libre, elle guida l'une de celles de Villanelle sous son haut. Mais elle ne lâcha pas ses doigts et lui fit remonter la main jusqu'à sa poitrine, où elle lui fit sentir les battements de son cœur, qui battait à un rythme chaotique. Uniquement pour elle.
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▿ Date de naissance : 17/04/1993

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« On peut toujours faire pire », suggère Villanelle quand Eve lui fait remarquer que si elle lui a planté un couteau dans le ventre et qu’elle-même lui a tiré dessus, il n’y a pas grand-chose qu’elle puisse faire pour les séparer, surtout si l’ont tient compte du fait que ces deux événements qui auraient, à l’évidence, poussé n’importe qui d’un tant soit peu sensé à s’éloigner l’un de l’autre avait eu le don de renforcer le lien qui les unissait déjà, qui les avait toujours unies.

Elle n’a pas tort, bien sûr, mais Villanelle garde à l’esprit le fait que si elles ne savent pas tout de leur passé, il se peut qu’elles aient effectivement fait pire. Est-ce que l’une aura tué l’autre, est-ce que l’une aura trahi, trompé l’autre (pour peu que ce soit possible dans une dimension où elles n’étaient pas ensemble, pas encore – quand bien même leurs cœurs s’appartenaient déjà) ? Elle ne doit pas penser à cela, mais cela… l’obsède.

Oui, le terme choisi par Eve ne l’est pas au hasard, et il est particulièrement bien trouvé en effet, car c’est bel et bien ce dont il s’agit. Cette situation l’obsède bel et bien. Elle est incapable de trouver des réponses confortables à ses questions. Les seules réponses qu’elle ait su obtenir sont au fond bien plus désagréables que n’avait su l’être leur absence, et elle n’arrive pas à passer outre, elle n’arrive pas à dépasser la crainte qu’elle ressent, tenace, de perdre un jour la femme de sa vie. Car si Villanelle devait véritablement perdre Eve, que lui resterait-il ? Eve est convaincue de la réponse à cette question : rien, rien du tout. Livrée ainsi à elle-même, elle n’aurait plus rien ni personne. Elle ne serait plus rien… Si ironique ou contradictoire cette affirmation peut-elle sembler, Villanelle a besoin d’Eve pour exister, pour se sentir unique, pour être elle-même.

« Tu m’étonnes que je te manquerais trop », parvient quand même à plaisanter la tueuse en essayant d’y mettre le plus de conviction possible, un fin sourire au coin des lèvres, quand elle lui assure, son front posé contre le sien, que tous les scénarios les plus tragiques qu’elle envisage sont impossible : elle lui manquerait trop. Et réciproquement. Difficile d’envisager qu’il leur soit encore possible de vivre l’une sans l’autre à ce stade. Quant au fait de vivre l’une avec l’autre… cela s’était avéré bien plus simple que ce qu’elle avait pu soupçonner de prime abord.

Le sourire de Villanelle se fait plus rassurée, plus sincère, au moment d’entendre Eve lui répété d’un ton assurer qu’elle lui appartient, tout en guidant sa main jusqu’à son cœur. Villanelle ferme les yeux une fraction de seconde, pour mieux sentir ses battements sous la pulpe de ses doigts.

« Tu es à moi », répète-t-elle d’un ton plus serein, enfin tirée de sa terrible crise de panique qui ceci dit aurait encore pu prendre des atours plus violents. « Je suis à toi », reprend-elle du même ton, avant d’embrasser ses lèvres avec ferveur. « Il est vraiment, vraiment temps que tu m’épouses, pour que le monde entier le sache. »

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▿ Date de naissance : 03/05/1976

I would surely die
If you dismiss me from your loveLa dernière phrase de sa fiancée adoucit l'expression d'Eve, qui se recule pour mieux lui adresser un regard tendre. Elle aussi est pressée d'épouser Villanelle. Non pas que leur relation ait besoin de se concrétiser, mais elles ont toutes deux toujours eu des interactions chargées de symboles, et il y a quelque chose de particulièrement grisant dans le fait d'imaginer que deux femmes comme elles, deux être aussi instables et violents puissent accéder à un bonheur sincère en se mariant. Car le mariage unit bien souvent des êtres qui ne s'aiment pas réellement, qui sont d'ailleurs incapables de partager quoi que ce soit en dehors du sexe, et encore. Elles, si elles se marient, c'est par désir véritable de s'appartenir dans tous les sens du terme. C'est par certitude que ce bonheur, inaccessible à tant d'autres, est possible pour elles deux, comme une merveilleuse provocation à une société qui tenait un peu trop à ce que l'on s'y ennuie pour étouffer les parts les plus sombres de soi.

- Bientôt, assure-t-elle doucement.

La ferveur que Villanelle a mise dans ce baiser s'imprime dans la multitude de petites choses qu'Eve ne cesse de trouver fascinantes chez sa fiancée. A présent que la situation s'est apaisée, elle lui adresse un sourire désolé, consciente qu'elle a interrompu de par ses souvenirs et les doutes qu'elle a insufflés dans leur esprit un instant qui aurait dû être bien plus réjouissant. Et qui aurait dû les voir bien plus dénudées, aussi.

C'est un tel ascenseur émotionnel qu'Eve éprouve soudainement le besoin de se laisser tomber en arrière, en position allongée sur le lit.

- Bon sang ce que je suis fatiguée.

Cette phrase, elle la prononce avec un sourire au coin des lèvres. C'est l'une des premières phrases qu'elle a réellement pu adresser de vive voix à Villanelle. Le souvenir de cet appartement, à Paris, et de cet instant où elle avait bravé toutes ses limites et tous les interdits pour poignarder celle qui avait eu le malheur de trop l'obséder... C'est un souvenir qui est porteur de multitudes de sentiments contradictoires.

Reportant son attention sur la jeune femme, elle se positionne de sorte à s'installer plus confortablement.

- Viens, souffle-t-elle en ouvrant les bras pour l'inviter à s'y blottir. Et si on regardait un film ?
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