Le feu est partout, il l'entoure réduisant ses chances de s’échapper à chaque secondes qui passent. L’air devient de plus en plus rare alors qu’elle suffoque. Sa vision noircie sur les bords ne l'empêche pas pour autant de voir les hommes qui se fraient un chemin avec mal parmi les débris dans sa direction. Elle doit bouger, mais tout son corps fait si mal. Sa peau la brûle. Elle a connu de nombreuses blessures, coupeau, balles même d’impacte de voiture, mais ça c’est autre chose. C’est comme si elle était en train de brûler vivant alors qu’elle réussit à sortir tant bien que mal de sous le morceau de carlingue de l’avion qui l'emprisonne au sol. Elle rampe sur le sol avec la force du désespoir et un instinct de survie qui l’empêche d'abandonner si facilement. Ce n’est pas comme ça qu’elle va mourir. Non, Katherine Kane alias Batwoman ne va pas mourir à cause d’une bande de connard en masque d’Halloween ont décidé de se venger sur sa personne des actions que son père aurait commis ou pas. Malheureusement, quelque chose lui dit qu’elle n’aura pas son mot à dire sur la suite des événements. Une paire de bottes bien trop propres apparaissent dans son champ de vision déjà bien réduit par l’épuisement. Il faut toute sa force pour lever les yeux vers l’homme. Le masque sur son visage est noir et il est difficile pour elle de distinguer quoi que ce soit dans la nuit. Il se penche vers elle sans doute pour qu’elle puisse l’entendre au travers du bruit environnant. « Miss Kane, c’est un plaisir d’enfin faire votre connaissance. Désolé que ça soit dans de telles circonstances, mais vous n’avez pas laissé le choix à mes hommes. Maintenant, si ça ne vous dérange pas, nous avons beaucoup à faire et vous venez avec nous. Ne vous en faites pas, la douleur que vous ressentez en ce moment va disparaître pour devenir bien pire. » Elle veut se relever, elle veut se battre ou dire quelque chose de sarcastique, mais n’y arrive pas alors que l’homme masqué s'éloigne. Sa conscience lui échappe alors que tout devient noir. Kate finit par sombrer le corps toujours en feu et incapable de pouvoir appeler à l’aide.

Le souffle court, je me redresse avec un faible cri qui s'étouffe sur le bout de mes lèvres. La douleur est toujours là sous la surface, cuisante comme jamais même si les cicatrices, elles, ne sont plus aussi apparentes qu’avant. Je maudis en silence les cauchemars qui viennent à nouveau me hanter. Je pensais avoir passé par dessus depuis le temps, mais il faut croire que nom. Je prends un instant la tête entre les mains et les yeux fermés. Ma respiration se calme tout doucement reprenant un tempo normal. Quand je regarde autour de moi, je réalise que je suis dans mon appartement, je suis chez moi, pas nécessairement en sécurité, mais le plus proche que je pourrais l’être. J’ai arrêté de me sentir en sécurité où que je me trouve depuis l’histoire avec Black Mask. Avoir ma personnalité, ma conscience remplacer par quelqu’un d’autre, une personne morte dont le père ne pouvait pas tout simplement l’accepter et qu’il devait absolument se venger… ça vous fout en l’air pas mal je vous dirais. Sans surprise, Beth ou Alice, avait été la personne qui m’avait reconnu en premier, mais qui m’avait fait revenir repoussant la conscience de Circe. J’étais de nouveau Kate Kane, mais elle était toujours quelque par derrière murmurant des paroles à mon oreilles dans les moments où je n’en avais strictement pas besoin.

Je n’avais pas réalisé qu’il restait un petit bout d’elle dans ma tête que bien plus tard alors que j’avais quitté Gotham à la recherche de Bruce. Je savais que ma ville était entre de bonnes mains non seulement avec Ryan, mais aussi avec Luke, Mary et Sophie qui étaient là pour lui venir en aide. Le plus difficile a été de dire au revoir à Beth, Alice alors qu’elle se trouvait dans sa cellule. Sa sœur jumelle n’avait pas bien pris son départ surtout après qu’elle soit la raison pour laquelle Kate était revenue en premier lieu. Elle avait dû lui expliquer qu’elle devait quitter Gotham avant que la ville ne la dévore vivante une bonne fois pour toute. Kate avait promis de revenir, qu’elle n’allait pas l’abandonner à nouveau.


La jeune femme avait quitté la ville depuis quelques semaines s’accomodant à peine non seulement à avoir à nouveau son libre arbitre, mais aussi au nouveau visage qu’elle porte. Un visage qu’elle déteste chaque fois qu’elle se regarde dans le miroir. Chaque fois que je regardais ma réflexion, il y avait un pincement désagréable à l’arrière de ma tête. J’évitais donc de me regarder tout simplement. Black Mask m’avait presque tout enlever, mais sans succès alors je n’allais pas laisser l’ombre de sa fille me faire la même chose. Je crois que j’étais à New York dans un vieux motel pourris quand mon monde se retrouva à nouveau complètement sans dessus dessous. Je me suis couché une nuit après un énième cauchemar pour me réveiller dans un endroit bien différent, mais surtout avec un visage bien différent. Je me souviens de l’étrange lune rouge dans le ciel, mais j’avais tellement vu de choses bizarres dans les dernières années que je suis juste retourné dormir en espérant pouvoir me reposer avant de prendre l’avion pour l’Europe le lendemain. Je m’étais couché sous les traits de Circe Sionis, mais ce matin là lorsque j’ai ouvert la lumière c’est le visage de Kate Kane qui m'accueille dans la glace. Comment ? Aucune idée, mais j’étais de nouveau moi, le vrai moi! Pour être extatique ça je l’étais!


Cependant, je me suis réjouie trop vite. Comme toujours les choses ne sont jamais aussi facile qu’elle le paraisse. Le monde autour de moi semblait avoir été complètement chamboulé par cette lune rouge. J’ai essayé de contacter Luke, Mary ou même Sophie sans succès. J’ai rapidement compris que je ne pouvais pas juste rester dans cette chambre et que je devais commencer à penser à un plan sur le long terme après quelques semaines à me réveiller toujours dans cet endroit. Pour ajouter à ma malchance, Circe s’est fait connaître et bien plus bruyante. Je ne comprenais pas comment elle pouvait toujours se trouver dans ma tête, mais elle y est toujours. Par moment, j’ai l’impression de me regarder dans la glace et de croiser son regard, son visage au lieu du mieux. C’est comme si j’étais maintenant deux personnes dans le corps d’une seule. C’est loin d’être agréable surtout quand votre autre partie est un peu psychopathe sur les bords. Je vous jure elle est pire qu’Alice par moment !


«C’est qui tu traite de psychopathe comme ça? C’est toi qui entend des voix Kane, pas moi! Enfin, peut-être puisque je suis aussi dans ta tête. Je ne sais pas si ça compte. » Je soupire en me frottant le front. Bien sûr il fallait que Circe décide de rendre ma nuit encore plus mauvaise en se manifestant. Je repousse les couvertures et me lève pour me diriger vers la cuisine. L'horloge mural indique qu’il est presque 5 heures du matin. Je dors depuis à peine 1 heure, depuis que le bar sous mes pieds est fermé. Réouvrir le Hold Up avait été une idée longuement réfléchie surtout quand j’avais réalisé le manque de bar gay potable dans cette ville, mais aussi que ça m’occuperait sans doute beaucoup l’esprit. « Kaaaaatteeee!! Arrête de m’ignorer, on sait très bien que ça ne fonctionne pas. Je n’aime pas encore tu me laisses dans le noir parce que je suis littéralement constament dans le noir ici haut alors. » Il eut une pause avant qu’elle ne reprenne avec une voix plus normale. « Tu peux me parler. » Je lève les yeux et je peux voir sa réflexion dans le métal du frigo. Elle porte mes vêtements de nuit, mais c’est la seule chose que nous avons en commun. Son expression semble inquiète, mais j’ai souvent du mal à m’ouvrir. S’il y a trois ans, nous combattions l’espace dans ma tête, aujourd’hui nous vivons à défaut ensemble. Autant je déteste l’admettre, elle me tient compagnie. « Tu sais très bien pourquoi je t’ignore. Ton père… ton père, il m’a fait ça. Il t’a mis dans ma tête et maintenant je suis coincé avec toi à revivre chacune de ses tortures en boucle chaque fois que ferme les yeux. Entendre ta voix, voir ta réflexion est un calvaire alors si tu pouvais la mettre en veilleuse Circe pour une fois ça serait grandement apprécié. » Dieu que je dois avoir l’air d’une folle quand je me parle à voix haute de la sorte.


Les paroles semblent avoir un effet puisque que je peux voir la réflexion faire une grimace et son visage arbore une expression de tristesse. « Je le sens. Tu sais que ta douleur c’est ma douleur Kate. Je sais que tu me détestes, je me détesterais à ta place, mais je pensais qu’on avait avancé… Je ferme les yeux et je ne pouvais plus supporter de la voir. Sa voix est petite et si triste comme celle d’une fillette. Je sais que Circe était plus jeune que moi lorsqu’elle était toujours en vie. Elle avait été l’une des victimes innocentes d’un système pourris et une partie de moi s’en veut de ne pas avoir pu lui venir en aide. J’aurais aimé avoir été là pour empêcher ce monstre de lui faire du mal et d’être accusé à tort. « Kate, tu n’es pas responsable de ce qui m’est arrivé.» Je soupire à nouveau en relevant les yeux pour croiser son visage dans la réflexion. « On vit avec les conséquences des actions de nos pères. » L’autre femme lui sourit tristement. Elles sont bien d’accord la dessus. « Retourne dormir Katie. Je vais garder les mauvais rêves loin cette fois. » Une partie de moi veut refuser, mais mon corps est trop épuisé pour renier plus de sommeil. Avec un dernier hochement de tête et un verre d’eau, je retourne lentement dans mon lit. « Je sais que je suis un parasite dans ta tête et j’imagine que c’est pour ça que tu ne peux pas partir, mais … tu es la seule personne qui comprends. » Après trois ans, nous avons appris à vivre l’une avec l’autre même si j’avais souvent tendance à l’appeler une parasite quand elle m’agaçait un peu trop. « Bonne nuit Kate. Je veille sur toi. » Il n’y avait aucune malice dans ses mots juste une sincérité alors que je fermais les yeux.

À ce point, mes rêves prennent une autre direction, j’ai rêvé de ma sœur jumelle, Beth, et de nos années comme deux fillettes qui ne connaissait rien de la douleur. Je rêve de mes parents et de l’amour évident qu’ils se portaient tous les deux. Il y a malheureusement aussi des moments plus difficiles comme le jour où je les ai perdu, le jour où Sophie me renia alors que je me tenais droite devant le reste du monde en décidant de ne pas nier qui j’étais. Les années d'entraînement partout dans le monde pour être prête à devenir un Crow qui au final n’avait servi à rien. La colère et la déception que j’avais ressenti en le réalisant ou en apprenant que Sophie était mariée. Le sentiment d’accomplissement à être Batwoman, mais de mal l’aise de devoir toujours mentir à tout le monde. Il y avait les mémoires troubles entourant chaque interaction avec Alice et mes tentatives pour essayer de réparer les choses en veine. Puis, le lien que j’avais commencé à créer avec Mary en l’acceptant comme ma petite sœur ou Luke alors qu’il protégeait mes arrières de la batcave. Ce ne sont pas toujours les meilleurs souvenirs, mais ce sont les souvenirs qui me garde vivante chaque jour. Tous ces gens qui se sont battus pour me ramener. Doucement, je me sens dérivé dans le monde des rêves. Je peux presque entendre un faible marmonnement dans le fond comme une berceuse peut-être, je suis trop fatigué pour réellement y prêter attention à vrai dire. Je m’endors finalement en espérant que demain sera mieux et que mon esprit peut enfin se reposer.