Je suis Alexandre III de Macédoine, plus connu sous le nom d'Alexandre le Grand. Né avec un destin hors du commun, j'ai été façonné par les ambitions de mes parents, la reine Olympias et le roi Philippe II. Mon père, un brillant stratège et homme politique, m'a transmis l'art de la guerre et de la gouvernance. Dès mon plus jeune âge, j'ai été formé par le grand philosophe Aristote, qui a élargi ma vision du monde et affûté mon esprit.
Parmi les compagnons de ma jeunesse, un nom brille avec une intensité particulière : Héphaïstion. Héphaïstion n'était pas seulement un ami, mais mon confident le plus intime, mon âme sœur. Ensemble, nous avons rêvé de grandeur et partagé une vision de conquête et de civilisation. Héphaïstion était mon reflet, un soutien indéfectible dans toutes mes entreprises.
Lorsque mon père fut assassiné, je montai sur le trône de Macédoine à l'âge de vingt ans. Mon accession au pouvoir fut marquée par une série de réformes visant à consolider l'autorité royale et à préparer notre nation à de grandes campagnes militaires. Héphaïstion, fidèle parmi les fidèles, joua un rôle crucial dans l'établissement de mon autorité. Sa sagesse et sa loyauté étaient des atouts précieux dans le jeu complexe de la politique de cour.
Notre première grande entreprise fut la campagne contre l'Empire perse. À la bataille de Gaugamèles, notre victoire décisive contre Darius III marqua le début de notre domination sur l'Orient. Héphaïstion, toujours à mes côtés, me conseillait non seulement sur les stratégies militaires, mais aussi sur les alliances politiques nécessaires pour maintenir notre empire en expansion. Son esprit analytique et sa compréhension des dynamiques politiques étaient des ressources inestimables.
En tant que conquérant, j'avais une vision d'unification culturelle. Je m'efforçais de fusionner les coutumes grecques et perses, une politique incarnée par les mariages entre mes officiers et des nobles perses. Héphaïstion partageait cette vision et jouait un rôle actif dans la promotion de cette politique d'hybridation culturelle. Nous savions que notre pouvoir ne se maintiendrait pas seulement par la force des armes, mais par l'intégration des cultures et des peuples.
Cependant, notre relation, aussi profonde et essentielle soit-elle, n'était pas sans défis. Les intrigues de cour et les rivalités parmi mes généraux créaient des tensions. Les jalousies et les ambitions personnelles menaçaient souvent notre harmonie. Héphaïstion, pourtant, restait inébranlable dans sa loyauté. Il était mon rocher dans un océan de turbulences politiques.
Le jour où Héphaïstion tomba malade et mourut prématurément, ce fut comme si une partie de moi-même s'était éteinte. La perte de mon ami le plus cher fut une blessure béante, un gouffre de tristesse. J'ordonnai que des honneurs dignes d'un héros lui soient rendus, et je consacrai des monuments à sa mémoire. Sa mort marqua une période de grande mélancolie pour moi, et mes ultimes campagnes furent empreintes d'une sombre détermination.
Mon empire, qui s'étendait de la Grèce à l'Inde, était une réalisation sans précédent dans l'histoire humaine. Cependant, malgré cette grandeur apparente, l'absence d'Héphaïstion rendait mes triomphes amers. La politique et la guerre avaient rempli ma vie, mais sans la compagnie de mon compagnon le plus cher, ces succès semblaient vains.

Mais au moment où Charon s’apprêtait à me faire traverser le styx, afin que je puisse pour l'éternité retrouver Héphaïstion dans les champs Elysée, quelque chose se produisit. Quand j’ouvris les yeux, je n'étais plus à Babylon. Je n’étais dans aucune partie du monde connu et pourtant, le monde, moi Alexandre le Grand, je le connais. Puisque je l’ai presque entièrement conquis. Mais voilà que je suis dans une partie du monde inconnue, étrange, peuplée de barbares. (Barbare pour Alexandre et les hommes de son temps, tout homme n’étant pas comme lui, ce n’est pas une insulte.) Et d’un avancement technologique. Si j’avais eu la moitié de leur technologie… Le monde aurait ployé devant moi bien plus vite.

Me voilà seul, avec mon chagrin, sans mon royaume. Les dieux peuvent se montrer bien cruels et je ne comprends pas pourquoi ils m’ont refusé l'accès à la joie dans la mort de retrouver les bras de mon amant.
Puisque je ne peux être ni pharaon ni fils de Zeus dans cette réalité, me voilà professeur. D’un sujet que je connais puisque j’ai aidé à la construire. L’histoire antique.   Je parles à des hommes et des femmes, dans ce monde les femme sont l’égal des hommes…Y croyez vous ? Je leur parles de l’histoire, qui pour moi est réalité. Et l’on me donne de l’argent en échange, de soldat je suis passé à philosophe. Tel Aristote dans mon amphithéâtre, je tente d’inculquer à la jeunesse un peu de savoir.

En dehors de ça, je crois que je me fais bien à cette nouvelle vie, nouvelle époque et j’aime voir, quand je dis mon nom, une étincelle dans les yeux des Hommes. Alexandre Le Grand n’a pas été oublié. Je fais du sport, “mente sana in corpore sano”, un esprit sain dans un corps sain. J'apprends peu à peu à vivre dans une époque qui n’est pas la mienne. Mais je suis Alexandre le grand et rien ne m’est impossible. Sauf oublier Héphaïstion. Je pris les dieux chaque jour, pour qu’ils me les ramènent ici. Mes guerres, mes victoires, mon empire. Elles ne valent rien sans lui. Il me manque, à tel point que j’ai encore peur de me laisser mourir. Et ce n’est pas les amusements de cette vie qui me feront oublier l’homme qui a été de mon côté jusqu’à la fin de sa vie.