Deux putain de mois. Ca faisait deux mois que Barty n'était plus réapparu. C'était terriblement long deux mois quand on les passe seul. Ce connard violent, que pourtant tu avais appris d'apprécier vraiment avoir. Au point de lui proposé de vivre avec toi. Ce n'est pas une offre que tu faisais généralement au premier venu... Vous aviez trouvé un arrangement qui vous satisfaisait tous les deux. Avec consternation tu regardes ton reflet livide. Pensant qu'avec lui tu avais trouvé un équilibre, ta vie te paraissait presque aller, pour une fois. Et là.. Il ne revenait plus. Tu le connaissait bien à force de traîner avec lui. Tu savais qu'il ne reviendrait plus. Et ça te brisait le coeur, enfin ce qu'il en restait. En même temps qu'avais-tu à toujours t'attacher aux mauvaises personnes ? Tu.. Tu n'arrivais pas à comprendre pourquoi les gens finissaient toujours par t'utiliser puis par te jeter aussi vite... Ne méritais-tu donc pas que quelqu'un enfin te veuilles dans sa vie plus longtemps ?
"-T'es pitoyable.." dis-tu pour toi même, les dents serrées, le regard posé sur le lavabo, tremblant. Et pourtant tu savais que ce jour arriverait, tu n'imaginais juste pas que ce serrait si tôt. Tu serres la porcelaine du lavabo, heureusement que tu n'étais plus un démon, tu l'aurais surement brisée si ça avait été le cas. Tu te concentres sur ta respiration. Tu te laisses glisser le long du mur, en poussant un rire désespéré et fou.
Plus de Barty signifiait également plus de drogue, pour te distraire de ton quotidien et t'énergiser. Pour le moment tu ne ressentais pas encore le manque, juste une tristesse pathétique et affligeante. Mais ça te tomberait dessus à un moment. Tu décidas de te faire couler un bain. Ca t'aiderait peut-être à te calmer les nerfs. D'un geste délicat tu t'immergeas progressivement dans l'eau brûlante. Poussant un soupire de bien être. Tu laisses ton regard se balader dans la pièce. Encore une journée de merde, penses-tu. Enfin, comme presque toutes depuis que tu foules le sol terrestre. Presque, car tous tes souvenirs avec Molly, et ceux à l'hôtel sont précieux, et surtout que tu étais vraiment heureux dans ces moments là. Tu te perds gentiment dans tes souvenirs, sentant l'eau chaude apaiser tes muscles endoloris.
Attends.. L'hôtel..C'est çaaa! penses-tu touché par une illumination, en te redressant tellement vite dans la baignoire qu'une vaguelette d'eau jaillit de celle-ci. N'attrapant pas même de serviette, tu sors et attrapes ton téléphone. Scrollant sur insta machinalement; jusqu'à ce que tu la retrouves. La page insta de l'hôtel. Page sur laquelle figurait l'adresse de celui-ci. Et si c'était
LA solution ? Serrais-tu à nouveau heureux là-bas ? Cependant tes idées noires te rattrapèrent, en songeant à ton attitude depuis ton arrivée seul cette île. Tu étais retombé très vite dans tes vieux vices. Jetant du même fait tout le travail précédemment effectué à la poubelle. Tu en avais un peu honte à vrai dire, mais tes addictions avaient toujours été bien plus fortes que toi. Cependant tu ne croyais pas Charlie capable de te virer alors que tu te présentais à sa porte, avec nul part d'autre où aller.
D'un geste distrait tu attrapes finalement la serviette quand même, tu n'allais pas sortir comme ça. Telle une tornade, tu t'habilles. Nuggs relève des yeux ahuris vers toi.
"- On déménage Nuggs, j'espère que t'es prête, papa a du boulot, désolé.." Une fois habillé, l'ancien démon commença à faire ses cartons. Il était étonnant de le voir si plein d'énergie. Barty avait décidé de le jeter, plus rien ne le retenait dans ce lieu sordide. Tu regardas la pile énorme de tes cartons, presque exclusivement remplis à ras bord de vêtements, et les trois pauvres cartons de Barty. Tu ne savais pas quoi en faire. Tu choisis de garder une de ses vestes en cuir noir, et balanças le reste. Après cela tu te rendis à la réception pour annoncer ton départ de la chambre que tu occupais depuis environs quatre ans et appelas une entreprise de déménagement. Puis tu remontes une dernière fois dans votre chambre, mets son harnais et sa laisse à Fat Nuggets. Fais une dernière fois le tour de cet espace familier, quelque peu mélancolique. Tu es tiré de tes pensées alors qu'on frappe à la porte. Surement les déménageurs.
"-Tout es là" leurs dis-tu en les laissant entrer et en pointant le tas de caisses. Tu les regardes s'activer, et décides que c'est le moment.
Il est temps pour toi de vivre un nouveau chapitre de ta vie. T'élever enfin dans un cercle vertueux. Enfin tu allais essayer en tout cas. Assis à l'arrière du taxi, Nuggs couchée sur tes genoux, tu regardes l'hôtel Obsidian s'éloigner, la caressant distraitement. Tu soupires. Quelque peu nerveux. Tu ne sais pas du tout comment Charlie va réagir. Même si la connaissant, tu te doutes qu'il n'y aura probablement pas de problème. Tu aurais peut-être du la prévenir de ton arrivée quand même... Bon c'était trop tard maintenant de toute façon. Le taxi et le camions s'arrêtèrent devant une jolie bâtisse toute récente. L'architecture était assez classique. Tu l'observes un instant. Fat nuggets dans tes bras tu t'en approches d'une démarche assurée, et un grand sourire vissé sur le visage, quand bien même tu te sens mal et non-désiré. Tu te refuses à sortir ta deuxième paire de bras, alors pour entrer il ne te reste qu'un seul choix. Tu jettes un coup de pied puissant dans la porte, en disant un
"-Booom Bébé!" porte qui tombe avec fracas sur le sol.
Oops. En quoi elle était cette porte, en carton ? Tu rentres cependant dans le vestibule, conservant ton sourire, tu poses Nuggs sur le sol et la détache. Tu te frottes la nuque d'une main, un peu gêné. Tu n'avais pas pensé à faire une entrée si spectaculaire. Enfin tu n'avais pas pensé tout court,
comme souvent. Charlie, quand elle te vit, fonça sur toi pour te serrer dans ses bras, les yeux larmoyants. Tu étais, toi aussi vraiment content, ça t'avais pris du temps, mais tu étais enfin chez-toi. Charlie la cutie te dit qu'elle était heureuse de ton retour. Tu la serras aussi un instant contre toi, avec tendresse.
"-Moi aussi petit chat, si tu savais.." le regret dans la voix. Tu fermas les yeux. Profitant de ce contact. Tu étais sensible et fragile aujourd'hui, tu eus bien du mal à ne pas pleurer. Lorsque tu rouvres les yeux, tu vois la porte gisant sur le sol.
"-Euh .. je vais payer pour ça.." dis-tu d'une voix un peu gênée. Tu te racles la gorge, essayant de reprendre contenance. Charlie ne t'as toujours pas lâché, tu profites toi de ce concentré de douceur.
"-So,.. tu as reconstruit l'hôtel ici ! Et si tu me faisais visiter ?" ajoutas-tu avec un mince sourire parfaitement sincère.