Encore un de ces nuits...Quand tu ne bossais pas, cette solitude insupportable, cette vieille ennemie bien mauvaise conseillère te faisais toujours faire les mauvais choix. Ces nuits là tu les connaissais par-coeur. Tu sortais, buvais bien plus que de raison, et tu t'envoyais un rail de ce qui te tombais sous la main, pour oublier la solitude, et tout le reste aussi d'ailleurs, à tel point que tu finissais toujours dans un lit inconnu, avec un trou noir dans l'esprit. Mais ça ne suffisais en général pas à combler ce vide que tu ressentais inexorablement. Et tu en rajoutais toujours une couche supplémentaire. Ce n'était de toute façon jamais suffisant. A croire que tu étais cassé.
Cette nuit ne faisait pas exception. Tu planais trop pour avoir une sensation de déjà vu. Réveillé en plein milieu de la nuit, un goût métallique dans le fond de la bouche, tu clignas des yeux. Le plafond était haut, en plâtre, il y avait des moulures. Tu te te dis un instant que tu pourrais peut-être essayer de faucher quelques trucs s'il était un connard de riche. Une douleur bien trop familière au cul te ramena à la violence des rapports que tu avais eu. Enfin, à force, ça ne te faisais plus rien. C'était ta vie. Le plus insidieux étant que tu avais appris à t'en satisfaire. Le gars violent dormait à poing-fermé, il ronflait comme un tracteur. Tu te lèves, serrant les dents pour ne pas pousser un couinement de douleur, direction la douche. Tu en pris une assez rapide, tu ne voulais pas réveiller ton hôte, pour pouvoir t'éclipser. Le contact de l'eau bouillante faillit t'arracher un cri. Ta peau était ecchymosée.
*SHIT !* penses-tu.
Propre comme un sous neuf, enfin jusqu'au prochain, tu t'habillas rapidement. Tu gribouillas un mot à la va vite
"Merci pour la nuit Bitch! XOXO", tu n'étais pas un animal quand même. Ne lui lançant pas même un regard, tu dérobes sa montre et le cash dans son portefeuille, avant de délicatement refermer la porte de sa maison dans ton dos. Jackpot ! Il avait de la thune ce con. Tu fourras la liasse de billets dans ta poche arrière de jeans, pendant que tu observais la montre que tu venais dérober. Elle était jolie. Mais tu n'avais absolument aucune idée de ce qu'elle pouvait valoir, tu devrais la faire expertiser. Tu la mit à ton poignet en attendant. Alors que tu déambulais dans les rues au hasard, encore sous affluence, tu repéra un night&day, tu poussas la porte. Et articula avec difficulté.
"-Une bouteille de vodka framboise svp" Tu sortis la liasse de billets volés et paya ton achat. A peine sorti tu la débouchas et commenças à boire au goulot.
Dans un très bref instant de lucidité entre deux hallus, tu te promis de ne plus coucher cette nuit, c'était encore douloureux. Mais arriverais-tu à tenir cette résolution, telle était la question. Euphorique et suivant une hallucination, celle-ci te conduit en un seul morceau par on ne sait quel miracle devant ce que tu pris dans ton état pour le LUX. Mais qui en fait était un cabaret. Donc pas du tout le club du vice que tu aimais tant, et qui t'étais aussi familier que ta queue. A mesure que tu rentres dans ce lieu inconnu les couleurs trop éclatantes te sautent à la gorge. Cependant, légèrement curieux, tu te balades dans cet endroit. La scène est déserte. Ne reste que quelques clients ici et là qui te dévisagent. Ouais tu ne fais pas partie du décor dans un lieu aussi élégant. Tu t'assis sur le bord de la scène, t'imaginant là, dans un juste-au-corps à paillettes roses sous les projecteurs, le public en liesse. Tu divagues, ce n'est pas bon signe...
A mesure que le temps passe, tu te sens de plus en plus mal. La salle commence à tourner, les couleurs, la lumière, la musique se mélangent. Tu t'allonges, presque par réflexe. Le plafond tourne lui aussi, devenant oppressant. Tu te sens étouffer. Oppressé, tu restes tout de même ainsi un certain temps, fermant un peu les yeux. Réprimant un haut-le-coeur. Soudainement tu redresses, manquant d'en tomber de ton perchoir, ayant enfin tilté.
" C'est pas le LUX ici..?!" Tu descends de la scène, et t'approches de ta démarche féline d'un groupe d'hommes. Tu en repères un qui est un tout petit peu moins moche que les autres.
"Ho hello you, tu saurais me dire où on se trouve mon chou ?" dis-tu sur un ton aguicheur en t'asseyant sur ses genoux.