Les paupières entre-ouvertes tu profitais tranquillement de la fin de cette nuit relativement calme, encore juste un peu. Un homme allongé de chaque côté, tu étais agréablement cerné - si l'on pouvait dire. Souvenir, positif bien qu'assez brumeux de cette nuit. Tu aimais particulièrement ce moment de calme intense après l'excitation, comme si toute la réalité était recouverte d'un voile épais et cotonneux. Que tous les problèmes, les addictions, les limites et les trucs merdiques divers et variés paraissaient aussi distants que la rive opposée d'un cours d'eau. Ce moment précis entre l'aurore et le crépuscule, quand peu à peu les bruits de la nuit se changent en chant d'oiseaux. Avec une difficulté certaine tu t'extrais de cette étreinte. Encore une nuit. Et toujours debout. Tu soupires. T'allumes une clope et regarde le levé de soleil en te frottant l'oeil gauche - qui se trouvait à moitié collé - de la main non prise.
Le courant limpide de tes pensées t'indiqua que tu étais sobre. Enfin sobre.. Si l'on parlait de drogue. Tu trouvais toujours bien d'autres moyens de te défoncer. Ouais,.. depuis le départ de ce connard de Barty, tu n'avais plus de fournisseur attitré. Plus de fournisseur, plus de drogue, c'était un calcul plutôt simple, même pour toi. Du mouvement derrière attira ton attention. Un des beaugosse dont tu n'avais pas retenu le nom, il y en avait beaucoup trop pour qui tu ouvrais les cuisses pour que tu ne puisses retenir leurs noms à tous, vint te serrer dans ses bras. Il te murmure un
"-Salut mon Ange" à l'oreille. Tes yeux roulent dans leurs orbites. Les platitudes de ce genre, ça faisait bien longtemps que ça ne te faisais plus rien. Enfin quoi que. Mais c'était suffisant pour te remplir à nouveau de désir. Et finalement tu atterris dans la douche, avec lui. Jvais pas vous faire un dessin de ce qui s'y passe. Une douche, et une très longue sieste plus tard, tu te décidas à les quitter.
Quelque peu tremblant et chancelant sur tes jambes, tu avais finalement quitté cet appartement que tu ne connaissais pas. Bah ouais, c'était plutôt évident, que tu n'allais pas ramner toute une troupe d'inconnus à l'hôtel. Surtout connaissant tes besoins jamais assouvis dans ce domaine. L'hôtel c'était un bel endroit, tu ne voulais pas tout gâcher,
encore. Tu avais appris ta leçon, après avoir failli tout avorter. Surtout que c'est le seul endroit où te sois jamais senti chez toi. Il avait fallu que tu crèves et finisses en enfer pour ça. Tu étais pathétique...La décharge provoquée par cette bouffée de haine de toi-même te réveilla un peu. T'avais pas trop envie de rentrer dans cet état. Alors tu essayes de t'allumer une autre clope, mais tu trembles trop.
Et merde ! que tu siffles entre tes dents.
Putain de manque. Et encore là c'était encore ok.. Tu n'avais pas encore de fièvre. Pas encore d'hallucinations/délires. Même si tu avais l'impression d'être bien plus irritable, haineux et agité que ce que tu l'étais d'habitude. Et cette haine de toi-même qui t'étranglais la poitrine. Juste une journée normale dans ta vie.. Bien que d'ordinaire c'était plus fun. Fallait que tu t'en procures, et vite. Peu importe le prix. Cependant tu n'avais aucune idée de ni où ni comment. C'était plus facile en enfer bon sang, il y avait des distributeurs à tous les coins de rue. Et puis tu pouvais pas aller au LUX, tu n'aimais pas mêler vie perso et travail. Il devait bien y avoir d'autres clubs mal famés sur cette île merdique. Tu sortis ton téléphone et regarda les posts instas de certains camarades influenceurs, tu en repéra un qui avais mis en lieu Le Pandémonium. Avec un nom comme ça, tu te dis que c'était prometteur.
Pas du tout habillé pour sortir, ni maquillé, tu pénétras dans la boîte en début de soirée avec une allure effrayante. Tu faisais peur à voir. La pâleur de ta peau faisait ressortir tes cernes et bleus violacés. Tu n'étais plus qu'un spectre. Et sans maquillage tu te sentais presque nu. Et cette irritabilité à fleur de peau, peinait pourtant à colorer celle-ci. Tes cheveux et ta tenue clairs ne faisaient qu'accentuer encore un peu plus cette pâleur maladive. Tu commenças à faire le tour des tables, pour voir si ton détecteur à dealeur fonctionnait encore. Et malgré ton état, un homme finit par t'agripper le poignet. Mais même dans cet état altéré par le manque tu ne perdais pas le nord.
"-Ho hello Babe.." commences-tu sur un ton aguicheur enfin jusqu'à ce que tu l'aperçoives, ce tatouage caractéristique sur son poignet, tu te figes alors
*pas possible que ce soit lui, c'est surement un de ses potes mangemorts* penses-tu, te sentant soudain mal. Tu avales ta salives. Mets toute la force qu'il te reste pour arracher ton poignet de son emprise. Et tu oses finalement le toiser d'un regard haineux en croisant les bras sur ton torse. C'était bien lui, là à juste quelques centimètres de toi.
"-Merde..! qu'est ce que tu fous là !" dis-tu littéralement hors de toi. Tu ne t'étais même pas aperçu que tes mains tremblaient très fort. Quelles étaient les putain de probabilités que tu le recroises un jour ! Cette île était grande pourtant.... Tu ne le laissas pas même répondre, et passas la porte de sortie. Tu n'avais pas la force de deal avec ça aujourd'hui,
pas dans cet état. Incapable de contrôler ton corps, tu t'effondres pathétiquement dans la rue attenante, dos au mur de la boîte. Le monde tournait au tour de toi, tu posas ta tête sur tes genoux.