(TERMINE) Sujet aléatoire - Arthur & Sophie & Sabrina

Sabrina avait pris l’habitude d’aller faire quelques courses dans ce super-marché. Elle aimait venir prendre de quoi grignoter dans sa chambre le soir, en regardant une série ou en bouquinant un peu. Ce soir ne faisait pas exception à la règle. Sabrina était déjà en retard, mais elle avait envie de passer au petit commerce du coin. Elle espérait ne pas trop traîner et rentrer le plus vite possible avant que la directrice de l’orphelinat ne s’aperçoive de son absence.

Alors que Sabrina regardait les rayons avec attention, elle se fit bousculer par un jeune homme qui s’était excusé presque aussitôt. « Excusez-moi. » Même si elle n’y était pour rien, elle s’excusait tout de même, retournant presque aussi rapidement le regard vers les articles qui lui donnaient envie.

À peine quelques secondes plus tard, un appel avait raisonné dans le petit magasin. Ce dernier allait fermer ses portes et il était temps de rejoindre les caisses. Il devait réellement se faire tard et Sabrina n’avait pas encore choisi tout ce qu’elle voulait. Tant pis, elle allait devoir se contenter du minimum.

Alors que Sabrina se rendait en caisse, elle entendit un énorme bruit sourd, avant de s’effondrer au sol. Recevant des objets sur elle, des marchandises, des étagères… tombaient et volaient de partout, le sol tremblait... Sabrina n’avait aucune idée de ce qui était en train de se passer, cela ressemblait à un tremblement de terre, mais comment en être certaine.

Légèrement blessée à la tête, Sabrina s’était remise debout. Sa vision était assez trouble et seules les lumières de secours étaient allumées. La blonde était persuadée de ne pas être seule dans le magasin. Il y avait au moins cet homme qui l’avait bousculé et sans doute quelques membres du personnel. « Est-ce qu’il y a quelqu’un ? » La blonde était prête à apporter son aide si quelqu’un en avait besoin. Et pour être honnête, elle voulait se rassurer en ne se sachant pas seule, bloquée dans ce magasin. Elle avait beau être une sorcière, elle ne se sentait pas toujours en sécurité.

Sophie avançait de rayon en rayon, un panier en mains qu'elle remplissait de toutes les cochonneries qu'elle trouvait sur les étagères. Ses placards étaient affreusement vides et il était temps pour elle de refaire les stocks. Biscuits, bonbons, chocolat et plats surgelés dans le panier, la jeune femme s'apprêtait à entrer dans le rayon suivant pour ajouter quelques boissons dans son panier. Rien de tel que du soda pour accompagner les sucreries et les plats préparés. Sauf qu'à peine entrée dans ce nouveau rayon, elle fut stoppée dans son avancée en sentant le sol qui se mettait à trembler. D'abord doucement puis plus violemment. Tout autour d'elle volait et s'écrasait au sol dans un fracas effrayant. Sophie resta sans bouger pendant un temps qui lui semblait être une éternité. Elle ne réalisait qu'elle devait se bouger que lorsqu'elle reçut elle ne sait quoi en plein visage. Son panier se déversant sur le sol, Sophie s'était réfugiée dans un coin du magasin, le plus proche du rayon.

Sophie ignorait tout de la conduite à tenir en cas de tremblement de terre, elle n'avait reçu aucun entraînement, aucune mise en garde. Alors elle faisait ce que son cerveau lui dictait, essayant de se protéger de la chute de tout ce qui se trouvait dans ce magasin. Elle s'était alors accroupie, recroquevillée, ses bras essayant désespéramment de protéger son visage. Elle était terrifiée, apeurée. C'était un sentiment qu'elle ressentait de plus en plus dans cette ville depuis quelques mois. Elle n'était pas la ville tranquille que tous imaginaient depuis leurs arrivées. Elle l'avait été. Un temps, seulement. Et cette nouvelle lune rouge avait réveillé quelque chose chez les habitants et dans cette ville, elle-même.

La jeune fille priait tout ce qu'il était possible de prier pour s'en sortir, pour que tout cela cesse rapidement. Il faisait complètement noir, désormais Sophie ne pouvait apercevoir qu'une faible lumière émanant d'elle ne sait où. Elle ignorait combien de temps tout cela avait duré. Ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne pouvait pas sortir. Lorsque le sol cessa de trembler et que Sophie ouvrit de nouveau les yeux, elle remarqua qu'elle était bloquée par une, ou peut-être plusieurs, étagères qui étaient tombées sur elle sans qu'elle ne s'en aperçoive. Elle avait sans doute vraiment eu très peur pour ne pas remarquer ça. Le miracle là-dedans était qu'elles ne lui étaient pas tombée dessus, retenues par les deux murs du coin. Il y avait bien un minuscule espace au milieu des débris, sur l'un des deux côtés, mais impossible pour elle de se faufiler là-dedans, c'était bien trop petit. « J'ai besoin d'aide, s'il vous plaît... » essayait-elle de crier, priant pour qu'on l'entende. Elle craignait d'essayer de bouger et de faire tomber cette chose sur elle, d'autant plus qu'elle n'y voyait pas assez pour voir correctement ce qui la bloquait.

Le décor était apocalyptique. Des étagères et des objets étaient étalés partout sur le sol. La terre avait tremblé, enfin, c’était ce que Sabrina en avait déduit. Il y avait eu un tremblement de terre et il avait fait de gros dégâts. Heureusement, la blonde n’avait été que légèrement blessée au visage. Elle avait reçu de nombreux objets sur le corps, mais rien de très imposant. Une fois debout à nouveau, Sabrina cherchait du regard les personnes qui étaient là quelques secondes plus tôt, mais il n’y avait personne à l’horizon.

Alertée par des cris, alors qu’elle cherchait toujours s’il y avait encore des gens ici, elle se dirigea le plus rapidement possible vers la voix. En arrivant au bon endroit, il y avait cet homme, celui qui l’avait bousculé quelques minutes plus tôt. Sabrina ne l’avait pas bien vu, mais elle en était presque certaine, ça devait être lui. Le brun semblait essayer d’aider la jeune femme qui avait appelé à l’aide. Elle devait être coincée derrière ces étagères et elle ne pouvait sans doute pas bouger. L’inconnu réussi à soulever les deux étagères pour dégager un passage à la jeune femme qui était coincée derrière. Sur le coup, Sabrina fut surprise de voir une personne réussir à soulever un tel poids sans difficultés ou presque. Très vite rappelée à la vérité, la blonde s’était avancée vers les deux inconnus. « Est-ce que tout va bien ? » À première vue, personne ne semblait gravement blessé, mais Sabrina préférait s’en assurer. S’agenouillant près de la jeune femme, Sabrina chuchotait quelques mots, histoire de protéger la jeune femme pendant une petite minute, le temps qu’elle sorte de là saine et sauve. Sans oublier de lui donner un peu de courage pour une même durée. Elle semblait effrayée et l’homme n’allait peut-être pas tenir indéfiniment, la sorcière devait utiliser un peu sa magie, tout en restant discrète pour le moment. « Attrapez ma main, je vais vous aider à vous faufiler. » Dans un moment comme celui-là, il fallait se montrer solidaire.

S'il y avait bien une chose de certaine, c'était que Sophie n'avait pas imaginé terminer sa soirée ainsi. Elle pensait rentrer tranquillement chez elle, avec ses quelques courses et se jeter dans son lit pour grignoter toute la soirée devant un livre. C'était ce qu'elle préférait lorsqu'elle devait rester chez elle, seule, à s'ennuyer. Finalement, cette ville en avait décidé autrement en lançant sur eux un tremblement de terre. Sophie était effrayée, évidemment et elle ignorait comment elle devait se comporter pour se protéger au mieux. Alors elle s'était réfugiée dans un coin, baissée, les bras lui protégeant au mieux le visage. Par miracle, elle n'était pas écrasée sous ces imposantes étagères. Elle ignorait d'ailleurs par quelle chance ces étagères s'étaient toutes retenues les unes grâce aux autres ou grâce aux murs, elle n'en savait rien puisqu'il faisait trop sombre pour qu'elle y voit correctement. Au final, était-ce vraiment une chance ? Et si elle finissait ici, toute seule, coincée derrière ces étagères avec personne pour la libérer ? Elle paniquait et elle hurlait pour demander de l'aide, dans l'espoir de voir quelqu'un débarquer.

Fort heureusement pour elle, quelqu'un avait fini par venir à son secours. Un homme lui assurant qu'il allait l'aider. Sophie était effrayée, plus encore lorsqu'elle entendit les grincements lui faisant craindre de finir, finalement, écrasée sous ce qui était encore, quelques minutes plus tôt, des rayons remplis de vivres. Sophie l'entendait bien lui demander de ramper pour sortir, mais elle se disait que si elle s'éloignait de ce coin de mur qui l'avait protégé et que l'homme relâchait tout, elle finirait forcément écrasée et ces étagères étaient lourdes. Elle se demandait déjà comment il faisait pour soulever ça tout seul, elle ne pouvait s'empêcher de se questionner sur combien de temps il en serait capable. Sophie était plutôt courageuse en règle générale, mais elle avait peur. Et cette fois-ci la peur l'empêchait de réagir comme il le fallait. « Je ne peux pas... » souffla-t-elle, morte de peur. Puis finalement, elle entendit une autre voix, féminine. Et étrangement, sans comprendre pourquoi ou comment, Sophie se sentit envahie d'un immense courage. Elle souffla alors un bon coup, et se dirigea vers la sortie offerte par l'homme. Lorsqu'elle le put, elle attrapa la main de la jeune femme pour finir le court chemin qui la séparait finalement de la sortie. Une fois passée, elle sentit le courage redescendre aussitôt. Elle ne se releva pas, elle avait besoin d'un peu de temps pour comprendre qu'elle était sortie de là et elle ne prit même pas le temps de relever les yeux pour regarder ceux qui venaient de l'aider. Il lui fallait réaliser qu'elle était vivante et à peine blessée. A en croire les douleurs, elle n'aurait rien de plus que des égratignures et des bleus sur tout le corps. Ce n'était rien à côté de cette idée qu'elle aurait pu finir écrasée. « Merci. » souffla-t-elle simplement. « Merci de ne pas m'avoir laissé là... » parce que certaines personnes auraient pu fuir, sans se soucier d'éventuels blessés ou bloqués, mais eux étaient restés là et l'avaient aidés.

En errant dans les rayons, Sabrina était tombée sur un homme. Il était de dos, il faisait sombre et Sabrina n’y voyait que très peu, mais elle avait l’impression que cet homme était en train d’aider une autre personne. En l’espace d’une seconde Sabrina avait compris qu’elle avait vu juste. Une jeune femme était coincée et elle se devait d’apporter son aide. Sabrina avait récité une petite formule discrètement, avant de se mettre au sol pour aider la jeune femme. En l’espace de quelques secondes l’inconnue était sortie, saine et sauve. Quand l’inconnu la félicita, Sabrina s’était contenté de sourire, un peu gênée, même s’il n’y avait aucune raison. Une fois dehors et remise du mieux qu’elle pouvait de ce qui venait de se passer, la femme s’était mise à les remercier de ne pas l’avoir abandonné. « Il n’y a pas de quoi, vraiment. » Ni Sabrina ni cet homme ne l’avait laissé seule, Sabrina n’aurait jamais pu l’abandonner là et apparemment cet homme non plus.

Sophie ? En regardant de plus prêt, Sabrina avait elle aussi reconnu cette femme. Sophie de Réan. Elle était souvent à l’orphelinat, lieu de vie de la jeune Sabrina. La directrice, Camille, était sa demi-sœur, par conséquent, elles s’étaient vu de nombreuses fois et avaient même souvent échangés quelques mots. Sabrina fut d’autant plus soulagée en voyant qu’elle n’avait rien de grave. Un sourire s’était légèrement dessiné sur son visage. « Sophie, je suis contente de savoir que tu vas bien. » Sabrina s’était écartée un peu, regardant autour d’elle pour apercevoir la moindre petite sortir, mais il n’y avait rien. « On doit trouver un moyen de sortir d’ici, avant que quelque chose d’autre n’arrive. » Sabrina craignait qu’un autre tremblement de terre est lieu. Ils devaient tous les trois sortir le plus vite possible, puisqu’ils semblaient étrangement se retrouver seuls ici. Sabrina ne voulait pas utiliser sa magie devant les autres, mais si elle n’avait pas le choix, elle le ferait. Et puis dans le pire des cas, elle utiliserait une formule d’oublie sur eux.

Trouver une sortie allait être compliqué, voir impossible, mais il fallait tenter. Sabrina commençait à marcher, essayant d’éviter au mieux les objets qui se trouvaient sur le sol. Il faisait très noir et voir à plus de quelques centimètres était très compliqué. Les lumières de secours n’étaient pas assez fortes pour éclairer correctement.

Sophie était restée assise une fois sortie de sa prison. Elle avait senti tout le courage retomber d'un coup, lui faisant comprendre ce qui venait de se passer. Elle tremblait. Elle avait peur. Et elle avait besoin d'une minute pour se calmer. Néanmoins, elle prit le temps de remercier ses deux sauveurs. C'était le moins qu'elle puisse faire. Elle leur devait vraiment beaucoup. Ils auraient très bien pu chercher à se sauver, en la laissant ici, seule à attendre désespéramment les secours. Les deux lui affirmèrent que ce n'était rien. Que c'était normal. A la question de l'homme, à savoir si elle était blessée, elle avait mis un certain temps à réfléchir ou alors tout avait été rapide, en réalité, elle ne savait plus très bien. Hormis quelques égratignures et bleus, elle n'avait rien. Alors elle fit non de la tête.

Puis elle fut surprise d'entendre son prénom. Ce fut d'abord l'homme qui prononça son prénom, comme s'il la connaissait. Elle se releva alors, tentant de tenir sur ses jambes tremblantes, se tournant totalement vers l'homme qu'elle reconnut enfin, maintenant qu'elle réussissait à voir son visage, malgré l'obscurité du magasin. « Arthur. » souffla-t-elle, comme pour confirmer que c'était bien elle, en hochant la tête. Puis, elle fut surprise une deuxième fois, en entendant de nouveau son prénom, cette fois-ci prononcée par l'autre femme présente ici. Sophie se retourna donc vers elle, la reconnaissant également aussitôt. Sabrina, une fille qui vivait à l'orphelinat tenu par la demi-soeur de Sophie. « Sabrina. » sortit-elle, pour lui montrer également qu'elle l'avait reconnu. Décidément, le hasard avait bien fait les choses. Et ça rassurait Sophie de se savoir en sécurité, près de deux personnes qu'elle connaissait. Sophie était semblable à une enfant parfois, et dans ce genre de situation, il y avait bien peu de chances qu'elle prenne les bonnes décisions ou qu'elle se débrouille vraiment toute seule, alors heureusement qu'elle n'était pas seule. « Et vous, vous allez bien ? » demanda-t-elle alors pour se rassurer.

Puis Sabrina reprit la parole, affirmant qu'il fallait trouver un moyen de sortir avant qu'une autre chose ne leur tombe dessus. Cela ne rassurait pas vraiment Sophie, au contraire. « Tu penses qu'il pourrait y avoir un autre tremblement de terre ? » Elle priait pour que ça n'arrive pas. Le magasin était déjà dans un sale état, qui sait s'il pouvait en supporter un autre. « Il doit bien y avoir une sortie de secours, non ? Ou peut-être qu'on peut utiliser l'entrée principale ? » Peut-être était-ce stupide. Sans doute que tout n'allait pas être si simple, mais Sophie pensait au plus simple en priorité. Comme toujours.

Sophie était hors de danger. Tous les trois semblaient n’avoir aucune blessure grave et c’était sans doute une bonne nouvelle. En revanche, Sabrina n’arrivait pas à s’expliquer la disparition des autres personnes qui se trouvaient dans le magasin juste avant le tremblement de terre. « Je vais bien également, merci de t’en inquiéter. » Sabrina sourit à Sophie, même si elle n’était pas très effrayée par la situation, savoir qu’une connaissance était à ses côtés était rassurant.

Ils n’étaient pas en sécurité ici, tout était instable et une autre secousse était tout à fait possible. Sans perdre de temps, Sabrina et les deux autres devaient regagner la sortie. La jeune femme savait que ça n’allait pas être simple, mais ils devaient essayer. Arthur semblait d’accord avec elle, l’endroit était désormais dangereux.

Il fallait enjamber les débris, éviter les étagères et essayer de ne pas se blesser. Mais comme l’avait dit Sophie, il fallait essayer de regagner l’entrée principale ou la sortie de secours. Il y avait peu de chance pour que l’accès soit simple, mais ils devaient tout de même essayer. Sabrina commençait à avancer avant qu’Arthur ne prenne les devant, tous les deux suivis par Sophie. L’entrée principale semblait être non loin d’eux, juste devant, à quelques pas. Sabrina espérait, malgré elle, que l’entrée soit accessible, elle espérait être dehors dans quelques secondes, mais à en croire la réaction d’Arthur, ce n’était pas le cas. Sabrina s’était avancée un peu plus à son tour, avant de voir que la porte d’entrée était, en effet, totalement inaccessible. « Nous devons essayer la sortie de secours. » C’était sans doute évident, ils n’allaient pas attendre de l’aide extérieur qui n’allait peut-être jamais arriver. Et si cette porte était également bloquée, Sabrina allait peut-être devoir utiliser la magie. Même si elle avait peur de l’utiliser devant d’autres personnes, sans doute étrangère à cette magie. Heureusement, Sabrina savait qu’elle pouvait leur faire oublier qu’elle était une sorcière si cela s’avérait utile, alors normalement, il n’y avait pas de quoi s’inquiéter.

Évidemment que Sophie aurait préféré ne jamais avoir à vivre ça, mais quitte à y être obligée, elle préférait autant que ce soit en compagnie de deux personnes qu'elle connaissait : Arthur et Sabrina. Elle se sentait davantage en sécurité et rassurée. Après s'être assurée que Sophie allait bien, elle leur retourna la question à tous les deux. Sophie n'était pas blessée, rien de plus que quelques coups et égratignures. Elle espérait que c'était la même chose pour ses deux compagnons. Elle n'aimerait nullement les savoir blessé.

Puis fut évoqué la possibilité d'une réplique. Cela inquiéta immédiatement Sophie qui ne se sentait pas prête à vivre ça et qui craignait, en plus de tout, que le bâtiment ne tienne pas après une autre secousse. Il était déjà en très mauvais état. « Et s'il y a une autre secousse, les murs ne tiendront jamais ? » Ce n'était pas vraiment une question, elle cherchait surtout à être rassurée. Sophie ne voulait entendre qu'une chose : que ce bâtiment était plus solide qu'il en avait l'air et qu'il n'allait pas leur tomber dessus. Il fallait alors sortir au plus vite. La jeune femme proposa donc de trouver rapidement la sortie de secours ou la porte principale, espérant bêtement qu'il suffirait de franchir une porte grande ouverte et se retrouver dans la rue, en sécurité. Sophie suivit alors ses deux amis, partis en avant, vers la porte. Elle enjamba sans trop de difficulté tous les obstacles sur sa route. Heureusement, ça ne représentait presqu'aucune difficulté pour Sophie qui avait l'habitude de grimper aux arbres et de faire toutes ses bêtises autrefois. Comme quoi, ça lui avait bien servi un jour.

Les mots d'Arthur firent immédiatement comprendre à Sophie la situation. La porte était inaccessible. Comment autant de choses avaient pu s'accumuler devant cette porte, bloquant totalement l'accès ? Il fallait essayer la sortie de secours, Sabrina avait raison. Sophie s'avança donc avec ses deux compagnons, persuadée de savoir où était la sortie de secours pour l'avoir vu deux minutes avant la secousse. « Mais j'étais certaine qu'elle était ici... » souffla Sophie, cherchant du regard une réponse de ses amis. La porte avait-elle pu disparaître comme ça, comme par magie ? Ou se trompait-elle tout simplement. « On ne sortira jamais d'ici... » marmonna-t-elle, cette fois-ci davantage pour elle comme une révélation, même si ses amis l'avaient sans doute entendu.

La sortie était bloquée. Impossible pour eux de sortir par là. L’issue de secours était, elle, peut-être encore accessible. Ils devaient aller voir, avec un peu de chance, ils pourraient passer par cette porte pour sortir de ce cauchemar. Après avoir enjambé de nombreux débris, le groupe arriva devant cette fameuse sortie de secours. Enfin, presque… Cette dernière n’était pas visible, sans doute bloquée par tous les débris qui s’y trouvait. « Ne t’en fais pas Sophie, nous allons trouver une solution. » Sabrina en avait bien une, elle avait récupéré une partie de ses pouvoirs et elle pouvait s’en servir, mais elle ne pouvait pas le faire devant ces humains.

Arthur s’était avancé, pour tenter de désencombrer l’entrée, mais à peine avait-il posait les mains sur les débris que des bruits se faisaient entendre. Rien de bon. S’il essayait de bouger quoi que ce soit, s’il tenter de dégager la porte, tout allait leur tomber dessus, il n’y avait aucun doute à avoir là-dessus. Sabrina ne pouvait pas rester les bras croisés. Elle ne pouvait pas attendre que tout s’arrange tout seul. Elle ne pouvait pas non plus les laisser mourir tous les trois ici. Elle avait les moyens de les aider, peut-être même de les sauver, alors elle devait agir et dans le pire des cas, elle pouvait effacer la mémoire de Sophie et Arthur. Elle pouvait leur faire oublier qu’elle était une sorcière et inventer une autre explication à leur sauvetage, une explication plus "humaine". Elle l’avait déjà fait avec Harvey et tout avait très bien fonctionné, elle pouvait très bien le refaire aujourd’hui. « Non, je n’ai aucun téléphone sur moi. Et je suppose que Sophie n’en a pas non plus. » Sabrina l’avait déjà entendu dire, qu’elle avait peur de toute cette technologie et qu’elle refusait de s’en servir, cela n’avait sans doute pas changé, bien que Sabrina pouvait être étonnée. Sabrina pouvait utiliser la télékinésie pour bouger tous les débris, mais Arthur avait déjà tenté de le faire manuellement et cela n’avait pas réussi. Il fallait trouver autre chose et vite. La projection astrale était peut-être la bonne solution pour prévenir les secours. « Écoutez… J’ai… J’ai peut-être une idée. Tout cela va sans doute vous paraître complètement fou. Vous allez peut-être avoir peur et je comprendrais, mais… Je ne suis pas dangereuse. » Beaucoup de mots pour tenter d’expliquer ce qu’elle allait faire. La jeune femme s’était allongée parmi les débris sur le sol. Elle n’avait pas tout ce qu’il fallait, mais cela pouvait peut-être fonctionner malgré tout. La blonde se mit à réciter quelques mots en latin, elle récitait une incantation pour être exacte. En quelques instants, elle s’était retrouvée à l’extérieur, mais il n’y avait personne autour du magasin, tout semblait même étrangement normal vu de dehors. Impossible pour Sabrina de contacter quelqu’un. La ville se jouait d’eux. Ils devaient se débrouiller seuls, sans aide extérieure. Sans succès, Sabrina pouvait revenir à elle.

Sophie commençait à désespérer. La porte d'entrée était inaccessible. La porte de secours semblait l'être tout autant. Comment était-ce possible ? Comment la ville pouvait s'acharner autant sur eux ? Pourquoi eux d'ailleurs ? Elle n'en pouvait plus. Ses nerfs étaient doucement en train de lâcher et la peur prenait peu à peu le dessus, craignant ce qui pouvait arriver encore. Ils étaient coincés dans ce bâtiment. Les sorties étaient barrées. Aucun secours ne semblait arriver. Sophie priait de toutes ses forces pour se réveiller et voir qu'il ne s'agissait, en réalité, que d'un mauvais rêve. Ça ne pouvait être que ça.

Heureusement, elle n'était pas seule. Elle avait la chance, quelque part, de vivre ça avec deux personnes qu'elle connaissait un minimum. Deux personnes qui semblaient tout faire pour les sortir d'ici. Sabrina tenta de la rassurer par quelques mots, mais Sophie n'y répondit que par un haussement d'épaules, commençant à ne plus y croire. Arthur tenta même de faire bouger ce qui bloquait la sortie de secours. Tentative qui avait échoué lorsqu'il s'était rendu compte que libérer la sortie les condamnerait tous à être écrasés par la chute de tous ces débris sur eux. Arthur demanda alors si l'une d'elles avait un téléphone. Sophie n'en avait jamais. Elle détestait tout ça, toute cette technologie. Le seul téléphone qu'elle avait été chez elle, dans un tiroir et elle ne l'utilisait qu'en cas d'urgence pour joindre sa soeur. Sabrina devait connaître ce trait chez Sophie puisqu'après avoir affirmé qu'elle n'avait pas de téléphone, elle supposait que Sophie non plus. « En effet, je n'en ai pas. » souffla la jeune fille, se détestant presque d'avoir en horreur ces machines.

Arthur avait également proposé de trouver une brèche dans un mur, mais Sabrina proposa quelque chose à tenter d'abord. Sophie ne comprit rien à tout ce qu'elle disait, au pourquoi elle disait ça. Elle ne comprit pas plus lorsque la jeune femme s'allongea sur le sol, récitant quelques mots en latin. Etait-ce pour elle une façon de se rassurer ? Se sentait-elle mal et avait-elle besoin de se calmer ? Avait-elle besoin d'une aide quelconque ? « Que fait-elle ? » demanda Sophie à Arthur, peu rassurée, après avoir fait un pas en arrière. Il lui fallait des explications, et elle se disait que, peut-être, Arthur comprenait parfaitement ce qu'elle faisait. Peut-être qu'il s'agissait encore une fois d'une chose habituelle dans ce monde, mais nouvelle pour Sophie. « Sabrina ? » souffla alors Sophie, ne comprenant pas pourquoi la jeune fille semblait comme absente. Puis, elle rouvrit les yeux, sans que rien de particulier ne se soit passé. Sophie était encore plus perdue qu'auparavant. « Que se passe-t-il Sabrina ? Qu'as-tu fait ? » Si Sophie avait bien besoin d'une chose en ce moment, c'était de ne pas ajouter de nouveaux mystères à toute cette histoire et de comprendre, d'être rassurée.

Sabrina commençait à perdre espoir. Rien ne fonctionnait. À chaque fois qu’elle pensait qu’ils allaient s’en sortir, quelque chose n’allait pas. Comment le destin pouvait-il autant s’acharner contre eux trois ? Rien n’y faisait. Sans l’aide de la magie, ils n’allaient sans doute pas s’en sortir. Si Sabrina n’avait plus réellement de règle avec ses pouvoirs, elle hésitait pourtant à les utiliser désormais. La blonde utilisait ses pouvoirs quand elle en avait envie, pour s’amuser ou pour donner des leçons aux autres parfois. Ses tantines n’étaient pas là pour lui mettre de limites, alors elle faisait ce qu’elle voulait, quand elle le voulait. Mais là, elle hésitait. Elle connaissait Sophie et elle n’avait pas envie que cette dernière, trop pipelette, aille parler à d’autres. Le secret de Sabrina deviendrait dangereux pour elle. Et en ce qui concernait Arthur, elle ne connaissait rien de lui. Elle ne savait pas comment il réagirait face à tout cela et il pouvait être une vraie menace pour la sorcière dès le départ.

Plus le temps de se poser des questions. Il fallait agir et vite. Sabrina n’avait pas envie de rester enfermer là encore longtemps. Dans le pire des cas, elle utiliserait la magie pour effacer ces souvenirs de la tête de Sabrina et d’Arthur. Elle ne pouvait plus attendre et prendre le risque que quelque chose arrive encore. La jeune femme commençait à s’expliquer, ne trouvant pas les mots. Elle voulait prévenir les deux personnes que ce qu’elle allait faire n’était pas courant, ils ne devaient pas prendre peur. La blonde s’était allongée par terre avant de prononcer quelques mots en latin. L’espace d’un instant, son corps était inconscient, mais son esprit lui était ailleurs. Sabrina n’avait plus conscience de ce qui était en train de se passer à l’intérieur du magasin.

Quand la sorcière repris conscience, elle fut questionnée par les deux personnes qui se trouvaient face à elle, ce qui n’était pas étonnant. « Je préfère le mot sorcière, mais oui, c’est ça. » Arthur ne semblait pas surpris. Peut-être qu’il avait déjà côtoyé des personnes comme Sabrina, peut-être qu’il était lui-même un sorcier. « J’ai simplement utilisé ma forme astrale pour aller à l’extérieur du magasin. Mais il n’y avait rien à l’extérieur. » Sabrina s’adressait désormais à Sophie, puisque cette dernière semblait se questionner elle aussi. « Non, ce nom ne me dit rien. » Sabrina fit non de la tête. En effet, elle ne connaissait pas le nom de cette magicienne. « Je sais que ce n’est pas très courant, même si pour vous Arthur, ça n’a pas l’air très surprenant. Je répondrais à toutes vos questions à vous et à toi Sophie, mais pour le moment, on doit trouver un moyen de sortir et si je peux utiliser la magie pour aider je le ferai avec grand plaisir. » Et juste après ça, juste avant de se séparer, Sabrina n’oubliera pas de leur supprimer tous souvenirs de magie.

Autrefois, Sophie aurait pu trouver ça presque drôle. Aujourd'hui, tout était trop différent. Trop compliqué. Les incompréhensions s'accumulaient, les peurs aussi et les doutes. Sophie n'arrivait plus à comprendre ou à se rassurer. Ce monde était trop étrange pour elle et même le temps ne faisait pas qu'elle s'y habitue.

Vivre un tremblement de terre n'était déjà pas chose facile. Se retrouver coincée avec la sensation qu'il n'existait aucune issue, non plus. Heureusement dans son malheur, elle s'était retrouvée avec deux personnes qu'elle connaissait. Ou qu'elle croyait connaître plutôt. Dans un geste inexpliqué, Sabrina s'était allongée sur le sol, les yeux fermés. Que pouvait-elle bien faire ? Sophie se questionnait et questionnait les autres autour d'elle, mais n'obtenait pas de réponse autre qu'Arthur qui tentait de la protéger de son bras pour l'empêcher de s'approcher. Sabrina était-elle en train de faire quelque chose de dangereux ? Pourquoi Sophie n'y comprenait rien ? Et pourquoi personne n'expliquait rien ? C'en était trop. Sophie ne put que fixer Arthur lorsqu'il demanda à la blonde si elle était une magicienne ? Vraiment ? Une magicienne comme celle des livres ? Sophie trouvait ça à la fois excitant et effrayant. Sabrina ne ressemblait pas aux horribles magiciennes que l'on décrivait parfois dans les livres, mais peut-être jouait-elle un jeu depuis tout ce temps ? Si l'idée que la magie puisse exister rendait Sophie curieuse, elle était effrayée à l'idée de se retrouver enfermée avec eux. Enfermée avec des gens dont finalement elle ne savait pas grand chose et dont elle ignorait les intentions ou ce dont ils étaient capables. « Tu es comme elle ? » questionna alors Sophie. Il parlait que dans son monde, ils étaient nombreux, il n'avait jamais évoqué qu'il appartenait au monde de la magie lui-même, mais Sophie n'avait pas fait attention à ce petit détail, toujours surprise par ce qu'elle venait d'apprendre. « Mais tu ne peux pas être une vraie sorcière, tu ne ressembles en rien à celles des histoires ! » Sophie n'avait en tête que les horribles vieilles sorcières qui peuplaient les contes et autres histoires qu'elle affectionnait particulièrement. Il y avait bien quelques bonnes sorcières là-dedans, mais Sophie les oubliait, simplement. « Camille est au courant ? » demanda-t-elle de nouveau à la blonde, se fichant totalement de sa recommandation et de sa demande pour poser les questions plus tard. Sophie avait besoin de réponses maintenant et l'idée que sa soeur puisse lui avoir caché quelque chose comme ça, la mettait en colère. « Tu lui fais confiance ? » demanda-t-elle, cette fois-ci, à Arthur, cherchant une réponse aux questions qu'elle se posait. « Tu n'as pas peur d'elle et de ce qu'elle peut faire ? » parce que Sophie, si. Et qu'elle était désormais trop concentrée sur sa nouvelle peur et sa curiosité pour tenter de réfléchir à une solution pour sortir d'ici.

Sabrina n’avait pas eu d’autres choix. Elle venait d’exposer sa magie devant d’autres personnes. Elle n’avait pas envie de rester coincer là et elle n’avait pas envie de condamner Sophie et Arthur alors qu’elle avait peut-être les moyens de les faire sortir. Dans le pire des cas, elle connaissait la formule qui effaçait certains souvenirs, Sabrina pouvait très bien s’en servir sur eux. Cette magie semblait étonner Sophie, elle semblait même en être effrayée. Sabrina avait toujours craint d’être rejeté par ses proches à cause de sa magie et vivre même ce petit aperçu avec Sophie n’avait rien d’agréable. En revanche, Arthur ne semblait pas étonné. Il semblait connaître la magie, car son monde semblait la connaître également. La question de Sophie fut pertinente, si Arthur en connaissait autant, il était peut-être sorcier lui aussi. Sabrina attendait la réponse avec une certaine impatience, ne sachant pas réellement pourquoi. À la réponse de l’homme, la blonde compris qu’elle était la seule sorcière du magasin. Elle était peut-être la seule à pouvoir les aider à sortir de là. De toutes façons, maintenant, elle n’avait plus à se cacher, elle pouvait user de sa magie comme elle le désirait, en faisait attention à ne pas trop effrayer Sophie.

Sophie avait de nombreuses questions en tête, mais le temps pressait. Sabrina n’allait pas pouvoir répondre à chacune d’elle. Le magasin n’était plus du tout un endroit sûr et ils devaient tous les trois sortir très rapidement et sain et sauf. « Sophie, les sorcières n’ont pas de nez crochus, de chapeaux pointus. Elles ne sont pas vieilles et méchantes, n’ont pas de chats noirs, ne volent pas sur un balai… Les sorcières sont comme moi. Je suis une sorcière. » Même si Sabrina avait un chat noir et qu’elle avait déjà volé sur un balai, ça ne faisait pas d’elle une horrible sorcière comme celles que l’on trouvait dans les histoires pour enfants. « Non, Camille n’est pas au courant et tu ne dois rien lui dire. » Sabrina commençait à regretter. Elle avait peur que sa vie bascule à cause de Sophie. La blonde en était de plus en plus convaincue, Sophie ne pouvait pas garder ce souvenir, elle ne pouvait pas se souvenir que Sabrina était une sorcière.

L’heure n’était vraiment plus aux questions et Sabrina le fit gentiment comprendre à Sophie, avant d’être soutenue par Arthur. Comme le disait ce dernier, le toit n’allait sans doute pas tarder à céder, ils étaient tous les trois en danger et devaient fuir vite. La question de Sophie fut blessante, elles se connaissaient depuis longtemps maintenant. Elles s’étaient parlé de nombreuses fois. Sabrina avait toujours été bienveillante envers Sophie et désormais, la rousse se méfiait d’elle. Heureusement, les paroles d’Arthur étaient rassurantes. Même s’ils ne se connaissaient pas, il semblait lui faire un minimum confiance, du moins pour le moment. Et comme il l’avait souligné, Sabrina les avait déjà aidés. Elle aurait très bien pu prendre la fuite seule les laissant se débrouiller, pourtant, elle était là à leur côté. Sans oublier qu’elle avait pris des risques, en aidant Sophie, elle avait avoué ce secret qu’elle tentait de cacher précieusement, alors que cela était risqué. « Sophie, on se connaît. Je suis la même qu’il y a une semaine. Tu peux me faire confiance, je n’ai aucune envie de vous faire du mal, au contraire, je veux sortir d’ici avec vous. Je veux vous aider. » De nouveaux tremblements venaient de se faire ressentir. Il n’y avait vraiment plus de temps à perdre. Sabrina savait très précisément ce qu’elle devait faire pour les aider à sortir de là. La blonde tendit une main en direction d’Arthur, une en direction de Sophie. Elle espérait qu’ils acceptent de la lui prendre sans faire d’histoires. « Prenez ma main, je vais tenter de réciter une formule de protection. Ne vous en faites pas, ce n’est pas douloureux, c’est simplement une précaution. » Sabrina l’avait déjà fait par le passé, elle savait que cela pouvait les protéger. Une fois le sort de protection jeté, la brune allait tenter d’utiliser ses pouvoirs pour déplacer par l’esprit les débris, pour qu’ils puissent se frayer un chemin vers la sortie. Il n’y avait plus qu’à espérer que tout cela fonctionne.

En d'autres circonstances, peut-être que Sophie aurait été ravie de savoir que Sabrina était une sorcière. L'idée l'aurait peut-être même amusée et elle en aurait même profité. Sauf que là, Sophie était en plein cauchemar : plongée dans un magasin à moitié détruit par un tremblement de terre avec deux personnes qu'elle croyait connaître, mais qu'elle connaissait si mal finalement. Elle n'était pas rassurée et elle n'avait nullement envie d'attendre d'être sortie d'ici pour en discuter. Il lui fallait leur faire confiance, mais ce n'était pas facile s'ils refusaient de discuter. Bien qu'il était tout à fait logique de prioriser la sortie avant la discussion. Qui sait combien de temps ce bâtiment tiendrait encore ? « Vous me cachez d'autres choses importantes ou c'est bon cette fois-ci ? » se vexa-t-elle lorsqu'Arthur avoua qu'il n'était pas un sorcier comme Sabrina, mais qu'il pouvait se servir de certains objets magiques. Bien sûr, ils ne lui avaient rien dit, sans doute parce qu'ils n'étaient pas suffisamment proches pour ça, mais le découvrir dans ces circonstances, ce n'était pas simple.

Sophie ne pouvait s'empêcher de continuer à poser ses questions. Cette fois-ci, elle s'adressa de nouveau à Sabrina. Il était impossible qu'elle soit une sorcière, elle ne ressemblait pas aux sorcières que connaissait Sophie dans ses histoires. La réponse de Sabrina n'aidait pas vraiment Sophie, ou plutôt, elle ne voulait pas que cette réponse l'aide. La jeune fille se contenta alors de la regarder bêtement, incapable de trouver quoi lui répondre. A la place, elle continuait de poser ses questions, cette fois-ci en demandant si Camille était au courant. « Tu lui mens ? Et tu me demandes de faire la même chose ? » On lui apprenait depuis toujours qu'il ne fallait pas mentir, mais malgré tout on le lui demandait. Elle s'imaginait mal discuter avec Camille, la voir et lui mentir chaque jour. Sauf qu'elle n'avait, semble-t-il, pas le choix.

Les deux se mirent alors d'accord, les discussions attendraient. Il fallait d'abord sortir d'ici avant que le bâtiment ne leur tombe dessus. L'idée ne plaisait pas du tout à Sophie, mais elle se résignait puisqu'elle n'avait pas vraiment le choix. Elle posa une dernière question : Arthur avait-il confiance en elle ? Il tentait de la convaincre et de lui dire qu'ils n'avaient pas vraiment le choix que de compter les uns sur les autres. Il avait raison, Sabrina les avait déjà aidé. Elle avait aidé Sophie à sortir. Sabrina, à son tour, prit sa propre défense. Elle assurait qu'elle était toujours la même. Au fond, ce n'était pas faux. Il s'agissait de la même : un secret en moins. Elle n'avait plus le choix, d'autant que tout tremblait encore. Instinctivement, elle se rapprocha de ses amis. « D'accord, d'accord... » souffla-t-elle. « Je te fais confiance... Je vous fais confiance ! » lança-t-elle, espérant de tout son coeur ne pas se tromper. Presqu'aussitôt Sabrina proposa de lancer une formule de protection, pour cela il fallait juste lui donner les mains. « Tu veux nous lancer un sort ? » demanda la jeune fille, peu rassurée. Malgré tout, comme elle l'avait signalé, elle avait confiance en elle, ou elle essayait du moins, alors elle tendit ses mains à Sabrina, observant Arthur pour voir s'il faisait de même. « Et même avec ce sort, comment allons-nous sortir ? » Peut-être que Sabrina ou Arthur avaient désormais tout un plan en tête, plan que Sophie serait ravie d'entendre. « Pourquoi personne ne vient nous aider ? Et si malgré la magie, on restait coincés ici ? » elle avait de plus en plus peur en ne voyant aucun secours arriver. Elle voulait tant sortir d'ici. Elle n'osait rien faire, ne voulant pas gâcher un potentiel plan alors elle ne pouvait que poser ses questions pour se rassurer, encore et encore.

L’heure n’était plus aux questions. Il était grand temps de sortir d’ici. De nombreux bruits se faisaient entendre un peu partout. Les craquements étaient de plus en plus rapprochés, ce qui signifiait très clairement que le bâtiment, ou ce qu’il en restait, n’allait plus tenir très longtemps. S’ils ne voulaient pas rester ensevelis sous les décombres, ils devaient se dépêcher tous les trois. Sophie devait arrêter ses questions sans perdre de temps. Il était normal qu’elle se questionne, qu’elle se méfie et qu’elle soit perdu, mais pour le moment, elle devait prendre sur elle. Sabrina était prête à donner toutes les réponses à chacune de ses questions de Sophie sans aucun problème, mais elle voulait le faire une fois qu’ils seraient tous en sécurité. Et Arthur semblait du même avis.

Sabrina se sentait obligée de rassurer Sophie, elle ne pouvait pas la laisser paniquer, car elle pouvait les ralentir plus encore, surtout avec ce que Sabrina avait en tête pour la suite. Heureusement, la rousse finit par dire qu’elle avait confiance en eux. Ce n’était sans doute pas totalement sincère, mais pour le moment, c’était bien suffisant. « Super. » Sabrina se mit à sourire, tout en laissant s’échapper un soupire de soulagement.

Il n’y avait vraiment plus de temps à perdre. Sabrina proposa à Arthur et à Sophie de lui donner la main, elle voulait lancer un sors de protection, au cas-où elle réussissait trop tard ou mal son incantation. Sophie semblait réticente que Sabrina fasse de la magie sur elle. « Ce n’est rien, c’est juste pour nous protéger. » Sabrina espérait que Sophie se décide vite, elle n’avait plus le temps de la convaincre. Heureusement, Arthur lui faisait confiance, du moins, il la suivait, ce qui avait permis à Sophie de suivre le mouvement sans discuter. Sabrina tenait désormais les deux mains des personnes qui vivaient ce cauchemar avec elle. Une nouvelle fois Sabrina récita quelques mots, lançant comme promis son sort de protection sans prendre le temps de donner des réponses à Sophie pour le moment. « Suivez-moi. » Sabrina s’approcha de la sortie, même si elle était bloquée. Sans perdre de temps, elle ferma les yeux, levant les mains en direction du mur, récitant une nouvelle incantation. Cette action puisait dans ses forces et la blonde avait peur de ne pas réussir, mais heureusement, au bout d’une bonne minute, quelques morceaux de débris s’étaient mis à bouger, deux ou trois bonnes minutes plus tard, la lumière commençait à entrer dans le magasin. Sabrina venait de réussir à créer une ouverture. Elle n’était pas très grande, mais ils allaient tous pouvoirs sortir sans trop de difficultés. Sabrina avait réussi. « J’ai réussi. » La joie se faisait entendre dans la voix de Sabrina, mais il n’y avait pas de temps à perdre, si elle ne voulait pas avoir fait tout cela pour rien, ils allaient devoir sortir vite. « Dépêchez-vous, sortez, je vous suis. »

Sophie n'était pas ravie d'apprendre qu'on lui avait menti. Surtout que Sabrina n'était pas la seule à lui avoir menti. Arthur l'avait fait aussi. C'était beaucoup pour Sophie. Pourtant, cette dernière mentait régulièrement, mais elle mentait pour des bêtises ou pour cacher ses bêtises. Cela n'avait rien à voir avec leurs mensonges à eux. Sophie demanda alors à Arthur s'il lui cachait autre chose. Dans le fond il était fort possible qu'il lui cache d'autres choses, après tout ils ne se connaissaient pas si bien. Il ne lui avait pas déballé toute sa vie, c'était logique. « Très bien. » répondit simplement la jeune femme lorsqu'Arthur lui proposa de tout lui raconter plus tard, lorsqu'ils ne seront plus en danger. A vrai dire, elle commençait à se demander si elle en avait vraiment envie. Elle craignait ce qu'elle pouvait apprendre et elle n'était pas sûre d'assumer tout ce qu'il pouvait lui raconter.

Sophie était effrayée, tant par cette situation que par ceux qu'elle croyait connaître. Les questions qu'elle posait et la discussion qu'elle avait avec Sabrina l'aidaient néanmoins à lui faire confiance. Un peu. Puis elle n'avait pas réellement le choix dans le fond. Les bruits à l'intérieur du bâtiment devenaient inquiétants. Le toit allait finir par leur tomber sur la tête s'ils attendaient trop pour trouver une solution. Sophie assura alors leur faire confiance, même si elle restait méfiante. Elle avait, de toute façon, besoin d'eux pour sortir d'ici.

Sabrina proposa alors une solution. Elle voulait leur lancer un sort de protection, mais pour cela, ils devaient lui donner la main. Sophie hésita un instant et observa Arthur. Ce dernier semblait lui faire suffisamment confiance pour s'exécuter et elle comprenait qu'il lui demandait de faire pareil. Sophie attrapa donc la main de Sabrina, peu rassurée à l'idée qu'on utilise la magie sur elle. Sophie écouta alors la sorcière réciter quelques mots, sursautant au passage à chaque bruit affreux que semblait faire le bâtiment. Lorsque son amie eut terminé, elle leur demanda de la suivre. Sophie, cette fois-ci, s'exécuta sans un mot et sans question. La sorcière se dirigea alors vers la sortie, leva les mains vers elle et récita encore quelques mots étranges. Sophie, bien qu'effrayée, trouvait ça vraiment cool de pouvoir faire autant de choses juste avec quelques mots récités. Elle commençait à trouver ça très amusant, malgré le sérieux et la dangerosité de la situation.

Au bout d'un court instant, une minute peut-être moins, les débris bougèrent enfin. Au fil du temps, où Sophie était extrêmement silencieuse, ce qui était assez rare pour le souligner, la lumière entra dans le magasin. « Et si tout s'effondre au moment où l'on passe ? » Sophie n'était pas rassurée à l'idée de passer dans ce petit espace. Pourtant, elle n'avait pas le choix. Alors elle poussa un énorme soupir pour se donner du courage et y alla. « J'y vais. » lança-t-elle en se donnant tout le courage dont elle avait besoin. Si elle n'y allait pas maintenant, elle n'oserait plus le faire. Ce n'était pas grand chose, elle avait déjà vu et vécu pire ou aussi difficile, en tout cas. Il n'était pas forcément simple de se faufiler dans cet espace, tout était tranchant ou blessant, mais elle ne se plaignait pas pour une fois. Elle passa finalement l'ouverture sans trop de mal, retrouvant l'air frais qu'elle craignait de ne jamais respirer. « A vous, dépêchez-vous. » lança Sophie sans même savoir si l'un d'eux se préparait déjà à la suivre. Tout ce qu'elle voulait, c'était les voir tous les trois, sains et saufs.