Confidences ▿ Sabrina.

Ambrose s'inquiétait pour Sabrina - mais Ambrose ne s'inquiétait-il pas toujours pour Sabrina, en réalité ? Depuis quelques mois, il avait l'impression qu'elle était en train de dérailler complètement. Plus encore que d'habitude, elle se jetait tête la première dans toutes les aventures qui s'offraient à elle. Elle semblait complètement perdue, loin de comprendre tous les dangers qu'elle courrait. Avec Sabrina, les choses avaient toujours été ainsi. Elle n'avait jamais vraiment pris conscience du danger, elle était imprudente et impulsive, mais il l'avait déjà perdue une première fois et il ne voulait pas que ça recommence.

Alors, après avoir longuement hésité, il s'était dirigé dans le salon de son petit appartement pour trouver sa cousine. Cet appartement n'était pas aussi grand que la maison dans laquelle ils avaient vécu pendant des années, mais ils s'étaient habitués à vivre ensemble, ici, dans un si petit espace. Sabrina avait sa chambre, minuscule, mais elle n'y passait de toute façon pas beaucoup de temps. Elle alternait, passant des semaines ici avant de disparaître chez son père pendant un long moment. Cette vie ne dérangeait pas Ambrose, cependant, il avait besoin de comprendre si ce comportement, parmi tant d'autres, était un choix ou parce qu'elle ne se sentait à sa place nulle part - ce qui expliquerait son comportement étrange.

Ambrose s'était installé sur le canapé, aux côtés de la sorcière. Il avait attrapé la télécommande et avait éteint la télé. Ça ne plairait peut-être pas à Sabrina, mais il avait besoin d'avoir toute son attention - il y avait d'autres moyens de faire, en revanche, il en convenait. « Sabrina, faut qu'on parle. » Commença-t-il en cherchant ses mots pour éviter de la braquer dès le départ. Il connaissait le mauvais caractère de sa cousine et il savait qu'il était préférable de prendre des pincettes avec elle. « Comment tu vas ? » C'était peut-être une question bête, mais elle était sincère. Ce n'était pas le petit ça va habituel dont on n'attendait pas vraiment de réponse, c'était une vraie question qui attendait une vraie réponse, détaillée et sincère. « Vraiment, je veux dire. » Elle pouvait se confier à lui, lui dire si des choses n'allaient pas ou la perturbaient. Il manquait beaucoup de leurs proches dans ce monde, Sabrina devait affronter bien des épreuves, alors peut-être qu'elle avait des choses sur le coeur, des choses qu'elle n'avait pas osé confier jusqu'à présent ? Alors il lui offrait une occasion de le faire.

Depuis que Sabrina et Sophie ne se parlaient plus, la sorcière passait plus de temps chez son cousin ou chez son père. Elle n’avait aucun véritable chez elle et depuis qu’elle avait quitté l’orphelinat, elle se contentait de vagabonder entre différentes maisons. Elle avait d’abord occupé la maison de son père et celle de Sophie, puis elle avait retrouvé Ambrose et s’était installée en partie chez lui également. Et désormais, elle devait se contenter du minuscule appartement de son cousin et du domicile de son père.

En ce moment, Sabrina vivait chez son cousin, passant son temps dans sa minuscule chambre ou dans le salon, quand elle n’était pas à l’université. La sorcière avait quelques travaux à rendre pour la fac, mais elle n’avait pas le courage, ni l’envie de s’y mettre, alors à la place de ça, elle s’était installée sur le canapé d’Ambrose et avait allumé la télévision. Après de longues minutes à chercher de quoi regarder, elle s’était arrêtée sur un vieux film d’horreur qu’elle avait déjà vu une bonne dizaine de fois, mais elle ne se lasser jamais de le revoir.

« Ambrose, c’était le meilleur moment. » Lâcha-t-elle, agaçait lorsque son cousin avait attrapé la télécommande pour éteindre la télé et lui gâcher la fin de son film. Mais apparemment, il fallait qu’ils parlent. Qui avait-il de si urgent qui ne pouvait pas attendre la fin du film ? Sabrina était presque certaine de n’avoir fait aucune bêtise nécessitant une discussion urgente avec Ambrose. Mais alors qu’elle s’apprêtait à lui demander ce qu’il y avait, son cousin avait repris la parole, pour lui demander comment elle allait. Sabrina ne comprenait pas. Pourquoi est-ce qu’il venait d’un coup avec cet air si sérieux pour lui poser la question ? « J’vais bien. » Répondit-elle sans trop penser à la réponse, le regard étonné et plein d’incompréhension. Vu le comportement d’Ambrose, c’était plutôt à lui qu’il fallait poser la question. « Tu n’avais pas besoin d’éteindre la télé pour me demander si j’allais bien, tu sais ? » Dit-elle sans essayer de comprendre ce que son cousin voulait vraiment dire avec ce simple “comment tu vas ? “, même s’il avait ajouté un “ vraiment “. « Maintenant, si tu as quelque chose à dire, parle. S’il y a quelque chose d’important que je dois savoir, dis-le-moi, ne me fais pas attendre. Sinon, rallume la télé, je ne veux pas louper la fin. » Il se passait peut-être quelque chose, quelque chose d’important ? Mais si c’était le cas, Ambrose devait parler et ne devait pas la faire attendre.

Comme il s'y était attendu, Sabrina pestait parce qu'Ambrose avait éteint la télé. « Tu connais ce film par coeur. » S'était contenté de répondre Ambrose, ne souhaitant pas perdre de temps inutilement. Sans perdre de temps, donc, il s'était installé sur le canapé, aux côtés de sa cousine et lui avait demandé comment elle allait. Vraiment. Il ne voulait pas d'une réponse bateau, toute faite. Il voulait une véritable réponse à cette question. Il voulait véritablement comprendre comment allait sa cousine. Au plus profond d'elle-même.

Bien sûr, elle répondait bêtement. Sans réfléchir et sans développer. Et elle le regardait avec incompréhension. Décidément, elle ne voulait faire aucun effort pour comprendre ce que son cousin souhaitait réellement, certainement parce qu'elle refusait d'affronter la réalité. « Sabrina, arrête de penser à ton film, deux secondes, tu veux ? Il existe une tonne de plateformes pour le voir quand tu veux. » Parce qu'elle allait lui ressortir combien de fois qu'il avait éteint cette maudite télé ? Alors qu'elle se rassure, elle aurait un millier de possibilités pour revoir ce film. Puis, la question n'était pas là. Il y avait bien plus important.

« On sait tous les deux que tu n'as jamais été du genre prudente ou à te soucier des conséquences... » Elle en était même morte, de ce comportement. « Cependant, ces derniers temps, j'ai l'impression que... Tu dérailles complètement, que tu te laisses aller. Tu passes tes journées à ne rien faire, tu négliges même tes études, ou, au contraire, tu te jettes aveuglément dans des aventures qui ne te conduisent jamais nulle part. Tu vois des indices là où il n'y en a pas parce que tu as envie de retrouver ceux que tu aimes, sauf que tu te mets en danger et que tu vas finir par faire... » une grosse bêtise. « Je sais que les choses sont difficiles pour toi, que tu te sens seule, mais... Je ne veux pas te perdre une nouvelle fois. » Et en voyant le comportement de Sabrina, c’était une chose dont il avait réellement peur. Alors, pour la mettre en garde, pour lui faire comprendre, il n'avait d'autres choix que d'entamer ce genre de conversation pas forcément agréable, mais nécessaire.

Sabrina adorait son cousin, mais pour le moment, elle n’avait qu’une seule envie : se vautrer dans le canapé devant ce film qu’elle aimait tant. Autrement dit, elle n’avait pas du tout envie de discuter avec son cousin. Ambrose avait raison, ce film, Sabrina le connaissait par cœur. Elle l’avait déjà regardé des dizaines de fois, mais elle ne s’en lassait jamais. Et puis ce n’était pas comme s’il y avait urgence. Ambrose aurait pu avoir la gentillesse d’attendre la fin du film avant de venir s’imposer pour lui parler. Enfin pour lui demander comment elle allait. La sorcière se contenta de répondre simplement, avant de demander à son cousin de rallumer la télé, ne voulant pas rater le meilleur. « Ce n’est pas pareil… » Le voir à la télé et en streaming à n’importe quel moment, ça n’avait pas la même saveur pour elle, mais qu’importe. « Bon d’accord, je t’écoute. » Reprit-elle aussitôt après un soupir. Puisqu’elle devait renoncer à son film et écouter son cousin, autant le faire sans protester.

Rapidement, Ambrose avait repris la parole. D’après lui, elle n’avait jamais été du genre prudente, il avait raison sur ce point. Et d’après lui également, elle ne se souciait jamais des conséquences, là aussi, il avait raison. Mais où est-ce qu’il voulait en venir exactement ? Voilà où il voulait en venir. Il avait l’impression que sa cousine était en train de se laisser aller, qu’elle était en train de dérailler selon ses termes. Il continuait ses explications - ou ses reproches, Sabrina n’en savait trop rien - en lui disant qu’elle passait ses journées à rien faire, négligeant ses études, ou alors qu’elle passait son temps à se jeter dans des aventures qui ne conduisaient nulle part. Alors chercher sa famille sans relâche, c’était une mauvaise chose d’après lui ? Ne pas passer à côté de la moindre piste, du moindre indice, ça aussi, c’était une mauvaise chose pour Ambrose ? Alors quoi, elle devait abandonner les recherches et redevenir la parfaite petite sorcière et la parfaite petite étudiante ? C’était impossible, parce qu’elle n’en pouvait plus de ne plus avoir toute famille ni tous ses amis avec elle. Sans oublier que - même si elle n’en avait pas conscience - elle avait fait une mauvaise rencontre qui la poussait à prendre le mauvais chemin. « Tu ne me perdras pas Ambrose. » Dit-elle en se redressant, sans aucune agressivité dans la voix, au contraire, sa voix se voulait plutôt réconfortante. « Seulement, je ne peux pas rester là à ne rien faire quand je sais que les tantines ou Nick sont ici, pas loin. Je ne vois pas des indices là où il n’y en a pas, je vois juste les indices les plus infimes. Je préfère vérifier mes pistes, même si elles sont plus incertaines que certaines, parce que je ne veux pas passer à côté de quelque chose d’important. J’peux pas me contenter d’aller à l’université, de rentrer et de faire mes devoirs comme une parfaite gentille petite étudiante. Nos proches sont plus importants. Nos retrouvailles sont plus importantes. » Termina-t-elle avec un léger sourire, elle n’allait pas changer d’avis, Ambrose pouvait lui dire ce qu’il voulait, elle n’allait pas baisser les bras, jamais. « Je peux te promettre d’être plus prudente si tu le veux. Je peux te promettre de te consulter avant de me lancer à l’aventure. Si ça peut te rassurer, je peux faire plus attention. » Des paroles en l’air, des promesses en l’air, comme toujours. Sabrina voulait rassurer son cousin, mais elle n’allait jamais se montrer plus prudente, au contraire, à l’avenir, elle risquait même d’être plus imprudente que jamais - toujours à cause de cette mauvaise influence et des fausses promesses qu’elle lui avait faites - et s’il le voulait, elle pouvait le consulter avant, mais elle ne promettait pas de suivre ses conseils.

Avoir ce genre de conversation avec Sabrina, ce n'était jamais simple. Non seulement parce qu'il fallait s'ouvrir, mais aussi parce qu'il fallait réussir à la faire parler. Sabrina était têtue - trop - et il était parfois difficile de lui faire entendre raison, d'obtenir qu'elle parle de ce qui n'allait pas. Après avoir attiré son attention en éteignant son film et en lui expliquant la situation, il se lançait donc dans de grandes explications. Si Sabrina n'avait jamais incarné la prudence, il la trouvait dangereuse. Il trouvait qu'elle prenait trop de risques. A ses yeux, l'absence de ses proches la faisait totalement dérailler et il craignait sérieusement pour sa vie. Il avait déjà perdu sa cousine une première fois, il refusait de voir les choses se produire une nouvelle fois. Ambrose ne cherchait pas à l'enfoncer ou lui faire du mal, au contraire, il tentait de la mettre face à la réalité. Cette réalité qu'elle semblait totalement ignorer. Elle était plus imprudente encore qu'autrefois et elle négligeait sa vie et ses études. Les choses ne pouvaient clairement pas continuer ainsi. Elle devait se réveiller, réagir.

« Je t'ai déjà perdue une première fois Sabrina, ne l'oublie pas. » Alors, elle ne pouvait pas lui assurer que les choses ne se reproduiraient pas si elle manquait de prudence. Elle n'avait pas le droit de lui infliger une telle douleur une seconde fois. Elle devait y penser et ne pas être égoïste, ne pas lui infliger la douleur de la perdre et d'être seul, une nouvelle fois. « Je ne te demande pas de rester à ne rien faire. Je veux retrouver nos amis et notre famille autant que toi, bien sûr, mais si nous mourons... ça ne servira à rien de les retrouver. » Essayait-il de lui faire comprendre. Il ne lui demandait pas, bien sûr, de cesser toutes ses recherches, mais juste d'être plus réfléchie et plus prudente, d'arrêter de se jeter dans la gueule du loup comme si elle était immortelle et invincible. « Nous pouvons vérifier tes pistes, mais nous devons nous préparer, nous devons comprendre où nous allons avant d'y aller. Et on ne peut pas voir des pistes dans chaque détail. Tu dois vivre également. Les tantines et Nick ne seraient pas heureux d'apprendre que tu n'as fait que les chercher en gâchant ta vie. » Ce n'était pas facile à entendre, mais il le pensait. Elle devait vivre, profiter de la vie. Pour eux. Alors oui, leurs proches étaient plus importants que la vie et les études, mais leurs proches préféreraient, de loin, retrouver des gens heureux et en bonne santé que des gens morts ou épuisés par les recherches. Il fallait vivre pour eux. Pour ne pas les faire culpabiliser.

« Je suppose que venant de toi, cette promesse vaut déjà beaucoup. » Être plus prudente, le consulter... C'était déjà mieux que rien, il supposait, mais s'il connaissait les talents de sa cousine pour ne pas suivre les promesses qu'elle faisait. Combien de fois était-il tombé dans le panneau ? Combien de fois lui avait-elle menti ? « Ne me mens pas Sabrina. Ne joue pas à ce petit jeu avec moi. Je m'inquiète sincèrement pour toi. Je ne veux pas avoir à te ramasser à la petite cuillère ou pire encore. » Le désespoir dans sa voix était très net, il fallait seulement espérer que Sabrina le remarque et en prenne compte. « Je suis ta famille moi aussi. Je sais que je ne suffis pas, mais penses-y. » Il avait besoin d'elle autant que les autres membres de sa famille et ça, elle ne devait pas l'oublier.

Ambrose avait peur pour sa cousine. Sabrina le savait et elle le comprenait. Elle s’inquiétait pour lui, pour sa famille et pour ses amis régulièrement, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de se mettre en danger pour eux. Elle ne pouvait pas abandonner l’idée de les réunir dans ce monde. Elle ne pouvait pas se permettre de vivre sa petite vie tranquillement alors qu’ils n’étaient pas avec eux. Seulement, Sabrina était imprudente. Elle pouvait chercher et espérer, elle pouvait suivre ses pistes, mais elle ne devait pas foncer tête baissée. Ambrose avait raison, elle était déjà morte une fois, il l’avait déjà perdue une fois et il n’avait très certainement pas envie de revivre cette douleur à nouveau. Et il avait aussi raison sur un autre point. Ils pouvaient chercher leurs proches, mais s’ils mouraient durant leur recherche, alors ça n’avait aucun intérêt. Sabrina écoutait, mais ne répondait rien pour le moment. Elle ne voulait pas faire de peine à Ambrose et elle voulait le rassurer, mais elle avait du mal à écouter ses conseils, ses ordres. Alors Sabrina lui avait promis de le consulter avant de faire quoi que ce soit, elle lui avait promis d’être plus prudente à l’avenir, mais elle ne savait pas si elle allait le faire. Elle ne savait pas si elle allait tenir cette promesse, parce qu’elle ne savait pas si elle en était capable. La sorcière avait toujours cherché à retrouver sa famille, mais ces derniers mois, les choses étaient plus complexes. Son envie de les retrouver était plus forte. Ses pensées étaient plus perturbées, plus difficiles à ordonner… Depuis qu’elle avait rencontré Katherine, Sabrina changeait peu à peu, mais elle ne s’en rendait pas compte. Elle avait l’impression d’être la même. Le jeu de Katherine marchait pourtant à la perfection et son petit pantin était parfaitement manipulé.

« Tu n’as pas le droit de dire ça, Ambrose. » Dit-elle sans prendre le temps de répondre au fait qu’elle ne devait pas lui mentir. « Tu es important pour moi. Tu as toujours été important pour moi. Je suis heureuse de t’avoir dans ma vie. Je sais que tu es de ma famille et j’ai conscience de la chance que j’ai. » Sabrina le trouvait parfois trop moralisateur et parfois trop agaçant, mais elle l’aimait sincèrement, elle ne voulait pas lui faire de mal, elle ne voulait pas lui faire de peine. À ses yeux, il était plus qu’important. Il était tout aussi important que ses tantines ou que Nick. « Tu as autant de valeur qu’eux à mes yeux Ambrose. S’ils étaient tous là, mais que tu étais absent, je me donnerais autant pour te retrouver, je peux te le jurer, tu n’as pas à douter de ça. » Et pour une fois, ce n’était pas une promesse en l’air. Elle pensait sincèrement ce qu’elle disait. « Je serai plus prudente, c’est promis. » Lâcha-t-elle alors avec plus de sincérité que la première fois. Elle allait essayer de l’être, pour lui, elle allait essayer.

Ambrose ne voulait pas la brusquer. Il ne voulait pas la braquer. Il ne voulait pas qu'elle se sente accusée de quoi que ce soit. La seule chose qu'il voulait, c'était voir que sa cousine allait bien et qu'elle ne courait aucun danger. Il voulait la voir heureuse, prête à accepter cette vie comme elle était, sans foncer tête baissée à chaque fois qu'un début de piste semblait se dessiner. Il ne lui demandait pas d'arrêter les recherches parce que lui-même en était incapable. Tout comme elle, il voulait pouvoir retrouver ses proches et sa famille. Tout comme elle, il voulait qu'ils puissent être tous réunis. Cependant, il lui demandait d'être plus prudente et plus réfléchie - ce qu'elle n'avait jamais réellement été, il fallait l'avouer.

Pour lui faire comprendre ses craintes et ses souhaits, Ambrose se dévoilait, s'ouvrait. Il faisait part de ses sentiments, de ce qu'il ressentait en voyant sa cousine dans cet état, prête à tout jusqu'à prendre des risques inconsidérés. Sabrina essayait de le rassurer, elle lui promettait même des choses, mais était-elle seulement sincère ? Sabrina mentait souvent, il le savait parfaitement. Qu'en était-il cette fois-ci ?

Il ne voulait pas jouer avec ses sentiments ou la faire culpabiliser, mais il voulait lui faire réaliser les choses. Il voulait lui faire comprendre comment il se sentait face à tout ça, tout impuissant qu'il était. Ambrose avait l'impression de ne pas être suffisant. Il avait l'impression de ne pas être assez pour qu'elle se raisonne. Il avait l'impression qu'il n'était pas une raison suffisante pour qu'elle se montre davantage prudente en pensant à lui. Sabrina, alors, essayait de le rassurer et de lui promettre qu'il était tout aussi important que le reste de sa famille. Il voulait y croire, mais il était difficile de le faire pleinement lorsqu'elle ne joignait pas les actions aux paroles. « Je sais que tu penses ce que tu dis, mais... Je te connais cousine, toi et les promesses, c'est une histoire difficile. » Ce n'était pas un reproche. Juste une constatation. Il souriait même. Il lui souriait parce qu'il était persuadé, cette fois-ci, qu'elle ne promettait pas les choses en l'air, mais il se demandait combien de temps elle serait capable de respecter ce qu'elle avait dit ? Combien de temps avant que quelque chose ne la fasse replonger dans ses mauvais côtés ? « Et si je n'étais pas là, à tes côtés, je serais heureux de savoir que tu m'as cherché, mais je ne voudrais pas que tu passes à côté de ta vie pour autant ou que tu te mettes en danger pour moi. Nick, les tantines, tes amis... Je suis certain qu'ils sont tous du même avis. » Peut-être qu'elle comprendrait mieux les choses ainsi ? Peut-être qu'elle devait se mettre à la place des recherchés ? « Tu aimerais apprendre que nos amis et notre famille nous cherchent depuis toutes ces années en se mettant en danger ? En mettant leur vie entre parenthèses ? » Il était certain que non et c'était tout ce qu'il voulait qu'elle comprenne.