Il s'en voulait. Il avait merdé alors qu'il avait réussi à se seuvré. Il avait peur de faire du mal à Dolores par ses réactions, que ca soit par manque ou parce qu'il a trop consommé de ces maudits cachets. Et pourtant... Il pensait avoir appris de ses erreurs. Il sent bien que Dolores ne se sent pas à son aise avec cette situation.

Elvis fait un effort surhumain pour se reprendre quand même. Il ne voulait pas tout gâcher. Et c'est sa force de volonté qui pouvait transcender qui il était. Ses actes en quelque chose de merveilleux. C'est ce qui l'avait mené à la gloire. Et aussi parce qu'il était un homme entier, avec les gens, et avec le monde en général. Il prend de grandes inspirations pour se reprendre alors qu'il sent la main rassurante de Dolores dans son dos. Ses paroles douces au creux de son oreille. C'est là qu'il se rendait compte à quel point, il l'aimait. Elle était là pour lui. Malgré tout, Elvis était comme ça, il avait besoin qu'on le materne un peu. Le souvenir d'une mère partie trop tôt, et un garçon qui s'était retrouvé dans la fosse aux lions sans filets. Le fantôme de Gladys n'était jamais très loin de toute manière.

" Faudra que je retourne voir le docteur. " Dit-il dans un souffle.

Les médocs font leur effet mais il se sent de nouveau à la ramasse. Il glisse une main sur celle de Dolores et ferme les yeux fortement. Comme si il pouvait effacer cette mauvaise situation d'un battement de cils. Mais il n'en était rien.

" Je vais me battre. Je ne veux pas te perdre et je ne veux pas... " Il se secoue la tête en glissant une main sur son front. " Je ne veux pas tout gâcher encore. "

Le soucis, c'est qu'Elvis pouvait être intransigeant avec lui-même. Il était connu pour ça dans son travail. Il pouvait refaire une prise un nombre incalculable de fois jusqu'à atteindre sa perfection. Et là... Sa vie sentimentale partait toujours à volo... Mais il devait lâcher prise. C'est son besoin de contrôle qui le bloquait.

" C'est pas la soirée que je m'imaginais. " Souffle-t-il en ouvrant enfin les yeux et en les posant sur Dolores. " Mais je veux goûter à ce fameux sancocho... " Il essaye de se reprendre. Il se frotte le visage pour essayer de reprendre contenance totalement. Il se tourne ensuite vers Dolores pour la prendre dans ses bras et la serrer fort contre lui. Celà lui faisait un bien fou, même s'il ne le dit pas, son étreinte parlait d'elle-même.

Il sait très bien comment il pouvait être lorsqu'il était en manque. Comment il pouvait se comporter et des violences dont il était capable. Jamais sur celle qu'il aime. Il n'avait jamais frappé une femme et il ne le ferait jamais. Mais il pouvait être instable et colérique. Il n'avait pas envie de faire subir celà Dolores. C'était la dernière chose qu'il voulait.

Il avait passé des mois auprès de son psychiatre pour venir à bout de toute cette merde et il avait fallu que le Colonel pointe le bout de son nez pour qu'il disjoncte de nouveau. Il avait tenté de tout gâcher. Il serre doucement son étreinte autour de Dolores mais il avait mal intérieurement.

Des larmes avaient coulés sur son visage. En se reculant, il les essuie délicatement d'un revers de main.

" Je sais... "

Il le sait et peut être qu'il en avait peur. Les bons ET les mauvais moments. Mais parfois les mauvais moments étaient si extrêmes dans le cas d'Elvis, qu'il valait mieux le laisser dans sa grotte.

" Dolores... " Il lui fait un fin sourire triste. Ses cachets le calmant de nouveau mais commençant à lui brouiller l'esprit.

Elle lui propose de vivre avec lui, mais était-ce une bonne chose ? Il baisse les yeux et évite son regard.

" J'sais pas... " Il marque une pause et soupire. " J'sais pas si c'est une bonne idée. " Lui confesse-t-il. Il lui prend les mains. " Tu vas avoir besoin de repos, tu vas avoir besoin de prendre du recul à certains moments. " Il se secoue la tête. " Vivre avec moi, c'est... une épreuve. Surtout en ce moment. Je le sais. " Il ne doit pas parler de son ex et pourtant, Priscilla était un très bon exemple. " Mon ex-femme en savait quelque chose. Je l'ai obligé à rester à certains moments, c'est pas comme ca que ca doit se passer. " Il avait été capricieux, il ne s'était soucié que de son image. Il se rendait compte après tout ce temps à quel point son attitude avait été stupide. " J'ai fait un tas de conneries par le passé et je ne veux pas les refaire. Mais... Je sais que t'es là. " Il a la tête qui tourne un peu et se frotte le front. Une sorte d'euphorie lui prend, dû à sa prise soudaine de médicaments. " Je vais... m'asseoir un peu. "

Ca n'était pas contre elle, Elvis voulait surtout la protéger de lui-même. Car il sait comment il peut être dans ces moments là et il ne veut pas que Dolores souffre en retour.

Oui, elle serait là même dans les mauvais moments, mais il y avait des moments qui étaient bien trop pénibles. Même pour Elvis. Il ne veut juste pas que Dolores subisse ce que Priscilla a pu vivre avec lui. Elle lui avoue que c'est vivre loin de lui qui la rend triste. Il la regarde longuement et fini par soupirer en se frottant le front.

" Dolores... "

Il n'a pas conscience que parler de Priscilla n'était pas une bonne chose. Il ne connait pas son histoire avec sa cousine et ce qu'il s'est passé. Après un silence lourd, il s'avance vers elle et s'agenouille en face d'elle pour prendre ses mains.

" Ca n'est pas parce qu'on ne vit pas ensemble qu'on ne se verra pas souvent. Et... " Il carresse le dos de sa main avec délicatesse. " Ca n'est que provisoire. Je dois juste faire mon sevrage et après ca ira mieux. Regarde moi. " Il pose un doigt délicat sous son menton pour lui faire relever la tête et pouvoir croiser mon regard. " Je souhaite te rendre heureuse. Je sais que tu es là. Je le sais et tu vas être avec moi. Mais... " Il se secoue la tête. " Je dois gérer mes démons d'abord. Je t'en prie... "

Il ne sait pas si elle va comprendre. Elle veut à tout prix le sauver et c'est honorable mais Elvis sait qu'ils peuvent se brûler les ailes et il a peur que Dolores le quitte aussi. Même s'il ne le dit pas.

" J'ai été dans un sale état sans toi. Je t'aime tu sais. Je veux juste... qu'on ne fasse pas n'importe quoi. Je veux te préserver et préserver notre couple. Je ne veux pas faire les mêmes erreurs. "

Il est plus calme car ses cachets ont fait effet mais il a aussi la tête qui tourne. Il essaye de ne pas y faire attention. Il espère juste être assez présent pour Dolores.

Il était surement à la ramasse et à côté de ses pompes à cause des médicaments. Mais il ne pensait qu'à Dolores et s'il avait parlé de Priscilla, c'était pour se rappeler de ses propres erreurs. En aucun cas pour la comparer. Il se prend une petite claque quand elle lui dit clairement d'arrêter de la comparer à son ex-femme. Celà se voit sur son visage clairement. Elle s'excuse. Elle ne fait pas non plus de commentaires sur le fait qu'il lui ait expliqué qu'ils ne vivraient pas ensemble pour des raisons évidentes.

" Je... Je veux juste que tu saches une chose... " Ne peut-il s'empêcher de lui dire, car il était comme ça. Il n'arrive pas à garder les choses pour lui et celà lui avait valu beaucoup d'ennuies d'ailleurs. Que ca soit au niveau professionnel que personnel. " Priscilla a été mon ex-femme. La mère de ma fille. Tu m'as reproché de ne pas t'en parler... Ne me demande pas d'effacer mon passé si radicalement, Dolores, c'est impossible pour moi. " C'était elle qui l'avait quitté d'ailleurs. Son geste l'avait déchiré. De plus qu'elle est partie avec un autre. Il n'était pas prêt, il s'était leurré, et il avait été inconscient de la gravité de la situation de leur couple. Mais ca n'était pas l'histoire de Dolores. Il pouvait comprendre la jalousie entendue dans sa voix.

Il ne veut pas se mettre en colère alors il se maitrise et ralenti son élocution exprès pour ne pas dire de bêtises. " Si... je t'en parle, c'est que j'ai fait des erreurs. Et je ne veux pas les refaire. J'ai pas envie de t'enfermer dans une prison dorée et que tu étouffes. Que tu subisses mes sautes d'humeur, mes caprices ou autre... Je ne te compare en aucun cas avec elle. "

Il s'adoucit quand elle l'embrasse. Il lui répond avec tout l'amour du monde dans son regard. " Je t'aime aussi. On va passer cette étape ensemble. Et s'il te plait... Je t'en prie, ne prends pas mal ce que je viens de te dire. Je tiens beaucoup à toi. " Il lui prend les mains et essaye de prendre un faux air implorant.

" Je ne te compare pas ! Juste que... " Est-ce qu'il l'a comparé ? " Je sais ce dont je suis capable quand je vis avec quelqu'un et je ne veux pas que tu en subisse mes sautes d'humeur. " C'est tout ce qu'il souhaitait pour Dolores. Il voulait qu'elle soit heureuse. Elle n'avait pas à subir ses sautes d'humeur. Elle ne l'avait encore jamais vu en crise réelle de colère et même lui, quand il revenait à son état normal, se rendait compte qu'il dépassait largement les limites. Mais le manque et tout le reste... Ca n'était pas le meilleur moment pour inviter Dolores à habiter chez lui. Ca viendrait... Mais pas tout de suite. Il voulait prendre son temps.

Il n'est pas d'accord quand elle confesse qu'elle a été injuste. Il se secoue la tête et se dit clairement qu'elle n'a rien à se reprocher. Déjà là, il a l'impression du lui faire du mal et ca lui serre le coeur. Il l'aime trop pour lui faire du mal.

" Dis pas ça... " Lui affirme-t-il dans un souffle. " Et t'es pas injuste, c'est la situation qui est injuste. Et j'ai fait des mauvais choix dans le passé qui ont des répercutions sur notre histoire. "

C'était la vérité. Il avait l'occasion d'avoir une nouvelle vie. De tout recommencer et de faire d'autres choix. De meilleurs choix. Il ne se déroberait pas. Il n'était pas seul. Et cette fois, il écouterait ce qu'on lui dit. Le Colonel n'aura pas sa peau.

" Je sais... " Confirme-t-il. " J'ai toujours mes démons qui rodent. Laisse moi du temps pour m'en débarrasser. Et... ca n'est pas te mettre sur le banc de touche. C'est juste... reculer pour mieux sauter ? " Il soupire. " Je me fous trop la pression. Je suis un grand stressé de la vie. Tu vas devoir faire avec. " Il dit celà avec plus de légèreté. Mais Elvis, malgré les apparences, avait cette fragilité qu'il refoulait. C'était peut être celà qui l'avait conduit sur des terrains très glissant. Il avait dépassé ses limites encore et encore.

Il aime la maladresse soudaine de Dolores. Dans ses paroles, dans sa façon d'être. Il l'aimait car elle avait cette douceur et cette sensibilité qu'il recherchait tant chez une femme. Cette délicatesse, et il avait été subjugué par sa voix et sa beauté. Elle ne semblait pas forcément se rendre compte de toutes ces qualités qui la composaient.

" Moi non plus je suis pas doué. " Il se rapproche et caresse sa joue en plongeant son regard dans le sien. " Mais je te promets qu'on construira un truc ensemble. On va le faire. Il faut juste mettre un peu d'ordre dans tout ce bordel et aussi... " Il tapote sa tempe. " Là dedans... " Il se rapproche pour l'embrasser après lui avoir lancé un " Je t'aime mon Petit Rossignol. "