Lycéen introverti et effacé, Peter Parker est avant tout un garçon amateur de sciences qui se complaît dans les connaissances mathématiques et les devoirs scolaires. Particulièrement talentueux mais réservé, il est depuis toujours le bouc émissaire préféré de ses camarades de classe. Enfant orphelin, il vit chez son oncle Ben et sa tante May.

Finalement, peut-être que tout a commencé avec MJ. Si MJ n'avait pas été là, Peter n'aurait jamais été amoureux d'elle. Eh oui, c'est tout bête, mais c'est la vérité ! Et si MJ n'avait pas été là, Peter n'aurait jamais cherché à l'impressionner en voulant se payer une super voiture de sport rouge comme Flash Thompson en avait une. Peter n'aurait pas participé à un combat de catch pour y remporter une somme d'argent faramineuse, et il n'aurait pas cédé le passage à Dennis Carradine qui, à l'époque, fut soupçonné de l'assassinat de Benjamin Parker, avant d'être tué de la main de son neveu en personne, Peter.

Il n'y aurait jamais eu cette fameuse réplique au commencement de tout. L'araignée radioactive aurait sans doute pu mordre Peter et répandre dans ses veines le pouvoir qu'on lui connaît aujourd'hui, mais le héros qui est né par la suite aurait pu ne rester qu'un rêve endormi entre les pages d'un cahier grimé de croquis représentant tous un homme en costume rouge et bleu. Pourtant, ce soir fatidique, les lèvres de Ben Parker soufflèrent ce qui allait devenir la naissance de Spider-Man : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. À la fois morale et lourd fardeau de Peter, ce sont les mots qui résonnent en lui à chaque balancement de toiles, à chaque adversaire rencontré. Une réussite se fait parfois avec un goût amer, la sensation que les choses ne sont pas terminées, ou qu'elles auraient pu être différentes. Il n'est pas facile de concilier deux existences dans un seul et même corps.

Après avoir vaincu le Bouffon Vert, le Docteur Octopus, puis enfin Venom, le quotidien de Peter Parker resta mêlé de crimes à combattre et de sentiments amoureux jamais vraiment épanouis. Son meilleur ami, Harry Osborn, rendit son dernier souffle au creux de ses bras ; Mary Jane, quant à elle, demeurait inlassablement lointaine et inaccessible. Une histoire qui semblait condamnée à ne jamais pouvoir se réaliser.

Un soir, alors qu'il contemple la toison étoilée du haut d'un arbre planté dans un des parcs du Queens, le croissant de lune prend une étrange teinte écarlate, avant d'avaler tout ce qui se trouve autour de lui. Alors vêtu dans son costume bicolore, Peter se retrouve dans une ville qui n'est pas la sienne. Semblable tout en étant différente, quelque chose de bizarre le persuade qu'il s'agit d'un rêve. Ou bien d'un autre monde. La peau qui frissonne, ses sens en alerte, il comprend qu'il n'est pas là où il devrait être. Cependant, en repliant majeur et annulaire, sa toile organique ne jaillit pas. Pas plus que sa force qui semble s'être endolorie, elle qui lui permet d'habitude de résister aux coups de ses ennemis les plus puissants ainsi qu'à d'intenses fatigues. Il titube, garde son masque sur la tête et parcourt quelques mètres en ville, sans jamais retrouver les enseignes qu'il connaît pourtant par cœur. Pris de court et de panique, ses premiers réflexes sont de chercher après ceux qu'il aime : tante May et Mary Jane. Mais aucune des deux ne se trouve en ville...

Vous trouverez plutôt ironique que sa vie ici n'est pas si différente de sa vie autrefois. Un petit appartement miteux qui tient à peine debout, le propriétaire qui hurle après le loyer, le suivi régulier de la radio pour écouter les crimes qui se déroulent en ville ; à son échelle de héros aux pouvoirs réduits, Peter continue de faire honneur aux dernières paroles de son oncle. Mais sans sa famille, sans celle dont il est toujours épris malgré toutes ces années, le temps semble long et difficile pour l'araignée dont le costume n'est parfois plus qu'un souvenir d'une époque oubliée.