Depuis quelque temps, un bruit de grattement s’entendait délibérément dans les murs de l’appartement d’Alma. Au début, elle n’y prêta pas spécialement attention, croyant que le bruit provenait de ses voisins ou d’une tuyauterie défectueuse. Cependant plus les jours passaient, plus les bruits s’intensifiaient. La plupart du temps, ils se centralisaient dans la cuisine en fin de journée ! Des doutes, quant à sa provenance, s’élevaient. Chaotique et sans heure précise, Alma n’eut d’autres choix que d’investiguer. Après une inspection minutieuse de sa cuisine, il finit par trouver des traces de morsure sur un paquet de biscuits secs. Poursuivant son enquête, quelques petites crottes de rongeurs trônaient un peu plus loin. Aucun doute possible ! Le coupable de ce capharnaüm était une souris ou un rat… N’étant pas une spécialiste dans le domaine, elle ne savait pas faire la différence entre ces deux espèces. Avec son âge avancé, elle ne comptait pas faire la course à cet animal !
À cette heure tardive, aucun centre de dératisations n’était ouvert. Elle devra donc attendre le lendemain pour les appeler et ainsi faire disparaître ce nuisible de son appartement ! Le rongeur fut particulièrement turbulent cette nuit-là. Elle entendit ses petites griffes raclées le bois des murs à chaque fois qu’il courait dans un sens ou dans l'autre. Incapable de dormir avec un tel raffut, il n’eut pas d’autres choix que d’apposer des bouchons d’oreilles pour avoir le loisir de s’endormir. Au petit matin, bien décidé à dégager ce visiteur, elle empoigna l’annuaire de la ville et rechercha le numéro d’un dératiseur. Après quelques minutes de recherches, il finit par trouver un spécialiste en bas d’une page. Après quelques démarches téléphoniques, elle obtint son rendez-vous. Un professionnel passera dans l’après-midi pour traiter le problème. Rassurée, elle s’installa sur son fauteuil avec une tasse de thé. Toutefois, elle ne s’attendait pas un tel affront de la part du rat. La petite bête l’observait en se nettoyant la frimousse. La grand-mère haussa un sourcil face à une telle arrogance et tenta de faire partir la bestiole, mais sans effet.
Dès qu’elle décida de se lever, le trouble-fête s’enfuit rapidement en se faufilant derrière une commode dans la cuisine. Au moins, maintenant, Alma connaissait la cachette de l’animal. Quelques heures, plus tard, la sonnerie de sa porte d’entrée retentit. Doucement, elle se redressa. « J’arrive, un instant ! » Annonça-t-elle. La grand-mère déverrouilla la porte et l’ouvrit. Un individu mince aux cheveux bouclés lui fit face… La stupeur gagna son visage. Elle n’arrivait pas à le croire… Non, elle ne pouvait pas le croire. L’émotion la gagna, ses mains se portèrent sur sa bouche. L’unique chose qu’elle réussit fut la suivante. « Bruno ? » Après plus de trois ans sans aucune nouvelle, elle revoyait un membre de sa famille. À cet instant précis, elle en oubliait même la trahison de son fils, ceci n’avait plus aucune importance ! « C'est bien, toi ? »
Au fond, ce n’est peut-être pas pour rien si Bruno s’était choisi ce métier en particulier – en dehors du fait qu’il ne savait pas quoi faire d’autre exactement et n’avait pas l’impression d’avoir les compétence pour quoi que ce soit… et qu’il faut bien gagner sa vie, accessoirement… Récemment, chacune des rencontres qu’il a faites grâce à ses rats (ou à cause d’eux a été impactante, d’une manière ou d’une autre). C’est parce qu’elle a vu des rats rôder dans leur immeuble que Pepa avait frappé à sa porte, c’est parce que la salle de sport où travaillait Luisa avait appelé un dératiseur qu’il avait retrouvé sa nièce… d’une façon ou d’une autre, les rats, que ce soit par l’intermédiaire de ses télénovelas ou autrement, sont le lien entre lui et les autres…
Au moment de frapper à la porte de ce nouveau client dont il n’a pas cherché à s’enquérir du nom, Bruno s’attend à tout et à rien en même temps, en fin de compte. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne s’attendait pas à ça. Ce discours bien rôdé qu’il a appris par cœur et qui lui permet de s’adresser à ses clients sans céder à sa nervosité, il l’oublie complètement au moment de poser les yeux sur cette femme qu’il reconnaît immédiatement. Il regarde autour de lui un instant, comme s’il pouvait ne pas s’agir de lui, ou d’elle, comme s’il n’était pas ce Bruno qu’elle reconnaît lui-même comme étant sa mère.
Il y a souvent pensé, depuis qu’il a retrouvé un à un le reste des Madrigal. Il ne manque qu’abuela… Il a souvent songé à ce à quoi ressembleraient leurs retrouvailles. Il les avait espérées et, dans le même temps, il en avait eu peur. Et pour cause, cela fait plus de dix ans… Bruno avait disparu de la circulation, il était parti sans se retourner. Pas très loin, certes, mais il était parti tout de même. Il reste là, et il se rend compte qu’il tremble, perplexe, interdit. A tout instant, il s’attend à sentir fondre sur lui une salve de reproches à n’en plus finir. Et mérité, sans doute… Il se sent partagé, si heureux, si soulagé à l’idée de la revoir… Il sent son cœur se réchauffer et en même temps son corps se glacer. Il a envie de la prendre dans ses bras, ou bien de se répandre en excuse à n'en plus finir. A la place, il reste figé là, sans être capable de faire quoi que ce soit. Il sait qu’il doit sans doute agir, soit prendre son courage à deux mains, soit prendre ses jambes à son cou.
« Mamá… »
Ses paroles se perdent dans un souffle. Il ne sait plus de quelle façon agir. Il a l’impression qu’un voile un peu flou s’est déposé entre lui et sa mère… avant de comprendre qu’en réalité, l’émotion subite qui l’assaille d’un coup lui a fait monter les larmes aux yeux.
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Sam 16 Juil 2022 - 14:18
SOS Rat-Dical ! × ft. Bruno
Abuela se tenait là, devant sa porte. Sa main recouvrait sa bouche et cachait ainsi son ébahissement. Son seul et unique fils se tenait, là, devant elle. Malgré le temps, cet homme n’avait pas changé d’un poil ! Ses cheveux bouclés retombaient sur son visage. Son visage effilé gardait cette légère tristesse depuis cet événement fatidique. Sa barbe, taillée en cercle, entourait sa bouche et passait en dessous de son nez. Effectivement, Bruno était comme dans les souvenirs d’Alma. Cela faisait trois longues années, qu’elle ne l’avait pas croisé, sans compter les années d’ermitage dans leur village natal. Le revoir, ici, restait une délivrance pour la grand-mère et confirmait certains de ses doutes. Si Bruno était là, les autres Madrigal vivaient, également, dans ce mystérieux endroit. Cet espoir, qu’elle nourrissait depuis son arrivée, se renforçait et laissait place à une émotion nouvelle !
Sans perdre une seconde de plus, Alma se jeta sur son enfant et l’enlaça de toutes ses forces. Son amour explosait. La joie se lisait sur son visage. Ses yeux se gorgeaient de larmes, mais tentaient de garder ce liquide lacrymal à sa place dans le creux de ses paupières. Ce n’était pas par fierté qu’elle procédait de la sorte, mais elle ne souhaitait pas inquiéter Bruno ou provoquer une quelconque révulsion en lui. De toutes ses forces, elle serrait sa chair contre elle. Sa tête se déposa contre son torse et elle ferma les yeux. Même avec ses vaines tentatives, ses larmes s’échappèrent et coulèrent le long de ses joues ridées par l'âge. Cette étreinte dura plusieurs minutes. Alma profitait pleinement de ses retrouvailles. Le temps des querelles était désormais révolu ! Dans ce monde, les Madrigals devaient rester unis et affronter les péripéties de ce nouveau monde avec détermination et force.
Son corps se recula légèrement et ses mains agrippèrent son visage en coupole. « Brunito… » Souffla-t-elle avec un sourire chaleureux et réconfortant. Ses pouces caressèrent doucement sa peau. Ses prunelles redécouvraient peu à peu son fils. « J’avais demandé à Pedro de m’envoyer un signe, ici, dans cette ville. » Elle marqua un temps de pause. Ses paumes abandonnèrent son visage pour enserrer ses mains. « Et te voilà, Bruno. » Alma n’y croyait toujours pas… Bruno était là… Ses retrouvailles auraient pu continuer, si le dissident de cet appartement n’avait pas montré le bout de sa frimousse en provoquant la chute d’un paquet de biscuits. Ce vorace n’avait décidément aucune vergogne ! Face aux bêtises de cette petite créature, le visage d’Alma se raffermit. « Tiens… Le voilà. Ce rat est la cause de mon appel… » Par ses mains, elle l’entraîna à l’intérieur. « Qu’est-ce que tu deviens, Bruno ? Qu’est-ce qu’il s’est passé après l’effondrement de Casita ? » Se sentant fautive de cette catastrophe, elle avait du mal à aborder ce sujet… Sa voix tremblait légèrement… « Peut-être qu’il serait mieux d’attraper ce rongeur… La journée, il se cache la plupart du temps. Tu as de la chance, qu’il soit sortie de sa cachette. » La grand-mère était loin d’apprécier ce type de créatures… Les rongeurs colportaient des maladies et n’étaient que des nuisibles. « Il adore se cacher derrière la commode de la cuisine, juste ici. » La vieille dame indiqua un meuble en particulier dans sa cuisine et sourit à son fils. Décidément, cette joie n’arrivait pas à la quitter. « Brunito… Te revoir... C'est... » Ce bonheur ne se détachait pas d’elle. Son fils était ici, dans cet endroit atypique… Cette affirmation la laissait sans voix !
Bruno est pris au dépourvu au moment de sentir les bras d’Alma se refermer autour de lui. Cette étreinte est aussi salvatrice qu’inattendue. Voilà une éternité qu’il ne l’avait pas revue, et Camilo avait eu beau lui conter le récit de leurs retrouvailles, c’était une chose de supposer qu’elles avaient eu lieu – et qu’elles avaient été heureuses – dans une telle temporalité et une autre que de les vivre. Bruno s’était persuadé du fait que sa mère serait forcément en colère contre lui, qu’elle l’accablerait de reproches – justifiés – pour être parti… et pourtant, la seule émotion qu’il lit en elle au moment de cette étreinte inattendue, c’est de la joie, de la soulagement, et surtout, surtout, de l’amour. L’amour inconditionnel d’une mère pour son enfant. Un amour partagé, bien sûr. Son départ a pu passer pour une marque d’ingratitude mais jamais, ô grand jamais, Bruno Madrigal n’a cessé d’aimer sa famille. Les bras ballants tout d’abord, c’est après un moment de flottement, quand il finit par réellement comprendre que sa mère est bel et bien là, que c’est elle qu’il serre contre lui quand il prend enfin la peine de renforcer cette étreinte. Il ne voit pas ses larmes couler tant il est accaparé par celles de sa mère. Il déteste la voir pleurer, mais il aime l’émotion que ces larmes lui transmettent. Pas de colère, pas de rancœur, juste la satisfaction de s’être enfin retrouvés, après tant d’années d’incompréhension, de silence.
Son regard légèrement voilé de larmes peut enfin rencontrer plus longuement le sien quand Alma s’écarte légèrement, prend son visage en coupe pour mieux l’observer. Il laisse à Alma le soin de le détailler du regard, profite en retour d’avoir retrouvé ce membre manquant à la famille qui en avait toujours été le socle et qui lui avait terriblement manqué. Brunito. Voilà une éternité que plus personne ne lui avait donné ce surnom. Et il avait oublié à quel point cela faisait du bien de l’entendre, prononcé avec une telle tendresse. Un sourire timide se dépose sur ses lèves quand Alma le présente comme le signe qu’elle avait réclamé à son défunt époux à son arrivée en ville. Il ne dit rien, même s’il y aurait des milliers de choses à dire. Il veut s’excuser, revenir sur tout ce qui s’est passé, mais il a beaucoup trop peur de tout gâcher. Alors il se focalise sur le fameux rat qui avait amené Alma à l’appeler en premier lieu.
« Ne t’en fais pas mamá, je m’en occupe tout de suite », affirme-t-il d’un ton décidé avant de récupérer un des biscuits tombé du paquet pour attirer le rongeur, tout en s’agenouillant au sol dans une position inélégante. Depuis quelque temps, les rats lui mangent de nouveau littéralement dans la main, il ne faut pas quelques secondes pour que la bestiole se dépose au creux de ses paumes. Ce n’est pas vraiment de la chance si le rat est sorti de sa cachette. Possible qu’il l’ait juste cherché. Le rongeur vient longer le bras de Bruno et s’installer confortablement sur son épaule tandis qu’il répond à la première question de sa mère. « J’ai réussi à quitter Casita avant qu’elle ne s’effondre, après ça j’étais ici. Camilo m’a raconté tout un tas de choses sur ce qui se serait passé ensuite mais… Tu sais que Camilo est ici, au fait ? Et Julieta et Pepa. Et les enfants. » Il se redresse doucement, caresse distraitement le rat sur son épaule. « Je crois… que j’ai des excuses à te faire. »
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Mar 9 Aoû 2022 - 17:20
SOS Rat-Dical ! × ft. Bruno
Au sein de ses bras, ses larmes ruisselaient le long de ses joues. Alma ne put contenir une telle émotion, une telle joie de retrouver un membre de sa famille disparue. Son regard, embrumé par ses larmes, croisa celui de son fils. Au creux de ses iris, elle lisait exactement les mêmes sentiments qu’elle éprouvait. Heureuse et soulagée que Bruno puisse l’accepter, ses bras raffermirent sa prise autour de lui. Après trois ans de solitude et de questionnements, Bruno venait de la délivrer de cette étouffante et angoissante souffrance. Ses bras balayèrent ses chimères d’un seul et unique mouvement. Malgré les années, Bruno restait fidèle à lui-même. Son unique fils n’avait pas changé d’un pouce. Son sourire réchauffa le cœur de la matriarche. Les deux jeunes gens se ressemblaient. Par crainte de tout briser à nouveau, ils choisirent ensemble de se focaliser sur le rebelle à poil de cette maison. Un moyen plus léger d’aborder cette pesante et difficile discussion.
« Merci. » Lâcha-t-elle en venant s’installer sur l’un des canapés pour ne pas déranger son fils pendant son travail. Aussi étonnant que cela puisse paraître, Bruno n’eut aucun mal à récupérer le rongeur. C’était comme s’il partageait un lien spécial avec cet animal. La bête gravit le bras de l’homme et se logea confortablement sur son épaule. Une certaine stupéfaction gagna son visage, mais elle s’évapora rapidement lorsqu’il aborda l’effondrement de Casita. Sa maison… Leur maison s’était détruite et le miracle avec… « Pauvre Casita… Heureusement, tu as pu t’en échapper à temps. » Un sourire sincère étira ses lèvres. Casita était précieuse à ses yeux, mais son fils l’était d’autant plus. En secret, Alma avait toujours espéré la survie de son Brunito, malgré leurs querelles et leur éloignement. Une autre surprise étreignit le cœur de la vieille femme. Son enfant lui annonça que d’autres membres de la famille étaient présents sur cette île. « Oh merci ! Ils ont réussi à s’en sortir… Comment vont-ils Bruno ? Est-ce qu’ils sont bien dans cette ville ? Est-ce qu’ils sont tous là ? » L’assaillit-elle de questions.
Cette nouvelle lui ôta un lourd poids de ses épaules. Ses craintes s’envolèrent et libèrent son cœur meurtri de cette angoisse permanente. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres. Pour éponger ses larmes, elle extirpa de sa poche un vieux paquet de mouchoirs et essuya furtivement ses yeux. « Tu sais… Moi aussi… » Elle l’interrompit et se lança dans ce monologue. « Lorsque Casita s’est effondrée et que je me suis retrouvée, ici, seule… Je me suis longuement demandé si c’était à cause de mes choix, de ma sévérité envers notre famille… Envers toi… Cette souffrance... Je croyais ne plus jamais la ressentir… Perdre Pedro m’a accablé, mais alors vous perdre lors de la destruction de Casita… J’ai cru que… » Sa voix tremblait. Se remémorer cet épisode la plongeait dans une profonde tristesse. « Mirabel m’avait confronté à mon intransigeance… J’étais tellement terrifiée de perdre le miracle que je n’ai pas su voir au-delà de celui-ci. Je le regrette tellement… Brunito… Tu n’as jamais fait du mal à notre famille… Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est uniquement à cause de moi. » Soupira-t-elle en baissant la tête. Honteuse d’avoir condamné sa famille par égoïsme…
Bruno comprend, en découvrant la réaction de sa mère, que cette dernière ignorait que le reste de la famille était également présente, et en bonne santé. Le cœur de Bruno se réchauffe à la pensée de ne pas être, pour une fois, l’oiseau de mauvais augure. Il peut retrouver sa mère et lui confier, qui plus est, la meilleure des nouvelles. Certes, il aurait préféré, pour son bien, qu’elle ne reste pas seule aussi longtemps… mais tout va s’arranger, maintenant : Alma Madrigal retrouvera ses filles et ses petits-enfants, et tout retrouvera sa juste place.
« Ils vont bien. Je dirais même qu’ils vont très bien. Ils se sont tous bien adaptés » - oui, tous, et Bruno en avait sincèrement été impressionné. Lui-même ne pourra en dire autant. Dans ce monde comme dans le précédent, il a répété exactement les mêmes schémas, il n’a pas réussi à se départir de ses anxiétés, et ça même après que Camilo lui ait donné l’assurance qu’il avait autant manqué à sa famille que l’inverse. « Tu seras fière d’eux, vraiment. Je te donnerai leur contact, ils von tous être si heureux de te revoir ! Ils s’inquiétaient, tu sais. Enfin, on s’inquiétait. Bien sûr que je m’inquiétais aussi, même plus. Enfin, pas plus. Je veux dire qu’on s’inquiétait tous autant les uns que les autres… »
Bruno achève sa tirade d’un léger rire nerveux. L’émotion fait qu’il parle trop. Il a encore un peu la peur que ce moment, ces retrouvailles, lui soient arrachées d’une manière ou d’une autre. Comment est-ce que ce serait seulement possible ? Il n’en a pas la moindre idée, mais la peur que ça puisse arriver demeure, et le prend à la gorge…. C’est sa mère qui, en quelques mots, parvient tout de même à le ramener à l’instant présent. Il n’aime pas voir tant de larmes dans ses yeux, mais il est soulagé malgré tout qu’il ne s’agisse que de larmes d’émotions.
Quand Alma reprend la parole, Bruno comprend que tout comme lui, elle n’a rien su de ce qui avait suivi l’effondrement de Casita. Bruno en est terriblement désolé. Il imagine la culpabilité et la solitude qu’elle avait dû ressentir… sans doute parce que ces émotions ne lui sont que trop familières à lui également. Bruno ne veut pas lui reprocher sa sévérité ou ses choix. Il continue d’estimer que le seul tort de sa mère avait été de vouloir veiller sur le don précieux qui lui avait été confié à la mort de son époux, et à la subsistance de sa famille. Mais c’est vrai, peut-être que si les circonstances avaient été différentes, Bruno serait resté… Ou non. Alma n’avait pas été la seule responsable de son départ. Son don inquiétait tout le monde et ne satisfaisait personne, c’est ça la vérité, alors à quoi servait-il.
« Arrête, mama, tu n’es pas responsable de ce qui est arrivé. On a tous notre part de responsabilité, tu sais et tu… » Il pousse un soupire. Il se rapproche et avec une douceur timide, il vient d’une main caresser le dos de sa mère. « Ce qui t’est arrivé, la mort de papa, alors qu’on était si petits… Tu as été si forte. Notre famille ne serait rien sans toi. – Enfin, concrètement elle ne serait rien sans toi, parce que sans toi, on ne serait pas nés mais, eh… » Il passe une main nerveuse dans ses cheveux. « Tu m’as compris, pas vrai ? »
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Jeu 22 Sep 2022 - 19:53
SOS Rat-Dical ! × ft. Bruno
Dans cette ville, quelque part, sa famille se portait bien. Cette nouvelle la mettait en joie ! Elle avait tant espéré ça pour eux. « Heureusement… S’ils leur étaient arrivés malheurs, je m’en serai voulu toute ma vie. » Désormais, elle ne pouvait imaginer que la vie de sa famille au sein de cet endroit, si différent de leur monde. Au vu des différents profils parmi les Madrigal, la diversité était de mise et elle pouvait s’imaginer où finirait les membres de sa famille. Comme de voir Bruno en compagnie de ces rats. Cet homme avait toujours apprécié les rongeurs. Alma ne le voyait pas faire autre chose que ce travail dans cet étrange endroit. « J’ai toujours été fière d’eux. » La corrigea-t-elle avec un mince sourire. L’émotion de son fils la fit davantage sourire. Malgré toutes ces années, Bruno n’avait pas changé d’un poil. Il restait toujours cet homme timide et anxieux à l’idée d’évoluer dans une relation sociale. Sous ses airs maladroits, Alma le trouvait adorable. Bruno n’était plus un oiseau annonciateur de malheur, mais de bonheur. « Merci Brunito. » Un sourire réconfortant illumina son visage. « Ne t’en fais pas… Je sais. » Sa main se posa délicatement sur sa joue.
Bruno se tenait à ses côtés. Il essayait de rassurer sa mère, mais une part d’elle ne pouvait s’empêcher de se tenir responsable de cet incident. Certes, Bruno avait raison sur un point, tout le monde avait sa part de responsabilité, mais Alma n’arrivait pas à se résigner sur cette éventualité. Son fils n’arrêta pas et poursuivit son éloge. Alma exprimait une profonde gratitude envers lui. Malgré la souffrance qu’elle lui avait infligée, Bruno comprenait ses choix et son désir de protéger sa famille après la mort de son mari Pedro. Sa caresse amicale lui réchauffa le cœur. Elle hocha la tête et posa sa main sur la sienne. « Oui, je comprends, Bruno. Merci. » Répondit-elle avec un sourire. « Mais je ne peux m’empêcher d’avoir ce sentiment… J’ai toujours cru que mon désir de protéger notre famille l’avait condamné à finir dans cette ville si étrange. » Doucement, sa main se referma sur la sienne. « Pedro serait fier de voir ce que tu es devenu. Un beau jeune homme. » Alma était également fière de lui… Elle était fière de tous les membres de cette merveilleuse famille. « Tu m’as tellement manqué, mon Brunito… Dis-moi ce que tu deviens dans ce monde ? » La grand-mère avait du temps à rattraper avec son fils. Dans son monde, son absence avait été marquée. Désormais, elle possédait la possibilité de remédier à ça et de s’investir dans sa vie. « Tu as toujours autant d’affection envers les rats… C’est Antonio qui risque d’être heureux. » La matriarche tentait de détendre l’atmosphère, mais elle était tellement sous l’émotion qu’elle n’avait qu’une seule et unique envie : l’enlacer pendant des heures. Sans doute, par crainte qu’il ne volatilise encore une fois. « Casita s’est effondré… Mais ici, est-ce que vous avez retrouvé notre maison ? Comme le miracle a disparu… » Cela annonçait donc la disparition de la maison enchantée, mais cet univers se montrait rempli de surprises. Pris par un élan d’affection intense, elle reprit son fils dans ses bras et le serra contre elle. « Je suis tellement heureuse de t’avoir retrouvé. » Souffla-t-elle encore prise par l’émotion. Ces trois années de solitude avaient été si difficiles pour elle…
Bruno adresse un fin sourire plein d’empathie à l’adresse de sa mère. Il est le mieux placé pour savoir que sa mère aurait difficilement supporté ne serait-ce que l’idée qu’un malheur ait pu s’abattre sur n’importe quel membre de leur famille. Elle les avait parfois traités sévèrement, c’est vrai, mais elle les avait toujours considérablement aimés, et ici et maintenant, Bruno sait combien il est important qu’elle sache, sans aucun doute possible, que ses enfants et petits-enfants sont ici et en sécurité. De même, Bruno sait qu’elle a toujours été fière d’eux. Ils avaient pu en douter, parfois, tant elle avait affiché d’exigence à leur adresse, et l’entendre, par conséquent, était d’autant plus nécessaire. Alma dit avoir toujours été fière d’eux, il espère qu’il saura aussi la rendre fière de lui dans ce nouveau monde, même si son parcours, jusqu’ici, n’a pas forcément été ce que l’on pourrait qualifier de glorieux.
Bruno se sentait maladroit dans son comportement vis-à-vis de sa mère, mais il faut le comprendre : les retrouvailles dont Camilo lui avait parlé n’avaient pas eu lieu dans ses souvenirs, il les vivait maintenant, et c’était… particulier, mais un vrai soulagement en même temps. Est-ce que son désir de protéger sa famille avait été ce qui les avait précipités ici ? Bruno veut croire que non, même si rien n’aurait pu les préparer concrètement à ce qu’ils doivent endurer ici… pour le meilleur peut-être, va savoir. Chaque membre de sa famille semble plus épanoui hors de l’Encanto… Bruno aussi, quelque part, mais pas tout à fait. Même après plus de trois années, il n’a toujours pas retrouvé sa place, mais pour chaque membre de sa famille qu’il retrouve, il se redécouvre, en revanche, un foyer. Bruno aime entendre sa mère lui assurer que son père serait fier de lui… Bruno n’a évidemment aucun souvenir de lui, mais il a pensé à lui bien souvent.
« Ce que je deviens, hein ? » Il aimerait tant pouvoir lui parler de… ses choix de vie remarquables, de ses rencontres incroyables mais… « Pas grand-chose, je, enfin si… j’ai ma propre entreprise et ça c’est… bien ? »
Et sa mère semble fière même de son métier atypique. Oui, en effet, Tonito serait aux anges s’ils pouvaient rencontrer tous ses rats. Bruno espère qu’il aura l’occasion de les lui prendre un jour. Oui, il a sa propre entreprise, quelque part, c’est un succès. Oui. Et quelque part non. Sauf qu’il était un bon récupérateur de rat, mais pas franchement un très bon administrateur ou un bon comptable. Il perdait ses papiers constamment (quand ils ne se faisaient pas littéralement grignoter), et il était infichu de se servir d’un ordinateur.
« On a retrouvé Casita… enfin pas tout à fait. Mirabel vit là-bas, seulement elle n’est plus… il lui manque son âme, tu vois. » Il triture ses manches par réflexe. « Mais maintenant que tu es là, ça va peut-être changer ? » suggère-t-il, interrogation accompagnée d’un léger rire nerveux. « Moi aussi, vraiment heureux. C’était… c’était vraiment long. »
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Ven 21 Oct 2022 - 17:41
SOS Rat-Dical ! × ft. Bruno
Bruno se tenait là, devant elle, en chair et en os, fidèle à lui-même. Elle n’arrivait pas à le croire… En voyant qu’il énuméra sa vie professionnelle, Alma le stoppa avec gentillesse et lui offrit un sourire réconfortant. « Bruno… C’est même très bien que tu aies ton entreprise et que tu t’épanouisses dans ton travail… Mais ce que je veux savoir, c’est comment, toi, tu vas. » Cela ne changeait rien à la fierté d’Alma, mais elle avait trop longtemps négligé son bien-être mental et physique pour se préoccuper d’autres détails futiles. Ces années de solitude lui avaient permis de restructurer quelque peu sa manière de penser… Désormais, pour éviter tout nouveau drame, elle préférait s’axer sur sa famille et mettre de côté ses stupides exigences.
Dans cette ville, leur belle maisonnette était présente ! Cette nouvelle raviva le cœur d’Alma ! La grand-mère allait pouvoir retrouver cette ambiance dynamique et festive d’une grande famille. « Mirabel… » Souffla-t-elle. Douloureusement, elle se remémora cet incident, celui où elle la confronta à cette amère vérité. Subitement, elle se recentra sur le présent et tenta d’oublier ses viles chimères. « Oui… Il lui manque l’âme du miracle. Je ne sais pas… Peut-être qu’avec un peu de chance, on arrivera à retrouver l’essence de Casita. » Au vu de ses actions, la mère de Bruno ne savait pas si sa présence changerait quelque chose à l’inertie de la maison. « J’ose espérer que oui, mais je ne suis pas sûre Bruno… La dernière fois, nous avons perdu le miracle… Peut-être qu'il est perdu à tout jamais ? Mais, au moins, nous sommes tous ensemble… Et je pense que c’est le plus important. » Elle lui offrit un léger sourire. Peut-être, qu’une fois tous réunis à l’intérieur de la maison, le miracle reviendrait parmi les Madrigal ? Cette incertitude planait, mais comme l’avait souligné la matriarche, ils étaient ensemble et rien d’autre n’avait d’importance !
Doucement, elle hocha la tête. « Oui… Très long... Je me sentais si seule, sans vous à mes côtés. J’ai vraiment cru vous avoir perdu ! Je me sentais si coupable… Coupable d’avoir failli à notre famille, d’avoir failli à l’âme de ton défunt père… Toute cette période a été difficile… Très difficile… J’ai tant demandé à Pedro, mais il ne m’a jamais envoyé de signe jusqu’à aujourd’hui. » Dit-elle en déposant délicatement sa main sur la sienne. « Merci… D’être là… D’être venu… Et d’avoir attrapé ce rongeur. » À nouveau accablée par l’émotion, Alma se retint de pleurer une nouvelle fois. Décidément, cette séparation l’avait profondément marqué.
Bruno a le réflexe de baisser les yeux et de passer une main nerveuse dans sa chevelure ondulée, comme à chaque fois qu’une situation le met mal à l’aise – donc autant dire que ça lui arrive très souvent. Oui, son entreprise en elle-même ne se porte pas si mal, même si on ne peut pas dire non plus que Bruno Madrigal soit un homme d’affaires émérite. Quant à dire qu’il s’épanouit dans ce qu’il fait ? Il ne sait pas trop… disons qu’il est heureux avec ses rats, du moins. Ce qui est déjà pas mal. Mais est-ce qu’il est heureux tout court ? Est-ce qu’il va bien ? Il n’est pas sûr de savoir répondre complètement à cette question… il n’est pas sûr de pouvoir lui adresser la réponse honnête qu’Alma Madrigal mériterait sans doute.
« Je… ne vais pas mal ? » il suggère comme s’il s’attendait à ce qu’on lui pointe du doigt une bonne ou une mauvaise réponse… il ne sait pas vraiment de quelle façon l’exprimer. Même s’ils ne se sont pas vus pendant très longtemps – ou pour être plus exacte, c’est elle qui ne l’a pas vu durant des années, faute de savoir qu’il était plus proche qu’elle ne l’imaginait.
Il estime que son état, même si Alma s’en soucie réellement, n’est pas la priorité, et il préfère lui s’assurer que sa mère va bien que l’inverse. Bien sûr, son inquiétude le touche, mais il ne veut pas rajouter un poids quelconque sur son cœur. Il laisse donc le sujet dériver sur Mirabel et sur Casita, Casita qui a perdu son essence, quand la plupart d’entre eux ont perdu leurs capacité, leur miracle… Mais ce n’est pas une réalité immuable, et tôt ou tard, les choses pourraient bel et bien changer. La famille Madrigal avait besoin de chacun de ses membres, et c’est là-dessus qu’ils doivent se focaliser. Ils doivent se retrouver… et c’est peut-être ainsi que Casita retrouvera son âme, son essence, et qu’eux-mêmes seront en mesure de se retrouver pleinement.
« Je suis désolé que tu aies ressenti tout ça, maman », fait Bruno, mal à l’aise faute de savoir quels geste utiliser pour aider et rassurer sa mère, quand elle lui apprend à quel point elle a trouvé le temps long, et à quel point elle s’est senti coupable est perdu. Bruno s’en veut de l’avoir laissée seule si longtemps. Il aurait voulu être à ses côtés bien plus tôt. Au fond, c’est lui qui est à blâmer. Il l’a abandonnée une première fois, et il songe qu’il l’a abandonnée une seconde fois en ne la recherchant pas suffisamment. « Je te laisse plus, maintenant, hein ? » Il sourit du mieux qu’il le peut. « On ne se laisse plus. »
A présent, ils seront là les uns pour les autres, tous les Madrigal, et ils se soutiendront quoi qu’il advienne.
« Tu sais… papa, il serait fier de toi, vraiment. Il serait fier de nous tous. »
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