Rat sickness [Grace]

Rat sickness

feat. Grace

Ce qui, l’avait-il espéré, ne devait être qu’une simple morsure qui serait rapidement guérie à grand renfort de désinfectant et de pansements, avait pris des allures beaucoup plus alarmantes au fil du temps. Bruno n’en veut pas à Loretta, ça non. Elle est nouvelle, après tout, il sait qu’elle ne s’entend pas très bien avec les autres rats, elle n’a pas eu l’air d’avoir la vie facile avant ça, si elle était malade, ce n’est tout de même pas sa faute. On ne choisit pas d’être malade, en même temps, n’est-ce pas. Et puis, Loretta purge suffisamment sa peine à présent qu’elle est coincée dans une cage individuelle…

Bref, pour en revenir à Bruno, inquiet de laisser ses rats seuls si longtemps (même s’il a demandé à Ella et Camilo de venir y jeter un œil pour s’assurer qu’ils ne s’ennuient pas et aient de quoi manger), il est pour l’heure coincé dans une chambre d’hôpital dont il trouve les murs blancs et le décor parfaitement aseptisé tout ce qu’il y a de plus angoissant. On parle de streptobacillose, ou un mot s’en approchant – Bruno n’est honnêtement pas sûr d’avoir franchement bien compris de quoi il s’agissait ni des implications pour lui, il sait juste qu’il est coincé là, en observation, comme ils disent, et qu’il n’a d’autre choix que d’attendre.

Il n’est pas à son aise dans cet endroit qui est out sauf son élément naturel. Il est tenté d’écrire un message à Camilo, ou Dolores… ou se renseigner pour savoir si Julieta ne pourrait pas venir le voir pour le rassurer, mais il n’est pas question pour lui de les inquiéter outre mesure. Tout va bien se passer. Très vite, on lui dira qu’il peut rentrer chez lui, il retrouvera Loretta et tous les autres, dans le confort de son petit appartement aux murs complètement décrépits, qui ne lui apporte pas forcément tout le bonheur et tout le réconfort dont il a besoin, mais où il trouve une certaine forme de sécurité, si abstraite soit-elle. On lui apprend qu’un médecin va venir le voir, mais dans l’attente, il est laissé seul, et laissé seul, il perd doucement patience.

Ses pensées filent dans tous les sens tandis qu’il attend qu’on le prenne en charge et qu’il fait les quatre cents pas dans la pièce, il mémorise chaque détail de la pièce comme pour l’aider à ne pas laisser une angoisse inutile le traverser. Il voudrait toucher du bois, mais tous les meubles ici semble fait d’une sorte de matière qu’il ne saurait décrire… Quoi ? Du plastique ? Aucune idée. Comme pour décompresser, il fouille les armoires, à la recherche de quelque chose, n’importe quoi, qui saurait être source de réconfort partiel. Jusqu’à ce que s’ouvre la porte, alors que lui-même a déjà mis le contenu de l’armoire sens dessus-dessous.

« Oh vous devez être le médecin, c’est ça ? » dit-il en voyant une femme passer le pas de la porte. « Désolé, j’étais… » Faute de trouver quoi que ce soit à dire, il s’installe sur le lit le plus proche. « Je faisais rien de particulier », ajoute-t-il à la manière d’un gamin pris en faute.

Rat sickness

feat. Bruno

Ce jour là, Grace était plongée dans ses papiers. Elle pouvait se permettre de se concentrer dessus car ses collègues pouvaient gérer pour cette journée. Ce n'était clairement pas la partie de son travail qui lui plaisait le plus. Mais étant donnée que la jeune femme n'arrivait pas à se familiariser avec la technologie de cette nouvelle ère, elle n'avait pas d'autre choix que de gratter le plus vite possible avec l'aide son fidèle stylo plume. De plus, s'en occuper quand elle en avait l'occasion lui évitait de laisser la paperasse s'entasser, jusqu'à devenir ingérable. Mine de rien, elle pouvait vite laisser la flemme prendre le dessus quand elle ne se disciplinait pas !

Après une bonne heure de travail, un collègue finit par toquer à la porte de son bureau. Un patient venait d'arriver et il voulait qu'elle s'en occupe, car son cas ne prendrait que peu de temps et qu'il ne semblait pas très à l'aise. Intérieurement heureuse de pouvoir sortir de cette pièce, elle se leva en lui affirmant qu'il ne la dérangeait pas et qu'elle pouvait s'en occuper.
Elle avança le long des couloirs, appuyant ses doigts contre ses tempes pour se faire un massage crânien. Forcer son cerveau afin d'archiver ses documents le plus vite possible l'avait plus fatiguée qu'elle ne l'aurait cru. Elle allait pouvoir remercier le patient de l'avoir sorti de ce calvaire. Bien que pour cela, il avait du faire un passage dans une de leur chambre d'hôpital. Elle espérait que ce n'était rien de grave, pour lui.

Après avoir prit le dossier à l'accueil, elle entra dans la chambre qu'on lui avait indiquée. Elle tomba alors sur un homme de son âge, en train de fouiller dans l'armoire à côté du lit. Elle l'observa quelques secondes, un peu surprise. Il espérait trouver quelque chose ?
Remarquant sa présence, l'inconnu essaya d'expliquer son comportement. Mais il ne put que bégayer et s'asseoir sur le coup, tel un enfant à court d'arguments. Un des sourcils du médecin se releva, la jeune femme trouvant la situation plutôt drôle. Bien sur, elle n'allait pas le lui faire remarquer. Il semblait déjà assez mal à l'aise pour qu'elle n'en rajoute une couche.
A la place, elle se rapprocha pour lui tendre la main.

- Je suis bien le médecin, en effet. Le docteur Hargreeves. On m'a dit que vous vous étiez fait mordre par un rat. Vous permettez que j'y jette un oeil ?

Son patient ayant levé les yeux vers elle, Grace lui offrit un doux sourire. Elle voulait qu'il soit le plus à l'aise possible, qu'il puisse avoir confiance en elle. Il n'y avait qu'ainsi qu'elle arriverait à le soigner correctement et lui permettre de quitter les lieux rapidement. Car elle voyait bien qu'il n'était pas du tout dans son élément, entre ces quatre murs blanc. C'était certainement pour cela que son collègue avait voulu que ce soit elle qui s'occupe de cet homme. Grace était douée pour parler et rassurer les autres. Parce son empathie et son envie d'aider son prochain étaient plus fort que le temps qui avançait dangereusement vite.
Elle prendrait le temps qu'il faudrait pour l'aider.  

Rat sickness

feat. Grace

La médecin fit comme si de rien n’était, comme si elle n’avait absolument rien remarqué, et comme si cette situation lui arrivait constamment. Peut-être bien que oui. Sans doute que quand on fait le métier qu’elle fait, on a tendance à ne plus être surpris par quoi que ce soit. Bruno serait bien en peine de le dire ou de le confirmer, en ce qui le concerne, parce qu’au final, il n’avait jamais vraiment rencontré beaucoup de médecins avant, d’une part parce qu’il était relativement résistant, d’autre part, surtout, parce que la cuisine miraculeuse de Julieta avait toujours réglé le moindre de ses problèmes, et ça même après qu’il se soit enfui entre les murs de Casita, puisqu’il continuer de chouraver ce qu’il pouvait dans la cuisine en vis-à-vis de sa cachette, chaque fois que la situation le lui permettait. Il note quoi qu’il en soit que loin de chercher à le mettre dans l’embarras, elle aurait visiblement plutôt tendance à chercher à le mettre à l’aise, et il apprécie beaucoup ce constat, qui le rassure vraiment sur les intentions de son interlocutrice. Elle n’est pas moqueuse ou médisante, et surtout, elle n’a pas d’a priori sur lui.

Sa main est un peu moite quand il sert celle de cette femme qui se présente comme le docteur Hargreeves. Il faut dire qu’il a tendance à trouver cette femme d’une beauté intimidante, si bien qu’il songe l’espace d’un bref instant qui lui semble aussitôt risible qu’il aurait peut-être dû faire l’effort d’un peu plus d’élégance, mais c’est oublier pour quoi il est là pour commencer, et plus vite il sera examiné, plus vite il pourra partir d’ici.

« Euh oui, bien sûr… », confirme Bruno, tout de même mal à l’aise, en relevant son bras pour dévoiler le bandage dissimulant la morsure, profonde, laissée par la pauvre Loretta. C’est vrai qu’elle n’y est pas allée de dent morte, la pauvre… Si Bruno ne lui en veut pas le moins du monde, c’est quand même une chose qu’il peut reconnaître, la petite rongeuse avait les crocs bien acérés. « Vous savez, c’est pas vraiment sa faute, elle était nerveuse, et j’aurais pas dû lui présenter les autres aussi vite, elle a pris peur, c’est normal. Moi aussi je deviendrai nerveux si on devait me présenter autant de gens d’un coup. »

Et à l’évidence, il illustre parfaitement ses propos en affichant si ostensiblement son incapacité à tenir une conversation normale avec une inconnue : il part dans tous les sens, en une manière peu efficace de dissimuler une nervosité qui, bien évidemment, ne peut que se remarquer à des kilomètres à la ronde… Il n’a jamais été doué pour dissimuler ses émotions.

« C’est pas bien grave, pas vrai ? Je pourrai bientôt rentrer, n’est-ce pas ? » demande-t-il en lui laissant à peine l’occasion d’y regarder de plus près.

Il n’y peut rien, il a besoin d’être rassuré. Cette situation le place dans une position délicate, et qu’il est vraiment loin d’apprécier. Il ferait honnêtement tout pour s’y soustraire.

Rat sickness

feat. Bruno

La main de patient tremblait légèrement, tandis qu'elle la serrait légèrement pour le saluer. N'ayant aucune idée de la façon dont son interlocuteur la vois, elle se comporta comme elle l'aurait fait avec n'importe quel patient. Grace Hargreeves n'était pas ce genre de personne, un peu trop humble par moment. Elle savait qu'elle était belle, que certains avaient le regard attiré par sa personne. Le moment n'était juste pas choisit pour imaginer l'effet qu'elle pouvait faire à cet homme. Elle ne savait pas encore qu'il était déjà en train de prendre un place particulière dans sa vie, sans même le savoir. Qu'ils allaient, par la suite, se rapprocher et entretenir un lien spéciale, auquel les deux n'auraient jamais pensé. Bruno parce qu'il ne l'avait jamais vécu. Grace parce qu'elle pensait ne jamais pouvoir le vivre à nouveau, après Reginald.
Mais elle avait encore le temps de le découvrir !

Commençant à se détendre, son interlocuteur lui tendit sa blessure afin de la laisser travailler. N'ayant pas lâcher son sourire, elle retira doucement le bandage afin de constater les dégâts. C'était, en effet, plutôt profond. Mais par chance, l'infection pouvait rapidement être neutralisé. Il n'avait pas attendu trop longtemps, bien qu'il aurait du venir dès que l'accident était arrivé !
Professionnelle jusqu'au bout des ongles, elle attrapa son matériel pour commencer à le soigner. Elle ne leva pas les yeux de sa tâche, bien qu'elle resta attentive aux mots du blessé.

- De ce que je comprend, vous élevez des rongeurs ? C'est la première fois que ce genre de situation arrive ?

Elle attrapa un scapel, comptant nettoyer la plaie en enlevant des bouts de peau morte pouvant la gêner. Mais avant de faire quoi que ce soit, elle regarda son interlocuteur pour lui donner des explications.

- J'utilise ceci pour enlever une partie de l'infection, qui risque de me gêner pour complètement vous soigner. Puisque qu'il s'agit de peau morte, vous n'allez rien ressentir. Vous pouvez me faire confiance !

Une fois qu'elle fut sure qu'il est comprit, elle commença sa tâche. Elle détacha doucement les parties infectés, un peu de sang sortant légèrement. Elle se dépêcha d'arrêter le saignement afin des compresses et de désinfecter correctement, posant ensuite un gros pansement ainsi qu'un bandage afin que rien ne puisse toucher la plaie durant sa cicatrisation.
Ce fut à ce moment là que le patient lui demanda s'il allait bientôt pouvoir rentrer. Elle se releva pour lui faire complètement face, une expression un peu peinée apparaissant sur son visage.

- Monsieur Madrigal ... votre plaie ayant été soignée correctement, elle devrait cicatriser sans aucun problème. Mais nous avons besoin de vous garder un peu plus longtemps ...

Elle prit une chaise, non loin d'elle, afin de s'asseoir et d'être un peu plus à la hauteur de son interlocuteur. Elle ne voulait pas le faire paniquer inutilement, mais il devait savoir pourquoi l'hôpital devait le garder. Alors, elle parla avec le plus de douceur possible.

- Il y a un risque que vous ayez attrapé une streptobacillose. C'est une maladie qui peut se transmettre par la morsure d'un rat. C'est pourquoi nous voudrions juste procéder à des examens, afin d'être sure que tout va bien avant de vous laissez partir !

Rat sickness

feat. Grace

« Non, non, je les élève pas », se sent immédiatement obligé de préciser Bruno comme si c’était vraiment le détail le plus important du monde en cet instant, quand son interlocutrice l’interroge au sujet de ses rats. « On… je dirais qu’on vit en colocation, plutôt », ajoute-t-il avec un léger sourire embarrassé, faute de savoir le présenter autrement.

Bruno est habitué à ce que ses lubies soient considérées avec distances, voir avec moquerie. Il a appris à faire avec, et même, il préfère cela à l’inquiétude qu’il avait inspiré à certains au point qu’ils préfèrent éviter de le côtoyer… mais en présence de sa déroutante interlocutrice, qu’i le déroute sans même qu’il sache également préciser pour quelles raisons. Il n’a pas envie qu’elle le prenne – elle aussi – pour ce type embarrassé et embarrassant aux habitudes étranges. Sauf que la malhonnêteté, ce n’est pas le fort de Bruno, pas vraiment, et quand il s’agit de prendre la défense de ses fiers rongeurs, il est évidemment toujours fidèle au poste, le premier à répondre présent, contre vents et marées.

« C’est déjà arrivé… pas à ce point-là », remarque Bruno en angoissant légèrement au moment de voir son regard se poser sur le scalpel.

Heureusement, très professionnelle, Grace lui explique directement ce qu’elle a l’intention de faire, et même si ça ne le rassure qu’en partie, ça a quand même le mérite de le détendre un peu. Elle lui dit qu’il peut lui faire confiance, et même s’il n’a aucune preuve de cela, il fait le choix de la croire malgré tout. Il se crispe tout de même franchement au moment où elle s’affaire à la tâche. Il tente de focaliser son attention ailleurs que sur la plaie qu’elle soigne, il se focalise sur tous les traits de son visage parfait, les mémorise comme une façon de se rassurer. C’est étonnamment efficace.

Il réalise qu’il a probablement retenu son souffle tout ce temps quand Grace lui apprend que sa plaie a été soignée correctement et devrait cicatriser normalement, alors, il se sent expirer sans doute un peu trop fort. Il sent cependant une nouvelle vague d’anxiété le gagner au moment d’entendre son interlocutrice affirmer qu’il faudra le garder plus longtemps avant de s’asseoir en face de lui. Elle a sans doute deviné quel sentiment de stress commence doucement à le gagner, car elle semble vouloir le rassurer presque aussitôt. Il n’a pas la moindre idée de ce streptobacillose veut dire, et il n’est pas sûr de vouloir retenir ce nom un peu barbare…

« Mais je peux pas rester… Mes… Mes colocataires, ils vont rester seuls sans moi, ils ont besoin que je sois là », dit-il, paniqué, en songeant à ses rats. Qui en vérité sauront sûrement très bien se débrouiller. « S’il vous plaît », ajoute-t-il en tournant vers Grace des yeux suppliants. « Je peux vraiment pas les laisser… ça va, je vais bien. Vous l’avez dit, vous m’avez soignée, c’est parfait. Je vous promets que je saurais me débrouiller par moi-même, j’ai fait ça presque toute ma vie, je sais y faire. »

Rat sickness

feat. Bruno

Dans un premier temps, la blonde ne put s'empêcher d'arquer un sourcil. Il semblait vraiment tenir à ces bêtes, pour en parler comme il le faisait. Elle eut un petit sourire, trouvant ça mignon. Certains l'aurait certainement trouvé bizarre, les rats ne faisant pas parti des animaux les plus appréciés par les humains. Bien qu'elle en avait déjà croisé dans son ancien métier, elle ne pouvait pas comprendre cet attachement que son patient pouvait ressentir pour eux. Mais qui était-elle pour juger cet homme, qu'elle rencontrait à peine ? Elle n'était pas un exemple de normalité, au vue de cette famille dans laquelle elle s'intégrait tout doucement.
Et puis, elle le trouvait mignon en le voyant sourire rien qu'en pensant à ses animaux. Il fallait bien l'avouer.

D'après lui, c'était la première fois qu'il se retrouvait avec une blessure comme celle-ci. Même si cela n'effaçait pas les risques, ils pouvaient quand même être un peu réduit. Il avait un peu de chance de ne rien attraper, pour une première fois. Mais elle évita de trop partir dans les détails, se concentrant sur les soins à appliquer. Ainsi que de rassurer son interlocuteur, n'étant pas à l'aise dans un établissement médicale.
Faire face à ce genre de personne était une routine. Personne ne pouvait être totalement détendu entre des murs blanc empestant les médicaments. Pourtant, Grace s'y sentait bien. Bien mieux que lorsqu'elle se rappelait de ses vieux souvenirs, dans ce laboratoire où tout avait commencé avec Reginald. Elle était mieux ici, à sauver des vies, rassurer les autres, former des jeunes pleins de rêves. Cette vie était bien meilleure, pour elle.
Et elle ne voulait pas que qui que ce soit se sente mal entre ses mains.

Une fois sa tâche terminée, elle commença ses explications afin de donner toutes les informations sur les dernières démarches. Malheureusement, son interlocuteur n'était vraiment pas enclin à rester plus longtemps. Elle avait de la chance qu'il soit encore poli avec elle, malgré la panique qui s'affichait lentement sur son visage. Sans vraiment réfléchir, sa main se posa sur la sienne. Elle ne s'en rendit pas vraiment compte, focalisé sur le fait qu'elle devait lui faire comprendre la situation. Il pourrait tomber sur un collègue beaucoup moins patient qu'elle, si elle n'arrivait pas à le convaincre. Et cela ne pourrait qu'être plus désagréable pour lui.
Elle ne voulait pas que cela se produise.

- J'aurai pu vous laisser partir, si cela n'était pas grave. Mais cette maladie l'est vraiment. Si nous vous laissons partir sans prendre le soin de vérifier et que vous avez belle et bien était infecté, votre vie sera en danger.

Un petit silence suivit sa phrase. Les deux adultes se regardèrent quelques secondes, sans rien dire. Elle devait le laisser prendre conscience de la situation, sans pour autant le laisser perdre tout son sang-froid. Après tout, rien n'était certains. Et même s'il venait à vraiment être infecté, elle ne le laisserai pas être malade longtemps. Elle se le jurait, sur son serment d'Hippocrate, de ne laisser aucun patient sans le moindre recours.
Et, sans s'en rendre, sa poigne fut un peu plus forte. Dans un élan se voulant rassurant et chaleureux.
Elle fut aussi accompagnée d'un petit sourire, comme pour se faire pardonner.

- Les examens ne durent pas longtemps. Nous pouvons vous les faires dans la journée, pour ainsi vous permettre chez vous dans la soirée. Mais je ne peux pas vous laissez partir plus tôt ... Vous comprenez ?

Rat sickness

feat. Grace

La réaction de Grace rassure un peu Bruno. Il est habitué à être regardé de travers, à tort ou (souvent) à raison, il est moins habituée à cette sorte de tolérance qui ne dépasse pas le seuil de l’amusement. Grace ne le juge pas, ni lui ni ses aspirations à l’évidence étrange, elle se contente de l’écouter, et le simple fait qu’elle le fasse sans envisager que sa place serait peut-être dans l’aile psychiatrique de l’hôpital la rend d’autant plus sympathique à ses yeux. Dans tous les cas, cette jeune femme ne lui inspire qu’une bienveillance réconfortante qui a le mérite de le mettre très sincèrement en confiance, et clairement, ça lui fait du bien. Ce n’est pas ce qui va guérir miraculeusement sa blessure, c’est sûr, mais il a sans doute autant besoin de réconfort moral que physique, en réalité.

Est-ce pour autant qu’il tient à rester ici plus longtemps ? Certainement pas. Il ne se sent pas du tout à l’aise entre ces murs blancs : il voudrait vraiment pouvoir s’en aller, et le plus loin possible, tant qu’à faire, mais le choix ne lui revient pas : c’est sa santé qui est en jeu, et même si ce n’est pas intuitif pour lui, il doit apprendre à prendre soin de lui-même, il en a bien conscience. Il est prêt à écouter Grace, mais non sans inquiétude à l’égard des rats qu’il laisse livrés à lui-même. Il n’est pas du tout à l’aise avec cette situation, loin, très loin de là.

Il baisse le regard quand elle lui fait comprendre que ce dont il souffre est grave, et qu’il doit le prendre au sérieux : elle ne peut pas le laisser partir, c’est sa vie qui est en jeu… Quelle valeur lui accorde-t-il, à cette vie ? C’est difficile à dire tant il n’a vécu qu’à moitié pendant très longtemps, mais tout ermite et cas désespéré puisse-t-il être, il sait tout de même qu’il doit prendre soin de lui, et il en a d’autant plus conscience que même s’il a encore du mal à se faire à cette idée, le fait d’avoir retrouvé certains membres de sa famille lui a fait prendre conscience du fait que l’on attendait après lui, et qu’il ne pouvait pas ignorer cela le moins du monde. S’il ne fait pas les choses pour lui-même, il doit les faire, comme toutes les autres, pour ceux qu’il aime, pour sa famille.

« D’accord, d’accord… Je comprends », consent-il doucement en baissant le regard, l’air tout de même légèrement égaré. Parce qu’il l’est. Dans cette situation comme dans beaucoup d’autres, il doit bien admettre qu’il se sent ni plus ni moins que totalement paumé, en vérité.

S’il a l’assurance de peut-être pouvoir rentrer le soir même, ce n’est pas bien grave, après tout… ou du moins, ça l’est un peu… Dans le pire des cas, il pourra demander à Camilo, ou bien Ella, de s’occuper de ses rats… mais il n’aime pas l’idée d’avoir à les avertir malgré tout. La dernière chose qu’il veuille, c’est les inquiéter.

« Qu’est-ce que je suis supposé faire en attendant ? Vous allez… » Il hésite. Il a conscience du pathétique de sa question, mais trop tard, il la pose quand même. « … vous allez me laisser seul ? »

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feat. Bruno

Satisfaite par la réponse qu'il lui donna, le sourire de Grace s'agrandit. Tout allait être plus facile, si son patient lui accordait sa confiance pour un instant. La blonde était déjà tombé sur des cas de stress ou de colère bien plus compliqué. Ce qui l'avait poussé à insister de la sorte, afin qu'il puisse comprendre. Et cela avait fonctionné. Peut-être parce que les autres arrivaient à être plus rassuré, en sa présence ? On le lui avait déjà dit, quelques fois. Si c'était vraiment le cas, elle ne pouvait qu'être heureuse que cela soit utile dans une situation de ce genre !

- Parfait ! Je vous remercie pour votre compréhension, monsieur Madrigal !

Elle attrapa sa fiche ainsi que son stylo, vérifiant les informations concernant son patient avant de marquer des notes sur la blessure soignée. Histoire que ses collègues puissent avoir des informations sur cette situation, si jamais quelqu'un devait prendre le relais après elle. Elle releva ensuite la tête, l'expression douce qu'affichait son visage n'ayant pas bougé d'un pouce.

- Une infirmière va passer afin de vous faire une prise de sang. C'est pour que l'on puisse détecter toute trace d'infection, avant qu'elle ne deviennent trop importante. Sinon, elle servira à prouver que vous n'avez rien à craindre et à vous laisser partir dans les plus brefs délais.

Elle comptait prendre congé, afin de pouvoir programmer la prochaine étape. Mais la question de son interlocuteur l'empêcha de faire le moindre pas. Bien qu'elle l'avait convaincu sur son état de santé, il ne semblait pas tout à fait rassurer. Elle voyait bien qu'il avait même honte de poser ses questions, son regard évitant allègrement le sien. Grace se pinça alors les lèvres, ne voulant pas le laisser ainsi.
Elle comprenait bien que ce genre de situation ne soit pas rassurante. Surtout pour une personne n'étant pas habituée à ces lieux. Grace, elle, s'était endurcie en en voyant des vertes et des pas mûres chaque jour. Cela l'avait aussi aidée à ne pas être trop déboussolée, en arrivant dans cette dimension. Mais beaucoup n'avaient pas eu la même chance qu'elle.
Comme, peut-être, le patient juste en face d'elle.

Ce fut pile à ce moment là qu'une infirmière arriva, lui faisant signe qu'elles devaient parler. Elle s'approcha au niveau de l'entrée, lui parlant pendant quelques secondes. Réussissant à s'arranger avec elle, Grace la remercia avant de lui faire un dernier signe de la main. Elle retourna ensuite auprès de son interlocuteur, souriante.

- L'infirmière qui vient de passer va se charger de la prise de sang. C'est une personne compétente et très douce, elle s'occupera bien de vous. Il y aura, ensuite, juste l'attente des résultats et si tout est bon, vous pourrez partir !

Elle prit ensuite une chaise sur le côté, s'asseyant près de lui.

- Et, pour éviter que ce soit trop long, je peux vous tenir compagnie ... Si ça vous va ?

Elle n'avait pas les capacités de faire totalement disparaître ses craintes, mais elle pouvait au moins l'apaiser du mieux qu'elle le pouvait. Elle n'avait aucun patient pour la journée et pour la paperasse ... Elle pouvait bien attendre encore un peu ! Tant que ses aînés, plus ronchons et insensible, ne la voyait pas en train de papoter, il n'y aurait pas de soucis.
Au pire des cas, elle avait assez de caractère pour les envoyer paître, le plus loin possible. Mais ses collègues ne le savaient pas encore !

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Bruno se contente d’afficher une légère esquisse de sourire quand la belle médecin le remercie de sa compréhension. En vérité, il n’est pas forcément convaincu de tout comprendre, mais il a saisi en revanche qu’il ne servirait à rien de s’alarmer et de perdre son calme. Alors il fait de son mieux pour se détendre, même si ce n’est pas la chose la plus facile du monde. Une chance que la présence de la belle blonde lui soit naturellement apaisante, même si elle suscite aussi chez lui une émotion légèrement anxiogène, pas parce qu’elle lui est désagréable mais au contraire parce qu’elle lui plaît, sans qu’elle parvienne pour autant à l’identifier comme il se devrait. Il se contente de hocher la tête quand elle lui parle de prise de sang et des raisons de cette démarche. Pour tout dire, il n’a pas spécialement envie d’y penser, pour le coup. Il préfère se concentrer sur le moment présent, s’il y arrive, mais cette sorte de concentration forcée a tendance à réveiller des tics chez lui qui l’obligent à focaliser son attention sur des éléments absurdes du décor plutôt que de songer à son sort ou de s’intéresser à la discussion en elle-même.

« Si ça me va ? »

Bien sûr que ça lui va. Si elle lui avait dit ne pas pouvoir rester et devoir s’occuper d’autres patients – ce qu’il aurait parfaitement compris –, il l’aurait probablement mal vécu au sens où il n’aurait pas voulu rester seul dans cette pièce, mais il l’aurait accepté malgré tout. Ceci dit, il préfère largement pouvoir profiter de sa compagnie si cette dernière lui est encore accordée. Il trouve cela autrement plus réconfortant, au passage.

« Oui, bien sûr. Enfin, je veux dire… c’est vous le médecin. »

Oh là… A ce stade, Bruno commence à se demander s’il ne devrait pas tout simplement cesser de parler. Il a l’impression de s’exprimer de manière absolument laborieuse. Il n’est vraiment pas fier de lui et de l’image de lui qu’il donne en cet instant, mais en même temps, est-ce que ça change beaucoup de d’habitude ? Probablement que non.

Passée cette affirmation, Bruno laisse peser un long moment de silence entre eux, au cours duquel il semble chercher ses mots. La vérité, c’est qu’il ne sait absolument pas quoi dire, tout simplement… Et en même temps, il ne veut pas se priver d’une conversation agréable avec une personne dont il apprécie la compagnie sans que cette dernière ait besoin de faire quoi que ce soit pour cela : juste de parler et de respirer à ses côtés.

« C’est ce que vous avez toujours fait, ce métier ? » ose-t-il demander pour éviter qu’un long silence ne s’abatte sur eux. Peut-être qu’il n’aurait pas été désagréable, ce silence, mais il n’a pas envie de s’y risquer pour autant. « Je veux dire, même dans votre vie d’avant ? » explicite-t-il alors.

Il ne sait pas si elle voudra lui en parler, mais c’est un sujet de conversation facile et difficile en même temps, et qui réclame forcément une certaine attention.

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feat. Bruno

La timidité et la maladresse de son interlocuteur attendrissant Grâce. Les hommes comme lui était bien rare, que ce soit dans sa dimension ou dans celle-ci. Elle avait plus croisé des impolis ou avec un ego bien trop surdimentionné que comme lui. Passé du temps avec lui n'était, donc, pas du tout une corvée. C'était même agréable, lui permettant de souffler un peu.
Bien sur, un médecin ou une infirmière n'était pas censé passer autant de temps avec un patient. Les supérieurs étaient un peu moins à cheval sur cette règle, à cause de ce changement de monde qui avait déboussolé pas mal de personnes. Mais il était encore possible que de vieux grincheux ou jeunes médecins égocentrique vienne lui faire une réflexion. Mais, comme précisé précédemment, la blonde était prête à leur dire d'aller voir ailleurs. Après tout les efforts qu'elle avait fait pour cet hôpital, ils pouvaient bien la lâcher un peu !

Un petit silence s'installa entre eux, que le médecin respecta. Elle voyait bien qu'il cherchait ses mots, ses yeux explorant chaque recoins de cette pièce où il ne se sentait pas le plus à l'aise. Il n'était pas le seul patient à agir de la sorte, lorsqu'ils n'étaient pas à l'aise ou avaient des difficultés à s'exprimer. Le mieux était de leur laisser le temps qu'il leur fallait, sans se presser n'y secouer l'autre. Cela ne mène à rien, si ce n'était semer la panique dans me cœur de l'autre.
Et ce n'était pas professionnel de le faire, pour une personne ayant juré de donner sa vie pour venir en aide à son prochain et le soigner en toutes circonstances !

Il finit par lui poser une question, sur son métier. La blonde ne fut pas du tout gênée, ce domaine n'étant pas un sujet sensible. Ça aurait pu être plus compliqué, s'ils avaient parlé de relations amoureuses. Mais ce n'était pas le genre de sujet que des inconnus allaient penser à aborder, lors de la première rencontre. Elle n'avait rien à craindre là dessus !

- Presque ! J'étais dans le domaine de la recherche, dans ma précédente vie. Je travaillais dans un laboratoire, sur plusieurs projets ...

Dont le plus important fut de former un chimpanzé afin de l'envoyer en fusée dans l'espace. L'époque dans laquelle elle venait était bien loin de la technologie dont ils jouissaient dans cet univers. Elle savait que certains avait vécu avec dans leur propre dimension, leur permettant de ne pas être trop perdu dans tout ces changements. Mais Grace avait fait partie de ceux qui avait tout apprendre, afin de s'adapter au mieux.
Bruno Madrigal en faisait, peut-etre, aussi partit.

- Et pour vous ? J'ai cru comprendre que vous viviez avec des rongeurs. Ça fait parti de votre métier ?

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feat. Grace

Bruno observe son interlocutrice avec intérêt. Il accueille précieusement, presque religieusement, la moindre parole de sa part, il ne saurait même dire pourquoi elle suscite en lui tant d’intérêt, mais c’est le cas, et quand il l’entend parler, il la trouve aussitôt fascinante. Elle lui apprend avoir travaillé dans la recherche, en laboratoire, dans son autre vie, et Bruno n’a pas vraiment de difficultés à imaginer son interlocutrice en train de mener ses expériences avec tout le sérieux qu’une telle profession impose, prête à changer la face du monde dans les meilleures proportions.

« Ça ne m’étonne pas », s’entend-il dire en ayant l’impression que ça ne venait pas vraiment de lui, en fin de compte tant une telle réflexion paraît surgie de nulle part et semble presque automatiquement – et très logiquement – déplacée. Après tout, qu’est-ce qu’il peut bien en savoir ? Il ne la connaît même pas. « Enfin, je veux dire… » Bruno cherche ses mots, passe une main dans ses cheveux ondulés, comme à chaque fois qu’il ne sait plus exactement que dire. « Vous avez l’air curieuse, intelligente, alors… »

Bruno s’enfonce de plus en plus et songe que, finalement, le mieux qu’il puisse faire sera encore de conclure son discours par un rire terriblement nerveux, et qui ne devait rien dire qui vaille à personne. Bruno est définitivement un cas désespéré quant on en arrive au champ des interactions sociales (entre autres véritables tares de sa part, et le moins que l’on puisse affirmer, c’est qu’il les accumule très clairement) – sans parler bien sûr des nombreuses autres tares qu’il a à son compteur. Ses compliments n’ont pas l’air de l’être, et en présence de Grace (qui porte définitivement bien son nom tant il la trouve grâcieuse), il semble avoir encore plus de difficultés à se montrer ne serait-ce qu’un peu… cohérent dans le langage qu’il emploie ou dans sa manière de s’exprimer… une véritable catastrophe, en somme.

Quand il lui retourne la question, il songe à toutes les réponses les plus honnêtes qu’il pourrait donner et qui paraîtront sans doute toutes particulièrement… décevantes, ou absurdes, ou affligeantes. Bruno sait bien de quelle manière on a tendance à réagir à son mode de vie (si on peut vraiment appeler cela un mode de vie)… Il ne se verrait le reprocher à personne, il a conscience de sa propre bizarrerie, mais elle devient plus difficile à assumer quand elle est soumise aux jolis yeux de Grace Hargreeves.

« Plus ou moins, je suis « dératiseur ». » Il mime des guillemets avec les doigts pour bien nuancer son propos. « J’aime pas vraiment ce mot. Ces pauvres rats n’ont rien demandé à personne mais comme ils peuvent être encombrants, parfois… Je m’en occupe et je les ramène chez moi. » Il marque une pause. « C’est pas ce que je faisais avant. Avant je… » Son regard se fait fuyant. « C’est pas important », reprend-il en ponctuant le tout d’un nouveau rire nerveux (on est d’accord, il faut vraiment qu’il se calme).

Rat sickness

feat. Bruno

Le médecin avait légèrement penché la tête, face à la remarque du patient. Il l'avait dit si naturellement, comme s'il s'agissait d'une évidence pour lui. Mais cette assurance dont il avait fait preuve disparue bien vite. Peut être qu'il ne s'était pas attendu à sortir ces mots, d'où sa gêne soudaine. En tout cas, il réussit à faire légèrement rire la blonde avec sa justification.

- C'est vrai qu'il faut l'être un peu, pour ce genre de métier ! Mais, quelque soit la branche dans laquelle on se trouve, ces qualités restent importantes. C'est triste de faire un métier qui nous intéresse pas ...

Bien qu'elle avait légèrement changé de voie, Grâce restait passionnée par la recherche et la science. Elle avait juste décidé de consacrer les résultats obtenue en tant que laborantine pour la santé des autres. Cela lui donnait l'impression d'avoir tourné la page par rapport à son passé, tout en restant dans le secteur qui la passionnait depuis toujours. Pour ce point là, elle n'aurait pas pu être plus heureuse.
Il restait juste cette famille dans laquelle elle avait encore du mal à vraiment trouver sa place.
Mais ce n'était pas le moment de penser à ça.

À la place, elle lui retourna la question qu'il lui avait posé. Elle voyait bien qu'il hésitait, comme s'il avait peur de sa réaction face à sa réponse. Silencieuse, elle attendit en lui laissant prendre son temps. Son sourire ne l'avait pas quitté, comme pour le convaincre qu'il n'avait rien à craindre avec elle. Elle avait déjà vu des choses bien étranges pour aller juger sans connaître son interlocuteur.
La seule fois où elle l'avait fait, c'était avec son ex-mari. Elle n'avait pas choisi de comprendre son point de vu, partant en voyant qu'il ne lui dirait rien. Au final, ce que lui avait dit Diego avait finit par arriver. Mais que ce serait-il passé, si elle avait laissé une chance à Reginald ? Seraient-ils ensemble dans ce monde ? Aurait-elle vraiment élevée ces sept personnes, qui la voyaient comme leur mère ?
Tant de questions qui n'auraient jamais de réponses.

Bruno finit par lui répondre, la faisant revenir sur terre. Il lui avoua alors qu'il était un dératiseur pas comme les autres, puisqu'il accueillait les rats chez lui au lieu de les tuer. Quand à ce qu'il faisait avant, il prefera éviter le sujet. Cela semblait trop sensible pour lui. Alors la blonde ne fit aucun commentaire là dessus.

- Je vois ... ça explique votre morsure ! L'un d'eux était contrarié ?

Il lui semblait qu'il avait tenté de s'expliquer plus tôt, en disant que l'un de ses rats était nouveau et qu'il n'était pas encore habitué à son nouvel environnement. Mais elle le laissa confirmé, voulant qu'il puisse prendre son temps et se détendre en sa présence.
Bruno ne devait vraiment pas aimer les hôpitaux, pour avoir autant de mal à se sentir à l'aise. Avait-il eut de mauvaises expériences avec ces derniers ? Ne savant rien de son ancienne vie, elle ne pouvait pas savoir qu'il n'existait pas vraiment de bâtiments de soins chez lui. Pour l'instant, elle ne pouvait pas se douter que la raison de son état était tout autre. Mais ils avaient le temps, avant que quelque chose n'evolue entre eux !
En attendant, elle ne pouvait penser qu'à l'hôpital !

- Être dans un hôpital vous met mal à ce point ? Je suis désolé pour l'attente, l'infirmière ne devrait plus tarder ...

Rat sickness

feat. Grace

"C’est vrai… mais c’est dommage d’avoir des compétences exceptionnelles et de ne pas en faire profiter les autres parce que ça ne nous plaît pas vraiment", remarque-t-il, le regard fuyant, quand Grace remarque que quelque soit la branche où l’on se trouve, il serait dommage de faire un métier qui ne nous intéresse pas réellement.

Ce n’est pas ainsi que Bruno a été éduqué, En tant que membre de la famille Madrigal, sa fonction, sa vocation… devait être intrinsèquement lié à son don, qu’il fallait mettre au service de la communauté. C’est ainsi que les choses devaient fonctionner, pour honorer le miracle qui leur avait été confié, pour faire honneur à son père… C’était une pensée à laquelle Bruno avait naturellement souscrit, encouragé en cela par une mère aimante certes mais autoritaire surtout. Seulement, penser ainsi ne l’a jamais rendu vraiment heureux. Et en fin de compte, quand il a compris que son don desservait l’Encanto plus qu’il ne le protégeait, il avait renoncé à tout. Peut-il prétendre, maintenant, qu’il s’est tourné vers un métier qu’il lui plaît, une vocation qui lui convient davantage ? Oui et non… Bruno se sent en sécurité en compagnie de ses rats, mais il ne faut pas se leurrer… il reste conditionné par de très longues années de solitude et de réclusion. Il a tout simplement oublié ce qui pouvait être sa place… il avait même oublié qu’il pouvait en avoir une, en fin de compte. Retrouver plusieurs membres de sa famille l’a certes réconcilié avec certains de ses vieux démons, mais ce n’est pas pour autant qu’il en retire une satisfaction quelconque. Il lui manque quelque chose, même si c’est constat difficile à confesser, même à cette belle inconnue qui lui donne envie de s’exprimer plus que d’habitude… et le rend encore plus nerveux que d’ordinaire, si c’est seulement possible.

"Sans doute, ils ont du mal à vivre en communauté, parfois… Ils ont leurs affinités, comme nous, vous savez", répond nerveusement Bruno quand Grace lui demande si l’un de ses rats était contrarié, ce qui justifierait sa morsure.

L’angle de sa question n’est pas pour lui déplaire. Peut-être qu’elle en pense davantage que ce qu’elle en dit, peut-être est-elle seulement une excellente comédienne, mais Bruno a vraiment l’impression que Grace le comprend et ne le juge pas, et ça le rassure. Il a l’impression de pouvoir parler plus librement, et par l’intermédiaire de ses rats, c’est de lui-même qu’il parle. De lui et de ses propres difficultés à s’intégrer en société, à se faire une place parmi tous les autres. La seule différence – ou presque – réside dans le fait que Bruno ne meurt pas (et tant mieux, on est bien d’accord là-dessus).

"Non, non… enfin pas vraiment. Je ne suis pas habitué à… avoir des vraies conversations." Mais ça ne veut pas dire qu’il n’aime pas ça. C’est même tout le contraire. Il tien à la compagnie des autres, il a juste les plus grandes difficultés à savoir interagir avec autrui. "Mais ne le prenez pas pour vous, j’aime vraiment parler avec vous."

Il aime sa compagnie, et il n’est pas pressé de voir l’infirmière arriver. Il n’empêche, il y avait très certainement une meilleure façon de l’exprimer.