Il aura fallu du temps à Bruno pour consentir à se déplacer jusqu’au service des urgences de l’hôpital… C’est qu’il n’est pas particulièrement à l’aise avec ce genre de structures, il n’aime pas avoir à se justifier de son mode de vie, pas plus qu’il ne prend plaisir à engager des conversations trop longues avec des inconnus qui, très rapidement, se feront une remarquable idée de ses troubles sociaux, résultat de trop nombreuses années passées seul en compagnie de ses rats. Et parlons-en de ses rats, d’ailleurs, car c’est bien eux qui l’ont encouragé à passer outre sa phobie sociale pour accepter de se faire soigner.
Il n’en veut pas à Diego, le dernier venu de la bande. Bruno a bien conscience d’y être allé un peu trop fort, il sait parfaitement que c’est sa faute. Il l’a serré un peu trop, et puis, il n’aurait pas dû chercher à tout prix à lui enfiler ce chapeau de cow-boy alors qu’il était évident que le rongeur n’était pas du tout d’humeur. Dans son monde, c’était autre chose, il avait une affinité particulière avec les rats, et pas besoin des pouvoirs d’Antonio, et d’être capable de leur parler pour cela… Ici, ces rongeurs s’ils finissent pour certains par se montrer affectueux sont pour d’autres beaucoup moins conciliant, pour ne pas dire sauvages, voire agressifs.
Bruno avait refusé d’y prêter une trop grande attention quand Diego l’avait mordu, mais après quelques jours, et alors qu’il voyait son doigt doubler de volume et prendre une couleur relativement inquiétante, il devait admettre qu’il n’était pas forcément très malin de laisser cette blessure en suspens en supposant qu’elle se résorberait toute seule. Des brûlures, coupures, morsures en tout genre, il en avait eu son lot, quand il vivotait entre les murs de Casita, mais sa planque attenante aux cuisines lui permettait en toute discrétion de dérober l’un ou l’autre bon petit plat de Julieta, et aussitôt, il était frais comme un gardon. Pas de quoi s’alarmer en somme. Mais il n’est plus chez lui, il n’est techniquement plus contraint à son exil volontaire, et même, Camilo lui a assuré qu’il n’y était plus contraint. Cela ne l’empêche pas pour autant de s’y soumettre malgré tout, presque malgré lui. Sauf aujourd’hui.
Aujourd’hui, il attend, dans une pièce au mur blanc, qu’une infirmière vienne le prendre en charge. Pour évacuer le léger sentiment d’oppression qui s’empare de lui, Bruno compte les différents carreaux au sol, dans une voix basse qui ressemble à un murmure. Une manière comme une autre de se focaliser et de ne pas perdre pied. Puis finalement, l’infirmière fait son entrée, et quand Bruno lève les yeux vers elle, son cœur manque un battement. Voire deux ou trois.
Trois longues années se sont écoulées depuis que ma vie s’était transporté dans une autre ville… Littéralement. Une lune rouge brillait dans le ciel, Casita était en train de se détruire d’elle-même. Je tenais à retrouver mes filles, Agustin, mais voilà qu’en pratiquement un seul claquement de doigt, j’étais en plein cœur de cette ville étrange. J’étais seule et sans pouvoir. La seconde partie m’importait un peu moins. Je pouvais très bien me débrouiller sans. Cependant, ma famille, je n’étais rien sans eux. Comme ils avaient été victime de la maison, tout comme moi, je pensais bien les retrouver, mais en vain. Trois ans et je les cherchais toujours. Après quelques jours à errer, j’avais finalement trouvé un petit appartement et un boulot, comme infirmière. Mes pouvoirs n’existaient pas ici, mais je pouvais très bien user de mes capacités de guérisseur d’une autre façon. On m’avait affecté dès le début aux urgences, et j’adorais y passer mes quarts de travail. Ce n’était pas toujours joyeux, mais ça bougeait, il y avait de l’action. Ça me tenait occupé.
Ce jour-là, il n’y avait rien de différent. Je comptais prendre un peu de temps avec chaque patient, ici-même aux urgences. Des cas pour le moins simples. À peine étais-je sorti d’une chambre, lorsqu’une adjointe administrative m’a interpellé. Un nouveau patient m’attend dans la deux. J’ai souri, prenant son dossier, en me dirigeant vers la pièce. Je ne sais pas pourquoi, mais même si j’avais l’habitude regarder les noms et de feuilleter les quelques pages qu’il y avait dans la fiche, j’ai foncé vers la chambre #2. « Bonjour monsieur… » Dis-je en entrant dans la pièce. Une voix familière m’a coupé la parole. « Julieta… ? » J’ai arrêté net. J’ai levé les yeux. Mon frère… Mon Bruno se tenait à seulement quelques pas de moi. « Br… Bruno! » Je suis restée figée quelques secondes, avant de foncer sur lui et de le serrer contre moi, oubliant totalement qu'il était là pour une consultation.
(c) SIAL ; icon kawaiinekoj
Bruno Madrigal
▿ Ton univers : Encanto
▿ Date de naissance : 15/03/1979
▿ Age : 45
▿ Métier : Dératiseur (il adopte tous les rats dont il débarrasse les foyers)
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur :
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Divination
▿ Ami des rats
Sa voix, son regard, son sourire sont autant d'indices que Bruno ne s'est pas trompé. Oui, il se trouve bel et bien en présence de sa soeur, cette soeur qu'il n'a plus eu l'occasion de voir que par un infime trou dans un mur depuis tant et tant d'années, cette soeur qui lui a terriblement manqué. Il s'attend à tout, au moment où il constate qu'elle le reconnaît. Il a peur, terriblement peur qu'elle le rejette ou l'accable de reproches. Est-ce qu'il ne l'aurait pas mérité ?
Si, sans doute que oui, et c'est ce qu'il s'est répété à chaque fois qu'il a eu l'intention de revenir auprès de sa famille : ce ne serait pas leur faire du bien et, par ailleurs, il se rappellerait sans doute très rapidement pour quelles raisons il se devait de rester de côté. Il a mille choses à dire et aucune qui lui vienne... Et il reste planté là. Tous deux se regardent en chiens de faïence un moment, et finalement, Julieta se rapproche et vient le prendre dans ses bras.
Cette étreinte, Bruno ne réalisait pas à quel point il en avait besoin avant que sa soeur ne la lui accorde. La chaleur de ce contact, la douceur d'une soeur aimante et miséricordieuse, il n'avait rien connu de plus précieux depuis bien longtemps. Un moment, il reste là, les bras ballants, à ne savoir que dire ni que faire, et finalement, reprenant ses esprits, et ne voulait pas laisser croire à Julieta que ces retrouvailles ne le touchent pas autant que l'inverse, il la serre en retour contre lui.
Il ferme les yeux et il reste comme ça, sans trop savoir combien de temps. Quand il ouvre les yeux, il réalise combien ces derniers sont humides. une larme s'écrase sur sa joue, qu'il n'envisage même pas d'essuyer d'un revers de la manche, tout à la contemplation de sa soeur retrouvée.
"J'ai... tellement de choses à te dire, je... je sais plus vraiment..." Il se sent perturbé, il ne sait plus vraiment par où commencer dans ces circonstances. Il voudrait s'excuser, pour des dizaines de choses, il voudrait dire à quel point elle lui a manqué, mais en fin de compte, il n'y arrive tout simplement pas. Les mots restent comme bloqués au creux de sa gorge, sans qu'il sache y faire quoi que ce soit. "J'ai été mordu...", ajoute-t-il finalement en se raccrochant à la réalité de son doigt blessé, à l'origine initiale de sa venue.
Mon Bruno, mon frère… Il se trouvait à seulement quelques mètres de moi. J’avais peine à le croire. Après toutes ces années loin l’un de l’autre, il se trouvait devant moi, dans un monde qui n’était pas le nôtre. Son départ m’avait énormément affecté, à l’époque, et il avait continué à me briser le cœur, et ce, même si le temps avançait. Ce n’était pas contre lui, bien au contraire. Une partie de moi comprenait qu’il veuille quitter la Casa Madrigal. J’aurais aimé être présente pour lui. J’ai longtemps cru que je l’avais laissé tomber, à un moment où il en avait réellement besoin. J’avais, en quelque sorte, échoué à mon rôle de grande sœur. En sautant dans ces bras, j’avais complétement oublié l’endroit où nous étions, et les raisons pourquoi il s’y trouvait. Il semblait surpris de me voir, mais je n’avais même pas réfléchi à ce qu’il pouvait ressentir. Bruno pouvait bien m’en vouloir. Je l’ai cru un moment, mais dès que ces bras se sont fermés autour de moi, j’ai senti un poids de moins sur mes épaules. Un léger sourire continuait de s’afficher sur mon visage, des larmes s’étaient créer sous mes paupières fermées.
C’était comme si le temps s’était arrêté. Après un instant, je me suis reculée pour mieux l’observer. Tout comme moi, des larmes coulaient librement sur ces joues. « J'ai... tellement de choses à te dire, je... je sais plus vraiment... » Un rire s’est échappé d’entre mes lèvres. Je me retrouvais dans la même situation. J’avais tant de choses à lui raconter, tant de moments perdus que nous devrons reprendre. Puis, alors que je cherchais moi aussi les bons mots, Bruno a tout simplement ajouté : « J'ai été mordu... » Mon regard s’est alors déplacé vers le doigt blessé de mon frère. « Tu as été mordu par quoi, au juste? » Lui demandais-je, en prenant sa main dans la mienne pour mieux observer la blessure.
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Bruno Madrigal
▿ Ton univers : Encanto
▿ Date de naissance : 15/03/1979
▿ Age : 45
▿ Métier : Dératiseur (il adopte tous les rats dont il débarrasse les foyers)
▿ Quartier : Raccoon Square
▿ Côté cœur :
▿ Dons/capacités/pouvoirs :
▿ Divination
▿ Ami des rats
Il y a des larmes sur ses joues, et Bruno devrait en être attristé, mais il devine que ce qui perle sur son visage est similaire à ce qui ruisselle sur le sien, en fin de compte. Oui, ils ont tant de choses à se dire, et si peu de mots à mettre sur leurs émotions. Le rire de l’un se communique à l’autre, les pleurs de l’autre se communiquent à l’autre : ils se retrouvent dans l’émotion pure des retrouvailles, et ils n’avaient tout simplement pas été préparés à ça… En même temps, comment est-ce qu’ils auraient pu l’être. Cette situation leur échappe à tous les deux, mais le moment, lui, ne doit pas leur échapper. Pouvoir enfin retrouver sa sœur, c’est se rappeler, pour Bruno, à quel point elle lui a manqué, et il ne veut surtout pas mettre ça de côté, il ne veut surtout pas le nier ou le minimiser.
« Teresa », fait-il un peu trop promptement avant de réaliser avec embarras ce qu’il vient de dire, et combien ce seul mot peut prêter inutilement à confusion, alors que Julieta lui demande par quoi il a été mordu exactement tout en jetant un regard attentif à sa blessure. « Enfin, un de mes rats, Teresa c’est un de mes rats », explique-t-il d’une voix trahissant immédiatement sa nervosité.
Il y aura droit avec à peu près tous les membres de sa famille, et on peut dire que c’était couru d’avance : logique qu’ils s’inquiètent et qu’ils se posent des questions sur son train de vie. Ce nouveau monde aurait au moins pu lui offrir plus décemment, mais ici, il ne vit pas différemment de la manière dont il a vécu les dix années durant qu’il a passées entre les murs de Casita : c’est, en fin de compte, la seule manière dont il sait encore vivre, alors pour la peine, il a peut-être un peu trop tendance à se reposer dessus en fin de compte… Une part de lui sait que ce n’est pas la chose à faire, mais se mêler au commun des mortels lui paraît, à l’heure actuelle, proprement impossible. Une perspective trop douloureuse pour être envisagée.
« Je suis désolé, Julieta… »
Ces mots sortent tous seuls et pourraient presque donner le sentiment de ne correspondre à rien. Ce n’est pas d’avoir été mordu ou de vivre au milieu des rats qu’il s’excuse, bien sûr, c’est tout le reste. C’est tout ce dont il ne s’est jamais justifié.
« Je suis désolé d’être parti sans rien dire », précise-t-il alors, monopolisant pour ce faire plus d’efforts encore qu’il ne s’était imaginé capable d’en fournir. Mais c’est important qu’il saisisse enfin cette occasion de le dire. Il reste convaincu qu’il devait partir, mais il aurait voulu que les choses se passent autrement. « Tu m’as manqué. »
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Dos Oruguitas [Julieta]
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